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Full text of "Département de Loir-et-Cher. Cahiers de doléances du bailliage de Blois et du bailliage secondaire de Romorantin pour les États généraux de 1789"

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COLLECTION 


DE 


DOCUMENTS   INÉDITS 


SUR  L'HISTOIRE  ÉCONOMIQUE  de  la  RÉVOLUTION   FRANÇAISE 


PUBLIES  PAR  LES   SOINS 


DU    MINISTRE    DE    L  INSTRUCTION    PUBLIQUE 


Par  arrêté  du  13  février  1907,  M.  le  Ministre  de  l'Instruction 
publique,  des  Beaux-Arts  et  des  Cultes,  sur  la  proposition  de 
la  Commission  chargée  de  rechercher  et  de  publier  les  docu- 
ments relatifs  à  la  vie  économique  de  la  Révolution,  a  ordonné 
la  publication  des  Cahiers  de  doléances  des  bailliages  de  Dlois 
et  Romorantin  pour  les  États  généraux  de  1789,  par  M.  le 
Dr  F.  Lesueur  et  M.  A.  Cauchie. 

M.  Camille  Bloch,  membre  de  la  Commission,  a  suivi  l'im- 
pression de  cette  publication  en  qualité  de  commissaire  res- 
ponsable. 


SE   TROUVE    A    PARIS 

A   LA   LIBRAIRIE    LEROUX 

rue  Bonaparte,  28 


COLLECTION   DE   DOCUMENTS   INÉDITS 
SUR  l'histoire  économique  de  la  révolution  française 

Publiés  par  le  Ministère  de  l'Instruction  publique 


DÉPARTEMENT  DE  LOIR-ET-CHER 


CAHIERS  DE  DOLÉANCES 


DU 


BAILLIAGE  DE  BLOIS 


ET    DU 


BAILLIAGE  SECONDAIRE  DE  ROMORANTIN 

POUR  LES  ÉTATS  GÉNÉRAUX  DE  1789 


publiés  par 


Le  Dr  F.  LESUEUR 

SECRETAIRE    DE    LA    SOCIETE    DES    SCtfeSCKS    ET    l,KrrRES 
DE   LOIR-ET-CHER 


A.   CAUCHIE 

ANCIEN    PRf.SIDEIST  OK  1.4   SOCIÉTÉ   PKS  ST.IK3CES  ET  I.ET  THES 

DE   r.OIR-ET-CHI'R 


BLOIS 

IMPRIMERIE    EMMANUEL    RIVIÈRE 

2,    Rixe    Haute,    2 


1907 


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« 


INTRODUCTION 


I.  —  LE  BAILLIAGE  DE  BLOIS 
ET  LE  BAILLIAGE  SECONDAIRE  DE  ROMORANTIN  ET  MILLANÇAY 


Étude  géographique.  —  Le  bailliage  de  Blois  était  le 
plus  étendu  de  la  généralité  d'Orléans  et  l'un  des  plus  vastes 
de  la  France.  Du  nord  au  sud,  de  Flacey  à  Ménétréol-sous- 
Vatan,  il  avait  130  kilomètres,  et.  de  Testa  l'ouest,  de  Brinon  à 
Cangey,  100  kilomètres  environ.  Il  comprenait  la  plus  grande 
partie  du  département  actuel  de  Loir-et-Cher  (presque  tout 
l'arrondissement  de  Blois,  près  de  la  moitié  de  celui  de  Romo- 
ranlin  et  une  petite  partie  de  celui  de  Vendôme),  une  partie 
rf  assez  importante  des  départements  d'Eure-et-Loir  (arron- 

^  dissement  de  Châteaudun)  et  de  l'Indre  (arrondissements  de 

Châteauroux  et  d'Issoudun)  et  quelques  paroisses  des  dépar- 
tements du  Loiret  (arrondissement  d'Orléans),  d'Indre-et- 
Loire  (arrondissement  de  Tours)  et  du  Cher  (arrondissements 
^  de  Bourges  et  de  Sancerre).    La  limite  actuelle  des  dépar- 

tements et  des  arrondissements  ne  suit  d'ailleurs  aucunement 
celle  du  bailliage,  ni  celle  d'aucune  autre  circonscription 
ancienne. 

Le  bailliage  de  Blois  était,  au  point  de  vue  de  la  convo- 

m 

cation  des  Etats  généraux,  un  bailliage  principal,  qui  n'avait 
qu'un   seul   bailliage   secondaire,   celui   de   Romorantin   et 


380568 


VI  INTRODUCTION 

Millançay,  du  nom  de  deux  juridictions  depuis  longtemps 
réunies  à  Pépoquc  qui  nous  occupe  et  dont  le  siège  était 
alors  à  Romorantin.  Ce  bailliage  de  Romorantin  n'avait  guère 
plus  de  25  kilomètres  dans  sa  plus  grande  dimension  et  était 
à  peu  près  complètement  enclavé  dans  le  bailliage  de  Blois. 
II  était  entièrement  compris  dans  l'arrondissement  actuel  de 
Romorantin. 

Il  nous  a  paru  utile,  pourla  recherche  des  cahiers  de  doléan- 
ces que  nous  avions  à  publier,  de  déterminer  aussi  exactement 
que  possible  les  limites  de  ces  deux  bailliages.  Mais  on  rencon- 
tre dans  ce  travail  de  nombreuses  difficultés,  et  on  peut  dire 
qu'il  serait  impossible  de  donner  aujourd'hui  une  carte  rigou- 
reusement exacte  des  paroisses  appartenant  aux  anciennes  juri- 
dictions qu'étaient  les  bailliages  de  Blois  et  de  Romorantin.  La 
première  raison  en  est  que  beaucoup  de  paroisses  n'apparte- 
naient pas  entièrement  au  même  bailliage,  mais  dépendaient 
de  plusieurs  justices  qui  pouvaient  ressortir  à  des  bailliages 
différents  ;  c'est  ainsi  que  la  paroisse  de  Reboursin  dépendait 
en  partie  du  marquisat  de  Vatan  dont  la  justice  ressortissait 
au  bailliage  de  Blois  et  en  partie  de  la  baronnie  de  Graçay 
ressortissant  au  bailliage  (Tlssoudun  W  ;  qu'à  Villefrancœur 
(élection  de  Blois),  la  justice  de  Fréchines  dépendait  de  celle 
d'Herbault  qui  appartenait  au  bailliage  de  Tours,  tandis 
qu'une  autre  partie  de  la  paroisse  appartenait  au  bailliage 
de  Blois  <2>  ;  que  Thiville  possédait  deux  hautes  justices  res- 
sortissant à  Gh&teaudun  et  une  chàtellenie  ressortissant  à 
Chartres  <3>.  Deux  justices  pouvaient  aussi  coexister  dans  le 
même  lieu  avec  des  attributions  différentes  ;  à  Patay  et  à 
Cloyes,  par  exemple,  certaines  affaires  étaient  jugées  par  un 

M  V.  le  cahier  de  cette  paroisse,  t.  n. 

(2)  V.  la  notice  concernant  cette  paroisse  et  l'analyse  du  procès-verbal  de  l'as- 
semblée préliminaire  du  bailliage  de  Blois,  t.  n. 

<3>  Table...  des  paroisses  de  la  généralité  d'Orléans,  par  D.  Jousse,  Bibl.  d'Or- 
léans, ms.  995. 


INTRODUCTION  VU 


prévôt,  d'autres  portées  au  bailli  de  Danois  (M  :  Villebout 
dépendait  de  la  haute  justice  de  Montigny-le-Gannelon,  mais 
avait  une  moyenne  justice  ressortissant  àFréteval^.  Quelque- 
fois, d'ailleurs,  la  même  justice  pouvait  porter  ses  appels  à  deux 
justices  supérieures  différentes  ;  ainsi  une  partie  de  la  justice 
de  Rougemont  (paroisse  de  Saint-Jean-Froidmentel)  allait  en 
appel  à  Chàteaudun,  et  l'autre  à  Fréteval  W  ;  les  appels  de  la 
justice  de  Villemesle  étaient  portés  partie  à  Chàteaudun, 
partie  à  Montigny-le-Gannelon  <*).  Enfin,  dans  certains  cas, 
les  officiers  des  bailliages  eux-mêmes  étaient  loin  de  s'en- 
tendre sur  les  droits  qu'ils  avaient  sur  telle  ou  telle  paroisse. 
Certaines  de  ces  contestations  étaient,  pour  ainsi  dire,  tradi- 
tionnelles et  dataient  parfois  de  plusieurs  siècles  :  les  dis- 
cussions passionnées  qui  s'élevèrent  à  ce  sujet  entre  le  bail- 
liage de  Blois  et  celui  de  Romorantin  et  qui  aboutirent  à  faire 
exclure  de  l'assemblée  générale  des  trois  Ordres  la  presque 
totalité  de  la  députation  de  ce  dernier  bailliage  en  est  un  fort 
curieux  exemple  M. 

Notre  tâche,  il  est  vrai,  est  un  peu  moins  difficile.  Nous 
ne  considérons  pas  ici  le  bailliage  de  Blois  comme  circons- 
cription judiciaire,  mais  comme  circonscription  électorale, 
au  point  de  vue  spécial  de  la  convocation  des  Etats  généraux 
de  1789.  Or,  à  ce  point  de  vue,  nous  possédons  des  docu- 
ments précis,  officiels,  les  listes  d'appels  des  paroisses  aux 
assemblées  préliminaires  du  Tiers  état  ou  (pour  les  bailliages 
n'ayant  pas  de  secondaires)  à  l'assemblée  générale  des  trois 
Ordres,  listes  insérées  dans  les  procès-verbaux  de  ces  assem- 


0)  Abbé  Bordas,  Chorographie  du  Danois,  publiée  par  Achille  Guénée,  Château 
dun,  Lecesne,  1851,  in-8a,  pp.  62,  168-169. 

W  D.  Jousse.  Ouvr.  cité. 

W  Abbé  Bordas,  ouvr.  cité,  p.  188. 

W  Abbé  Bordas,  ouvr.  cité,  p.  37. 

W  V.  l'analyse  des  procès- verbaux  de  l'assemblée  préliminaire  de  Romorantin 
et  de  l'assemblée  générale  des  trois  Ordres,  t.  u. 


VIII  INTRODUCTION 


blées  ;  ces  procès- verbaux  pour  les  bailliages  de  Blois  et  de 
Romorantin  et  pour  la  plupart  des  bailliages  limitrophes 
(sauf  ceux  d'Issoudun  et  de  Mondoubleau)  nous  ont  été  con- 
servés. 

La  liste  d'appel  du  bailliage  de  Blois  donne  245  paroisses, 
villes  ou  communautés,  et  celle  du  bailliage  de  Romoran- 
tin 22.  Mais  leur  emploi  exige  une  certaine  critique.  En  effet, 
plusieurs  paroisses  figurent  à  la  fois  sur  les  listes  d'appel  de 
deux  bailliages  :  dans  ce  cas.  lorsque  la  paroisse  a  comparu 
dans  un  des  deux  bailliages  et  non  dans  l'autre,  il  nous  a 
paru  logique  de  la  considérer  comme  appartenant  (au  point 
de  vue  de  la  convocation)  au  bailliage  où  elle  a  comparu. 
Neuf  paroisses,  figurant  à  la  fois  sur  la  liste  d'appel  du  bail- 
liage de  Blois  et  sur  celle  d'un  des  bailliages  voisins,  ont 
comparu  dans  un  de  ces  bailliages  et  non  à  Blois;  nous  ne 
les  avons  pas  considérées  comme  appartenant  au  bailliage 
de  Blois,  mais  nous  devons  cependant  les  signaler  ici.  Ce  sont  : 

Arrou,  qui  comparut  à  Janville  ; 

Saint-Christophe[-en-Dunois],  qui  comparut  à  Chartres: 

Avaray,  qui  comparut  à  Beaugeney  : 

Boisseau,  qui  comparut  à  Vendôme  : 

tipiais,  qui  comparut  à  Vendôme; 

Tourailles,  qui  comparut  à  Vendôme  ; 

Saint-Étienne-des-Guérets,  qui  comparut  à  Tours  : 

Saint-Nicolas-des-Motets,  qui  comparut  à  Tours  ; 

Loreux,  qui  comparut  à  Romorantin. 

Dix  paroisses,  figurant  à  la  fois  sur  la  liste  d'appel  du  bail- 
liage de  Romorantin  et  sur  celle  d'un  des  bailliages  voisins, 
comparurent  dans  un  de  ces  bailliages  et  non  à  Romorantin. 
Ce  sont  : 

Billy,  Courmemin,  Gift vres*  Gy,  L'Hôpital,  Langon.  Marcilly- 
en-Gault,  Villedieu  et  Villefninche,  qui  comparurent  à  Blois; 

Neung-sur-Beuvron,  qui  comparut  à  Beaugency. 


INTRODUCTION  IX 

11  y  eut  à  ce  sujet  de  vives  contestations  entre  les  bailliages 
de  Blois  et  dé  Romorantin  ;  les  arguments  de  l'un  et  de 
l'autre  en  faveur  de  leurs  droits  sur  ces  paroisses  sont  rap- 
portés en  détail  dans  les  procès-verbaux  de  rassemblée  pré- 
liminaire du  bailliage  de  Romorantin  et  de  l'assemblée  géné- 
rale des  trois  Ordres.  Nous  n'avons  pas  à  trancher  ici  ce 
débat,  mais,  au  point  de  vue  de  la  convocation,  nous  ne  pou- 
vons considérer  ces  paroisses  comme  appartenant  au  bailliage 
de  Romorantin. 

Inversement,  certaines  paroisses  ne  figurent  sur  la  liste 
d'appel  d'aucun  bailliage  ;  c'est  le  cas  de  Saint-Laurent-des- 
Bois,  Seillac  et  Prunay  (aujourd'hui  commune  de  Seillac), 
qui  paraissent  situées  sur  le  territoire  du  bailliage  de  Blois. 
Nous  n'avons  pourtant  pas  cru  devoir  les  considérer  comme 
appartenant  à  ce  bailliage  ;  en  effet,  Tune  d'entre  elles  au 
moins  (Saint-Laurent-des-Bois)  ne  dépendait  pas  du  bailliage 
de  Blois,  mais  de  celui  de  Chartres,  la  justice  de  cette  pa- 
roisse ressortissant  à  la  mairie  de  Loens,  principale  justice 
du  chapitre  de  Chartres  W. 

Nous  considérons  la  paroisse  de  Villefrancœur  W  comme 
dépendant  du  bailliage  de  Blois  (bien  que  cette  qualité  lui  ait 
été  déniée  à  l'assemblée  préliminaire  de  ce  bailliage),  ses 
députés  ayant  comparu  à  cette  assemblée  et  la  paroisse 
n'ayant  été  convoquée  dans  aucun  autre  bailliage. 

Ainsi  déterminés,  le  bailliage  de  Blois  comprenait  12  villes 
et  224  paroisses  ou  communautés,  celui  de  Romorantin 
1  ville  et  11  paroisses. 

Nous  disons  pour  le  bailliage  de  Blois  :  paroisses  ou  com- 
munautés. En  effet,  de  simples  hameaux  formaient  parfois 

<*»  V.  cahier  de  Marchenoir,  art.  13. 

<*)  Nous  parlons  seulement  ici  de  la  partie  de  la  paroisse  de  Villefrancœur  appar- 
tenant à  l'élection  de  Blois,  qui  formait,  comme  nous  le  verrons,  une  communauté 
absolument  distincte  de  la  partie  do  cette  paroisse  appartenant  à  IV1 1er t ion  et  au 
bailliage  de  Vendôme. 

I. 


i 

i 


X  INTRODUCTION 

des  communautés  absolument  distinctes  des  paroisses  dont 
ils  dépendaient  ;  ces  communautés  avaient  leurs  rôles  d'im- 
positions séparés,  nommaient  leurs  collecteurs,  et,  lors  de  la 
réforme  municipale  de  1787,  eurent  une  municipalité  indé- 
pendante de  celle  de  leur  paroisse;  en  un  mot,  elles  jouis- 
saient au  point  de  vue  administratif  des  mêmes  prérogatives 
qu'une  paroisse.  Oucques  comprenait  ainsi,  outre  celle  du 
bourg,  deux  autres  communautés  indépendantes,  celles  des 
hameaux  de  Frou ville  el  de  Villegomblain  ;  de  même,  le 
hameau  de  Fontaine -sous-Pezou  et  les  deux  hameaux  réunis 
de  Chène-Carré  et  Chicheray  dépendant  de  la  paroisse  de 
Renay  formaient  deux  communautés  distinctes.  A  Blois,  la 
banlieue  formait  quatre  communautés  rurales  portant  le 
nom  des  paroisses  de  la  ville  dont  elles  dépendaient  (Saint- 
Solenne,  Saint-IIonoré,  Saint-iNicolas  et  Saint-Saturnin)  ;  ces 
communautés  étaient  assimilées  aux  paroisses  rurales  et  ne 
jouissaient  d'aucun  des  privilèges  de  la  ville  elle-même.  De 
même  à  Saint-Àignan,  Saint- Ai gnan-hors-FEnclos  formait 
une  communauté  distincte  de  celle  de  Saint-Aignan-ville. 

Ces  faits  nous  intéressent  particulièrement,  non  seulement 
parce  qu'en  1789  ces  simples  communautés  eurent  leurs 
assemblées  et  leurs  cahiers  particuliers,  mais  aussi  parce  que 
deux  communautés  dépendant  de  la  même  paroisse  pouvaient 
appartenir  à  des  bailliages  différents.  Ainsi  le  hameau  de 
Gros-Chêne  appartenait  au  bailliage  de  Blois,  tandis  que  la 
paroisse  de  Busloup  dont  il  dépendait  appartenait  à  celui  de 
Chartres.  Les  paroisses  de  Landes,  Villefrancœur,  Cham- 
pigny,  Rhodon  et  Boursay  comprenaient  chacune  deux  com- 
munautés distinctes  appartenant  à  des  bailliages  et  des  élec- 
tions différents  ;  les  trois  premières  étaient  partie  des  bail- 
liage et  élection  de  Blois  W,  partie  des  bailliage  et  élection 

(*)  Faisons  cependant  une  restriction  pour  la  partie  de  la  paroisse  de  Villefran- 


INTRODUCTION  XI 

de  Vendôme  ;  Rhodon  était  partie  du  bailliage  de  Blois  et  de 
l'élection  de  Châteaudun,  partie  des  bailliage  et  élection  de 
Vendôme  ;  Boursay  était  partie  du  bailliage  de  Blois  et  de 
l'élection  de  Châteaudun,  partie  du  bailliage  de  Mondoubleau 
et  de  l'élection  de  Vendôme. 

On  trouvera  plus  loin  la  liste  des  paroisses  que  nous  con- 
sidérons comme  appartenant,  au  point  de  vue  de  la  convoca- 
tion  des  Etats  généraux,  aux  bailliages  de  Blois  et  Romo- 
rantin  (*).  D'autre  part,  nous  avons  joint  à  cette  publication 
une  carte  de  ces  bailliages  considérés  sous  le  même  rapport. 
Cette  carte  n'a  d'autre  but  que  de  renfermer  dans  les  limites 
que  nous  avons  tracées  toutes  les  paroisses  de  ces  bailliages. 
Quant  au  tracé  môme  de  ces  limites,  il  est  forcément  arbi- 
traire ;  il  ne  faut  pas  songer,  en  effet,  à  retrouver  exacte- 
ment les  frontières  des  anciennes  paroisses  qui  n'étaient 
établies  avec  aucune  précision.  Parfois  même  elles  étaient 
variables;  c'est  ainsi  que  le  cahier  de  ïhiville  nous  apprend 
qu'une  ferme  de  ce  pays  faisait  partie  alternativement  chaque 
année  de  cette  paroisse  et  de  celle  de  Charray  appartenant 
au  bailliage  de  Chartres.  Nous  avons  cru  cependant  devoir 
adopter  les  limites  des  communes  actuelles,  qui  le  plus  sou- 
vent correspondent  à  peu  de  chose  près  à  celles  des  anciennes 
paroisses. 

Cette  carte  montrera  la  forme  étrange  et  irrégulière 
de  cette  vaste  circonscription,  composée  des  éléments  les 
plus  divers  que  les  événements  avaient  réunis  depuis 
de  longs  siècles.  Le  Dunois,  par  exemple,  qui  formait 
la  partie  septentrionale  du  bailliage  de  Blois,  n'était  réuni  au 
Blésois  qui  en  formait  le  centre  que  par  une  étroite  bande  de 


cœur  appartenant  à  l'élection  de  Blois,  qui   fut   considérée  par  certains  comme 
dépendant   du  bailliage  de  Tours  ;  nous  verrons  que  la  question  a  été  très  con- 
testée. 
W  V.  pp.  lxxxvii  à  xcvm. 


XII  INTRODUCTION 

terrain.  Le  bailliage  de  Blois  renfermait  de  nombreuses 
enclaves  des  bailliages  voisins  :  celles  de  Charray  et  de 
Saint-Laurent-des-Bois,  dépendant  du  bailliage  de  Chartres; 
celles  de  la  Chapelle-Sain t-Marlin  et  Suèvres,  de  Crouy 
et  Thoury  et  celle  de  Bonneville,  dépendant  du  bailliage 
d'Orléans  ;  celles  de  Briou,  de  Dhuizon  et  de  Neung- 
sur-Beuvron,  dépendant  du  bailliage  de  Beaugency;  celle 
de  Jussay  (aujourd'hui  Hcrbault),  dépendant  du  bailliage  de 
Tours.  Inversement  les  paroisses  de  Buxeuil,  Vatan,  Saint- 
Florentin,  Reboursin,  Guilly,  Fontenay,  la  Chapelle-Saint- 
Laurian  et  Ménétréol-sous- Vatan,  formaient  une  enclave  du 
bailliage  de  Blois  dans  celui  d'Issoudun,  et  Saint-Julien-de- 
Chédon  formait  une  enclave  du  même  bailliage  entre  ceux  de 
Loches  et  de  Montrichard. 

Les  limites  des  bailliages  ne  correspondaient  d'ailleurs 
nullement  à  celles  des  autres  circonscriptions  administratives, 
financières  ou  religieuses.  La  plus  grande  partie  du  bail- 
liage de  Blois  (210  paroisses)  appartenait  à  la  généralité 
d'Orléans,  savoir  :  73  paroisses  à  l'élection  de  Blois  presque 
entièrement  comprise  dans  le  bailliage,  78  à  celle  de  Chàteau- 
dun,  42  à  celle  de  Romorantin,  14  à  celle  de  Beaugency  et 
3  à  celle  d'Orléans  ;  18  paroisses  appartenaient  à  la  généra- 
lité de  Bourges,  savoir  :  13  à  l'élection  de  Châleauroux,  4  à 
celle  d'Issoudun  et  1  à  celle  de  Bourges  :  8  paroisses  appar- 
tenaient à  la  généralité  de  Tours,  élection  d'Amboise.  Le 
bailliage  de  Romorantin  était  entièrement  compris  dans  la 
généralité  d'Orléans  ;  11  paroisses  appartenaient  à  l'élection 
de  Romorantin  et  1  à  celle  de  Beaugency. 

Le  bailliage  de  Blois  renfermait  la  plus  grande  partie  du 
diocèse  de  Blois  (123  paroisses),  une  partie  importante  des 
diocèses  d'Orléans  (34  paroisses),  de  Bourges  (46  paroisses) 
et  de  Chartres  (30  paroisses)  et  une  faible  portion  de  celui 
de   Tours  (3  paroisses).  Le  bailliage  de  Romorantin    avait 


INTRODUCTION  XIII 

1 1  paroisses  appartenant  au  diocèse  d'Orléans  et  1   à  celui 
de  Bourges. 

Pour  quelques  localités,  on  remarquera  une  différence 
entre  notre  attribution  et  celle  qu'a  faite  M.  Armand  Brette 
dans  l'atlas  qui  accompagne  son  remarquable  Recueil  de 
documents  relatifs  à  la  convocation  des  États  généraux^ 
de  1789  et  dans  le  tome  III  de  ce  recueil.  Il  convient  de 
donner  quelques  explications  à  ce  propos. 

Nous  avons  placé  dans  le  bailliage  de  Blois  la  ville  de 
Selles  (Selles-en-Berry  ou  Selles-sur-Cher)  qui  est  indiquée 
par  M.  Brette  comme  appartenant  au  bailliage  d'Issoudun. 
C'est  en  effet  celui-ci  que  donnent  le  Dictionnaire  des  pa- 
roisses  du  Parlement  de  Paris  et  VEtat  de  population 
dressé  par  ordre  de  Necker,  sources  dont  M.  Brette  s'est 
servi  pour  le  bailliage  d'Issoudun  à  défaut  du  procès-verbal 
de  l'assemblée  préliminaire  de  ce  bailliage.  Mais  il  résulte 
du  procès-verbal  de  sa  propre  assemblée  que  la  ville  de 
Selles  comparut  à  Blois.  D'ailleurs,  la  justice  du  comté  de 
Selles  était  une  des  plus  importantes  du  bailliage  de  Blois  W. 

C'est  aussi  à  Blois  et  non  à  Issoudun  que  comparut  la 
paroisse  de  Ménétréol-sous-Vatan,  queM.  Brette  a  sans  doute 
confondue  avec  celle  de  Ménétréol-sous-Levroux. 

Lisle-en-Vendômois,  indique  par  la  carie  de  M.  Brette 
comme  appartenant  au  bailliage  de  Blois,  comparut  à 
Chartres.  M.  Brette  indique  par  rectification  dans  ses 
tableaux  complémentaires,  p.  10,  que  cette  paroisse  fit 
défaut  à  Chartres  et  comparut  à  Janville.  Mais,  d'après  lo 
procès-verbal  de  rassemblée  du  bailliage  de  Janville,  Lisle- 
en-Vendômois  y  fit  défaut  (2>. 

W  La  cause  de  cette  erreur  est  peut-être  une  confusion  entre  les  limites  des 
bailliages  et  celles  des  généralités  ;  en  effet,  Selles-sur-Cher,  qui  était  entièrement 
enclavé  dans  la  généralité  d'Orléans  (élection  de  Romorantin),  appartenait  cepen- 
dant à  la  généralité  de  Bourges  (élection  de  Bourges}. 

<*)  V.  Camille  Blooh,  Géographie  judiciaire  de  la  circonscription  territoriale  qui 


XIV  INTRODUCTION 

Busloup  est  porté  au  procès-verbal  des  Archives  nationales 
(B  III,  33)  comme  appartenant  au  bailliage  de  Blois.  Mais 
c'est  son  hameau  de  Gros-Chêne  qui  comparut  à  Blois, 
tandis  que  Busloup  vint  à  Chartres. 

Neung-sur-Beuvron,  indiqué  par  la  carte  de  M.  Brette  dans 
le  bailliage  de  Romorantin,  comparut  à  Beaugency  W. 

Saint-Christophe-en-Bazelle  est  indiqué  par  l'atlas  de 
M.  Brelte  comme  appartenant  au  bailliage  de  Blois  et  donné 
dans  le  tome  III  de  son  Recueil  comme  défaillant  à  Blois  et 
n'ayant  comparu  dans  aucun  autre  bailliage.  Ce  n'est  pas, 
selon  nous,  Saint-Christophe-en-Bazelle,  mais  Sainl-Chris- 
tophe-en-Dunois  qui  fut  convoqué  à  Blois  et  fit  défaut  dans 
ce  bailliage.  En  effet,  la  liste  d'appel  porte  «  Saint-Chris- 
tophe »  sans  autre  désignation,  et,  à  l'assemblée  prélimi- 
naire, les  paroisses  ayant  été  réparties  par  groupes  régionaux 
pour  procéder  à  la  réduction  au  quart  de  leurs  députés, 
Saint-Christophe  fut  classé  parmi  les  paroisses  du  Dunois. 
Saint-Christophe-en-Dunois,  qui  fit  défaut  à  Blois,  comparut^ 
à  Chartres. 

Saint-Étienne-des-Guérets  est  indiqué  comme  défaillant  à 
Blois  et  n'ayant  comparu  dans  aucun  autre  bailliage  ;  il 
comparut  à  Tours. 

La  Vernelle,  donnée  comme  n'ayant  été  convoquée  nulle 
part,  appartenait  à  la  paroisse  de  Paulmery  (aujourd'hui 
hameau  de  la  commune  de  La  Vernelle),  qui  comparut  à 
Blois. 

L'identification  de  la  paroisse  de  Droué,  portée  par 
M.  Brette  comme  n'ayant  été  convoquée  nulle  part,  est  assez 
difficile.  Cette  paroisse,  qui  se  composait  de  deux  agglomé- 


a  formé  le  département  du  Loiret,  publiée  en  tête  de  l'inventaire  sommaire  des 
archives  départementales  du  Loiret,  t.  m,  p.  45. 

0)  M.  Bloch,  ouvr.  cité,  a  compris  comme  nous  Neung-sur-Beuvron  dans   le 
bailliage  do  Beaugency. 


INTRODUCTION  XV 

i 

rations  distinctes,  Bourguérin  et  Boisseleau,  ayant  chacune 
leur  église,  était  souvent  désignée  sous  le  nom  de  Bourgué- 
rin-Boisseleau  <l>  ;  elle  comparut  ainsi  à  Blois,  le  nom  de 
Droué  ne  figurant  pas  au  procès-verbal. 

Etat  économique  du  bailliage  de  Blois  en  1789.  —  Au 
point  dé  vue  économique  et  notamment  au  point  de  vue 
agricole,  le  bailliage  comprenait  les  régions  les  plus  dissem- 
blables. Rien  ne  pouvait,  en  effet,  contraster  davantage  avec 
les  riches  récoltes  de  la  Beauce  et  les  beaux  vignobles  du 
Blésois  que  la  misère  de  la  «  triste  Sologne  »  stérile,  insa- 
lubre et  marécageuse. 

Ces  différences  économiques  et  en  particulier  les  différences 
de  cultures  eurent,  à  notre  avis,  une  notable  influence  sur  la 
rédaction  des  cahiers.  Ainsi,  pour  ne  citer  qu'un  exemple, 
presque  toutes  les  paroisses  des  bords  de  la  Loire  et  des 
autres  rivières  du  Blésois,  pays  essentiellement  vilicoles,  se 
plaignent  des  droits  d'aides  dont  elles  avaient  particulière- 
ment à  souffrir  :  ces  plaintes  sont,  au  contraire,  très  rares 
dans  le  Dunois  où  Ton  ne  cultivait  guère  que  les  céréales, 
mais  les  paroisses  de  cette  région  protestent  plus  particu- 
lièrement contre  les  redevances  en  nature,  notamment  contre 
les  droits  de  champart  ou  de  terrage,  qui  leur  enlevaient  avec 
les  grains  les  pailles  nécessaires  à  leur  culture. 

Une  connaissance,  au  moins  sommaire,  de  l'état  écono- 
mique du  bailliage  est  donc  nécessaire  pour  bien  comprendre 
les  cahiers  de  doléances. 

a)  Agriculture.  —  L'agriculture  était  de  beaucoup  la 
principale  richesse  d'une  région  où  la  grande  majorité  des 


W  C'est  l'ancien  Bourguérin,  situe  au  nord  du  château  de  Droué,  qui  a  for- 
mé le  bourg  actuel  de  Droué  ;  Boisseleau,  au  sud  du  château,  ne  comprend 
plus  que  quelques  maisons  indiquées  sous  ce  nom  sur  la  carte  de  l'état-major 
au  80.000». 


XVI  INTRODUCTION 

habitants,   fermiers,  journaliers,   laboureurs  ou  vignerons, 
vivaient  des  travaux  de  là  terre. 

Au  nord  du  bailliage  de  Blois,  quelques  paroisses  du 
Dunois  appartenaient  au  Perche  Gouet;  la  culture  y  était 
divisée  en  une  inanité  de  petits  bordagcs  et  la  richesse  con- 
sistait surtout  en  bestiaux  W.  L'élevage  des  bœufs  et  des 
vaches  était  peu  important,  mais  les  chevaux  qu'on  tirait  de 
cette  contrée  rendaient  de  grands  services  ;  ils  étaient  bien 
plus  forts  depuis  qu'on  appliquait  les  ordonnances  et  les 
règlements  pour  la  propagation  de  cette  espèce  et  que  les 
intendants  de  la  généralité  avaient  eu  soin  de  fournir  les 
gardes-étalons  de  chevaux  de  taille.  Lfcs  bêtes  à  laine  étaient 
moins  grosses  dans  le  Perche  Gouet  que  dans  la  Beauce, 
mais  le  lainage  plus  fin  ressemblait  sensiblement  aux  laines 
du  Berry.  La  culture  de  la  vigne  était  assez  rare,  mais  les 
poiriers  et  les  pommiers  produisaient  des  poirés  et  des  cidres 
qui  passaient  pour  agréables  <2). 

Le  reste  du  Dunois  formait  une  partie  de  la  Beauce  <3>.  Les 
fermes  y  étaient  de  bien  plus  grande  étendue,  et  la  culture  se 
bornait  presque  exclusivement  aux  grains.  Blés,  orges,  avoi- 
nes, méteils  formaient  presque  la  seule  richesse  et,  par  con- 
séquent, le  seul  commerce  du  pays.  Leur  production  était 
supérietfre  à  la  consommation  des  habitants.  Deux  forêts, 
celles  de  Fréteval  et  de  Marchenoir,  faisaient  l'objet  d'exploi- 
tations assez  importantes  et  constituaient  la  seconde  source 
de  richesses  de  ce  pays.  On  rencontrait  peu  de  vignes,  dont 


(*)  Arch.  dép.  Eure-et-Loir,  G  4,  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  de  département 
de  Chàteaudun  et  Vendôme,  Séance  du  14  octobre  1787,  f°  U. 

W  Histoire  du  comté  de  Dunois,  de  ses  comtes  et  de  sa  capitale,  par  l'abbé  Bordas 
(1762),  publiée  par  Achille  Guénée,  Chàteaudun,  Auguste  Lecesne,  1850,  in-8«. 
p.  2. 

<3>  V.  Arch.  dép.  Eure-et-Loir,  C  4,  Procès-verbaux  de  l'Assembléede  département 
d<«  Chàteaudun  «t  Vendôme  :  —  Mémoire  de  l'élection  de  Chàteaudun,  xviii*  s., 
Bibl.  de  Chàteaudun,  ms.  170  ;  —  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  provinciale  de 
l'Orléanais,  Orléans,  1787,  in-4°. 


INTRODUCTION  XVH 

la  majeure  partie  se  trouvait  aux  environs  de  Chàteaudun, 
produisant  de  petits  vins  de  qualité  médiocre  et  même  sou- 
vent mauvaise.  Excepté  sur  les  bords  du  Loir,  les  prairies 
étaient  si  peu  nombreuses  qu'on  pouvait  considérer  le  Dunois 
comme  manquant  de  fourrages  ;  il  avait  conséquemment  peu  de 
bestiaux,  et  un  engrais  si  faible  que  les  terres  ne  rapportaient 
pas  à  beaucoup  près  ce  qu'elles  eussent  dû  rapporter  M. 

Ce  que  nous  venons  de  dire  du  Dunois  peut  s'appliquer 
à  la  partie  du  Blésois  située  au  nord  de  la  Loire  et  qui  se 
rattachait  également  à  la  Beauce.(2>.  Là  aussi,  absence  pres- 
que complète  de  fourrages,  peu  de  bestiaux,  peu  de  fumier 
et  peu  de  récoltes,  «  Le  plus  grand  nombre  des  fermiers  de 
cet  endroit,  écrivait  Lavoisier  <3>,  n'ont  que  quatre  ou  cinq 
vaches  et  quatre-vingts  moutons  pour  une  exploitation  de 
trois  charrues  <4>.  »  En  1778,  le  sort  du  cultivateur  du 
Blésois  était  misérable.  Les  prairies  artificielles  étaient 
inconnues  ;  les  fermiers,  dans  Timpossiblité  de  nourrir  leur 
bétail  pendant  l'hiver,  ne  possédaient  qu'un  nombre  insuf-i 
fisant  d'animaux.  Les  champs  ne  recevant  que  de  maigres 
fumiers,  la  récolte  du  blé  donnait  à  peine,  dans  les 
meilleures  années,  cinq  fois  le  poids  de  la  semence. 
Lavoisier,  pensant  qu'on  pourrait  rendre  un  service  im- 
portant aux  cultivateurs  de  la  contrée  en  leur  donnant 
l'exemple  d'une  agriculture  dirigée  d'après  de  meilleurs  prin- 
cipes, se  décida  à  faire  valoir  lui-môme  deux  cents  arpents 
des  moins  bonnes  terres  de  son  domaine  de  Fréchines.  Les 

<»>  Arch.  dép.  Eure-et-Loir,  C  4,  f"  8  v°. 

<2>  V.  Lavoisier  :  Résultats  de  quelques  expériences  d 'agriculture,  dans  ses 
Œuvres  publiées  par  le  Ministère  de  l'Instruction  publique,  Paris,  Imprimerie 
Nationale,  4864-1893,  t.  u,  pp.  812  et  suiv.  —  Procès-verbaux  de  l'Assemblée 
provinciale  de  l'Orléanais. 

<3>  Loc.  cit. 

W  «  La  quantité  d'arpents  qu'une  charrue  peut  labourer  et  cultiver  varie  suivant 
«  que  les  terres  sont  plus  ou  moins  fortes.  Dans  la  Beauee  et  la  Brie,  j'estimerais 
«  volontiers  la  charrue  à  30  arpents,  mesure  du  Roi  ».  Lavoisier,  ouvr.  cité»  t.  vi, 
p.  439. 


XVIII  INTRODUCTION 

premiers  essais  furent  difficiles.  Il  lui  fallut  trois  ans  pour 
créer  des  prairies  artificielles;  la  luzerne  ne  réussissant  pas 
dut  être  remplacée  par  le  trèfle  et  le  sainfoin.  Il  cultiva  avec 
succès  la  bette  champêtre,  introduisit  la  pomme  de  terre  in- 
connue avant  lui  dans  le  Blésois  et  finit  par  triompher  du 
préjugé  qui  faisait  regarder  le  parcage  des  moutons  comme 
nuisible  au  sol.  Il  essaya  d'améliorer  la  race  des  animaux 
de  la  ferme  en  faisant  venir  des  béliers  et  des  brebis  d'Espa- 
gne et  en  choisissant  des  vaches  à  la  vacherie  modèle  de 
Chanteloup.  En  1 788,  il  pouvait  présenter  au  Comité  d'agricul- 
ture au  Contrôle  général,  dont  il  était  secrétaire,  et  à  la  Société 
d'agriculture  de  Paris  les  résultats  d'une  pratique  de  dix 
années.  Il  constatait  que  les  progrès  étaient  lents  et  qu'il  fal- 
lait au  moins  huit  à  dix  ans  d'efforts  dispendieux  pour  que 
l'amélioration  commençât  à  se  faire  sentir;  que  les  fermiers, 
liés  par  des  baux  de  trop  courte  durée,  étaient  impuissants  à 
perfectionner  les  méthodes.  «  A  la  fin  de  Tannée,  disait-il,  il 
ne  reste  plus  rien  au  cultivateur  ;  il  s'estime  heureux  lorsqu'il 
a  pu  mener  une  vie  chétive  et  misérable.  »  Aussi  jugeait-il 
nécessaire  que  les  propriétaires  et  les  capitalistes  dirigeassent 
leur  superflu  vers  la  culture  des  terres  W. 

L'exemple  donné  par  Lavoisier  était  certainement  bon, 
mais  le  pauvre  petit  cultivateur,  ruiné  par  les  impôts  et  les 
mauvaises  récoltes,  ne  pouvait  sortir  de  sa  routine. 

Le  val  de  la  Loire  W  était  une  des  parties  les  plus  riches 
du  bailliage;  la  principale  culture  y  était  la  vigne,  ainsi  que 


<*)  Ed.  Grimaux,  Lavoisier,  Paris,  Félix  Alean,  1888,  in-4%  p.  164.—  Cette  partie 
a  été  extraite  par  Grimaux  du  Mémoire  de  Lavoisier  c»té  plus  haut. 

(*>  V.  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  4,  Procès-verbaux  de  l' Assemblée  de  département 
de  Blois  et  Romorantin;  —  Arch.  coirim.  de  Blois,  BB  25  à  33,  Délibérations  muni- 
cipales (\vme  s.)  ;  —  Berge  vin  père,  Histoire  manuscrite  de  Blois,  Bibl.  de  Bloi>, 
ras,  99  :  —  Bergevin  et  Dupré,  Histoire  de  Blois,  Blois,  Dèzaii>,  1847,  in-8°,  t.  u, 
pp.  37  à  57  ;  ces  auteurs  utilisèrent  pour  la  partie  économique  de  leur  ouvrage 
les  souvenirs  et  les  notes  de  contemporains  de  la  Révolution,  et  en  particulier 
ceux  de  M.  Bergevin  père. 


INTBODUCTION  XIX 

dans  les  vallées  adjacentes  de  la  Ci  s  se,  du  Cosson  et  du  Beu- 
vron  (du  moins  dans  la  partie  inférieure  de  ces  dernières)  ; 
elle  produisait  des  vins  assez  estimés.  La  récolte  était  habi- 
tuellement abondante,  malgré  les  ravages  causés  par  les 
«  urbecs  »  (*),  fléau  très  redouté  dans  le  pays.  Pour  en  assu- 
rer l'écoulement,  beaucoup  de  propriétaires  faisaient  de  l'eau- 
de-vie  ;  la  plupart  des  closeries  de  la  région  possédaient  à 
celte  époque  les  appareils  nécessaires  à  sa  fabrication  ;  mais 
cette  eau-de-vie,  préparée  d'une  manière  défectueuse,  attei- 
gnait à  peine,  dit-on  <2),  18  degrés  <3).  La  proximité  de  la 
Loire  facilitait  la  vente  des  vins  et  des  eaux-de-vie  en  leur 
procurant  des  débouchés  au  dehors. 

Ces  vignobles  formaient  alors  la  principale  richesse  des 
habitants  de  Blois.  Une  grande  partie,  en  effet,  était  possédée 
par  les  bourgeois  de  la  ville  qui  les  faisaient  exploiter  par 
des  «  closiers  »  avec  leurs  capitaux  et  à  leur  profit.  Ces 
bourgeois  jouissaient,  pour  ces  propriétés,  des  exemptions 
d'impôts  que  leur  assurait  leur  qualité  d'habitants  d'une 
ville  franche,  et.  la  charge  des  tailles  retombait  encore  plus 
lourdement  sur  la  population  de  ces  campagnes,  qui  avait, 
en  outre,  à  supporter  les  vexations  continuelles  des  employés 
des  aides  W. 

Quelques  autres  cultures,  surtout  depuis  le  milieu  du  siè- 
cle, s'étaient  développées  à  côté  de  celle  de  la  vigne.  C'est 
vers  1 750  qu'avaient  été  faits,  dans  les  paroisses  de  Vineuil,  de 
Saint-Gervais  et  de  Chailles,  les  premiers  semis  de  sainfoin 
et  de  luzerne.  En  1780,  M.  Mahy-Duplessy  introduisit  la 
pomme  de  terre  dans  son  domaine  de  FAubépin  (paroisse  de 


W  On  désigne  ainsi  un  insecte  (rhynehitr,  rhynchites  bacchus),  dont  la  larve 
vit  dans  les  feuilles  roulées  de  la  vigne  et  linit  quelquefois  par  l'en  dépouiller 
entièrement. 

M  Bergevin  père,  oucr.  cité,  p.  118. 

W  II  s'agit  sans  doute  de  degrés  Cartier,  ce  qui  fait  45°  5  centésimaux. 

W  V.  cahiers  d'Huisseau,  Collettes,  Vineuil  et  les  notes  concernant  ces  cahiers. 


XX  INTRODUCTION 

Saint- Gervais).  Signalons  aussi  la  culture  maraîchère  aux 
environs  de  Blois,  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire. 

Sur  le  plateau  qui  séparait  ces  vallées  fertiles  s'éten- 
daient de  vastes  forêts,  celles  de  Blois,  de  Russy  et  de  Bou- 
logne, qui  existent  encore  aujourd'hui  et  dont  la  superficie 
n'a  pas  varié  depuis  cette  époque,  contenant  la  première 
2.715  hectares,  la  seconde  3.207  et  la  troisième  3.968. 
Ces  forêts  appartenaient  au  domaine  royal.  Les  bois  étaient 
consommés  en  partie  sur  place  pour  le  chauffage  et  pour 
différents  travaux,  notamment  pour  la  fabrication  des 
douves  de  tonneaux.  Les  habitants  des  paroisses  voisines  des 
forêts  de  Russy  et  de  Boulogne  jouissaient  de  droits  de  pa- 
cage et  droits  de  bois  mort  dont  l'origine  remontait  au 
Moyen-Age.  En  1785,  le  Roi  échangea  avec  le  comte  d'Es- 
pagnac  une  partie  de  la  forêt  de  Russy  contre  lé  comté  de 
Sancerre  ;  l'exploitation  de  ce  nouveau  propriétaire  fut  défec- 
tueuse, et  la  ville  de  Blois,  ainsi  que  les  habitants  des  pa- 
roisses riveraines  de  la  forêt,  protesta  vivement  contre  cette 
mesure  qui  ne  fut  d'ailleurs  que  provisoire  W. 

Entre  le  val  de  la  Loire  et  le  val  du  Cher  s'étendait  la  So- 
logne. Cette  contrée  renfermait  une  partie  des  bailliages 
d'Orléans  et  de  Blois  et  la  totalité  du  bailliage  de  Romoran- 
tin.  C'était  le  pays  le  plus  misérable  de  la  circonscription  que 
nous  étudions.  Son  sol  sablonneux  et  argileux  n'était  guère 
propre  à  la  culture.  De  nombreux  mémoires  contemporains 
nous  renseignent  sur  la  situation  de  cette  province  à  la  fin 
de  l'ancien  régime  W.  L'étude  complète  de  son  état  écono- 


0)  V.  cahiers  de  Blois,  Huisscau,  Seur,  Les  Montils  et  les  notes  concernant  ces 
cahiers. 

<*)  Huet  de  Froberville,  Vues  générales  sur  l'état  de  l'agriculture  dans  la  So- 
logne et  sur  les  moyens  de  l'améliorer,  Orléans,  1788. —  Cinq  autres  mémoires  ma- 
nuscrits sont  conservés  aux  archives  dép.  du  Loiret,  C  58.  —  V.  aussi,  Arthur 
Young,  Voyages  en  France,  trad.  Le  s  âge,  2°  édition,  Paris,  Guillaumin,  1882, 
2  vol.  in-8°  ;  —  Procès-verbaux  de.  l'Assemblée  provinciale  de  l'Orléanais,  pp.  237  à 


INTRODUCTION  XXI 

mique,  des  causes  de  sa  misère,  des  moyens  proposés  pour  son 
amélioration  serait  fort  intéressante,  mais  ne  saurait  trouver 
place  ici  W.  Quelques  citations  suffiront  à  en  donner  une  idée 
sommaire.  Lavoisier  disait  dans  son  rapport  9ur  l'agricul- 
ture présenté  pour  le  bureau  du  «  bien  public  »  à  l'Assemblée 
provinciale  de  l'Orléanais  W  : 

«  La  Sologne  est  la  partie  la  moins  fertile  et  la  plus 
pauvre  de  la  généralité.  Une  partie  de  cette  province  est  en 
vaine  pâture  où  Ton  emblave  de  loin  en  loin  du  seigle  et  du 
blé  noir  ;  encore  serait-il  à  souhaiter  qu'on  défrichât  moins 
et  qu'on  cultivât  mieux,  que  les  fumiers  fussent  répandus 
sur  une  moindre  surface  de  terrain.  Le  climat  de  la  Sologne 
est  malsain  et  la  vie  moyenne  des  hommes  de  la  Sologne  est 
plus  courtç  que  dans  le  reste  de  la  généralité.  » 

Huet  de  Froberville,  l'auteur  d'un  des  mémoires  contem- 
porains dont  nous  avons  parlé  <3>,  traçait  un  tableau  complet 
dont  voici  les  principaux  traits  :  «  Le  pain  de  sarrazin  que 
la  plupart  des  paysans  de  la  Sologne  mangent  presque  toute 

l'année  est  un  aliment  grossier  et  peu  nourrissant Le 

seigle  ergoté  est  plus  commun  en  Sologne  que  partout  ail- 
leurs  11  y  a  des  années,  dit-on,  où  il  constitue  le  quart 

et  même  le  tiers  de  la  récolte On  y  voit  peu  d'orge,  peu 

d'avoine  et  encore  moins  de  froment On  y  cueille  d'assez 

beaux  chanvres,  mais  ils  suffisent  à  peine  à  la  fourniture  du 

pays Les  prairies,  les  pacages,  les  bruyères,  les  genêts, 

les  friches,  les  étangs  et  les  bois  occupent  le  reste  du  terrain  de 
la  Sologne.  Les  bestiaux  font  sa  principale  richesse,  mais  ils 


244  ;  —  Arc  h.  dép.  Loir-et-Cher,  C  4,  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  de  dépar- 
tement de  Blois  et  Romorantin. 

m  Elle  a  été  seulement  indiquée  par  Dupré,  Recherches  historiques  sur  Romo- 
rantin et  la  Sologne,  Revue  de  Loir-et-Cher,  1889  à  1893. 

<*>  Procès- verbaux  de  l'Assemblée  provinciale  de  l'Orléanais,  p.  223  (Mémoire 
sur  l'agriculture  et  le  commerce  de  l'Orléanais). 

(*)  Huet  de  Froberville,  ouvr.  cité. 


XXII  INTRODUCTION 

éprouvent,  ainsi  que  les  hommes  et  même  les  végétaux,  Pin- 
tluence  de  cette  contrée  malsaine  et  peu  fertile.  Leur  espèce 

est  petite  et  leur  constitution  délicate Si  les  bœufs  étaient 

plus  forts  et  mieux  nourris,  on  ne  serait  pas  obligé  d'en  atte- 
ler jusqu'à  dix  à  une  charrue  pour  tracer  un  léger  sillon 

Tout  ce  qui  contribue  à  abâtardir  l'espèce  des  chevaux,  à 
l'affaiblir  et  à  la  rendre  difforme  est  mis  en  pratique  dans 

la  Sologne La  laine  des  troupeaux  fait  un  des  plus  grands 

produits  de  la  Sologne,  dans  les  années  où  il  n'y  a  pas  de 
mortalité  ;  elle  est  assez  fine  dans  certains  cantons,  mais  c'est 
le  seul  avantage  que  les  bètes  à  laine  aient  sur  les  autres 
bestiaux.  D'ailleurs  l'espèce  est  petite,  faible,  délicate  et 
sujette  à  une  multitude  de  maladies,  la  plupart  locales,  qui, 
tous  les  ans,  dépeuplent  plus  ou  moin  les  bergeries.  »  Une 
des  principales  sources  de  revenus  pour  cette  pauvre  con- 
trée était  le  poisson  fourni  par  la  poche  des  étangs. 

Les  moyens  d'améliorer  la  Sologne  sont  donnés  par  les 
écrivains  de  la  fin  du  XVIIIe  siècle,  et  l'œuvre  accomplie  au 
XIXe  siècle  par  le  Comité  central  de  la  Sologne  aidé  des 
pouvoirs  publics  y  est  presque  entièrement  tracée  d'avance. 
Mais  à  cette  époque,  aucun  travail  d'assainissement  du  sol 
n'avait  encore  été  entrepris,  en  sorte  qu'à  la  pauvreté  des 
récoltes  s'ajoutaient  pour  le  paysan  solognot  d'autres  maux 
nés  du  défaut  d'hygiène  de  la  contrée  :  Tergolisme  transmis 
parle  seigle  et  le  paludisme  endémique  aux  abords  des  étangs. 

Les  terres  de  la  partie  du  Berry  comprise  dans  le  bailliage 
de  Blois  étaient  assez  bonnes,    et  les    cultures  variées  M). 

Dans  la  vallée  du  Cher  qui  séparait  cette  province  de  la 
Sologne,  on  cultivait  surtout  la  vigne.  Au  sud  de  cette  rivière, 
on  récoltait  du  froment,  du  seigle,  peu  d'orge,   beaucoup 


I1)  V.  Àrch.  dép.  Cher,  Carte  pour  le  département  de  la  taille  des  années 
1788  et  1789,  C  1108  et  1109  ;  —  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  provinciale  du 
Berrv. 


INTRODUCTION  XXIlt 

d'avoine,  des  pois,  des  haricots  ;  il  y  avait  beaucoup  de 
bonnes  prairies  naturelles,  mais  peu  de  prairies  artificielles  ; 
le  trèfle,  le  sainfoin,  la  luzerne  ne  présentaient  qu'une  cul- 
ture peu  prospère,  faute  de  fumier,  et  les  cultivateurs  préfé- 
raient faire  du  blé.  Les  vignes  ne  se  rencontraient  qu'aux 
approches  des  villes  et  donnaient  un  vin  de  médiocre  qualité. 
La  pomme  de  terre  était  connue,  mais  peu  cultivée.  Les 
navets  étaient  abondants.  La  culture  du  chanvre  était  peu 
productive,  de  même  que  celle  des  arbres  à  fruits.  Les  arbres 
les  plus  fréquents  étaient  le  chêne,  l'orme  et  le  noyer  ;  on 
connaissait  peu  le  hêtre  ;  on  commençait  à  planter  quelques 
châtaigniers. 

Les  bêtes  à  laine  constituaient  la  principale  richesse  de 
cette  contrée  :  un  cultivateur  possédant  six  cents  moutons 
avait  quatre  ou  cinq  vaches,  six  bœufs  de  labour  et  six  che- 
vaux. C'est  dans  la  partie  rattachée  au  bailliage  de  Blois 
qu'on  récoltait  les  plus  belles  laines  du  Berry.  Ces  dernières 
étaient  employées  dans  les  manufactures  de  Chàteauroux  et 
Romorantin  ;  les  sortes  moins  belles  s'expédiaient  à  Reims, 
Abbeville  et  Elbeuf. 

La  population  était  essentiellement  agricole  :  la  culture  et 
l'élevage  des  moutons  formaient  ses  seules  industries. 

Tel  était,  en  résumé,  l'état  de  l'agriculture  dans  le  bail- 
liage de  Blois  vers  la  fin  de  l'ancien  régime. 

A  l'époque  précise  qui  nous  occupe,  en  1789,  cette  région 
traversait,  comme  presque  tout  le  royaume,  une  crise  agri- 
cole grave,  due  aux  calamités  qui  l'avaient  dévastée  en  1788 
et  1789.  Ces  désastres  fortuits,  grêle,  disette,  ne  furent  pas 
sans  doute  sans  influence  sur  les  débuts  de  la  Révolution  ; 
en  tout  cas,  nous  croyons  que  Ton  doit  en  tenir  un  compte 
important  pour  l'étude  des  cahiers  de  doléances.  De  nom- 
breux articles  de  ces  cahiers  concernent,  en  effet,  ces  fléaux 
naturels,  et  il  est  certain  que  ceux-ci  durent  rendre  plus  dures 


XXIV  INTRODUCTION 

encore  au  Tiers  élat  des  campagnes  les  lourdes  charges  que 
faisaient  peser  sur  lui  les  institutions  dont  il  demandait 
la  réforme  M. 

Pendant  Tété  1788,  la  grêle  détruisit  la  plus  grande  partie 
des  récoltes.  Un  premier  orage,  survenu  le  29  mai,  causa 
des  dégâts  considérables  dans  plusieurs  paroisses  où  les  cul- 
tivateurs durent  à  nouveau  labourer  leurs  terres  pour  y  semer 
des  blés  noirs  ou  autres  graines  dont  la  saison  permettait 
d'espérer  la  récolte.  Mais  la  grêle  du  13  juillet,  qui  dévasta 
une  partie  de  la  France,  fut  bien  plus  terrible  encore.  Le  dé- 
sastre fut  surtout  considérable  dans  les  paroisses  de  la 
Beauce  ;  elles  durent  cependant  partager  les  faibles  secours 
accordés  à  cette  occasion  avec  celles  de  la  Sologne  qui 
avaient  peu  souffert  de  la  grêle,  mais  manquaient  également 
de  semences  M. 

A  ces  malheurs  succédèrent  le  rigoureux  hiver  de  1788-89 
et  la  disette  qui  l'accompagna.  La  médiocre  récolte  de  l'année 
précédente,  l'arrêt  des  moulins  à  eau,  la  suspension  de  la 
navigation  fluviale  rendaient  les  approvisionnements  très 
difficiles,  et,  malgré  quelques  envois  de  riz  et  de  secours 
pécuniaires,  malgré  la  générosité  de  plusieurs  citoyens,  mal- 
gré les  réquisitions  de  farines  dans  les  paroisses  voisines,  la 
famine  était  sans  cesse  à  craindre  (3>. 

Quand  la  température  devint  un  peu  moins  rigoureuse,  la 

(i)  Pour  plus  de  détails  sur  ces  différents  points,  consulter  l'étude  de  l'un  de 
nous,  Dr  Lesueur,  L'Assemblée  de  département  de  Blois  et  Romorantin,  Mémoires 
de  la  Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Loir-et-Cher,  t.  xix. 

(*>  V.  Procès-verbaux  de  la  Commission  intermédiaire  de  l'Assemblée  provinciale 
de  l'Orléanais,  Arch.  dép.  Loiret,  C  894  ;  —  Correspondance  des  procureurs-syndics 
de  l'Assemblée  provinciale  avec  le  Bureau  intermédiaire  du  département  de  Blois 
et  Romorantin,  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  30. 

(3)  V.  Procès- ver  baux  de  la  Commission  intermédiaire  de  l'Assemblée  provinciale 
de  l'Orléanais,  Arch.  dép.  Loiret,  C  894;  —  Correspondance  de  la  Commission  inter- 
médiaire de  l'Orléanais,  du  Bureau  intermédiaire  du  département  de  Blois  et  Romo- 
rantin, du  directeur  général  des  finances,  de  la  municipalité  de  Romorantin,  etc., 
Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  33  ;  —  Délibérations  municipales,  Arch.  comm.  Blois, 
BB  31  et  BB  33. 


INTRODUCTION  XXV 


débâcle  des  glaces  de  la  Loire  amena  un  autre  fléau  particu- 
lièrement grave  pour  les  riverains,  le  débordement  du  fleuve, 
survenu  le  19  janvier.  Les  eaux  inondèrent  la  ville,  puis, 
rompant  les  levées,  se  répandirent  dans  tout  le  val.  Les 
terres  furent  dévastées  et  tout  espoir  de  récolte  perdu  pour 
l'année  suivante  ;  celles  qui  étaient  «conservées  dans  les 
granges  furent  submergées  ;  plusieurs  maisons  furent  démo- 
lies, les  moulins  brisés,  et  la  plupart  des  bateaux  qui  fai- 
saient le  commerce  fluvial  complètement  détruits.  La  vallée 
du  Cher  fut  également  inondée  W. 

La  disette  continua  de  sévir  pendant  et  après  ces  désastres. 
Les  réserves  de  grains  s'épuisaient  de  plus  en  plus  et  la  ré- 
colte de  1789  s'annonçait  comme  très  mauvaise.  Les  proprié- 
taires, la  considérant  comme  perdue,  ne  faisaient  plus  tra- 
vailler dans  leurs  terres,  et  le  nombre  de  journaliers  sans 
ouvrage  et  sans  moyens  de  subsistance  augmentait  chaque 
jour.  Les  ateliers  de  charité  qu'on  organisa  de  toutes  parts 
étaient  bien  insuffisants  pour  parer  à  tant  de  misère.  La  lec- 
ture des  nombreuses  lettres  et  des  mémoires  adressés  par 
les  municipalités.  Jes  syndics,  les  curés,  les  seigneurs  à  l'As- 
semblée provinciale  ou  à  l'Assemblée  de  département  pour 
leur  demander  des  secours^,  montre  de  la  façon  la  plus  vi- 
vante quelle  était,  même  en  faisant  la  part  des  exagérations 
intéressées,  la  détresse  de  la  plupart  des  campagnes  au 
moment  même  où  elles  tenaient  leurs  assemblées  et  où  elles 
rédigeaienl  leurs  cahiers  de  doléances. 

b)  Commerce  et  industrie.  —  Le  rapporteur  du  bureau  du 
«  bien  public  »  sur  le  commerce  disait  à  l'Assemblée  provin- 


0)  V.  Procès- verbaux  de  la  Commission  intermédiaire  de  l'Assemblée  provinciale 
de  l'Orléanais,  Arch.  dép.  Loiret,  G  894:  —  État  dos  naufrages  causés  par  la 
débâcle  et  correspondance  du  subdélégué,  de  la  municipalité  de  Blois  et  du 
directeur  général  des  finances,  Arch.  dép,  Loiret,  G  261  :  —  Délibérations  munici- 
pales, Arch.  coram.  Blois,  BB  33. 

<*>  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  22  et  G  24. 


XXVI  INTRODUCTION 

ciale  de  l'Orléanais  en  1787  :  «  Il  serait  à  désirer  que  le  com- 
merce pût  se  montrer  à  vous  sain  et  vigoureux  au  lieu  de  se 
montrer,  comme  il  est,  débile  et  exténué.  »  Nous  verrons  que 
cette  appréciation  n'avait  rien  d'exagéré  W. 

Le  Dunois  était  peut-être  la  partie  du  bailliage  dont  le 
commerce  et  l'industrie  étaient  le  plus  florissants.  A  Patay 
et  à  Ch&teaudun,  on  fabriquait  des  quantités  relativement 
importantes  de  couvertures  de  lits.  Droué  et  Guimauvilliers 
produisaient  6.000  couvertures  d'épaules  qui,  portées 
en  guise  de  manteau  par  les  femmes  de  la  campagne, 
ne  sortaient  point  de  la  province.  Toutes  ces  couvertures 
n'étaient  fabriquées  qu'avec  des  laines  de  la  généralité.  Leur 
prix  moyen  était  de  8  livres.  Les  anciennes  manufactures 
d'étamine,  de  serge  et  d'autres  lainages  établies  à  Chàteaudun, 
disait  l'abbé  Bordas  en  1769  W,  étaient  presque  anéanties. 

A  Chàteaudun  se  trouvait  également  une  teinturerie.  Les 
paroisses  de  Ch&teaudun,  Brou.  La  Bazoche,  Cloyes  et  Bonne- 
val  avaient  3  tanneurs  et  28  mégissiers,  occupant  ensemble 
16  ouvriers. 

Une  forge  existait  à  Fréteval  ;  elle  comprenait  un  fourneau 
à  fondre  la  mine,  deux  affineriës  et  deux  chaufferies.  On  y 
faisait  des  fers  pour  maréchaux,  des  bandages  de  roues, 
barres,  platines  et  quelques  essieux.  Le  fourneau  était 
allumé  huit  mois  de  l'année. 

Ch&teaudun  possédait  aussi  4  blanchisseries  de  cire.  La 
faïencerie,  qui  s'y  était  établie  au  XVIIIe  siècle  sous  la  protec- 
tion du  duc  de  Chevreuse,  était  fort  estimée,  dans  les  com- 
mencements, pour  le  fini  du  travail  et  la  beauté  de  la  matière 


I1)  Presque  tous  les  renseignements  donnés  ici  sur  l'industrie  dans  le  bailliage  de 
Blois  sont  empruntés  au  Mémoire  sur  l'état  actuel  des  manufactures  d'une  partie 
de  la  France  ci-devant  nommée  généralité  d'Orléans  et  sur  les  moyens  de  l'amé- 
liorer, par  M.  Tribert,  inspecteur  des  manufactures  et  associé  à  la  Société 
d'agriculture  du  Soissonnais,  1790,  ms.  Arch.  d^p.  Loir-et-Cher,  L  434  provisoire. 

M  Histoire  du  comté  de  Dunois,  p.  62. 


INTRODUCTION  XXVII 

que  l'on  était  parvenu  à  rendre  presque  diaphane.  Mais  en 
1769,  au  dire  de  l'abbé  Bordas  (*),  elle  était  déjà  bien  déchue 
de  ce  premier  éclat,  et  il  était  à  craindre  qu'il  n'en  restât 
bientôt  que  les  fours  et  l'inscription  de  son  entrée.  En  1789, 
cette  faïencerie  ne  produisait  plus  que  de  la  faïence  com- 
mune et  occupait  10  ouvriers. 

L'industrie  du  Blésois  et  du  val  de  la  Loire  n'était  guère 
plus  prospère,  ni  plus  importante.  Blois,  Mer  et  Suèvres 
avaient  1 1  tanneurs  et  mégissiers  occupant  15  ouvriers.  Blois 
possédait  6  maîtres  gantiers  occupant  1 1  ouvriers  et  180  ou- 
vrières et  produisant  70.000  paires  de  gants  d'une  valeur  de 
63,000  livres;  mais  ce  commerce  avait  diminué  de  moitié 
depuis  vingt  ans. 

M.  de  Thémines,  évèque  de  Blois,  et  plusieurs  citoyens 
notables  de  la  ville  avaient  tenté  de  relever  à  Blois  une 
fabrique  de  grosse  draperie.  M.  Girault-Villiers,  qui  avait  été 
employé  dans  les  manufactures  de  la  ville  de  Beauvais,  fut 
chargé  de  la  direction,  et  il  fit  venir  des  ouvriers  tant  de 
cette  dernière  ville  que  de  Romorantin.  Les  efforts  furent 
inutiles  et  plus  de  30.000  livres  perdues  en  deux  ou  trois 
ans  ;  on  attribua  cet  insuccès  à  la  cherté  de  la  main-d'œu- 
vre W. 

A  Saint-Dyé-sur-Loire  se  trouvait  une  manufacture  de 
tissus  do  coton.  Le  produit  annuel  de  cette  manufacture 
consistait  en  600  pièces  de  molleton  et  finette  du  prix 
moyen  de  120  livres  la  pièce  et  1.800  couvertures  du  prix 
moyen  de  30  livres,  vendues  à  peu  près  à  raison  de  8  livres 
l'aune  carrée.  Les  pièces  de  molleton  étaient  entièrement  de 
coton,  ainsi  que  les  couvertures,  mais  la  chaîne  des 
finettes  était  de  fil.  Cette  manufacture  avait  été  établie  en 


(*>  Ouvr.  cité,  p.  62. 

W  Bergevin  père,  ouvr.  cité,  p.  116. 


XXVIII  INTRODUCTION 

1762  par  Brondes  père.  Elle  eut  immédiatement  après  son 
établissement  plus  d'activité  qu'elle  rien  avait  en  1 789. 

M.  Leray,  propriétaire  du  château  de  Chaumont,  y  avait 
installé  une  verrerie  et  une  poterie  sous  la  direction  de 
l'italien  Nini,  qui  y  exécuta  ses  célèbres  médaillons  de  terre 
cuite. 

Quand  nous  aurons  signalé  à  Àunay  un  petit  moulin  fabri- 
quant du  papier  pour  les  raffineries  d'Orléans  et  occupant 
3  ouvriers,  à  Mer  une  blanchisserie  de  cire  et  à  Blois 
une  salpètrière  peu  importante,  quelques  couteliers  et  fabri- 
cants de  dés  à  coudre,  nous  aurons  terminé  rémunération 
des  industries  peu  florissantes  du  Blésois  et  du  val  de  la 
Loire. 

La  fabrication  des  draps  à  Romorantin  et  à  Saint-Aignan 
était  certainement  l'industrie  la  plus  importante  de  tout  le 
bailliage.  «  Année  commune,  disait  l'inspecteur  des  manufac- 
tures Tribert,  on  fabrique  4.000  pièces  de  drap  à  Romorantin 
et  600  à  Saint-Aignan.  La  valeur  totale  de  ces  draps  est  d'en- 
viron 1.120.500  livres.  Tous  ces  draps  sont  de  bonne  qua- 
lité, mais  plus  ou  moins  communs.  Les  fabricants  de  Romo- 
rantin et  de  Saint-Aignan  consomment  des  laines  du  Berry 
et  de  la  Sologne.  Les  manufactures  de  drap  établies  à  Romo- 
rantin sont  très  anciennes  et  elles  diminuent  continuellement 
au  lieu  de  s'accroître.  Année  commune,  de  1766  à  1769,  les 
droits  de  marque  furent  perçus  sur  4.414  pièces  de  drap,  et 
d'anciens  fabricants  m'ont  assuré  que,  vingt  ans  auparavant, 
on  fabriquait  deux  fois  davantage  de  pièces  de  drap  dans 
celte  ville. 

«  Plusieurs  causes  s'opposent  à  l'accroissement  des  manu- 
factures de  Romorantin  :  le  mauvais  état  des  roules  qui 
aboutissent  à  cette  ville,  les  facultés  trop  bornées  des  fabri- 
cants et  enfin.  Tannée  dernière,  l'extrême  rareté  du  numé- 
raire. Cette  rareté  du  numéraire  fait  si  grand  tort  aux  fabri- 


INTRODUCTION  XXIX 

cants  de  cette  ville  que,  s'ils  n'avaient  pas  reçu  cette  année 
(1790)  des  demandes  extraordinaires  pour  uniformes  natio- 
naux, moitié  d'entre  eux,  au  moins,  auraient  été  obligés  de 
cesser  de  travailler.  Ces  fabricants,  en  paiement  des  draps 
qu  ils  vendent  à  Paris,  reçoivent  des  effets  payables  à  six  mois 
et  un  an  de  terme,  et  souvent  ils  se  sont  trouvés  surpris  dans 
des  banqueroutes  très  considérables.  Leurs  facultés  étant 
très  bornées,  ils  sont  obligés  de  faire  escompter  ces  effets 
pour  avoir  de  l'argent  comptant,  nécessaire  chaque  semaine 
pour  payer  les  ouvriers,  et,  comme  ils  ne  peuvent  payer 
qu'au  bout  de  dix-huit  mois  les  laines  qu'ils  achètent,  ils 
sont  sous  là  dépendance  des  marchands  de  laines  et  des 
marchands  d'argent,  et  par  conséquent  dans  l'impossibilité 
d'étendre  leurs  affaires.   » 

Le  nombre  des  ouvriers  de  Romorantin  employés  par 
cette  industrie  était  de  3  à  4.000  I1)  et  il  y  avait  environ 
60  maîtres  fabricants  W.  Les  principales  sortes  de  draps 
fabriqués  étaient  :  les  draps  fins  pour  l'habillement  des  offi- 
ciers ;  draps  plus  communs  pour  l'habillement  des  troupes  ; 
draps  verts,  teints  en  laine  :  draps  pour  les  tapis  de  billard, 
blancs  et  verts,  teints  en  laine;  draps  bleu  de  roi,  aussi 
teints  en  laine  <3L 

Les  paroisses  de  la  Sologne  fabriquaient  des  serges, 
étoffes  de  laine  communes,  consommées  par  les  artisans,  vi- 
gnerons et  mariniers  de  la  généralité. 

Romorantin  et  Saint-Aignan  étaient  de  petits  centres  pour 
l'industrie  des  cuirs;  15  mégissiers  et  tanneurs  y  employaient 
72  ouvriers. 

Saint-Aignan  possédait  une  salpè trière  et  une  teinturerie. 
Des  carrières  de  pierres  à  feu,  dans  les  paroisses  de  Lye, 

H)  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  provinciale  de  l'Orléanais,  p.  238. 
(2)  Calendrier  historique  de  V Orléanais,  1788,  p.  188. 
W  Ibid. 


XXX  INTRODUCTION 

Meusnes  et  Couffy  occupaient  3  à  400  personnes  et  four- 
nissaient un  produit  de  50.000  livres. 

Enfin,  dans  quelques  paroisses,  on  fabriquait  des  droguets, 
tiretaines  ou  poulanges,  étoffes  communes  dont  la  chaîne  était 
de  fil  et  la  trame  de  laine. 

Dans  presque  toutes  les  paroisses  du  bailliage,  on  tissait 
une  quantité  considérable  de  toile  de  chanvre  plus  ou  moins 
commune,  qui  se  consommait  dans  le  pays. 

A  ces  industries  il  convient  d'ajouter  le  commerce  impor- 
tant des  blés  de  la  Beauce  et  des  vins  et  eaux-de-vie  des 
bords  de  la  Loire  et  du  Cher.  «  Toute  la  richesse  de  cette 
ville  et  de  tous  les  habitants  de  la  province,  disaient  les  offi- 
ciers municipaux  de  Blois  en  1753  (*),  consiste  pour  ainsi  dire 
dans  le  seul  commerce  des  vins  et  eaux-de-vie.  »  Il  y  avait 
à  Blois,  en  1789,  12  commissionnaires  en  vins,  seuls  chargés 
des  achats  et  des  expéditions  sans  l'intermédiaire  de  cour- 
tiers. Tous  les  commissionnaires  se  rendaient  à  Paris,  au  mois 
d'août  de  chaque  année,  pour  traiter  verbalement  de  leurs 
affaires  avec  les  négociants,  prendre  leurs  commandes  et 
régler  leurs  comptes.  La  vente  et  l'achat  des  eaux-de-vie  se 
traitaient  dans  des  réunions  des  habitants  de  la  ville  et  de 
tout  le  vignoble  ;  ces  réunions  avaient  lieu  dans  une 
maison  de  la  rue  Foulerie  voisine  de  la  mairie  qu'on  appe- 
lait le  bureau  de  Feau-de-vie.  Le  commerce  de  cette  denrée 
était  alors  considérable  ;  on  en  expédiait  beaucoup  à  l'étran- 
ger,  surtout  en   Hollande  <2). 

Les  autres  métiers  exercés  dans  les  villes  et  les  cam- 
pagnes n'offrent  rien  de  particulier  pour  la  région  qui 
nous  occupe.  A  Blois,  Romorantin,  Ghàteaudun  et  Mer,  les 
principaux  formaient  des  corporations  dont  on  trouvera  la 


W  Délibération  du  18  janvier  4753,  Arch.  comm.  Blois,  BB  28,  f«  203  y. 
W  V.  Bergevin  et  Dupré,  Histoire  de  Blois,  t.  u,  pp.  63  à  69. 


INTRODUCTION  XXX! 

liste  plus  loin  dans  l'analyse  des  procès-verbaux  de  ces 
villes  tf). 

Le  manque  de  moyens  de  communication  était  une  des 
grandes  causes  du  peu  de  prospérité  du  commerce  et  de  l'in- 
dustrie. 

Dans  le  nord  du  bailliage,  la  grande  route  de  Paris  à  Tours 
par  Chàteaudun  et  Vendôme  n'était  pas  encore  terminée. 
Seules,  les  routes  de  Chàteaudun  à  Nogent-le-Rotrou  et  de 
Chàteaudun  à  Orléans  étaient  achevées  et  en  bon  état  <2>  ; 
aussi  l'Assemblée  du  département  de  Chàteaudun  et  Vendôme 
faisait-elle  les  réflexions  suivantes  :  «  Il  y  a  toujours  trois  sols, 
quatre  sols  et  quatre  sols  et  demi  de  différence  du  prix  du 
boisseau  d'Oucques  avec  vingt  livres  de  blé  de  pareille  nature 
vendues  à  Blois  et  à  Chàteaudun;  tous  les  marchés  du  départe- 
ment se  trouvent  dans  la  même  position,  à  proportion  de  leur 
éloignement  des  grandes  routes.  Le  bois  se  vend  10  francs  la 
corde  dans  nos  cantons  et  36  francs  à  Blois,  et  il  est  généra- 
lement de  même  de  toutes  les  productions.  Je  crois  donc 
qu'indépendamment  du  commerce  des  vins  de  Blois  (seul 
objet  auquel  on  s'est  arrêté  sans  considérer  les  blés  et  les 
bois  de  la  Beauce  Dunoise)  il  serait  à  propos  d'ouvrir  une 
route  de  Chàteaudun  à  Blois  *3L  » 

Dans  le  Blé  sois»  si  Ton  fait  exception  pour  lit  grande  route 
de  Paris  à  Bordeaux  par  Orléans,  Blois  et  Tours  sur  la  rive 
droite  de  la  Loire  et  pour  celle  d'Orléans  à  Blois  par  Cléry 
et  Saint-Dyé  (rive  gauche),  aucune  autre  n'était  entièrement 
terminée.  En  1789,  on  appliquait  des  fonds  à  la  construction 

(i)  Excepté  pour  celle  de  Romorantin  qui  n'eut  pas  d'Assemblées  de  corporations. 

(J>  V.  Arch.  dép.  Eure-et-Loir,  C  4,  Procès- verbaux  de  l'Assemblée  de  département 
de  Chàteaudun  et  Vendôme,  fM  15  v°  et  16  v°. 

(s)  «  D'Oucques  à  Blois,  en  hiver,  pour  transporter  un  muids  et  demi  de  blé,  il 
faut  6  à  7  chevaux,  et  les  gens  doivent  partir  le  vendredi  pour  arriver  à  Blois  pour 
le  marché  du  samedi  (la  distance  d'Oucques  à  Blois  est  de  27  kilomètres).  En  été, 
une  charrette  attelée  de  H  chevaux  peut  transporter  3  muids.  »  Arch.  dép.  Loir- 
et-Cher,  C  21. 


XXXI!  INTRODUCTION 

do  celles  de  Blois  au  Blanc,  de  Blois  à  Selles  et  de  Blois  à 

Vendôme.  La  route  de  Blois  à  Chàteaurenault  n'était  qu'à 

l'état  de  projet  ;  celle  de  Blois  à  Romorantin  et  Villefranche 

n'allait  que  jusqu'à  Cour-Cheverny  ;  celle  de  Blois  à  Montri- 

chard  (ancienne  route  royale  de  Paris  à  Bordeaux)  était  dans 

un  état  d'abandon  complet,   et  on  achevait  hâtivement  la 

route  de  Blois  à  Àmboise  et  Tours  par  les  Montils  et  Chau-  j 

mont,  pour  suppléer  à  la  grande  route  de  Paris  à  Bordeaux 

par   la    rive    droite    que     venait    d'intercepter    la    chute 

du  pont  de  Tours  emporté  par  la  débâcle   des  glaces  du 

19  janvier. 

Mais  la  ville  la  moins  favorisée  était  sans  contredit  Romo-  j 

rantin,  qui  ne  communiquait  avec  Blois  et  avec  Orléans  que  i 

par  .de  mauvais  chemins.  On  commençait  à  étudier  et  à 
construire  la  route  de  Romorantin  à  La  Ferté-Lowendal  W  et 
la  route  de  la  Haute-Sologne  par  Salbris.  Enfin  celle  de  Paris 
à  Toulouse,  non  encore  terminée,  coupait  le  bailliage  de  Blois 
en  deux  points,  à  Salbris  et  à  VatanW. 

En  dehors  des  grandes  routes  construites  et  entretenues 
sur  les  fonds  du  Roi  dont  nous  venons  de  parler,  il  n'y  avait 
que  des  chemins  en  fort  mauvais  état,  sur  lesquels  les  trans- 
ports étaient  des  plus  difficiles,  surtout  dans  la  mauvaise 
saison,  et  quiexcitaient  de  justes  réclamations  de  la  partdes 
habitants. 

Aux  transports  par  terre  on  préférait,  toutes  les  fois  que 
cela  était  possible,  le  transport  par  eau,  et  la  navigation  flu- 
viale était  la  principale  voie  d'exportation  des  denrées  du 
pays,  et  en  particulier  des  vins  et  des  eaux-de-vie  de  la  val- 
lée de  la  Loire  W.  Par  le  fleuve  et  par  le  canal  de  Briare,  ces 

<*>  Aujourd'hui  La  Ferté-Saint-Aubin. 

<*)  V.  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  21  ; —  Procès-verbaux  de  la  Commission  inter- 
médiaire de  l'Orléanais,  Arch.  dép.  Loiret,  C  894  ;  —  Procès-verbaux  de  l'Assem- 
blée de  département  de  Blois  et  Romorantin,  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  4. 

•3)  V.  Bergevin  et  Dupr»',  ouvr.  cité,  t.  i,  pp.  426  à  432. 


INTRODUCTION  XXXIH 


produits  pouvaient  être  expédiés  assez  aisément  et  à  peu  de 
frais  vers  la  capitale  et  le  nord  de  la  France.  Le  transport  de 
Blois  à  Paris  d'une  pièce  de  vin  de  240  pintes  (228  litres), 
qui  revenait  à  8  livres  par  la  voie  de  terre,  ne  coûtait  que 
5  livres  par  eau.  Cette  facilité  de  transport  défiait  la  concur- 
rence des  productions  des  provinces  du  Midi.  Depuis  la  sup- 
pression de  la  compagnie  des  marchands  fréquentant  la 
rivière  de  Loire  en  1772,  l'administration  des  turcies  et 
levées  était  chargée  de  faire  exécuter  le  «  balisage  »  et  de 
veiller  à  la  navigation  de  la  Loire  que  les  sables  rendirent 
toujours  difficile  pendant  une  partie  de  Tannée.  La  destruc- 
tion des  bateaux  par  la  débâcle  des  glaces  du  19  janvier  1789 
porta  un  grave  préjudice  au  commerce  fluvial. 


II.  —  LA   CONVOCATION  «> 


Les  préliminaires  de  la  convocation  donnèrent  lieu  à  de 
longues  discussions  parmi  les  différents  corps  que  l'arrêt  du 
Conseil  du  5  juillet  1788  invitait  à  rechercher  les  formes 
qui  devaient  précéder  et  accompagner  la  convocation  des 
États  généraux. 

Les  officiers  du  bailliage  de  Blois  s'occupèrent  immédiate- 
ment de  cette  question.  Le  procureur  du  Roi.  Duchesne,  en  fut 
spécialement  chargé,  et,  dès  le  14  août,  il  présenta  un  premier 


(*)  Nous  ne  nous  occuperons  pas  ici  des  dispositions  générales  concernant  la 
convocation  et  la  rédaction  des  cahiers  que  nous  supposons  connues,  renvoyant 
pour  ces  questions  aux  divers  ouvrages  qui  les  ont  déjà  traitées  et  notamment 
a  celui  de  M.  Armand  Brette,  Recueil  de  documents  relatifs  à  la  convocation  des 
États  généraux  de  i789,  coll.  de  doc.  inéd.  sur  l'hist.  de  Fr.,  3  vol.  actuellement 
parus  et  un  atlas,  Paris,  Imp.  nat.,  1894,  1896  et  1904. 

H 


XXXI V  1 NTR0DUCT1  ON 

rapport  sur  ce  sujet  '*).  Deux  mois  plus  tard,  l'Assemblée  de 
département  de  Blois  et  Romorantin  consacra  une  partie  de 
sa  session  de  1788  à  la  même  affaire  :  les  différents  bureaux 
de  cette  assemblée  Tétudièrent  d'abord  séparément  le  20  et 
le  21  octobre  ;  le  22,  chacun  déposa  son  rapport  qui  fut  dis- 
cuté le  même  jour;  enfin,  le  23,  on  arrêta  un  projet  qui  fut 
envoyé  au  Roi  en  même  temps  que  les  avis  particuliers  des 
membres  de  l'assemblée  qui  n'adoptèrent  pas  l'opinion  de  la 
majorité  <2).  Presque  aussitôt  après,  les  25,  27  et  29  octobre, 
les  officiers  du  bailliage  se  réunirent  à  nouveau,  et  le  procu- 
reur du  Roi  présenta  un  second  rapport  pour  répondre  à  l'ar- 
rêt du  5  octobre  concernant  l'assemblée  des  Notables,  mais 
surtout  pour  discuter  et  combattre  la  récente  délibération  de 
l'Assemblée  de  département  W. 

Le  Tiers  état  des  principales  villes  se  réunit  aussi  pour 
envoyer  ses  vœux.  A  Châteaudun,  les  communautés  et  habi- 
tants de  la  ville  se  rassemblèrent  le  12  décembre  et  rédi- 
gèrent un  mémoire  W  ;  le  maire  et  les  échevins,  réunis  extra- 
ordinairement  le  16  décembre,  l'approuvèrent  et  décidèrent 
de  l'envoyer*à  Neckert5).  A  Blois,  la  plus  grande  partie  des 
corporations  se  réunirent  le  4  décembre  pour  rédiger  en 
commun  leurs  vœux  concernantla  convocation  (fi);  les  officiers 


M  Arch.  nat.,  BA  22,  plaquette  1. 

W  Arch.  dôp.  Loir-et-Cher,  C  4.  f"  28  à  32. 

<3)  Arch.  nat.,  B*  22,  plaquette  1. 

(*)  Arch.  nat.,   BA  22,  plaquette  7. 

(s)  Arch.  comm.  Châteaudun,  BB  12,  Registre  des  délibérations  de  la  ville 
de  Châteaudun,  16  déc.  1788,  f™  18  v  et  19  r°. 

<«)  Arch.  comm.  Blois,  BB  31,  Registre  des  délibérations  municipales,  pièces 
intercalées  entre  les  f°»  76  et  77.  Sur  cette  pièce  figurent  les  signatures  des  mar- 
chands merciers  et  drapiers  réunis  ;  des  épiciers  ciriers  ;  des  orfèvres  et  horlogers  ; 
des  marchands  chapeliers  et  bonnetiers  ;  des  maîtres  selliers,  bourreliers,  char- 
rons et  autres  ouvriers  en  voitures  ;  des  aubergistes,  cafetiers  et  limonadiers  ; 
des  charpentiers  et  autres  ouvriers  en  bois  ;  des  cordonniers  ;  des  menuisiers,  ton- 
neliers, bois  sel  i  ers,  ébénistes,  tourneurs  et  sabotiers  ;  des  maîtres  maçons,  cou- 
vreurs, plombiers,  paveurs,  plâtriers,  tailleurs  de  pierre  et  constructeurs  en 
plâtre  et  ciment;  des  maîtres  serruriers,  taillandiers,  maréchaux,  ferblantiers, 
cloutiers   et  ferrailleurs  ;  des  poôliers,  fondeurs,  potiers   d'étain,  épingliers  et 


INTRODUCTION  XXXV 

de  l'élection,  les  négociants  et  commissionnaires  de  la  ville, 
la  corporation  des  perruquiers  envoyèrent  séparément  des 
vœux  à  peu  près  identiques  (*)  ;  le  15  décembre,  le  maire 
Boesnier  soumit  au  corps  municipal  la  délibération  du  Tiers 
état  qu'on  décida  d'adresser  au  ministre*2).  A Romorantin, la 
municipalité  ne  se  réunit  pas  avant  le  13  janvier  et,  à  cette 
date,  rassemblée  générale  de  la  ville  se  borna  à  exprimer  au 
Roi  ses  remerciements  au  sujet  du  résultat  du  Conseil  du 
27  décembre,  qui  rendait  inutile  toute  autre  délibération  3h 
Dans  leurs  mémoires  les  officiers  du  bailliage  et  les 
membres  de  l'Assemblée  du  département  s'occupèrent  sur- 
tout de  rechercher  si  la  convocation  devait  se  faire,  suivant 
la  tradition,  par  bailliages  et  sénéchaussées  et  par  les  soins 
des  officiers  de  ces  juridictions,  ou  s'il  était  préférable 
d'adopter  pour  ces  opérations  les  circonscriptions  des  élec- 
tions et  des  généralités.  Les  officiers  du  bailliage,  qui  tenaient 
à  conserver  au  pouvoir  judiciaire  le  soin  de  la  convocation 
et  la  présidence  des  assemblées,  étaient  particulièrement 
intéressés  dans  cette  question.  Le  procureur  du  Roi  dans  ses 
rapports  avait  surtout  porté  son  enquête  sur  les  États  de 
Blois  de  1576  et  de  1588;  il  s'appuyait  en  particulier  sur  les 
minutes  des  assemblées  du  Tiers  aux  Etats  généraux  de  1588, 
minutes  conservées  dans  la  famille  de  Me  Jean  Courtin.  sei- 
gneur de  Nanteuil,  procureur  du  Roi  du  bailliage  de  Blois, 
qui  avait  été  secrétaire-greffier  du  Tiers  état  à  cette  assem- 
blée, et  sur  un  extrait  du  procès-verbal  des  assemblées  de 
cet  Ordre  aux  Etats  généraux  de  1576,  extrait  fait  par  le 


bijoutiers  ;  de  l'ordre  des  avocats  ;  de  la  communauté  des  procureurs  ;  des  eaux 
et  forêts. 

(*)  Arc  h.  coin  m.  Blois,  BB  31,  Registre  des  délibérations  municipales,  pièces 
intercalées  entre  les  f"  76  et  77. 

W  Arc  h.  comm.  Blois,  BB  31,  Registre  des  délibérations  municipales,  i°«  76  !•• 
et  v°  et  77  r°. 

(3)  Arch.  nat.,  BA  22,  plaquette  7. 


XXXVI  INTRODUCTION 

même  personnage.  Fort  de  ces  documents,  il  démontrait  qu'en 
1376  et  1588  la  convocation  avait  été  faite  par  les  baillis  et 
sénéchaux  et  qu'il  n'y  avait  aucune  raison  d'abandonner  cet 
ancien  usage.  11  combattait,  d'autre  part,  la  nomination  des 
députés  par  les  Assemblées  provinciales,  parce  que  :  1°  ces 
assemblées  n'avaient  pas  encore,  disait-il,  de  formes  légales  ; 
2°  qu'elles  n'avaient  ni  la  mission,  ni  les  pouvoirs  de  leurs 
concitoyens;  3°  qu'on  ne  pourrait  attribuer  à  ces  Assemblées 
provinciales  ce  qui  ne  l'était  pas  aux  pays  d'Etats,  où  les 
députés  étaient  élus  par  bailliages  et  sénéchaussées  :  4°  enfin 
qu'il  était  indispensable  de  garder  l'ancienne  forme,  parce 
que,  si  quelques  abus  se  glissaient  dans  les  États  des  pro- 
vinces et  dans  les  assemblées  provinciales,  ces  abus  seraient 
irrémédiables  dans  rassemblée  môme  de  la  Nation,  qui  ne 
serait  composée  que  des  membres  de  ces  États  particuliers  et 
de  ces  Assemblées  provinciales. 

L'assemblée  de  département  de  Blois  et  Romorantin  était, 
au  contraire,  d'avis  de  faire  la  convocation  par  généralités  et 
proposait  à  cet  effet  un  mode  d'élection  à  plusieurs  degrés 
assez  compliqué.  11  devait  y  avoir  pour  l'élection  des  députés 
du  Tiers  état  quatre  assemblées  successives  (de  paroisse, 
d'arrondissement,  d'élection  et  de  généralité)  et  trois  assem- 
blées (d'arrondissement,  d'élection  et  de  généralité)  pour  les 
deux  autres  Ordres.  11  importe  aussi  de  noter  que,  dans  ce 
projet,  le  nombre  des  députés  de  chaque  généralité  devait 
être  fixé  d'après  la  quotité  d'impositions  payées  par  elle,  et 
que  les  électeurs  du  Tiers  état  étaient  soumis  à  des  condi- 
tions censitaires  assez  rigoureuses  :  il  fallait,  pour  être  élec- 
teur, payer  20  livres  au  moins  de  toutes  impositions,  et  pour 
être  éligible,  20  livres  au  moins  d'impositions  foncières.  Ce 
projet  émané  d'une  assemblée  composée  en  majorité  de  pri- 
vilégiés était  donc  moins  libéral  que  celui  qui  fut  adopté  par 
le  pouvoir  royal. 


INTRODUCTION  XXXVII 

Si  la  question  de  la  convocation  par  bailliages  ou  par  géné- 
ralités recevait  des  solutions  contradictoires,  tous  les  corps 
consultés  furent,  au  contraire,  d'accord  sur  le  principe  de  la 
double  représentation  du  Tiers.  «  Le  Clergé  et  la  Noblesse, 
dit  l'Assemblée  de  département,  seront  représentés  par  un 
nombre  égal  de  députés  et  le  Tiers  état  par  un  nombre  égal 
à  celui  des  deux  autres.  »  «  Le  nombre  [des  députés],  dit  le 
procureur  du  Roi  du  bailliage,  devrait  être  tout  au  plus  égal 
pour  le  Clergé  et  la  Noblesse  à  celui  du  Tiers  état  qui  forme 
le  gros  de  la  Nation.  »  Il  ajoute,  il  est  vrai,  que  cette  pro- 
portion  n'est  pas  essentielle,  «  parce  que,  d'après  les  Etats  de 
Blois,  les  suffrages  et  les  délibérations  d'un  Ordre  n'influent 
en  rien  sur  les  suffrages  et  les  délibérations  d'un  autre  Ordre  ». 

Cette  question  fut  la  seule  dont  s'occupa  le  Tiers  état  des 
villes.  Toutes  ces  assemblées  réclamèrent  avec  énergie,  mais 
non  sans  emphase,  la  double  représentation  du  Tiers,  la  déli- 
bération en  commun  des  trois  Ordres  et  le  vote  par  tète; 
presque  toutes  demandèrent  que  les  représentants  du  Tiers 
état  fussent  choisis  exclusivement  dans  leur  Ordre.  Ces  déli- 
bérations, intéressantes  par  leur  unanimité,  n'apportent 
d'ailleurs  aucune  donnée  nouvelle  sur  le  sujet. 

Les  lettres  royales  et  le  règlement  du  24  janvier  parvin- 
rent au  lieutenant  général  le  10  février  <*).  Le  12,  après 

(l>  Le  lieutenant  général  écrivit  immédiatement  au  garde  des  sceaux  pour  lui 
demander  des  explications  sur  certains  points  qui  ne  lui  semblaient  pas  suffisam- 
ment éclaircis  par  le  règlement  du  24  janvier.  Notons  les  questions  suivantes  et 
les  réponses  qui  leur  furent  faites.  Le  lieutenant  général  demande  si  l'on  doit 
convoquer  les  Dominicains  et  les  Minimes  qui  sont  rentes  et  ne  quêtent  point, 
quoique  d'instituts  mendiant*  :  le  garde  des  sceaux  répond  qu'ils  doivent  être 
convoqués  s'ils  sont  rentes  et  propriétaires  de  leurs  fonds  et  s'ils  ne  quêtent  pas. 
Le  lieutenant  général  demande  si  l'on  doit  confondre  dans  la  même  assemblée 
«  la  bonne  bourgeoisie  »  avec  les  jardinier*,  mariniers,  journaliers  et  autres  ne 
formant  aucune  corporation  ;  l'article  27,  dit  le  garde  des  sceaux,  répond  très 
clairement  à  cette  question  :  '  il  sera  tenu  à  l'hôtel  de  ville  une  assemblée  où  de- 
vront être  admis  tous  ceux  qui  auront  le*  qualité  a  requises  par  l'article  25.  Enfin 
le  lieutenant  général  demande  pour  les  officiers  du  bailliage  qu'on  leur  accorde 
provisoirement  le  droit  qu'ils  prétendaient  avoir  de  présider  les  assemblées  muni- 
cipales, droit  qui  était  depuis  longtemps  l'objet  d'une  contestation  entre  eux  et 


XXXVIU  INTRODUCTION 

qu'on  en- eut  fait  lecture  à  l'audience  du  bailliage  de  Blois, 
le  lieutenant  général  rendit  son  ordonnance  convoquant  les 
diverses  assemblées  de  son  ressort,  et  s'occupa  immédiate- 
ment de  faire  parvenir  dans  toutes  les  paroisses  les  instruc- 
tions nécessaires.  Le  même  jour,  le  lieutenant  général 
envoyait  au  lieutenant  particulier  du  bailliage  secondaire 
de  Romorantin  la  lettre  de  convocation  et  le  règlement. 
Le  13,  lecture  en  était  faite  en  audience  du  bailliage, 
et  le  lieutenant  particulier  rendit  son  ordonnance  fixant  l'as- 
semblée préliminaire  au  2  mars.  Le  règlement  fut  publié  sur 
la  place  du  marché  de  Romorantin  «  au  bat  de  plusieurs 
tambours  et  par  trois  huissiers  en  robe  et  réunis  ».  Mais  les 
retards  apportés  dans  l'envoi  des  imprimés  firent  reculer  la 
date  de  l'assemblée  jusqu'au  9  mars  W. 

Le  ressort  des  bailliages  était,  comme  nous  l'avons  dit, 
incomplètement  connu  des  officiers  mêmes  de  ces  juridic- 
tions ;  la  convocation  des  paroisses  nous  en  fournit  une  nou- 
velle preuve.  Deux  paroisses,  en  effet,  ne  furent  point  con- 
voquées, ainsi  qu'en  font  foi  leurs  procès-verbaux.  1°  A 
Bauzy,  nous  lisons  :  «  Pour  satisfaire  à  l'ordonnance  de 
M.  le  lieutenant  général  du  bailliage  de  Blois,  dont  ils  nous 
ont  déclaré  avoir  une  parfaite  connaissance  par  la  publicité 
des  autres  paroisses  circonvoisines,  n'en  ayant  aucune  noti- 
fication dans  leur  paroisse,  qui,  probablement,  aura  été 
oubliée.  »  2°  A  Oisly  :  <r  Nous  sommes  assemblés  à  l'issue 
de  la  grand'messe,  quoique  notre  paroisse  n'ait  point  été  assi- 
gnée.» Par  contre,  nous  avons  vu  que  plusieurs  paroisses  furent 
convoquées  à  la  fois  dans  deux  bailliages  '*). 


Ips  officiers  municipaux.  Le  garde  des  sceaux  répond  qu'on  ne  peut  leur  accorder 
ce  droit  même  provisoirement,  ce  qui  serait  contraire  aux  dispositions  de  l'ar- 
ticle 28.  Arch.  nat.  BA  22,  plaquette  2. 

(')  Arch.  nat.,  BA  22,  plaquette  7,  Lettre  du  lieutenant  particulier  Thuault  de 
Beauchesne,  19  février  1789. 

<2)  Cf.  p.  VIII. 


INTRODUCTION  XXXIX 

Le  règlement  du  24  janvier  prescrivait  aux  assemblées 
de  paroisses  de  se  réunir  «  devant  le  juge  du  lieu,  ou,  en  son 
absence,  devant  tout  autre  officier  public  ».  Les  officiers  des 
justices  seigneuriales  mirent,  en  général,  beaucoup  de  zèle 
à  remplir  ces  fonctions.  En  effet,  sur  les  222  assemblées  de 
paroisses  (ou  villes  non  comprises  dans  l'état  annexé  au 
règlement  du  24  janvier)  dont  nous  possédons  les  procès- 
verbaux,  130  furent  présidées  parles  baillis,  procureurs  fis- 
caux ou  autres  officiers  de  justice,  et  30  par  les  notaires.  Les 
syndics  au  membres  des  municipalités  ne  présidèrent  que 
dans  52  assemblées;  Dans  10  assemblées,  le  président  n'est 
pas  nommé.  Si  le  nombre  des  assemblées  présidées  par  les 
syndics  des  municipalités  est  encore  relativement  élevé,  il 
faut  bien  remarquer  que  le  grand  nombre  d'assemblées  de 
paroisses  qui  eurent  lieu  et  le  court  laps  de  temps  qui  s'écoula 
entre  la  convocation  et  la  tenue  des  assemblées  ne  permit 
pas  aux  officiers  de  justice  de  se  rendre  partout.  Il  est  cer- 
tain, par  exemple,  que  les  officiers  du  bailliage  de  Dunois, 
dont  la  juridiction  s'étendait  sur  27  paroisses,  ne  pouvaient 
prendre  part  à  un  si  grand  nombre  d'assemblées.  Sans  doute, 
dans  cette  justice  comme  dans  plusieurs  autres,  un  seul 
officier,  le  bailli,  présida  les  assemblées  de  paroisses  ;  mais, 
dans  d'autres,  même  assez  étendues,  comme  celle  du  mar- 
quisat-pairie de  Menars  qui  comprenait  ii  paroisses,  les 
différents  officiers  se  partagèrent  la  présidence  des  assem- 
blées, qui  ne  fut  laissée  nulle  part  aux  syndics  des  munici- 
palités. 

Les  droits  des  officiers  de  justice  ne  furent  d'ailleurs  pas 
reconnus  partout  sans  difficultés.  Dans  la  paroisse  Saint- 
Saturnin  de  Blois,  à  l'assemblée  convoquée  par  Caillon,  pro- 
cureur fiscal  de  la  justice  de  Saint-Lomer,  le  syndic  Mitteau, 
qui  avait  déjà  réuni  irrégulièrement  une  assemblée  la  se- 
maine précédente,  déclare  que,  «  quoiqu'il  ait  fait  sonner  la 


XL  INTRODUCTION 

cloche  pour  convoquer  l'assemblée  de  la  paroisse,  il  n'enten- 
dait pas  qu'on  procédât  à  la  nomination  des  députés  pour 
l'assemblée  des  États  généraux  »  ;  un  des  députés  élus  étant 
absent  de  Blois,  Caillon  voulut  convoquer  une  nouvelle 
assemblée  pour  lui  nommer  un  remplaçant,  mais  le  syndic 
défendit  «  de  sonner  ladite  assemblée  »  et  donna  ordre  de 
fermer  le  cloître  où  elle  devait  avoir  lieu,  disant  «  que  les 
officiers  de  la  justice  de  Saint-Lomer  n'avaient  pas  plus  de 
droits  de  convoquer  une  assemblée  que  les  habitants  ».  Des 
discussions  analogues  durent  avoir  lieu  àChailles  etàChouzy. 
où  il  y  eut  sans  doute  aussi  des  assemblées  irrégulières  ;  car, 
lors  de  l'appel  des  députés  de  ces  paroisses  à  l'assemblée 
préliminaire,  le  lieutenant  général  ordonna  l'exécution  du 
procès- verbal.  «  sans  nous  arrêter,  dit-il,  à  toutes  autres 
délibérations  faites  en  ladite  paroisse  ». 

Si,  comme  nous  l'avons  vu  à  propos  des  préliminaires  de 
la  convocation,  les  officiers  du  bailliage  de  Blois  étaient  fort 
jaloux  de  leurs  anciennes  prérogatives,  les  officiers  des  jus- 
tices subalternes  ne  Tétaient  donc  pas  moins  des  leurs.  Ce 
fait  est  d'autant  plus  important  que,  dans  de  nombreuses 
paroisses,  les  présidents  des  assemblées  furent  nommés 
députés  ;  40  officiers  de  justice  (*),  4  avocats  et  12  notaires 
furent  ainsi  envoyés  à  l'assemblée  préliminaire,  et  la  plu- 
part restèrent  à  l'assemblée  générale  des  trois  Ordres.  Aussi, 
dans  ces  assemblées,  leur  influence  devint  prédominante,  et 
finalement  les  députés  du  Tiers  état  furent  le  lieutenant 
général  et  le  lieutenant  criminel  du  bailliage  de  Blois  et 
deux  avocats  en  parlement,  le  premier  (Delaforge)  exerçant 
en  la  justice  de  Chàteaudun,  et  le  second  (Dinochau)  exerçant 
au  siège  de  Blois  et  bailli  de  Pontlevoy. 

Cet  état  de  choses  inquiéta,  non  sans  quelque   raison, 

0)  Parmi  eux,  quatre  avaient  été  élus  dans  trois  paroisses  et  trois  dans  deux. 


INTRODUCTION  XLI 

semble-t-il,  certains  contemporains;  témoin  le  mémoire  du 
comte  de  Diziers,  adressé  au  directeur  général  le  15  mars 
1789  (*>. 

«  M.  le  directeur  général,  dit-il,  dans  le  préambule  du  règlement  du 
25  janvier  dernier,  paraît  avoir  senti  les  inconvénients  qui  peuvent 
résulter  de  la  convocation  des  États  généraux  par  bailliages,  suivant 
les  anciennes  formes.  L'expérience  vient  de  nous  le  démontrer  ;  l'in- 
fluence inévitable  que  viennent  d'y  prendre  dans  les  assemblées  du 
Tiers  état  les  gens  attachés  à  la  pratique  des  lois  est  de  la  plus  haute 
conséquence  pour  le  succès  des  futurs  États  généraux.  Le  Roi,  en 
convoquant  la  Nation,  en  accordant  au  Tiers  état  le  double  des  députés 
de  chacun  des  deux  autres  Ordres,  a  eu  pour  motif  de  consulter  toutes 
les  brancnes  de  cette  partie  intéressante  de  la  Nation  ;  il  en  a  augmenté 
le  nombre  en  raison  de  la  masse  des  connaissances  acquises  depuis 
les  derniers  États  généraux. 

«  Le  but  que  Sa  Majesté  se  propose  ne  serait  pas  rempli  si,  au  lieu 
de  nommer  pour  députés  des  membres  de  toutes  les  différentes  pro- 
fessions, on  n'en  chosissait  que  dans  une  seule  ;  les  moyens  de 
discussion,  les  moyens  d'amélioration  manqueraient  nécessairement. 
On  ne  serait  plus  éclairé  sur  les  autres  objets  et  l'ignorance  occasion- 
nerait des  méprises  sur  les  intérêts  des  absents.  Le  vœu  du  Roi,  celui 
de  la  Nation  seraient  encore  moins  remplis  si,  en  concentrant  le  choix 
des  députés  dans  une  seule  et  unique  profession,  cette  profession  se 
trouvait  elle-même  former  un  corps  particulier  dans  l'État,  Statum  in 
Statu,  ayant  des  intérêts  particuliers  et  formant  par  une  suite  de 
chaînons  indissolubles  un  corps  immense  auquel  la  prospérité  de 
l'État  et  la  discussion  de  ses  intérêts  sont  presque  des  objets  étran- 
gers. 

«  L'influence  qu'ont  dans  les  municipalités  les  baillis,  procureurs 
fiscaux,  notaires,  etc.,  l'habitude  où  le  peuple  est  de  les  consulter,  la 
confiance  qu'il  a  en  eux  ont  réuni  sur  cet  état  l'emploi  de  rédiger 
leurs  cahiers  et  de  les  faire  valoir  à  l'assemblée  générale  du  Tiers  état. 
Les  corporations  dans  les  villes  ont  également  choisi  des  gens  de  lois 
pour  exposer  leurs,  intentions.  U  devait  s'en  suivre  et  s'en  est  suivi 
effectivement  une  coalition  générale  entre  les  gens  de  cet  état  ;  seuls, 

(*>  Arch.  nat,  B*  22,  plaquette  5,  15  mars  1789. 

il. 


XMI  INTRODUCTION 

ils  ont  pu  élever  la  voix,  seuls  ils  ont  été  choisis  pour  la  rédaction  des 
cahiers  et  seuls,  il  est  à  craindre  qu'ils  ne  se  choisissent  pour 
députés. 

«  II  est  encore  un  remède,  mais  il  est  instant  ;  il  n'y  a  pas  un 
moment  à  perdre.  Ce  serait  un  supplément  au  règlement  du  24  jan- 
vier, par  lequel  Sa  Majesté,  sans  prétendre  gêner  la  liberté  des 
suffrages,  engagerait  cependant  le  Tiers  état  à  nommer  un  député 
d'une  autre  profession  en  remplacement  de  chaque  homme  de  loi 
qu'ils  choisiront,  parce  que,  pouvant  se  faire  que  le  nombre  en  fût  plus 
considérable  que  ne  le  comportent  les  intérêts  de  la  Nation,  qui  ne 
peut  être  véritablement  représentée  par  des  députés  d'un  seul  et  même 
état,  et  cet  état  ne  pouvant  tout  au  plus  former  que  le  dixième  des 
représentants  de  la  Nation,  ceux  qui  se  trouveraient  excéder  cette 
proportion  seraient  alors  remplacés  par  les  députés  désignés. 

«  Ce  moyen  suffirait  à  prévenir  la  trop  grande  influence  de  cet  état 
et  à  ramener  l'équilibre  dans  les  délibérations  des  États  généraux. 

«  Les  conséquences  sont  effrayantes  ;  il  est  important  de  couper  le 
mal  dans  sa  racine  ». 

Il  serait  fort  intéressant  pour  nous  de  savoir  comment  les 
habitants  des  paroisses  répondirent  à  l'appel  qui  leur  était 
fait  et  dans  quelle  proportion  ils  assistèrent  aux  assemblées 
pour  l'élection  des  députés  et  la  rédaction  des  cahiers.  Les 
procès-verbaux  indiquant  le  nombre  de  feux  de  la  paroisse 
et  les  noms  des  comparants,  il  semble  qu'il  soit  facile  d'é- 
tablir cette  proportion.  Mais  on  sait  combien  le  nombre  de 
feux  est  une  indication  peu  précise.  Les  états  de  recense- 
ment de  1790  donnant  le  nombre  d'habitants,  et  surtout  les 
rôles  d'impositions  nous  fourniraient  des  renseignements 
permettant  des  calculs  plus  exacts  ;  malheureusement  nous 
sommes  loin  de  posséder  ces  documents,  surtout  les  derniers, 
pour  toutes  les  paroisses.  D'autre  part,  les  listes  de  comparants 
données  par  des  procès-verbaux sontbiensouvenlincomplètes; 
quelquefois  les  procès-verbaux  le  reconnaissent  formellement, 
les  noms  cités  étant  suivis  des  mots  «  et  autres  habitants  »  ou 
d'une  formule  analogue;  mais,  dans  bien  d'autres  cas,  nous 


IISTKODUCTION  XL1II 

avons  relevé  parmi  les  signatures  des  noms  qui  ne  figurent  pas 
dans  la  liste  des  comparants  ;  parfois  môme,  comme  à  Saint- 
Léonard,  le  nombre  des  signataires  est  bien  supérieur  à  celui 
des  comparants.  Ces  faits  montrent  que  ces  listes  n'étaient 
pas  toujours  dressées  avec  assez  de  soin  pour  qu'on  puisse  les 
utiliser  dans  une  statistique  sérieuse.  Disons  cependant,  à 
titre  de  renseignement,  que  le  nombre  des  comparants  cités 
par  les  procès- verbaux  est  le  plus  souvent  le  tiers  ou  le 
quart  environ  du  nombre  de  feux  ;  il  dépasse  rarement  les 
deux  tiers.  Les  analyses  des  procès-verbaux  dont  nous  avons 
fait  précéder  le  texte  des  cahiers  permettront  d'ailleurs  de 
faire  le  calcul  pour  chaque  paroisse. 

Il  serait  aussi  très  intéressant  d'identifier  les  habitants 
composant  ces  assemblées,  de  connaître,  par  exemple,  leur 
profession  —  mais  la  plupart  des  procès-verbaux  ne  l'indi- 
quent pas,  —  et  surtout  de  connaître  leur  degré  d'instruc- 
tion. Nous  avons  pu  obtenir  quelque  indication  à  ce  sujet  en 
recherchant  la  proportion  des  comparants  sachant  signer  : 
mais,  pour  les  mêmes  raisons  que  celles  indiquées  ci-dessus, 
nous  devons  faire  les  plus  grandes  réserves  sur  les  résultats 
obtenus.  En  moyenne,  un  tiers  environ  des  comparants 
signent  le  procès-verbal  et  le  cahier  de  doléances  ;  mais  ce 
n'est  là  qu'une  moyenne,  les  résultats  étant  très  variables  sui- 
vantes paroisses.  Quelques  faits  particuliers  sont  peut-être 
plus  significatifs  :  à  Croz  (38  feux),  il  n'y  a  qu'une  seule 
signature,  «  les  autres  ne  le  sachant  »  ;  à  Rougeou  (17  feux), 
sur  16  présents,  aucun  ne  sait  signer.  Il  est  beaucoup  plus 
rare  que  le  président  lui-même  ne  signe  pas  le  cahier  ou  le 
procès- verbal,  et  c'est  là  souvent  le  fait  d'un  oubli  :  à  Beau- 
villiers  cependant,  le  président  déclare  ne  savoir  signer. 
Quant  aux  députés  envoyés  par  les  paroisses  à  l'assemblée 
préliminaire,  un  très  grand  nombre  étaient  incapables  de 
signer  leur  nom.  D'ailleurs,  parmi  les  signatures  des  cahiers. 


XLÎV  INTRODUCTION 

beaucoup  sont  tellement  incorrectes  qu'il  est  probable  que 
ceux  qui  les  ont  tracées  ne  savaient  pas  écrire. 

Dans  plusieurs  paroisses  du  bailliage,  à  Chêne-Carré  et 
Chicheray,  Binas,  Cheverny,  Cour-Cheverny,  Bracieux, 
Bauzy,  Montrieux,  Villeny,  des  femmes,  veuves  pour  la 
plupart,  assistèrent  aux  assemblées.  On  doit  remarquer  que 
cette  comparution  n'était  pas  contraire  à  la  lettre  (sinon  à 
l'esprit)  du  règlement  du  24  janvier,  lequel  donnait  le  droit 
d'assister  aux  assemblées  à  tous  les  habitants  du  Tiers  état, 
français,  âgés  de  25  ans,  domiciliés  et  compris  au  rôle  des 
impositions  de  la  paroisse,  sans  spécifier  qu'ils  devaient  être 
de  sexe  masculin. 

Au  contraire,  la  présence  de  membres  du  Clergé  et  de  la 
Noblesse  était  certainement  irrégulière.  Nous  avons  cepen- 
dant constaté  la  présence  des  curés  dans  plusieurs  paroisses. 
A  La  Chapelle- Vendômoise,  Isaac-Marie  Lemarinier,  curé, 
est  cité  parmi  les  comparants  ;  à  Chitenay,  le  curé  Deshayes 
a  signé  le  procès-verbal  et  le  cahier  de  doléances  ;  à  Thi- 
ville,  le  curé  Regnont  a  signé  le  procès-verbal  ;  à  Boisgas- 
son,  le  curé  Bûché  avait  signé  le  procès-verbal  et  le  cahier,  et 
sa  signature  fut  ensuite  rayée  ;  à  Boursay,  le  procès- verbal 
et  le  cahier  sont  entièrement  écrits  de  la  main  du  curé  Pies- 
sis  ;  à  Monteaux,  maître  Charles-Roch  Marin-Desbrosses , 
prêtre  de  l'Oratoire,  qui  est  syndic  de  la  municipalité,  assiste 
à  l'assemblée.  Il  est  d'ailleurs  probable  que  dans  beaucoup 
d'autres  paroisses  où  les  assemblées  se  tenaient  au  banc 
d'oeuvre  ou  sous  le  porche  de  l'église,  le  curé  fut  présent 
sans  qu'il  signât  le  procès-verbal  ni  le  cahier. 

La  présence  de  membres  de  la  Noblesse  est  beaucoup  plus 
rare.  Nous  n'avons  constaté  que  celle  de  Lavoisier,  qui  est 
cité  parmi  les  comparants  à  La  Chapelle- Vendômoise  dont  il 
a  signé  le  cahier  et  le  procès-verbal,  Il  est  probable  qu'il  en 
fut  de  même  à  Villefrancœur,  où  Lavoisier  fut  élu  député  ;  à 


INTRODUCTION  XLV 

cause  de  sa  qualité  de  noble,  son  élection  fut  violemment 
contestée  par  quelques  membres  intransigeants  du  Tiers  état, 
qui  n'admettaient  pas  que  leur  Ordre  fut  représenté  par  un 
membre  de  la  Noblesse,  eût-il  la  valeur  et  la  largeur  d'idées 
d'un  Lavoisier  (0. 

Sauf  les  quelques  faits  que  nous  venons  de  mentionner,  la 
convocation  des  assemblées  de  paroisse  se  passa  très  régu- 
lièrement. Do  toutes  les  paroisses  convoquées  à  Blois  et 
n'ayant  pas  comparu  ailleurs,  c'est-à-dire  de  toutes  celles  que 
nous  avons  considérées  comme  appartenant  au  bailliage  de 
Blois,  trois  seulement  firent  complètement  défaut  ;  mais  deux 
d'entre  elles,  Châteauvieux  et  Saint-Aignan-hors-1'Enclos, 
eurent  une  assemblée  régulière  et  se  firent  représenter  à 
Blois  par  les  députés  des  paroisses  voisines  qui  portèrent  leur 
procès-verbal  et  leur  cahier  de  doléances.  Une  seule,  Saint- 
Julien-de-Chédon,  semble  donc  n'avoir  pas  tenu  d'assemblée  ; 
du  moins  aucun  document  le  constatant  ne  nous  est  parvenu. 
Patay  et  Marchenoir,  qui,  en  leur  qualité  de  villes,  avaient  le 
droit  de  nommer  quatre  députés  (art.  31  du  règlement  du 
24  janvier),  n'en  élirent  que  deux.  Dans  huit  paroisses,  un 
des  députés  régulièrement  élus  fit  défaut.  A  Fréteval,  il  y  eut 
deux  assemblées,  parce  que  les  députés  élus  à  la  première 
se  dirent  malades  ;  ils  assistèrent  cependant  à  la  seconde  où 
deux  nouveaux  députés  furent  élus  à  leur  place. 

Les  villes  des  bailliages  de  Blois  et  de  Romorantin  com- 
prises dans  l'état  annexé  au  règlement  du  24  janvier  étaient  au 
nombre  de  quatre  :  Blois,  Châteaudun,  Mer  W  et  Romoran- 
tin. Dans  les  trois  premières,  il  y  eut  des  assemblées  de  cor- 
porations. Aux  termes  du  règlement,  ces  assemblées  étaient 

0)  V.  notice  sur  la  paroisse  de  Villefrancœur  et  analyse  du  procés-verbal  de 
l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois  et  notes  s'y  rapportant. 

fî)  En  fait,  cet  état  porte  Menars  et  non  Mer.  Mais  il  s'agit  bien  de  Mer  qu'on 
appelait  à  celte  époque  Menars-la-Ville,  et  non  de  la  paroisse  de  Menars  désignée 
alors  sous  le  nom  de  Menars-le-Chàteau. 


XLVl  INTRODUCTION 

uniquement  électives,  et  il  ne  leur  était  pas  prescrit  de  pré- 
senter des  doléances  ;  on  sait  cependant  que,  dans  plusieurs 
villes,  elles  prirent  l'initiative  de  rédiger  des  cahiers.  Il  est 
bien  probable  qu'il  n'en  fut  pas  ainsi  dans  les  trois  villes 
du  bailliage  de  Blois  où  ces  assemblées  eurent  lieu  ;  en 
effet,  ni  dans  les  lettres  de  convocation  adressées  aux  cor- 
porations, ni  dans  les  procès-verbaux  des  assemblées  de  cor- 
porations que  nous  possédons,  ni  dans  ceux  des  assemblées 
générales  du  Tiers  état  de  ces  villes,  il  n'est  question  de  la 
rédaction  de  cahiers. 

Certains  membres  du  Clergé  rédigèrent  aussi  des  cahiers 
qui  avaient  été  prévus,  sinon  demandés,  par  le  règlement  du 
24  janvier.  On  sait,  en  effet,  que  les  chapitres  et  communau- 
tés ecclésiastiques  étaient  représentés  à  la  réunion  des  trois 
Ordres  par  des  députés  (art.  10  et  11),  et  que  les  curés  des 
paroisses  de  campagne  éloignées  de  plus  de  deux  lieues  de 
la  ville  où  se  tenait  l'assemblée  du  bailliage  ne  pouvaient  y 
comparaître  que  par  des  procureurs  pris  dans  l'Ordre  ecclé- 
siastique (art.  14)  ;  d'autre  part,  Farlicle  21  prescrivait  à 
tous  les  députés  et  procureurs  fondés  d'apporter  tous  les  mé- 
moires et  instructions  qui  leur  auraient  été  remis  par  leurs 
commettants.  II  est  probable  que  le  plus  souvent  ces  instruc- 
tions furent  verbales  ;  mais  certains  chapitres  ou  commu- 
nautés et  certains  curés  rédigèrent  à  cet  effet  de  véritables 
cahiers.  Deux  seulement  nous  sont  parvenus  :  celui  du  cha- 
pitre de  la  cathédrale  Saint-Louis  de  Blois,  rédigé  le  6  mars 
pour  les  députés  élus  le  26  février  précédent  W,  et  celui  de 
Brunet,  curé  de  Lucioux,  rédigé  pour  son  procureur  fondé, 
Pierre  Drouchaux,  curé  de  Seur(2>. 

M)  Transcrit  dans  le  registre  de  délibérations  du  chapitre,  Arch.  dép.  Loir-et- 
Cher,  G  213,  pp.  196  à  199.  Le  procès-verbal  d'élection  des  députés  est  transcrit 
sur  le  même  registre,  pp.  194-195. 

<2)  Conservé  aux  archives  dép.  de  Loir-et-Cher,  série  B  (non  inventoriée),  avec  les 
cahiers  cUjs  paroisses. 


INTRODUCTION  XLVII 

L'analyse  des  procès-verbaux  des  assemblées  préliminaires 
des  bailliages  de  Blois  et  de  Romoranlin  et  de  l'assemblée 
générale  des  trois  Ordres,  que  nous  publierons  en  môme 
temps  que  les  cahiers  rédigés  par  ces  assemblées,  nous  dis- 
pense de  donner  ici  de  longs  détails  à  leur  sujet.  Il  y  a  lieu 
cependant  d'insisler  sur  quelques  points. 

La  présidence  de  rassemblée  des  trois  Ordres,  qui  fut  oc- 
cupée en  fait  par  le  lieutenant  général  Druillon,  parait  avoir 
été  l'objet  de  bien  des  convoitises.  On  sait  que  cet  honneur 
revenait  de  droit  au  grand  bailli  d'épée.  Cet  office  à  Blois 
était  héréditaire  dans  la  famille  de  Saumery.  Louis-Marie 
Johanne  de  la  Carre,  marquis  de  Saumery,  en  avait  hérité  de 
son  père  en  1783,  à  l'âge  de  9  ans.  Il  n'avait  donc  que  15  ans 
en  1 789  ;  aussi  Y  État  de  la  convocation  des  États  généraux 
de  1789  •*),  à  l'article  :  grand  bailli  d'épée,  porte  la  mention  : 
vacant.  Plusieurs  représentants  de  la  Noblesse  pensèrent  sans 
doute  que,  dans  ces  conditions,  la  présidence  serait  offerte 
à  un  autre  membre  de  leur  Ordre.  Un  des  plus  influents 
d'entre  eux,  Mesnard  de  Chouzy,  écrivait  le  10  octobre 
1788  :  «  Je  ne  vois  guère  que  M.  de  Salaberry,  M.  Du- 
fort  et  M.  de  Rancougne  qui  puissent  ou  veuillent  entrer  en 
concurrence,  et  sans  amour-propre  déplacé,  je  crois  être  plus 
propre  qu'aucun  d'eux  à  la  députation  <2).  »  Le  31  dé- 
cembre 1788,  l'intendant  de  la  généralité  d'Orléans  lui- 
même,  M.  de  Cypierre,  recommandait  «  M.  le  comte  de 
Dufort,  lieutenant  général  du  Roi  pour  le  Blésois,  à  l'effet 
de  suppléer  M.  de  Saumery,  grand  bailli  à  Blois  et  encore 
mineur,  dans  la  convocation  de  ce  bailliage  j»  <3).  Mais  le 
4  janvier,  la  marquise  de  Saumery  rappelait  que  son  fils 
avait  déjà  reçu  «  des  lettres  de  dispense  d'âge  »  et  deman- 

1*»  Àrch.  nat.,  B*  22,  plaquette  3. 

W  Arch.  nat.,  BA  22,  plaquette  1. 

W  Lettre  de  M.  de  Cypierre  à  M.  des  Gardes,  Àrch.  nat.,  BA  22,  plaquette  2. 


XLVIH  INTRODUCTION 

dait  de  lui  faire  adresser  la  lettre  de  convocation,  ce  qui, 
ajoutait-elle,  ne  tirait  nullement  à  conséquence,  «  puisqu'il 
la  remettra  tout  de  suite  à  son  lieutenant  »  M.  <r  Ce  n'est  ici 
qu'un  titre  d'honneur,  ajoute  une  lettre  de  la  même  date, 
signée  Bignon  <2),  puisque  M.  de  Saumery  remettra  à  son 
lieutenant  de  Blois,  ne  pouvant  présider  lui-même.  »  Le  rè- 
glement du  24  janvier  lui  donna  satisfaction. 

Quant  aux  assemblées  elles-mêmes,  outre  les  incidents 
concernant  la  paroisse  de  Villefrancœur  qui  doivent  leur  in- 
térêt à  la  personnalité  de  Lavoisier,  elles  présentent  surtout 
deux  faits  dignes  de  remarque  :  les  contestations  survenues 
entre  le  lieutenant  général  et  les  députés  du  bailliage  de 
Romorantin,  d'où  résulta  l'exclusion  presque  complète  des 
représentants  de  ce  bailliage  de  l'assemblée  générale  des 
trois  Ordres,  et  la  décision  du  Clergé,  qui  repoussa  la  rédac- 
tion en  commun  d'un  seul  cahier  de  doléances  pour  les  trois 
Ordres,  proposée  par  la  Noblesse  et  le  Tiers  état. 


III.  —  LES  CAHIERS 


Nous  n'avons  pas  Fintention  de  faire  ici  une  étude  com- 
plète des  cahiers  de  doléances  ;  les  limites  de  cette  intro- 
duction ne  nous  le  permettraient  pas  ;  mais  il  est  une  question 
que  nous  devons  examiner,  car  de  sa  solution  dépend  la  va- 
\  leur  des  documents  que  nous  allons  publier  :  c'est  celle  de 
i  l'originalité  des  cahiers.  S'ils  sont,  comme  on  l'a  dit, 
l'œuvre  de  particuliers  le  plus  souvent  étrangers  à  la  classe 


W  Lettre  de  Mme  de  Saumery  à  M.  des  Gardes,  Arch.  nat.,  Bk  22,  plaquette  2. 
(')  Arch.  nat.,  B*  22,  plaquette  2» 


INTRODUCTION  XL1X 

rurale,  et  s'ils  ont  été  imposés  aux  assemblées  ou  adop- 
tés par  elles  sans  discussion  et  sans  contrôle,  nul  doute  que 
leur  valeur  documentaire  en  soit  beaucoup  diminuée.  Si, 
au  contraire,  comme  nous  le  croyons,  les  articles  ont  été, 
dans  la  plupart  des  assemblées,  librement  discutés  et  adop- 
tés, s'ils  sont  le  récit  exact  et  sincère  des  souffrances  des 
paysans,  l'exposé  fidèle  de  leurs  besoins,  l'expression  véri- 
table de  leur  opinion,  nous  pouvons  affirmer  qu'un  ensemble 
important  de  cahiers  constitue  le  document  le  plus  «  vécu  » 
sur  les  conditions  économiques  et  politiques  de  la  vie  du 
Tiers  état  à  la  veille  de  la  Révolution  française. 

Certes  nous  ne  pouvons  dire  que  tous  les  cahiers  soient 
originaux  dans  le  sens  strict  du  mot,  c'est-à-dire  sortant  spon- 
tanément de  la  discussion  des  différents  membres  des 
assemblées  de  paroisses.  Un  très  grand  nombre  ont  été  rédi- 
gés avant  les  assemblées,  et  il  est  intéressant  de  rechercher 
les  influences  qui  ont  dirigé  la  pensée  des  rédacteurs. 

Ces  influences  sont  multiples.  Celle  des  grands  écrivains 
du  XVIIIe  siècle,  des  économistes  en  particulier,  n'est  pas 
négligeable  ;  certains  rédacteurs  de  cahiers  s'en  sont  ins- 
pirés, sans  le  dire  le  plus  souvent.  Parfois  cependant,  comme 
à  Villamblain,  le  rédacteur  du  cahier  nous  parle  «  d'un  sa- 
vant économiste  qui  nous  a  servi  de  guide  dans  la  rédaction 
de  ce  cahier  »  et  cite  entre  guillemets  plusieurs  passages  des 
ouvrages  de  cet  économiste.  Plus  loin,  dans  le  môme  ca- 
hier, au  sujet  des  impôts  de  remplacement  à  trouver,  nous 
lisons  :  «  M.  Le  Trosne  les  indique  dans  son  excellent  ouvrage 
des  Administrations  provinciales.  Nous  en  citerons  les  pages 
pour  faciliter  les  recherches.  » 

Les  auteurs  du  cahier  de  Courtalain  s'inspirent  également 
des  ouvrages  des  physiocrates  et  de  leurs  théories.  Bien  qu'il 
n'y  eût  pas  de  laboureurs  dans  cette  paroisse,  nous  trou- 
vons dans  ce  cahier  ce  passage    :   «  Suivant  un  auteur, 


L  INTRODUCTION 

l'emploi  de  laboureur  est  aux  yeux  de  la  raison  le  premier 
de  tous  ;  celui  qui  l'a  choisi  ne  doit  son  existence  qu'à  lui- 
même,  il  ne -vit  que  par  lui  et  fait  encore  vivre  les  oisifs  qui 
achètent  son  superflu.  Tous  les  peuples  chez  lesquels  l'état 
de  cultivateur  a  été  honoré  ont  toujours  été  riches  et  puis- 
sants. Mais  si,  comme  le  dit  le  môme  auteur,  le  mot  de  pa- 
trie doit  être  inconnu  dans  un  pays  où  il  n'y  a  pas  de  cam- 
pagnes fertiles,  on  ne  doit  pas  regarder  non  plus  comme  pa- 
triotes ceux  qui  n'ont  pas  pour  ceux  qui  cultivent  les  cam- 
pagnes les  égards  qu'ils  méritent...  » 

Le  cahier  de  Villeneuve-Frouville  n'est  pas  moins  nette- 
ment influencé  par  les  idées  des  économistes  :  «  Le  premier 
de  tous  les  arts,  la  plus  noble  de  toutes  les  professions,  est 
sans  contredit  celle  qui  est  le  plus  nécessaire  aux  hommes, 
et  c'est  à  leur  avis  l'agriculture,  d'où  ils  concluent  qu'elle 
devrait  être  [laj  plus  honorée,  la  plus  protégée...  Les  pro- 
ductions de  la  terre  sont  la  matière  première,  le  fonds,  la 
source  inépuisable  des  richesses  de  l'État.  Si  l'agriculture 
est  le  principe  de  la  population,  elle  est  aussi  [celui]  du  com- 
merce. La  surabondance  des  denrées  de  première  nécessité, 
dans  les  années  heureuses,  en  refluant  sur  l'étranger,  rap- 
porte à  la  patrie  d'autres  denrées  moins  nécessaires  qui  pro- 
curent les  aisances  et  les  commodités  de  la  vie.  » 

Plus  importante  fut  l'influence  des  feuilles,  brochures  ou 
volumes,  écrits  en  vue  de  la  convocation  et  de  la  rédaction 
des  cahiers,  qui  parurent  à  cette  époque  et  furent  répandues 
d'un  bout  à  l'autre  de  la  France.  L'un  de  ces  ouvrages  eut 
sans  doute  dans  la  région  qui  nous  occupe  une  grande  notoriété, 
étant  donnée  la  personnalité  de  son  auteur,  MgrdcLauzières  de 
Thémines,  évèque  de  Blois.  Cet  ouvrage,  intitulé  Ins- 
tructions  et  Cahier  du  hameau  de  Madon  W,  parut  sans 

(M  Instructions  et  cahier  du   hameau  de  Madon,  Blois,  chez  J.  P.  J.  Masson, 


INTRODUCTION  LI 

nom  d'auteur  ;  mais  le  château  de  Madon  étant,  après  son 
palais  épiscopal  de  Blois,  la  résidence  favorite  de  l'évêque, 
le  prélat  ne  pouvait  se  désigner  plus  clairement,  et  per- 
sonne ne  s'y  trompa  W.  M.  de  Thémines  avait  été  membre 
de  rassemblée  des  Notables,  où  il  avait  énergiquement  com- 
battu le  principe  de  la  double  représentation  du  Tiers  état  ; 
plus  tard,  après  le  Concordat,  il  devait  être  le  premier  orga- 
nisateur  et  le  chef  avoué  de  la  Petite  Eglise.  L'évêque  de 
Blois,  d'ailleurs  homme  de  valeur  et  d'une  grande  largeur 
d'idées,  était  donc  un  partisan  résolu,  intransigeant  même, 
du  maintien  des  anciennes  institutions,  mais  il  devait  cepen- 
dant reconnaître  la  nécessité  d'importantes  réformes. 

La  première  partie  de  l'ouvrage,  intitulée  Instructions 
pour  le  hameau  de  Madon,  divisée  en  seize  chapitres  numé- 
rotés de  I  à  IX  et  XI  à  XVII,  est  un  exposé  général  de  ses 
idées  sur  la  politique  du  royaume.  Après  avoir  montré 
l'impuissance  des  ministères  de  Calonne  et  de  Brienne  et 
salué  celui  de  Neckèr  (chap.  I),  l'évêque  cherche  à  justifier 
les  décisions  de  l'assemblée  des  Notables,  qui  «  ont  pensé 
qu'ils  n'avaient  point  été  appelés  pour  s'égarer  avec  la  foule 
dans  le  vaste  champ  des  opinions  et  de  l'imagination  »  et 
*  ont  cru  devoir  marcher  dans  les  anciennes  routes  »  (chap. 
II),  et  il  défend  le  principe  du  vote  par  Ordre  (chap.  III  à  VI). 

Il  pense  que  les  impôts  doivent  être  librement  consentis 
par  la  Nation  et  non  pas  exigés  par  le  Souverain  (chap.  VII 
et  VIII),  sans  pouvoir,  au  surplus,  être  augmentés  au-delà 

imprimeur  de  M"  l'Évèque,  1789  (sans  nom  d'auteur).  —  Sous  co  même  titre, 
il  y  eut  deux  éditions  (même  imprimeur  et  même  date)  :  1°.  in-4°  de  92  +  19  -+-  17 
pp.  et  une  page  de  corrections  ;  2°.  in-8°  de  119  -}-  60  pages. 

l*>  On  sait  que  l'évêque  de  Blois  ne  parut  pas  à  l'assemblée  des  trois  Ordres  et 
qu'il  ne  s'y  fit  pas  représenter  ;  or,  c'est  justement  dans  la  deuxième  partie 
des  Instructions  et  cahier  du  hameau  de  Madon,  intitulée  :  Observations  sur  la 
représentation  du  Clergé  aux  Étals  généraux,  qu'il  donne  les  raisons  de  cette 
abstention.  V.  Ad.  Thibault,  L'abbé  Michel  Chabault,  député  aux  États  généraux 
de  Î789,  Mémoires  de  la  Société  des  bciences et  lettres  de  Loir-et-Cher,  tome  xiv, 
1900,  pp.  37-44. 


LU  INTRODUCTION 

d'une  certaine  limite.  Il  préconise  les  emprunts,  les  écono- 
mies, l'aliénation  du  domaine,  la  création  de  billets  de  ban- 
que valables  seulement  d'une  session  d'États  généraux  à 
l'autre  (chap.  IX).  Il  faut  surtout  ne  pas  tarir  les  sources  de 
la  prospérité  publique,  l'agriculture,  l'industrie  et  le  com- 
merce, et,  pour  cela,  ne  pas  charger  de  droits  excessifs  les 
branches  de  l'industrie  qui  s'élèvent  et  prospèrent.  Protec- 
tion et  liberté  doivent  être  les  règles  à  suivre  en  ces  matiè- 
res ;  aussi  Févêque  est-il  l'adversaire  du  monopole  des  grandes 
compagnies  (chap.  XI). 

La  puissance  du  Roi  doit  se  manifester  par  des  lois  et  des 
ordonnances,  et  non  par  des  volontés  immédiates  et  des  ordres 
absolus.  L'auteur  condamne  donc  les  lettres  de  cachet.  Mais 
il  considère  que  <r  la  liberté  d'écrire  n'est  pas  une  suite 
nécessaire  de  la  liberté  de  penser  »,  et  il  n'est  pas  partisan 
de  la  liberté  de  la  presse.  Quant  aux  ministres,  si  souvent 
légers  et  frivoles,  «  qui  mènent  du  même  train  les  plaisirs  et 
les  affaires  »,  il  demande  qu'ils  soient  responsables  de  leurs 
opérations  (chap.  XII). 

L'auteur  s'occupe  ensuite  du  Clergé  (chap.  XUI  à  XVI). 
Son  privilège  de  contribuer  librement  et  gratuitement  aux 

0 

charges  de  l'Etat  n'en  est  un,  suivant  lui,  que  parce  que  les 
autres  Ordres  l'ont  perdu  ;  ce  devrait  être  la  règle  commune. 
II.  proteste  contre  la  nomination  directe- des  évoques  par  le 
Roi.  Il  demande  la  suppression  du  casuel  forcé  et  son  rem- 
placement par  un  traitement  convenable  accordé  aux  curés. 
Il  fait  l'éloge  des  ordres  religieux.  L'évèque  a  des  idées  très 
libérales  sur  la  religion  ;  il  défend  hardiment  la  liberté  de 
conscience,  mais  pense  qu'il  doit  y  avoir  dans  chaque  Etat 
une  religion  dominante,  quelle  que  soit  cette  religion.  La 
naissance,  le  mariage  et  la  mort  des  sujets  n'appartenant  pas 
à  la  religion  catholique,  doivent  être  constatés  par  des  actes 
civils;    mais   l'auteur    trouve    excessives    les   prérogatives 


INTRODUCTION  LUI 

accordées  par  Fédit  concernant  les  non-catholiques.  II  ter- 
mine (chap.  XVII)  par  la  critique  de  l'administration  de  la 
justice,  qu'il  voudrait  prompte,  gratuite  et  s'appuyant  sur 
une  législation  uniforme. 

Le  Cahier  du  hameau  de  Madon,  qui  vient  ensuite,  était 
vraisemblablement,  dans  l'esprit  de  l'auteur,  un  modèle  qu'il 
proposait  aux  rédacteurs  des  cahiers  de  paroisses.  Il  nous 
parait  donc  intéressant  de  le  publier  in  extenso. 

Cahier  du  hameau  de  Madon  (*>. 

a  Les  États  généraux  prendront  en  considération  les  diverses  parties 
de  la  chose  publique,  et  Ton  peut  déposer  dans  leur  sein  toutes  les 
remontrances  et  doléances  particulières  ;  mais  il  est  de  la  sagesse  de 
chaque  citoyen  de  laisser  là  son  champ  et  son  village,  pour  ne  s'occu- 
per que  de  l'intérêt  commun  :  le  sien  ne  s'y  trouve-t-il  pas  quand  la 
rosée  tombe  sur  tout  le  monde  ? 

«  On  marche  avec  plus  d'assurance  lorsqu'on  ne  fait  que  suivre  les 
traces  de  ses  aïeux.  Tout  ce  qu'on  peut  dire  de  plus  effectif  sur  les 
choses  et  les  personnes  est  connu  depuis  longtemps.  Il  faut  ôter  à  ce 
siècle  ses  illusions  ;  et  les  bonnes  maximes  sont  plus  anciennes  que 
lui. 

a  Notre  royaume  est  le  royaume  des  Francs,  et  notre  nom  est  notre 
premier  titre  de  franchise.  Il  fut  un  temps  où  l'on  n'y  connaissait 
aucune  imposition  publique  ni  fiscale.  L'on  trouve  de  bonne  heure  la 
distinction  et  l'indépendance  des  trois  Ordres,  la  gratuité  et  la  liberté 
des  aides  et  des  secours,  leurs  proportions  avec  le  besoin  pour  la  quo- 
tité et  la  durée. 

«  On  voit  que  jamais  il  ne  s'est  fait  de  demande  sans  en  justifier  la 
nécessité;  et  l'examen  des  états  de  recette  et  de  dépense  précédait 
l'octroi  des  secours. 

«  Il  y  a  plusieurs  siècles  qu'on  criait  contre  les  droits  et  les  entraves 
et  toutes  les  occasions  de  retards  et  de  procès,  qu'on  savait  que  l'in- 
dustrie et  le  commerce  sont  la  source  de  la  prospérité  publique. 

«  Dans  ces  temps  reculés,  on  n'avait  pas  encore  imaginé  les  entraves 

<*)  Le  Cahier  du  hameau  de  Madon,  forme  le  commencement  (pp.   1  à  10  d«* 
l'édition  in-&')  de  la  deuxième  partie  de  l'ouvrage  cité  plus  haut. 


MV  INTRODUCTION 

et  les  maîtrises  pour  rendre  le  pauvre  artisan  tributaire  du  fisc  et  de 
la  chicane. 

«  On  savait  qu'il  y  a  deux  intérêts  indivisibles,  ou  plutôt  qu'il  n'y  en 
a  qu'un,  celui  du  Roi  et  de  la  Nation;  que  le  bien  et  le  dommage  de 
l'un  est  le  bien  et  le  dommage  de  l'autre. 

«  II  faut  convenir  que,  si  les  principes  sont  anciens,  les  abus  le 
sont  aussi  ;   mais  on  ne  les  dissimulait  pas,  et  l'on  savait  se  plaindre  : 

«  Des  nobles  et  de  leurs  excessives  dépenses:  car  après  prodiga- 
lité va  rapine  sa  nourrice  et  la  suit  partout  pié  à  pié; 

«  Des  dégâts  du  gibier  sur  les  blés,  et  étoient  les  bétes  plus  fran- 
ches que  les  hommes; 

«  Des  gens  d'église,  par  la  mauvaise  manière  de  pourvoir  aux 
bénéfices,  par  faveur,  argent  et  par  amis  ; 

«  Du  Tiers  état,  d'une  multitude  de  gens  qui  ne  sont  nobles  ne 
gens  d'église,  comme  secrétaires,  greffiers,  sergens.  collecteurs  de 
tailles,  quatterniers.  commissaires  au  fait  du  scel,  clercs,  payeurs 
de  gens  d'armes  ; 

«  De  la  justice  qu'on  ne  pouvait  obtenir  qu'à  grands  frais  et  chères 
épiées  ; 

«  Des  évocations  fréquentes  du  droit  de  commit timus,  des  commis- 
sions qui  troublent  le  cours  ordinaire  des  tribunaux; 

«  De  la  multiplication  d'offices  et  de  charges,  qui  ne  sont  que  mul- 
tiplication de  gages. 

«  Après  les  plaintes,  on  indiquait  les  remèdes,  l'ordre,  l'économie, 
l'observation  des  lois,  et  le  retour  des  Etats  généraux.  Et  comme 
ainsi  soit  que  le  sang  est  le  soustènement  de  la  vie  corporelle,  aussi 
sont  les  finances  du  royaume  le  soustènement  de  la  chose  publique. 

«  On  avait  l'amour  de  l'ordre  et  des  réformes,  sans  trop  d'amertume 
et  sans  esprit  de  destruction.  Si  l'on  se  plaignait  des  gens  d'armes  et 
des  nobles,  on  n'en  disait  pas  moins  que  l'état  de  la  Noblesse  est 
nécessaire  à  la  tuicion,  garde  et  défense  de  la  chose  publique. 

«  Si  l'on  parlait  de  rapines  du  palais,  on  reconnaissait  que  la  jus- 
tice est  dame  et  princesse  des  autres  vertus,  sans  laquelle  nulle 
monarchie  jte  chose  publique  peut  être  entretenue  en  félicité  et 
prospérité. 

«  Si  l'on  réclame  l'observation  de  la  pragmatique  et  des  canons 
contre  les  pensions,  les  commandes,  les  industrieuses  exactions 
romaines,  et  contre  ces  légats  qui  avaient  donné  de  si  merveilleuses 
évacuations  de  pécune  à  ce  povre  royaume,  on  témoigne  en  même 


INTRODUCTION  LV 

temps  un  tendre  respect  pour  la  religion,  l'Église  et  le  Saint-Siège, 
en  protestant  toutefois,  par  les  gens  desdits  trois  états,  qu'ils  n'en- 
tendent eux  départir  de  la  filiale  obédience  de  notre  Saint-Père... 
et  pour  ce  qu'il  ne  répugne  pas  à  l'obédience  filiale,  que  si  le 
fils  se  sent  grevé  du  père,  que  en  bonne  crainte  et  révérence  ne 
puisse  faire  sa  plainte  à  autre  pour  en  avertir  le  père. 

«  On  n'oublie  pas  non  plus  les  devoirs  du  prince;  on  les  rappelle 
avec  franchise,  amour  et  respect  ;  on  lui  propose  comme  une  sauve- 
garde d'avoir  toujours  autour  de  lui  gens  de  bien  qui  aiment  le  salut 
de  leurs  âmes  et  l'honneur  de  leurs  personnes.  Car  quelques  choses, 
Sire,  qu'ils  vous  disent,  ils  ne  sauraient  avoir  le  salut  et  l'honneur  de 
votre  personne  s'ils  n'aiment  le  leur. 

«  Nos  ancêtres  n'étaient  pas  si  barbares,  puisqu'après  plusieurs 
siècles  et  tant  d'événements,  nous  n'avons  rien  de  mieux  à  faire  que 
de  répéter  les  mêmes  choses.  Us  nous  ont  aussi  laissé  une  constitution, 
et  les  maux  ne  sont  venus  que  de  la  suspension,  de  l'interruption 
des  États  généraux  et  du  manque  de  précaution  pour  leur  retour  pro- 
chain et  périodique.  Il  ne  faut  pas  briser  une  machine,  parce  qu'on 
aura  négligé  de  la  monter.  Les  assemblées  qui  se  tiennent  par  siècles 
d'intervalle  ne  sont  jamais  que  des  convulsions  ;  elles  ne  sont  utiles 
que  quand  elles  deviennent  le  régime  ordinaire,  et  qu'on  est,  pour 
ainsi  dire,  remis  de  la  crise  de  l'établissement  et  de  la  violence  du 
remède. 

«  Pour  le  succès  de  la  prochaine  assemblée,  il  est  à  désirer  qu'elle 
soit  active  et  abrégée.  Il  serait  dangereux  de  vouloir  à  la  fois  tout 
fonder  et  tout  redresser.  L'on  dégoûterait  de  soi  par  trop  de  longueurs 
et  de  débats.  Après  avoir  planté  quelques  bornes  inébranlables,  il  est 
bon  de  laisser  le  reste  au  temps,  cet  invisible  souverain  qui  gouverne 
tant  de  choses. 

ce  Ainsi,  pour  se  fixer  à  quelques  points  principaux  : 

«  1°  Justice  pour  tout  le  monde;  mais  faveur  pour  la  religion  catho- 
lique, afin  de  maintenir  l'unité  et  la  concorde  qui  sont  les  plus  fortes 
murailles  du  monde. 

«  Le  bien  de  l'Église  et  de  l'État  requiert  une  extrême  attention 
dans  le  choix  des  premiers  pasteurs  ;  rien  n'est  plus  propre  à  le  régler 
que  l'exécution  de  l'ordonnance  d'Orléans  ;  la  tenue  fréquente  et  pério- 
dique des  conciles  provinciaux  est  ensuite  le  moyen  le  plus  efficace 
pour  consommer  l'œuvre  entière  de  la  milice  ecclésiastique  tant  sécu- 
lière que  régulière. 


LVÏ  INTRODUCTION 

.  «  2°  La  réforme  de  la  justice  civile  et  criminelle,  consultée  dans  tous 
les  parlements  et  arrêtée  dans  une  commission  composée  de  magis- 
trats les  plus  distingués  du  royaume. 

«  3°  La  liberté  et  la  propriété  sont  des  droits  de  la  nature  qui  ne 
peuvent  s'assurer  dans  une  grande  monarchie  que  par  la  délibération 
par  Ordre  ;  ainsi  sur  ce  point  nulle  composition,  nulle  flexibilité,  et  en 
cas  d'innovation,  nos  députés  sortiront  de  l'assemblée  comme  d'une 
maison  qui  tombe. 

«  4°  Les  gens  sans  propriété  étant  les  plus  nombreux  et  les  plus 
pressés,  abolition  sans  délai  de  toutes  les  maîtrises,  afin  de  ne  plus 
vendre  h  un  pauvre  artisan  le  droit  d'exercer  ses  bras  et  de  gagner 
sa  vie. 

«  5°  La  discussion  de  la  dette  nationale  doit  être  la  première  opé- 
ration. Les  réductions  et  les  économies  sont  la  première  ressource  et 
les  impôts  la  dernière. 

«  Une  subvention  territoriale  paraît  devoir  remplacer  la  taille,  les 
vingtièmes,  la  capitation  et  la  gabelle. 

«  L'égalité  proportionnelle  sur  toutes  les  propriétés  sans  distinction 
doit  être  le  principe  de  la  répartition  ;  la  simplicité  et  l'économie,  la 
règle  de  la  perception. 

«  Quant  aux  impôts  indirects,  clarté  et  modération  dans  les  droits  ; 
renvoi  des  traites  aux  frontières,  et  l'œil  toujours  ouvert  et  menaçant 
sur  les  aides  et  le  contrôle. 

«  6°  Les  impôts  par  leur  nature  ne  peuvent  être  qu'à  terme,  parce 
que  les  besoins  sont  variables.  Tous  les  anciens  Etats  n'accordaient 
l'aide  que  pour  un  an;  ceux  de  4484  l'octroyèrent  pour  deux  ans 
prochainement  venans  tant  seulement  et  non  plus.  C'est  effective- 
ment le  plus  long  terme  que  l'on  puisse  assigner.  Il  serait  dangereux 
de  trop  éloigner  les  assemblées  ;  on  pourrait  encore  apprendre  à  s'en 
passer;  elles  auraient  d'ailleurs  toujours  l'air  de  la  nouveauté  et  de  la 
secousse.  Il  faut  qu'elles  soient  courtes  et  fréquentes  ;  notre  caractère 
français  a  besoin  de  deux  choses  opposées,  d'habitude  et  de  brièveté. 

«  Le  passé  nous  éclaire  sur  les  commissions  intermédiaires  ;  elles 
sont  dans  l'alternative  de  déplaire  à  la  cour  ou  à  la  Nation.  La  meilleure 
commission,  c'est  le  ministère  ;  il  sera  intéressé  à  ne  pas  oublier  les 
cahiers,  pour  se  bien  présenter  aux  Etats  suivants  et  préparer  une 
tenue  pacifique  et  bienfaisante. 

«  Le  prétexte  spécieux  d'un  besoin  imprévu,  d'un  mouvement 
hostile,  semble  nécessiter  des  secours  provisoires.  Le  gouvernement 


INTRODUCTIOiN  LVII 

tient  toujours  dans  ses  mains  des  moyens  de  crédit  pour  aller  en 
avant  en  attendant  la  prochaine  convocation  :  que  les  dépenses  soient 
raisonnables,  elle  seront  toujours  allouées.  11  ne  faut  pas  avoir  de 
la  Nation  assez  mauvaise  opinion  pour  craindre  des  résistances 
déplacées. 

«  8°  Les  assemblées  provinciales  prendront  dans  le  sein  des  Etats 
généraux  une  existence  plus  solide  et  plus  légale.  Il  semble  que  leur 
mécanisme  est  trop  compliqué  ;  que  celles  des  départements  sont 
inutiles,  et  que  les  bureaux  intermédiaires  suffisent.  Sous  quelques 
formes  qu'elles  soient  reproduites,  elles  doivent  rester  dans  la  plus 
entière  dépendance  des  États  généraux,  pour  l'unité  et  la  simplicité 
de  l'administration  autant  que  pour  l'harmonie  générale,  que  tant 
de  pays  d'États  pourraient  quelques  jours  troubler. 

a  9°  La  liberté  individuelle  et  la  liberté  de  la  presse  sont  la  liberté 
du  corps  et  de  l'esprit.  Ce  n'est  qu'avec  les  plus  sages  et  régulières 
précautions  qu'on  peut  y  porter  atteinte,  selon  les  principes  établis 
dans  les  instructions. 

«  Tels  sont  les  objets  dont  doivent  s'occuper  nos  députés,  en  ^'effor- 
çant de  justifier  notre  confiance  par  des  vertus  simples  et  mâles.  Us 
laisseront  les  ambitieux  et  les  habiles  s'agiter  pour  s'entremettre  et 
conduire  ;  et,  s'éclairant  de  tout  le  monde,  ils  n'appartiendront  à  per- 
sonne, car  ils  seraient  obligés  de  changer  tous  les  jours  de  partis,  et  la 
sagesse  n'habite  pas  longtemps  le  même  camp. 

»  C'est  dans  les  assemblées  qu'on  apprend  le  plus  à  apprécier  les 
hommes.  On  croit  en  arrivant  aux  intentions  généreuses  et  à  l'esprit 
public;  quand  on  a  vu  le  jeu  des  intérêts  et  des  passions,  que  rien  ne 
se  fait  souvent  que  par  des  motifs  étrangers,  on  finit  quelquefois  par 
l'indifférence  et  le  dégoût.  C'est,  on  doit  l'avouer,  une  des  plus  grandes 
tentations  de  la  vertu.  Il  faut  alors  se  roidir  contre  soi-même,  com- 
mencer par  aimer  et  servir  le  genre  humain,  et  l'estimer  ensuite  si  l'on 
peut. 

«  Si  nos  vœux  pour  le  rétablissement  de  l'ordre  et  d'une  adminis- 
tration consistante  sont  remplis,  nous  n'aurons  plus  qu'à  bénir  le  ciel 
de  l'honneur  que  nous  avons  d'être  Français  et  sous  le  règne  de 
Louis  XVI.  L'on  doit  publier  que,  dans  tous  les  moments  de  crise,  la 
foi  générale  était  que  sa  religion  avait  été  surprise,  et  l'on  ne  rendait 
grâces  qu'à  lui  seul  des  pures  et  bienfaisantes  intentions. 

«  Si  le  Roi  est  dans  notre  cœur,  la  royauté  y  est  également;  elle  est 
dans  notre  climat,  dans  nos  mœurs  et  dans  notre  tempérament.  La 


LVIII  INTRODUCTION 

personne  royale,  selon  une  belle  expression,  est  dans  cet  univers  la 
seconde  majesté,  et  nos  devoirs  envers  elle  sont  la  seconde  religion. 
Ce  serait  un  vrai  sacrilège  que  de  ne  point  porter  aux  Etats  généraux 
des  intentions  respectueuses  et  filiales.  A  quelque  distance  que  les 
sujets  soient  du  trône,  ils  doivent  s'aimer,  se  respecter  et  s'unir  comme 
les  parties  du  même  tout  et  de  cette  auguste  pyramide  dont  les  grands 
et  les  rois  occupent  la  cime,  et  dont  les  peuples  sont  la  base  solide  et 
vénérable.  » 

La  deuxième  partie  de  la  brochure  se  termine  par  des 
Observations  sur  le  rapport  fait  au  Roi  dans  son  Conseil 
par  le  ministre  des  finances  le  27  décembre  1788 
(pp.  11-36)  et  par  un  plaidoyer  pro  domo  (pp.  37-60)  inti- 
tulé :  Observations  sur  la  représentation  du  Clergé  aux 

m 

Etats  généraux. 

Nous  devons  dire  aussi  quelques  mots  du  mémoire  de  Lavoi- 
sier  sur  les  Etats  généraux  <!>f  qui.  bien  qu'il  n'ait  pas  été 
imprimé,  put  sans  doute  être  connu  à  cette  époque  de  plusieurs 
rédacteurs  de  cahiers.  L'auteur  examine  d'abord  les  diverses 
formes  de  la  convocation  dans  les  assemblées  antérieures, 
mais,  conclut-il,  «  nous  ne  prendrons  pas  pour  règle  ce  qu'ont 
fait  nos  pères,  car  ils  ont  mal  fait  ».  M  pense  que  les  États 
généraux  <r  ont  non  seulement  le  droit  d'accorder  ou  de 
refuser  l'impôt,  non  seulement  de  former  de  vaines  doléan- 
ces, mais  encore  d'examiner  les  lois  et  les  réformes  dont 
elles  sont  susceptibles  et  de  faire  des  règlements  généraux 
en  matière  de  législation,  de  police,  de  commerce,  aussi  bien 
qu'en  matière  d'imposition  ».  Il  réclame  comme  bases  pri- 
mordiales du  bon  fonctionnement  des  États  :  1°  l'inviolabilité 
de  leurs  membres  ;  2°  la  liberté  de  la  presse  sur  les  objets 
nationaux  traités  par  eux  ;  3°  la  périodicité.  «  L'institution 
moderne  des  assemblées  provinciales  se  rapprochant  beau- 


té Mémoire  sur  la  convocation  des  États  généraux  (i  788),  tome  vi  de   ses 
Œuvres,  pp.  313-334. 


INTRODUCTION  LIX 

coup  plus  d'une  bonne  constitution  que  les  derniers  États 
généraux  »,  il  propose  de  réunir  dans  toutes  les  paroisses 
des  assemblées  qui  nommeraient  par  degrés  successifs  les 
membres  des  assemblées  de  district,  des  assemblées  de 
département  et  des  assemblées  provinciales,  lesquelles  dépu- 
teraient directement  aux  Étals  généraux. 

A  côté  de  Tinfluence  pour  ainsi  dire  impersonnelle  des 
ouvrages  antérieurs  et  des  brochures  composées  en  vue  de 
la  convocation  des  États  généraux,  il  faut  tenir  un  compte 
beaucoup  plus  important  de  Tinfluence  personnelle  des  rédac- 
teurs des  cahiers.  Bien  souvent,  en  effet,  ceux-ci  n'étaient 
pas  établis  par  les  habitants  dans  l'assemblée  de  la  paroisse, 
mais  rédigés  à  l'avance  et  apportés  tout  prêts  à  l'assemblée. 

La  principale  preuve  de  cette  manière  de  procéder  est  la 
similitude  que  présentent  entre  eux  un  grand  nombre  de  ces 
documents.  En  effet,  sur  178  cahiers  que  nous  possédons, 
76  se  répartissent  en  33  groupes  de  deux,  trois  ou  quatre 
cahiers  en  partie  semblables  les  uns  aux  autres.  Il  faut  même 
remarquer  que  celte  proportion  est  certainement  trop  faible, 
car  il  y  a  lieu  de  tenir  compte  des  cahiers  que  nous  n'avons 
pas  retrouvés,  qui  contenaient  aussi  sans  doute  des  parties 
identiques  aux  textes  que  nous  possédons.  Il  faudrait  égale- 
ment rechercher  les  similitudes  entre  les  cahiers  du  bailliage 
de  Blois  et  ceux  des  bailliages  voisins,  comme  nous  l'avons 
constaté  pour  certaines  paroisses  du  bailliage  d'Orléans 
dont  les  cahiers  sont  maintenant  publiés  M.  On  peut  donc 
admettre  avec  vraisemblance  que  la  moitié  au  moins  des 
cahiers  étaient  partiellement  identiques  à  un  autre  cahier 
d'une  paroisse  voisine. 


i{)  Cahiers  de  Crouy  et  Bonncville,  du  bailliage  d'Orléans,  identiques  à  ceux  de 
Saint-Cyr-Semblecy  et  de  Villeny,  du  bailliage  de  Blois.  V.  Camille  Bloch,  Cahiers 
de  doléances  du  bailliage  d'Orléans,  Coll.  de  doc.  inéd.  sur  l'hist.  écon.  de  la 
Rév.   Fr.,  Orléans,  imprimerie  Orléanaise,  1906,  1. 1,  pp.  468  et  472. 


LX  INTRODUCTION 

Le  groupement  économique  de  plusieurs  paroisses  limi- 
trophes, l'identité  de  leurs  besoins  et  de  leurs  souffrances  ne 
suffisent  pas  à  expliquer  ces  similitudes.  Il  ne  s'agit  pas,  en 
effet,  ici  de  simples  analogies  dans  les  plaintes  ou  dans  les 
demandes,  mais  de  passages  entiers  (quelquefois  la  presque 
totalité  du  cahier)  textuellement  identiques.  11  faut  donc  ad- 
mettre que  ceo  cahiers  ont  élé  copiés  directement  les  uns  sur 
les  autres  ou  copiés  les  uns  et  les  autres  sur  un  original  com- 
mun rédigé  avant  rassemblée.  Ces  deux  cas  se  sont  d'ailleurs 
présentés,  comme  certains  détails  permettent  quelquefois  de 
le  prouver.  A  Monthou-sur-Bièvre,  par  exemple,  le  cahier  est 
directement  copié  sur  celui  des  Monlils  ou  sur  un  original 
rédigé  pour  les  Montils  ;  en  effet,  la  paroisse  des  Montils,  qui 
payait  5.000  livres  d'impositions,  propose  une  réforme  par 
laquelle  sur  ces  5.000  livres,  il  en  parviendrait  4.375  au 
trésor  royal  ;  la  paroisse  de  Monthou,  qui  ne  payait  que 
2.700  livres,  copie  le  cahier  des  Montils  en  modifiant  seule- 
ment le  premier  chiffre  et  affirme  qu'  «  il  est  clair  que  de 
2.700  livres  dont  la  paroisse  est  chargée  de  payer  annuelle- 
ment, il  en  serait  versé  au  trésor  royal  4.375  livres  net  ». 
De  môme,  à  Frète  val,  le  cahier  expose  que  les  habitants  sont 
propriétaires  de  200  arpents  de  bois  «  avec  les  paroisses  de 
Saint-Lubin-des-Prés  et  de  Saint-Hilaire-la-Gravelle  »  ;  la 
paroisse  de  Saint-Lubin-des-Prés  copie  directement  le  cahier 
de  Frète  val  et  ne  prend  même  pas  soin  de  remplacer  dans 
cette  phrase  le  mot  «  Saint-Lubin-des-Prés  »  par  celui  de 
«  Frète  val  ».  Il  n'en  est  pas  ainsi  pour  les  cahiers  de  Les- 
tiou,  Séris  et  la  Madeleine-Yîllefrouin,  qui  ont  été  rédigés 
d'après  un  même  original  W. 

II  suffit  d'ailleurs  d'examiner  attentivement  les  documents 
eux-mêmes  pour  avoir  la  preuve   matérielle   que   certains 

l'i  V.  on  particulier,  cahier  de  la  Madeleine  Villeiïouin  et  notes. 


INTRODUCTION  LXI 

cahiers  furent  rédigés  avant  l'assemblée.  Beaucoup,  en  effet, 
ont  été  d'abord  copiés  soigneusement  par  un  premier  scribe, 
puis  ont  subi  des  corrections  et  des  additions,  souvent  nom- 
breuses, d'une  autre  main  et  d'une  autre  encre  ;  il  s'agit, 
évidemment,  de  textes  entiers  préparés  à  l'avance  et  plus  ou 
moins  modifiés  au  cours  de  l'assemblée. 

Il  serait  certainement  du  plus  grand  intérêt  pour  une 
étude  critique  des  cahiers  de  savoir  quels  furent  leurs  véri- 
tables rédacteurs.  Mais  la  réponse  à  cette  question  est  extrê- 
mement variable  suivant  les  cas,  et  malheureusement  nous 
devons  le  plus  souvent  nous  contenter  à  ce  sujet  d'hypo- 
thèses. On  peut  affirmer  cependant,  que,  dans  un  grand 
nombre  de  cas,  l'influence  des  présidents  d'assemblées  fut 
prépondérante,  soit  qu'ils  apportassent  un  cahier  rédigé 
d'avance  qu'ils  se  bornaient  à  soumettre  à  l'approbation  et, 
au  besoin,  aux  corrections  des  habitants,  soit  qu'ils  rédigeas- 
sent eux-mêmes  le  cahier  au  cours  de  l'assemblée.  C'est 
l'examen  des  cahiers  identiques  qui  nous  fournit  la  meil- 
leure preuve  de  cette  influence.  En  effet,  sur  33  groupes  de 
cahiers  semblables  entre  eux  que  nous  avons  signalés,  il  y 
en  a  12  de  deux  ou  trois  cahiers  qui  appartiennent  à  des 
paroisses  ayant  le  même  président,  et,  dans  4  autres  groupes 
de  trois  ou  quatre  cahiers,  deux  de  ces  cahiers  appartiennent 
également  à  deux  paroisses  ayant  le  même  président.  Ce 
n'est  pas  là,  évidemment,  une  simple  coïncidence. 

Cette  influence  du  président  de  l'assemblée  a  dû  d'ailleurs 
s'exercer  dans  bien  d'autres  paroisses  où  elle  ne  nous  est 
pas  révélée  par  la  similitude  de  plusieurs  cahiers.  Dans  l'une 
d'elles,  à  Chabris,  le  président  Louis  Sarlon,  procureur  fiscal 
de  la  justice  du  lieu,  déclare  même  formellement  au 
procès-verbal  avoir  rédigé  le  cahier  :  «  [Les  comparants] 
nous  ont  déclaré,  dit-il,  qu'ils  allaient  s'occuper  ensuite  de 
la  rédaction  de  leur  cahier  de  doléances,  plaintes  et  remon- 


LXIl  INTRODUCTION 

trances,  que  nous  leur  avons  fait  en  notre  dite  qualité  de 
procureur  fiscal.  » 

Les  présidents  d'assemblées  étant  le  plus  souvent  les  offi- 
ciers des  justices  seigneuriales,  on  se  rend  compte  de  l'impor- 
tance qu'eurent  ces  personnages  dans  la  rédaction  des 
cahiers.  Cette  importance  est  encore  mise  en  lumière  par  un 
fait  assez  curieux  :  la  similitude  que  Ion  rencontre  dans 
certains  cas  entre  les  cahiers  de  paroisses  ayant  eu  des  pré- 
sidents différents,  mais  appartenant  à  la  môme  justice.  Parmi 
les  groupes  de  cahiers  semblables  que  nous  avons  signalés, 
5  rentrent  dans  ce  cas.  Le  fait  est  particulièrement  net  pour 
la  justice  de  Menars;  onze  paroisses  furent  présidées  par 
des  officiers  de  cette  justice;  les  cahiers  de  quatre  de  ces 
paroisses  (Menars,  Saint-Claude-de-Diray,  Mulsans  et  Viller- 
bon)  nous  sont  seuls  parvenus,  et,  quoique  ces  quatre  pa- 
roisses aient  eu  trois  présidents  différents  (Jacques  Touzard, 
bailli,  Antoine  Lefôvre,  procureur  fiscal,  et  Louis-Étienne 
Marchand,  procureur),  leurs  cahiers  sont  en  grande  partie 
identiques.  Il  est  probable  que  dans  ce  cas  un  modèle  devait 
être  rédigé  par  un  des  officiers  de  la  justice,  le  bailli  sans 
doute,  et  suivi  plus  ou  moins  exactement  par  les  autres.  Le 
mémoire  du  comte  de  Diziers,  que  nous  avons  cité  plus 
hautO,  constate  aussi  très  nettement  le  rôle  des  officiers  de 
justice  dans  la  rédaction  des  cahiers  et  en  donne  l'explica- 
tion :  «  L'influence  qu'ont  dans  les  municipalités  les  baillis, 
procureurs  fiscaux,  notaires,  etc.,  l'habitude  où  le  peuple  est 
de  les  consulter,  la  confiance  qu'il  a  en  eux,  ont  réuni  sur 
cet  état  l'emploi  de  rédiger  leurs  cahiers  et  de  les  faire  valoir 
à  l'assemblée  générale  du  Tiers  état.   » 

L'influence  des  présidents  n'est  cependant  pas  la  seule  qui 
se  soit  fait  sentir.  En  effet,  beaucoup  de  paroisses  ayant  les 

(0  V.  p.  XLI. 


INTRODUCTION  LXlll 

mêmes  présidents  ont  des  cahiers  très  différents,  et,  d'autre 
part,  13  groupes  de  cahiers  semblables  (sur  33)  appartiennent 
à  des  paroisses  ayant  des  présidents  différents  et  ne  dépen- 
dant pas  de  la  môme  justice.  Ces  cahiers  pouvaient  alors 
être  l'œuvre  des  personnages  les  plus  divers.  Dans  certaines 
paroisses,  on  peut  les  attribuer  aux  greffiers  des  assemblées; 
c'est  ainsi  que  les  analogies  entre  les  cahiers  de  Montlivault 
et  de  Saint-Dyé  proviennent  sans  doute  de  ce  qu'Etienne  Le- 
meignan,  qui  présidait  l'assemblée  de  la  première  paroisse, 
était  greffier  de  celle  de  la  seconde.  Ailleurs,  il  faut  recher- 
cher l'influence  des  syndics;  ainsi  on  peut  imputer  les  simi- 
litudes entre  les  cahiers  de  Ville  franche  et  de  L'Hôpital- 
Commanderie  à  Pierre-Anthoine  Normant,  qui  présidait  ras- 
semblée de  L'Hôpital-Commanderie  et  assistait  à  celle  de  Ville- 
franche  comme  syndic  de  la  paroisse;  et  les  similitudes  entre 
les  cahiers  de  Bouffry  et  de  Ruan  à  Pierre  Goujon,  syndic  de  la 
première  de  ces  paroisses,  qui  a  écrit  de  sa  main  ces  deux 
cahiers  fl).  A  Saint- Aignan-hors-1'Enclos,  ce  sont  les  mem- 
bres de  la  municipalité  qui  déclarent  avoir  rédigé  le  cahier. 
Le  véritable  rédacteur  n'était  d'ailleurs  pas  forcément 
un  membre  présent  à  l'assemblée,  ni  môme  un  repré- 
sentant du  Tiers  état.  Dans  bien  des  cas,  il  y  a  lieu  de  re- 
chercher l'influence  des  membres  du  Clergé  et,  en  particu- 
lier, des  curés.  A  Boursay,  le  cahier  est  entièrement  écrit  de 
la  main  du  curé  Plessis  <2);  il  est  donc  bien  probable  qu'il  ne 
fut  pas  étranger  à  sa  rédaction..  11  en  fut  sans  doute  de  même 
dans  les  paroisses  où  le  curé  a  signé  le  procès -verbal  ou  le 
cahier,  à  Thiville,  à  Boisgasson,  à  Chitenay.  Les  cahiers  de 
Villantrois    et  de   Varennes    sont  en  partie  semblables  au 

W  La  comparaison  de  l'écriture  des  deux  cahiers  et  de  la  signature  de  Pierre 
Goujon  permet  de  l'affirmer. 

<2)  La  comparaison  du  texte  du  cahier  avec  la  signature  du  curé  et  avec  une 
note  de  sa  main,  où  il  déclare  avoir  lu  au  prône  les  lettres,  règlements  et  ordon- 
nances concernant  la  convocation,  ne  laisse  aucun  doute  à  ce  sujet. 


LXIV  INTRODITCTION 

cahier  personnel  du  curé  de  Lucioux.  La  Sociélé  Dunoise 
possède  deux  pièces  fort  intéressantes  à  cet  égard  (*)  ;  ce 
sont  deux  projets  de  cahiers  pour  les  paroisses  de  Lanneray 
et  de  Saint-Denis-les-Ponts,  trouvés  dans  les  papiers  de  l'abbé 
Joliet,  ancien  prieur  de  Lanneray,  et,  de  l'avis  de  M.  Onésime 
Legrand  qui  a  publié  ces  deux  pièces  <2),  ils  sont  écrits  de  sa 
main  ;  le  projet  destiné  à  la  paroisse  de  Lanneray  a  été 
textuellement  adopté  par  cette  paroisse. 

Parfois  aussi,  c'est  l'influence  du  seigneur  qui  s'est  exer- 
cée. Celle  de  Lavoisierse  fait  nettement  sentir  dans  le  cahier 
de  La  Chapelle- Vendômoise,  qu'il  a  peut-être  rédigé  lui- 
même. 

Plusieurs  projets  émanant  de  personnages  différents 
pouvaient  d'ailleurs  être  présentés  à  la  même  assemblée. 
Ainsi,  à  La  Marolle,  les  habitants  se  contentèrent  de  signer 
et  de  réunir  deux  cahiers  qui  leur  avaient  été  présentés, 
écrits  sur  deux  feuilles  séparées  par  deux  mains  différentes. 

Enfin,  à  Châtres  otThenioux,  à  Saint-Jean-Froidmentel  et 
Saint-Claude-Froidmentel,  à  Frouville  et  Villeneuve-Frou- 
ville,  nous  avons  constaté  que  les  cahiers  plus  ou  moins 
similaires  étaient  écrits  de  la  même  main  sans  qu'ils  portent 
cependant  une  signature  commune. 

Les  observations  que  nous  venons  de  faire  ne  s'appli- 
quent cependant  pas  à  toutes  les  paroisses.  Un  bon 
nombre  de  cahiers  paraissent  bien  être  l'œuvre  des  pay- 
sans eux-mêmes,  et  on  aurait  peine  à  y  découvrir  aucune  in- 
fluence étrangère.  Il  est  difficile  de  démontrer  ce  fait  à  l'aide 
d'arguments  précis;  mais  la  lecture  des  cahiers  et  l'examen 
des  originaux  permettent  de  s'en  convaincre.  Très  souvent, 
le  style  le  plus  incorrect,   les  expressions  et  tournures  de 

(*)  Archives  de  la  Société  Dunoise,  B  135. 

<2>  Sous  le  titre  inexact  de  Cahiers  des  doléances  des  paroisses  de  Lanneray  et 
de  Saint-Denis-les-Ponts  (Bull,  de  la  Soc.  Dunoise,  t.  vi,  pp.  2*0  à  250). 


INTRODUCTION  LXV 

phrases  qu'on  emploie  encore  dans  nos  campagnes,  l'ortho- 
graphe la  plus  fantaisiste  (que  nous  n'avons  pas  reproduite 
dans  cette  publication)  prouvent  que  les  rédacteurs  n'avaient 
pas  reçu  l'instruction  la  plus  élémentaire  ;  la  graphie  même 
dénote  que  la  main  qui  écrivit  le  cahier  n'avait  guère  l'habi- 
tude de  tenir  la  plume. 

D'ailleurs,  s'il  est  intéressant  de  connaître  quel  fut  le  véri- 
table rédacteur  des  cahiers,  il  importe  surtout  de  savoir  si 
ces  cahiers,  rédigés  ou  non  par  les  assemblées,  répondaient 
exactement  à  la  pensée  des  habitants  qui  les  composaient. 
Si  tel  cahier  a  été  rédigé  à  l'avance  par  un  habitant  plus  ins- 
truit et  plus  lettré  que  les  autres,  et  si  les  habitants  présents 
ont  volontairement  adopté  ce  cahier  après  en  avoir  librement 
examiné  et  discuté  tous  les  articles,  ou  bien,  s'ils  font  plus 
ou  moins  modifié  de  façon  qu'il  réponde  exactement  à  leurs 
besoins  et  à  leurs  vœux,  peu  importe  le  premier  auteur  de 
ce  cahier  ;  nous  pouvons  le  considérer  comme  l'expression 
de  la  pensée  et  de  la  volonté  des  habitants.  Or,  bien  des  faits 
nous  démontrent  que  cette  liberté  de  discussion,  que  paraît 
d'ailleurs  avoir  désirée  le  pouvoir  royal,  a,  en  effet,  régné 
dans  les  assemblées. 

Il  est  d'abord  à  remarquer  que.  si  de  nombreux  grou- 
pes de  cahiers  renferment  des  analogies  et  sont  même  en 
partie  semblables,  aucun  ne  contient  deux  cahiers  entiè- 
rement identiques.  Même  dans  les  plus  voisins,  il  y  a  tou- 
jours quelques  phrases  modifiées,  quelques  articles  ajoutés 
ou  supprimés.  Jamais  le  cahier  rédigé  pour  une  autre 
paroisse  n'était  donc  adopté  de  confiance  et  sans  discus- 
sion. Nous  avons  vu  que  ces  discussions  avaient  souvent 
laissé  des  traces  matérielles  sur  les  cahiers  eux-mêmes, 
ratures,  additions,  corrections,  faites  au  cours  de  l'assem- 
blée sur  des  textes  rédigés  antérieurement.  Ces  modifi- 
cations ne  se  faisaient  pas  toujours  sans  de  vifs  débats  et, 


LXVI  INTRODUCTION 

lorsqu'un  président  autoritaire  ou  quelque  autre  personnage 
voulait  imposer  tel  article,  les  habitants  ne  se  soumettaient 
pas  toujours  aussi  facilement  qu'on  pourrait  le  croire. 
A  La  Fontenelle,  par  exemple,  trois  articles  furent  ajoutés  en 
marge  ;  le  dernier  qui  demande  le  maintien  des  justices 
seigneuriales  est  évidemment  l'œuvre  des  officiers  de  la  jus- 
tice du  lieu  (le  bailli  président  de  rassemblée,  son  procu- 
reur fiscal  et  son  greffier)  qui  Tont  paraphé  ;  mais  les  habi- 
tants ne  s'inclinèrent  pas  devant  cet  acte  d'autorité,  et,  à 
l'assemblée  préliminaire  du  bailliage,  les  députés  déclarèrent 
au  lieutenant  général  que  l'article  avait  été  «  contre  leur  in- 
tention et  celle  de  leurs  commettants  inséré  audit  cahier 
de  doléances  ;  pourquoi  ils  protestent  contre  ce  que  contient 
ledit  renvoi  et  déclarent  expressément  quïls  entendent  qu'on 
n'y  ait  aucun  égard  ».  A  Oucques,  il  y  eut  peut-être  aussi 
quelques  dissentiments  dans  rassemblée,  car  plusieurs  habi- 
tants refusèrent  de  signer  le  procès-verbal. 

Parfois,  d'ailleurs,  les  assemblées  refusaient  purement  et 
simplement  les  textes  tout  préparés  qui  leur  étaient  présen- 
tés. C'est  ce  qui  dut  arriver  à  Saint-Denis-les-Ponts.  Nous 
avons  vu,  en  effet,  que  l'abbé  Joliet,  ancien  prieur  de  Lan- 
neray,  avait  rédigé  deux  projets  de  cahier,  l'un  pour  Lan- 
neray,  l'autre  pour  Saint-Denis-les-Ponts  ;  or,  tandis  que  le 
cahier  de  la  première  paroisse  reproduit  textuellement  le 
projet  de  l'abbé  Joliet,  celui  de  Saint-Denis-les-Ponts  est 
tout  différent.  11  faut  d'ailleurs  remarquer  que  celui-ci  est 
en  partie  semblable  au  cahier  d'une  troisième  paroisse, 
Saint-Lubin-d'Isigny,  que  les  habitants  avaient  sans  doute 
trouvé  plus  conforme  à  leurs  vœux  que  le  projet  du  prieur 
de  Lanneray. 

Le  cahier  de  Saint-Denis-sur- Loire  est  intéressant  parce 
qu'il  nous  renseigne  sur  la  façon  dont  les  habitants  furent 
consultés.   «  Tous  les  avis  et  suffrages  de  tous   les   habi- 


INTRODUCTION  LXVI1 

tants  de  la  paroisse,  dit-il,  sans  aucune  distinction  de  per- 
sonnes, ont  été  recueillis  avec  attention,  à  la  pluralité  des 
voix.  »  A  Huisseau-sur-Cosson,  les  habitants  déclarèrent 
«  quïls  ne  pouvaient  quant  à  présent  s'occuper  do  la  rédac- 
tion de  leur  cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances, 
n'ayant  pu  depuis  hier  s'en  occuper  ».  et  demandèrent  au 
président  «  quatre  jours  de  délai  à  l'effet  d'y  vaquer  et  de  le 
rédiger  ».  Cinq  jours  après,  ils  faisaient  signer  au  président 
ce  cahier  qu'ils  n'avaient  pas  voulu  rédiger  à  la  légère,  sans 
avoir  eu  le  temps  de  réfléchir  et  de  se  renseigner. 

L'entière  liberté  laissée  aux  assemblées  pour  la  rédaction 
de  leurs  doléances  est  bien  prouvée  par  certains  articles, 
comme  celui  où  les  habitants  de  Cloyes,  par  exemple,  se 
plaignent  des  juges  des  justices  seigneuriales,  de  leur  igno- 
rance et  de  leur  mauvaise  administration,  alors  que  la  réunion 
était  justement  présidée  par  un  de  ces  juges.  D'autre  part, 
nous  avons  déjà  fait  remarquer  (l)  que  dans  les  diverses  parties 
du  bailliage  les  articles  des  cahiers  différaient  suivant  les  be- 
soins propres  aux  habitants  de  chaque  région,  variables 
suivant  les  conditions  économiques  et,  en  particulier,  sui- 
vant l'état  de  Fagriculture.  Nous  croyons  donc  que  d'une 
façon  générale  les  cahiers  de  paroisses  furent  véritablement 
conformes  aux  vœux  et  aux  pensées  des  habitants  des  cam- 
pagnes. 

S'ensuit-il  que  l'on  doive  admettre  aveuglément  et  sans 
contrôle  tous  les  renseignements  qui  s'y  rencontrent?  Non, 
certes,  et  Ton  ne  peut  les  utiliser  qu'avec  une  prudence  cri- 
tique. Il  faut  tenir  compte  d'abord  des  exagérations  volon- 
taires et  intéressées,  plus  ou  moins  conscientes,  dans  les- 
quelles les  habitants  tombèrent  lorsqu'ils  formulèrent  leurs 
plaintes  ;  les  exemples  du  fait  sont  innombrables.  En  second 

<«>  v.  p.  XV 


LXVIII  INTRODUCTION 

lieu,  les  rédacteurs  des  cahiers  n'étaient  pas  toujours  exacte- 
ment informés. 

On  est  surpris,  en  effet,  de  constater  combien  la  popula- 
tion était  souvent  mal  renseignée  sur  les  institutions  dont 
elle  avait  à  se  plaindre  et,  en  général,  sur  toute  l'administra- 
tion de  l'ancien  régime.  Au  point  de  vue  des  impôts,  par 
exemple,  presque  tous  les  cahiers  (*)  nous  paraissent  exagé- 
rer énormément  le  préjudice  causé  par  les  frais  de  percep- 
tion. Lorsqu'ils  considèrent  ces  frais  comme  atteignant  la 
moitié,  les  deux  tiers,  les  cinq  sixièmes  môme  des  impôts 
payés,  lorsqu'ils  attendent  des  réformes  proposées  (souvent 
plus  onéreuses  que  le  mode  de  perception  alors  employé) 
une  diminution  considérable  des  charges  et  une  augmenta- 
tion de  recettes  capable  de  subvenir  à  tous  les  besoins  du 
trésor,  on  est  étonné  de  voir  combien  ces  évaluations 
s'éloignent  de  celles  données  par  des  documents  ayant  un 
caractère  officiel,  comme  les  rapports  circonstanciés  de 
l'assemblée  provinciale  <2)  et  de  l'assemblée  de  départe- 
ment (3).  Sur  bien  d'autres  points,  les  indications  aussi  sus- 
pectes ne  sont  pas  rares. 

Ce  n'est  donc  pas  les  renseignements  de  ce  genre  qu'il  faut 
demander  aux  cahiers  de  doléances.  D'autres  sources  plus 
sûres  nous  renseigneront  plus  exactement  sur  les  institutions 
de  l'ancien  régime.  Mais,  sur  l'état  des  campagnes  à  la  veille 
de  la  Révolution,  sur  les  besoins  et  les  souffrances  des  pay- 
sans, sur  les  abus  dont  ils  souffraient,  sur  les  réformes  qu'ils 


0)  Voir  notamment  ceux  de  Saint-Denis-sur-Loire,  les  Montils,  Villamblain, 
Boursay,  Ruan,  Saint-Cyr-Semblecy. 

(*)  Procès-verbaux  de  l'Assemblée  provinciale  de  l'Orléanais,  p.  106,  et  tableau, 
p.  108  (séance  du  19  novembre  1787). 

<3>  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  4,  Registre  des  procès-verbaux  de  l'Assemblée  de 
département  de  Blois  etRomorantin,  f.  18  r°  et  v°  (séance  du  10  novembre  1787).  — 
V.  aussi  :  Necker,  De  l'administration  des  finances,  1. 1,  ch.  3,  4  et  5, pp.  62  à  158, 
dont  les  évaluations  sont  très  éloignées  de  celles  des  cahiers  qui  ne  font 
d'ailleurs  que  reproduire  les  affirmations  de  nombreux  publicistes  contemporains. 


INTRODUCTION  LXIX 


désiraient,  sur  les  faits  qu'ils  pouvaient  constater  chaque 
jour,  les  cahiers  des  paroisses,  par  leur  caractère  de  sincérité, 
par  la  quantité  de  renseignements  souvent  précis  qu'ils 
fournissent,  sont  des  documents  de  premier  ordre. 


IV.  —  OBJET  ET  METHODE  DE  LA  PUBLICATION 


Objet  de  cette  publication.  —  Sur  247  cahiers  rédigés  par 
les  villes,  paroisses  et  communautés  des  bailliages  de  Blois  et 
Romorantin  et  dont  il  est  fait  mention  dans  les  procès-verbaux 
des  assemblées  préliminaires  du  Tiers  état  de  ces  bailliages, 
nous  en  avons  retrouvé  178.  C'est  leur  publication  qui  fera 
le  principal  objet  de  ce  travail. 

Les  cahiers  qui,  dans  certaines  villes,  ont  été  rédigés  par 
les  assemblées  de  corporations,  sont  aussi  fort  intéressants 
au  point  de  vue  économique.  Mais  nous  avons  vu  qu'il  n'en 
fut  pas  rédigé  dans  les  villes  des  bailliages  de  Blois  et  de 
Romorantin  où  ces  assemblées  eurent  lieu. 

On  ne  peut  séparer  les  cahiers  des  paroisses  de  ceux  des 
assemblées  préliminaires  du  Tiers  état  des  bailliages  do  Blois 
et  de  Romorantin  et  de  ceux  de  l'assemblée  générale  des  trois 
Ordres  des  deux  bailliages  réunis.  Leur  rapprochement  est, 
en  effet,  nécessaire  pour  savoir  jusqu'à  quel  point  les  cahiers 
du  Tiers  état  ont  fidèlement  reproduitles  doléancesdes  habi- 
tants des  villes  et  paroisses  et  pour  comparer  les  vœux  de 
cet  Ordre  à  ceux  des  deux  Ordres  privilégiés.  Malheureuse- 
ment, nous  n'avons  pu  retrouver  le  cahier  de  l'assemblée 
préliminaire  du  Tiers  état  du  bailliage  de  Blois  ;  mais  nous 
publions,  à  la  suite  des  cahiers  de  paroisses,  celui  de  Tassem- 


LXX  INTRODUCTION 

blée  préliminaire  du  bailliage  de  Romorantin  et  ceux  du 
Clergé,  de  la  Noblesse  et  du  Tiers  état  rédigés  à  rassemblée 
générale  des  trois  Ordres. 

Nous  donnerons  aussi,  dans  un  appendice,  le  cahier  du 
chapitre  de  la  cathédrale  de  Blois  et  celui  du  curé  de 
Lucioux. 

Sources.  —  Presque  tous  les  cahiers  de  paroisses  du 
bailliage  de  Blois  sont  actuellement  conservés  aux  archives 
départementales  de  Loir-et-Cher  (série  B  non  invento- 
riée) <J>. 

Comment  ces  documents  sont-ils  parvenus  dans  ce  dépôt? 
Après  rassemblée  préliminaire  du  Tiers  état  du  bailliage  de 
Blois  les  cahiers  des  paroisses  furent  déposés  au  greffe  de  ce 
bailliage.  Ils  furent  ensuite  conservés,  comme  tous  les  papiers 
de  cette  juridiction,  au  greffe  des  tribunaux  qui  se  succé- 
dèrent à  Blois  depuis  1790  (tribunal  du  district  de  Blois,  tri- 
bunal du  département  de  Loir-et-Cher)  et,  en  dernier  lieu,  à 
celui  du  tribunal  civil  de  l'arrondissement  de  Blois.  En  1872 
les  papiers  du  bailliage  de  Blois  furent  versés  aux  archives 
départementales  <2>  :  c'est  sans  doute  à  cette  époque  et  par 
cette  voie  que  des  cahiers  de  doléances  entrèrent  dans  ce 
dépôt. 

Quoiqu'il  en  soit,  ces  documents  sont  incontestablement 


0)  Il  nous  a  paru  inutile  de  répéter  cette  référence  à  la  suite  de  la  publication 
de  chaque  cahier.  Tous  les  cahiers  pour  lesquels  une  autre  provenance  n'est  pas 
indiquée  sont  conservés  dans  ce  dépôt. 

W  Le  rapport  de  l'archiviste  au  conseil  général  en  1872  signale  «  la  remise  aux 
archives  départementales  de  800  liasses  et  registres  antérieurement  déposés  au 
greffe  du  tribunal  civil  de  Blois  ».  Les  rapports  des  archivistes  de  1873  à  1880 
n'ont  pas  été  conservés.  Celui  de  1881  parle  du  «  classement  des  documents 
versés  il  y  a  quelques  années  par  les  greffes  des  trois  tribunaux  [Blois,  Vendôme 
et  Romorantin]  ».  «  On  se  trouve,  dit-il,  en  présence  d'environ  2.000  liasses  con- 
tenant un  nombre  incalculable  de  pièces,  qui  ont  été  remises  pêle-mêle  aux 
archives...  »  Le  fonds  du  bailliage  «le  Blois  aux  archives  départementale?  com- 
prend actuellement  environ  450  articles.  Quelques  piècos  de  ce  bailliage  se 
trouvaient  déjà  aux  archives  départementales  avant  1872  (signalées  dans  le 
rapport  de  l'archiviste  de  1858). 


INTRODUCTION  LXXI 

authentiques,  ainsi  qu'on  peut  s'en  rendre  compte  par  l'exa- 
men des  signatures  et  la  comparaison  avec  les  procès-ver- 
baux qui  y  sont  joints. 

Malheureusement  la  collection  est  incomplète.  Sur  235 
cahiers  remis  à  l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de 
Blois,  174  seulement  existent  actuellement  aux  archives 
de  Loir-et-Cher.  Il  est  difficile  de  savoir  exactement  l'époque 
et  la  cause  de  cette  disparition.  Peut-être  les  cahiers  disparus 
ont-ils  été  emportés  par  les  députés  après  l'assemblée.  Peut- 
être  ont-ils  été  soustraits  depuis  par  quelques  curieux  (les 
disparitions  sont  surtout  nombreuses  pour  les  paroisses  des 
environs  de  Blois,  ce  qui  paraîtrait  confirmer  cette  opinion). 
Mais  il  est  plus  probable  que  ces  documents  ont  été  détruits 
par  l'humidité  dans  le  lieu  même  ou  ils  étaient  conservés  ; 
parmi  ceux  qui  nous  restent,  un  certain  nombre  ont  été  ainsi 
très  abimés,  quelques-uns  mêmes  sont  aujourd'hui  complète- 
ment en  lambeaux. 

Dans  toutes  les  paroisses,  les  procès-verbaux  étaient  faits 
en  deux  exemplaires  dont  un  devait  rester  aux  archives  de 
la  communauté  ;  le  texte  des  procès-verbaux  eux-mêmes  et 
l'ordonnance  du  lieutenant  général  mentionnent  cette  double 
expédition.  Il  est  probable  qu'il  en  fut  souvent  de  même 
pour  les  cahiers  ;  le  fait  est  d'ailleurs  explicitement  consigné 
dans  un  certain  nombre  d'entre  eux.  Parfois  aussi  le  cahier 
était  transcrit  dans  le  registre  de  délibérations  municipales. 
Nous  avons  donc  voulu  savoir  si  ces  cahiers  n'existaient  pas 
encore  aujourd'hui  dans  les  archives  communales.  A  cet 
effet,  par  une  note  que  l'administration  a  bien  voulu  insérer 
dans  le  Recueil  des  actes  administrai  ifs  et  dans  le  Bulle- 
tin départemental  de  renseignement  primaire,  nous  avons 
demandé  aux  maires  et  aux  secrétaires  de  mairies  de  faire 
des  recherches  sur  place,  en  leur  donnant  les  instructions 
nécessaires.  La  plupart  des  réponses  furent  négatives.  Trois 


LXXil  INTRODUCTION 

nouveaux  cahiers  seulement  l{)  furent  ainsi  trouvés  dans  les 
archives  communales,  l'un  en  forme  authentique  (Marche- 
noir),  les  deux  autres  transcrits  sur  les  registres  municipaux 
(Blois,  Romorantin).  Le  cahier  de  Saint-Dyé  est  également 
transcrit  sur  le  registre  municipal  conservé  aux  archives  de 
Loir-et-Cher  (L  2.209  provisoire)  <2>. 

Les  cahiers  des  paroisses  du  bailliage  de  Romorantin 
durent  être  déposés  au  greffe  de  ce  bailliage  après  l'assemblée 
préliminaire.  Une  partie  des  archives  de  ce  bailliage  furent 
versées  aux  archives  départementales  vers  1872  (3>.  Mais, 
malgré  les  recherches  faites  par  M.  Roy,  correspondant  du 
Comité  départemental,  au  greffe  du  tribunal  de  Romorantin,  et 
par  nous-mêmes  aux  archives  départementales,  nous  n'avons 
pu  découvrir  aucun  des  cahiers  de  ce  bailliage,  qui  ne  com- 
prenait d'ailleurs  que  12  paroisses.  Les  recherches  dans  les 
archives  communales  nous  ont  cependant  permis  de  retrouver, 
comme  nous  l'avons  dit,  le  cahier  de  Romorantin. 

Les  cahiers  des  assemblées  préliminaires  de  Blois  et  de 
Romorantin  furent  probablement  déposés  au  greffe  du  bail- 
liage de  Blofs  après  l'assemblée  générale  des  trois  Ordres. 
Nous  n'avons  retrouvé  que  celui  du  bailliage  de  Romoran- 
tin, actuellement    conservé  aux  archives   départementales. 

Une  expédition  des  cahiers  du  Clergé,  de  la  Noblesse  et 
du  Tiers  état  fut  déposée  au  greffe  du  bailliage  W.  Nous 


0)  Signalons,  en  outre,  aux  archives  communales  d'Averdon,  un  fragment  de 
cahier  sans  signatures  ni  caractères  d'authenticité.  V.  la  notice  sur  cette 
paroisse. 

(2>  M.  Trouillard,  archiviste  de  Loir-et-Cher,  a  aussi  constatéque,  dans  presque  tous 
les  dépôts  d'archives  communales  qu'il  a  inspectés  depuis  quelques  années,  les  cahiers 
de  doléances  n'ont  pas  été  conservés.  —  Pour  les  paroisses  n'appartenant  pas  au 
département  de  Loir-et-Cher,  nous  nous  sommes  adressés  aux  Comités  des 
départements  voisins,  dont  toutes  les  réponses  ont  été  négatives. —  Les  recherches 
des  cahiers  de  paroisses  aux  Archives  nationales  sont  restées  également  sans 
succès. 

(s)  V.  ci-dessus  p.  lxx  note  2. 

<*)  V.  notamment  cahier  du  Clergé  in  fine. 


INTRODUCTION  LXXMI 

n'avons  pu  la  découvrir  ;  mais  une  copie  des  cahiers  du 
Clergé  et  de  la  Noblesse,  collationnée  parle  greffier  du  bail- 
liage et  portant  la  signature  du  lieutenant  général,  est  con- 
servée aux  Archives  nationales  (BA  22)  ;  ces  cahiers  ont,  en 
outre,  été  transcrits  par  les  soins  de  Camus  dans  le  registre 
B  m  33  du  même  dépôt.  Pour  le  cahier  du  Tiers  état, 
nous  ne  possédons  plus  que  la  copie  de  Camus  (Arch.  nat., 
B  m  33). 

Publications  antérieures.  —  Les  cahiers  du  Clergé,  de 
la  Noblesse  et  du  Tiers  état  ont  déjà  été  publiés  dans  les^lr- 
chives parlementaires,  t.  n,  pp.  373,  378  et  386.  Celui  de 
la  Noblesse  avait  déjà  été  édité  en  1789,  sous  le  titre:  Ins- 
truction donnée  par  la  Noblesse  du  bailliage  de  Blois  à 
MM.  le  vicomte  de  Beauharnais  et  le  chevalier  de  Phé- 
lincs,  ses  députés  aux  États  généraux,  et  à  M.  Lavoisier, 
député  suppléant,  le  28  mars  1789.  Il  a  également  paru 
dans  les  Œuvres  de  Lavoisier  publiées  par  les  soins 
du  Ministre  de  l'instruction  publique  (Paris,  Imp.  nat., 
1864  à  1893,  t.  vi?  pp.  335  à  360)  <*).  Quelques  courts  ex- 
traits de  ces  trois  cahiers  sont  reproduits  dans  Y  Histoire  de 
Blois,  de  Bergevin  et  Dupré  (Blois,  Dézairs,  1847,  t.  n, 
pp.  127-129),  et  dans  Blois  pendant  la  période  révolution- 
naire^ de  H.  de  Montreuil  (Blois, Moreau,  1889,  pp.  Ilà28). 
Le  texte  de  celui  de  Saint-Aignan,  incomplet  et  renfer- 
mant de  nombreuses  inexactitudes,  a  été  donné  dans  Vffis- 
ioire  de  la  ville  de  Saint-Aignan,  de  J.-J.  Delorme  (Paris, 
Dumoulin,    1846.   Pièce  justificative   n°  2,  pp.   3   à  7  des 


(O  II  est  certain,  en  effet,  que  Lavoisier,  qui  était  secrétaire  de  l'Ordre  de  la 
Noblesse,  prit  une  part  importante  à  la  rédaction  de  ce  cahier.  Rien  ne  prouve  cepen- 
dant qu'il  soit  entièrement  son  œuvre.  Le  texte  même  du  cahier  constate,  au  con- 
traire, qu'il  a  été  rédigé  par  «  dix-huit  commissaires  nommés  à  cet  effet  conjoin- 
tement avec  le  président  et  le  secrétaire  w,  qu'il  a  été  «  lu  et  discuté  dans  plu- 
sieurs assemblées  générales  »  et  que  «  tous  les  articles  susceptibles  d'objections 
et  de  difficultés  ont  été  mis  en  délibération  et  passés  aux  voix  ». 

m. 


LXXI V  INTRODUCTION 

pièces  justificatives).  Des  extraits  de  celui  de  Romorantin 
figurent  dans  X Histoire  de  la  Sologne,  de  M.  Maymac 
(Romorantin,  Paul  Carro,  1899,  pp.  128  à  130).  Tous 
les  autres  cahiers  de  doléances  que  nous  publions  ici  sont 
entièrement  inédits  (*). 

Méthode  de  la  publication.  —  Suivant  la  règle  adoptée 
par  la  Commission  centrale,  nous  avons  donné  le  texte  des 
cahiers  avec  l'orthographe  actuelle.  Mais  nous  avons  res- 
pecté les  expressions,  les  tournures  de  phrases  originales, 
bien  que  souvent  incorrectes  et  parfois  même  incompréhen- 
sibles. 

Nous  n'avons  pas  cru  utile  de  reproduire  toutes  les 
signatures  ;  nous  ne  donnons  le  plus  souvent  que  trois  ou 
quatre  d'entre  elles,  de  préférence  celles  des  députés,  du 
président  de  l'assemblée,  du  syndic  de  la  paroisse,  qui  suffi- 
sent à  authentiquer  le  cahier. 

11  fallait  aussi  adopter  une  règle  pour  les  répétitions  que 
l'on  trouve  si  fréquemment  dans  les  cahiers  des  paroisses. 
Nous  avons  vu  en  effet  que,  sinon  des  cahiers  entiers,  du 
moins  des  parties  plus  ou  moins  importantes  de  deux  ou  plu- 
sieurs d'entre  eux  étaient  souvent  copiées  textuellement  les 
unes  sur  les  autres.  Quand  un  article  est  absolument  iden- 
tique à  celui  d'un  autre  cahier  précédemment  publié,  nous 
nous  bornons  à  renvoyer  au  texte  du  premier  cahier  sans  le 
reproduire  à  nouveau.  Mais,  toutes  les  fois  qu'il  y  a  une  dif- 
férence appréciable,  la  reproduction  intégrale  nous  a  sem- 
blé préférable. 

(*)  Les  documents  publiés  par  M.  Onésime  Legrand  sous  le  titre  de  Cahiers  de 
doléances  des  paroisses  de  Lanneray  et  de  Saint-Denis-les-Ponts  (Bull,  de  la 
Société  Dunoise,  t.  vi,  pp.  240  à  250)  ne  sont  pas,  comme  nous  le  verrons,  les 
cahiers  de  ces  paroisses,  mais  des  projets  de  cahiers  rédigés  par  un  particulier. 
—  Un  travail  d'ensemble  sur  les  cahiers  de  doléances  du  bailliage  de  Blois  avait 
sans  doute  été  projeté  par  MM.  Roussel  et  Bourgeois,  archivistes  de  Loir-et-Cher, 
qui  avaient  fait  des  copies  partielles  et  des  analyses  de  tous  ceux  qui  étaient  con- 
servés dans  leur  dépôt. 


INTRODUCTION  l.XXV 


La  publication  de  chaque  cahier  est  précédée  de  la 
mention  :  «  Cahier  de  doléances  »  en  capitales  romaines, 
suivie  du  titre  que  porte  l'original  en  caractères  italiques. 
Toutes  les  fois  que  ce  titre  en  italique  manque,  c'est  que  l'ori- 
ginal n'en  porte  pas. 

Procès-verbaux.  —  Il  est  utile,  pour  contrôler  l'authen- 
ticité des  cahiers  de  paroisses,  de  les  comparer  avec  les 
procès-verbaux  qui  les  accompagnent.  D'autre  part,  l'étude 
des  cahiers  d'un  bailliage  étant  inséparable  de  celle  de  la 
convocation  dans  ce  bailliage,  les  procès-verbaux  fournis- 
sent à  ce  sujet  d'utiles  renseignements.  Nous  avons  donc 
fait  précéder  le  texte  de  chaque  cahier  de  l'analyse  som- 
maire du  procès-verbal.  Pour  les  paroisses  dont  le  cahier 
ne  nous  est  point  parvenu,  nous  avons  également  donné 
cette  analyse. 

Les  procès-verbaux  des  paroisses  du  bailliage  de  Blois 
sont  conservés  aux  archives  départementales  de  Loir-et-Cher 
(série  B  non  inventoriée)  avec  les  cahiers  de  doléances. 
Neuf  seulement  des  procès -verbaux  remis  à  l'assemblée 
préliminaire  manquent  à  cette  collection  W.  Nous  n'avons 
pas  retrouvé  ceux  des  douze  paroisses  du  bailliage  de  Romo- 
rantin,  sauf  celui  de  la  ville  de  Romorantin  (transcrit  dans  le 
registre  des  délibérations  municipales). 

Presque  tous  ces  procès-verbaux  sont  rédigés  d'après  une 
formule  imprimée  qui  avait  été  envoyée  aux  syndics  des 
municipalités  en  même  temps  que  les  instructions  du  bail- 
liage (quelques  assemblées  ont  même  utilisé  l'imprimé  en  se 
bornant  à  remplir  les  parties  laissées  en  blanc).  Cette  formule 


(U  Ce  sont  ceux  de  Sassay,  Saint-Aignan  et  Couffy,  dont  nous  possédons  les 
cahiers,  et  ceux  de  Mont,  Santhenay,  Ouzouer-le-Doyen,  Ghàtillon-en-Dunois, 
le  Poislay  et  Noyers,  dont  les  cahiers  n'ont  pas  été  retrouvés.  Nous  ne  possédons 
pas  non  plus  de  procès-verbaux  séparés  pour  Renay  et  Fontaine-sous-Pezou, 
mais  peut-être  le  début  du  cahier  de  ces  paroisses  relatant  l'élection  des  députés 
a-t-il  tenu  lieu  de  procès-verbal.  V.  les  notices  sur  ces  paroisses. 


LXXVl  INTHODUCTION 

étant  partout  la  même  M,  il  était  inutile  de  la  reproduire; 
nous  donnons  seulement  les  renseignements  particuliers  à 
chaque  paroisse,  qui  étaient  laissés  en  blanc  sur  les  imprimés. 
Ce  sont  les  suivants  : 

Date  de  l'assemblée. 

Noms  et  qualités  du  président. 

Population  (nombre  de  feux). 

Comparants.  Suivant  la  règle  adoptée  par  la  Commission 
centrale,  nous  avons  reproduit  le  nom  de  tous  les  compa- 
rants aux  assemblées  mentionnés  au  procès- verbal. 

Noms  et  qualités  des  députés. 

Autres  renseignements  pouvant  exceptionnellement  être 
donnés  par  le  procès-verbal. 

Signatures.  Il  nous  a  paru  inutile  de  les  reproduire  ;  nous 
donnons  seulement  leur  nombre. 

Tous  les  procès- verbaux  que  nous  possédons  portent,  en 
outre,  la  vérification  du  secrétaire  du  lieutenant  général  ainsi 
rédigée  : 

«  Vu  et  vérifié  par  nous,  secrétaire  de  M.  le  lieutenant 
général,  àBlois,  9  [ou  10]  mars  1789.  » 

Signé  :  «  Ferrand  fils  » . 

Nous  ne  reproduisons  cette  formule  que  lorsque  le  secré- 
taire du  lieutenant  général  y  a  exceptionnellement  ajouté 
quelque  autre  indication  intéressante. 

Nous  donnerons  un  peu  plus  de  détails  pour  les  procès- 
verbaux  des  quatre  villes  du  bailliage  comprises  dans  Tétat 
annexé  au  règlement  du  24  janvier. 

Nous  joindrons  également  à  la  publication  des  cahiers  des 
assemblées  préliminaires  et  de  l'assemblée  des  trois  Ordres 
une  analyse  détaillée  des  procès-verbaux  de  ces  assemblées. 


(•)  Le  texte  de  ces  procès-verbaux  est  publié  dans  les  Archives  parlementaires, 
1. 1,  p.  628. 


INTRODUCTION  LXXVII 

Notices.  —  Nous  avons  pensé  qu'il  serait  utile  pour  F  étude 
des  cahiers  de  paroisses  de  donner  quelques  renseignements 
sur  l'état  de  ces  paroisses  en  1789.  Ils  sont  groupés  dans  des 
notices  spéciales  mises  en  tète  des  cahiers.  Comme  il  est 
souvent  indispensable,  pour  bien  comprendre  les  indications 
données  pour  une  paroisse,  de  connaître  celles  qui  concernent 
les  communautés  voisines,  et  aussi  afin  d'éviter  dans  cette 
statistique  des  paroisses  des  bailliages  de  Blois  et  Romo- 
rantin  de  regrettables  lacunes,  nous  avons  donné  les  mômes 
renseignements  pour  les  paroisses  dont  nous  ne  possédons 
pas  les  cahiers. 

Ces  notices  comprennent  les  indications  suivantes  : 

Circonscriptions  actuelles  auxquelles  appartient  la  paroisse 
(département,  arrondissement,  canton,  et,  s'il  y  a  lieu, 
commune). 

Circonscriptions  anciennes  auxquelles  appartenait  la  pa- 
roisse en  1789  : 

Généralité.  Mêmes  sources  que  ci-dessous  pour  les  élec- 
tions. 

Election.  Ce  renseignement  nous  est  donné  par  les  rôles 
de  répartition  de  la  taille  entre  les  paroisses.  Ces  rôles  pour 
les  élections  de  Blois  et  de  Vendôme  en  1789  sont  conservés 
aux  archives  de  Loir-et-Cher  (C  9  et  32),  ceux  de  toutes  les 
élections  de  la  généralitéd'Orléans  (sauf  celle  de  Vendôme) 
en  1788  aux  Archives  du  Loiret  (C  1245  provisoire),  et  ceux 
des  élections  de  la  généralité  de  Bourges  en  1789  aux 
Archives  du  Cher  (C  1109). 

Grenier  à  sel.  Nous  empruntons  cette  indication  aux  états 
dressés  en  1791  par  le  directoire  du  département  de  Loir-et- 
Cher  pour  le  remplacement  de  la  gabelle  et  autres  droits 
supprimés  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  L  439  et  442  provi- 
soire). Ces  indications  ont  été  complétées  pour  les  paroisses 
des  départements  voisins  par   les   états    analogues   dressés 


LXXVIII  INTRODUCTION 

dans  les  départements  du  Loiret  (Arch.  dép.  Loiret,  L  337 
provisoire)  et  du  Cher  (Arch.  dép.  Cher,  L  239)  et  par  une 
liste  des  paroisses  du  grenier  à  sel  de  Châteaudun  (Bibl.  de 
Chàteaudun,  ms.  158)  W.  Nous  n'avons  pu  nous  procurer  de 
documents  semblables  pour  les  paroisses  actuellement  com- 
prises dans  les  départements  de  l'Indre  et  d'Indre-et-Loire. 

Diocèse.  Nous  avons  utilisé  les  documents  suivants  :  Let- 
tres [patentes]  qui  confirment  la  bulle  portant  érection  de 
Tévèché  de  Blois  (Registre  des  patentes  et  lettres  de  cachet 
adressées  à  la  Chambre  des  comptes  de  Blois  (Arch.  dép. 
Loir-et-Cher,  B)  ;  —  Statistique  de  l'ancien  diocèse  de 
Chartres,  XVIIIe  s.  (Bibl.  de  Chartres,  ms.  1078)  ;  —  Pouillé 
des  cures  du  diocèse  de  Bourges,  1772  (Bibl.  de  Bourges, 
ms.  398)  ;  —  Calendrier  historique  de  VOrléanais  de 
1788  (Orléans,  Le  Gall)  ;  —  Almanach  de  Touraine  pour 
l'année  1790,  p.  24  et  ss.  W. 

Justice.  Ce  renseignement  nous  a  été  donné  par  un  ma- 
nuscrit de  la  bibliothèque  d'Orléans  (ms.  995  ducatal.  gén.) 
intitulé  :  Table  alphabétique  des  justices,  dislances  et  au- 
tres particularités  des  paroisses  de  la  généralité  d'Or- 
léans,  faite  pour  la  maréchaussée  d'Orléans,  Ce  manuscrit 
est  l'œuvre  de  Daniel  Jousse,  conseiller  au  présidial  d'Or- 
léans et  professeur  de  droit  français  à  l'Université  de  cette 
ville;  il  a  été  composé  entre  1736  et  1741  (3>.  C'est  un  dic- 


0)  Cette  liste  est  une  copie  sans  indication  de  sources  et  sans  caractères  d'au- 
thenticité ;  mais  nous  avons  pu  en  vérifier  l'exactitude  pour  toutes  les  paroisses 
appartenant  au  département  de  Loir-et-Cher. 

(*)  Pour  les  paroisses  appartenant  au  département  de  Loir-et-Cher  ces  docu- 
ments nous  ont  surtout  servi  à  contrôler  les  renseignements  donnés  par  Dupré, 
dans  son  excellent  travail  intitulé  :  Essai  de  statistique  religieuse  avant  1789 
des  paroisses  qui  composent  le  diocèse  actuel  de  Blois  (Ms.  des  archives  de  Loir- 
et-Cher). 

<*)  La  date  de  1736  est  celle  d'une  table  dressée  à  l'intendance,  sur  laquelle 
l'auteur  dit  avoir  copié  les  noms  des  seigneurs  de  paroisses.  La  date  de  1741  est 
celle  d'une  note  ajoutée  postérieurement  entre  les  lignes  à  l'articlo  Fay  :  «  Il  y  a 
une  verrerie...  elle  appartient  aujourd'hui  (1741)  à  M.  Thévenot.  » 


INTRODUCTION  LXXIX 

tionnaire  des  paroisses  (villes  et  bourgs)  de  la  généralité 
d'Orléans,  indiquant  pour  chacune  l'élection  à  laquelle  elle 
appartenait,  le  nombre  de  feux,  le  nom  du  seigneur,  les  princi- 
paux établissements  religieux,  les  justices  seigneuriales,  les 
marchés,  foires  et  assemblées,  le  siège  (Je  la  brigade  de  ma- 
réchaussée, la  distance  par  rapporta  Orléans  et  au  siège  de  la 
brigade,  la  route  la  plus  voisine,  la  situation  géographique 
(rivière,  bois,  coteau  ou  plaine,  etc.),  les  particularités  concer- 
nant la  sûreté  des  lieux.  On  trou  vera  peut-être  ce  document  bien 
ancien  pour  nous  éclairer  sur  l'état  des  paroisses  en  1789;  mais, 
comme  le  fait  remarquer  M.  Camille  Bloch  qui  l'a  également 
employé  pour  sa  publication  des  Cahiers  de  doléances  du 
bailliage  d'Orléans  <l>,  la  nature  des  renseignements  fournis 
par  Jousse  laisse  à  présumer  qu'entre  1741  et  1789  il  n'a 
pas  du  se  produire  de  changement  essentiel.  D'ailleurs,  nous 
avons  pu  contrôler  et  quelquefois  corriger  les  indications 
de  Jousse  à  l'aide  de  documents  plus  récents,  et  notamment 
des  procès-verbaux  ou  des  cahiers  de  doléances  eux-mêmes. 
Nous  avons  mis  aussi  à  contribution  pour  le  Dunois  l'ouvrage 
de  l'abbé  Bordas  intitulé  Chorographie  du  Dunois  et  rédigé 
en  1769  &K  Toutes  les  fois  que  les  renseignements  donnés 
par  un  de  ces  documents  différaient  de  ceux  du  manuscrit  de 
Jousse,  nous  l'avons  indiqué  en  note  l3>.  Pour  les  paroisses 


W  Introduction,  p.  xxx.  Les  renseignements  donnas  sur  les  paroisses  de  l'élection 
d'Orléans  qu'a  utilisés  M.  Bloch  sont  bien  plus  étendus  que  ceux  qu'a  recueillis 
Jousse  sur  les  autres  paroisses  de  la  généralité. 

<*)  Cet  ouvrage  a  été  publié  en  1851  par  M.  Achille  Guenée  (Chàteaudun, 
Lecesne).  Une  seconde  édition  a  été  donnée  par  la  Société  Dunoise  en  1884  {His- 
toire sommaire  du  Dunois,  Chàteaudun,  Pouillier,  t.  h,  pp.  1  à  207).  Toutes  les 
références  à  cet  ouvrage  que  nous  donnerons  ici  se  rapportent  à  l'édition  de  1851. 
La  date  de  1769  a  pu  être  fixée  d'après  cette  phrase  (p.  197,  note  1)  :  «  M.  Régis,  curé  do 
Saint-Jean  d'Oucques,  me  mande  en  1769,  qu'en  défrichant  cette  année  aux  mon- 
ticules de  Saint-Mandé,  on  a  trouvé  les  fondements  d'une  tour.  » 

(3>  Il  importe  de  préciser  le  sens  des  indications  donnée  par  Jousse  sur  les 
justices  et  reproduites  dans  le  présent  ouvrage.  Quand  il  indique  telle  justice 
dans  telle  paroisse,  cela  signifie  que  cette  justice  avait  son  siège  dans  cette 
paroisse,  mais  non  qu'elle   était   seule  compétente  dans  l'étendue  de  son  terri- 


LX  XX  INTRODUCTION 

des  généralités  de  Bourges  et  de  Tours,  nous  n'avons  pu 
nous  procurer  un  document  qui  fournit  des  données  analo- 
gues à  celles  qu'on  trouve  dans  l'ouvrage  de  Jousse  sur  la 
généralité  d'Orléans. 

Brigade  de  maréchaussée  dans  la  circonscription  de  laquelle 
était  située  la  paroisse.  Même  source  que  ci-dessus  ;  l'ou- 
vrage de  Jousse  «  fait  pour  la  maréchaussée  d'Orléans  » 
devait  être  particulièrement  bien  renseigné  sur  ce  point. 

Date  des  marchés,  foires  et  assemblées  W.  Même  source 
que  ci-dessus. 

Principale  culture.  Cette  indication,  pour  les  paroisses  de 
la  généralité  d'Orléans,  nous  a  été  fournie  par  un  manuscrit 
de  la  bibliothèque  des  archives  du  Loiret  (G  20)  intitulé  : 
État  général  des  noms  des  paroisses  de  la  généralité d* Or- 
léans par  ordre  alphabétique  avec  les  noms  des  sei- 
gneu?*sW.  Cet  état,  daté  de  1768,  provient  probablement  de 
la  bibliothèque  du  château  de  Chevilly  appartenant  à  M.  de 
Cypierre,  dernier  intendant  de  la  généralité  d'Orléans  ;  il 
a  sans  doute  été  rédigé  dans  ses  bureaux.  Il  contient  pour 
chaque  paroisse,  outre  le  nom  de  son  seigneur,  le  nombre  des 
feux,  l'élection  à  laquelle  elle  appartenait,  la  taille  qu'elle 
payait  en  1768,  enfin  ses  principales  productions  (blé, 
vignes,  foins,  avoines,  fruits,  étangs,  etc.)  :  c'est  cette  der- 


toire.  Ainsi  à  Patay,  Jousse  indique  :  «  Prévôté  ressortissant  à  Chàteaudun  »  ;  il 
s'agit  d'un  simple  prévôt  de  police  qui,  en  effet,  siégeait  à  Patay  ;  mais  pour  tous 
les  autres  cas,  c'est  le  bailli  de  Dunois  qui  était  compétent.  A  Saint-Jean-Froidmen- 
tel  il  indique  :  a  Haute  justice  ressortissant  à  Fréteval  »  ;  il  s'agit  de  la  justice  de 
Rougemont  dont  le  siège  était  bien  dans  la  paroisse,  mais  sa  juridiction  ne  s'éten- 
dait pas  à  toute  l'étendue  de  son  territoire,  dont  une  partie  dépendait  de  la 
justice  du  bailli  de  Dunois.  C'est  seulement  lorsque  aucune  justice  ne  siégeait  dans 
la  paroisse  que  Jousse  indique  la  juridiction  voisine  où  les  habitants  allaient  plaider 
en  première  instance. 

(*)  On  désigne  ainsi  une  petite  foire  ne  comprenant  généralement  que  quelques 
divertissements  populaires  un  jour  de  fête  de  la  paroisse. 

(*)  Ce  manuscrit  a  été  signalé  comme  celui  de  Jousse  par  M.  Bloch  {Cahiers  de 
doléances  du  bailliage  d'Orléans,  Introduction,  p.  xx\),  qui  a  aussi  utilisé  les 
renseignements  qu'il  fournit. 


INTRODUCTION  LXXXI 

nière  indication  que  nous  reproduisons  ici.  Pour  les  paroisses 
de  la  généralité  <le  Bourges,  des  renseignements  analogues 
sont  donnés  par  les  plumitifs  préparatoires  pour  le  départe- 
ment de  la  taille  en  1788  (Àrch.  dép.  Cher,  C  1108)  et  1789 
(Ibid.C  1109). 

Industrie.  Nous  empruntons  ces  renseignements  au  mé- 
moire de  Tribert  déjà  cité  sur  l'état  des  manufactures  de  la 
généralité  d'Orléans  en  1790  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher, 
L  434  provisoire). 

Principaux  établissements  ecclésiastiques  (abbayes,  hôpi- 
taux, collèges,  etc.  ;  nous  n'avons  pas  mentionné  les  simples 
prieurés).  Les  archives  de  Loir-et-Cher  (séries  G  et  H),  le 
manuscrit  de  Jousse,  la  Statistique  religieuse  du  diocèse  de 
Blois  de  Dupré  (ms.  des  arch.  dép.  Loir-et-Cher)  ont  été  nos 
principales  sources  d'informations. 

Seigneurs  de  paroisses.  C'est  là  un  des  points  les  plus 
délicats,  les  documents  à  ce  sujet  étant  peu  nombreux  et  le 
titre  de  seigneur  de  paroisse  ayant  été  parfois  l'objet  de 
contestations.  Nous  avons  utilisé  deux  documents  principaux  : 
l'état  des  paroisses  de  la  généralité  d'Orléans  en  1768  cité 
ci-dessus  et  l'appel  de  la  Noblesse  à  l'assemblée  générale 
des  trois  Ordres  du  bailliage  de  Blois.  Le  premier  de  ces  docu- 
ments, dressé  probablement,  comme  nous  l'avons  dit,  dans 
les  bureaux  de  l'intendance,  est  complet  et  parait  digne  de 
foi  O,  mais  il  est  de  plus  de  vingt  ans  antérieur  à  l'époque 
qui  nous  occupe,  et  si  dans  cet  intervalle  les  fiefs  de  la  région 
subirent  peu  de  changements,  le  plus  souvent  leurs  titulaires 
en  1789  n'étaient  plus  les  mêmes  qu'en  1768.  Quant  à  l'appel 
de  la  Noblesse,  il  ne  donne  que  les  principaux  fiefs  des 
représentants  de  cet  Ordre  et  ne  contient  pas  la  liste  de  toutes 


<*)  Nous  y  avons  cependant  relevé  quelques  erreurs  de  copie  que  nous  avons 
corrigées. 


LXXXll  INTRODUCTION 

les  paroisses  dont  ils  étaient  seigneurs.  Cependant  ces  deux 
documents  se  complètent  l'un  l'autre  ;  aussi  nous  avons 
donné  pour  chaque  paroisse  de  la  généralité  d'Orléans  le  nom 
du  seigneur  en  1768,  et,  toutes  les  fois  que  nous  avons  pu 
l'établir  par  le  rapprochement  des  deux  documents  que  nous 
venons  de  citer,  celui  du  seigneur  en  1789.  Quand  le  sei- 
gneur était  le  Roi  ou  un  bénéficier  ecclésiastique,  il  n'y  a 
pas  eu  de  changement  entre  1768  et  1789  :  nous  avons  donc 
cru  inutile  de  le  répéter.  Pour  les  paroisses  de  la  généralité 
de  Bourges,  le  nom  du  seigneur  en  1789  est  indiqué  dans  les 
plumitifs  préparatoires  pour  le  département  de  la  taille, 
déjà  cités.  Nous  signalons  en  notes  les  autres  documents 
utilisés  accessoirement. 

Population  en  1790.  Le  recensement  de  1790  indique  le 
nombre  d'habitants  de  chaque  paroisse,  ce  qui  permet  de 
préciser  les  données  si  vagues  des  procès-verbaux  et  des 
documents  antérieurs  où  Ton  trouve  seulement  le  nombre 
de  feux.  Les  états  de  population  en  1790  pour  les  communes 
de  Loir-et-Cher  sont  conservés  aux  archives  départementales 
(L318et328  provisoire).  Pour  les  paroisses  du  Loiret,  nous 
avons  utilisé  la  liasse  L  228  (provisoire)  des  archives  du 
Loiret.  Nous  n'avons  pu  nous  procurer  de  documents  ana- 
logues pour  les  départements  d'Eure-et-Loir,  d'Indre-et- 
Loire,  de  l'Indre  et  du  Cher. 

Taille.  Sous  cette  rubrique,  nous  avons  donné  pour  chaque 
paroisse  le  montant  des  différentes  impositions  portées  au 
rôle  des  tailles  :  principal,  accessoires,  capitation  des  tail-  ' 
labiés.  Les  chiffres  sont  ceux  des  impôts  payés  en  1788  ; 
c'est,  en  effet,  pour  cette  année  que  la  série  des  documents 
que  nous  possédons  est  le  plus  complète  ;  ce  furent  d'ail- 
leurs les  derniers  impôts  payés  avant  la  convocation  des 
États  généraux.  Nous  avons  utilisé  l<*s  rôles  de  répartition 
de  la  taille  pour  Tannée  1788  entre  les  paroisses  de  la  gêné- 


INTK0DUCT10N  LXXXIU 

ralité  d'Orléans  (Arch.  dép.  Loiret,  C  1245  provisoire)  M  et 
de  la  généralité  de  Bourges  (Arch.  dép.  Cher,  C  1108).  Nous 
n'avons  pas  trouvé  de  document  analogue  pour  la  généra- 
lité de  Tours  W. 

Capitation  des  privilégiés.  Sous  cette  rubrique,  nous  avons 
donné  le  taux  de  la  capitation  payée  par  les  différentes  caté- 
gories de  non-taillablès  (nobles,  officiers  de  justice,  exempts 
et  privilégiés,  employés  des  termes  et  régies),  en  indiquant 
le  nombre  de  contribuables  de  chaque  catégorie.  Ces  indica- 
tions proviennent  des  rôles  de  cette  imposition  dans  la  géné- 
ralité d'Orléans  (Arch.  dép.  Loiret,  C  18  provisoire)  M  et  la 
généralité  de  Bourges  (Arch.  dép.  Cher,  C  1145)  ;  nous  ne 
connaissons  pas  de  document  analogue  pour  la  généralité  de 
Tours. 

Vingtièmes.  Nous  possédons  un  état  de  répartition  des 
vingtièmes  entre  les  paroisses  de  l'élection  de  Blois  en  1787 
(Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  3:2).  Nous  ne  connaissons  pas 
d'autre  état  de  répartition  de  cet  impôt  entre  les  paroisses  de 
la  généralité  d'Orléans  antérieur  à  1790;  mais  les  états  dres- 
sés en  1791  pour  le  remplacement  de  la  gabelle  et  autres 
droits  supprimés  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  L  439  et  442  pro- 
visoire) donnent  le  montant  des  vingtièmes  payés  par  chaque 
paroisse  en  1790;  or,  nous  savons  qu'en  1790  les  propriétés 
précédemment  exemptes  des  vingtièmes  furent  imposées  par 
un  rôle  distinct  désigné  sous  le  nom  de  deuxième  cahier  des 
vingtièmes,  et  nous  possédons  les  états  du  montant  du  rôle 
du  deuxième  cahier  des  vingtièmes  en  1790  pour  le  départe- 
ment de  Loir-et-Cher  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  L  393  pro- 


(i)  Le  rôle  de  l'élection  de  Vendôme  manque  à  cette  série  :  nous  y  avons  sup- 
pléé à  l'aide  de  celui  de  1787  (Arch.  dép.  Loiret,  C  4244). 

<*>  Le  montant  de  la  taille  dans  quelques-unes  de  ces  paroisses  nous  a  cepen- 
dant été  donné  par  les  états  établis  en  1791  pour  le  remplacement  de  la  gabelle 
et  autres  droits  supprimés  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  L  439  et  442). 

<3)  Les  rôles  des  élections  d'Orléans  et  de  Beaugency  manquent  à  cette  série. 


LXXXI V  INTRODUCTION 

visoire).  Il  nous  suffira  donc,  pour  connaître  le  montant  des 
vingtièmes  de  chaque  paroisse  avant  1789,  de  retrancher  du 
total  de  cet  impôt  en  1790  le  montant  du  second  cahier  pour 
cette  paroisse.  La  comparaison  des  résultats  ainsi  obtenus 
avec  Tétat  de  1787  pour  l'élection  de  Blois  nous  a  d'ailleurs 
montré  l'exactitude  de  ce  calcul  W.  Pour  l'élection  de  Bour- 
ges, nous  avons  utilisé  les  rôles  de  répartition  des  vingtièmes 
entre  les  paroisses  des  élections  de  Bourges,  Issoudun,  Chà- 
teauroux,  pour  l'année  1789  (Arch.dép.  Cher,  C  H  70).  Nous 
n'avons  pas  de  document  analogue  pour  les  paroisses  de  la 
généralité  de  Tours  et  de  la  généralité  d'Orléans  n'apparte- 
nant pas  au  département  de  Loir-et-Cher. 

Il  nous  a  paru  inutile  d'indiquer  le  montant  de  la  presta- 
tion représentative  de  la  corvée,  qui  était  uniformément 
fixée,  pour  chaque  paroisse,  dans  la  généralité  d'Orléans,  au 
quart  du  principal  de  la  taille. 

Nous  n'avons  pas  de  document  assez  complet  pour  donner 
des  renseignements  suffisants  sur  les  dîmes  et  autres  rede- 
vances ecclésiastiques  <2>  ou  seigneuriales  dans  la  plupart  des 
paroisses  du  bailliage  de  Blois. 

Annotations.  —  En  dehors  des  notices  données  pour 
chaque  paroisse,  quelques  annotations  en  bas  de  pages  nous 
ont  paru  utiles  pour  la  parfaite  clarté  des  textes  ;  mais, 
conformément  aux  recommandations  de  la  Commission  cen- 
trale, nous  avons  cherché  à  les  faire  aussi  brèves  que  pos- 
sible. Nous  avons  de  parti-pris  écarté  toutes  les  notes  con- 

i')  Pour  quelques  paroisses,  nous  avons  cependant  trouvé  de  légères  différences 
qui  peuvent  provenir  de  modifications  dans  la  répartition  de  cet  impôt  entre  1787 
et  1790.  Bien  entendu,  ce  calcul  ne  nous  renseigne  que  pour  les  paroisses  du 
département  de  Loir-et-Cher,  et  il  faut  même  eu  excepter  les  paroisses  apparte- 
nant au  grenier  à  sel  de  Châteaudun,  pour  lesquelles  les  états  de  remplacement 
de  la  gabelle  ne  donnent  pas  le  montant  des  vingtièmes. 

W  Sur  les  revenus  ecclésiastiques  on  trouvera  des  renseignements  pour  le 
diocèse  de  Chartres  dans  la  Description  alphabétique  du  diocèse  de  Chartres 
(Bibl.  de  Chartres,  ms.  1078)  et  pour  le  département  du  Cher  dans  les  liasses 
L  75  à  80  des  archives  du  Cher. 


INTRODUCTION  LXXXV 


cernant  les  institutions  générales  et  les  références  aux 
ouvrages  d  histoire  générale.  Nous  avons,  au  contraire, 
donné  les  renseignements  d'ordre  local  qui  nous  ont  paru 
indispensables.  Voici  quelques-uns  des  objets  le  plus  souvent 
traités  en  notes  et  les  ouvrages  qui  nous  ont  le  plus  servi. 

Explication  des  ternies  locaux.  Nous  avons  eu  surtout 
recours  au  Glossaire  du  pays  blaisois,  de  M.  Adrien  Thi- 
bault (Blois  et  Orléans,  s.  d.,  in-8°). 

Identification  des  anciennes  mesures.  La  différence  de 
valeur  souvent  considérable  des  anciennes  mesures,  notam- 
ment des  mesures  agraires,  non  seulement  clans  les  diffé- 
rentes régions  de  la  France,  mais  dans  les  différentes 
paroisses  de  la  même  région,  rendait  ces  indications  indis- 
pensables ;  tous  les  renseignements  sur  cet  objet  nous  ont 
été  fournis  par  les  Tables  de  conversion  de  toutes  les 
anciennes  mesures  du  département  de  Loir-et-Cher,  de 
L.-G.  Bellangé  (Blois,  Verdier,  1806,  in-8°). 

Références  à  la  coutume  de  Blois.  Elles  se  rapportent 
à  l'édition  donnée  par  Fourré,  premier  avocat  du  Roi 
au  bailliage  de  Blois,  sous  le  titre  :  Coutumes  géné- 
rales du  pays  et  comté  de  Blois  (Blois,  Masson,  1777, 
in-40),  édition  accompagnée  des  commentaires  de  ce  juris- 
consulte. 

Identification  des  noms  de  lieux.  La  carte  de  Cassini,  la 
carte  de  l'Etat-major  au  80.000e  et  notre  connaissance  per- 
sonnelle de  la  région  nous  ont  guidés  dans  cette  partie  du 
travail. 

Éclaircissements  sur  les  événements  locaux,  les  institu- 
tions et  usages  locaux,  etc.  Références  aux  publications 
locales  et  aux  documents  d'archives  des  différents  dépôts 
départementaux  et  communaux  de  la  région.  On  nous  excu- 
sera de  renvoyer  parfois  à  l'ouvrage  de  l'un  de  nous 
(Dr  Lesueur)  sur  X Assemblée  de  département  de  Blois  et 


IAXXVI  INTRODUCTION 

Romorantin  (Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  et  Lettres 
de  Loir-et-Cher,  t.  xix)^;  mais  nous  éviterons  ainsi  des 
répétitions  et  des  longueurs. 

Groupement  des  cahiers.  —  Quelle  classification  adopter 
pour  les  236  paroisses  du  bailliage  de  Blois  ?  Nous  avons 
d'abord  réuni  en  groupes  les  paroisses  ayant  le  même  prési- 
dent ou  présidées  par  des  officiers  de  la  même  justice;  ce 
que  nous  avons  dit  de  l'importante  question  du  rôle  des  pré- 
sidents dans  la  rédaction  des  cahiers  de  doléances  justifie 
cette  manière  de  faire  qui  a  été  inaugurée  par  M.  Bloch  pour 
les  Cahiers  de  doléances  du  bailliage  d'Orléans.  Nous 
avons  ensuite  rassemblé  ces  différents  groupes  dans  un 
ordre  topographique  en  commençant  par  le  Blésois  et  conti- 
nuant par  le  Dunois,  puis  par  la  Sologne  et  le  Berry  <2). 
Nous  avons  pu  ainsi  réunir  les  paroisses  voisines  dont  les 
cahiers  présentent  entre  eux  plus  ou  moins  d'analogies,  soit 
parce  que  ces  paroisses  avaient  les  mêmes  besoins,  soit  à 
cause  des  relations  qui  existaient  entre  leurs  habitants. 

Voici  la  liste  des  paroisses  dans  Tordre  adopté,  avec  indi- 
cation des  présidents.  Les  noms  en  italique  sont  ceux  des  pa- 
roisses dont  nous  ne  possédons  pas  le  cahier.  Les  accolades  pla- 
cées à  gauche  des  noms  de  paroisses  groupent  celles  dont  les 
cahiers,  plus  ou  moins  identiques,  ont  certainement  une 
source  commune. 


<*)  Cet  ouvrage  actuellement  en  cours  d'impression  paraîtra  à  peu  près  en  même 
temps  que  le  présent  volume. 

(*)  Nous  ne  répartirons  pas  cependant  en  des  chapitres  séparés  les  paroisses  de 
chacune  de  ces  quatre  régions,  qui  sont  bien  distinctes  au  point  de  vue  économi- 
que, mais  dont  il  est  impossible  de  déterminer  avec  précision  les  frontières. 


INTRODUCTION 


LXXXVII 


BAILLIAGE  DE   BLOIS 


Ville  de  Blois. 

Paroisse  Saint-Solenne 
de  Blois. 

Paroisse  Saint-Nicolas  de 
Blois. 

Paroisse  Saint-Satur- 
nin de  Blois. 

Paroisse    Saint -Hono- 
ré de  Blois. 
Saint-Sulpice. 
Françay. 
Landes. 
Orchaise. 

Saint-Lubin  -en-Vergon- 
nois. 

Saint-Bohaire. 

Fossé. 

La  Chapelle-Vendômoise 


Ville/ rancœur. 
Champigny-  en-Beauce. 

I  Menars. 
Cour-sur-Loire. 
La  Càaussée-St-Victor. 

Saint-Claude-de-Diray. 
Averdon. 

Mulsans. 
Villerbon. 
Villebarou. 
Marolles. 


} 


Les  officiers  municipaux. 

Pierre  Druillon,  lieutenant  général  du 
bailliage  présidial  de  Blois. 

René-Guillaume  Gaillon,  procureur  fiscal 
de  la  justice  de  Saint-Lomer. 

Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  en 
parlement,  bailli  de  la  chapellenie  et 
châtellenie  des  Granges  et  du  bailliage 
et  marquisat  -  pairie  d'Herbault  -  en  - 
Beauce. 

Claude  Le  Groux,  bailli  de  la  justice  de 
Saint-Lubin. 

Sylvain  Mâchefer,  syndic  de  la  munici- 
palité. 

Sylvain  Gratier,  syndic  de  la  paroisse. 

Louis-Michel  Lefebvre,  bailli  des  hautes 
justices  de  Villefrancœuret  la  Chapelle- 
Vendômoise. 

(?) 

Etienne-Gabriel  Bourdon-Champigny ,  pro- 
cureur fiscal  de  la  justice  de  Champigny. 

Jacques  Touzard,  avocat  en  parlement, 
conseiller  du  Roi,  bailli  du  bailliage  du 
marquisat-pairie  de  Menars. 

Antoine  Lefèvre,  procureur  fiscal  du  bail- 
liage du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Louis-Etienne  Marchand,  procureur  du 
bailliage  du  marquisat-pairie  de  Menars. 


IWWIII 


IXTIIOIH1CTION 


Villexanton. 


Maves. 


Saint-Denis-sur-Loire. 


Ville  de  Mer. 
Aunay. 

Herbilly. 


La  Madeleine-Villefrouin. 

Se  ris. 
Lussay. 

Lestiou. 

Nouan-sur-Loire. 

Maslives. 


Muides. 

Ville  de  Saint-Dyé. 

Montlivault. 
Chambord. 


Huisseau-sur-Cosson, 
Tour-en-Sologne. 

Mont. 


André  Lavieuge,  procureur  du  bailliage 
du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Charles  Massion,  notaire  au  marquisat- 
pairie  de  Menars  et  à  la  châtellenie  de 
Suèvres. 

Jean-Thomas  Pardessus,  avocat  en  parle- 
ment, bailli  de  la  justice  de  Saint-Denis- 
sur-Loire. 

Les  officiers  municipaux. 

Les  syndic  et  membres  de  la  municipa- 
lité. 

Louis-Stanislas  Lemoyne,  syndic  de  la  mu- 
nicipalité, procureur  es  sièges  royaux 
de  Beaugency. 

Robert  Hiault,  syndic  de  la  municipalité. 
François  Gentils,  notaire  à  Séris. 

* 

Etienne  Bréron,  notaire. 

Pierre  Massonneau,  notaire  à  Nouan. 

Barthélémy  Chapeau,  procureur  de  la  pré- 
vôté de  Saint-Dyé. 

Louis-Charles  Thibault,  prévôt  de  la  pré- 
vôté de  Muides  et  procureur  fiscal  de  la 
prévôté  de  Saint-Dyé. 

Etienne  Lemeignan,  procureur  postulant 
de  la  prévôté  de  Montlivault. 

Antoine  Gaultry,  ancien  procureur  de  la 
prévôté  royale  de  Chambord. 

Barthélemv  Bellenoue-Villiers,  avocat  en 
parlement,  bailli  du  bailliage  et  châtel- 
lenie d'Huisseau  et  du  bailliage  de  Tour 
et  Mont  en  Sologne. 


INTRODUCTION 


LXXX1X 


Cellettes. 
Vineuil. 

Saint-Gervais. 

Chailles. 


Seur. 


Chitenay. 
Ouchamps. 

Monthou-sur-Bièvre. 


Les  Montils. 

Candé. 

Chouzy. 

Saint-Secondïn, 

Santhenay. 
Chambon. 

Coulanges. 
Onzain. 


Chaumont-sur-Loire. 

Valaire. 

Rilly. 


Jean-Michel  Huard,  avocat  en  parlement, 
bailli  de  la  haute  justice  de  Cellettes  et 
de  la  haute  justice  et  seigneurie  de  Vi- 
neuil. 

Claude  Richard,  syndic  de  la  municipa- 
lité. 

Henri  Argy  de  Chàtillon,  procureur  fiscal 
de  la  chàtellenie  du  Plessis-Villelouët 
et  Chailles. 

Louis  Guéret,  lieutenant  particulier  au 
bailliage  présidial  de  Blois,  seigneur 
de  Seur. 

Antoine  Serreau,  bailli  de  la  baronnie  de 
Cormeré-le-Bourg. 

Pierre-Michel  Bonnard,  procureur  fiscal 
de  la  chàtellenie  et  prévôté  de  Candé, 
les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre. 

Jean-Thomas  Pardessus,  avocat  en  parle- 
ment, bailli  de  la  chàtellenie  et  prévôté 
de  Candé,  les  Montils  et  Monthou-sur- 
Bièvre,  et  du  comté  de  Chouzy. 

Pascal  Bruneau,  syndic  de  la  municipa- 
lité. 

(?) 

François  Olivereau,  sergent  du  comté  de 
Rostaing  d'Onzain. 

Jean  Denis,  notaire  à  Chambon. 

Louis  Dupuy,  avocat  en  parlement,  lieu- 
tenant, juge  ordinaire  du  comté  de 
Rostaing. 

Orien  Marais,  procureur  fiscal  de  la  justice 
du  comté  de  Chaumont. 


xc 


INTRODUCTION 


Veuves. 
Mesland. 

Monteaux. 


Cangey. 
Fleuray. 

Ville  de  Çhâteaudun. 

Douy. 

La  Chapelle-du-Noyer. 

Donnemain-Sl-Mamès. 

Marboué. 

Saint-Lubin-d'Isigny. 

Saint-Denis-les-Ponts. 

Le  Mée. 

Romilly-sur-Aigre. 

Autheuil. 

Jallans. 

Lutz-en-Dunois. 

Villampuy. 

Ozoir-le-Breuil. 

Tripleville. 

Villamblain. 
Saint-Cloud. 
Civry. 

Bazoches-en-))unois. 


Thiville. 


François-Bernabé  Lasnier,  notaire  à  Mon- 
teaux, procureur  au  comté  de  Ghau- 
mont. 

Etienne-Jean  Bourguineau,  avocat  en  par- 
lement, bailli  de  la  chàtellenje  de  Mon- 
teaux et  prévôté  de  Basse-Beauce. 

René  Touiiet,  notaire  à  Cangey,  procu- 
reur fiscal  des  châtellenies  de  Cangey 
et  de  Fleuray. 

Les  officiers  municipaux. 


Nicolas  Maury,  bailli  général  du  comté  de 
Dunois. 


/ 


Procès- ver- 
baux 
et  cahiers 
vérrûés  par 
Nicolas 
Maurv, 
bailli  général 
du  comté 

de. 
Dunois. 


Noël  Bourget,  syndic  de  la  muàplité^ 
Pierre  Bigot,  — 

Jean-Baptiste  Durand,  — 
Paul  Pétau,  — 

Jean  Gouin,  — 

Marin  Gauchard,  — 
Jean  Robillard,  — 
François  Lucereau,  — 

Jacques-Julien  Anthoine, 
notaire  du  comté  de 
Dunois,  à  Saint-Cloud. 

Louis-André  Bignon,  avocat  en  parlement, 
bailli  de  la  haute  justice  et  seigneurie 
de  Bazoches-en-Dunois. 

David  Sarradin,  membre  de  la  municipa- 
lité, en  l'absence  de  Louis-André  Bi- 
gnon, bailli  de  la  chàtellenie  de  Thi- 
ville, qui  a  visé  le  procès-verbal  et  Je 
cahier  de  doléances. 


Procès-verbaux 

et  cahiers  vérifiés 

par  Nicolas  Maury. 


INTRODUCTION 


XCI 


Cormainville. 
Ville  de  Patay. 

Villeneuve-sur-Conie. 
La  Chapelle-Ozerain. 

Péronville. 

Prénouvellon. 


Verdes. 
Membrolles. 

Sémerville. 

Ouzouer-le- Doyen . 
La  Ferté-Villeneuil. 

Molitard. 
Moléans. 

Flacey. 

Châtillon-en-Dunois. 

Lanneray. 

Courtalain. 
Boisgasson. 


[  Saint-Pellerin. 
f  Langey-en-Dunois. 
Bouffry. 

Ruan. 
Droué. 

Le  Poislay. 


Jean  Isambert,  notaire  à  Cormainville. 

Charles  Gajon,  notaire  à  Patay. 

Pas  de  président. 

François  Jeuffrenet,  notaire  des  bailliage 
et  comté  de  Beaugency,  h  Ouzouer-le- 
Marché. 

Jean-Baptiste-Pierre  Mercier,  notaire  du 
comté  de  Dunois,  h  Verdes. 

Jean-Jacques  Grugier,  syndic  de  la  muni- 
cipalité. 

(?) 

Jean  Vivier,  syndic  de  la  municipalité. 

Jacques-Louis-François  Gaultier,  avocat 
en  parlement,  bailli  de  la  baronnie  et 
châtellenie  de  Molitard  et  de  la  justice 
et  seigneurie  de  Moléans. 

Chereau,  syndic  de  la  municipalité. 

(?) 

Charles  Raimbault,  notaire  à  Chàteaudun. 

Louis-Nicolas  Barbereau,  avocat,  procu- 
reur fiscal  des  châtellenies  de  Courta- 
lain et  du  Mée  et  de  la  châtellenie  et 
seigneurie  de  Villemesle. 

Charles-René  Thenaisie,  avocat  en  parle- 
ment, bailli  des  châtellenies  de  Courta- 
lain et  du  Mée  et  de  la  châtellenie  et 
seigneurie  de  Villemesle. 

Pierre-Noël  Breton,  procureur  fiscal  de  la 
châtellenie  de  Droué. 

(?) 


XCII 


INTRODUCTIONS 


La  Fontenelle. 

Boursay. 

Montigny-le-Gannelon . 
Saint- Hilaire-sur-Yerres. 

Villebout. 


Ville  de  Cloyes. 

Saint-Jean-Froidmentel . 

S^Claude-Froidmentel. 

Fréteval. 

Saint-Lubin-des-Prés. 
St-Hilaire-la-Gravelle. 
Lignières. 

Hameau  du  Gros-Chène 
(paroisse  de  Busloup). 

/  Renay. 

Hameau     de    Fontaine- 

sous-Pezou     (paroisse  / 

de  Pezou). 
Hameaux  de  Chêne-Carré 

et  Chicheray  (paroisse 

de  Pezou). 

Morée. 
Mois  y. 

• 

Ecoman. 
Brévainville. 
Viévy-le-Rayé. 
Saint-Mandé. 


François-Marie  Ménard,  juge  de  la  haute 
justice  et  seigneurie  de  La  Fontenelle. 

Jacques  Picard,  syndic  de  la  municipalité. 

Jacques-ÉIoi  Tiercelin,  bailli  de  la  châtel- 
lenie  de  Montigny-le-Gannelon. 

Michel  David,  syndic  de  la  municipalité, 
en  l'absence  du  bailli,  procureur  fiscal 
et  notaire  de  la  haute  justice  de  Monti- 
gny-le-Gannelon. 

Charles-François  Davézé,  juge  prévôt  de 
la  ville  de  Cloyes. 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-verbal. 


Jean-François-René  Godineau,  avocat  en 
parlement  et  au  bailliage  de  Fréteval. 

Philippe-Auguste  Mereaux  des  Bauche- 
ries,  avocat  en  parlement,  bailli  de  la 
gruerie  de  Busloup-Gros-Chêne. 


Claude  Chéroute,  notaire  à  Renay. 


Jean-Louis  Chaillou,  notaire  à  Morée. 
Jacques  Habert,  syndic  de  la  municipalité. 
Sébastien  Brossier,  — 

Pierre  Sevestre,  — 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-verbal. 
Pierre  Thauvin,  syndic  de  la  municipalité. 


INTRODUCTION 


XCIIl 


La  Bosse. 
La  Colombe. 
La  Gahandière. 
Autainville. 

Binas. 

Ville  de  Marchenoir. 

Le  Plessis-l'Échelle. 
Saint-Léonard. 
/  Beauvilliers. 

\  Oucques. 

Hameau  de  Villegom- 
blain  (paroisse  d'Ouc- 
ques). 

Hameau  de  Frouville 
(paroisse    d'Oucques). 

Villeneuve-Frouville. 
Gonan. 


Rhodon. 

Roches. 

Lorges. 

Pontlevoy. 
Feings. 
Sambin. 
Thenay. 


Jean  Martin,  syndic  de  la  municipalité. 

Jacques  Deniau,  — 

Vincent  Caillard,  — 

Jacques  Malfray,  — 

Jacques-Henri-François  Cadot,  avocat  en 
parlement,  lieutenant  de  la  ville  et 
baronnie  de  Marchenoir. 

François  Blanchard,  syndic  de  la  munici- 
palité. 

François  Nouvellon,  membre  de  la  muni- 
cipalité. 

Pierre-Thomas  Rivière,  syndic  de  la  mu- 
cipalité. 

François-Richard  Girault,  syndic  de  la 
municipalité. 

Louis  Halle,  syndic  de  la  municipalité. 

Philippe  Auger,  — 

Jean  George,  — 

Jean-Baptiste  Bonneau,  huissier  royal  en 
la  baronnie  de  Marchenoir,  résident  h 
Oucques. 

Pierre  Gautron,  syndic  de  la  municipalité. 

Les  officiers  municipaux. 

Jean-Pierre  Duval,  avocat  en  parlement, 
au  bailliage  deBeaugencyetau  bailliage 
de  la  justice  et  seigneurie  de  Lorges. 

André  Cazain,  procureur  fiscal  de  la  jus- 
tice de  Pontlevoy. 


XCIV 

Gouddes. 


Saint-Romain. 


Monthou-sur-Cher. 


Choussy. 
Oisly. 

Fougères. 
Contres. 

Sassay. 
Méhers. 
Chémery. 

Billy. 
Gy. 

Rougeou. 
Soings. 

Courmemin. 

Cheverny. 
Cour-Cheverny. 

Fresnes. 

Fontaine-cn-Sologne. 
Bracieux. 
Neuvy-sur-Beuvron. 


INTRODUCTION 

François  Mazeron,  notaire  royal  au  bail- 
liage de  Blois  de  la  chfttellenie  de  La 
Basme  et  Couddes,  à  Thenay. 

François  Rigolet,  syndic  de  la  municipa- 
lité. 

Jacques -Lambert  Lecomte,  procureur  fis- 
cal de  la  haute  justice  et  chfttellenie  de 
Gué-Péan  et  Monthou. 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-verbal. 


RenéBouchereau,  procureur  fiscal  de  la 
chfttellenie  de  Fougères  et  prévôt  de  la 
prévôté  de  Contres. 

(?) 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-verbal. 

Jacques-Florent  Bernier,  syndic  de  la  mu- 
nicipalité. 

de  Saint-Loup,  syndic  de  la  municipalité. 

Jean-Martin  Delaunay,  syndic  de  la  mu- 
nicipalité. 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-verbal. 

Les  membres,  syndic,  secrétafre  et  ad- 
joints de  la  municipalité. 

Jean-Laurent  Denis,  syndic  de  la  munici- 
palité. 

Barthélémy  Bimbenet,  procureur  fiscal  du 
comté  et  bailliage  de  Cheverny. 

Jacques-François  Bimbenet,  procureur  au 
comté  et  bailliage  de  Cheverny  et 
au  bailliage  d'Herbault-en-Sologne  et 
Bracieux. 


INTRODUCTION 


XCV 


Bauzy. 
Montrieux. 

La  Ferté-Saint-Cyr. 

Villeny. 

Saint-Cyr-Semblecy. 

La  Marolle. 

La  Ferté-Beauharnais. 

Saint-Viâtre. 


Selles-Saint-Denis. 


Salbris. 

Marcilly-en-Gault. 

Souesmes. 

Brinon. 

Ville  de  Mennetou-sur- 

Cher. 
Langon. 
Châtres. 

Thenioux. 


Villedieu. 
Villefranche-sur-Cher. 

L'Hôpital-Commanderie. 


Pierre-Louis  Gaultry,  procureur  au  bail- 
liage d'Herbault-en -Sologne  et  Bracieux 
et  procureur  postulant  au  bailliage  de 
Montrieux. 

Louis -Jacques  Delahaye,  notaire  à  la 
Ferté-Saint-Cyr. 

Etienne  Julien,  syndic  de  la  municipalité. 

Antoine  Huet,  syndic  de  la  municipalité. 

Charles-Martin  Lerasle,  procureur  fiscal 
des  justices  et  châtellenies  de  Tremble- 
vif  et  Villebrosse. 

Louis-Amand  de  Ronzières,  avocat  en 
parlement,  procureur  fiscal  de  la  justice 
et  baronnie  de  la  Ferté-Imbault. 

Michel  Regnault,  procureur  de  la  justice 
de  la  Ferté-Imbault. 

Louis-Michel  Baranger,  procureur  de  la 
justice  et  baronnie  de  la  Ferté-Imbault. 

Eutrope  Chesneau,  bailli  de  la  justice  et 
châtellenie  de  Souesmes. 

Pierre-André  Cirrode-Desjars,  bailli  de  la 
justice  et  châtellenie  de  Brinon. 

Guillaume-Gabriel  Brinet,  procureur  fiscal 
de  la  justice  et  châtellenie  de  Mennetou- 
sur-Cher. 

Jean-Baptiste  Châtillon,  procureur  de  la 
justice  et  châtellenie  de  Mennetou-sur- 
Cher. 

Georges-François  Guérinet,  avocat  en  par- 
lement, bailli  de  la  justice  et  châtellenie 
de  Villefranche. 

Pierre-Antoine  Normant,  ancien  procureur 
de  la  châtellenie  de  Villefranche. 


XCVl 


INTRODUCTION 


Chabris. 


Menetou-sur-Nahon. 


Gièvres. 

Ville  de  Selles-sur-Cher. 

Châtillon-sur-Cher. 
Ville  de  Saint- Aignan. 


Louis  Sarlon,  procureur  fiscal  de  la  jus- 
tice de  Chabris. 

Pierre-Louis  Delahaye,  bailli  de  la  justice 
de  Menetou-sur-Nahon. 

Marcou  Brisson,  avocat  en  parlement, 
bailli  du  comté  et  bailliage  de  Selles-sur- 
Cher. 

Guillaume  Souchay,  notaire  à  Châtillon. 

(?) 


Saint-Aignan- 
clos. 

hors 

-I*En- 

i 

Jean  Aucœur,  syndic  de  la  municipalité. 

Noyers. 

(?) 

Thézée. 

René-Alexandre  Bardon,  syndic  de  la  mu- 
nicipalité. 

Saint -Julien 
don. 

-de- 

Ché- 

i 

(?) 

Pouillé. 

Jean  Angier,  syndic  de  la  municipalité. 

Mareuil. 

François  Buchet,  greffier  de  la  municipa- 
lité. 

Seigy. 

René  Ricard,  syndic  de  la  municipalité. 

Châteauvieux. 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-ver- 
bal. 

Couffy. 

(?) 

Faverolles. 

Pas  de  président  indiqué  au  procès-ver- 
bal. 

Luçay-le-Mâle. 

l 

• 

René  Hérisson,  notaire,  procureur  fiscal 

Lucioux. 

\ 

du  comté  de  Luçay-le-Mâle. 

Veuil. 

N 

Gehée. 

( 

Jaullain  le  jeune,  notaire  à  Veuil. 

Croz. 

) 

INTRODUCTION 


XCVII 


Lye. 
Villantrois. 


x  Varennes. 
Ville  de  Valençay. 


Bourgneuf. 
Vicq-sur-Nahon . 

Paulmery. 

Meusnes. 

Langé. 

Balzème. 

Moulins. 

Buxeuil. 

Guilly. 
Fontenay, 

Ville  de  Vatan  (paroisse 
Saint-Christophe). 

Vatan  (paroisse  Saint- 
Laurent). 

La  Chapclle-Saint-Lau- 
rian. 

Reboursin. 

Saint-Florentin-de-Vatan 

Ménétréol-sous-Vatan .       / 


Louis-Alexis  Lelarge,  avocat  en  parle- 
ment, notaire  du  comté  de  Veuil  à  Vil- 
lantrois, bailli  de  la  justice  etchâtellenie 
de  Lye. 

Jean-Joseph  Raboteau,  avocat  en  parle- 
ment, bailli  de  la  justice  et  chfttellenie 
de  Varennes  et  de  la  justice  et  châtelle- 
nie  de  Valençay. 

Michel  Picard,  notaire  du  duché-pairie  de 
Saint-Aignan,  h  Vicq-sur-Nahon,  pro- 
cureur de  la  justice  de  Vicq-sur-Nahon. 

Claude  Legrand,  procureur  en  la  justice 
et  châtellenie  de  Valençay. 

Nicolas  Brisset,  notaire  en  la  châtellenie 
de  Valençay. 

Huguet,  syndic  de  la  municipalité. 

Sulpice  Renault,  syndic  de  la  municipalité. 

Pierre  Quasi,  procureur  fiscal  de  la  châ- 
tellenie de  Moulins-en-Berry. 

Félix  Agougué  de  Piedmont,  avocat,  bailli 
de  la  châtellenie  et  prévôté  de  Buxeuil. 

Pierre  Durand,  procureur  fiscal  de  la 
châtellenie  et  prévôté  de  Buxeuil. 


Laurian  Delorme,  avocat  et  lieutenant  du 
bailliage  et  marquisat  de  Vatan. 


IV 


XCVIII  INTUOOCCTION 


BAILLIAGE    DE   ROMOKANTIN 


Ville  de  Romorantin. 

Les  officiers  municipaux. 

Lanthenay. 

(?) 

Lassay. 

(?) 

Loreux, 

(?) 

Millançay. 

(?) 

Monthault. 

(?) 

Mur-de-Sologne, 

(?) 

Pruniers. 

(?) 

Veilleins. 

(?) 

Vernou. 

(?) 

Villeherviers. 

(?) 

Villeneuve-sur-Beuvron. 

(?) 

La  longueur  de  celte  publication  nous  obligeant  à  la  divi- 
ser en  deux  volumes,  le  premier  contiendra  les  cahiers  des 
paroisses  du  bailliage  de  Blois  situées  dans  le  Blésois  et  dans 
le  Dunois  ;  le  deuxième,  les  cahiers  dos  paroisses  de  ce 
bailliage  situées  dans  la  Sologne  el  dans  le  Berry,  ceux  du 
bailliage  de  Homorantin,  des  assemblées  préliminaires  et  de 
l'assemblée  générale  des  trois  Ordres.  Une  table  générale 
des  matières  sera  donnée  à  la  fin  du  second  volume. 

Avant  de  terminer  cette  introduction,  nous  avons  un 
devoir  de  gratitude  à  remplir  envers  diverses  personnes,  et  en 
premier  lieu  envers  M.  ïrouillard,  archiviste  de  Loir-et- 
Cher,  président  du  Comité  départemental  de  recherche  et 
publication  de  documents  relatifs  à  l'histoire  économique  de 
la  Révolution  française  ;  c'est  à  lui  que  revient  le  mérite 
d'avoir  organisé  celte  publication  et  entrepris  les  recherches 
nécessaires  pour  retrouver  et  réunir  les  cahiers.  M.  Trouil- 


INTRODUCTION  XCIX 

lard  a  fait  également  tous  ses  efforts  pour  nous  faciliter  la 
consultation  des  documents,  non  seulement  aux  archives  de 
Loir-et-Cher,  mais  dans  les  autres  dépôts  du  département  et 
des  départements  voisins. 

Remercions  aussi  les  archivistes  du  Loiret  et  du  Cher,  MM. 
Soyer  et  Gandilhon,  qui  ont  mis  la  plus  grande  complai- 
sance à  nous  communiquer  les  pièces  dont  nous  avons  eu 
besoin  et  nous  ont  fourni  d'utiles  renseignements  ;  M.  Pierre 
Lesueur,  qui  a  fait  pour  nous  plusieurs  recherches  aux 
Archives  nationales  ;  MM.  Thibault  et  Storelli,qui  nous  ont 
fourni  diverses  indications,  notamment  sur  la  Noblesse  du 
bailliage  de  Blois  ;  M.  Lecesne,  président  de  la  Société 
Dunoise,  qui  nous  a  communiqué  plusieurs  documents 
appartenant  à  cette  société  ;  MM.  Roy,  Mariette,  et  tous 
les  membres  du  Comité  qui  nous  ont  aidé  dans  nos  recher- 
ches. 

D'  LESUEUR.  A.  CAUCHIE. 


LES  CAHIERS  DE  DOLEANCES 

DES 

BAILLIAGES  DE  BLOIS  ET  ROMORANTIN 


I.  —  CAHIERS  DBS  VILLES,  PAROISSES  ET  COMMUNAUTES 

DU  BAILLIAGE  DE  BLOIS 


VILLE  DE   BLOIS  W 


Circonscriptions  actuelles.  —  Chef -lieu  du  département  de  Loir- 
et-Cher,  de  l'arrondissement  de  Blois  et  des  cantons  de  Blois-est  et 
Blois-ouest. 

Bailliage.  —  Blois  était  le  siège  d'un  bailliage  présidial  du  ressort 
du  parlement  de  Paris. 

Grand  bailli  d'épée  :  Louis-Marie  de  Johanne  de  la  Carre,  marquis 
de  Saumery  (depuis  1783). 

Président  du  présidial  :  Cosme-Charles-Louis  Louet  de  Terrouenne. 
(depuis  1750). 

Lieutenant  général  :  Pierre  Druillon  (depuis  1763). 

Lieutenant  criminel  :  Turpin. 

Lieutenant  particulier  :  Guéret  de  Seur. 

Assesseur  :  de  l'Ecluse  de  l'Arche. 

Conseillers  :  Bachot  de  Lébat,  Fleury. 

Premier  avocat  du  Roi  :  Fourré. 

Procureur  du  Roi  :  Duchesne  (depuis  1754). 

Second  avocat  du  Roi  :  office  vacant. 

Généralité*  —  Orléans. 

Intendant  :  Jean-Claude-François  Perrin  de  Cypierre  de  Chevilly. 

W  Cf.  Calendrier  historique  de  l'Orléanais  (Orléans,  Le  Gall,  1788)  et  Bergevin 
et  Dupré,  Histoire  de  Blois  (Blois,  Dézairs,  1846-1847,  2  vol.  in-8*). 


2  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Subdélégation.  —  Blois. 
Subdélégués  :  Bourdon  et  Touzard. 

Élection.  —  Blois  était  le  siège  d'une  élection  ressortissant  à  la 
Cour  des  Aides  de  Paris. 
Président:  Heme. 

Département.  —  Depuis  1787,  les  élections  de  Blois  et  Romorantin 
formaient  un  département  dont  l'assemblée  dépendant  de  l'assemblée 
provinciale  de  l'Orléanais  siégeait  à  Blois  O. 

Président  de  l'assemblée  de  département  :  comte  Jean-Nicolas  Dufort 
de  Cheverny. 

Procureurs  syndics  :  Pajon  de  Chambeaudière  et  Abbé  Juchereau. 

Diocèse,  paroisses  et  établissements  religieux. —  Blois  était  depuis 
1697,  le  siège  d'un  évêché  sufîragant  de  Paris.  Son  diocèse  avait  été 
formé  d'une  partie  de  l'ancien  diocèse  de  Chartres. 

Évêque  :  Alexandre-Amédée  de  Lauzières  de  Thémines  (depuis  1776). 

Blois  était  le  siège  d'une  ofïicialité  dont  la  justice,  depuis  la  création 
de  l'évêché,  s'étendait  à  tout  le  diocèse. 

Blois  était  divisé  en  six  paroisses  : 

Saint-Solenne  (cathédrale  sous  le  vocable  de  Saint-Louis  ;  prieur- 
curé  à  la  nomination  de  l'évêque  comme  abbé  de  Bourgmoyen)  ; 

Saint-Sauveur  (curé  à  la  nomination  du  chapitre  de  Saint-Sauveur); 

Saint-Honoré  (prieur-curé  à  la  nomination  de  l'évêque  comme  abbé 
de  Bourgmoyen)  ; 

Saint-Martin  (prieur-curé  à  la  nomination  de  l'évêque  comme  abbé 
de  Bourgmoyen)  ; 

Saint-Nicolas  (curé  à  la  nomination  de  l'évêque  comme  abbé  de 
Saint-Lomer). 

Saint-Saturnin,  faubourg  de  Vienne  (curé  à  la  nomination  de 
l'évêque  comme  abbé  de  Saint-Lomer). 

Le  Chapitre  de  la  cathédrale  était  formé  de  la  réunion  des  anciens 
collèges  de  chanoines  de  Saint-Sauveur  et  de  Saint-Jacques,  qui 
restèrent  cependant  distincts. 

Blois  possédait  deux  grandes  abbayes,  celle  des  Bénédictins  de 
Saint-Lomer  et  celle  des  chanoines  réguliers  de  Sainte-Geneviève  de 
Bourgmoyen,  qui  avaient  été  réunies  avec  celle  des  Bénédictins  de 
Pontlevoy  pour  former  la  mense  épiscopale  ;  l'évêque  en  était  l'abbé. 

<l>  Cf.   Dr   Lesueur,   L'Assemblée  de  département  de  Blois  et   Romorantin 
(Mémoires  de  la  Société  des  Sciences  et  Lettres  de  Loir-et-Cher,  t.  xix). 


CAHIER   DE   LA   VILLE   DE   BLOIS  3 

Les  autres  communautés  d'hommes  étaient  :  les  chanoines  réguliers 
de  Saint-Lazare  qui  dépendaient  de  l'abbaye  de  Bourgmoyen,  les 
Dominicains  (ou  Jacobins),  les  Capucins,  les  Minimes,  les  Eudistes  qui 
dirigeaient  le  séminaire  depuis  1744  (les  Jésuites  avaient  été  expulsés 
en  1762  et  les  Cordeliers  avaient  été  supprimés  en  1787). 

Les  communautés  de  femmes  étaient  :  les  Véroniques  (chanoinesses 
régulières  de  Saint- Augustin),  les  dames  de  la  Visitation  (ou  Visitan- 
dines  ou  Sainte-Marie),  les  Ursulines,  les  Carmélites,  les  Nouvelles 
Catholiques. 

*  Gouvernement  :  Lieutenant  général  du  Blésois  :  comte  de  Dufort 
de  Chëvèrny.  Lieutenant  du  Roi  :  Herry  de  Maupas,  chevalier  de 
Saint-Louis. 

Grenier  à  sel  :  Blois  était  le  siège  d'un  grenier  à  sel. 
Président  :  Bellenoue. 

Autres  juridictions  :  Blois  était,  en  outre,  le  siège  d'une  maîtrise 
des  eaux  et  forêts  et  d'un  tribunal  du  point  d'honneur.  (La  Chambre 
des  comptes  avait  été  supprimée  en  1774.) 

Justices  seigneuriales  :  Blois  comptait  trois  hautes  justices  ressor- 
tissant au  bailliage  :  celle  de  Saint-Lomer,  celle  de  SainWean-en- 
Grève  (réunies  toutes  deux  à  l'évêché)  et  la  châtellenie  des  Granges. 

Administration  municipale  (*)  :  Depuis  1786,  le  corps  municipal 
se  composait  d'un  maire  nommé  pour  trois  ans,  de  quatre  échevins 
élus  pour  deux  ans,  le  premier  parmi  les  gentilshommes  et  officiers 
militaires,  le  deuxième  parmi  les  officiers  de  robe,  le  troisième  parmi 
les  bourgeois,  le  quatrième  parmi  les  commerçants,  de  quatre  asses- 
seurs pris  dans  les  mêmes  classes  que  les  échevins,  d'un  procu- 
reur du  Roi  choisi  dans  les  gradués  des  différentes  juridictions  de 
la  ville  ou  du  collège  des  avocats,  d'un  receveur  et  d'up  secrétaire- 
greffier. 

Le  maire  était  nommé  par  le  Roi  parmi  trois  sujets  élus  par  l'assem- 
blée générale.  Tous  les  autres  officiers  municipaux  étaient  élus  par 
l'assemblée  générale. 


(*)  Après  bien  des  modifications,  cette  administration  avait  été  définitivement 
fixée  par  l'arrêt  du  Conseil  du  2  décembre  1786  dont  le  texte  est  inséré  dans  le 
registre  des  délibérations  municipales  (Arch.  comm.  Blois,  BB  34,  f"  40  à  43) 
et  auquel  nous  empruntons  ces  renseignements.  La  liste  des  officiers  munici- 
paux est  établie  d'après  les  procès-verbaux  d'élection  de  1786  à  1789  (Arch.  comm. 
Blois,  BB  31). 


4  BAILLIAGE    DE   BL01S 

L'assemblée  générale,  qui  se  tenait  tous  les  ans  le  28  décembre,  se 
composait  du  corps  municipal,  d'un  député  de  l'évêque,  de  deux  dépu- 
tés du  Chapitre,  d'un  député  du  corps  des  curés,  d'un  député  des 
abbayes  de  Bourgmoyen  et  de  Saint-Lomer,de  19  députés  appartenant 
aux  différentes  classes  de  la  société  et  élus  par  des  assemblées  tenues 
chaque  année  dans  toutes  les  paroisses  de  la  ville. 

Maire  :  Pierre-Paul  fioesnier,  maître  particulier  des  eaux  et  forêts 
(maire  depuis  1786). 

Échevins  :  Louis-François  Bu  tel,  ancien  capitaine  au  régiment 
Royal-Roussillon  infanterie,  chevalier  de  Saint-Louis  (depuis  1787)  ; 
Claude-Henry-Euverte  Pajon,  garde-marteau  (depuis  1788);  Claude 
Girault-Tesnières,  bourgeois  (depuis  1787)  ;  Louis  Roger-Maison,  mar- 
chand de  fer  (depuis  1787). 

Assesseurs  :  6.  Drouin  de  Vauliard,  ancien  lieutenant  des  vaisseaux 
du  Roi,  chevalier  de  Saint-Louis  (depuis  1787)  ;  Pierre-Louis  Gallais, 
lieutenant  particulier  en  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  (depuis  1786)  ; 
François  Simon  père,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées  (depuis  1787)  ; 
J. -Gabriel  Martin,  marchand  de  soie  (depuis  1787). 

Procureur  du  roi  :  Jacques  Touzard,  assesseur  de  la  maréchaussée 
(depuis  1788). 

Receveur  :  Amaury. 

Greffier  :  Charles  Arnault  (depuis  1787). 

Armée  :  Depuis  1788,  le  régiment  d'infanterie  Royal-Comtois  était 
en  garnison  à  Blois. 

Maréchaussée  :  Il  y  avait  à  Blois  un  lieutenant  de  maréchaussée 
dépendant  du  prévôt  général  résidant  à  Orléans,  et  une  brigade  de 
maréchaussée. 

Collège  :  Blois  était  le  siège  d'un  collège  royal  qui,  depuis  le  ban- 
nissement des  jésuites,  était  administré  par  un  conseil  composé  de 
l'évêque,  président,  du  lieutenant  général  du  bailliage,  du  procureur 
du  Roi,  du  maire,  du  premier  échevin,  de  deux  notables  et  du  prin- 
cipal. L'enseignement  était  donné  par  six  régents  sous  la  direction  du 
principal. 

Principal  :  abbé  Boutault. 

4 

Hôpitaux  :  Blois  avait  un  hôtel-Dieu  administré  par  un  bureau 
composé  des  échevins  et  de  deux  commissaires  élus  pour  trois  ans, 
sous  la  présidence  du  lieutenant  général  du  bailliage,  et  l'hôpital  de 
Vienne  pour  les  vieillards  et  les  enfants,  régi  par  l'évêque  qui  avait  le 


CAHIER    DE    LA    VILLE   DE   BLOIS  5 

titre  de  supérieur  et  plusieurs  administrateurs  les  uns  de  droit,  les 
autres  électifs. 

Foires  et  marchés  :  La  foire  annuelle  se  tenait  sur  la  place  Saint- 
Louis,  dans  les  rues  Saint-Honoré  et  du  Palais;  elle  commençait  le 
29  août  et  devait  durer  quatre  jours  tant  pour  le  bétail  que  pour  les 
autres  marchandises,  mais  elle  était  habituellement  prolongée  jus- 
qu'au 8  septembre.  Il  y  avait  dans  l'année  plusieurs  autres  foires  qui 
duraient  un  seul  jour,  notamment  celle  du  24  juin.  Le  marché  aux 
grains  avait  lieu  tous  les  samedis. 

Agriculture  et  commerce  <*>  :  La  principale  culture  des  environs 
de  Blois  était  la  vigne.  Le  principal  commerce  de  la  ville  était  celui 
des  vins.  Il  faut  encore  citer  le  commerce  du  bois,  des  grains,  du  fer, 
la  ganterie,  la  coutellerie,  la  bonneterie,  la  tannerie,  la  fabrication  du 
salpêtre,  etc. 

Population  en  1790  :  11.723  habitants  (pour  la  ville  et  les  quatre 
paroisses  de  Saint-Solenne,  Saint-Honoré,  Saint-Nicolas  et  Saint-Satur- 
nin). 

Taille  :  La  ville  de  Blois  était  franche  de  tailles  ;  elle  devait  seule- 
ment payer  tous  les  ans  pour  son  affranchissement  une  somme  de 
500  livres  ;  elle  était,  en  outre,  imposée  à  une  subvention  annuelle  de 
2.750  livres. 

Capitation  :  La  capitation  roturière  de  la  ville  de  Blois  formait  un 
chapitre  spécial  du  rôle  de  la  capitation  des  non-taillables  qui  s'élevait 
en  1789  à  14.190  1.  16  s.  6  d. 

De  plus  les  nobles,  officiers  de  justice,  employés  et  privilégiés  de 
cette  ville  étaient  imposés  pour  5.462  1.  2  s.  répartis  ainsi  qu'il  suit  : 

Noblesse  (113  contribuables)  :  3.348  1.  12  s. 

Officiers  de  justice  (33  contribuables)  :  1.153  1. 

Privilégiés  (18  contribuables)  :  569  1.  10  s. 

Employés  des  fermes  et  régies  (19  contribuables)  :  391  1. 

Prestation  représentative  de  la  corvée  :  Cet  impôt  qui,  dans  les 
autres  paroisses,  était  fixé  au  quart  du  principal  de  la  taille,  fut  fixé, 
à  Blois,  à  la  somme  de  2.132  1.  19  s.  1  d.  (*). 

Vingtièmes  :  Les  vingtièmes  de  la  ville  de  Blois  comprenaient  ceux 

0)  Sur  ce  sujet,  voir  l'introduction,  ch.  I. 

(*)  Cf.  Procès-verbaux  de  la  commission  intermédiaire  de  V Orléanais.  Arch. 
dép.  Loiret,  G  894,  f*  249  v°. 


0  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

de  la  ville  proprement  dite  et  ceux  des  paroisses  suburbaines  de  Saint- 
Sol  en  ne,  Saint-Honoré,  Saint-Nicolas  et  Saint-Saturnin.  Ils  s'élevaient 
à,  la  somme  de  26.111  1.  13  s.  ainsi  répartis  : 

Vingtièmes  des  biens  fonds  :  21.061  1.  16  s.  ; 
Vingtièmes  d'industrie  :  3.998  1.  5  s,; 
Vingtièmes  des  offices  et  droits  :  1.051  1.  42  s. 

Limites  de  la  ville  (*>  :  La  ville  de  Blois  comprenait  toute  l'agglo- 
mération, y  compris  les  faubourgs  Saint-Jean, du  Bourgneuf,du  Foix  et 
de  Vienne.  Quant  aux  hameaux  et  maisons  isolées  qui  font  partie 
aujourd'hui  de  la  commune  de  Blois  et  qui  dépendaient  alors,  au  point 
de  vue  religieux,  des  paroisses  de  la  ville,  ils  formaient,  au  point  de 
vue  administratif,  quatre  communautés  distinctes  qu'on  désignait  du 
nom  des  quatre  paroisses  de  la  ville  dont  elles  dépendaient,  bien 
qu'elles  ne  comprissent  que  la  portion  suburbaine  de  ces  paroisses. 
C'étaient  les  paroisses  de  Saint-Solenne,  Saint-Honoré,  Saint-Nicolas  et 
Saint-Saturnin.  Ces  paroisses  suburbaines  ne  participaient  pas  à  la 
franchise  de  tailles  de  la  ville.  Depuis  la  création  des  assemblées  muni- 
cipales de  1787,  elles  avaient  chacune  leur  municipalité  distincte,  et  en 
1789,  elles  se  réunirent  séparément  pour  nommer  leurs  députés  et 
rédiger  leurs  cahiers  de  doléances. 

OPÉRATIONS  DE  LA  CONVOCATION 

Blois  était  porté  sur  l'état  annexé  au  règlement  du  24  janvier  des 
villes  qui  devaient  nommer  plus  de  quatre  députés  et  où  la  convo- 
cation devait  être  faite  suivant  les  prescriptions  des  articles  26  et 
28  du  règlement.  Le  nombre  de  ses  députés,  fixé  par  cet  état,  était 
de  dix. 

Le  21  février  1789,  le  procureur  du  Roi  à  l'hôtel  de  ville  transmit  à 
l'assemblée  du  corps  municipal  une  signification  faite  à  cette  assem- 
blée en  la  personne  de  Charles  Arnauld,  son  secrétaire-greffier,  à  la 
requête  du  procureur  du  Roi  du  bailliage,  à  laquelle  était  jointe  une 
copie  des  lettres  du  Roi  du  24  janvier  et  une  ordonnance  du  lieutenant 
général  enjoignant  de  s'y  conformer. 

Après  que  le  procureur  du  Roi  eut  donné  connaissance  des  princi- 
paux articles  du  règlement  du  24  janvier  concernant  les  opérations  à 

<*)  Cf.  DT  Lesueur,  ouvr*  cité. 


CAHIER    DE    LA    VILLE   DE    BL01S  7 

accomplir  par  la  municipalité,  le  corps  municipal  prit,  sur  àa  requête, 
l'arrêté  suivant  : 

«  Nous  ordonnons  que  les  corps  et  corporations  d'arts  et  métiers  de 
cette  ville,  dont  l'état  sera  annexé  à  la  suite  de  notre  présente  ordon- 
nance, seront  par  nous  invités,  dans  les  personnes  de  leurs  syndics  ou 
chefs,  par  un  valet  de  ville,  qui  leur  remettra  une  lettre  avec  un 
modèle  de  procès- verbal,  portant  invitation  de  s'assembler  dans  le  lieu 
ordinaire  de  leurs  délibérations  à  l'effet  de  nommer  un  député  à  raison 
de  cent  et  au-dessous  présents  à  l'assemblée,  etc.; 

«  Que  les  corporations  d'arts  libéraux  et  généralement  tous  les 
autres  citoyens  réunis  par  l'exercice  des  mêmes  fonctions  et  formant 
des  assemblées  ou  corps  autorisés,  seront  également  invités  par  lettre 
de  nous  de  s'assembler  à  l'effet  de  nommer  deux  députés  à  raison  de 
cent  et  au-dessous,  deux  au-dessus,  ainsi  de  suite  ; 

«  Que  pour  le  jeudi  26,  huit  heures  du  matin,  il  sera  par  nous  con- 
voqué à  son  de  tambour,  dans  la  manière  ordinaire,  une  assemblée  de 
tous  les  citoyens  composant  le  Tiers  état  qui  ne  sont  compris  dans 
aucun  corps,  communauté,  ni  corporation,  laquelle  assemblée  qui  èera 
publiée  à  haute  voix  par  l'huissier  de  cet  hôtel  dans  tous  les  carre- 
fours, sera  annoncée  dès  le  lundi  23,  à  l'effet  par  les  citoyens  absents 
de  pouvoir  s'y  rendre,  pour  par  les  comparants  élire  des  députés  dans 
la  proportion  de  deux  pour  cent  individus  et  au-dessous  présents  à 
l'assemblée  qui  se  tiendra  dans  l'église  des  RR.  PP.  Jacobins  ; 

a  Que  ledit  jour  26,  ladite  assemblée  sera  annoncée  par  les  tam- 
bours de  la  ville,  pour  avoir  lieu  une  heure  après  sans  aucun  retar- 
dement. 

a  Ordonnons  que  tous  les  députés  choisis  dans  ces  assemblées  parti- 
culières seront  avertis,  savoir  ceux  des  corps  et  corporations  par  notre 
lettre  de  convocation,  les  autres  par  nous  à  l'instant  de  leur  élection, 
de  se  rendre  en  cet  hôtel  le  lundi  2  mars  prochain,  huit  heures  du 
matin,  jour  et  heure  par  nous  indiqués,  à  l'effet  par  lesdits  députés, 
sous  notre  présidence,  de  rédiger  les  cahiers  de  doléances  de  cette  ville 
et  de  nommer  les  dix  députés  pour  les  porter  devant  M.  le  lieutenant 
général  le  9  mars,  jour  par  lui  indiqué. 

«  Ordonnons  en  outre  qu'il  sera  par  nous  dressé  des  procès-verbaux 
faisant  mention  des  pouvoirs  des  députés  dont  il  nous  restera  un 
double,  desquels  procès-verbaux  copie  sera  remise  aux  députés  pour 
leur  servir  de  pouvoirs  ; 

«  Que  MM.  les  curés  seront  par  nous  invités  de  publier  notre  .pfé- 


8  BAILLIAGE    DE    BL01S 

sente  ordonnance  au  prône  de  leurs  messes  paroissiales,  à  ce  que  per- 
sonne n'en  ignore. 

ce  Seront  la  lettre  de  convocation  de  Sa  Majesté,  le  règlement  y 
annexé,  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général,  le  tout  certifié  par 
son  greffier,  déposés  aux  archives  pour  servir  ce  que  de  raison. 

«  Disons  que,  pour  éviter  le  tumulte  et  la  confusion,  la  compagnie 
des  gardes  de  la  ville  se  trouvera  le  jeudi  26  de  ce  mois  en  cet  hôtel 
pour  y  recevoir  nos  ordres  ».(*). 

Suit  la  liste  des  corps,  communautés  et  corporations  de  la  ville  de 
Blois  que  nous  reproduisons  plus  loin  <*)  avec  les  noms  des  députés. 

Les  corps  et  corporations  se  réunirent  les  jours  suivants  (25,  26,  27, 
28  février  et  1er  mars).  Nous  possédons  les  procès- verbaux  de  trois  de 
ces  assemblées,  celle  des  apothicaires,  celle  des  cabaretiers,  aubergistes, 
cafetiers  et  limonadiers,  et  celle  des  perruquiers;  ils  sont  transcrits 
sur  les  registres  de  ces  corporations  <3).  Il  ne  semble  pas  que  ces 
assemblées  aient,  comme  dans  certaines  villes,  rédigé  des  cahiers  de 
doléances  ;  en  effet,  il  n'est  fait  mention  de  la  rédaction  de  ces  cahiers, 
ni  dans  l'ordonnance  municipale  que  nous  venons  de  publier,  ni 
dans  les  lettres  écrites  par  le  corps  municipal  aux  corporations,  ni 


(*)  Registre  des  délibérations  municipales.  21  fév.  1789,  Arch.  comm.  Blois, 
BB  33. 

(*)  La  liste  que  nous  reproduisons  diffère  cependant  de  celle  dont  nous  parlons 
ici  par  l'addition  de  deux  corporations  qui  ne  figurent  pas  sur  cette  première 
liste  :  celle  des  fondeurs  et  balanciers,  et  celle  des  huissiers  qui  fut  ajoutée  à  la 
suite  de  l'incident  suivant  qui  montre  qu'on  ne  pouvait  savoir  avec  précision  si 
tel  groupe  d'individus  remplissant  les  mêmes  fonctions  formait  ou  non  une  cor- 
poration. 

Le  28  février,  les  sieurs  Argy-Chatillon  et  Lefauvre,  huissiers,  se  présentèrent  à 
l'assemblée  du  corps  municipal  et  déclarèrent  qu'ils  formaient  communauté  avec 
les  autres  huissiers  de  la  ville,  qu'ils  avaient  plaidé  en  parlement  comme  commu- 
nauté et  qu'ils  auraient  dû  être  convoqués  comme  corporation.  Il  leur  fut  répondu 
«  que,  sans  examiner  quant  à  présent  si  les  huissiers  sont  communauté  ou  non, 
ils  auraient  dû  faire  leurs  représentations  avant  le  26  de  ce  mois,  jour  auquel  ils 
ont  voté  ou  dû  voter  [à  l'assemblée  des  bourgeois  n'appartenant  à  aucune  corpo- 
ration] ».  Mais  deux  députés  des  huissiers,  les  sieurs  Argy-Chatillon  et  Métivier, 
s'étant  de  nouveau  présentés  le  jour  même  de  l'assemblée  générale  du  Tiers  état, 
la  municipalité,  «  considérant  que  le  nombre  des  représentants  ne  peut  jamais 
être  trop  considérable,  reconnaissant  d'ailleurs  d'après  l'examen  que  les  huissier* 
forment  communauté  et  qu'ils  n'ont  point  voté  à  l'assemblée  du  26  »,  décida 
qu'ils  prendraient  séance  comme  les  autres  députés  (Reg.  de  délib.  municipales. 
28  fév.  et  2  mars  1789,  Arch.  coium.  Blois,  BB33.) 

<3)  Le  registre  des  apothicaires  appartient  à  M.  Belton  (à  Blois)  ;  celui  des  caba- 
retiers et  celui  des  perruquiers  se  trouvent  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  E  753 
et  E  761. 


CAHIER    DE   LÀ    VILLE   DE   BLOIS  9 

dans  les  procès  verbaux  de  corporations  que  nous  possédons  (rédigés 
d'après  la  formule  envoyée  par  la  municipalité),  ni  dans  rassemblée 
des  députés  des  corporations  et  autres  bourgeois  de  la  ville  dont  nous 
parlerons  plus  loin. 
Voici  la  liste  de  ces  différentes  corporations  et  de  leurs  députés  <*)  : 

Présidial  :  Turpin,  lieutenant  criminel  ;  Fourré,  avocat  du  roi. 
Maréchaussée  :  de  la  Bourdonnois,  lieutenant  de  maréchaussée  ; 
Touzard,  assesseur. 
Élection  :  Fesneau,  lieutenant  en  l'élection  ;  Leddet,  conseiller. 
Eaux  et  Forêts  :  Fleury,  procureur  du  Roi  ;  Ferrand,  greffier. 
Grenier  h  sel  :  Bellenoue,  président  ;  Ditely,  procureur  du  Roi. 
Avocat  :  Pardessus,  bâtonnier  ;  Bellenoue-Villiers. 
Notaires  :  Le  Fèvre,  syndic  ;  Jousselin. 
Procureurs  :  Amyot,  syndic  ;  Camelin. 
Huissiers  :  Argy-Chatillon  ;  Métivier. 
Chirurgiens  :  Hadou,  lieutenant;  Bourguignon. 
Apothicaires  :  Baignoux-Gaultron. 
Merciers,  drapiers,  etc.  :  Desfray  l'afné. 
Epiciers  :  Lemaignen  l'aîné. 
Orfèvres,  horlogers  :  Trinquart  père. 

Bonnetiers,  chapeliers,  pelletiers,  foureurs  :  Métivier-Massot. 
Tailleurs,  fripiers,  Talbert  père. 
Cordonniers  :  Leroux. 
Boulangers  :  Roger. 
Bouchers,  charcutiers  :  Ouzou-Vallée. 
Traiteurs,  rôtisseurs,  pâtissiers  :  Gréchat. 
Serruriers,  maréchaux,  taillandiers,  etc.  :  Séguin  père. 
Perruquiers  :  Biou. 

Cabaretiers,  aubergistes,  cafetiers,  limonadiers  :  Sauvageau. 
Maçons,  couvreurs,  plombiers,  paveurs,  etc.  :  Blanchet  le  jeune. 
Charpentiers  et  autres  constructeurs  en  bois  :  Dabin  le  jeune. 
Tonneliers,  menuisiers,  boisseliers  :  Thomain. 

<*)  Reg.  de  délib.  municipales.  2  mars  1789,  Arch.  corn  m.  Bloîs,  BB  33.  Les 
corporations  de  marchands  et  celle  des  perruquiers,  qui  n'étaient  représentées  que 
par  un  député,  prétendaient  cependant  devoir  en  nommer  deux.  Lors  de  l'assem- 
blée générale  du  Tiers  état  de  la  ville,  le  corps  municipal  dut  en  effet  «  donner 
acte  aux  députés  des  six  corps  de  marchands  et  au  syndic  des  perruquiers  de  leur 
protestation  que  leur  comparution  par  un  seul  député  ne  pourra  préjudicier  aux 
droits  qu'ils  prétendent  avoir  d'en  nommer  deux  ».  (Reg.  de  délib.  municipales. 
2  mars  1789,  Àrch.  comm.  Blois,  BB  33.) 

1. 


10  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Couteliers,  armuriers,  fourbisseurs  :  Huau  père. 

Fondeurs,  balanciers,  etc.  :  Bernard  Lannés. 

Tapissiers,  miroitiers  :  Girard  père. 

Selliers,  bourreliers,  charrons  :  Sylvestre  Avrillon. 

Tanneurs,  corroyeurs,  peaussiers,  mégissiers  :  Pajon  Chambeaudière. 

Pêcheurs  :  Barthélémy  Baignon. 

D'autre  part,  le  26  février,  à  huit  heures  du  matin,  l'assemblée  des 
habitants  qui  n'appartenaient  à  aucun  corps  se  tint  dans  l'église  des 
Jacobins,  où  la  municipalité  s'était  rendue  «  avec  la  pompe  et  les  céré- 
monies pratiquées  lorsque  la  ville  se  déplace  et  marche  en  public  »  O. 
Les  présents  étaient  au  nombre  de  174.  Les  députés  élus  furent  : 

Jacques  Touzard,  procureur  du  Roi  à  l'hôtel  de  ville  (*). 
Paul  Boesnier  de  Lorme,  maître  particulier  honoraire  des  eaux  et 
forêts  O). 
Pierre  Paul  Boesnier,  maire. 
Jean  Martin  Gelhay,  avocat  en  parlement. 

Le  2  mars,  tous  ces  députés  comparurent  devant  le  corps  munici- 
pal (*),  sauf  Després  de  la  Bourdonnais  et  Pajon  de  Chambeaudière 
qui  firent  défaut.  Us  se  divisèrent  en  cinq  bureaux  qui,  pendant  six 
jours  vaquèrent  à  la  rédaction  du  cahier  de  doléances.  Le  7  mars,  ils 
procédèrent  à  l'élection  des  dix  députés.  Furent  élus  : 

Fourré,  avocat  du  Roi  ; 
Turpin  <5>,  lieutenant  criminel  ; 

U)  Reg.  de  délib.  municipales.  26  fév.  1789,  Arch.  comm.  Blois,  BB  33. 

W  Jacques  Touzard  se  trouvait  donc  à  la  fois  député  de  la  maréchaussée  et  des 
habitants  n'appartenant  à  aucun  corps. 

W  Boesnier  de  Lorme,  auteur  de  plusieurs  ouvrages  sur  l'économie  politique 
et  la  morale,  était  ancien  maire  de  Blois  et  membre  de  l'assemblée  provinciale  de 
l'Orléanais  et  de  sa  commission  intermédiaire. 

W  Le  lieutenant  général  et  le  procureur  du  Roi  du  bailliage  avaient  émis  la  pré- 
tention de  présider  cette  assemblée.  «  Le  cas  d'assemblées  pour  nommer  des 
députés  relativement  aux  États  généraux,  écrivaient-ils  &  Necker,  n'est  point 
exprimé  et  ne  pouvait  l'être  ni  dans  l'édit  bursal  de  1771,  ni  dans  les  deux  arrêts 
du  conseil  [du  11  décembre  1784  et  du  2  décembre  1786],  puisqu'on  était  bien  éloi- 
gné alors  de  prévoir  ce  cas...  :  le  bailli  de  Blois  ou  son  lieutenant  n'est  donc  point 
dépouillé  par  aucune  loi,  ni  même  par  aucun  règlement  quelconque,  du  droit 
antique  et  exercé  depuis  environ  cinq  cents  ans  de  présider  les  assemblées  de 
ville  en  ce  qui  a  rapport  aux  États  généraux  ».  {Lettre  du  11  février  1789.)  «  Je 
ne  puis  vous  dissimuler,  répondit  Necker,  que  cette  prétention  est  combattue  à  la 
fois  et  par  le  dernier  état  de  choses  et  par  les  dispositions  formelles  du  règlement 
du  24  janvier  dernier  ».  (Arch.  nat.,  BA  22,  plaquette  2.) 

W  Turpin  fut  un  des  quatre  députés  du  Tiers  aux  États  généraux. 


CAHIER   DE   LA   VILLE   DE  BL01S  11 

Martin,  marchand  de  soie  ; 

Boesnier  de  Lorme,  maître  particulier  honoraire  des  eaux  et  forêts; 

Desfray,  marchand  ; 

Leddet,  conseiller  à  l'élection  ; 

Jousselin,  notaire  ; 

Fleury,  procureur  du  Roi  des  eaux  et  forêts; 

Hadou,  lieutenant  du  premier  chirurgien  du  Roi  ; 

Camelin,  procureur. 

Nous  possédons  le  procès  verbal  de  cette  assemblée  en  double  exem- 
plaire, l'un  conservé  aux  archives  de  Loir-et-Cher  (série  B  non  inven- 
toriée), l'autre  transcrit  sur  le  registre  de  délibérations  municipales 
(Arch.  comm.  Blois,  BB  33,  2  mars  1789).  L'un  et  l'autre  portent 
les  signatures  des  officiers  municipaux  et  celles  des  députés  présents 
(sauf  celles  de  Ferrand,  Bourguignon  et  Baignoux-Gaultron  sur  le  pre- 
mier, celles  de  Ferrand  et  de  Baignoux-Gaultron  sur  le  second). 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  que  le 
Tiers  étal  de  la  ville  de  Blois  entend  faireà  Sa  Majesté, 
ensemble  des  moyens  qu'il  croit  pouvoir  subvenir  aux 
besoins  de  Y  État  et  à  tout  ce  qui  peut  intéresser  la 
prospérité  du  Royaume  et  celle  des  sujets  de  Sa  Majesté. 

Lois  constitutionnelles.  —  Le  Tiers  état  de  la  ville  de 
Blois  assemblé  en  l'hôtel  commun  a  délibéré  d'autoriser  ses 
députés  à  demander  : 

Que  la  formation  des  États  généraux  reçoive  une  forme 
constitutionnelle  telle  que  le  Tiers  état  ait  toujours  un  nom- 
bre de  représentants  au  moins  égal  à  celui  des  deux  pre- 
miers ordres  réunis. 

Que  la  formation  des  États  généraux  du  vingt-quatre  jan- 
vier 1789  pour  devenir  constitutionnelle  soit  réformée  et 
éclaircie  : 

Réformée  à  ce  que  dans  aucun  cas  les  nobles  ne  puissent 
représenter  dans  le  Tiers  état  ; 


12  BAILLIAGE   DE   6L01S 

Éclaircie  dans  l'article  26,  afin  de  mieux  distinguer  les 
corporations  (*),  et  enfin  sur  la  question  de  savoir  si  d'après 
l'article  30  qui  donne  aux  officiers  municipaux  autant  de 
voix  que  d'individus,  il  faut  entendre  autres  que  les  maire 
et  échevins  W. 

Que  la  votation  par  tète  soit  déclarée  constitutionnelle. 

Que  la  tenue  des  Etats  généraux  ait  un  retour  périodique 
de  cinq  ans  en  cinq  ans,  et  cependant  qu'attendu  la  multi- 
plicité des  abus  à  réformer,  le  retour  premier  en  soit  fixé  à 
trois  ans. 

Qu'il  soit  créé  et  institué  dans  chaque  province  du  Royaume 
des  États  provinciaux  à  l'instar  et  sur  le  modèle  des  États  du 
Dauphiné. 

Que  la  loi  antique,  que  nul  impôt  ne  peut  être  assis  sur  la 
Nation  sans  son  consentement  exprimé  par  les  États  géné- 
raux, soit  de  nouveau  sanctionnée  et  constitutionnelle. 

Que  tout  impôt  actuellement  perçu  sans  ce  consentement 
soit  réputé  non  avenu,  et  cependant  toléré  dans  sa  percep- 
tion jusqu'au  1er  janvier  1791  ou  tel  autre  terme  qui  sera 
jugé  convenable;  [les  députés  sont  autorisés]  à  consentir 
la  création  et  perception,  à  compter  de  la  même  époque, 
des  impôts  qu'ils  croiront  nécessaires  aux  besoins  de  l'État, 
pour  être  perçus  seulement  jusqu'au  retour  des  premiers 
États  généraux  ;  mais  qu'avant  d'en  consentir  aucun,  les 
États  généraux  prennent  la  connaissance  la  plus  exacte  de 
la  dette  nationale  et  des  charges  annuelles  nécessaires  pour, 


(*)  Cette  demande  fut  sans  doute  motivée  par  l'incident  que  nous  avons  rapporté 
au  sujet  de  la  corporation  des  huissiers  (Cf.  p.  8,  noté  2).  Peut-être  aussi  visait- 
elle  le  passage  de  cet  article  qui  fixe  à  deux  pour  cent  individus  et  au-dessous  le 
nombre  des  députés  que  devaient  nommer  les  corporations  de  négociants,  tandis 
que  les  corporations  d'arts  et  métiers  ne  devaient  en  nommer  qu'un  seul.  La  dis- 
tinction manquait  de  précision,  et  c'est  probablement  sur  cet  article  que  s'ap- 
puyaient les  corporations  de  marchands  de  la  ville  qui  prétendaient  devoir  nom- 
mer deux  députés  (Cf.  p.  9,  note  1). 

(2)  Le  terme  d'officier  municipal  n'avait  pas,  en  effet,  une  signification  bien 
déterminée  ;  il  s'agissait  de  savoir  si,  à  Blois,  les  assesseurs  et  le  procureur  du 
roi  devaient  être  considérés  comme  officiers  municipaux.  En  fait,  ces  derniers 
assistèrent  à  l'assemblée,  signèrent  le  procès-verbal  et  prirent  sans  doute  part  au 
vote. 


CAHIER    DE   LÀ    VILLE   DE    BL01S  13 

d'après  connaissance,  déterminer  la  somme  totale  à  imposer 
sur  la  Nation. 

Qu'il  soit  reconnu  pour  principe  que  toutes  les  propriétés 
ecclésiastiques  appartiennent  à  la  nation  et  l'usufruit  seule- 
ment au  clergé. 

Qu'en  ce  qui  concerne  la  liberté  des  citoyens,  elle  leur 
demeure  constitutionnellement,  et  qu'à  cet  effet  elle  ne 
puisse  leur  être  enlevée  que  par  autorité  de  justice  ou  dans 
le  cas  de  flagrant  délit. 

Qu'en  cas  de  détention  par  toute  autre  autorité,  les  causes 
en  soient  signifiées  dans  les  trois  jours  au  détenu,  et  que  s'il 
requiert  que  son  procès  lui  soit  fait,  il  soit  instruit  sans  délai 
par  les  juges  ordinaires  et  non  par  aucune  commission  ;  qu'il 
soit  néanmoins  au  pouvoir  du  Roi  de  refuser  au  détenu  l'ins- 
truction de  son  procès,  dans  le  cas  où  sa  famille  assemblée 
au  nombre  de  douze  des  plus  proches  parents  l'en  suppliera. 

Que  de  cette  loi  générale  soient  exceptés  les  enfants  mi- 
neurs mis  en  maison  de  correction  par  leur  père  ;  s'ils  n'ont 
que  leur  mère,  qu'ils  puissent  être  renfermés  dans  ces  mai- 
sons sur  l'avis  de  leur  mère  et  celui  de  sept  de  leurs  plus 
proches  parents  paternels  assemblés  devant  le  juge,  sans 
qu'il  soit  besoin  d'énoncer  dans  l'acte  les  causes  de  la  déter- 
mination des  parents,  ni  de  recourir  à  l'autorité  du  Roi,  lais- 
sant à  la  prudence  des  parents  de  proroger  sa  détention  jus- 
qu'à l'âge  de  majorité  seulement  ou  d'abréger  le  temps  de 
sa  détention  ; 

Et  s'ils  n'ont  ni  père,  ni  mère,  qu'ils  puissent  être  mis  dans 
ces  maisons  sur  l'avis  de  dix  parents  moitié  paternels,  moitié 
maternels. 

Que  l'inamovibilité  des  offices,  sauf  le  cas  de  forfaiture, 
soit  déclaré  constitutionnelle. 

Que  toute  loterie  soit  supprimée,  et  que  tout  moteur  ou 
courtier  de  loterie  clandestine  soit  dénoncé  et  puni. 

Que,  pour  subvenir  aux  immenses  et  pressants  besoins  de 
l'État,  les  États  généraux  consentent  l'aliénation  des  do- 
maines fonciers  utiles  et  mouvances  censuelles  ;    qu'à  cet 


14  BAILLIAGE   DE  BL01S 

effet,  le  Roi  rentre  dans  tous  ses  domaines  aliénés,  engagés 
ou  échangés  depuis  quarante  ans,  dont  les  échanges  n'au- 
ront pas  reçu  leur  sanction  légale  ou  qui  seraient  frappés  de 
lésion,  pour  être  lesdits  domaines  vendus  en  toute  propriété 
à  prix  d'argent  au  plus  offrant,  avec  l'exemption  de  francs 
fiefs,  à  la  seule  charge  de  la  foi  et  hommage  des  acquéreurs 
envers  le  Roi,  et  le  prix  d'iceux  être  employé  d'abord  en 
remboursement  des  finances  des  engagistes  et  le  surplus  [à 
l'acquittement]  de  la  dette  nationale. 

Que  la  loi  de  l'inaliénabilité  des  domaines  soit  de  nouveau 
déclarée  constitutionnelle  en  ce  qui  touche  les  mouvances 
féodales  et  les  forêts  (*)  ;  qu'en  conséquence  tout  échange 
de  ces  parties  de  domaine  soit  à  jamais  proscrit  comme  pré- 
judiciable à  l'État,  tant  au  fond  que  dans  la  forme. 

Qu'il  soit  pris  les  mesures  les  plus  convenables  pour  assu- 
rer la  conservation  de  ces  deux  parties  de  domaine  précieux 
dans  la  main  du  Roi. 

Que  les  biens,  servant  de  dotation  et  fondation  aux  mai- 
sons des  gens  de  main-morte  dont  on  aura  prononcé  la  sé- 
cularisation, soient  vendus  en  toute  propriété  à  prix  d'argent 
au  plus  offrant,  à  l'exception  cependant  de  ceux  de  ces  biens 
dont  la  donation  n'aura  été  faite  qu'avec  la  condition  ex- 
presse qu'en  cas  d'extinction  de  la  maison  dotée,  les  biens 
retourneront  aux  donateurs  et  fondateurs. 


(*)  Cette  demande  était  motivée  par  la  cession  qui  avait  été  faite  en  1785,  au 
comte  d'Espagnac,  de  la  moitié  de  la  forêt  de  Russy  (à  4  kil.  sud  de  Blois)  et  d'un 
grand  nombre  d'autres  domaines,  en  échange  du  comté  de  Sancerre  dont  la  valeur 
était  bien  inférieure.  Cette  affaire  causait  un  grand  émoi  dans  la  région.  Le  mode 
d'exploitation  entrepris  par  le  nouveau  propriétaire  était,  parait-il,  désastreux,  ce 
qui  amena  de  vives  protestations  de  la  part  de  la  maîtrise  des  eaux  et  forêts  ; 
d'autre  part,  la  ville  de  Blois  avait  fait  rédiger  un  mémoire  pour  être  présenté  à 
la  commission  chargée  de  cette  affaire  et,  sur  son  conseil,  les  paroisses  voisines 
de  la  forêt  adressèrent  une  requête  à  l'assemblée  de  département.  Heureusement 
l'échange  n'était  pas  définitivement  consommé  au  moment  de  la  Révolution,  et  il 
fut  annulé.  (Cf.  Réponse  de  M.  Fleury  [procureur  du  Roi  en  la  maîtrise  des  eaux 
et  forêts]  au  mémoire  du  sieur  d'Espagnac.  Bibl.  de  Blois,  Ms.  100.  —  Reg.  des 
délib.  municipales,  9  et  16  fév.  1788,  Arch.  comm.  Blois,  BB  33,  et  13  fév.  1788, 
ld.%  BB  31.  —  Reg.  des  procès-verbaux  de  l'ass.  de  département.  Arch.  dép.  Loir- 
et-Cher,  C  4,  f°  24  r°.  —  Bergevin  et  Dupré,  ouvr.  cité,  t.  i,  p.  590.  —  Dr  Le- 
sueur,  ouvr.  cité.) 


CAHIER   DB    LA    VILLE   DE   BLOIS  15 

Que  le  prix  de  ces  biens  soit  versé  au  trésor  royal  pour 
être  employé,  d'abord  à  l'acquittement  des  dettes  de  la  mai* 
son  dont  ils  dépendent,  2°  à  fournir  les  sommes  nécessaires 
aux  collèges,  hôpitaux,  maisons  de  correction,  enfants  trou- 
vés, maladreries  pour  les  épileptiques  sans  biens  de  Fun 
et  de  l'autre  sexe,  et  le  surplus  à  l'acquit  de  la  dette  pu- 
blique. 

Que  la  comptabilité  et  reponsabilité  des  ministres  soit 
prononcée  ;  que  la  tolérance  en  matière  de  religion  soit  plu- 
tôt étendue  que  resserrée. 

Que  rassemblée  de  la  Nation  s'occupe  de  la  question  de 
savoir  s'il  ne  serait  pas  utile  d'éteindre  la  féodalité. 

Qu'il  soit  établi  dans  chaque  ville  du  royaume  un  dépôt 
pour  recevoir  les  enfants  trouvés  et  un  bureau  pour  son  ad- 
ministration. 

Qu'il  soit  pareillement  établi  dans  chaque  ville  chef -lieu 
de  généralité  un  dépôt  général  pour  les  reversements  des  dé- 
pôts particuliers. 

Clergé.  —  Que  les  ordres  religieux  qui  ne  paraissent  pas 
nécessaires  pour  Tordre  du  culte  public  et  l'instruction 
soient  détruits  et  supprimés  par  des  moyens  qui  ne  soient 
opposés  ni  à  l'esprit  de  religion,  ni  à  l'esprit  de  justice. 

Que  les  biens  des  maisons  supprimées  soient  vendus,  le 
prix  en  provenant  distribué  et  employé  comme  il  a  été  de- 
mandé au  chapitre  ci-dessus. 

Qu'il  en  soit  de  môme  à  l'égard  des  abbayes  et  autres  bé- 
néfices ecclésiastiques  que  Ton  jugerait  à  propos  de  suppri- 
mer. 

Que,  les  biens  du  Clergé  soient  assujettis  aux  impôts  com- 
me ceux  des  autres  citoyens. 

Noblesse.  —  Que,  laissant  à  la  Noblesse  les  distinctions 
honorifiques  qui  lui  sont  dues,  le  Tiers  état  soit  cependant 
admis  aux  dignités  ecclésiastiques  et  au  service  militaire. 

Que  la  Noblesse  supporte  tous  les  impôts  et  charges  publi- 
ques indifféremment  et  sans  distinction  avec  le  Tiers  état. 


16  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Administration  de  la  justice  W.  —  Que  tous  les  impôts 
et  droits  sous  quelque  dénomination  qu'ils  soient  établis 
ou  perçus  surles  procédures,  jugements,  sentences  et  arrêts, 
soient  et  demeurent  supprimés,  de  manière  qu'il  ne  s'en 
lève  pas  plus  dans  les  justices  royales  que  dans  celles  des 
seigneurs.  Et,  dans  le  cas  où  les  besoins  actuels  de  l'État  ne 
permettraient  pas  dès  à  présent  cette  supression  totale,  que 
tous  ces  impôts  et  droits  soient  convertis  en  un  seul  sous  le 
nom  de  contrôle,  émoluments  ou  sceau,  qui  sera  déterminé 
par  les  sommes  ou  valeurs  qui  feront  l'objet  de  la  condam- 
nation, sauf  dans  les  matières  de  commerce  où  il  ne  sera 
perçu  que  trente  sols  sur  les  sentences  jusqu'à  mille  livres 
et  trois  livres  sur  celles  au-dessus. 

Qu'il  sera  établi  des  sièges  présidiaux  dans  tous  les  sièges 
de  chefs-lieux  de  coutume  où  il  n'y  en  aurait  pas. 

Que  les  autres  présidiaux  soient  et  demeurent  supprimés, 
rerois  en  simples  bailliages  ressortissant  pour  les  cas  de  Té- 
dit  aux  bailliages  les  plus  voisins. 

Que  les  bailliages  royaux  actuellement  établis  y  ressortis- 
sent  de  même. 

Que  la  compétence  des  présidiaux  soit  portée  à  la  somme 
de  6,000  francs  en  toute  matière,  et  rétablissant  l'ancienne 
maxime  que  toutes  les  juridictions  sont  de  droit  public, 
qu'il  ne  soit  plus  besoin  de  juger  préalablement  la  compé- 
tence présidiale  à  moins  qu'elle  ne  soit  contestée,  et  dans  le 
cas  où  il  y  aurait  appel  du  jugement  qui  l'aurait  décidée, 
l'appel  en  soit  porté  au  Conseil  du  Roi. 

Que  le  ressort  soit  rendu  aux  présidiaux  pour  le  cas  de 
l'édit  seulement  sur  les  pairies  en  démembrées,  ainsi  que  sur 
les  sièges  qui  en  ont  obtenu  la  distraction  (2). 


(*.)  L'importance  de  ce  chapitre  s'explique  par  le  nombre  de  magistrats  apparte- 
nant à  l'assemblée  qui  rédigea  ce  cahier,  parmi  lesquels  on  comptait  quelques 
juristes  distingués  comme  Fourré,  le  commentateur  de  la  coutume  de  Blois. 

(*)  Cet  article  concerne  les  justices  de  la  duché-pairie  de  Saint-Aignan  et  des  mar- 
quisats de  Menars  et  d'IIerbault-en-Beauce,'dont  les  appels  «  ressortissaient  nuement 
au  parlement  [de  Paris]  même  au  premier  chef  de  l'édit  des  présidiaux  ».  (Fourré, 
Coutumes  générales  du  pays  et  comté  de  Blois ,  Blois,  Masson;  1777,  in -4°,  p.  29,  note). 


CAHIER   DE    LA    VILLE   DE    BLOIS  17 

Que,  pour  éviter  les  frais  du  transport  des  prisonniers  sur 
Tappel  aux  cours,  les  présidiaux  jugent  en  matière  criminelle 
présidialement  et  en  dernier  ressort  les  cas  ordinaires,  quand  la 
condamnation  [ne]  portera  pas  la  peine  de  mort  et  celle  de 
galères  perpétuelles,  l'appel  aux  cours  réservé  dans  ces 
derniers  cas,  lequel  appel  n'aura  lieu  dans  les  cas  présidiaux 
établis  par  les  ordonnances  ;  que  la  peine  du  bannissement 
à  temps  soit  commuée  en  telle  autre  que  la  sagesse  du  Roi 
pourra  y  suppléer. 

Que  les  bailliages  royaux  puissent,  au  nombre  de  trois 
juges,  juger  en  dernier  ressort  jusqu'à  la  somme  de  deux 
cents  livres,  et  les  pairies  et  justices  seigneuriales  jusqu'à  la 
somme  de  25  1.,  auquel  cas  du  dernier  ressort  le  juge  sera 
gradué,  accompagné  d'un  gradué,  ou  remplacé  par  un  gradué. 

Que  toutes  les  justices  sous-inféodées  et  qui  ne  relèvent 
pas  directement  d'un  siège  royal  soient  et  demeurent  suppri- 
mées, ou  que  du  moins  les  appels  de  chacune  de  ces  justices 
se  portent  de  droit  et  directement  au  siège  royal,  sans  être 
obligés  de  passer  par  les  différents  degrés  intermédiaires. 

Que  toutes  les  justices  seigneuriales  établies  dans  les  villes, 
faubourgs  et  banlieues  des  villes  où  il  y  a  siège  royal,  seront 
et  demeureront  supprimées  et  l'exercice  de  ces  justices  réuni 
aux  sièges  royaux  desdites  villes  M. 

Que  l'attribution  accordée  au  scel  des  chatelets  soit  sup- 
primée, ainsi  que  les  droits  de  commitlimushovs  la  province 
de  ceux  en  faveur  desquels  ils  ont  été  accordés. 

Que  la  connaissance  des  contestations  sur  la  perception 
des  impôts  soit  reportée  aux  tribunaux  d'attribution  qui  en 
doivent  connaître,  dérogeant  à  cet  égard  à  tous  les  édits  ou 
règlements  qui  attribuent  la  connaissance  de  certains  droits 

(»)  Cet  article  s'appliquait  particulièrement  à  Blois  et  à  sa  banlieue  où  il  y  avait 
plusieurs  justices  seigneuriales,  celle  deSaint-Lomcr  qui  s'étendait  sur  les  paroisses 
de  Saint-Nicolas  et  de  Saint-Saturnin,  celle  de  la  chapellenie  et  châtellenie  des 
Granges  sur  la  paroisse  Saint-Honoré,  celle  de  Saint-Jean-en-Grève  dans  le  faubourg 
Saint-Jean  et  le  Haut-Bourg.  Les  justices  de  Saint-Lomer  et  de  Saint-Jcan-en- 
Grève  étaient  possédées  par  l'évéque  depuis  la  réunion  de  ces  deux  bénéfices  à  la 
mense  épiscopale. 


18  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

soil  au  Conseil  du  Roi,  soit  aux  commissaires  départis  dans 
les  provinces,  le  tout  sauf  l'appel  aux  cours,  et  que,  dans  le 
cas  où  il  y  aurait  lieu  de  se  pourvoir  en  cassation  contre  les 
arrêts  desdites  cours,  le  Conseil  du  Roi  ne  puisse  statuer  que 
sur  les  moyens  de  cassation  et  soit  tenu  de  renvoyer  à  une 
autre  cour  pour  juger  le  fond. 

Qu'il  soit  fait  un  travail  pour  enlever  aux  instrumentales 
les  moyens  de  proroger  la  durée  des  procès  et  d'en  augmen- 
ter les  frais  :  que,  pour  y  parvenir,  la  procédure  soit  simplifiée 
le  plus  possible,  et  surtout  celle  sur  les  partages,  licitations 
et  saisies  réelles. 

Que  le  nombre  des  cavaliers  de  maréchaussée  soil  aug- 
menté au  moins  de  moitié  suivant  le  besoin  pressant  qu'en 
ont  les  provinces;  qu'ils  soient  autorisés,  que  même  ils  soient 
assujettis  à  donner  en  matière  criminelle  toutes  assignations 
dans  les  procès  des  juridictions  ordinaires,  comme  ils  le  font 
dans  ceux  de  la  juridiction  prévôtale,  soit  par  la  voie  de 
leur  correspondance  ordinaire  qui  ne  coûterait  rien  au  do- 
maine, soit  autrement. 

Qu'il  soit  procédé  à  la  suppression  des  différents  offices 
tels  que  ceux  des  jurés  priseurs  vendeurs  de  meubles  créés 
par  édit  de  1771,  des  commissaires  aux  saisies  réelles  et  des 
receveurs  des  consignations  ;  et,  dans  le  cas  où  les  besoins 
de  l'État  ne  permettraient  pas  le  remboursement  de  tous  ces 
offices  et  que  ce  motif  en  empêchât  la  suppression  pour  le 
moment,  qu'au  moins  les  jurés  priseurs  vendeurs  de  meu- 
bles soient  réduits  pour  l'intérêt  de  leur  finance  à  la  percep- 
tion des  quatre  deniers  pour  livre. 

Que  les  juges  des  seigneurs  ne  puissent  être  destitués  à 
volonté,  soit  qu'ils  soient  pourvus  à  titre  onéreux  ou  gratuit, 
mais  seulement  par  forfaiture  instruite  et  jugée  dans  le  bail- 
liage royal  où  ressortit  la  juridiction. 

Que  toutes  contraventions  aux  règlements  de  police  d'ad- 
ministration soient  jugées  par  les  juges  naturels  des  lieux 
suivant  la  nature  du  délit,  sans  qu'aucune  attribution  puisse 
soustraire  le  contrevenant  à  son  juge. 


CAHIER   DE   LA   VILLE   DE   BL01S  19 

Qu'il  ne  soit  établi  aucune  commission  particulière  pour 
instruire  ou  juger  aucune  affaire  civile  ou  criminelle. 

Que  la  rigueur  du  code  des  chasses  soit  modérée. 

Qu'il  soit  pourvu  à  la  conservation  des  minutes  des  notaires 
de  campagne,  et  que  les  seigneurs  ne  puissent  s'en  rendre 
maîtres  et  les  déposer  à  leur  chartrier. 

Tailles  et  Vingtièmes.  —  Que  les  tailles  et  les  vingtièmes 
soient  supprimés  pour  ne  former  qu'un  seul  impôt  qui 
sera  réparti  également  sur  toutes  les  propriétés  nobles, 
ecclésiastiques  et  roturières  W. 

Corvée.  —  Que  la  corvée  qui  ne  frappe  que  sur  les 
taillables  et  non  privilégiés  des  villes  soit  répartie  sur  tous 
les  privilégiés,  nobles,  ecclésiastiques  et  roturiers,  au  marc 
la  livre  des  impositions  W. 

Vingtièmes  d'industrie  et  Capitation.  —  Que  le  ving- 
tième d'industrie  et  la  capitation  soient  représentés  dans  un 
seul  impôt  personnel  qui  frappera  sur  tous  les  habitants  des 
villes,  nobles,  ecclésiastiques,  privilégiés  et  habitants  des 
campagnes. 

Gabelles.  —  Que  les  gabelles  soient  supprimées,  et  en 
remplacement  proposer  un  droit  sur  le  fond  de  la  saline,  et 
l'autre  partie,  par  forme  de  capitation,  sur  tous  les  sujets 
indistinctement  des  différentes  provinces.  Les  députés  pro- 
poseront de  rétablir  la  culture  du  tabac  dans  les  provinces 


(*)  Rappelons  que  les  habitants  de  Blois  jouissaient  de  la  franchise  des  tailles. 
Il  y  avait  donc  de  leur  part  un  certain  libéralisme  à  demander  le  remplacement  de 
cet  impôt  auquel  ils  n'étaient  pas  soumis  par  un  autre  également  réparti  sur  tous 
les  propriétaires. 

(2)  A  la  vérité,  quand  la  corvée  fut  en  1787  remplacée  par  une  prestation  en 
argent,  la  ville  de  Blois  avait  d'abord  vivement  protesté  au  nom  de  ses  anciennes 
franchises  contre  l'obligation  de  participer  à  ce  nouvel  impôt.  Ce  n'est  que  con- 
traints de  l'accepter  que  les  habitants,  «  pénétrés  de  la  plus  vive  douleur  de  la 
perte  de  leurs  privilèges  qui  prennent  leur  source  dans  leur  fidélité»,  se  soumirent 
à  la  volonté  royale,  mais  en  demandant  que  les  privilèges  de  la  Noblesse  et 
du  Clergé  ne  soient  pas  plus  que  les  leurs  respectés  dans  cette  circonstance. 
(Cf.  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  24.  Lettre  de  la  municipalité  de  Blois  à  Necker, 
17  déc.  1788.) 


20  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

propres  à  cette  culture  et  de  percevoir  un  impôt  sur  les 
terres  employées  à  cette  production. 

Aides.  —  Que  les  aides  soient  entièrement  supprimées 
comme  destructives  des  propriétés,  arbitraires  dans  la  per- 
ception, vexatoires  et  préjudiciables  au  commerce  ;  propo- 
ser en  remplacement  un  droit  à  percevoir,  moitié  sur  les 
vignes,  champs  de  pommiers  et  de  houblon,  et  moitié  sur 
toutes  les  villes  du  royaume  et  leurs  faubourgs  seulement, 
dont  les  municipalités  feront  elles  seules  la  perception. 

Droits  de  régie.  —  Que  tous  les  droits  perçus  par  la  régie 
générale  [soient  supprimés]  à  l'exception  des  droits  sur  l'or, 
l'argent,  le  fer,  les  cuirs  et  les  cartes,  pour  raison  des  quels 
les  députés  proposeront  l'abonnement. 

Traites.  -3-  Que  les  traites  soient  reculées  aux  frontières. 

Luxe.  —  Qu'il  soit  établi  un  impôt  sur  le  nombre  des 
domestiques,  des  chevaux,  des  voitures  et  des  enclos  dans 
les  villes  en  remplacement  des  droits  de  régie. 

Contrôle.  —  Que  les  droits  de  contrôle  soient  réduits 
comme  exorbitants  principalement  pour  la  classe  la  plus 
pauvre  des  citoyens  ;  que  ces  droits  soient  modérés  et 
établis  si  clairement  que  chaque  partie  connaisse  ce  qu'il 
doit  ;  que  cette  loi  soit  commune  aux  notaires  de  Paris  et 
des  provinces  abonnées. 

Insinuations.  —  Que  les  droits  d'insinuations  soient  ré- 
formés, modifiés  et  simplifiés  par  une  loi  claire  et  précise. 

Centième  denier.  —  Que,  [en  ce  qui  concerne]  le  cen- 
tième denier  dû  pour  les  successions  collatérales,  dona- 
tions, legs  ou  dons  mutuels,  les  préposés  à  ces  droits 
soient  tenus  de  donner  un  avertissement  gratis  avant  l'expi- 
ration des  délais. 

Franc-fief.  —  Que  le  franc-fief  soit  supprimé  comme 
inutile  et  infructueux  aux  besoins  de  l'État,  onéreux  à 
l'ordre  de  la  Noblesse  et  vexatoire  pour  le  Tiers  état. 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE    BLOIS  21 

Centième  denier  des  offices.  —  Que  le  centième  denier 
des  offices  soit  supprimé. 

Agriculture.  —  Chemins  de  traverse.  —  Pourvoir  à 
l'entretien  des  chemins  de  traverse,  dont  le  ïnauvais  état 
oblige  les  voituriers  et  les  animaux  à  passer  dans  les  terres 
cultivées. 

Dîmes,  rentes,  terragesy  banalités.  —  Que  les  dîmes 
tant  ecclésiastiques  qu'inféodées,  les  terrages,  les  rentes 
tant  en  grain  qu'en  argent  établies  sur  les  terres  et  sur  les 
maisons  et  les  banalités  de  toute  espèce  soient  déclarées 
remboursables  ;  fixer  le  taux  et  la  forme  du  remboursement. 
Les  droits  de  garenne  ouverte  [seront]  supprimés. 

Que  les  propriétaires  des  fuies  et  colombiers  soient  tenus 
de  les  fermer  à  l'approche  et  pendant  les  semailles  et  les 
récoltes. 

Terriers,  —  Que  les  droits  des  commissaires  à  terriers 
soient  astreints  à  de  justes  bornes. 

Population.  —  Qu'on  remette  en  vigueur  les  exemptions 
accordées  par  différents  édits  aux  pères  occupés  à  l'agricul- 
ture ou  aux  arts  et  métiers  de  huit  ou  dix  enfants  vivants, 
ni  prêtres,  ni  moines. 

Saisies.  -  Qu'on  déclare  insaisissables,  non  seulement 
les  bestiaux  et  les  meubles  aratoires,  mais  encore  tout  ce  qui 
est  absolument  nécessaire  à  la  subsistance  du  cultivateur  et 
à  la  régénération  des  fruits  indistinctement. 

Perception  de  l'impôt.  —  Si  on  ne  peut  supprimer  les 
impôts  existants  sur  les  terres,  qu'on  en  simplifie  la  percep- 
tion en  supprimant  les  receveurs  des  tailles  et  les  receveurs 
généraux  des  finances. 

Troupes.  —  Si  on  ne  peut  licencier  un  assez  grand  nombre 
de  militaires,  qu'on  leur  accorde  des  congés  de  semestre 
en  plus  grande  quantité  et  pour  un  plus  long  temps,  afin  de 
rendre  à  l'agriculture  des  bras  dont  elle  a  besoin. 


22  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Commerce.  —  Lois.  —  Hâter  la  réforme  de  l'ordonnance 
de  1673  sur  le  commerce. 

Banqueroutes.  —  Apporter  les  remèdes  efficaces  aux 
trop  fréquentes  banqueroutes. 

Emprisonnements.  —  Fixer  à  un  terme  la  détention  de 
ceux  qui  sont  emprisonnés  pour  dettes  civiles. 

Poids  et  mesures.  —  Établir  l'uniformité  des  poids  et 
des  mesures  du  commerce  tant  pour  les  solides  que  pour 
les  liquides. 

Colportage.  —  Que  le  colportage  soit  défendu,  même 
dans  les  lieux  où  il  n'y  a  pas  de  jurande,  non  seulement 
parce  qu'il  fatigue  le  commerce,  mais  encore  parce  qu'il 
n'est  que  le  passe-port  de  la  fraude  et  du  vagabondage. 

Consuls.  —  Qu'on  multiplie  le  plus  qu'on  pourra  les 
juridictions  consulaires  qui,  par  la  simplicité  de  leur  admi- 
nistration, favorisent  le  commerce. 

Subvention.  —  La  subvention  est  un  droit  minutieux  qui 
se  perçoit*  sur  le  prix  des  marchandises  et  qui  est  sujet  à 
beaucoup  d'inconvénients  ;  autoriser  la  réclamation  du 
commerce  qui  en  demande  l'abonnement. 

Prêt  à  intérêt.  —  Pour  favoriser  le  commerce  et  détruire 
l'usure,  permettre  le  prêt  à  intérêt  au  fur  de  l'ordonnance. 

Intérêts  particuliers  de  la  ville  de  Blois.  —  Les 
intérêts  particuliers  de  la  ville  de  Blois  exigent  :  1°  que 
le  régime  municipal  soit  rétabli  tel  qu'il  est  déterminé  par 
l'édit  de  1764  portant  règlement  pour  l'administration  inté- 
rieure des  villes  du  royaume  M  ;  2°  qu'il  y  ait  une  réparti- 

<!)  Cette  demande  est  assez  étonnante  à  cette  date,  l'arrêt  du  Conseil  du  2  dé- 
cembre 1786  ayant  à  peu  près  rendu  à  la  municipalité  les  droits  que  lui  recon-  | 
naissaient  les  6 dits  d'août  1764  et  de  mai  1765.  Seuls,  les  officiers  de  justice 
s'étaient  vu  en  1786  supprimer  leurs  anciennes  prérogatives  municipales  ;  en  effet, 
jusqu'en  1765,  le  lieutenant  général  du  bailliage  remplissait  les  fonctions  de  maire, 
et,  à  partir  de  cette  date,  malgré  la  création  de  l'office  de  maire,  il  conservait  le 
droit  de  présider  aux  assemblées  générales  de  la  ville,  et  le  procureur  du  roi  celui 
d'y  assister.  C'est  sans  doute  ce  qui  explique  cette  réclamation. 


CAHIER   DE   LA    VILLE   DE    BLOIS  23 

tion  égale  pour  le  logement  des  gens  de  guerre,  et  qu'aucune 
personne  ne  soit  exempte,  parce  que  ces  exemptions  sur- 
chargent la  classe  la  plus  indigente,  celle  cependant  qui 
mérite  le  plus  d'égards  ;  3°  que  la  charge  de  lieutenant  géné- 
ral de  police  soit  distraite  du  siège  présidial  de  Blois  (*), 
qu'elle  soit  exercée  par  un  seul  titulaire  sous  l'inspection  de 
quatre  commissaires  autres  que  des  huissiers;  que,  pour 
juger  des  contestations,  on  appellerait  deux  conseillers  du 
bailliage  qui  exerceraient  par  quartier  et  ad  turnum  ; 
4°  qu'il  soit  fait  un  règlement  général  pour  les  dimensions 
des  bois  merrains  <2>  destinés  à  la  fabrication  des  poinçons  et 
tonneaux;  5°  que  si  on 'supprime  les  droits  de  gabelles  et 
péages,  qu'on  indemnise  les  villes  des  revenus  qu'on  leur 
enlèvera  ;  la  municipalité  de  Blois  perdrait  les  trois  quarts 
de  son  revenu  si  on  supprimait  les  gabelles,  parce  qu'elle 
perçoit  3  francs  par  muid  de  sel  qui  passe  sous  le  pont  <3>, 
les  charges  municipales  ne  sont  déjà  que  trop  considérables 
et  leurs  revenus  trop  modiques;  6°  que  la  ville  demande  en 
particulier  l'inexécution  de  l'échange  de  moitié  de  la  forêt 
de  Russy  avec  le  comté  de  Sancerre  comme  lui  étant  très 
préjudiciable  <4>. 

Fait  et  arrêté  en  l'hôtel  de  ville  de  Blois  par  nous,  députés 
de  ladite  ville,  en  présence  de  MM.  Boesnier,  maire,  Butel, 
Girault-Tesnières,  échevins,  Gallais,  Simon  et  Martin,  con- 
seillers de  ladite  ville,  et  Touzard,  procureur  du  roi,  prési- 
dant ladite  assemblée,  le  7  mars  1789. 

Signé  :  Boesnier,  maire  <5>. 

0)  C'étaient  les  conseillers  du  présidial  qui  exerçaient,  ad  turnum,  pendant  trois 
mois,  la  charge  de  lieutenant  général  de  police. 

W  Bois  de  chêne,  débité  selon  les  fissures  qui  partent  du  cœur  de  l'arbre  et  em- 
ployé surtout  pour  faire  des  douves  de  tonneau. 

<*)  D'après  un  rapport  fait  par  quatre  commissaires  nommés  le  23  décembre  1765 
pour  examiner  la  situation  financière  de  la  ville   (Arch.    comm.   Blois,  BB  29, 
f°  125  r°),  cet  impôt  d'un   écu  par  muid  de  sel  passant   sous  le  pont  rapportait 
5,248  livres  ;  la  ville  jouissait,  en  outre,  d'une  rente  de  5,000  livres  sur  la  gabelle 
la  totalité  de  ses  revenus  était  de  15,708  livres. 

(*)  Cf.  p.  14,  note  1. 

(5)  La  copie  du  cahier  sur  le  registre  des  délibérations  municipales,  la  seule  que 


24  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Nous  publions  ce  cahier  d'après  la  transcription  qui  en  a  été  faite  à 
la  suite  du  procès-verbal  sur  le  registre  des  délibérations  municipales 
de  la  ville  de  Blois.  (Arch.  comm.  Blois,  BB  33,  7  mars  1789.) 


PAROISSE  SAINT'SOLENNE  DE  BLOIS 


Une  des  quatre  paroisses  de  la  banlieue  de  Blois  <*>.  Elle  s'étendait  à 
Test  de  la  ville  et  ne  comprenait  guère  que  quelques  maisons  h  Montigoy. 

Dép.  :  Loir-et-Cher. —  Arr.  :  Blois. —  Vant.  :  Blois-est. —  Comm.  : 
Blois. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  Roi. 

Taille  :  871  1.  (principal  :  400  1.  ;  accessoires  :  217  1.  ;  capitation  : 
254 1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  imposés  en  même  temps  que  ceux  de  la  ville. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  8  mars  1789. 

Président  :  Pierre  Druillon,  conseiller  du  Roi,  lieutenant  général 
au  bailliage  présidial  de  Blois.  Pierre  Druillon  présida  également 
comme  lieutenant  général  l'assemblée  préliminaire  du  Tiers  état  et 
l'assemblée  générale  des  trois  Ordres,  et  il  fut  nommé  député  aux 
États  généraux. 

Population  :  18  feux. 

Comparants  :  Pierre-Antoine  Laborne,  meunier  et  syndic  de  l'as 
semblée  municipale  ;    Pierre  Béguet,   tuilier    et   greffier   de    ladite 

nous  possédions,  a  dû  élre  faite  après  la  séance  ;  elle  est  suivie  uniquement  delà 
signature  du  maire. 
l«>  Cf.  p.  6. 


CAHIER    DE   SAINT-NICOLAS   DE   BLOIS  25 

assemblée;  Jacques  Gaudon,  marchand;  Jacques  Fournier,  tuilier; 
Antoine  Meunier,  cabaretier  ;  Pierre  Rigault,  fils,  vigneron. 

Députés  :  Pierre  Béguet  et  Jacques  Gaudon. 

Suivent  5  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


PAROISSE  SAINT-NICOLAS  DE  BLOIS 


Une  des  quatre  paroisses  de  la  banlieue  de  Blois  <*).  Elle  s'étendait 
au  sud-ouest  de  la  ville  et  comprenait  les  Grouëts  jusqu'à  la  Vicomte. 

Dép.  :  Loir-et-Cher. — Àrr.  :  Blois. —  Cant.  :  Blois-ouest. —  Comm.  : 
Blois. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  Roi. 

Taille  :  8.493  1.  (principal  :  3.900  1.  ;  accessoires  :  2.123 1.  ;  capita- 
tion  :  2.470  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  imposés  en  même  temps  que  ceux  de  la  ville. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  René-Guillaume  Caillon,  procureur  fiscal  de  la  justice 
de  Saint-Lomer,  expédiant  en  l'absence  du  bailli  de  ladite  justice. 
Même  président  que  pour  la  paroisse  de  Saint-Saturnin. 

Population  :  160  feux. 

Comparants:   Antoine    Trioreau,    syndic;   Thomas  Ombredane; 

w  a.  p.  6. 


26  BAILLIAGE   DE    BL01S 

François-Jean  Nay;  Louis  Jarry;  Michel  Guignard  ;  Pierre  Veniat; 
Jaeques  Grouteau  ;  Antoine  Goudreau  ;  Toussaint  Crouteau  ;  Jacques 
Gonnet  ;  Antoine  Jouanneau  ;  Jean  Derouard  ;  Jean  Gochereau  ;  Jean 
Cbaumet  ;  Thomas  Jarry  ;  Louis  Berthou  ;  Jacques  Reboussin  ;  Guil- 
laume Michelet  ;  Ragois  ;  Joseph  Gay  ;  Louis  Rousseau  ;  Claude  Du- 
puids  ;  Denis  Tretard  ;  Jacques  Dupuids  ;  Jean  Rouet  ;  François 
Gognet  ;  Jacques  Milier  ;  Jean  Rigoreau  ;  Pierre  Guignard  ;  François 
Michelet  ;  Louis  Sarton  ;  Jean  Métais  ;  Augustin  Michelet  ;  Louis  Rouil- 
lard;  Jacques  Michelet;  Charles  Boucher;  Louis  Pauche;  Sylvain 
Chauveau  ;  François  Chaumet  ;  Jean  Reboussin  ;  Pierre  Dupuy  ;  Jean 
Michelet;  Jacques  Jouanneau. 

Députés  :  Pierre  Dupuids,  tonnelier,  et  René-Guillaume  Caillon, 
procureur  fiscal  de  la  justice  de  Saint-Loraer,  président  de  rassemblée. 

Suivent  10  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  des  habitants  de  la  paroisse  de  Saint- 
Nicolas  de  la  ville  de  Mois,  justice  de  Saint-Lomer, 
ressort  du  bailliage  de  Blois. 

Supplient  humblement  lesdits  habitants  MM.  les  députés 
aux  États  généraux  de  présenter  à  Sa  Majesté  les  doléances 
qui  suivent  : 

1°  Que  l'imposition  de  la  taille  soit  répartie  d'une  manière 
égale  ;  que  la  Noblesse  et  le  Clergé  y  soient  assujettis  commo 
le  Tiers  état. 

2°  Que  le  commerce  du  sel  soit  libre  et  franc  de  tout 
impôt. 

3°  La  suppression  des  droits  d'aides  et  des  entrées,  et  la 
réunion  de  ces  deux  droits  à  celui  de  la  taille. 

4°  L'extinction  des  droits  de  francs-fiefs,  l'unité  d'un  droit 
de  contrôle. 

5°  L'établissement  des  États  provinciaux. 

6°  Le  droit  de  vingtième  réuni  à  la  taille. 


CAHIER   PE   SAINT-SATURNIN    DE    BLOIS  27 

7°  La  répartition  des  corvées  au  marc  la  livre  de  la  taille 
et  de  la  capitation  sans  distinction  de  personnes. 

8°  La  prohibition  du  commerce  des  grains  dans  l'intérieur 
du  royaume  à  tous  ceux  qui  n'auront  pas  fait  leur  déclara- 
tion au  greffe  de  la  police. 

Fait  et  arrêté  le  dimanche  premier  mars  1789  en  l'assem- 
blée convoquée  en  la  manière  accoutumée,  tenue  en  l'église 
paroissiale  de  Saint-Nicolas  de  la  ville  de  Blois  présidée  par 
nous,  Guillaume-René-Sébastien  Caillou,  procureur  fiscal  de 
la  justice  de  Saint-Lomer,  expédiant  pour  l'absence  du  bailli 
de  ladite  justice,  et  par  les  habitants  et  syndic  dénommés  au 
procès-verbal  de  ce  jour  d'hier,  qui  ont  signé  avec  nous, 
sauf  ceux  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir. 

(Suivent  9  signatures,  celles  de  :  Dupuy,  député;  Trio- 
reau,  syndic;  Caillon,  etc.) 


PAROISSE  SAINT-SATURNIN  DE  BLOIS 


Une  des  quatre  paroisses  de  la  banlieue  de  Blois  M.  Elle  comprenait 
toute  la  banlieue  de  la  ville  sur  la  rive  gauche  de  la  Loire. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-Est  et  Blois- 
Ouest.  —  Comm.  :  Blois. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  fruits. 

Seigneur  en  1768  :  le  Roi. 

Taille  :  3.485  1.  (principal  :  i.600  1.;  accessoires  :  8701.  ;  capita- 
tion :  i.(M5  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  imposés  en  même  temps  que  ceux  de  la  ville. 

(»)  Cf.  p.  6. 


28  BAILLIAGE    DE   BL01S 


PROCES-VERBAL 


Date  :  i«  mars  1789  et  9  mars  i789. 

Président  :  René-Guillaume-Sébastien  Caillon,  procureur  fiscal  de 
la  justice  de  Saint-Lomer,  expédiant  en  l'absence  dn  bailli  de  cette 
justice.  Même  président  que  pour  la  paroisse  Saint-Nicolas. 

Population  :  70  feux. 

Comparants  :  Louis  Arnoult,  greffier  de  l'assemblée  municipale  ; 
Jean  Bourreau  ;  Louis  Sibille  ;  Michel  Breton  ;  Jean  Pelouard  ;  Denis 
Desnoyers  ;  Gilles  Fourreau  ;  François  Riboux  ;  Thomas-Pierre  Richau- 
deau  ;  Michel  Foureau  ;  Jean  Chevrenet  ;  Louis  Richaudeau  ;  François 
Breton  ;  Jean  Bordier  le  jeune  ;  Michel  Lorenceau  ;  Jean  Tessicr  ; 
Michel  Desnoyers  ;  Michel  Arnould  ;  René  Decouet  ;  Jacques  Renauld  ; 
Louis  Loison  ;  Jean  Auger  ;  François  Evras  ;  Michel  Mahoudeau  ;  Jean 
Decouet  ;  Louis  Desnoyers  ;  René  Prudhomme  ;  Jean  Prévost  ;  Jean 
Gaudin  ;  Jean  Rousseau  ;  Jacques  Richaudeau. 

Députés  :  Bûcheron,  marchand  mercier,  et  Jean  Pelouard,  jardifrier. 
Le  premier  de  ces  députés  a  fait  défaut  à  rassemblée  préliminaire  du 
Tiers  état. 

Le  procès-verbal  relate  les  incidents  suivants  : 

«  Aujourd'hui sont  comparus  dans  l'endroit  appelé  le  cloître, 

lieu  ordinaire  où  se  tiennent  les  assemblées  de  la  paroisse  de  Saint- 
Saturnin  de  Vienne-lès-Blois,  pardevant  nous  René-Guillaume-Sébas- 
tien Caillon ,  André  Mitteau,  syndic  de  ladite  paroisse,  lequel  nous  a 

dit  que,  quoiqu'il  ait  fait  sonner  la  cloche  pour  convoquer  l'assemblée 
de  sa  paroisse,  il  n'entendait  pas  qu'on  procédât  à  la  nomination  des 
députés  pour  l'assemblée  des  Etats  généraux  conformément  à  la  lettre 
du  Roi  du  vingt-sept  avril  dernier,  parce  que,  nous  a-t-il  dit,  cela  lui 
avait  été  défendu  par  monsieur  Pajon  de  Chambeaudière  <*>,  que  d'ail- 
leurs il  y  avait  été  procédé  dimanche  dernier,  sans  vouloir  nous  repré- 
senter le  procès-verbal  de  nomination  ni  le  cahier  de  doléances  ;  pour- 
quoi nous  avons  interpellé  le  plus  grand  nombre  d'habitants  trouvés  à 
cette  assemblée  de  nous  déclarer  si  ou  non  l'assemblée  avait  été  tenue 
et  s'ils  entendaient  s'en  tenir  à  la  nomination  qui  aurait  pu  être  faite, 
lesquels  nous  ont  tous  répondu  d'une  voix  unanime  qu'ils  nous  priaient 

0)  Procureur-syndic  de  l'assemblée  de  département  de  Blois  et  Romorantin. 


CAHIER    DE   SAINT-SATURNIN    DE    BLOIS  29 

de  procéder  à  ladite  nomination  et  qu'ils  étaient  prêts  de  voter  à  cet 

effet » 

*  La  suite  reproduit  la  formule  imprimée. 
Suivent  3  signatures. 
Après  les  signatures,  le  procès-verbal  continue  ainsi  : 

«  Et  ce  jourd'hui9  mars  1789,  nous,  bailli  de  la  justice  de  Saint- 
Lomer,  sur  l'avis  à  nous  donné  par  Jean  Pelouard,  habitant  de 
ladite  paroisse  nommé  député  par  l'acte  d'assemblée  du  premier 
de  ce  mois,  que  le  sieur  Bûcheron  nommé  député  par  ledit  acte 
était  absent  pour  ne  revenir  que  vers  le  16  de  ce  mois,  après  avoir 
fait  publier  une  nouvelle  assemblée  au  prône  de  la  messe  parois- 
siale à  l'effet  de  se  réunir  à  l'issue  des  vêpres  pour  nommer  un 
autre  député  parmi  les  habitants  taillables  de  ladite  paroisse  de  Vienne; 
sommes  transporté  dans  le  cloftrc,  ordinaire  lieu  d'assemblée,  où  étant 
est  comparu  ledit  Pelouard,  lequel  nous  a  dit  que  le  nommé  Mitteau* 
syndic  de  ladite  paroisse,  avait  défendu  de  sonner  ladite  assemblée, 
qu'il  avait  donné  ordre  de  tenir  le  cloître  fermé,  que  les  officiers  de  la 
justice  de  Saint-Lomer  n'avaient  pas  plus  de  droits  de  convoquer  une 
assemblée  que  les  habitants,  en  conséquence  s'était  retiré  ;  est  aussi 
comparu  le  nommé  Buru,  sonneur  de  ladite  paroisse,  qui  nous  a  testé 
la  vérité  desdits  faits  et  en  lui  réitérant  les  défenses  de  sonner  nonobs- 
tant la  convocation  de  l'assemblée.  De  tout  ce  que  dessus  nous  avons 
dressé  le  présent  procès-verbal,  pour,  sur  les  conclusions  de  M.  le  pro- 
cureur du  Roi,  être  par  monsieur  le  lieutenant  général  ordonné  ce 
qu'il  appartiendra.  Et  ledit  Buru  a  déclaré  ne  savoir  signer.  » 

Signé  :  Touzard. 

La  vérification  du  secrétaire  du  lieutenant  général  porte  ces  mots  : 
«  défaut  dudit  Bûcheron  ». 

À  l'appel  des  députés  de  cette  paroisse  à  l'assemblée  préliminaire  du 
bailliage  de  Blois,  le  lieutenant-général  prit  la  décision  suivante  : 

«  En  cet  endroit,  après  avoir  vu  le  procès-verbal  du  premier  de  ce 
mois  dressé  par  le  bailli  de  Saint-Lomer,  portant  nomination  de  dépu- 
tés pour  les  taillables  de  la  paroisse  de  Saint-Saturnin  de  cette  ville,  et 
ouï  sur  ce  le  procureur  du  Roi,  ordonnons  l'exécution  de  l'art.  25 
du  règlement  du  24  janvier  dernier.  En  conséquence  faisons  défenses 
au  syndic  de  plus  à  l'avenir  y  contrevenir;  en  conséquence  ordon- 
nons que  ledit  procès-verbal  du  premier  de  ce  mois  sera  exécuté.  » 
(Arc h.  nat.,  BA  22,  plaquette  6). 


30  BAILLIAGE   DE   BL01S 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


PAROISSE  SAINT'HONORÉ   DE   BLOIS 


La  plus  importante  des  quatre  paroisses  de  la  banlieue  de  Blois  <n. 
Elle  s'étendait  au  nord-ouest  de  la  ville  et  comprenait  les  hameaux  des 
Granges,  de  Villejoint,de  Villiersfins  et  toute  la  région  avoisinante. 

Dép.  :  Loir-et-Cher. —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-ouest.  —  Comm.  : 
Çlois. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  Roi. 

Taille  :  8.493  1.  (principal  :  3.900  1.  ;  accessoires  :  2.423  1.  ;  capi- 
tation  :  2.470 1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  imposés  en  même  temps  que  ceux  de  la  ville. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  26  février  4789. 

Président  :  Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  au  parlement, 
bailli,  juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  de  la 
chapellenie  et  châtellenie  des  Granges.  Même  président  qu'à  Saint- 
Su  lpice,  Orchaise,  Françay,  Landes,  Huisseau-sur-Cosson  et  Tour-en- 
Sologne. 

Population  :  224  feux. 

Comparants  :  Pierre  Saule,  vigneron  ;  Claude  Dereux,  vigneron  ; 
Charles  Augeard,  vigneron  ;  Jacques  Sureau,  vigneron  ;  Jean  Au- 
geard,  vigneron  ;  Noël  Marie,  vigneron  ;  Jacques  Renard,  vigneron  ; 

m  Cf.  p.  8. 


CAHIER    DE   SA1NT-H0N0UÉ   DE    BLOIS  31 

Honoré  Bourdonneau,  vigneron;  Gabriel  Du  val;  Jacques Jouanneau  ; 
Michel  Crèche  ;  Laurent  DuJoy  ;  Charles  Pilleboue;  Honoré  Chabaut  ; 
Jean  Richard  ;  Jean  Bachignon  ;  Denis  Chabaut  ;  Simon  Rousseau  ; 
Etienne  Jouanneau  ;  Paul  Lauriet  ;  Sylvain  Prieur  ;  François  Dereux  ; 
François  Gâche  ;  Louis  Testard  ;  Jean  Cormier  ;  Etienne  Barbary  ;  Fran- 
çois Devineau  ;  François  Jolly  ;  Charles  Jarry  ;  Lubin  Doublier  ;  Simon 
Chabaut;  Pierre  Mangeant;  Claude  Robert;  Henri  Chabaut;  Paul  Saya- 
ron  ;  Noël  Grousteau  ;  Jacques  Gallet  ;  Jean  Grousteau  ;  Denis  Jouan- 
neau ;  Honoré  Bourdonneau  le  jeune  ;  Jean  Devineau  ;  Mathurin  Dau- 
din  ;  Claude  Jaquet  ;  Marin  Chabaut  ;  Claude  Duval  ;  Michel  Amiot  ; 
Lubin  de  la  Chartre  ;  Michel  Deniau  ;  Philippe  Grousteau  ;  Jean  Amiot  ; 
Pierre  Prévost;  Noël  Grousteau  ;  Pierre  Grousteau  ;  Jacques Couillard  ; 
Louis  Bachignon  ;  Etienne  Jouanneau  ;  Jacques  Robert;  Louis  Lejart  ; 
Martin  Boucher;  Jacques  Jouanneau  ;  Vincent  Cormier;  Sylvain  Bachi- 
gnon ;  Toussaint  Duloy  ;  François  Jouanneau  ;  Louis  Daudin  ;  Michel 
Jarry  ;  Claude  Grousteau  ;  Jacques  Gandon  ;  Jacques  Deschamps  ;  René 
Gaullier;  Gilles  Robert  ;  François  Gaullier;  Jean  Perrotin;  Jacques  Ro- 
bert l'aîné  ;  Hubert  Daveau  ;  Sylvain  Lemaire  ;  Jean  Devineau  ;  Jacques 
Cousin  ;  Louis  Rousseau  ;  Jean  Renaud  ;  MathurinYoisin  ;  Martin  Re- 
boussin;  Jean  Chabaut;  Pierre  Sauvé  ;  Etienne  Amiot;  Charles  Borro- 
mée  ;  Jacques  Gendron  ;  François  Renaud  ;  François  Robert  ;  Florent 
Boucher;  Claude  Guignard  ;  Jean  Marie  père  ;  Jean  Oudine  ;  Jacques  Ro- 
bert le  jeune  ;  André  Papineau  ;  Claude  Bordeau  ;  Jean  Gaulier  ;  Domi- 
nique Lauriet  ;  Jacques  Pilleboue  ;  Jacques  Grousteau  ;  Jean  Robert 
Turmeau  ;  Louis  Robert;  Etienne  Lemaire;  François  Oudine;  Charles 
Cormier;  Jacques Dousset;  Jean  Marie  fils;  Jean  Terreux;  Marc  Leroux; 
Jean  Michel  Bisseau  ;  Jean  Grousteau  ;  Denis  Goujon  ;  Gilles  Bourdon- 
neau le  jeune  ;  Jacques  Couillard  ;  Sylvain  Fortière  ;  Michel  Crèche  ; 
Jean  Bourdonneau  ;  Claude  Grousteau;  René  Godin;  André  Adam;  Jac- 
ques Devineau;  Michel  Marchais;  Jacques  Gaullier;  Jean  Robert;  Jean 
Surreau  ;  Louis  Coudereau  ;  Jean  Robert;  Honoré-Martin  Reboussin  ; 
François  Marie  ;  Jean  de  la  Chartre  père  ;  Honoré  Robert  ;  René  Deniau 
père  ;  Pierre  Surreau  ;  Honoré  Jouanneau  père;  Jean  Jouanneau;  Jean 
Robert;  Denis  Régnier  ;  Michel  Reboussin  ;  Toussaint  Marie  ;  Denis 
Surreau  ;  Jacques  Grousteau  ;  Gilles  Robert  ;  Gabriel  Reboussin  ; 
Denis  Yvon  ;  Charles  Rousseau  ;  Michel  Coudereau  ;  Louis  Couillard; 
Etienne  Barbary  le  jeune  ;  Denis  Oudine  ;  Noël  Perrotin,  syndic. 

Députés  :  Jean  Surreau,  vigneron,  demeurant  aux  Hautes-Granges; 
Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  en  parlement,  président  de  Tas- 


32  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

semblée,  demeurant  à  Blois,  paroisse  de  Saint-Solenne,  et    Jacques 
Gandon,  vigneron,  demeurant  à  Villejoint. 

Suivent  23  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


SAINT-SULPICE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Canton  :  Blois-ouest. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election,  Grenier  à  sel,  Diocèse:  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Mme  de  la  Duye. 

Seigneur  en  1789  :  Michel-François-Marie-Louis  de  la  Fon  de 
la  Duye,  écuyer,  ancien  capitaine  de  cavalerie  au  régiment  de  Berry, 
seigneur  de  la  Picardière. 

Population  en  1790  :  214  habitants. 

Taille  :  2.025  I.  (principal  ;  930 1.  ;  accessoires  :  506  1.  ;  capita- 
tion  :  589  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  447  J.  3  s. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  1er  mars  i789. 

Président  :  Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  en  parlement, 
bailli,  juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  delà 
chapellenie  et  châtellenie  des  Granges.  Même  président  qu'à  Saint- 
Honoré  de  Blois,  Orchaise,  Françay,  Landes,  Huisseau-sur-Cosson  et 
Tour-en-Sologne. 


CAHIER   DE    FRANÇAY  33 

Population  :  45  feux. 

Comparants  :  Charles Sandrier,  charron;  Michel  Thomas,  vigneron; 
Pierre  Daveau,  laboureur  ;  René  Maigret,  vigneron  ;  Gervais  Baglan, 
laboureur;  Pierre  Godineau,  laboureur;  Jacques  Gastignon,  vigneron; 
Jean  Lauriet,  vigneron  ;  Jean  Thomas,  vigneron  ;  Sulpice  Voisin,  vi- 
gneron ;  Denis- Joseph  Maigret,  vigneron  ;  René  Daveau,  laboureur  ; 
Jacques  Fesneau,  vigneron  ;  Jacques  Bisson,  meunier  à  tan  ;  Jacques 
Caille,  vigneron  ;  Pierre  Hubert,  vigneron  ;  Claude  Gastignon,  vigne- 
ron ;  François  Forest,  vigneron  ;  Jacques  Maigret,  vigneron  ;  André 
Bouzy,  vigneron  ;  Jacques  Deschamps,  laboureur  ;  Jean  Caille,  vigne- 
ron ;  Etienne  Percheron,  vigneron  ;  Pierre  Richard,  journalier  ; 
Joseph  Moreau,  meunier  ;  Jean  Godineau,  laboureur  ;  Jacques  Didier, 
dit  Démange. 

Députés  :  Jacques  Didier,  dit  Démange,  syndic  de  la  paroisse,  et 
Denis-Joseph  Maigret  père,  vigneron. 

Suivent  13  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


FRANÇAY 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois. —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault.—  Diocèse  :  Blois. 

Justice  d'Herbault  (*)  ressortissant  au  parlement  de  Paris. 

Brigade  de  Vendôme. 

Assemblée  le  45  août. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Lavergne. 

<i)  Le  manuscrit  de  Jousse  porte  :  «  Justice  d'Huban  ».  C'est  évidemment  une 
erreur  de  copie. 

2 


34  BAILMAGK   DE   BL01S 

Population  en  1790  :  436  habitants. 

Taille  :  5.445  1.  (principal  :  2.500  1.  ;  accessoires  1.361  1.  ;  capi- 
tation  :  1.584  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :.  987  1.5  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  27  février  1789. 

Président  :  Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  en  parlement, 
bailli,  juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  et  mar- 
quisat-pairie d'Herbault-en-Beauce  (f)  et  gruerie  y  jointe.  Même  prési- 
dent qu'à  Orchaise,  Landes,  Saint-Honoré  de  Blois,  Saint-Sulpice, 
Huisseau-sur-Cosson  et  Tour-en-Sologne. 

Population  :  92  feux. 

Comparants  :  Michel  Petit,  laboureur  :  François-Guillaume  Brenet, 
Denis  Rouzé,  Sylvain  Bernier,  Jean-Baptiste  Montaru,  Jacques  Croul- 
bois,  laboureurs  ;  René  Girard,  laboureur  ;  Louis  Poupron,  labou- 
reur ;  Pierre-Louis  Godeau,  laboureur;  Claude  Requille,  laboureur; 
Simon  Brossier,  laboureur  ;  Jean  Lucquet,  François  Breton,  labou- 
reurs ;  Mathurin  Bouchère  ;  Etienne  Poirier  ;  Pierre  Maréchal,  labou- 
reur ;  Louis  Motrie,  marchand  ;  Michel  Renaut,  laboureur  ;  Philippe 
Couturier,  laboureur  ;  Pierre  Flumard,  laboureur  ;  Jean  Molier,  Ven- 
deur ;  Claude  Yilliers,  bourrelier;  Jean  Bellair,  journalier;  Martin 
Vallée,  charron  ;  René  Champion,  cabaretier  ;  Michel  Robert,  cer- 
clier  ;  Charles  Renaut,  tisserand  ;  Bonnet  Massillé;  Etienne  Le  Becq; 
Claude  Deniau,  journalier;  Jacques  Barbottin,  journalier;  François 
Motte,  cordonnier  ;  Pierre  Berthelot,  journalier  ;  Alexandre  Alteau, 
charpentier  ;  Jacques  Godeau,  journalier  ;  Gilles  Godeau,  journa- 
lier ;  Pierre  Avelin,  laboureur  ;  Sébastien  Hardouin,  fendeur  ;  Louis 
Sorrèse,  Michel  Rou illard,  Pierre  Davignon,  journaliers;  Jean  Gran- 
ger,  journalier  ;  Michel  Debure,  cerclier  ;  Nicolas  Gravereau,  sergent. 

Députés  :  Claude  Requille,  laboureur,  et  Sylvain  Bernier,  laboureur. 

Suivent  16  signatures. 

(<)  Herbault-en-Beauce  faisait  alors  partie  de  la  paroisse  de  Jussay,  qui  appar- 
tenait au  bailliage  de  Tours. 


CAHIER   DE   LANDES  35 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LANDES 


La  paroisse  de  Landes  comprenait  deux  communautés  distinctes 
ayant  leurs  rôles  d'impositions  séparés,  Tune  appartenant  au  bailliage 
et  à  l'élection  de  Blois,  l'autre  au  bailliage  et  h  l'élection  de  Vendôme. 
C'est  la  première  seule  qui  comparut  à  Blois. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  partie  de  Blois,  partie  de  Ven- 
dôme. —  Grenier  à  sel  :  Herbault.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  d'Herbault  ressortissant  au  parlement  de  Paris. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblées  le  16  juillet  et  le  l*r  septembre. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Rancougne. 

Seigneur  en  1789  :  Charles-François  de  Vezeaux,  marquis  de  Ran- 
cougne, chevalier,  seigneur  d'Herbault-en-Beauce  et  de  son  fief  de 
Landes. 

Population  en  1790  :  740  habitants. 

Taille  :  7.832  I.  :  Election  de  Blois  :  6.533  1.  (principal  :  3.000  1.  ; 
accessoires  :  1.633  I.  ;  capitation  :  1.900  1.)  —  Election  de  Vendôme  : 
1.299  1.  (principal  :  600  l.  ;  accessoires  :  319 1.  ;  capitation  :  380  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  2.145  1.  1  s.  9  d. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Barthélémy  Belle  noue-Villiers,  avocat  en  parlement, 


36  BAILLIAGE    DE    BL01S 

bailli,  juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  et  mar- 
quisat-pairie d'Herbault-en-Beauce  et  gruerie  y  jointe.  Même  prési- 
dent qu'à  Orchaise,  Françay,  Saint-Honoré  de  Blois,  Saint-Sulpice, 
Huisseau-sur-Cosson  et  Tour-en-Sologne. 

Population  :  140  feux. 

Comparants  :  Nicolas-Remi  Foucher,  serrurier;  Sylvain  Jousse fils, 
laboureur;  Georges-Michel  Bisson,  laboureur;  Pierre Houssard,  labou- 
reur ;  Jean  Bonhour,  cordonnier;  Pierre  Dorion,  laboureur;  Jacques- 
Lubin  Rahard,  laboureur  ;  Jean  Milet,  tailleur  ;  Philippe  Burin,  bou- 
langer; André  Leroux,  laboureur;  Louis  Bisson,  laboureur;  Louis 
Briais,  charpentier;  Antoine  Delalande,  chirurgien  ;  Jacques  Maury, 
charpentier;  Christophe  Meloteau,  vigneron  ;  Philippe  Meloteau,  jour- 
nalier; Louis  Boucher,  journalier;  Cloud  Marquenet  fils,  vigneron; 
Mathurin  Mâne,  vigneron  ;  Morin  Mercier,  charron  ;  Sylvain  Prieur, 
laboureur;  François  Berthe,  bourrelier  ;  Mathurin  Hoquet,  journalier; 
André  Call  ut,  syndic;  Jacques  Arnoult,  laboureur;  François  Avelin, 
laboureur  ;  Simon  Leroux,  laboureur  ;  Jean-Baptiste  Berthe,  bourre- 
lier ;  René  Bonhour,  journalier  ;  Mathurin  Avelin,  journalier  ;  Jacques- 
Louis  Leroux,  journalier  ;  Julien  Mâne,  vigneron  ;  Georges  Thévenot, 
maçon;  Jean  Georges, meunier  ;  Jean  Robe,  journalier;  Jacques  Leroux 
père,  journalier  ;  Mathurin  Hyllault,  journalier  ;  Nicolas  Colas,  labou- 
reur; René  Miguault,  journalier;  Pierre  Meloteau,  fendeur  ;  Michel 
Bisson,  laboureur;  Sylvain  Jousse  père,  laboureur  ;  Julien  Aveline, 
journalier;  Mathieu  Drevet,  aubergiste;  Charles  Lignon,  laboureur; 
Laurent  Plessix,  laboureur  ;  François-Quentin  Rabouin,  maréchal, 
syndic  de  la  municipalité. 

Députés  :  Antoine  Lalande,  chirurgien,  demeurant  au  bourg  de 
Landes,  paroisse  de  Saint-Lubin,  et  Louis  Briais,  charpentier,  demeu- 
rant au  dit  bourg,  même  paroisse.  Le  premier  de  ces  députés  fit  défaut. 

Suivent  22  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


cahier  d'orchaisë  37 


ORCHAISE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat  cTHerbault-en-Beauce  ressortissant  au  Parle- 
ment de  Paris. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblées  le  jour  de  la  Saint-Barthélémy  et  le  3  novembre. 

Principale  culture  :  vigne,  méteil. 

Seigneur  en  1768  :  le  prieur  du  lieu. 

Population  en  1790  :  340  habitants. 

Taille  :  1.525  1.  (principal  :  700  1.  ;  accessoires  :  381  1.  ;  capitation  : 
4441.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 
Vingtièmes  :  931  1.  14  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1»  mars  1789. 

Président  :  Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  en  parlement, 
bailli,  juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  et  mar- 
quisat-pairie d'Herbault-en-Beauce  et  gruerie  y  jointe.  Même  pré- 
sident qu'à  Françay,  Landes,  Saint-Honoré  de  Blois,  Saint-Sulpice, 
Huisseau-sur-Gosson  et  Tour-en-Sologne. 

Population  :  93  feux. 

Comparants  :  Jean  Raimbout,  charron  ;  Etienne  Labbé,  vigneron  ; 
Michel  Daridan  ;  Pierre  Guétier,  laboureur;  Pierre  Desneux,  vigne- 
ron ;  Louis  Desneux,  laboureur  ;  René  Rouzé,  laboureur  ;  Pierre 
Cornu,  laboureur;  François  Pouperou,  laboureur;  Jean  Minière,  ton- 
nelier; Jacques  Jahannot,  laboureur  ;  Etienne  Cour,  vigneron  ;  Julien 
Mandard,  vigneron  ;  Hilaire  Labbé,  vigneron  ;  François  Pigon,  labou- 
reur; Jacques  Trioreau,  laboureur;  André  Barbary,  vigneron;  Louis 
Daridan,  vigneron  ;  François  Bouchaud,  laboureur  ;  Julien  Raimbout, 


38  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

vigneron  ;  René  Maignant,  laboureur  ;  Jacques  Denis,  journalier  ; 
Jacques  Moreau,  journalier;  Louis  Labbé,  vigneron  ;  Mathurin  Moyer, 
journalier;  Pierre  Lauzier,  laboureur;  Jean  Daridam, vigneron;  Louis 
Forest,  laboureur;  Pierre  Gobart,  journalier  ;  Gervais  Bedouard,  jour- 
nalier. 

-  Députés  :  Jean  Raimbout,  charron,  demeurant  au  bourg  d'Orchaise, 
et  Barthélémy  Bellenoue-Yilliers,  avocat  en  parlement,  président  de 
l'assemblée,  demeurant  à  Blois,  paroisse  Saint-Solenne. 

Suivent  47  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Nous  soussignés,  habitants  majeurs  de  la  paroisse  d'Or- 
chaise près  Blois  et  portés  sur  le  rôle  des  impositions,  assem- 
blés cejourd'hui  premier  mars  1789  au  banc  de  l'œuvre  de 
ladite  paroisse  sous  la  présidence  de  monsieur  notre  bailli, 
sommes  convenus  des  articles  de  doléances  qui  suivent  : 

1°  Supplions  Sa  Majesté  de  supprimer  les  tailles,  les  cor- 
vées et  les  vingtièmes  pour  ne  former  qu'un  seul  impôt  qui 
frappera  sur  toutes  les  propriétés  tant  des  nobles  que  des 
ecclésiastiques. 

2°  De  supprimer  les  aides  et  les  gabelles  comme  onéreuses 
surtout  aux  gens  de  campagne. 

3°  De  supprimer  les  jurés  priseurs  comme  le  plus  terrible 
fléau  des  malheureux. 

4°  D'établir  des  États  provinciaux  dans  chaque  [province], 
[dont]  tous  les  membres  seront  choisis  par  les  provinces  [de 
trois  ans  en]  trois  ans  et  dans  lesquelles  le  Tiers  état  sera  en 
[nombre  égal]  M  à  celui  des  deux  autres  Ordres. 

5°  Que,  lors  des  prochains  États  généraux,  les  voix  seront 
prises  par  tète  et  non  par  Ordre. 

(*)  Ce  cahier  étant  en  très  mauvais  état  de  conservation,  plusieurs  mots  ont  com- 
plètement disparu  ;  c'est  donc  sous  les  plus  grandes  réserves  que  nous  les  resti- 
tuons ainsi. 


CAHIER   DE   SAINT-LUBIN-EN-VERG0NN01S  39 

6°  Que  leur  paroisse  çst  trop  chargée  eu  égard  à  la  mau- 
vaise qualité  des  terres  et  héritages. 

Fait  et  arrêté  lesdits  jour  et  an  ci-dessus.. 

(Suivent  17  signatures,  celles  de  :  Jean'Rambout,  Belle- 
noue-Villiers?  etc.). 

Ce  cahier  est,  sauf  le  dernier  article,  à  peu  près  analogue  à  celui  de 
la  paroisse  voisine  de  Saint-Lubin-en-Vergonnois.  Ce  dernier,  qui  a 
été  rédigé  huit  jours  plus  tard,  est  cependant,  comme  on  va  voir,  plus 
hardi  et  un  peu  plus  étendu. 


SAINT-LUBIN-EN-VERGONNOIS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Blois-ouest. 
Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault.  —  Diocèse  :  Blois. 
Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 
Brigade  de  Blois. 
Assemblée  le  dimanche  après  la  Saint-Pierre. 

> 

Principale  culture  :  blé,  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  de  Saint-Florentin  <*>. 

Seigneur  en  1789  :  dame  Phélippeaux  de  Maurepas,  dame  de  la 
VrilJière. 

Population  en  1790  :  417  habitants. 

Taille  :  4.902  1.  (principal  :  2.250  1.  ;  accessoires  :  1.227  1.  ;  capita- 
tion  :  1.4251.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.458  1.  12  s. 

<*)  Louis  Phélippeaux,  comte  de  Saint-Florentin,  marquis  de  la  Vrillière. 


40  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  8  mars  4789. 

Président  :  Claude  Le  Grou.x,  bailli  de  la  justice  de  Saint-Lubin. 

Population  :  90  feux. 

0 

Comparants  :  Michel  Derion,  Marin  Le  Goux,  Jacques  Rahard, 
Laurent  Aubry,  Jacques  Deschamps,  Jacques  Nivauche,  Pierre  Crou- 
sard,  Jean  Coudray,  Jean  Couette,  Jacques  Mireau,  Louis  Marmion, 
Jean  Le  Roy,  Jean  Martinet,  Louis  Courjou,  Nicolas  Marmion,  Louis 
Cosson,  René  Caumont,  René  Le  Blond,  Nicolas  Lemaire,  Jean  Dutté, 
Pierre  Guetrau,  Augustin  Fromont,  Jean  Priouleau,  Pierre  Meusnier, 
Jean  Diou,  Jean  Le  Guay,  Louis  Régnier,  Pierre  Touchard,  Sébastien 
Mireau,  Hilaire  Datte,  Michel  Lemaire,  Sylvain  Grillet,  Sylvain  Fermé, 
Jacques  Girard,  Nicolas  Bezy,  Jean  Cordier,  Jacques  Jousse,  Jean 
Deschamps,  Pierre  Deschamps,  Jacques  Lemaire,  André  Monereau, 
Jean  Moreau,  Philippe  Mâchefer,  Pierre  Bourdeau. 

Députés  :  Pierre  Deschamps  et  Jacques  Lemaire. 

Suivent  il  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Nous  habitants  de  la  paroisse  de  Saint-Lubin-en-Vergon- 
nois,  élection  de  Blois,  assemblés  ce  jourd'hui  huit  mars 
1789,  en  l'auditoire dudit  lieu  de  Saint-Lubin-en-Vergonnois, 
sous  la  présidence  de  Me  Claude  Le  Groux,  notre  bailli,  à 
l'effet  de  dresser  nos  plaintes  et  doléances,  sommes  conve- 
nus de  ce  qui  suit  : 

i°  Supplions  Sa  Majesté  de  supprimer  les  tailles,  les 
vingtièmes,  les  corvées,  pour  en  faire  un  seul  impôt  qui 
frappera  sur  toutes  les  propriétés  foncières,  tant  des  nobles, 
ecclésiastiques  que  des  roturiers. 

2°  De  supprimer  les  aides  et  les  gabelles,  comme  impôts 
très  onéreux  surtout  eu  égard  aux  vexations  journalières 
qu'ils  entraînent. 

3°  De  supprimer  les  jurés  priseurs,  comme  étant  le  plus 


CAHIER   DE   SAINT-BOHAIRE  41 

terrible  fléau  des  campagnes,  puisqu'il  est  prouvé  qu'ils 
trouvent  le  moyen  de  s'approprier  la  totalité  du  prix  des 
ventes. 

4°  De  créer  des  Etats  provinciaux  dont  les  membres  seront 
élus  par  les  paroisses  de  trois  ans  en  trois  ans  et  dans  les- 
quels le  Tiers  état  sera  au  moins  en  nombre  égal  à  celui  des 
deux  autres  Ordres,  lesquels  connaîtront  seuls  de  la  réparti- 
tion et  perception  des  impôts. 

5°  De  nous  délivrer  pour  jamais  des  intendants. 

6°  D'ordonner  le  retour  périodique  des  Etats  généraux  et 
que,  dans  chaque,  les  voix  soient  comptées  par  tête  et  rfon 
par  Ordre. 

Délibéré  par  nous  habitants  de  ladite  paroisse  de  Saint- 
Lubin-en-Vergonnois,  ledit  jour  8  mars  et  an  susdit,  et 
avons  signé,  sauf  les  non  signants  qui  ont  déclaré  ne  le 
savoir. 

(Suivent  10  signatures  :  celles  de  Deschamps,  Lemaire, 
Mâchefer,  syndic,  etc.)  W. 

Ce  cahier  est  en  grande  partie  analogue  à  celui  d'Orchaise.  Les 
articles  1,  2,  3,  4  et  6  correspondent  aux  cinq  premiers  articles  du 
cahier  d'Orchaise. 


SAINT-BOHAIRE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois. —  Cant.  :  Blois-Ouest. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

(i)  Claude  Le  Groux,  président  de  l'assemblée,  a  signé  le  procès-verbal,  mais  non 
le  cahier  de  doléances. 

•  2. 


42  BAILLIAGE   DE   BLOtS 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  le  1er  dimanche  de  septembre. 

Principal  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  Boilève  d'Arbonne. 

Seigneur  en  1789  :  Charles-Victoire-François  Irumberry  de  Sala- 
berry,  chevalier,  conseiller  du  Roi  en  ses  conseils,  président  de  la 
Chambre  des  Comptes  de  Paris,  seigneur  des  terres  et  seigneuries  de 
Pezay,  Fossé  et  Saint-Bohaire. 

Population  en  1790  :  283  habitants. 

Taille  :  2.542  1.  (principal  :  1.420 1.  ;  accessoires  :  223  1.  ;  capitation  : 
8991.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  583  1.  11  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  8  mars  1789. 

Président  :  Sylvain  Machefert,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  70  feux. 

Comparants  :  Jean  Rouault;  Pierre  Machefert;  Michel  Le  Roux; 
Pierre  Jarday  ;  René  Bernage  ;  Pierre  Deniou  ;  Pierre  Bouzy  ;  Jean 
Fromotit  ;  Jean  Beaujouan  ;  François  Dupuy  ;  Gabriel  Jarday  ;  André 
Évras  ;  Bethaire  Mordelet  ;  Noël  Blanchard  ;  François  Badaire  ;  Jacques 
Marmion  ;  Gervais  Jouanneau  ;  Lubin  Evras  ;  Jacques  Évras  ;  Jean 
Jarday;  Etienne  Girard  in  ;  François  Maréchal;  Etienne  Pardessus; 
Jean  Dupuy;  Jacques  Dupuy;  Jean  Dejort;  François  Chausart  ;  Jean 
Chausart  ;  Etienne  Guilly  ;  Jacques  Fariau  ;  Louis  Collas;  Louis  Robi- 
neau  ;  Jacques  Persillet  ;  François  Lambron  ;  Georges  Bosseray. 

Députés  :  Pajon  de  Chambeaudière,  «  syndic  du  Tiers  état  »  <*),  et 
Jacques  Johannet,  meunier  en  cette  paroisse. 

Suivent  12  signatures. 


(*)  Procureur-syndic  de  l'ordre  du  Tiers  état  de  l'assemblée  de  département  de 
Blois  et  Romorantin. 


CAHIER   DE    SAINT-BOHAIRE  43 


CAHIER  DE  DOLÉANCES 


Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  des  habi- 
tants de  la  paroisse  de  Sainl-Bohaire,  pour  être  porté 
en  la  ville  de  Blois  à  rassemblée  préliminaire  qui  y 
sera  tenue  par  M.  le  lieutenant  général,  le  neuf  mars 
prochain ,  pour  la  convocation  des  États  généraux. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Saint-Bohaire,  attendris 
jusqu'aux  larmes  des  bontés  paternelles  dont  Sa  Majesté  les 
gratifie,  ainsi  que  tous  ses  autres  sujets  en  leur  permettant 
de  lui  exposer  ses  doléances,  les  ont  dressées  dans  une  assem- 
blée générale  convoquée  à  cet  effet  au  son  de  la  cloche,  ainsi 
qu'il  suit  : 

Placés  sur  des  rochers  couverts  d'un  peu  de  terre  très 
pierreuse,  ce  n'est  que  par  un  travail  dur  et  constant  que 
nous  forçons,  pour  ainsi  parler,  dans  des  terres  que  nous 
tenons  à  ferme,  des  productions  bien  casuelles.  Nos  vallons 
offrent  des  prairies  aussi  fautives,  plaines  de  rouchesO  et 
de  joncs  ;  on  n'ose  les  retourner  pour  les  améliorer  dans  la 
crainte  de  perdre  le  fond  ;  un  premier  orage  les  inonde  et 
souvent  on  se  voit  exposé  à  perdre  sa  récolte  au  moment  où, 
dans  le  temps  de  la  fauchai  son,  les  rivières  mal  [entrete- 
nues] W  n'ont  point  d'écoulement.  Nous  nous  en  plaignons  à 
pure  perte  ;  nous  ne  connaissons  ni  les  lois  ni  les  droits. 

Une  moitié  de  notre  territoire  est  bordée  de  bois  taillis 
appartenant  à  des  seigneurs  locaux  et  voisins,  à  des  main- 
mortes et  bourgeois  de  ville.  Les  bêtes  sauves  (3)  qu'ils  con- 
tiennent, ainsi  qu'une  garenne  placée  au  centre  de  la  paroisse, 
nous  désolent,  exposent  les  moins  sages  à  de  grands  dangers 
et  tous  les  autres  aux  caprices  des  gardes. 


(')  Rouche  :  lalche,  carex  à  feuilles  coupantes,  sorte  de  roseau  qui  pousse  dans 
les  foins,  dans  les  marais...  (A.  Thibault.  Glossaire  du  pays  blaisois,  p.  300.) 
<*)  Le  cahier  est  déchiré  à  cet  endroit  et  ce  mot  a  disparu. 
(3>  Sans  doute  :  bêtes  sauvages. 


44  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Les  fuies  et  les  colombiers  trop  multipliés  nous  causent 
des  pertes  considérables,  tant  dans  notre  paroisse  qu'à  une 
demi-lieue  à  la  ronde.  Nous  en  comptons  douze;  les  ordon- 
nances qui  en  commandent  la  clôture  pendant  un  certain 
temps  de  Tannée  ne  sont  point  observées.  On  dépend ,  on  se 
plaint  tout  bas. 

Nous  n'avons  dans  notre  bourg  qu'un  four  banal  dont  le 
droit  est  de  prendre  en  nature  le  dix-huitième  pain;  aussi  un 
seul  pressoir  banal  :  grande  gène  et  grosse  charge. 

Les  audiences  juridiques  ne  sont  point  annoncées  d'avance, 
de  là  les  sentences  par  défaut.  Qu'il  nous  soit  permis  de 
choisir  parmi  nous  trois  ou  quatre  vieillards,  lesquels  avec 
notre  pasteur  ou  notre  syndic  jugent  M  en  dernier  ressort 
quantité  de  contestations,  comme  querelles,  injures,  menaces, 
dommages,  qui  ne  font  qu'alimenter  la  rapacité  de  la  chi- 
cane. Que  par  un  tarif  clair  et  net  envoyé  à  nos  municipali- 
tés pour  nous  être  lu  au  moins  une  fois  l'année,  nous  con- 
naissions les  honoraires  dûs  aux  notaires,  huissiers,  procu- 
reurs, greffiers  et  tous  autres  dont  l'arbitrage  est  un  abus  ; 
qu'on  y  joigne  les  droits  des  aides,  contrôles,  subventions, 
aussi  les  ordonnances  de  police  qui  sont  pour  nous  autant  de 
pièges  dans  lesquels  l'ignorance  nous  conduit.  Que  les  lois 
pénales  qui  portent  punition,  amende  ou  la  perte  du  fond 
d'une  affaire  pour  n'avoir  pas  observé  les  formalités  à  nous 
inconnues,  nous  soient  manifestées  et  déposées  en  notre  muni- 
cipalité. Qu'on  diminue  le  plus  possible  les  frais  de  justice 
et  les  formes  qui  ruinent  les  simples  et  les  faibles,  et  font  tant 
de  victimes  innocentes. 

Pour  faire  inhumer  nos  pères  et  nos  concitoyens,  qui  sou- 
vent laissent  à  leur  famille  affligée  plus  de  misère  que  de 
biens,  il  nous  faut  payer  nos  prêtres,  sonneurs,  etc.  Qu'on 
fasse  restituer  aux  ecclésiastiques  qui  ne  font  dans  nos 
paroisses  ni  bien  spirituel  ni  temporel,  les  biens  et  les  dîmes 
qu'ils  y  possèdent,  pour  après  en  avoir  formé  une  honnête 

M  Jugeraient. 


CAHIER    DE    SA1NT-B0HAIHE  45 

subsistance  pour  notre  légitime  pasteur,  le  surplus  être 
appliqué  en  fonds  de  charité  administrés  par  un  bureau,  à  nos 
pauvres  concitoyens,  à  la  décoration  et  entretien  de  notre 
église,  à  gager  un  maître  d'école,  sonneur  et  chantres  pour 
la  décence  du  service  divin  ;  et  qu'on  abolisse  toute  espèce 
de  casuel  et  de  quête  qui  sont  pour  nous  de  nouveaux  impôts. 

Notre  paroisse  est  composée  de  soixante-dix  feux.  Pas 
une  famille  ne  travaille  que  dans  son  bien  (j)  et  très  peu  en 
ont  en  propre. 

Tous  payent  ferme  à  ses  (sic)  maîtres  les  dîmes,  même  quel- 
ques cantons  le  terrage,  la  taille,  les  accessoires,  la  corvée 
qui  monte  au  quart  du  pied  de  la  taille,  et  souvent  avec  ces 
impôts  beaucoup  de  frais  trop  précipités.  Pendant  plus  de 
vingt  ans,  nous  avons  travaillé  sur  des  grandes  routes  tota- 
lement inutiles  pour  nous,  les  routes  de  Marchenoir  et  de 
Blois  jusqu'à  Menars,  depuis  dix  ans  sur  celle  deBlois  à  Ven- 
dôme :  nous  n'en  sommes  éloignés  qu'environ  une  demi- 
lieue,  mais  cette  distance  est  si  mauvaise  qu'elle  éloigne  les 
communications  et  débouchés  de  nos  denrées. 

Nous  sommes  trop  pauvres  pour  pouvoir  profiter  des 
ateliers  de  charité  qui  exigeraient  une  contribution  de  notre 
part. 

Avec  toutes  ces  charges  aussi  annuelles  que  générales, 
depuis  dix  ans  nous  avons  payé  avec  les  propriétaires  la 
reconstruction  de  la  majeure  partie  du  presbytère,  celle  de 
notre  église  renversée  par  la  foudre  du  3  août  1783,  où  près 
de  cinquante  personnes  y  ont  été  blessées  (*)  ;  le  gouverne- 

(*)  Ne  travaille  uniquement  dans  son  bien. 

(2)  «  Le  3  août  [1783],  pendant  la  célébration  de  la  fête  patronale,  sur  les  deux 
heures  et  demie,  durant  les  vêpres,  la  foudre  venant  du  sud,  précédée  d'une  grêle 
abondante,  a  enlevé  en  entier  la  charpente  et  la  couverture  de  l'église  ;  une  partie 
a  été  jetée  dans  la  cour  du  prieuré,  l'autre  partie  est  tombée  par  elle-même,  mais 
soutenue  parla  charpente  de  la  voûte,  elle  a  préservé  au  moins  un  cent  d'habitants; 
un  seul  a  été  tué  par  la  chute  des  ruines,  c'est  Pierre  Binetin  ;  trente-six  à  qua- 
rante ont  été  blessés,  dont  six  grièvement  ;  la  maison  faisant  partie  du  prieuré, 
actuellement  occupée  par  le  maître  d'école,  a  eu  ses  deux  toits  enfoncés  par  la 
chute  d'une  partie  de  l'église  ;  quantité  de  maisons  ont  été  découvertes  en  tout  ou 
en  partie  ».  (Inventaire  des  Arch.  dép.  de  Loir-et-Cher,  supplément  de  la  série  E, 
p.  44  :  Arch.  comm.  Saint-Bohaire,  GG  34  à  61.) 


46  BAILLIAGE   DE   BL01S 

ment  n'y  a  nullement  participé.  En  1783,  1785  et  1787, 
nos  récoltes  ont  été  considérablement  endommagées  par  les 
grêles  et  foudre  de  vents;  nous  n'avons  point  eu  de  remises 
qu'en  1787  soixante  livres  qui  ont  été  réparties  aux  plus 
petits  fermiers,  faible  remède  à  de  si  grands  maux. 

Puisse  le  ciel  exaucer  nos  Vteux  pour  la  conservation  des 
jours  précieux  du  monarque  si  bien  voulant  qui  nous  gou- 
verne et  conduire  à  un  heureux  succès  les  vœux  de  sa 
sagesse  :  c'est  la  prière  unanime  de  ses  fidèles  sujets  habi- 
tant la  paroisse  de  Saint-Bohaire,  soussignés. 

(Suivent  11  signatures,  celles  de:  JeJohanet,  député;  Syl- 
vain Machefert,  syndic,  etc.) 


FOSSÉ 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-Ouest. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Moyenne  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principales  cultures  :  blé,  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Boilève  d'Arbonne. 

Seigneur  en  1789  :  Charles-Victoire-François  Irrumberry  de  Sala- 
berry,  chevalier,  conseiller  du  Roi  en  ses  conseils,  président  en  la 
Chambre  des  Comptes  de  Paris,  seigneur  des  terres  et  seigneuries  de 
Pezay,  Fossé  et  Saint-Bohaire. 

Population  en  1790  :  330  habitants. 

Taille  :  3.333  1.  (principal  :  1.600  1.  ;  accessoires  :  718  1.  ;  capita- 
tion  :  1.015  1.) 

Gapitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  2.000  1.  7  s. 


CAHIER   DE    FOSSÉ  47 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  8  mars  1789. 

Président  :  Sylvain  Gratier,  syndic  de  la  paroisse. 

Population  :  71  feux. 

Comparants  :  Joseph  Barreau;  Jacques  Vernouillet;  François  Ver- 
nouillet  ;  Jacques  Cornet  ;  Martin  Brossier  ;  Pierre  Bordier  ;  François 
Gouger  ;  François  Marie  ;  Jacques  de  la  Chartre  ;  Louis  Le  Roy  ;  Pierre 
Coudriau;  Pierre  Oudine  ;  René  Guignard  ;  Toussaint  Bury  ;  François 
Fossereau;  Jean  Tournois;  Joseph  Chevalier;  François  Thomas  et 
autres,  tous  vignerons  ou  laboureurs. 

Députés  :  Pajon  de  Chambeaudière,  bourgeois  demeurant  à  Blois, 
procureur  syndic  du  Tiers  de  l'assemblée  intermédiaire  du  département 
de  Blois  et  Romorantin,  et  Moreau,  secrétaire  greffier  de  cette  assemblée. 

Suivent  16  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Rédaction  du  cahier  des  doléances,  plaintes,  remon- 
trances et  demandes  des  habitants  de  la  paroisse  de 
Fossé. 

Aujourd'hui,  8  mars  1789,  nous,  habitants  delà  paroisse 
de  Fossé,  étant  assemblés  au  lieu  ordinaire  de  nos  assem- 
blées en  la  manière  accoutumée,  ladite  assemblée,  convo- 
quée au  prône  de  la  messe  paroissiale  et  annoncée  au  son 
de  la  cloche  ledit  jour,  présidée  par  Sylvain  Gratier,  syndic, 
à  laquelle  se  sont  trouvés  tous  les  habitants  sortant  en 
grand  nombre  de  la  messe  paroissiale,  savoir  :  Pierre  Bor- 
dier, François  Marie,  Joseph  Barreau,  Jean  Tournois,  Fran- 
çois Gouger,  Sylvain  Coudriau,  Louis  Caille,  Claude  Tho- 
mas, François  Vernouillet,  Jacques  Vernouillet.  Martin 
Brossier,  Jacques  Cornet  et  autres,  tous  laboureurs  ou 
vignerons  demeurant  en  ladite  paroisse,  avons  rédigé  le 
cahier  de  nos  dites  plaintes  et  demandes  article  par  article, 
ainsi  qu'il  suit  : 


48  BAILLIAGE    DE    BL01S 

Akt.  1er.  —  Impôts,  —  Nous  nous  plaignons  du  nombre 
effrayant  des  impôts,  de  leur  excès  et  de  leur  injuste  réparti- 
tion ;  en  conséquence, 

Demandons  : 

1°  Une  répartition  juste  et  exacte,  sans  privilèges  ni  exemp- 
tions, de  tous  les  impôts  existant,  avant  de  songer  à  en  éta- 
blir d'autres,  s'ils  sont  nécessaires. 

2°  Réitérons  la  demande  que  tous  les  privilèges  lucratifs 
qui  refoulent  sur  la  masse  du  peuple  soient  abolis. 

3°  Qu'on  fasse  toutes  les  épargnes  possibles  et  raison- 
nables dans  les  dépenses,  émoluments  de  charges,  hono- 
raires d'offices,  etc. 

4?  Qu'on  détruise  ou  diminue,  autant  que  faire  se  pourra, 
et  à  mesure  que  le  temps  et  l'effet  des  moyens  qu'on  va 
prendre  pour  une  meilleure  administration  auront  remédié 
au  mal  présent,  les  impôts  les  plus  onéreux  et  les  plus  coû- 
teux dans  leur  perception. 

5°  Qu'à  l'égard  de  gabelles,  notre  province  soit  assimilée  à 
celles  où  le  sel  se  vend  comme  toute  autre  marchandise  de 
première  nécessité. 

6°  Que  nos  municipalités,  môme  les  collecteurs  des  pa- 
roisses, soient  autorisés  à  saisir  eux-mêmes  chez  les  contri- 
buables, ou  réfractaires  ou  trop  arriérés  dans  le  paiement 
de  la  taille  et  autres  impositions.  Cela  n'opérerait  que  de  très 
petits  frais,  sans  contredit  bien  moindres  que  ceux  des  gar- 
nisons envoyées  par  les  receveurs  à  35  et  40  sols  par  jour, 
sans  compter  les  frais  de  commandements  et  saisies. 

7°  Que  la  corvée  soit  convertie  en  un  impôt  représentatif 
d'icelle  ;  que  cet  impôt  soit  réparti  non  seulement  sur  tous 
les  propriétaires  de  fonds,  mais  encore  sur  tous  les  usufrui- 
tiers, ecclésiastiques,  nobles,  privilégiés,  de  quelque  état  et 
condition  qu'ils  puissent  être,  sur  les  messagers,  voiluriers, 
maîtres  de  poste,  négociants,  marchands,  en  proportion  des 
commerces,  facultés,  tenures  et  propriétés  de  chacun  d'eux. 


CAHIER    DE    FOSSÉ  49 

La  confection  et  entrelien  des  grandes  roules  étant  pour  l'uti- 
lité publique,  il  parait  aussi  juste  que  raisonnable  que  tous 
sans  exception  fraient  à  leur  dépense.  Les  gens  de  la  cam- 
pagne qui  profitent  le  moins  de  l'avantage  des  grandes  routes 
sont  les  seuls  jusqu'à  présent  qui  en  ont  supporté  les 
frais. 

8°  Demandons  que  s'il  doit  encore  exister  des  impôts  sur 
le  vin  et  autres  liqueurs,  qu'on  ne  trouve  pas  assez  prompte- 
ment  les  moyens  de  convertir  ces  droits  en  un  impôt  équi- 
valent, qu'on  rédige  au  moins  un  tarif  clair,  net  et  précis  de 
tous  ces  droits,  ainsi  que  pour  ceux  de  subvention,  contrôle, 
entrées,  etc.,  lequel  serait  déposé  au  greffe  des  municipalités 
de  chaque  paroisse. 

9°  Qu'on  établisse  pour  les  pauvres  des  moyens  faciles  et 
sans  frais,  ou  à  frais  très  modérés,  pour  les  plaintes  qu'ils 
auraient  à  faire  en  malversation  d'impôts,  etc. 

Art.  2.  —  Justice.  —  Nous  nous  plaignons  de  la  quantité 
prodigieuse  de  lois  dont  l'obscurité  est  presque  un  secret 
pour  le  peuple,  et  le  véritable  patrimoine  de  la  chicane,  au 
lieu  qu" elles  devraient  être  dans  les  affaires  journalières 
des  citoyens  le  guide  assuré  de  leur  conduite  ;  ainsi  deman- 
dons : 

1°  Qu'elles  soient  rendues  courtes,  simples  et  réduites  au 
plus  petit  noïnbre  possible. 

2°  Qu'on  réforme  celles  qui  sont  défectueuses,  comme 
celle  en  particulier  de  notre  coutume  qui  prive  de  la  succes- 
sion de  leurs  proches  des  infortunés  orphelins,  parce  qu'ils 
ont  perdu  leurs  père  et  mère*1). 

(*)  En  effet,  dans  la  coutume  de  Blois,la  représentation  n'avait  pas  lieu  dans  les 
successions  en  ligne  collatérale,  ainsi  qu'il  résulte  de  l'article  139  de  cette  cou- 
tume ainsi  rédigé  ;  «  Représentation  aura  lieu  dorénavant  en  ligne  directe,  soit 
qu'elle  soit  accordée  ou  non  :  main  en  ligne  collatérale  n'aura  lieu,  si  elle  n'a 
été  accordée  par  celui  ou  ceux  de  la  succession  desquels  il  est  question  :  ce  qu'ils 
pourront  faire  sans  y  appeler  aucun  de  leurs  héritiers  présomptifs.  »  (Kourré. 
Coutume*  du  pays  et  comté  de  Blois,  p.  285).  En  conséquence,  d'une  succession 
collatérale  à  laquelle  auraient  eu  droit  le  père  ou  la  mère  s'ils  avaient  été  vivants, 


50  BAILLIAGE    DE    BL01S 

3°  Rien  de  plus  intéressant  pour  la  tranquillité  et  la  paix 
de  tous  les  propriétaires  que  les  héritages  de  chacun  fussent 
bornés  de  manière  que  le  voisin  ne  put  empiéter  sur  le  ter- 
rain de  son  voisin.  Ce  défaut  de  précaution  est  une  pépi- 
nière de  procès  dans  les  campagnes,  et  les  frais  effrayants 
qu'ils  engendrent  arrêtent  souvent  les  faibles  devant  les  riches 
qui  les  dépouillent  injustement. 

4°  Demandons  qu'on  s'occupe  des  moyens  de  rendre  aux 
pauvres  une  justice  gratuite,  en  établissant  sur  une  paroisse 
entre  trois,  des  juges  de  paix  dont  les  jugements  seraient 
rendus  sans  aucun  frais,  et  dont  on  ne  pourrait  appeler  des 
sentences  qu'à  une  justice  royale  la  plus  prochaine. 

àkt.  3.  —  Dîmes.  —  Un  sentiment  de  raison  fondé  sur 
les  lois  naturelles  et  divines  nous  dicte  que  les  dîmes  n'ont 
été  établies  dans  les  paroisses  que  pour  le  service  de  la  reli- 
gion. Or  nous  nous  plaignons  : 

1°  De  payer  pour  environ  2,000  francs  de  dîmes  à  des 
prêtres,  d'ailleurs  très  riches,  qui  ne  sont  point  les  nôtres, 
que  nous  ne  connaissons  point,  auxquels  nous  sommes  égale- 
ment inconnus,  qui  ne  rendent  à  notre  paroisse  aucun  service 
religieux,  qui  n'y  répandent  aucune  aumône. 

2°  Nous  nous  plaignons  que  le  pasteur  chargé  de  nous  ins- 
truire, obligé  par  état  de  rester  parmi  nous  pour  le  service 
paroissial,  ne  soit  que  comme  un  serviteur  aux  gages  de  ces 
prêtres  étrangers,  qui  ne  lui  laissent  qu'une  modique  portion 
qu'ils  sont  forcés  de  lui  payer  ;  ainsi  demandons  : 

1°  Que  la  dime  soit  rappelée  à  son  institution  première; 

2°  Qu'on  abolisse  le  casuel,  comme  étant  une  surcharge 
qui  refoule  sur  nous,  après  le  paiement  de  la  dime  qui  doit 
nous  en  tenir  lieu  ; 

leurs  orphelins  étaient  exclus  s'il  y  avait  d'autres  parents  plus  proches  en  degré 
du  défunt,  leurs  oncles  et  tantes  par  exemple.  La  même  idée  est  exprimée  plus 
clairement  par  plusieurs  autres  cahiers  (La  Madeleine- Villefrouin,  Lestiou,  Mar- 
chenoir)  qui  se  plaignent  que  les-  oncles  et  tantes  excluent  leurs  neveux  et 
nièces  de  l'héritage  de  leurs  proches. 


CAHIER   DE    FOSSÉ  51 

3°  Qu'après  avoir  attribué  au  prêtre  qui  remplit  les  fonc- 
tions pastorales  une  portion  sur  la  dlme  qui  réponde  à  sa 
dignité  et  qui  lui  assure  une  existence  honnête,  on  fasse  une 
distraction  de  deux  autres  parts,  dont  la  première  servirait  à 
la  décoration  des  autels,  à  l'entretien  de  notre  église  dont  les 
revenus  sont  on  ne  peut  plus  modiques,  et  la  deuxième  part 
serait  employée  au  soulagement  des  malheureux. 

Art.  4.  —  Etablissement  utile.  Terrains  vagues.  — 
11  y  a  presque  par  toutes  nos  campagnes  et  notamment  dans 
notre  paroisse  des  terrains  vagues,  incultes,  abandonnés,  qui 
appartiennent  aux  seigneurs  qui  n'en  tirent  aucun  parti, 
parce  que  la  dépense  qu'ils  auraient  à  faire  pour  les  rendre 
productives  les  effraie  avec  raison. 

Comme  les  bois  deviennent  de  jour  en  jour  très  chers  et 
très  rares,  nous  demanderions  qu'en  nous  déchargeant 
chaque  année  d'une  partie  de  nos  corvées,  nous  fussions 
autorisés  au  défrichement  et  défoncement  de  ces  terrains, 
pour  les  planter  en  bois,  que  chacun  de  nous  fût  obligé  à  une 
part,  en  raison  de  la  décharge  qu'il  éprouverait. 

Nous  demandons  ensuite  que  le  produit  de  ces  mêmes  bois 
vienne  au  profit  de  notre  communauté,  pour  en  payer  par 
exemple  une  partie  des  impositions  auxquelles  elle  est  tenue, 
sans  néanmoins  préjudiciel*  aux  droits  des  seigneurs  qui 
seraient  chargés  de  la  garde,  et  qui,  en  raison  de  cette  garde 
et  de  leur  propriété,  auraient  une  part  dans  le  produit. 

Autre  objet  d'utilité  publique.  Terres  sujettes  auœ 
inondations.  —  Il  serait  important  dans  les  campagnes,  que 
partout  où  besoin  est,  il  fut  ordonné  pour  toutes  les  terres 
sujettes  aux  inondations,  des  gouffres  ou  puisards,  des  fossés 
d'écoulement,  qui  sauveraient  chaque  année  d'abondantes 
récoltes  qui  sont  absolument  perdues  par  ce  défaut  de  pré- 
caution; c'est  pourquoi  demandons  qu'à  cet  égard,  il  y  ait 
une  loi  qui  y  oblige  sous  des  peines  tous  ceux  sur  le  terrain 
desquels  cette  opération  est  nécessaire, 

Art.  5.  —  Police  des  campagnes.  —  On  a  soin  dans  les 


52  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

villes  d'y  tenir  une  police  exacte,  au  lieu  que  nos  campagnes 
qui  alimentent  les  villes,  qui  en  sont  comme  les  mères  nour- 
rices, sont  à  cet  égard  à  peu  près  abandonnées. 

Ainsi  nous  demandons  qu'il  soit  proposé  aux  Etats  géné- 
raux des  établissements  de  gardes-campagnes  de  trois  en 
trois  lieues,  que  chaque  établissement  fût  composé  de  deux 
invalides  ou  deux  anciens  soldats  émérites,  dont  la  garde 
s'étendrait  sur  la  paroisse  qu'ils  habiteraient  et  sur  deux 
autres  aux  environs  :  ces  gardes  à  pied,  seraient  membres 
des  maréchaussées,  avec  lesquelles  ils  formeraient  de  toutes 
parts  une  chaîne  de  correspondance,  de  manière  à  être 
promptement,  exactement  et  continuellement  informés  de tous 
les  d,ôlits  qui  se  commettent  plus  librement,  plus  hardiment 
dans  les  campagnes,  où  ils  sont  moins  éclairés  et  moins 
suivis. 

Cet  objet  de  police  nous  a  paru  mériter  d'autant  plus 
d'attention,  qu'il  intéresse  également  les  villes  et  les  cam- 
pagnes, puisque  c'est  du  sein  des  campagnes  que  refluent 
dans  les  villes  les  malfaiteurs  ;  ce  sont  les  campagnes  qui 
leur  servent  le  plus  souvent  d'asiles;  c'est  dans  les  petits 
cabarets  des  villages,  dans  les  retraites  isolées  que  se  forment 
les  noirs  complots.  Or  on  demanderait  : 

1°  Que  l'emploi  de  ces  gardes  fût  de  faire  dans  les  trois 
paroisses  dont  il  seraient  chargés,  trois  patrouilles  par 
semaine,  dans  les  cabarets  et  autres  maisons  soupçonnées  de 
donner  retraite  aux  vagabonds,  gens  sans  aveu,  ou  qui  n'au- 
raient pas  de  demeure  fixe. 

2°  Qu'ils  seraient  autorisés  à  visiter  les  lieux  sujets  aux 
inondations,  veilleraient  à  ce  que  les  gouffres  ou  puisards 
ainsi  que  les  fossés  d'écoulement  fussent  soigneusement 
entretenus  par  ceux  qui  en  sont  ahargés. 

3°  En  supposant,  qu'il  advînt  une  ordonnance  si  utile  pour 
des  plantations  do  bois  sur  les  terrains  vagues,  qu'ils  eussent 
indépendamment  de  la  garde  des  seigneurs  une  inspection 
sur  cet  objet  d'utilité  publique. 


CAHIER    OË    FOSSÉ  53 

4°  Que  si  dans  le  cours  de  leurs  visites,  ils  trouvaient  des 
vaches,  moulons  ou  autre  bestiaux  paissant  dans  les  prairies, 
champs  ensemencés  en  blé  ou  autres  grains  appartenant  à 
des  particuliers,  ils  fussent,  comme  pour  les  objets  déjà  men- 
tionnés, autorisés  à  en  donner  plainte  pour  que  les  délin- 
quants soient  condamnés  à  l'amende. 

5°  Que  si  lors  des  récoltes  en  grains,  ou  après  les  ven- 
danges faites,  ils  trouvaient  des  gens  glanant  après  l'enlève- 
ment des  moissons,  ou  recueillant  les  raisins  échappés  à  l'œil 
des  vendangeurs,  sans  être  porteurs  de  certificats  de  pauvreté 
signés  des  curés,  syndics  et  membres  des  municipalités,  ils 
fussent  également  autorisés  à  en  porter  plainte,  pour  que 
l'amende  soit  prononcée  contre  les  contrevenants  et  appli- 
cable moitié  aux  dénonciateurs  et  moitié  aux  pauvres. 

6°  Qu'ils  fussent  encore  autorisés  à  dénoncer  les  laboureurs 
dont  les  troupeaux  seraient  trouvés  dans  leurs  champs  de  blé, 
orge  ou  avoine,  les  trois  premiers  jours  après  l'enlèvement 
des  moissons. 

Art.  6.  —  Gibier  des  seigneurs.  —  Rien  de  plus  dévas- 
tant dans  les  campagnes,  et  par  cette  raison  de  plus  digne  de 
l'attention  de  la  Nation,  que  la  multiplicité  du  gibier  sur  les 
terres  des  seigneurs  presque  tous  enivrés  de  leurs  préten- 
tions à  cet  égard. 

L'utilité  publique  demanderait  que  leurs  droits  en  cette 
partie  fussent  restreints  de  manière  que  la  quantité  du  gibier 
fut  tellement  réduite  sur  leurs  fiefs,  qu'il  ne  pût  au  moins 
que  très  faiblement  nuire  aux  productions  ;  que  le  lapin  sur- 
tout qui  fait  chaque  année  le  désespoir  du  cultivateur  qui  a 
le  malheur  d'en  être  avoisiné,  ne  pût  avoir  d'existence  que 
dans  des  parcs  fermés  de  murs  d'où  il  ne  put  sortir  pour  nuire 
aux  récoltes. 

Un  autre  objet  d'attention,  c'est  la  quantité  trop  considé- 
rable de  pigeons  qui  sont  répandus  dans  la  campagne,  qui, 
lors  des  semailles  et  avant  la  maturité  des  récoltes,  portent 
aux  laboureurs  un  préjudice  notable.  Le  défaut  de  police  à 


54  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

cet  égard,  autorise  tous  les  jours,  ceux  mêmes  qui  n'ont 
aucun  droit  de  colombier.  Ainsi  demandons  encore  aux  États 
généraux  de  prendre  en  considération  cette  cause  de  dévasta- 
tion avec  toute  l'attention  qu'elle  mérite. 

Le  présent  cahier  de  doléances  nous  a  été  remis  par  les 
habitants  de  ladite  paroisse  de  Fossé,  dénommés  plus  haut, 
dont  ont  signé  ceux  qui  ont  su  signer,  les  autres  ayant 
déclaré  ne  savoir  signer,  les  dits  jour  et  an  susdits. 

(Suivent  14  signatures,  celles  de  :  Sylvain  Gratier,  syndic; 
Mathieu  Minier,  etc.) 


LA    CHAPELLE-VENDOMOISE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  Petit  de  Toisy. 

Seigneur  en  1789  :  Antoine-Laurent  de  Lavoisier,  écuyer,  membre 
de  l'Académie  des  Sciences,  seigneur  de  Fréchines,  Villefrancœur,  La 
Chapelle-Vendômoise  et  châtellenie  de  Toizy. 

Population  en  1790  :  272  habitants. 

Taille  :  4.138  1.  (principal  :  1.900  1.  ;  accessoires  :  1.034  1.  ;  capita- 
tion  :  1.204  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  946  1.  11  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  1789. 

Président  :  Louis-Michel  Lefebvre,  bailli  des  hautes  justices  de 
Villefrancœur  et  de  La  Chapelle-Vendômoise. 


CAHIER   DE    LA    CHAPELLE- VENDOMOISE  55 

Population  :  62  feux. 

Comparants  :  Denis  Joly,  charron  et  syndic  municipal  ;  Guillaume 
Milhet,  cordonnier,  membre  de  l'assemblée  municipale  ;  Antoine-Lau- 
rent Lavoisier,  propriétaire  de  biens  dans  cette  paroisse;  Charles 
Randouineau,  laboureur;  Pierre  Duru,  vigneron;  François-Noël  Bru- 
neau,  meunier:  Jean  Goyer,  laboureur;  Gervais  Morand,  sabotier  et 
laboureur;  Denis  Marnion,  journalier;  Jacques  Guilloteau,  journalier  ; 
Mathurin  Ronce,  journalier;  Pierre  Venangeon,  journalier;  Durand 
Faucheux,  vigneron  ;  Jean  Ronce,  vigneron;  Michel  Farien,  laboureur; 
Pierre  Asselin,  laboureur;  Pierre  Thomas, laboureur;  Jacques  Rivière, 
journalier;  Pierre  Randouineau,  journalier;  Pierre  Chevalier,  meu- 
nier et  collecteur;  François  Mercier,  huissier  royal  et  laboureur;  Guil- 
laume Chevalier,  laboureur;  Pierre  Benoit,  ancien  laboureur;  Sylvain 
Cochereau,  vigneron;  Claude  Binquetin,  laboureur;  Denis  Cochereau, 
vigneron;  Simon  Chambray,  maréchal;  Constantin  Venangeon,  vigne- 
ron; Jacques  Martin,  vigneron  ;  Léonard  Deschamps,  laboureur;  Louis 
Piédallu.  laboureur;  Mathurin  Coulonniers,  laboureur;  Me  Isaac Marin 
Le  Manissier,  curé  de  ladite  paroisse. 

Députés  :  François  Mercier,  huissier  royal  et  laboureur,  et  Louis- 
Michel  Lefebvre,  bailli. 

Suivent  19  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Instruction  annexée  aux  délibérations  et  aux  pouvoirs 
donnés  par  les  habitants  de  La  Chapelle-Vendômoise 
à  leurs  représentants  pour  être  par  eux  remise  à  ras- 
semblée du  bailliage  de  B/ois. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  La  Chapelle- Vendômoise 
ne  fatigueront  pas  le  Roi  et  la  Nation  par  des  demandes  en 
modération  d'impôt  qu'ils  sentent  que  les  circonstances  du 
moment  rendent  impossibles. 

Ils  se  borneront  donc  à  demander  qu'il  soit  établi  une 
constitution  fixe  et  invariable  qui  leur  assure  : 

1°  L'exercice  de  leur  liberté  personnelle  et  individuelle, 


56  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

en  sorte  qu'aucun  citoyen  domicilié  ne  puisse  être  arrêté  et 
constitué  prisonnier  que  dans  les  cas  prévus  par  la  loi  et 
d'après  un  décret  décerné  par  les  tribunaux. 

2°  La  jouissance  paisible  des  propriétés  légitimement 
acquises  ainsi  que  la  libre  disposition  des  fruits  que  le  culti- 
vateur a  fait  naître  et  à  laquelle  il  a  droit  en  raison  de  ses 
travaux. 

3°  L'exercice  du  droit  imprescriptible  de  la  Nation  et  qui 
a  été  reconnu  par  le  Roi  de  ne  payer  que  les  impôts  qu'ils 
auront  consentis. 

4°  La  cessation  de  tout  arbitraire  dans  la  répartition  de 
l'impôt  et  une  contribution  égale  et  proportionnelle  de  la  part 
des  citoyens  de  tous  les  ordres  et  de  toutes  les  classes  sans 
aucune  exception. 

5°  La  protection  contre  la  violence  et  contre  la  force. 

6°  Une  justice  prompte  des  tribunaux  auxquels  ils  puissent 
facilement  avoir  recours,  une  procédure  simple  et  peu  dis- 
pendieuse. 

7°  Une  jurisprudence  criminelle  qui  tranquillise  l'inno- 
cence sans  assurer  l'impunité  au  coupable,  un  code  pénal 
mieux  adapté  aux  temps,  aux  lieux  et  surtout  au  caractère 
de  la  Nation. 

Tels  sont  les  droits  dans  lesquels  les  habitants  de  La  Cha- 
pelIe-Vendômoise  se  maintiennent  et  se  rétablissent  en  tant 
que  besoin  ;  ces  droits  sont  antérieurs  aux  conventions 
humaines  et  imprescriptibles  par  leur  nature. 

Ils  demandent,  pour  que  la  jouissance  et  l'exercice  leur  en 
soient  irrévocablement  assurés,  que  le  retour  des  États 
généraux  soit  fixé  par  une  loi  nationale  et  constitutionnelle  à 
des  époques  périodiques  et  très  rapprochées;  que  le  Roi 
pendant  l'intervalle  d'une  tenue  à  l'autre  jouisse  de  la  pléni- 
tude du  pouvoir  exécutif;  que  la  répartition  de  l'impôt,  la 
conduite  des  chemins  publics,  ainsi  que  tout  ce  qui  a  rapport 
à  l'intérêt  local  et  particulier  de  chaque  communauté  conti- 


CAHIER   DE    LA    CHAPELLE- VENDOMOISE  57 

nuent  d'être  confiées  à  des  administrations  provinciales,  de 
départements  et  municipales. 

A  Tégard  des  demandes  particulières  qu'ils  sont  dans  le 
cas  de  former  telles  que  la  diminution  du  prix  du  sel,  l'adou- 
cissement des  lois  pénales  relatives  à  la  gabelle,  la  suppres- 
sion du  devoir  des  gabelles,  celle  des  droits  de  détail  sur 
les  boissons,  la  liberté  du  commerce  des  grains,  la  suppres- 
sion des  milices,  l'augmentation  des  émoluments  des  cures 
à  portions  congrues,  la  suppression  des  garnisons  ou  des 
moyens  de  faire  la  perception  des  [impôts]  à  moindre  frais 
possibles,  l'affectation  des  produits  des  dîmes  eccclésias- 
tiques  à  leur  primitive  destination  et  notamment  à  l'instruc- 
tion publique,  la  nécessité  d'établir  des  ateliers  de  filature, 
de  destiner  une  partie  des  fonds  représentatifs  de  la  corvée 
à  la  confection  des  chemins  vicinaux  et  à  rendre  les  villages 
plus  propres  et  plus  salubres,  les  habitants  s'en  rapportent 
à  leurs  députés  et  à  la  sagesse  des  États  généraux. 

Ils  se  réunissent  également  à  eux  pour  demander  la  sup- 
pression de  tous  les  obstacles  qui  peuvent  nuire  aux  progrès 
de  l'agriculture  tels  que  les  dîmes  inféodées,  les  champarts,  le 
droit  d'avenage,  le  droit  de  parcours,  les  règlements  qui,  dans 
la  plupart  des  provinces,  s'opposent  à  la  clôture  des  héritages, 
la  banalité  forcée  des  fours  et  moulins,  les  droits  féodaux  et 
de  francs-fiefs,  autant  toutefois  que  ces  suppressions  pourront 
être  opérées  sans  attaquer  le  droit  de  propriété  et  en  indem- 
nisant les  détenteurs  ou  possesseurs  desdits  droits  s'il  y  a  lieu. 

Ils  demandent  aussi  un  règlement  concernant  les  pigeons, 
qui  ordonne  de  fermer  ou  faire  griller  les  colombiers  dans 
les  temps  de  semences  et  à  l'approche  des  récoltes,  et  des 
moyens  efficaces  pour  l'exécution  dudit  règlement. 

Arrêté  en  l'église  paroissiale  de  La  Chapelle-Vendômoise, 
au  banc  de  l'œuvre,  le  5  mars  1789,  où  touslesdits  habitants 
se  sont  assemblés. 

(Suivent  19  signatures,  celles  de  :  Joly,  syndic  ;  Lavoisier  ; 
Mercier  ;  Lefebvre,  etc.) 


58  BAILLIAGE   DE   BL01S 


VILLEFRANCŒUR 


La  paroisse  de  Villefrancœur  comprenait  deux  communautés  dis- 
tinctes ayant  leurs  rôles  d'impositions  séparés  :  Tune  appartenait  à 
l'élection  et  au  bailliage  de  Vendôme  ;  l'autre  appartenait  à  l'élection 
de  Blois  et  avait  été  convoquée  par  le  bailliage  de  Blois. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  partie  de  Blois,  partie  de  Ven- 
dôme. —  Grenier  à  sel  :  Herbault.  —  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  Bégon. 

Seigneur  en  1789  :  Antoine-Laurent  de  Lavoisier,  écuyer,  membre 
de  l'Académie  des  Sciences,  seigneur  de  Fréchines,  Villefrancœur,  La 
Chapelle-Vendômoise  et  chatellenie  de  Toizy. 

Population  en  1 790  :  366  habitants. 

Taille  :  4.547 1. 0  s.  1  d.  :  Election  de  Blois  :  842 1.  (principal  :  387  1.  ; 
accessoires  :  210  1.  ;  capitation  :  245  1.)  —  Election  de  Vendôme  : 
3.705  1.  0  s.  i.  (principal  :  1.725  1.  ;  accessoires  :  904  1.  18  s.  5  d.  ; 
capitation  :  1.075  1:  1  s.  8.  d.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  ;  923  1. 15  s.  10  d. 

PROCÈS-VERBAL 

Le  procès-verbal  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 

Date  de  rassemblée  :  4  mars  1789  0). 

Députés  :  Antoine- Laurent  de  Lavoisier,  seigneur  de  la  paroisse,  et 
Girard,  notaire  <2>. 
Ces  députés  ne  furent  pas  admis  k  l'assemblée  préliminaire  du 


<*)  Cette  date  est  donnée  par  la  délibération  des  habitants  de  Villefrancœur  du 
5  avril  1789.  Arch.  nat.,  G  16,  plaquette  32,  pièce  22. 

<*>  Ces  noms  sont  donnés  par  le  procès-verbal  de  l'assemblée  préliminaire  du 
bailliage  de  Blois. 


CAHIER   DE   CHAMPIGNY-EN-BEAUCE  59 

bailliage  de  Blois  (*).  Cf.  plus  loin  le  procès-verbal  de  cette  assem- 
blée. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


CHAMPIGNY-EN-BEAUCE 


La  paroisse  de  Champigny-en-Beauce  comprenait  deux  communautés 
distinctes  ayant  leurs  rôles  d'imposition  séparés  :  l'une  appartenant 
au  bailliage  et  à  l'élection  de  Blois  ;  l'autre  au  bailliage  et  à  l'élection 
de  Vendôme.  C'est  la  première  seule  qui  comparut  à  Blois. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  partie  de  Blois,  partie  de  Ven- 
dôme. —  Grenier  à  sel  :  Herbault.  —  Diocèse  :  Blois. 


<*)  A  la  suite  de  ce  refus,  les  habitants  de  V i  11  ef rancœur,  assemblés  extraordi- 
nairement  le  5  avril  1789,  arrêtent  : 

«  1°  De  faire  relever  ladite  paroisse  du  jugement  prononcé  par  le  lieutenant 
général  de  Blois,  par  telle  voie  que  besoin  sera  ; 

«  2°  De  faire  faire  toutes  les  protestations  nécessaires  pour  la  conservation  des 
droits  de  ladite  paroisse  ; 

«  3*  De  faire  parvenir  aux  États  généraux  le  cahier  des  doléances  de  ladite 
paroisse  et  ses  justes  réclamations  contre  les  injures  adressées  aux  députés  de 
notre  dite  paroisse  par  des  personnes  sans  qualités  ni  pouvoirs. 

r  Et  à  l'effet  de  ce  que  dessus,  nous,  habitants  de  ladite  paroisse,  autorisons 
mondit  sieur  Lavoisier  à  présenter,  soit  en  sa  dite  qualité  de  député  de  ladite 
paroisse,  soit  en  notre  nom  personnel,  toutes  requêtes,  mémoires  instructifs, 
manuscrits  ou  imprimés  et  autres  pièces  que  besoin  sera  pour  le  bien  et  avan- 
tage de  ladite  paroisse  ;  lui  donnons  en  conséquence  les  pouvoirs  les  plus  étendus 
et  absolus,  confirmons  au  surplus  le  choix  que  nous  avons  fait  de  mondit  sieur 
Lavoisier  et  dudit  sieur  Girard  pour  nos  députés,  et  consentons  que  mondit  sieur 
Lavoisier  agisse  tant  en  vertu  de  notre  nomination  qu'en  vertu  des  présentes.  » 
(Délibération  des  habitants  de  Villefrancœur  du  5  avril  1789.  Àrch.  nat.  G  16, 
plaquette  32,  pièce  22.) 

D'autre  part  les  habitants  de  Villefrancœur  disent  dans  un  vœu  adressé  aux 
États  généraux  : 

«  Cette  nomination  [de  Lavoisier]  était  l'effet  de  la  confiance,  et  cette  confiance 
a  été  justifiée  parla  renonciation  absolue  qu'il  a  faite,  après  sa  nomination,  a  tout 
privilège  pécuniaire  et  par  la  soumission  qu'il  a  souscrite  de  payer  même  la 
taille  sur  la  ferme  qu'il  fait  valoir.  »  (Arch.  nat.  G  16,  plaquette  32,  pièce  23.) 


60  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois* 

Brigade  de  Vendôme. 

Assemblées  le  26  juillet  et  le  jour  de  Saint  Félix. 

Principale  culture  :  avoines. 

Seigneur  en  1768  :  l'évèque  de  Blois. 

Population  en  1790  :  626  habitants. 

Taille  :  8.753  1.  :  Election  de  Blois  :  6.750  1.  (principal  :  3.100  1.  ; 
accessoires  :  1.687  1.  ;  capitation  :  1.963  1.)  —  Election  de  Vendôme  : 
2.003  1.  (principal  :  925  1.  ;  accessoires  :  492  1.  ;  capitation  :  586  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.011  1.  9  s. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  5  mars  1789. 

Président  :  Etienne-Gabriel  Bourdon-Champigny,  procureur  fiscal 
de  la  justice  de  Champigny-en-Beauce. 

Population  :  103  feux. 

Comparants  :  Pierre-Christophe  Bouzy,  syndic  municipal  ;  Jacques 
Leroux,  laboureur,  ancien  syndic  ;  Joseph  Pasquier,  laboureur  ;  Jean 
Lépine  fils,  Joseph  Desbouige  et  Simon  Camus,  membres  et  adjoint 
de  ladite  municipalité  ;  René  Jouet,  cordonnier  ;  Michel  Baglan,  labou- 
reur; Claude  Lépine,  laboureur;  Laurent  Huet,  laboureur;  Jean 
Minier,  marchand  ;  François  Fouquet,  vigneron  ;  Denis  Thomas,  bour- 
relier ;  Jacques  Fouchard,  souaton  W ;  Séverin  Oget,  maréchal  de  forge; 
François  Gouffaut,  vigneron  ;  Louis  Daudin,  boucher  ;  Jacques  Moreau, 
souaton  ;  Mathurin  Laroche,  charpentier;  Vincent-Martin  Durand, 
chirurgien  ;  Pierre  Hervy,  vigneron  ;  Jean  Lépine  père,  vigneron  ; 
Joseph  Oury,  laboureur,  membre  ;  Jacques  Feuillâtre,  laboureur  ;  Marc 
Brethon,  laboureur;  Nicolas  Rocheron,  journalier;  Pierre  Bouzy, 
boulanger  ;  Léonard  Fouquet,  vigneron. 

Députés  :  Dinochau,  avocat  au  Parlement,  bailli  de  la  justice  du 


<*)  Souaton  se  dit  de  petits  cultivateurs  qui  se  prêtent  réciproquement  leur 
cheval  pour  les  travaux  des  champs  (Cf.  Thibault,  Glossaire  du  pays  btaisois. 
pp.  314-315). 


CAHIER   DE   MENARS  61 

lieu,  et  Jacques  Leroux,  laboureur,  ancien  syndic.  Samuel  Dinochau 
fut  élu  député  aux  États  généraux. 

Suivent  20  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


MENARS 

(Anciennement  :  Menars-le-Ch&teau.) 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars  ressortissant  au  parlement 
de  Paris. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  deux  tiers  en  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  453  habitants. 

Taille  :  3.267  1.  (principal  :  4  .500  1.  ;  accessoires  :  817  1.  ;  capitation  : 
950  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  privilégiés  (1  contribuable)  :  45  l. 

Vingtièmes  :  4.480  1.  42  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  24  février  4879. 

Président  :  Jacques  Touzard  W,  conseiller  du  Roi,  bailli,  juge  ordi- 

(*)  Nous  avons  vu  que  Jacques  Touzard  était  assesseur  de  la  maréchaussée» 


62  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

naire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  du  marquisat-pairie  de 
Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour  <*>.  Même  président  à  Cour* 
sur-Loire  et  à  La  Chaussée. 

Population  :  408  feux. 

Comparants  :  Louis  Rouault;  Louis-Étienne  Marchand,  père  et  fils; 
Charles  Massien  ;  Charles  Durand  ;  Jacques-Louis  Hfle  ;  Sébastien 
Bourdonneau  :  Pierre  Bosseray  ;  Sébastien  Lambert  ;  Jean-Philbert 
Gauvin  ;  Sébastien  Descoudras  ;  Michel  Chouard  ;  Jacques  Marion  ; 
André  Lambert;  Jacques  Fabre  ;  Mathurin  Breton  ;  Louis  Prest ;  Joseph- 
Alexandre  Cosson  ;  Jacques  Gauvin  Faîne  ;  Marin  Gauvin  ;  Joseph 
Boucher  ;  Etienne  Bernier  ;  Salomon-Pierre  Poupet  ;  Charles  Prest  ; 
Sylvain  Oinbredâne  ;  Jacques  Boucher  ;  Jacques  Régnier  ;  Guillaume 
Thibault  ;  Sébastien  Gauvin  ;  Pierre  Jouanneau  ;  Pierre  Bourgeois  ; 
Anthoine  Thibault  fils  ;  Charles  Darde  fils  ;  Pierre  Lambert  ;  Jacques 
Blanchet  ;  François  Darde  ;  Pierre  Poulvé  ;  Pierre  Lafeuille  ;  Claude 
Lambert  ;  Jean  Cointault  ;  Nicolas-Marcou  Larsonneux. 

Députés  :  Jacques  Touzard,  bailli  de  la  justice  de  Menars,  et  Louis- 
Étienne  Marchand  fils,  syndic  de  la  paroisse. 

Suivent  25  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  que  pré- 
sentent  très  humblement  à  Sa  Majesté  les  habitants  de 
la  paroisse  de  Menars-le-Chdteau,  en  vertu  de  la  per- 
mission qui  leur  en  a  été  accordée  par  le  règlement  de 
Sa  Majesté  du  24  janvier  dernier. 

Les  habitants  de  Menars-le-Château  remontrent  très  hum- 
blement qu'ils  feront  tous  leurs  efforts  pour  donner  à  Sa 
Majesté  des  preuves  de  leur  fidélité  et  de  leur  attachement, 
qu'ils  contribueront  de  tout  leur  pouvoir  aux  charges  publi- 
ques, la  suppliant  de  vouloir  bien  : 


bailli  de  la  justice  de  Saint-Lomer  de  Blois,  et  avait  été  député  de  l'assemblée  du 
Tiers  état  de  la  ville  de  Blois. 
'  M  Au  parlement  de  Paris. 


CAHIER   DE   MENÂR8  63 

1°  Faire  cesser  tous  les  privilèges  pécuniaires  qui  surchar- 
gent la  classe  laborieuse  du  peuple. 

2°  Abolir  le  droit  de  franc-fief  qui  prive  le  roturier  de  la 
faculté  de  disposer  de  son  fonds. 

3°  Réformer  les  abus  qui  subsistent  dans  la  perception 
arbitraire  du  contrôle  et  dans  le  ca$  ou  ce  droit  ne  sera  pas 
supprimé  en  fixer  la  perception  d'une  manière  uniforme  et 
modérée. 

4°  Supprimer  les  offices  de  jurés  priseurs  dont  le»  droite 
exorbitants  ruinent  les  campagnes  ou  en  tous  cas  laisser  à 
cette  partie  peu  fortunée  d'habitants,  la  faculté  de  (aire  pro- 
céder à  leurs  ventes  sans  le  ministère  des  jurés  priseurs 
lorsque  l'objet  à  vendre  n'excédera  pas  cinq  cents  livres. 

5°  La  suppression  de  la  gabelle  dont  l'impôt  achève  de 
ruiner  le  pauvre  et  le  prive  d'un  aliment  indispensable. 

6°  Qu'il  soit  pourvu  d'une  manière  moins  onéreuse  au 
peuple  à  la  perception  des  droits  d'aides,  notamment  sur  la 
partie  des  acquits-à-caution  ou  certificats  de  décharges  des 
eaux  de  vie  de  la  fraude  desquels  le  vendeur  est  garant  sans 
pouvoir  en  empêcher. 

7°  Que  l'imposition  de  la  taille  soit  réelle  si  faire  se  peut, 
et  dans  le  cas  ou  elle  continuerait  d'être  arbitraire  les  habi- 
tants comparants  supplient  Sa  Majesté  de  vouloir  bien  or- 
donner qu'il  soit  fait  un  nouveau  versement  dans  toutes  les 
généralités  de  son  royaume  et  notamment  dans  celle  d'Or- 
léans qui  est  la  plus  surchargée. 

8°  Observent  les  habitants  de  Menars  que  l'imposition  de 
la  corvée  au  quart  de  la  taille  est  trop  considérable  pour  la 
classe  malheureuse  des  cultivateurs. 

9°  Enfin  les  habitants  de  Menars-le-Château  chargent  leurs 
députés  de  vouloir  bien  se  joindre  à  tous  les  autres  pour  sup- 
pléer dans  leurs  doléances  à  ce  que  le  temps  trop  court  ne 
leur  permet  pas  de  rédiger. 


64  BAILLIAGE   DE    RL01S 

Fait  el  arrêté  en  l'auditoire  de  la  justice  de  Menars,  le 
24  février  1789,  devant  nous,  Jacques  Touzard,  conseiller 
du  Roi,  bailli,  juge  ordinaire  civil,  criminel  et  de  police  du 
bailliage  du  marquisat-pairie  de  Menars.  ressortissant  nue- 
ment  en  la  Cour,  président  l'assemblée  des  habitants  de  ladite 
paroisse  de  Menars-Ie-Château  dénommés  dans  notre  pro- 
cès-verbal de  cejourd'hui  el  ont  les  habitants  sachant  signer 
signé  avec  nous. 

(Suivent  25  signatures,  celles  de  :  Marchand,  Touzard,  etc.) 

Les  cahiers  de  Mulsans  et  de  Villerbon  sont  identiques  à  celui  de 
Menars,  sauf  quelques  différences  de  rédaction  et  l'addition  de  deux 
nouveaux  articles  dans  chacun  d'eux.  Le  cahier  de  Saint-Claude-de- 
Diray  présente  aussi  quelques  analogies  avec  celui  de  Menars. 


COUR-SUR-LOIRE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  grenier  à  sel,  diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblées  :  le  22  janvier  et  le  jour  de  Sainte-Radegonde. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1708  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789:  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,   marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  356  habitants. 

Taille  :  3.1581.  (principal:  1.4501.  ;  accessoires  :  7891.;  capitation: 
919  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  651  1.  45  s. 


CAHIER   DE   LA   CHAUSSÉE- SAINT-VICTOR  65 


PROCÈS-VERBAL 


Date:  24  février  4789. 


Président:  Jacques  Touzard,  conseiller  du  Roi,  bailli,  juge  ordi- 
naire, civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  du  marquisat-pairie  de 
Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour.  Même  président  qu'à  Menars- 
le-Château  et  à  La  Chaussée-Saint-Victor. 

Population  :  407  feux. 

Comparants  :  Servais  Jouanneau,  négociant  ;  Jacques  Pilot  ;  Jean 
Cbauveau  ;  Claude  Champy  ;  François  Cousin  ;  Thomas  Melot  ;  Michel 
Marpault;  Pierre  Martin;  Jean  Cousin;  Etienne  Gautier;  Jean  Ra- 
bier  ;  François  Papineau  ;  Jacques  Le  Roy  ;  Jean  Menant  ;  Fran- 
çois Pilot  ;  Marc  Papineau  ;  Marin  Chaudron  ;  Jacques  Lagrange  ; 
André  Tournois  ;  Servais  Marcou  ;  Renou  ;  Jean  Cormier  ;  François 
de  Lorme  ;  Claude  Leroux  ;  Jacques  Lepâtre  ;  Jean  Lemoine  ;  Hilaire 
Marcou. 

Députés  :  Jacques  Touzard,  bailli  de  la  justice  de  Menars,  et  Servais 
Jouanneau,  syndic  de  la  paroisse. 

Suivent  20  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LA  CHAUSSÉE  SAINT-VICTOR 


Dép.  :  Loir-et  Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-est. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat  pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  dimanche  après  la  Saint-Pierre. 

Principale  culture  :  vigne. 

3 


6tf  BAILLIAGE   DE   BLOlë 

Seigneur  en  1708  :  le  Roi  <*>. 

Seigneur  en  1789,  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de  Me- 
nars. 

Population  en  1790  :  645  habitants. 

Taille  :  5.335  1.  (principal  :  2.450  1.  ;  accessoires  :  4.333  1.  ;  capi- 
tation  :  4.552  1..). 

Capitation  de  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  4.4291.9  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  25  février  4789. 

Président  :  Jacques  Touzard,  avocat  en  parlement,  bailli,  juge  or- 
dinaire, civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  du  marquisat-pairie  de 
Menars,  ressortissant  nuement  en  la  Cour.  Même  président  qu'à  Me- 
nars-le-Chàteau  et  à  Cour-sur-Loire. 

Population  :  478  feux. 

Comparants  :  Laurent  Daudin  ;  Victor  Renard  ;  Louis  Daudin  ; 
Eustache  Chabault  ;  Eustache  Daudin  ;  Claude  Leton  ;  Pierre  Oudin  ; 
Jacques  Pezier  ;  Louis  Daudin-Moreau  ;  Louis  Lemaire  ;  Jean  Loyaut  ; 
Jean  Daudin-Regnard  ;  Pierre  Regnier-Marluron  ;  Micbel  Daudin  ; 
Pierre  Regnier-Loiseau  ;  Pierre  Jouanneau  ;  François  Couillard  ;  Ga- 
briel Martin  ;  Mathurin  Raveneau  ;  Jacques  Métais  ;  Louis  Chabault  ; 
Jean  Jolly  ;  Pierre  Chalumeau  ;  Victor  Perrin  l'aîné  et  le  jeune  ;  De- 
nis Chahuneau  ;  Gabriel  Perrein  ;  Michel  Gobillon  père  ;  JeanTou- 
cheron  ;  Jacques  Leroux  ;  Jean  Regnard  ;  Simon  Oudin  ;  Pierre  Cou- 
sin fils  ;  Jean  Cbabin  ;  Jacques  Cointault  ;  Pierre  Marquenet  ;  Char- 
les Robert  ;  Jean  Girault  ;  Jean  Rouault  ;  Eustache  Tiercelin  ;  Denis 
Couillard  ;  Louis  Pezier  ;  Victor  Chabault  ;  Denis  Marquenet  ;  Ga- 
briel Martin  le  jeune  ;  Antoine  Bonquillot  ;  Elie  Oudin  ;  Victor  Le- 
roux ;  Denis  Pezier  fils  ;  Pierre  Oudin  fils  ;  Denis  Chantereau  ;  Pierre 


(*)  Nous  reproduisons  textuellement  ici  l'indication  donnée  par  le  manuscrit  de 
1768,  mais  c'est,  croyons-nous,  une  erreur  :  le  seigneur  de  La  Chaussée-Saint- 
Victor  était  alors  le  marquis  de  Menars.  D'ailleurs  le  manuscrit  de  Jousse  en 
1741  donne  «  de  Menars  »  comme  seigneur  de  cette  paroisse  (Saint-Victor), 
et  en  1789  elle  était  bien  considérée  comme  faisant  partie  du  marquisat  de  Menars, 
puisque   c'est  le  bailli  de  ce  marquisat  qui  vint  présider  l'assemblée. 


CAHIER   DE   SA1NT-CLAUDE-DE-DIRAY  67 

Martin  ;  Michel  Raveneau  ;  Louis  Régnier  ;  Pierre  Regnier-Lecureuil; 
Pierre  Chabault  ;  Jean  Couillard  des  Sablons  ;  Jean  Guénault  ;  Victor 
Martin-;  Jean  Toucheron  l'aîné  ;  Eustache  Oudin  ;  Pierre  Belin  ;  Au- 
gustin Lemaire  ;  Michel  Gandon;  Jean  Couillard-Belot  ;  Michel  Ague- 
nier  ;  Mathurin  Doizy  ;  Ange  Chenu  ;  Jean  Girardeau  ;  Joseph  Le- 
roux. 

Députés  :  Jacques  Touzard,  bailli  de  la  justice  de  Menars,  et  Victor 
Renard,  vigneron. 

Suivent  25  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


SÀINT~CLAUDE~DE~DIRAY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-est. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  jour  de  la  Quasi  modo. 

Principales  cultures  :  vigne,  seigle. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,   marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  1.244  habitants. 

Taille  :  10.343  1.  (principal  :  4.750  1.  ;  accessoires  :  2.585  1.  ;  capi 
tation  :  3.008  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  2.497  1. 14  s. 


C8  BAILLIAGE    DE    BLOIS 


PROCES-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Antoine  Lefèvre,  procureur  fiscal  du  bailliage  du  mar- 
quisat-pairie de  Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour.  Même  pré- 
sident qu'à  Averdon. 

Population  :  347  feux. 

Comparants  :  Louis  Porcher,  syndic;  Nicolas  Belin,  Claude  Fro- 
met,  Louis  Lambert,  Etienne  Bruneau,  Antoine  Dumont,  Nicolas 
Bimbenet,  François  Tassin,  Jean  Mariette -Qu a ntin,  membres  de 
l'assemblée  municipale;  Joseph  Cendrier;  Pierre  Duvau;  Claude 
Farou;  Vincent  Daubigny;  Joseph  Remy  fils;  Pierre  Duquiau; 
Marcel  Guignard;  Michel  Remy  l'aîné;  Nicolas  Delaboissière  ;  Mathu- 
rin  Michelin  ;  Nicolas  Robert  ;  Pierre  Racault  ;  Nicolas  Lambert 
Claude  Belin  ;  Michel  Duquiau  ;  Pierre  Ranjard  ;  Michel  Racault 
Claude  Cendrier  ;  Nicolas  Lambert  ;  Jacques  Saule  ;  Jacques  Robert 
Louis  Leroux;  Jacques  Sébille;  Nicolas  Remy;  Etienne  Porcher 
René  Fromet  ;  Pierre  Dubois  ;  Jean  Fromet  ;  Pierre  Porcher 
Jacques  Labbé  ;  Jean  Amiot;  Etienne  Belin;  Claude  Labbé;  Claude 
Blanvillain  ;  Denis  Cendrier  ;  Jean  Cuignebert  ;  Jean  Mariette  fils  ;  Pierre 
Mariette;  Etienne  Sébille;  Jean  Louis  Brossard  ;  Pierre  Robert;  Etienne 
Cour;  Michel  Fromet;  Jean  Chenu  ;  Michel  Racault;  Pierre  Leblanc; 
Claude  Duvau  ;  Pierre  Belin-Cotton  ;  Louis  Deniau  ;  Louis  Ranjard  ; 
Pierre  Habert;  Jacques  Cuillon;  Paul  Cendrier;  Louis  Galliot;  Jean 
Fossé;  Jean  Gendrier;  Jacques  Durand  ;  Thomas  Chardon  ;  Jean  Bru- 
net;  Nicolas  Sébille  ;  Jacques  Gendrier  ;  Pierre  Fouillioux  ;  Etienne 
Labbé;  Etienne  Porcher;  Barthélémy  Duvau;  Etienne  Dubois;  Mathu- 
rin  Racouet  ;  Michel  Amiot  ;  Mathurin  Porcher  ;  Etienne  Mariette  ; 
Etienne  Terreau;  François  Vallée;  Jacques  Robert;  Jean  Cour;  Michel 
Lambert. 

Députés  :  Antoine  Dumont,  chirurgien;  Simon  Belin,  marchand 
tonnelier;  Nicolas  Bimbenet,  tonnelier  ;  Jean  Chenu,  boulanger. 

Suivent  26  signatures. 


CAHIER    DE    SAINT-CLAUDE-DE-D1RAY  69 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  que  pré- 
sentent à  Sa  Majesté  les  habitants  de  la  paroisse  de 
Sainl-Claude-de-Diray \en  exécution  delà  lettre  du  Roi 
du  21  janvier  1789,  pour  la  convocation  et  tenue  des 
Etats  généraux  de  ce  royaume,  et  satisfaire  aux  dis- 
positions du  règlement  y  annexé  ainsi  quà  l  ordon- 
nance de  M.  le  lieutenant  général  du  bailliage  de  Mois, 
contenant  les  articles  ci-après  : 

1°  La  réunion  de  la  taille  et  corvée  en  un  seul  impôt  sur 
toutes  les  propriétés,  et  en  cas  d'arbitraire  dans  la  réparti- 
tion, il  soit  fait  un  nouveau  versement  sur  la  généralité 
d'Orléans  comme  étant  une  des  plus  chargées  du  royaume. 

2°  Que  toutes  espèces  de  contributions  soient  égales  et 
proportionnelles  de  la  part  des  citoyens  de  tous  les  Ordres  et 
de  toutes  les  classes  sans  aucune  exception. 

3°  La  diminution  de  l'impôt  pour  la  corvée  et  de  destiner 
une  partie  de  ses  fonds  à  l'entretien  des  chemins  vicinaux. 

4°  Qu'il  soit  procédé  d'une  manière  moins  dispendieuse  au 
recouvrement  de  la  taille  et  autres  impositions  en  obligeant 
les  habitants  des  villes  et  campagnes  de  porter  directement 
leurs  deniers  au  bureau  de  chaque  généralité. 

5°  La  suppression  des  gabelles  et  la  conversion  du  pro- 
duit en  un  impôt  qui  irait  plus  directement  au  soulagement 
du  pauvre  peuple. 

6°  Une  réforme  dans  la  perception  des  droits  d'aides,  par- 
ticulièrement sur  l'obligation  de  rapporter  des  certificats  de 
décharge  ou  acquits  à  caution  pour  ce  qui  concerne  les  eaux- 
de-vie,  d'où  il  résultera  la  suppression  d'une  grande' partie 
des  employés. 

7°  De  fixer  la  perception  des  droits  de  contrôle  d'une  ma- 


70  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

nière  plus  invariable  parce  que  ni  les  notaires  ni  les  parties 
contractantes  ne  savent  à  quoi  s'en  tenir. 

8°  La  suppression  des  offices  de  jurés  priseurs  dont  les 
droits  pèsent  trop  sur  la  .classe  du  peuple  la  plus  indigente. 

9°  La  suppression  des  droits  de  franc-flef. 

10°  Une  justice  plus  prompte  des  tribunaux,  une  procédure 
simple  et  peu  dispendieuse. 

11°  La  suppression  des  milices. 

12°  Que  le  commerce  en  général  soit  délivré  de  ses  entraves. 

Les  habitants  de  ladite  paroisse  de  Saint-Claude  prient 
Messieurs  leurs  députés  de  se  joindre  aux  députés  des  autres 
paroisses  et  de  suppléer  à  ce  que  le  temps  trop  court  ne  leur 
a  pas  permis  de  rédiger. 

Fait  et  arrêté  double  au  banc  de  l'œuvre  de  ladite  paroisse 
le  6  mars  1789  et  ont  lesdits  habitants  qui  savent  signer 
signé  avec  nous. 

(Suivent  26  signatures,  celles  de  :  Porcher,  syndic  ;  Belin; 
Nicolas  Bimbenet;  Dumont;  J.  Chenu;  etc.) 

Ce  cahier  présente  quelques  analogies  au  point  de  vue  de  la  rédac- 
tion et  des  réformes  proposées  avec  celui  de  Menars-le-Château. 


ÀVERDON 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 
Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 
Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars  (*>. 
Brigade  de  Blois. 

<*)  Cette  justice  ressortissait  au  parlement  de  Paris;  cependant  le  manuscrit  de 
Jous&e  indique  cette  paroisse  comme  «  ressortissant  à  Orléans  ». 


CAHIER    D'AVERDON  71 

Assemblée  :  le  dimanche  après  la  mi-carême. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  deMarigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Mahroisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  541  habitants. 

Taille  :  5.880  1.  (principal  :  2.7001.;  accessoires:  1.470,1.;  capita- 
tion  :  1.7101.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.131  I.  18  s. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Antoine  Lefèvre,  procureur  fiscal  du  bailliage  du  mar- 
quisat-pairie de  Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour.  Même  prési- 
dent qu'à  Cour-sur-Loire. 

Population  :  118. feux. 

Comparants  :  Denis  Deschamps,  syndic  de  la  municipalité  ;  Jean 
Davau;  Georges  Lemerle;  Jacques  Guillemeau;  Jacques  Bouzy  fils, 
membres  de  la  municipalité  ;  Jacques  Bouzy  père;  Pierre  Guignebert; 
Charles  Randoincau;  Antoine  Herpain  ;  Jean  Perrotin;  Jean  Robert; 
Pierre  Sevin;  Pierre  Legros;  Léonard  Jouanneau;  Henri  et  Jacques 
Legros;  Pierre  Verret;  René  Salmon;  Mathurin  Guillemeau;  Pierre 
Charron;  Pierre  Davau  ;  Pierre  Prieur. 

Députés  :  Antoine  Lefèvre,  procureur  fiscal  de  la  justice  de  Menars, 
et  Jacques  Bouzy  père. 

.  Suivent  13  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Les  archives  communales  d'Averdon  possèdent  un  fragment  de 
copie  d'un  cahier  de  doléances  commençant  ainsi  : 

Rédaction  du  cahier  de  doléances,  plaintes  et  demandes 
de  la  paroisse  do...<1) 

H)  En  blanc  dans  le  texte. 


72  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Aujourd'hui...  mars  (etc.,  comme  dans  la  formule  im- 
primée) W. 

Nous  susdits  habitants. 

Avons  rédigé  comme  il  suit  le  cahier  de  nos  dites  plaintes 
et  demandes  article  par  article. 

La  suite  est  à  peu  près  identique  au  début  du  cahier  de  Fossé 
(art.  1er  et  commencement  de  l'art.  2)  sauf  les  paragraphes  5  à  8  de 
l'article  i*T  qui  ont  été  très  écourtés. 

Cette  copie  incomplète  n'étant  pas  de  la  même  main  que  le  procès- 
verbal  d'Averdon,  ne  portant  ni  le  nom  de  la  paroisse,  ni  signatures, 
ni  aucun  signe  permettant  de  l'identifier  avec  certitude,  nous  ne 
croyons  pas  devoir  la  publier. 


MULSANS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  partie 
de  Blois,  partie  de  Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  Le  jour  de  Sainte  Anne. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Mnrigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  394  habitants. 

Taille  :  6.053  1.  (principal  :  2.780  1.  ;  accessoires  :  1.512  1.  ;  capita- 
tion  :  4.761  l.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  845  1.  7  s. 

H)  Sic. 


CAHIER    DE    MULSANS  73 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Louis-Étienne  Marchand,  procureur  au  bailliage  du 
marquisat- pairie  de  Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour,  en 
l'absence  du  bailli.  Même  président  qu'à  Villerbon,  Villebarou  et  Ma- 
rolles. 

Population  :  94  feux. 

Comparants  :  Denis  Jolly  ;  Jean  Pothée  ;  Jacques-Joseph  Perrotin  ; 
Sylvain  Salmon  ;  Louis  Yvon  l'aîné  ;  Honoré-Jacques  Yvon  ;  Jean  Noël 
Migeon  ;  Jacques  Petiau  ;  Pierre  Lorillot  ;  Jacques  Fontaine  ;  Etienne 
Jolly  ;  Louis  Couillard  ;  Denis  Descharnps  ;  Louis  Lorillot  ;  Jean  Bris- 
set  ;  Jacques  Bosseray  ;  Pierre  Gauthier  ;  Jacques  Thomas  ;  Jean  Gan- 
don  ;  Denis  Bourgoin  ;  Claude  Gandon  ;  Claude  Ombredàne  ;  Mathurin 
Rouzé  ;  Michel  Grouteau  ;  Denis  Régnier  ;  Pierre  Sintier  ;  Mathieu  Ser- 
gent ;  Denis  Sergent  ;  Pierre  Sergent  ;  Jean  Ombredàne  ;  Pierre  Sal- 
mon ;  Jacques  Lesourd  ;  Pierre  Perseille  ;  Jean  Giau  ;  Jean  Manger  ; 
Pierre  Lesourd. 

Députés  :  Louis-Etienne  Marchand,  procureur  de  la  justice  de 
Menars,  et  Jean  Pothée. 

Suivent  17  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  que  pré- 
sentent très  humblement  à  Sa  Majesté  les  habitants  de 
la  paroisse  de  Mulsans,  en  vertu  de  la  permission  qui 
leur  en  a  été  accordée  par  le  règlement  de  Sa  Majesté 
du  24  janvier  dernier. 

Les  habitants  de  Mulsans  remontrent  très  humblement 
qu'ils  feront  tous  leurs  efforts  pour  donner  à  Sa  Majesté  des 
preuves  de  leur  fidélité  et  de  leur  attachement,  qu'ils  contri- 
bueront de  tout  leur  pouvoir  aux  charges  publiques,  la  sup- 
pliant de  vouloir  bien  : 

1°  Abolir  le  droit  de  franc-fief  qui  prive  le  roturier  de  la 
liberté  de  disposer  de  son  fonds. 

3. 


74  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

2°  Que  la  perception  du  contrôle  devenue  arbitraire  soit 
supprimée,  ou  du  moins,  dans  le  cas  où  elle  ne  le  serait  pas, 
qu'elle  soit  fixée  d'une  manière  uniforme  et  modérée. 

3°  Ordonner  la  suppression  des  huissiers  priseurs  dont 
les  droits  exorbitants  ruinent  les  campagnes. 

4°  Supprimer  tous  les  privilèges  pécuniaires  qui  surcha- 
gent  la  classe  la  plus  malheureuse  du  peuple. 

5°  Supprimer  les  droits  énormes  de  la  gabelle  qui  em- 
pêchent les  pauvres  d'user  d'un  aliment  indispensable. 

6°  Ordonner  l'imposition  réelle  des  tailles,  ou  au  moins, 
dans  le  cas  où  elle  ne  pourrait  avoir  lieu,  faire  un  nouveau 
versement  dans  toutes  les  généralités  du  royaume  et  notam- 
ment dans  celle  d'Orléans  qui  est  la  plus  surchargée. 

7°  Diminuer  l'imposition  de  la  corvée  qui  est  au  quart  de 
la  taille  trop  considérable  pour  les  plus  malheureux  d'entre 
le  peuple. 

8°  Que  la  perception  des  droits  d'aides,  se  fasse  d'une 
manière  moins  onéreuse  au  peuple  et  surtout  supprimer  le 
rapport  des  acquits  de  décharges  des  eaux-de-vie. 

9°  Qu'il  soit  pourvu  à  un  règlement  pour  les  chasses  de 
manière  que  le  cultivateur  ne  soit  pas  privé,  par  la  trop 
grande  quantité  de  gibier,  du  produit  de  son  travail  dans  les 
champs.  . 

10°  Les  différentes  dîmes  de  cette  paroisse  appartiennent 
à  sept  propriétaires  ;  elles  se  montent  à  environ  trois  mille 
livres  ;  aucun  de  ces  propriétaires  ne  contribue  aux  charges: 
en  conséquence  demandons  que,  s'il  est  possible,  le  produit 
de  ces  dîmes  soit  remis  à  sa  destination  primitive  pour  l'en- 
tretien du  curé,  des  autels  et  pour  les  pauvres. 

11°  Enfin  les  habitants  de  Mulsans  chargent  leurs  députés 
de  se  joindre  à  tous  les  autres  pour  suppléer  dans  leurs 
doléances  à  ce  que  le  temps  trop  court  ne  leur  permet  pas 
de  rédiger. 


CAHIER   DE    VILLEBBON  75 

Fait  et  arrêté  au  banc  de  l'œuvre  de  l'église  de  Mulsans 
le  4  mars  1789,  devant  nous  Louis-Étienne  Marchand,  pro- 
cureur au  bailliage  de  Menars  expédiant  en  cette  partie 
attendu  l'absence  de  M.  le  bailli,  président  l'assemblée  des 
habitants  de  ladite  paroisse  de  Mulsans  dénommés  dans 
notre  procès-verbal  de  cejourd'hui,  et  ont  les  habitants 
sachant  signer  signé  avec  nous. 

(Suivent  18  signatures,  celles  de  :  Pothée.  Marchand, 
etc..) 

Les  articles  1  à  8  et  11  de  ce  cahier  sont  identiques,  sauf  quelques 
différences  de  rédaction,  aux  articles  du  cahier  de  Menars-le-Château 
et  aux  articles  1  à  8  et  11  du  cahier  de  Villerbon,  et  l'article  10  du 
cahier  de  Villerbon  est  le  résumé  de  l'article  correspondant  du  présent 
cahier. 


VILLERBON 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-est. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  29  juin. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  605  habitants. 

Taille  :  4.791 1.  (principal  :  2-200  1.  ;  accessoires  :  1.197  1.  ;  capita- 
iion:  1.394  J.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :1,2351.17  s. 


7Î>  BAILUAGK    DE    BLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  8  mars  1789. 

Président  :  Louis-Etienne  Marchand,  procureur  au  bailliage  du 
marquisat-pairie  de  Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour,  en 
l'absence  du  bailli.  Même  président  qu'à  Mulsans,  à  Villebarou  et  à 
Marolles. 

Population  :  453  feux. 

Comparants  :  André  Vessert;  Guillaume  Lacaille;  Etienne  Jouan- 
neau  ;  Jean  Legras  ;  Pierre  Jouanneau  ;  Jean  Jouanneau  ;  Michel  Gau- 
thier; Etienne  Blanchard  ;  André  Legras;  Jacques  Lemaire;  Jacques 
Thibault  père  et  fils;  Lubin  Lesourd  ;  Martin  Brisset  ;  Jean  Jouanneau 
le  jeune  ;  Pierre  Crosnier;  Denis  Régnier;  Jean  Brisset  le  jeune;  Pierre 
Vernouillet  ;  Jean  Grillet  ;  Louis  Gandon  ;  Pierre  Vincent  ;  Joseph 
Jouanneau  ;  Pierre  Chauveau  ;  Louis  Chapon  ;  Jean  Leroux  ;  Louis 
Menard  ;  Jean  Pilleboue  ;  Mathurin  Vernouillet  ;  Joseph  Thibault  ;  Jac- 
ques Dugault  ;  Pierre  Blanchard  ;  François  Gandon  ;  Pierre  Grias  ; 
Jean  Leroux;  Toussaint  Vincent;  Louis  Thibault;  Louis' Blanchet; 
François  Blanchet;  Jean  Blanchard. 

Députés  :  Pierre  Chauveau  et  André  Vessert. 

Suivent  26  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  que  pré- 
sentent  très  humblement  à  Sa  Majesté  les  habitants  de 
la  paroisse  de  Viilerbon,  en  vertu  de  la  permission  qui 
leur  en  a  été  accordée  par  le  règlement  de  Sa  Majesté 
du  24  janvier  1789. 

Les  habitants  de  Villerbon  remontrent  très  humblement 
qu'ils  feront  tous  leurs  efforts  pour  donner  à  Sa  Majesté  des 
preuves  de  leur  fidélité  et  de  leur  attachement,  qu'ils  contri- 
bueront de  tout  leur  pouvoir  aux  charges  publiques,  la  sup- 
pliant de  vouloir  bien  : 

1°  Ordonner  la  suppression  des  huissiers  priseurs,    dont 


CAHIER    DE    VILLERBON  77 

les  droits  exorbitants  ruinent  les  pauvres  habitants  des  cam^ 
pagnes. 

2°  Supprimer  le  contrôle  ou  du  moins  empêcher  [qu'il] 
continue  d'être  arbitraire  et  ordonner  qu'il  soit  perçu  .[h] 
l'avenir  d'une  manière  moins  coûteuse  et  uniforme. 

3°  Abolir  les  droits  de  franc-fief. 

4°  Supprimer  la  gabelle  dont  les  droits  énormes  privent  lès 
malheureux  d'un  aliment  absolument  nécessaire. 

5°  Ordonner  la  cessation  de  tous  les  privilèges  pécu- 
niaires. 

6°  Que  l'imposition  de  la  taille  soit  réelle,  et  dans  le  cas 
où  elle  ne  pourrait  l'être,  décharger  la  généralité  d'Orléans 
de  manière  qu'elle  soit  dans  la  proportion  des  autres  géné- 
ralités du  royaume. 

7°  Que  les  droits  d'aides  soient  perçus  d'une  manière 
moins  onéreuse  au  peuple  et  ordonner  qu'à  l'avenir  on  sera 
dispensé  du  rapport  des  certificats  de  décharge  des  eaux-de- 
vie. 

8°  Diminuer  l'imposition  de  la  corvée  qui  grève  les  culti- 
vateurs et  surtout  les  laboureurs. 

9°  Supprimer  le  droit  de  casuel. 

10°  Que  le  produit  des  dimes  soit  employé  à  sa  destination 
primitive. 

11°  Enfin  les  habitants  de  Villerbon  chargent  leurs  dépu- 
tés de  se  joindre  à  tous  les  autres  pour  suppléer,  dans  leurs 
doléances,  à  ce  qu'ils  pourraient  avoir  oublié  d'insérer  dans 
leur  cahier. 

4 

Fait  et  arrêté  au  banc  de  l'œuvre  de  l'église  de  Villerhon^le 
dimanche  8  mars  1789,  devant  nous,  Louis-Étienne  Mar- 
chand, procureur  au  bailliage  de  Menars,  expédiant  en 
cette  partie  attendu  l'absence  de  M.  le  bailli,  présidant 
l'assemblée  des   habitants  de  ladite  paroisse  de  Villerbon 


78  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

dénommés  dans  notre  procès-verbal  de  ce  jourd'hui,  et  ont 
les  habitants  sachant  signer  signé  avec  nous. 

(Suivent  26  signatures,  celles  de  :  Vesser,  Gh  au  veau,  Mar- 
chand, etc.) 

Les  articles  1  à  8  et  11  de  ce  cahier  sont  identiques,  sauf  quelques 
différences  de  rédaction,  aux  articles  du  cahier  de  Menars-le-Château 
et  aux  articles  1  à  8  et  11  du  cahier  de  Mulsans,  et  l'article  10  est  le 
résumé  de  l'article  correspondant  du  cahier  de  Mulsans. 


VILLEBAROU 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-est. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  1.277  habitants. 

Taille  :  8.928  1.  (principal  :  4.100  1.  ;  accessoires  :  2.231  1.  ;  capita- 
tion  :  2.597  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  24  livr  s. 

Vingtièmes  :  2.142  1.  5  s. 

PROCÈS -VERBAL 

< 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Louis-Étienne  Marchand,  procureur  au  bailliage  du 
marquisat- pairie  de  Menars,  ressortissant  nuement  en  la  Cour,  en 
l'absence  du  bailli.  Même  président  qu'à  Mulsans,  Villerbon  et  Ma- 
rottes. 


CAHIER    DE    MABOLLES  79 

Population  :  335  feux. 

Comparants  :  .Jean  Thommereaau  ;  Pierre  Boissière  ;  Jacques  Age  ; 
Louis  Dufoix;  Camanou  ;  Gabriel  Lecomte;  Etienne  Boissière  ;  Jean 
Régnier  ;  Etienne  Chalopin  ;  Simon  Pardessus  ;  Denis  Cormier  ;  Tous- 
saint Fromion  ;  Pierre  Bisseau  ;  Jean-François  Voilant  ;  Michel  Duloy  ; 
Jean  Pasquier;  Gabriel  Poulin  le  jeune  ;  Michel  Pally;  Gabriel  Amiot; 
Thomas  Oudine  ;  Jacques  Pou  ;  Pierre  Métais  ;  Gabriel  Masseau  ;  Jean 
Rousset;  Michel  Thomas;  Claude  Porcheron  ;  Etienne  Bernier  ;  Jean 
Daudin  ;  François  Leroy  ;  François  Pally  père  ;  Jacques  Poulin  père  ; 
Jean  Bourgeois  ;  Pierre  Daudin  père  ;  Etienne  Derreux  ;  Mathurin 
Métais;  François  Chabault  ;  Jean  Poulvé;  François  Crèche;  Jacques 
Boissière  ;  Jacques  Pou  ;  Michel  Oudine  ;  Denis  Boissière  ;  Jacques 
Huet;  Pierre  Bouzy;  Joseph  Bourdonneau;  Jacques  Lagrange;  Antoine 
Desmousseaux  ;  François  Tarchet  ;  François  Derreux  ;  Jean  Métais 
fils;  Denis  Chalopin  ;  Lubin  Prévôt  ;  Mathurin  Oudine  ;  Denis  Prévôt; 
Jean  Ombredâne  ;  Denis  Oudin  ;  François  Trioreau  ;  Pierre  Duval  ; 
Pierre  Gougé  ;  Jean  Cottereau,  syndic;  Antoine  Marie;  Pierre  Pa- 
thault;  Etienne  Ardoin;  Robert  Prévost;  Pierre  Habert;  Pierre  Duval; 
René  Ombredâne;  Denis  Masseau;  Ambroise  Prévost;  Jacques Drouet. 

Députés  :  Pierre  Boissière  ;  Thomas  Oudine  ;  Pierre  Duval  et  Fran- 
çois Leroy. 

Suivent  35  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


MAROLLES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-ouest. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menais. 

Brigade  de  Blois. 

Principales  cultures  :  vigne,  blé. 


80  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  M  al  voisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  534  habitants. 

Taille:  2.709  1.  (principal  :  1.3501.;  accessoires  :  504  1.  ;  capiU- 
tion;8551.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  734 1.  16  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  Ie'  mars  1789. 

Président  :  Louis-Etienne  Marchand,  procureur  au  bailliage  du 
marquisat -pairie  de  Menars  ressortissant  nuement  en  la  Cour,  en 
l'absence  du  bailli.  Même  président  qu'à  Mulsans,  Villerbon  et  Ville- 
barou. 

Population  :  125  feux. 

Comparants  :  François  Cahier  ;  Pierre  Trétare  ;  Jean  Bourgoin  ; 
Simon  Péan  ;  Nicolas  Jolly  ;  Guillaume  Dorion  ;  Jean*Fariau  ;  Sylvain 
Marchand  ;  Jacques  Lebaube  ;  Denis  Jolly  ;  Nicolas  Trétare  ;  Denis 
Rouballay  ;  Laurent  Chahuneau  ;  Claude  Marchand  ;  André  Daudin 
François  Derreux  ;  Pierre  Crèche  ;  Jean  Trétare  ;  Jacques  Remay 
Guillaume  Dorion  fils  ;  Simon  Forest  ;  Louis  Véret  ;  Jean  Jouanneau 
Jean  Gault;  François  Gobillon  ;  Denis  Crèche  l'aîné  ;  Pierre  Dugault 
François  Parthenay  ;  Pierre  Derreux  ;  Marin  Crèche  ;  Marcou  Crèche 
Marcou  Berthelot  ;  Etienne  Crèche  ;  Laurent  Gault  ;  Etienne  Guiboult 
JeanGrillet;  Denis  Persillet  ;  Jean  Nivet;  Adrien  Persillet  le  jeune 
Adrien  Chahuneau  ;  Denis  Picardeau  ;  Jacques  Legras  l'aîné  ;  François 
Lemai  ;  Vincent  Crèche  l'aîné  et  le  jeune  ;  Nicolas  Parthenay  ;  Jean  et 
Vincent  Pasnon  ;  Jean  Remay  ;  Antoine  Renou  ;  François  Crèche. 

Députés  :  Guillaume  Dorion  le  jeune  et  Nicolas  Parthenay. 

Suivent  28  signatures. 

•     CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


CAHIER   DE    V1LLEX ANTON  81 


VILLEXANTON 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection^  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de  Me- 
nars. 

Population  en  1790  :  380  habitants. 

Taille  :  3.702  1.  (principal  :  1.700  1.  ;  accessoires  :  925  1.  ;  capita- 
tion  :  1.0771.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.458  1. 17  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  André  Levieuge,  procureur  au  bailliage  du  marquisat- 
pairie  de  Menars,  président  pour  l'absence  de  M.  le  bailli  du  dit  siège. 

Population  :  81  feux. 

Comparants  :  Joseph  Moron  ;  Louis  Boutet  ;  Pierre  Quantin  ;  Jean 
Petiau  ;  André  Fesneau  ;  Sylvain  Fesneau  ;  François  Leton  ;  Michel 
Brisset  ;  Jean  Leton  ;  Jacques  Martineau  ;  François  Moron  ;  Pierre 
Leroux  ;  François  Adam  ;  Michel  Jalon  ;  Louis  Lemoine  ;  Jacques 
Chenu  ;  Sylvain  Bury  ;  Simon  Tavernier  ;  Pierre  Tournois  ;  Claude 
Hardillier  ;  Jean  Hardillier  ;  Pierre  Blanchet  ;  Pierre  Augazeau  ;  De- 
nis Quantin  ;  Pierre  Jolly  ;  Jean  Duhon  ;  Nicolas  Leroux^. 

Députés  :  Joseph  Moron  et  François  Adam. 

Suivent  18  signatures. 

CAHIER  DB  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


82  BAILLIAGE   DE    BLOIS 


MAVES 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le*  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  de  1790  :  562  habitants. 

Taille  :  6.667  1.  (principal  :  3.062  1.  ;  accessoires  :  1.665  1.  ;  capita- 
tion  :  1.940  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 
Vingtièmes  :  1.344  1.  4  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  8  mars  1 789. 

Président  :  Charles  Massion,  notaire  au  marquisat-pairie  de  Menars 
et  à  la  châtellenie  de  Suèvres. 

Population  :  126  feux. 

Comparants  :  Louis  Habert  ;  René  Chevereau  ;  Augustin  Moreau  ; 
Louis  Béquignon  ;  Michel  Rivière  ;  Jean  Lesourd  ;  Jacques  Chàron  ; 
Pierre  Denis  ;  Pierre  Coinau  ;  Denis  Gautier  ;  Joseph  Moron  ;  Nicolas 
Moron  ;  Pierre  Denis  le  jeune  ;  Pierre  Lhomme  ;  Louis-Toussaint  Tho- 
mas ;  Jean  Bouzy  l'aîné  ;  Louis  Jallon  ;  Toussaint  Chabin  ;  Pierre 
Blanchet  ;  Florent  Rabier  ;  Louis  Bougoin  ;  Jacques  Beauyais;  Pierre 
Jolly  le  jeune  ;  Louis  Bellier  ;  Denis  Moreau  ;  Jean  Santerre  ;  François 
Grain  ;  François  Rabier  ;  Mathurin  Moreau  ;  Michel  Mezangean  ;  Antoine 
Lemâne  ;  Jean-Denis  Bourgoin  ;  Pierre  Adam  ;  Louis  Leroux. 

Députés  :  Pierre  Denis  et  René  Chevereau,  laboureurs. 

Suivent  17  signatures. 


CAHIER    DE   SA1NT-DENIS-SUR-L01KE  83 


CAHIER  DE  DOLÉANCES 


Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


SAINT-DENIS-SUR-LOIRE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Ârr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-est. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois, 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  9  octobre. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Hurault. 

Seigneur  en  1789  :  Anne-Raoul-Marc  Hurault,  marquis  de  Saint- 
Denis,  chevalier  de  Saint-Louis,  capitaine  au  régiment  de  Caraman. 

Population  en  1790  :  702  habitants. 

Taille  :  5.988  1.  (principal  :  2.750 1.  ;  accessoires  :  1.496  1.  ;  capita- 
tion  :  1.742  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  84  1.  :  Noblesse  (1  contribuable)  : 
66  1.  ;  privilégiés  (1  contribuable)  :  18  1. 

Vingtièmes  :  2.096  1.  12  s. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  3  mars  1789. 

Président  :  Jean-Thomas  Pardessus,  bailli,  juge  du  lieu.  Même 
président  qu'à  Candé,  les  Montils  et  Chouzy. 

Population  :  178  feux. 

Comparants  :  Pierre  Gilles  ;  Jean  Martin  ;  Vincent  Lemaire  ;  Pierre 
Grillet  ;  Denis  Gilles  ;  Mathurin  Fesneau  ;  Jean  Greslau  ;  François 
Daudin;  Jean  Trioreau;  Pierre  Revault;  Louis  Legras;  Jacques  Gilles; 
Pierre  Charron;  Mathurin  Chenu;  Jacques  Oudine;  Simon  Oudin  ; 


84  BAILLIAGE   OË    BLOIS 

Victor  Masseau;  Barthélémy  Régnier;  Jean  GilJes  ;  Jean  Breton; 
Denis  Gilles,  de  Macé  ;  Jean  Lecoutte  ;  Jean  Perrin  ;  Simon  Chereau  ; 
Louis  Leroux  ;  Michel  Bourdonneau  ;  Denis  Rondin  ;  Jean  Rathier  ; 
Jean  Chabault,  Pierre  Charron,  fils;  Mathurin  Régnier;  François 
Régnier;  Denis  Daviau. 

Députés  :  Pierre  Gilles  et  Jean  Martin,  vignerons. 

Suivent  21  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES  i«> 

Paroisse  de  Saint-Denis-sur-Loire.  —  Mémoire  ou 
cahier  des  doléances  et  plaintes  de  ladite  paroisse, 
faites  par  tous  les  habitants  de  la  paroisse  en  général,  et 
en  présence  de  M.  le  bailli  de  la  justice  de  ladite  paroisse, 
conformément  à  la  lettre  du  Roi  et  règlement  de  M.  le  lieu- 
tenant général  du  bailliage  présidial  de  Blois,  concernant  les 
Etats  généraux,  dont  tous  les  avis  et  suffrages  de  tous  les 
habitants  de  la  paroisse,  sans  aucune  distinction  de  personne, 
ont  été  recueillis  avec  attention  à  la  pluralité  des  voix,  pour 
correspondre  aux  sentiments  de  notre  illustre  prince  toujours 
attentif  au  soulagement  des  pauvres  cultivateurs  du  Tiers 
état  de  son  royaume,  et  qui  n'a  pour  but  que  la  régénération 
de  TÉtat,  sans  faire  de  mal  aux  grands  et  riches  de  son 
royaume,  et  faire  beaucoup  de  bien  aux  pauvres  cultivateurs 
du  Tiers  état,  qui  sont  vexés  de  telle  manière  qu'ils  n'en  peu- 
vent plus  supporter  le  poids.  La  charité,  la  bonté,  la  volonté 
et  la  bienfaisance  qui  se  sont  tout  emparées  du  cœur  de  Sa 
Majesté  pour  rendre  justice  à  tous,  sont  autant  de  voix  qui 
se  font  entendre  par  son  aimable  et  très  digne  personne  jus- 
qu'aux extrémités  de  son  royaume  pour  les  pauvres  cultiva- 
teurs du  Tiers  état,  en  disant  qu'il  faut  proposer,  remontrer, 
aviser  et  consentir  à  tout  ce  qui  est  juste,  et  le  grand  dessein 
de  Sa  Majesté  est  qu'il  nous  soit  accordé. 

C'est  un  jour  de  triomphe  pour  les  pauvres  cultivateurs  du 

<*)  Le  titre  de  ce  cahier  est  confondu  avec  la  première  phrase. 


CAHIER    DE   SAINT-DENIS-SUR-LOIRE  85 

Tiers  état,  jour  tant  désiré  depuis  si  longtemps  par  nos  prédé- 
cesseurs et  par  nous-mêmes,  jour  auquel  notre  bon  Roi  nous 
permet  de  représenter  tous  les  maux  qui  nous  accablent,  et 
la  manière  de  faire  la  régénération  de  l'État.  A  ces  causes, 
nous  allons  faire  le  détail  des  doléances  et  plaintes  de  la  sus- 
dite paroisse  de  Saint-Denis  de  la  manière  ci-après  détaillée, 
ainsi  qu'il  suit  : 

1°  Nous  vous  prions,  Messieurs,  de  vouloir  bien  repré- 
senter que  nous  demandons  la  justice  et  l'égalité  de  tous  les 
impôts  dans  notre  Tiers  état  comme  dans  celui  du  Clergé, 
ainsi  que  celui  de  la  Noblesse,  c'est-à-dire  de  nous  en  impo- 
ser autant  que  notre  Tiers  état  mérite  en  avoir  en  proportion 
des  biens  qu'il  possède,  également  celui  du  Clergé  et  de  la 
Noblesse,  qui  est  bien  plus  considérable.  Cela  nous  étant 
accordé,  la  paix  et  la  tranquillité  devraient  être  dans  le 
royaume  et  y  persister,  et  les  vœux  de  notre  bon  Roi  se  trou- 
veraient remplis.  Comme  étant  tous  ses  sujets,  nous  lui 
devons  tous  les  mêmes  tributs  en  raison  de  nos  biens,  com- 
merce et  exploitations  de  toute  nature  et  de  toute  espèce 
qu'ils  puissent  être. 

2°  Nous  vous  demandons,  si  faire  se  peut,  que  le  nom  de 
taille  soit  aboli  et  non  l'impôt,  mais  qu'il  n'y  ait  qu'un  seul 
rôle  où  toutes  les  impositions  royales  y  soient  réunies,  savoir: 
taille  et  impositions  accessoires,  corvée,  vingtièmes  et  droits 
de  toutes  espèces  qui  se  puissent  être,  en  supprimant  néan- 
moins ou  convertissant  les  droits  des  aides,  le  tout  taxé  par 
arpent  de  terrain,  suivant  le  produit  qu'on  en  peut  tirer 
année  commune  ;  et  que  les  seuls  collecteurs  seraient  tenus 
d'en  faire  les  recouvrements  à  ladite  assemblée  municipale 
de  chaque  paroisse  ;  obliger  lesdites  assemblées  municipales 
de  porter  elles-mêmes  les  deniers  de  Sa  Majesté  dans  son 
trésor,  royal,  observant  néanmoins  qu'il  serait  assisté  et  con- 
duit (i*  par  les  maréchaussées  de  retraite  en  retraite,  pour  la 

O)  Ces  mots  se  rapportent-ils  aux  collecteurs,  aux  membres  des  municipalités, 


86  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

sûreté  des  deniers  de  Sa  Majesté,  et  cela  par  quartiers  et 
époques  de  trois  mois  en  trois  mois,  lesquels  W  se  contente- 
raient des  deux  sols  pour  livre,  qui  seraient  tous  les  frais 
qu'il  en  coûterait. 

Par  là,  on  n'aurait  plus  besoin  de  quatre-vingt-dix  mille 
commis  qui  sont  en  France,  [ce  qui],  quand  en  supposant 
qu'ils  n'auraient  que  trois  livres  par  jour,  tous  les  uns  et  les 
autres,  fait  la  somme  de  quatre-vingt-dix-huit  millions  cinq 
cent  cinquante  mille  livres,  qui  se  trouvent  tirés  du  Tiers  état 
mal  à  propos  ;  et  en  dessus  des  impôts,  on  n'aurait  plus  besoin 
de  bureau  des  finances,  auquel  il  est  accordé,  aux  premiers 
receveurs  des  finances,  deux  sols  pour  livres,  et  aux  autres 
toujours  de  plus  en  plus,  de  façon  qu'environ  les  trois  quarts 
de  la  somme  que  Sa  Majesté  lève  sur  nous  restent  entre  les 
mains  desdits  financiers,  et  tout  au  plus  le  quart  de  ladite 
somme  est  versé  dans  le  trésor  royal. 

3°  Nous  avons  des  doléances  et  plaintes  à  porter  contre  le 
Clergé,  qui  nous  sont  plus  fortes  à  supporter  que  celles  de 
Sa  Majesté.  La  raison  en  est  toute  simple  ;  à  Sa  Majesté  nous 
lui  devons  tout,  si  elle  le  juge  à  propos,  c'est-à-dire  le  corps 
et  les  biens,  et  nous  nous  y  soumettons  de  bon  cœur,  espé- 
rant de  sa  très  grande  bonté  qu'il  nous  accordera  nos  demandes 
autant  que  faire  se  pourra,  pour  les  biens  de  l'État.  Mais 
aussi  n'est-il  malheureux  pour  nous,  pauvres  cultivateurs  du 
Tiers  état,  que,  quand  notre  bon  Roi  a  pris  tous  ces  droits  qui 
lui  sont  dus  sur  nous,  ces  messieurs  du  Clergé  et  de  la  No- 
blesse, revêtus  de  leurs  droits  de  dîmes  et  terrages  et  droits 
de  fief,  pour  faire,  si  je  peux  m'exprimer  ainsi,  les  seconds 
rois  sur  nous,  ils  viennent  au  temps  de  la  récolte  prendre 
Tun  dans  l'autre  la  quinzième  partie  de  notre  récolte,  saris 
avoir  semé  ni  cultivé,  encore  être  obligé  de  la  leur  ramasser 
toute  prête  à  enlever.  Si  nous  sommes  obligés  à  l'avenir  de 

aux  deniers  du  Roi  ou  à  quelqu'autre  objet?  Dans  le  doute,  nous  respectons  ici 
l'orthographe  habituellement  défectueuse  du  texte  qui  a  mis  ces  mots  au  sin- 
gulier. 
(M  Sans  doute  :  lesquels  collecteurs. 


CAHIER    DE   SAINT-DENIS-SUR-LOIRE  87 

la  payer,  qu'elle  soit  ôtée  du  Clergé  et  de  la  Noblesse,  et 
que  nous  la  payions  à  Sa  Majesté  ;  qu'elle  soit  appelée  la 
dime  royale;  du  moins  elle  servira  aux  besoins  de  l'État,  et 
ces  messieurs  du  Clergé  ainsi  que  la  Noblesse  qui  ont  ces 
droits  sur  nous  ne  manquent  pas  d'avoir  d'autres  bons  biens 
et  en  grande  quantité,  et  puisque  pour  le  Clergé  seul,  on  le 
retient  avoir  au  moins  le  quart  de  la  terre,  ce  qui  leur  pro- 
duit des  richesses  immenses,  de  sorte  que  ne  leur  ôtant  que 
le  superflu,  on  serait  dans  le  cas  de  remédier  aux  maux  de 
l'État. 

4°  Nous  demandons  que  Ip  sel  soit  libre  ou  au  moins  qu'il 
y  ait  une  diminution,  étant  un  aliment  indispensable  à  tous 
les  plus  petits  du  Tiers  état  comme  aux  grands,  mais  bien 
plus  fort  à  supporter  par  les  pelits  du  Tiers  état  rapport  à 
leur  peu  de  fortune.  11  arrive  souvent  que  ces  malheureux 
qui  n'ont  pas  du  pain  pour  leur  subsistance,  ni  pour  leurs 
enfants,  ce  qui  n'est  que  trop  aujourd'hui,  n'ont  pas  de  quoi 
avoir  du  sel  pour  faire  un  peu  de  soupe,  ce  qui  leur  ferait 
une  nourriture  plus  fortifiante  ;  mais  encore,  s'ils  ont  quelque 
argent  pour  en  avoir,  il  le  faut  donner  pour  les  impôts 
royaux,  ou  on  leur  enlève  leurs  petits  effets. 

5°  Nous  demandons  que  les  droits  de  fief  de  toutes  espèces 
soient  abolis,  parce  que  cela  empêche  de  vendre  ou  d'ac- 
quérir, et  tire  beaucoup  les  familles  après  les  décès  de  pères 
et  mères  ou  autres. parents  pour  satisfaire  aux  droits  sei- 
gneuriaux, comme  aussi  les  droits  de  lever  du  gibier  sur 
tous  nos  biens,  ainsi  que  des  pigeons  qui  ravagent  en  tout 
les  biens  de  la  campagne,  et  surtout  dans  les  semences  et 
moissons.  Si  malheureusement  un  pauvre  cultivateur  du  Tiers 
état  est  assez  faible  pour  détruire  une  pièce  de  ces  sortes  de 
gibier  et  qu'il  soit  pris  par  les  gardes  de  ces  messieurs  du 
Clergé  ou  de  la  Noblesse,  ils  le  font  condamner  à  être  un  an 
dans  les  prisons  ou  aux  galères,  ce  qui  est  odieux  que  pour 
des  animaux  on  fasse  souffrir  et  presque  périr  du  monde  qui 
est  sorti  du  limon  de  la  terre  comme  eux  ;  ils  aiment  mieux 


88  BAILLIAGE   DR   BLOIS 

leur  gibier  que  les  malheureux  du  Tiers  état  qui  sont  leurs 
frères  et  leur  ressemblance,  vu  que  ce  n'est  point  un  crime, 
que  c'est  plutôt  une  oisiveté,  ce  qui  ne  fait  du  tort  qu'à  eux- 
mêmes,  et  qu'eux-mêmes  participent  à  la  nourriture  de  ces 
animaux  par  le  peu  de  bien  qu'ils  ont.  Dieu  qui  est  le  père 
de  tous  n'en  use  pas  ainsi,  car  il  pardonne  à  tous,  moyen- 
nant qu'on  lui  demande  sincèrement,  et  regarde  ses  créa- 
tures les  unes  comme  les  autres  ;  mais  ici  on  n'écoute  ni  ex- 
cuse ni  pardon,  il  faut  que  tout  soit  exécuté,  pauvre  Lazare 
qui  n'était  pas  digne  de  ramasser  les  miettes  qui  tombent  de 
la  table  des  riches  généralement. 

6°  Nous  demandons  qu'il  soit  fait  un  tarif  pour  les  droits 
des  actes  des  notaires,  afin  que  l'ignorant  comme  le  savant 
ne  puisse  être  trompé  ni  vexé  dans  aucune  affaire,  que 
ledit  tarif  soit  publié  deux  fois  l'an  dans  les  villes  comme 
dans  les  campagnes  et  qu'il  soit  aussi  affiché  dans  les  études 
des  notaires,  afin  que  toutes  gens  en  aient  une  pleine  con- 
naissance, 

De  même  que  pour  les  procédures,  qu'il  en  soit  usé  ainsi, 
et  à  l'égard  des  jurés  priseurs,  qu'ils  soient  ôtés  totalement, 
et  que  tous  gens  de  justice  soient  taxés  par  distance  de  che- 
mins et  séances  pour  que  personne  ne  soit  vexé. 

7°  Pour  le  blé  qui  est  l'aliment  le  plus  nécessaire  et  qui 
est  la  vie  de  l'homme,  il  serait  à  souhaiter  que  dès  l'heure 
présente  il  y  fut  apporté  remède,  vu  que  si  cela  continue,  il 
n'est  pas  possible  que  le  mercenaire  qui  est  le  plus  petit  du 
Tiers  état  y  subsiste,  par  conséquent  il  ne  pourra  donc  tra- 
vailler s'il  n'a  pas  au  moins  du  pain  à  manger.  Ce  n'est  pas 
qu'il  n'y  ait  du  blé  en  France;  qu'il  soit  taxé  à  un  prix  honnête 
de  façon  que  le  laboureur  soit  dans  le  pouvoir  de  vivre  et 
payer  ses  fermes,  et  qu'au  moins  le  pauvre  mange  du  pain 
et  ne  fasse  aucune  révolte,  dans  un  temps  où  l'on  a  si  grand 
besoin  d'une  bonne  union  entre  nous  tous  frères  que  nous 
sommes  et  d'une  tranquillité  parfaite. 

Voilà  quelles  sont  nos  doléances  et  plaintes,  espérant  de 


CAHIER    DE    MER  89 

notre  bon  Roi  que  nos  demandes  et  représentations  nous 
soient  accordées,  et  nous  de  notre  côté  nous  soumettons  à 
payer  un  seul  impôt  suffisant  pour  la  régénération  de  l'Etat, 
implorons  tous  la  miséricorde  de  Dieu  pour  qu'il  nous  con- 
serve notre  bon  Roi  ainsi  que  toute  la  famille  royale  et  qu'il 
donne  la  force  à  tous  de  continuer  et  d'achever  tout  ce  qui 
est  si  bien  commencé. 

Ainsi  soit-il. 

Paraphé  pour  ne  varier  par  nous,  juge  de  ladite  paroisse, 
lesdits  jour  et  an  3  mars  1789. 

(Signé  :  Pardessus  ;  Jean  Martin  ;  Pierre  Gilles,  etc.) 


VILLE    DE    MER 

(Anciennement  :  Menars-la- Ville.) 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  chef-lieu  du  canton 
de  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  siège 
du  grenier  à  sel  de  Mer.  -  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Marchés  :  le  lundi  et  le  vendredi. 

Foires  :  le  43  janvier,  le  mercredi  des  Cendres,  le  vendredi  devant 
le  Vendredi-Saint,  le  24  juillet,  le  2  novembre  et  le  1er  décembre. 

Culture  :  vignoble  très  étendu. 

Commerce  et  industrie  :  commerce  important  de  vins,  d'eaux-de- 
vie  et  de  grains  ;  plusieurs  tanneurs  et  corroyeurs. 

Seigneur  en  1708  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 


90  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

Administration  municipale  :  Elle  se  composait  de  deux  échevins, 
un  procureur  du  roi  et  un  receveur  municipal. 

Premier  échevin  :  Pierre  du  Tems  de  Léry,  chevalier  de  Saint-Louis, 
capitaine  d'infanterie. 

Deuxième  échevin  :  Louis-Charles  Hême-Desbordes,  négociant. 

Procureur  du  Roi  :  Jean  Il<*mc-Duchalais,  négociant. 

Receveur  municipal  :  Charles-François  Thuillier. 

Population  en  1790  :  3.300  habitants. 

Taille  :  49.595  1.  (principal  :  9,000  1.  ;  accessoires  :  4.895  1.  ;  capi- 
tation  :  5.700  1.) 

Capital  ion  des  privilégiés  :  236  1.    :  Noblesse   (4  contribuable)  : 
24  1.  ;  privilégiés  (2  contribuables)  :  72  1.  ;  employés  des  fermes  et    • 
régies  (8  contribuables)  :  440  1. 

Vingtièmes:  5.773  1.  7  s.  (vingtièmes  des  biens  fonds  :  5.438  1.2s.  ; 
vingtièmes  d'industrie  :  635  1.  5  s.) 

PROCÈS-VERBAL 

Mena rs-la- Ville  était  porté  sur  l'état  annexé  au  règlement  du  24  jan- 
vier des  villes  qui  devaient  nommer  plus  de  quatre  députés  et  où  la 
convocation  devait  être  faite  suivant  les  prescriptions  des  articles  26  à 
28  du  règlement.  Le  nombre  de  ses  députés  fixé  par  cet  état  était  de  6. 

Les  trois  corporations  suivantes  seulement  se  réunirent  séparément 
(le  3  et  le  4  mars)  pour  nommer  les  députés  dénommés  ci-dessous  : 

Grenier  à  sel  :   Michel-Hémery  Roger,  négociant;  Louis  Dargent, 
bourgeois. 
Chirurgiens  :  Jean  Gobert,  chirurgien;  Joseph  Dubois,  chirurgien. 
Perruquiers  :  Jean  Bussière,  perruquier. 

Il  ne  semble  pas  que  ces  corporations  aient  rédigé  de  cahiers  àe 
doléances. 

Les  autres  habitants  de  la  ville  s'étaient  réunis  le  24  février  et 
avaient  élus  huit  députés,  savoir  : 

Jacques  Delécluze  de  l'Arche,  lieutenant  particulier,  assesseur  aux 
bailliage  et  siège  présidial  de  Blois. 

Pierre  Lenormant,  président  au  grenier  à  sel. 

André  Levieuge,  procureur. 

Marie-Louis-Charles-  Jean-Baptiste-Pierre  Ledru,  greffier  du  bailliage 
de  Menars. 


CAHIER    DE   MER  91 

Antoine- Joseph  Lenormant-Dutail,  bourgeois. 
Joseph  Bergeron,  marchand-tanneur. 
Jean-Bernard  Despaignol-Lafajette,  négociant. 
Pierre  Mestivier,  boulanger. 

L'assemblée  générale  du  Tiers  état  de  la  ville  eut  lieu  le  6  mars  4789. 

Présidents  :  les  officiers  municipaux  (V.  les  noms  ci-dessus). 

Comparants  :  les  députés  nommés  ci-dessus,  sauf  Pierre  Mestivier 
qui  fit  défaut. 

Députés  :  Jean  Hême,  procureur  du,  Roi  à  l'hôtel  de  ville,  négo- 
ciant; Louis-Charles  Hême-Desbordes,  second  échevin  ;  Michel-Émeric 
Roger,  négociant  ;  Charles-François  Thuillier,  receveur  municipal  ; 
Pierre  Gobert,  secrétaire-greffier;  Etienne-Charles  Rousseau,  contrô- 
leur au  grenier  à  sel. 

L'assemblée  donne  aux  députés  «  tous  pouvoirs  requis  et  néces- 
saires afin...  même  de  renoncer  à  la  coutume  qui  nous  régit  pour  la 
refondre  dans  un  code  national  »,  et  leur  enjoint  «  de  ne  choisir  que 
dans  Tordre  du  Tiers  les  députés  qui  seront  chargés  de  les  représenter 
tant  à  l'assemblée  du  16  mars  qu'aux  États  généraux,  de  voter  sépa- 
rément et  sans  aucune  participation  des  deux  autres  ordres  pour  la 
nomination  des  députés  aux  Etats  généraux  ;  leur  observant  qu'il 
importe  beaucoup  de  n'accorder  les  suffrages  pour  être  députés  aux 
Etats  généraux  qu'à  des  hommes  dont  une  naissance  honnête  et  l'édu- 
cation soignée  ont  élevé  les  sentiments  et  agrandi  les  connaissances, 
qui  ont  une  réputation  publique  de  probité,  qui  n'ont  point  été  et  ne 
sont  point  aux  gages  de  qui  que  ce  soit,  qui,  s'ils  occupent  ou  ont 
occupé  des  places  publiques,  ont  toujours  été  inaccessibles  aux  pré- 
sents séducteurs,  qui  enfin  dans  toutes  les  assemblées  publiques  et 
particulières  n'aient  employé  ni  l'adresse,  ni  la  brigue  pour  parvenir 
aux  délibérations  préliminaires  ou  définitives.  Ce  sera  au  scrutin  à 
venger  la  province  de  tous  les  intriguants  qui  ont  fait  mouvoir  jus- 
qu'ici des  ressorts  indécents  pour  se  faire  conférer  le  droit  dangereux 
entre  leurs  mains  de  la  représenter  ». 

Suivent  24  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  que  les 
habitants  de  la  ville  de  Mer  présentent  humblement  à 


92  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

t- 

Sa  Majesté  d'après  la  permission  qui  leur  en  a  été 
donnée  par  le  règlement  concernant  les  États généraux \ 
daté  de  Versailles  le  24  janvier  1789. 

Les  habitants  de  la  ville  de  Mer  remontrent  très  humble- 
ment à  Sa  Majesté,  qu'ils  se  feront  toujours  un  devoir  de  lui 
donner  des  preuves  de  leur  soumission  et  du  plus  inviolable 
attachement,  sentiment  qu'ils  partagent  avec  tous  les  Fran- 
çais. Ils  sont  prêts  de  payer  les  impôts  qui  seront  jugés 
nécessaires  au  besoin  de  l'État,  pour  la  prospérité  du 
royaume  et  la  dignité  du  trône.  Mais  ils  supplient  Sa  Majesté 
de  vouloir  bien  : 

i°  Permettre  à  ceux  qui  seront  députés  aux  prochains 
États  généraux  d'examiner  l'état  des  finances  afin  de  con- 
naître la  dette  nationale,  avant  de  chercher  les  moyens  de 
l'acquitter. 

m 

2°  Ordonner  qu'à  l'assemblée  des  Ktats  généraux  les  dépu- 
tés des  trois  Ordres  voteront  par  tète,  pour  assurer  à  la  plu- 
ralité des  suffrages  la  prépondérance  qu'elle  doit  avoir  dans 
les  délibérations. 

3°  Pour  diminuer  la  masse  de  la  dette  de  l'Etat,  supprimer 
toutes  les  pensions  non  méritées  ou  qui  seront  jugées  telles 
et  que  le  crédit  et  la  faveur  n'ont  que  trop  su  se  faire 
accorder  ;  à  l'égard  des  pensions  méritées  et  qui  excèdent 
cinq  cents  livres,  continuer  la  retenue  actuelle  jusqu'à 
l'acquittement  des  dettes  de  l'État. 

4°  Supprimer  tous  les  privilèges  pécuniaires  et  ceux  des 
villes  franches  en  ce  qui  concerne  l'impôt. 

5°  Supprimer  la  taille  et  les  vingtièmes,  comme  étant  trop 
exposés  à  l'arbitraire  et  à  des  aperçus  incertains  ;  remplacer 
ces  deux  impôts  par  la  subvention  territoriale  répartie  indis- 
tinctement et  proportionnellement  sur  les  trois  ordres  ;  qu'il 
soit  fait  au  préalable  un  cadastre  et  une  évaluation  des  terres, 
vignes,  prés  et  jardins,  etc.,  divisés  en  trois  classes  ;  chaque 


CAHIEU    DE   MER  93 

propriétaire  saura  alors  ce  qu'il  devra  payer  et  pourra  con- 
sulter ses  moyens  pour  tirer  le  parti  le  plus  convenable  de 
ses  possessions. 

Comme  par  cet  arrangement  le  rentier  et  celui  qui  a  sa 
fortune  dans  son  portefeuille  ne  seraient  pas  sujets,  à  l'impôt, 
établir  une  capilation  personnelle  à  laquelle  ils  seront  assu- 
jettis, ainsi  que  le  commerçant  dont  on  ne  peut  à  la  vérité 
évaluer  le  bénéfice,  mais  on  peut  en  juger  par  l'étendue  do 
son  commerce,  sa  manière  de  vivre  et  ses  dépenses. 

5°  (Sic)  Proscrire  l'impôt  de  l'industrie  comme  destructeur 
de  toute  émulation  ;  il  doit  être  regardé  comme  une  seconde 
taille  d'autant  plus  rigoureuse  qu'elle  porte  sur  les  ouvriers 
de  tout  genre  dont  le  travail  est  nécessaire  à  la  subsistance. 

6°  Supprimer  les  droits  d'aides  qui  donnent  des  entraves 
au  commerce  et  qui  exposent  le  commerçant  à  des  tracas- 
series sans  cesse  renouvelées  de  la  part  des  commis  :  rem- 
placer cet  impôt  par  un  abonnement  dans  chaque  généralité 
qui  se  subdiviserait  par  élections  et  par  paroisses  ;  chaque 
particulier  serait  taxé  à  raison  de  sa  consommation,  le  com- 
merçant et  le  cabaretier  à  raison  de  leur  achat  et  débit,  ce 
qu'il  est  facile  de  connaître  à  peu  près  par  le  relevé  des 
registres  de  chaque  direction  pendant  dix  années  ;  les  commis 
deviendraient  des  citoyens  utiles  dans  chaque  classe,  et  les 
frais  de  perception  diminués  tourneraient  au  profit  du  trésor 
royal  et  des  contribuables  ;  il  ne  serait  plus  question  de  ces 
certificats  de  décharge  où  par  la  plus  révoltante  des  injustices 
celui  qui  vend  son  eau-de-vie  e,st  garant  d'un  droit  qu'il  ne 
doit  pas. 

7°  Supprimer  également  les  droits  sur  les  cuirs  qui  en 
gênent  le  commerce  en  exposant  les  fabricants  à  des  visites 
des  commis  et  à  des  procès  ruineux;  substituer  à  ces  droits 
un  abonnement. 

8°  Ordonner  que  le  recouvrement  de  ces  différents  impôts 
sera  fait  par  un  particulier  solvable,  sous  l'inspection  du  corps 
chargé  de  la  répartition  qui  tous  les  mois  se  fera  représenter 


94  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

la  quittance  des  sommes  qu'il  aura  payées  au  receveur  géné- 
ral de  la  province  ;  accorder  à  ce  commis  particulier  les  six 
deniers  pour  livre  attribués  aux  collecteurs  qui  deviendraient 
inutiles  ;  un  huissier  établi  à  cet  effet  dans  la  paroisse  ou  aux 
environs  assignerait  les  contribuables  en  retard,  les  receveurs 
généraux  et  particuliers  des  finances  seraient  supprimés  ;  un 
seul  receveur  en  commission  par  généralité  les  remplacerait 
et  coûterait  beaucoup  moins. 

9°  Remettre  en  toute  sa  vigueur  la  loi  concernant  l'ina- 
liénation  des  domaines  de  la  couronne,  abolir  les  échanges 
qui  sont  une  fraude  à  cette  loi  et  qui  servent  à  favoriser 
l'avidité  de  ceux  qui  approchent  du  Souverain. 

Les  députés  des  États  généraux  supplieront  Sa  Majesté  de 
rentrer  dans  toutes  les  aliénations  ou  échanges  faits  depuis 
vingt  ans  en  indemnisant  les  engagistes,  et  ceux  qui  jouissent 
à  titre  d'échanges  toujours  préjudiciables  aux  intérêts  du  Roi. 

10°  Affermera  des  Compagnies  les  bois  du  Roi  toujours 
mal  gardés,  leur  emménagement  fait  avec  peu  de  soin,  les 
droits  des  grands  maîtres  et  autres  officiers,  toujours  si  con- 
sidérables que  Sa  Majesté  en  tire  peu  de  chose  ;  régler  les 
coupes  annuelles  et  les  ensemencements  dans  les  terrains 
vagues  et  dans  ceux  où  le  bois  n'a  pas  repoussé  :  un  seul 
inspecteur  sous  les  ordres  des  Etats  provinciaux  suffirait 
dans  chaque  généralité  pour  éclairer  la  conduite  de  ces  fer- 
miers ;  les  adjudications  annuelles  se  feraient  en  sa  présence, 
il  aurait  autorité  sur  les  gardes  qui  prêteraient  serment  aux 
bailliages  juges  des  délits.   . 

11°  D'accorder  une  diminution  considérable  dans  le  prix 
du  sel,  prix  qui  sera  le  même  dans  tout  le  royaume,  sauf  à 
accorder  aux  provinces  rédimées  du  droit  de  gabelles  une 
indemnité  s'il  en  est  dû  ;  remplacer  le  vide  par  des  droits  sur 
les  sucres  et  cafés  et  sur  les  laquais,  cochers  et  chevaux  de 
caresse.  Le  peuple  serait  soulagé,  le  nombre  des  commis 
diminués,  la  contrebande  abolie,  parce  qu'il  n'y  aurait  plus 
le  même  intérêt  :  cette  partie  a  été  si  bien  traitée  par  M.  le 


CAHIER   DE   M£R  95 

directeur  général  des  finances  M  qu'on  peut  espérer  qu'il 
appuiera  celte  demande. 

12°  De  mettre  un  droit  sur  toutes  les  commissions  sem- 
blables à  celui  que  paient  les  officiers  des  troupes  sous  le 
nom  de  chancellerie  militaire  par  ordonnance  du  mois  de 
mai  1788. 

13°  De  faire  une  retenue  proportionnelle  aux  revenus  sur 
les  évèchés,  abbayes,  bénéfices  simples  qui  vaqueront  par  la 
suite  jusqu'au  remboursement  des  dettes  de  l'État  :  le  dé- 
vouement du  clergé  pour  le  bien-être  de  la  nation  fait  espé- 
rer qu'il  se  prêtera  volontiers  à  l'exécution  d'un  projet  qui 
ne  pesant  sur  aucun  individu  connu  rendra  à  l'État  sa  splen- 
deur et  son  lustre. 

14°  Supprimer  les  privilèges  exclusifs  des  compagnies  de 
commerce  et  autres  qui,  concentrant  le  bénéfice  dans  un 
petit  nombre  d'individus,  étouffent  l'émulation. 

15°  De  supprimer  les  maîtrises  dans  les  villes,  qui  ont  le 
même  inconvénient  et  privent  quantité  de  sujets  des  res- 
sources qu'ils  pourraient  trouver  dans  leur  industrie  et  enfin 
mettent  obstacle  au  développement  des  talents. 

16°  D'augmenter  les  troupes  de  maréchaussée  ;  et  afin 
qu'elles  ne  soient  pas  trop  coûteuses,  en  établir  une  à  pied 
qui  serait  colloquée  dans  les  villes  et  villages  voisins  des 
grandes  routes  et  forêts  ;  deux  hommes  suffiraient  dans 
chaque  bourg  et  village  à  la  distance  de  deux  à  trois  lieues  ; 
ils  pourraient  se  donner  la  main  avec  la  cavalerie,  se  con- 
certer pour  le  service,  leurs  tournées  et  se  réunir  au  besoin. 

17°  De  demander  la  continuation  de  la  levée  des  milices 
par  le  sort,  et  que  le  tirëment  se  fasse  dans  chaque  paroisse 
ou  dans  la  plus  considérable  de  celles  qui  se  réunissent  pour 
fournir  un  ou  deux  hommes,  ce  qui  diminuerait  beaucoup 
la  dépense. 

0>  Allusion  a  l'ouvrage  de  Nt»cker,  De  l'administration  des  finances  en  France, 
s.  1.,  1784,  in-8",  t.  II,  chap.  i«. 


96  BAILIJAGK    DE    BLOIS 

18°  De  supplier  Sa  Majesté  d'enjoindre  au  ministre  de  la 
guerre  de  choisir  les  officiers  de  ces  corps  dans  la  province 
où  ils  sont  levés  parmi  les  nobles  et  les  bourgeois  du  Tiers 
état  indistinctement,  et  de  supprimer  l'ordonnance  qui  exclut 
du  grade  d'officier  ce  dernier  ordre,  ordonnance  qui  lui  est 
injurieuse  et  contradictoire  à  ledit  qui  accorde  la  noblesse 
militaire  à  la  troisième  génération  ;  Fabert,  Rose,  Chevert, 
Jean  Bart,  Dugesclinet  plusieurs  roturiers  qui  servent  encore 
avec  distinction  dans  Tannée  prouvent  démonstrativement 
que  le  courage  et  les  talents  ne  sont  pas  donnés  exclusive- 
ment à  ceux  dont  les  pères  ont  été  annoblis  ;  qui  sert  bien 
l'Etat  n'a  pas  besoin  d'aïeux;  remettre  en  vigueur  la  loi  par 
laquelle  aucun  officier  ne  pourra  être  destitué  sans  jugement 
pour  conserver  à  chaque  citoyen  le  droit  de  cité. 

19°  De  supprimer  la  prestation  en  argent  représentative 
des  corvées,  cet  impôt  étant  supporté  en  grande  partie  par 
les  propriétaires  du  Tiers  état  :  les  non-taillables  en  sont 
exempts  ;  ces  privilégiés  sont  ordinairement  les  plus  riches 
et  les  plus  grands  terriens  ;  les  villes  franches  ne  le  paient 
pas(l>.  Employer  à  faire  et  entretenir  ces  chemins  l'infanterie 
de  ligne  qui  passe  sa  vie  dans  une  garnison,  dans  l'oisiveté 
mère  de  tous  les  vices  et  des  maladies  qui  énervent  le  sol- 
dat ;  attacher  à  chaque  régiment  un  ingénieur  qui  distribue- 
rait l'ouvrage,  le  surveillerait  et  ferait  les  marchés  pour  l'ap- 
proche des  matériaux:  réunir  cette  branche  d'administration 
au  ministère  de  la  Guerre  pour  n'éprouver  aucun  retard  ni 
contradiction;  en  temps  de  guerre,  si  ce  plan  n'est  pas  prati- 
quable,  on  ne  manquerait  pas  de  moyens. 

20°  De  réformer  l'administration  de  la  Jutice  et  le  Code 
de  législation,  et,  à  cet  effet,  créer  dans  chaque  province 


(*)  C'est  une  erreur  ;  les  villes  franches  payaient  la  prestation  repré tentative  de 
la  corvée.  Cf.  à  ce  sujet  :  Déclaration  du  27  juin  1787  (Isambert,  Ane.  Lois  />.,  t.  28, 
p.  374)  ;  Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  C  24,  lettre  de  la  municipalité  de  Blois  à  Necker, 
47  déc.  1788,  et  lettre  de  Necker  à  la  commission  intermédiaire  provinciale,  9  janv. 
1789  ;  Arch.  dép.  Loiret,  C  894,  reg.  des  procés-verbaux  de  la  commission  intermé- 
diaire provinciale,  f°  249  v*. 


CAHIER   DE   MER  97 

une  Cour  souveraine  où  seront  portées  par  appel  toutes  les 
contestations  civiles  et  criminelles  ;  supprimer  la  vénalité  et 
l'hérédité  des  charges  de  judicature  qui  seront  occupées  à 
l'avenir  par  des  sujets  qui,  à  l'agrément  de  leur  compagnie, 
réuniront  le  vœu  de  la  province  qui  les  présentera  ;  suppri- 
mer les  épices  qui  avilissent  la  magistrature  ;  faire  cesser  les 
vexations  des  secrétaires  qui  vendent  au  plus  offrant  l'extrait 
le  plus  infidèle  ;  faire  terminer  dans  Tannée  sur  l'appel  tous 
les  procès  que  l'art  de  la  chicane  rend  souvent  éternels  ; 
fixer  d'une  manière  invariable  les  salaires  des  procureurs  et 
des  greffiers  ;  simplifier  les  formes  de  la  procédure  ;  donner 
à  l'instruction  des  procès  criminels  la  publicité  qu'elle  peut 
avoir.  A  l'égard  des  justices  seigneuriales  que  Sa  Majesté  les 
retire  à  elle  comme  étant  inaliénables  sans  le  consentement 
des  peuples  à  qui  le  Souverain  doit  rendre  ou  faire  rendre 
la  justice  en  son  nom,  et,  s'il  y  a  impossibilité,  assujettir  les 
juges  à  résider  dans  le  chef-lieu  où  serait  le  siège  de  la  jus- 
tice, ou  au  moins  à  avoir  des  représentants  indépendants  dans 
les  lieux  les  plus  considérables,  pour  le  maintien  du  bon 
ordre  et  de  la  police  toujours  mal  exercée  par  des  subal- 
ternes alternatifs  dont  l'état  dépend  du  public. 

21°  Les  députés  aux  États  généraux  supplieront  Sa  Ma- 
jesté de  supprimer  les  droits  de  francs-fiefs  qui  privent  le 
roturier  de  la  faculté  do  disposer  librement  de  ses  fonds. 

22°  De  supprimer  dans  les  douanes  les  droits  de  sortie 
sur  les  marchandises  et  productions  du  royaume  pour  en 
faciliter  l'exportation,  et  d'en  reculer  les  barrières  aux  extré- 
mités du  rovaume. 

23°  De  supprimer  les  droits  d'inspections  aux  boucheries 
dans  les  petites  villes  au-dessous  de  cinq  cents  feux. 

24°  De  diminuer  les  droits  de  contrôle  et  de  substituer  t\ 
la  perception  actuelle  une  forme  connue  du  public  qui  ne 
laisse  rien  à  la  décision  arbitraire  des  commis. 

25°  De  supprimer  les  lettres  de  cachet,  et  dans  le  cas  où 

4 


98  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

elles  seraient  jugées  devoir  subsister,  permettre  au  citoyen 
qui  serait  par  celle  voie  privé  de  sa  liberté  de  se  choisir, 
dans  la  huitaine  de  sa  détention,  un  conseil  pour  le  défendre, 
et  de  citer  devant  un  tribunal  connu  Fauteur  de  son  enlève- 
ment, même  le  ministre. 

26°  De  supprimer  le  droit  de  chasse  comme  vexatoire  et 
tyrannique. 

27°  Les  députés  aux  Etats  généraux  seront  chargés  de  ne 
consentir  les  impôts  que  pour  un  temps  limité  qui  ne  pourra 
excéder  trois  années.  Pourquoi  ils  supplieront  Sa  Majesté 
d'ordonner  pour  cette  époque  une  seconde  assemblée  natio- 
nale pour  achever  la  réformes  des  abus,  et,  dans  l'intervalle, 
d'établir  une  commission  intermédiaire  de  cette  grande 
assemblée  pour  correspondre  avec  les  États  provinciaux  que 
Sa  Majesté  sera  suppliée  de  substituer  aux  assemblées  pro- 
vinciales ;  les  députés  de  ces  États  particuliers  seront  libre- 
ment élus  et  dans  la  môme  proportion  qu'aux  États  géné- 
raux. 

28°  Les  députés  qui  seront  chargés  de  porter  le  présent 
cahier  de  doléances  voudront  bien  se  réunir  aux  autres  dépu- 
tés du  bailliage  pour  les  objets  qui  ont  pu  y  être  oubliés,  et 
notamment  demander  la  suppression  des  dîmes,  champarts 
et  terrages,  à  la  charge  d'indemniser  les  hôpitaux,  les  curés 
pauvres,  les  proprétaires  laïques  à  raison  du  denier  vingt  ; 
et,  pour  faire  ces  remboursements,  supplier  Sa  Majesté  d'or- 
donner la  vente  de  tous  les  biens  du  nombre  d'abbayes, 
prieurés  et  autres  bénéfices  simples  qu'il  sera  jugé  néces- 
saire de  supprimer  à  cet  effet.  Alors  les  progrès  de  l'agri- 
culture seront  infinis,  le  cultivateur  confiera  sans  crainte 
ses  capitaux  à  un  terrain  dont  le  produit  net  n'appartiendra 
plus  comme  actuellement  en  si  grande  partie  au  décimateur. 

Fait  et  arrêté  au  lieu  ordinaire  des  assemblées  de  la  dite 
ville  et  paroisse  de  Mer,  par  nous,  Michel-Émeric  Roger, 
Louis  Dargent,  députés  des  officiers  du  grenier  à  sel  ;  Jean 


CAHIER   d'àUNAY  99 

Gobert  et  Joseph  Dubois,  députés  de  la  communauté  des 
chirurgiens  ;  Jean  Bussiëre,  député  de  la  communauté  des 
maîtres  perruquiers  ;  Jacques  Delécluze-De  TArche,  Pierre 
Lenormant,  André  Levieuge,  Marie-Louis-Charles-Jean-Bap- 
tiste-Pierre Ledru,  Antoine-Joseph  Lenormant,  Joseph  Ber- 
geron,  Jean-Bernard  Despaignol,  députés  du  général  des 
habitants  de  ladite  ville  et  paroisse,  sous  la  présidence  de 
nous,  Pierre  Dutems,  chevalier  de  Saint-Louis,  capitaine 
d'infanterie,  premier  échevin  ;  Louis-Charles  Hème-Des- 
bordes,  échevin  ;  Jean  Home,  procureur  du  Roi  ;  Charles- 
François  Thuillier,  receveur,  formant  le  corps  des  officiers 
municipaux.  A  Mer  ou  Menars-la-Ville,  le  6  mars  1789. 

(Suivent  20  signatures,  celles  de  :  Thuillier;  M.  Roger; 
Hème-Desbordes  ;  Gobert,  secrétaire  ;  Hême,  procureur  du 
Roi,  etc..) 


AUNAY 


Dép.  :  Loir-et-Cher,  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Mer.  —  Com.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel:  Mer. 
—  Diocèse  :  Blois. 

Justice  du  marquisat-pairie  de  Menars. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Mal  voisin,   marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  700  habitants. 

Taille  :  5.619  1.  (principal  :  2.580  1.;  accessoires  :  1.405  1.;  capita- 
tion  :  1.6341.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.372  1.  5  s. 


100  BAILLIAGE    DE   BLOIS 


PROCES-VERBAL 


Ce  procès-verbal  n'est  pas  rédigé  suivant  le  texte  de  la  formule 
imprimée. 

Date  (de  rassemblée)  :  25  février  1789. 

Présidents  :  le  syndic  et  les  officiers  de  la  municipalité. 

Population  :  n'est  pas  indiquée.  Le  procès-verbal  de  l'assemblée 
préliminaire  du  bailliage  de  Blois  porte  180  feux. 

Comparants  :  ne  sont  pas  nommés. 

Députés  :  Cbarles  Talbert,  marchand  à  Àunay  et  Jacques  Chaplain. 

«  Et  à  défaut  [par  les  députés],  ajoute  le  procès-verbal,  de  repré- 
senter ledit  cahier  de  doléances,  nous  demeurons  d'accord  avec  lesdits 
représentants  de  nous  conformer  à  la  décision  que  la  paroisse  de  Mer 
aura  convenu  à  ladite  assemblée  de  Blois  qui  doit  être  convoquée  le  9 
du  courant,  toutefois  en  se  conformant  aux  édit  et  déclaration  du  Roi 
suivant  l'ordonnance.  » 

Le  procès-verbal  est  daté  du  7  mars  1789. 

Suivent  29  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

A  nos  très  humbles  seigneurs  des  Etats  généraux  du 
royaume. 

La  paroisse  d'Àunay  en  Blésois  est  d'accord  de  se  sou- 
mettre aux  intentions  de  la  cour,  conformément  [à  l'Jordon- 
nance  qui  leur  a  été  représentée]. 

Art.  1er. —  Que,  suivant  Tordonn[ance  du]  Roi,  nous  admet- 
tons l'impôt  territorial  qui  sera  exécuté  suivant  la  forme  et 
teneur  de  l'édit  du  Roi. 

Art.  2.  —  Que  nous  requérons  que  les  employés  du 
royaume  soient  supprimés  pour  le  bien  de  la  Nation  et  la 
liberté  du  commerce. 

;  ;     Art.  3.  —  Qu'il  nous  soit  accordé  que  le  bailliage-pairie 


CAHIER   d'hERBILLY  101 

de  Menars  vienne  par  appel  à  la  cour  présidiale  de  Blois  W. 

Art.  4.  —  Que  suivant  le  désir  de  nos  provinces,  que  le 
sel  soit  libre  sans  aucune  interruption,  avec  liberté  de  le 
transporter  d'une  province  à  une  autre  pour  y  entretenir  un 
commerce  suivant  la  faculté  des  particuliers. 

Art.  5.  —  Qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  de  nous  accorder  que 
Tédit  de  Nantes  rendu  en  faveur  des  protestants  parHenrîIV, 
de  glorieuse  mémoire,  le  2  mai  1598,  et  révoqué  au  mois 
d'octobre  1685,  qu'il  soit  remis  dans  sa  forme  et  teneur  à  la 
gloire  de  la  Nation  et  satisfaction  de  tous  les  citoyens  [de  ce] 
royaume  :  c'est  les  vœux  de  tous  les  bons  patriotisme  (sic) 
tant  catholiques  que  protestants  (2). 

A  Aunay,  ce  8  mars  1789. 

(Suivent  4  signatures,  celles  de  :  Chaplain,  F.  Adam, 
Jacques  Barbier,  C.  Talbert.) 


HERBILLY 


Dép.  :  Loir-et-Cher. —  Arr.  :  Blois. —  Cant.  :  Mer. —  Comm.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Moyenne  justice  ressortissant  au  bailliage  de  Blois. 


<*)  La  justice  du  marquisat-pairie  de  Menars  «  ressortissait  nuement  au  parle- 
ment de  Paris,  même  au  premier  chef  de  Tédit  des  présidîaux  ».  (Fourré.  Cou- 
tumes... p.  29,  note). 

<*)  Avant  1685,  les  protestants  étaient  très  nombreux  à  Mer  et  à  Aunay,  et 
depuis,  beaucoup  avaient  continué  à  pratiquer  plus  ou  moins  secrètement  leur 
religion.  On  s'explique  ainsi  l'intérêt  que  les  habitants  de  cette  paroisse  portaient 
à  la  révocation  de  l'édit  de  Nantes,  dont  un  grand  nombre  de  leurs  ancêtres 
avaient  été  victimes.  Les  Du  Tems,  les  Héme,  qui  occupaient  les  premières 
charges  municipales  de  la  ville  de  Mer,  appartenaient  à  d'anciennes  familles  pro- 
testantes. (Voir  Belton,  Notes  sur  V histoire  des  protestants  dans  le  Blésois~Mèm. 
de  la  Soc.  des  Sciences  et  Lettres  de  Loir-et-Cher,  i 886- 1 887,  t.  XI,  pp.  tfl  à  218). 


102  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Assemblée  :  le  jour  de  l'Ascension. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Marigny. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste  Poisson  de  Malvoisin,  marquis  de 
Menars. 

Population  en  1790  :  300  habitants. 

Taille:  4.994  1.  (principal  :  920  1.  ;  accessoires  :  491  1.  ;  capita- 
tion  :  583  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  622  1. 12  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Dates  :  !•'  mars  1789. 

Président  :  Louis  Stanislas  Lemoyne,  procureur  ès-sièges  royaux 
de  Beaugency  et  syndic  de  l'assemblée  municipale. 

Population  :  76  feux. 

Comparants  :  Thomas  JoufTre  ;  Etienne  Géraume  ;  Vrain  Moquillon  ; 
Pierre  Houry  ;  Jean  Girault  ;  Jacques  Ragon  ;  François  Charpentier  ; 
Etienne  Charpentier  ;  Pierre  Rouballay  ;  Jean  Desprez  ;  François  Che- 
vallier :  Gentien  Tournois  ;  Etienne  Champdavoine  ;  Sylvain  Girault  ; 
Vincent  Leroux  ;  Thomas  Chevallier  ;  Aignan  Charpentier  ;  Michel 
Rossignol  ;  François  Chevallier  ;  Jacques  Chapeau  ;  François-Noël  Ra- 
gon ;  François  Guibert  le  jeune  ;  Jean  Bettel  ;  Jean  Desprez  le  jeune; 
Claude  Bontée  ;  Etienne  Bontée  ;  Martin  Duhanot  ;  Charles  Charpentier; 
Jacques  Cabourd  le  jeune  ;  Etienne  Gilles  l'aîné  ;  Claude  Charpentier 
fils  de  Louis  ;  Charles  Masson  ;  Etienne  Gilles  le  jeune  ;  Claude  Char- 
pentier fils  de  Claude  ;  Mathieu  Grandin  ;  Pierre  Plesse  ;  Denis  C baron; 
Jean  Cabourd  ;  Jacques  Cabourd  père  ;  Mathieu  Cabourd  ;  Etienne 
Houry  ;  Alain  Plesse  ;  Donatien  Duhanot  ;  Jean  Duhanot  ;  Donatien  Duha- 
not ;  Louis  Labbé  ;  Pierre  Tournois  ;  Pierre  Courtin  ;  Etienne  Courtin  ; 
Gaspard  Courtin  ;  Jean  Masson  ;  François  Guibert  ;  François  Grondin. 

Députés:  Louis-Stanislas  Lemoyne,  syndic,  et  Etienne  Gilles  le 
jeune,  vigneron. 

Suivent  20  signatures. 


CAHIER   d'hERBILLY  103 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  des  habitants  de  la  paroisse  d'Her- 
billy,  élection  de  Beaugency,  diocèse  (F Orléans  et  bail- 
liage de  Mois* 

Lesdits  habitants  observent  qu'ils  sont  à  peu  près  tous 
propriétaires  de  vignes  situées  sur  la  paroisse  de  Mer  ou 
Menars-la- Ville  ; 

Que  tous  les  ans  avant  les  vendanges,  ils  sont  contraints 
par  les  commis  aux  aides  de  ladite  ville,  éloignée  d'Herbilly 
dune  grande  demi-lieue,  d'aller  déclarer  à  leur  bureau  le  vin 
qu'ils  comptent  recueillir  dans  lesdites  vignes  ; 

Que  lesdits  commis,  toujours  mécontents  des  déclarations 
qu'on  leur  a  faites  et  qu'ils  supposent  frauduleuses,  se  permet- 
tent de  les  enfler  à  leur  gré,  faisant  payer  incontinent  après 
la  récolte  les  droits  d'inventaire  du  vin  qu'il  leur  a  plu  de 
porter  sur  leur  livre  et  dont  ils  donnent  quittances,  souvent 
causées  pour  enlèvement  de  vendanges...  (*)  sans  autres  expli- 
cations ;  d'où  il  suit  que  lesdits  habitants  donnent  leur  argent 
sans  trop  savoir  pourquoi. 

Ces  déclarations,  qui  se  font  dans  très  peu  de  pays,  étant 
donc  prématurées  et  vexatoires  en  ce  que  les  commis  n'y  ont 
presque  jamais  égard,  les  habitants  d'Herbilly  demandent 
avec  instance  à  n'y  être  plus  assujettis  et  à  être  entièrement 
déchargés  du  droit  qui  en  résulte. 

Ils  demandent  en  outre  : 

1°  Que  le  siège  de  la  justice  de  Menars  soit  fixé  invaria- 
blement à  Menars-la- Ville  comme  autrefois,  et  non  à  Menars- 
le-Chàteau,  qui  en  est  à  trois  lieues,  et  que  le  juge  soit 
tenu  de  résider  audit  Menars-la-Ville,  où  il  y  a  un  très 
beau  palais  et  des  prisons,  et  où  a  toujours  résidé  et  réside 
encore  le  greffier  de  ladite  justice  ainsi  que  plusieurs  procu- 
reurs. 

({)  Le  cahier  est  déchiré  à  cet  endroit;  il  manque  probablement  un  mot. 


104  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

2°  Qu'il  soit  établi  audit  Menars-la-Ville,  comme  du 
temps  de  Madame  de  PompadourW  et  de  M.  le  marquis  de 
Marigny  (*),  trois  cavaliers  de  maréchaussée  ou  trois  inva- 
lides pour  en  imposer  et  secourir  en  cas  de  besoin,  Menars- 
la-Ville  étant  sur  la  grande  route  d'Orléans  à  Blois,  à  cinq 
lieues  de  Blois  et  trois  lieues  de  Beaugency,  etparconséquent 
trop  éloignée  des  ressources. 

3°  Que  les  syndics  et  membres  des  municipalités  de  cam- 
pagnes soient  chargés  de  la  police  dans  leur  paroisse  et  auto- 
risés à  se  faire  donner  main-forte  par  le  premier  habitant  de 
l'endroit  pour  emprisonner  les  mendiants  et  vagabonds  aux 
dépens  du  Roi,  dresser  procès-verbaux  du  tout  et  les  déposer 
aux  greffes  des  justices  dont  lesdites  paroisses  relèvent,  pour 
ensuite  faire  par  le  ministère  public  les  poursuites  que  les 
circonstances  exigeront. 

4°  Que  chaque  municipalité  soit  chargée  de  la  recette 
générale  des  impositions  de  sa  paroisse  et  les  collecteurs 
tenus  de  lui  en  cçmpter,  pour  par  ladite  municipalité  en 
compter  ensuite  à  rassemblée  provinciale  ou  commission 
intermédiaire  de  la  province,  qui  les  verserait  directement 
dans  les  coffres  du  Roi.  A  ce  moyen,  plus  de  receveurs  parti- 
culiers des  finances  auxquels  les  municipalités  suppléeraient 
moyennant  une  légère  gratification  que  le  Roi  leur  accor- 
derait. 

5°  Que  les  pouvoirs  du  Pape  soient  conférés  aux  évo- 
ques et  archevêques  pour  accélér[er]  les  permissions  qu'on 
aura  à  demander,  et  éviter  que  le  numéraire  de  France  en 
sorte. 

6°  Que  les  lettres  de  ratification  ne  s'obtiennent  plus  qu'au 
bout  de  quatre  mois  d'exposition  des  contrats,  et  que  ladite 
exposition  soit  rendue  publique  dans  le  lieu  du  domicile  du 
vendeur. 


<*)  Dame  de  Menars  de  1760  à  1764. 
<*>  Seigneur  de  Menars  de  1764  à  1781. 


CAHIER    DHERBILLY  ,405 

7°  Que  le  prix  du  sel  soit  réduit  à  six  sous  la  livre  tout  au 
plus,  sans  déranger  en  rien  les  greniers  à  sel  où  on  conti- 
nuerait de  le  prendre.  A  ce  moyen,  plus  de  contrebande  et, 
par  conséquent,  plus  besoin  de  gabeleurs  dont  les  appointe- 
ments sont  ruineux  pour  l'Etat. 

8°  Qu'il  soit  pris  des  mesures  efficaces  pour  simplifier 
les  droits  sur  le  vin  et  sur  les  eaux-de-vie,  et  surtout  remé- 
dier promptement  aux  inconvénients  qui  résultent  des 
certificats  de  décharge  desdites  eaux-de-vie,  qui  mettent 
de  si  fortes  entraves  dans  le  commerce  de  cette  liqueur, 

9°  Que  les  tribunaux  d'exception,  tels  que  les  élections, 
greniers  à  sel,  maîtrises  des  eaux  et  forêts  et  autres,  soient 
réunis  aux  bailliages  royaux,  et  que  lesdils  bailliages  royaux 
jugent  en  dernier  ressort  jusqu'à  500  francs. 

Et  10°  enfin  que  le  ressort  desdits  bailliages  royaux  soit 
augmente. 

Déclarant  lesdits  habitants  qu'ils  s'en  rapportent  sur  tout 
le  reste  à  la  sagesse  patriotique  des  États  généraux,  qui  n'ou- 
blieront pas  de  faire  valoir  la  perte  considérable  que  l'on  vient 
d'éprouver  par  la  gelée  totale  des  vignes. 

Fait  et  arrêté  cejourd'hui  dimanche  1er  mars  1789.  issue  de 
la  messe,  en  présence  de  tous  les  habitants  assemblés  qui  ont 
signé,  hors  ceux  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir. 

Demander,  en  outre,  que  les  municipalités  soient  chargées 
d'accorder  les  permissions  aux  particuliers  qui  voudront 
ouvrir  et  réparer  leurs  h&timenls  sur  les  voies  publiques,  en 
payant  un  droit  léger  au  profit  de  la  communauté,  qui  sera 
fixé  par  les  Etats  généraux. 

(Suivent  20  signatures,  celles  de  :  Etienne  Gilles  ;  Lemoyne, 
syndic  ;  Levieuge,  etc.) 


4. 


106  BAILLIAGE   DE    BLOIS 


LA  MADELEINE-VILLEFROUIN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Mer.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  22  juillet. 

Seigneur  :  (?)  (*). 

Population  en  1189  :  158  habitants. 

Taille  :  2.178  1.  (principal  :  1.000  1.  ;  accessoires  ;  544  1.  ;  capita- 
tïon  :  634  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant.  • 

Vingtièmes  :  33  1.  11  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Robert  Hiault,  syndic  de  l'assemblée  municipale. 

Population  :  21  feux. 

Comparants  :  Sylvain  Rossignol,  laboureur  ;  Mathurin  Hiault,  la- 
boureur ;  Denis  Charon,  laboureur  ;  Jean  Cottereau,  laboureur  ;  Jean 
Haugazeau,  laboureur  ;  Robert  Hiault,  meunier  ;  Sébastien  Montagne, 
journalier  ;  François  Cottereau,  journalier  ;  François  Cou  1  m  eau,  jour- 
nalier ;  Gilles  Dupairé,  journalier  ;  Jean  Barbier,  journalier  ;  Pierre 
Leroux,  journalier  ;  Toussaint  Corneau,  journalier  ;  François  Fournet, 
journalier  ;  Paul  Raimbault,  journalier  ;  Jean-Pierre  Vary,  journalier; 
Pierre  Montagne,  journalier  ;  Sébastien  Montagne  le  jeune,  journalier; 
François  Mulard,  journalier. 

Députés  :  Robert  Hiault,  syndic,  et  Denis  Ctiaron,  laboureur. 

Suivent  4  signatures. 

<J)  La  paroisse  de  La  Madeleinc-Villefrouin  n'est  pas  portée  sur  l'état  de  1768. 


CAHIER    DE   LA   MADELB1NE-VILLEFR0UIN  107 


CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  des  habitants  de  la  paroisse  de  La 
Madeleine-Villefrouin  du  ressort  du  bailliage  royal 
de  Blois. 

1°  On  demande  la  décharge  de  tous  les  impôts  et  leur 
conversion  en  un  seul  qui  puisse  être  facilement  perçu  par 
les  assemblées  municipales,  qui  en  verseraient  le  produit 
dans  la  caisse  de  l'assemblée  provinciale,  pour  le  faire  par- 
venir directement  au  trésor  royal. 

2°  On  demande  que  les  paroisses  régies  par  la  coutume  de 
Blois  M,  les  habitants  remarquent  avec  peine  dans  cette 
coutume  une  disposition  bien  dure  et  injuste,  suivant  la- 
quelle les  neveux  et  nièces  ne  peuvent  pas  hériter  avec  leurs 
oncles  et  tantes  W. 

3°  W  On  demande  la  suppression  d'une  infinité  d'offices, 
charges  et  emplois  créés  pour  cette  perception  et  infiniment 
onéreux  au  peuple  ;  [ce]  serait  indispensable  et  bien  utile  à 
l'État. 

4°  Les  droits  dus  au  Roi  pour  l'importation  et  l'exporta- 
tion des  vins  et  eaux-de-vie,  les  formalités  auxquelles  on 
assujettit  les  vendeurs  et  les  acheteurs,  les  peines  rigou- 
reuses dont  l'omission  d'une  de  ces  formalités  est  suivie,  tout 
cela  ensemble  nuit  infiniment  au  commerce. 

5°  Le  subside  du  franc-fief  qui  n"est  point  déterminé, 
uniforme,  invariable,  inextensible,  mérite  l'attention  de  la 
nation  assemblée. 

6°  On  demande  la  suppression  de    tous   les    privilèges 


(*>  Sic.  Lire  :  dans  les  paroisses  régies  par  la  coutume  de  Blois... 
(*)  Cf.  ci-dessus,  p.  49,  note  1. 

<5)  Cet  article  se  rapporte  évidemment  à  l'article  1  qu'il  devrait  suivre  immé- 
diatement; l'article  2  a  certainement  été  intercalé  après  coup. 


108  BAILLIAGE   DE    BL01S 

d'exemptions  de  taille  et  autres  impositions  personnelles  ou 
foncières,  lesdits  privilèges  attachés  à  plusieurs  offices. 

7°  On  demande  que  tous  les  biens  des  nobles  comme  des 
ecclésiastiques  soient  assujettis  à  l'impôt. 

8°  On  demande  que  le  sel  soit  marchand,  par  rapport  au 
pauvre  qui  languit  sous  le  poids  de  cette  denrée. 

9°  On  demande  que  la  Cour  des  aides  soit  supprimée. 

10°  On  demande  que  les  négociants,  qui  ruinent  la  route, 
soient  obligés  à  leur  entretien  plus  que  les  laboureurs  qui  n'y 
passent  presque  point  du  tout. 

11°  L'agriculture,  branche  si  essentielle  à  l'Etat,  gémit 
sous  le  poids  le  plus  accablant  de  la  surchage  en  tout  genre, 
prix  excessif  des  fermes,  et  le  taux  des  impôts.  La  Nation 
assemblée  est  priée  de  prendre  en  considération  cette 
branche  qu'on  ne  peut  trop  soutenir,  par  rapport  au  bétail 
et  surtout  les  chevaux  qui  sont  d'un  prix  excessif;  et  qu'il 
faut  absolument  que  le  laboureur  qui  est  exposé  à  toutes  les 
influences  de  l'air  succombe  malgré  toute  leur  économie. 

(Suivent  3  signatures,  celles  de  :  Jean  Haugazeau,  Robert 
Hiault,  Mathurin  Hiault.) 

Les  articles  i,  3,  4,  5  et  6  de  ce  cahier  sont  à  peu  près  identiques 
aux  articles  5, 6,  7,  8  et  10  du  cahier  de  Séris  et  aux  articles  9,  10,  11, 
42  et  13  du  cahier  de  Lestiou,  et  l'article  2  h  l'article  6  du  cahier  de 
Lestiou.  Celui-ci  ayant  été  rédigé  le  même  jour  que  celui  de  Séris,  il 
est  probable  que  les  trois  cahiers  ont  été  copiés  plus  ou  moins 
exactement  sur  un  modèle  commun;  d'ailleurs  l'intercalalion  que 
nous  avons  signalée  de  l'article  2  entre  les  articles  i  et  3  qui  devaient 
évidemment  se  suivre  sur  l'original  comme  sur  les  cahiers  de  Séris  et 
de  Lestiou,  montre  bien  qu'il  s'agit  là  de  la  copie  d'un  modèle  dont 
l'ordre  des  articles  a  été  assez  maladroitement  modifié.  - 


CAHIER   DE   SÉR1S  109 


SÉRIS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Orléans. 

Moyenne  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Assemblée  :  le  dimanche  après  la  Saint-Denis. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  d'Avaray  <*). 

Seigneur  en  1789  :  Claude-Antoine  de  Beziade,  marquis  d'Avaray, 
seigneur  d'Avaray,  Le  Tertre,  Lestiou,  Lussay. 

Population  en  1790  :  394  habitants. 

Taille  :  i.972  1.  (principal  :  910!.  ;  accessoires  :  486  1.  ;  capitation  : 
576  1.) 

Vingtièmes  :  l.i46  1.  4  s.  (pour  les  deux  paroisses  de  Séris  et 
Lussay.) 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  4cr  mars  4789. 

Président  :  François  Gentils,  notaire  royal  au  bailliage  et  cçmté  de 
Blois,  résidant  à  Séris.  Même  président  qu'à  Lussay. 

Population  :  78  feux. 

Comparants  :  Sylvain  Gentils,  syndic  de  la  municipalité  ;  Pierre- 
Toussaint  Hubert,  Pierre  Sauvé,  Denis  Fauchet,  membres  de  la  muni- 
cipalité ;  Michel  Rucher  ;  François  Rousseau  ;  Jean  Huguet;  Thomas 
Rossignol;  Sylvain  Gentils  ;  Mathurin  Dupuy  ;  Pierre  Sallier;  Jean 
Gentils;  Marin  Boutet  le  jeune;  Michel  Gentils;  Pierre  Rouballay; 
Michel  Garnier;  Marin  Gentils;  François  Rouballay;  Mathieu  Lor- 
geou  ;  Jean  Gentils  jeune  ;  Jean  Rouballay  ;  Simon  Pasquet  ;  Pierre 
Coudriou  ;  Jacques  Garnier  le  jeune  ;  Marin  Garnier  ;  Pierre  Gentils  ; 

(»)  La  paroisse  d'Avaray  faisait  partie  du  bailliage  de  Beaugency. 


110  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Médard  Brisset  ;  Pierre  Garnier  ;  Jacques  Gentils;  André  Gentils; 
Marin  Boutet  l'aîné  ;  Simon  Dupuy  ;  François  Deschamps  ;  René 
Rocher  ;  Hilaire  Huguet  ;  Jacques  Garnier. 

Députés  :   Denis  Fauchet,   membre  de  la  municipalité  et  Michel 
Rocher. 

Une  seule  signature,  celle  de  Gentils. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes;  remontrances  et  doléances  de  la  pa- 
roisse et  communauté  de  Sérispour  les  États  généraux, 
dressé  en  vertu  de  la  lettre  du  Roi  du  24  janvier  der- 
nier 1789. 

Art.  1er.  —  Dans  presque  toutes  les  villes,  outre  des 
aumônes  très  abondantes,  il  y  a  un  hôpital  où  Ton  reçoit  et 
nourrit  jusqu'à  la  (in  de  leurs  jours  les  pauvres  des  deux 
sexes  parvenus  à  un  âge  avancé  ;  mais  il  faut  qu'ils  soient 
nés  dans  la  ville,  en  sorte  que  les  pauvres  des  campagnes,  en 
étant  exclus,  gémissent  et  périssent  dans  une  misère  affreuse. 
]1  est  donc  de  l'intérêt  de  l'humanité  de  s'occuper  de  leur 
soulagement,  objet  bien  digne  de  fixer  l'attention  de  la 
Nation  assemblée. 

Art.  2.  —  Les  procès  ont  souvent  pour  objet  surtout 
dans  les  campagnes  une  somme  si  modique  que  les  frais 
excèdent  toujours  le  principal  ;  il  serait  donc  nécessaire  de 
commettre  dans  chaque  paroisse  ou  communauté  un  certain 
nombre  de  domiciliés  de  l'endroit,  qui  arrangeraient  gratis 
les  affaires  jusqu'à  concurrence  d'une  somme  déterminée, 
au  lieu  d'être  obligé  d'avoir  recours  à  des  plaidoyers  qui 
consomment  tout  en  frais. 

Art.  3.  —  Il  serait  nécessaire  que  les  justices  seigneu- 
riales demeurassent  telles  qu'il  est  porté  au  lit  de  justice 
tenu  par  Sa  Majesté  à  Versailles  le  huit  du  mois  dernier. 

Art.  4.  — Pour  le  maintien  du  bon  ordre  dans  les  paroisses 


CAHIER   DE   SÉB19  fil 

où  il  ne  réside  aucun  officier  de  justice,  le  syndic  de  rassem- 
blée municipale,  ou  à  son  défaut  un  autre  député,  devrait 
être  chargé  de  veiller  sur  la  police,  avec  pouvoir  de  faire 
arrêter  les  mendiants  non  domiciliés  en  la  paroisse  et  les 
faire  conduire  dans  les  prisons  royales  par  les  habitants 
requis  ou  par  les  cavaliers  de  la  maréchaussée  aux  frais  du 
gouvernement. 

Art.  o.  —  On  demande  la  décharge  de  la  taille,  de  la  capi- 
tation,  l'évaluation  de  la  corvée,  et  qu'ils  soient  convertis 
en  un  seul  impôt  territorial  payé  par  les  propriétaires  ;  qu'il 
puisse  être  facilement  perçu  par  les  assemblées  municipales 
qui  en  verseraient  le  produit  dans  les  caisses  de  rassemblée 
provinciale  pour  le  faire  parvenir  directement  dans  le  trésor 
royal,  ce  qui  ferait  le  bien  de  l'État. 

Art.  6.  —  En  conséquence  de  ce  dernier  article,  la  sup- 
pression d'une  infinité  d'offices,  charges  et  emplois  créés 
pour  cette  perception,  ce  qui  serait  profitable  à  l'État. 

Art.  7.  —  [Identique  à  l'article  4  du  cahier  de  la  Made- 
leine- Villefrouin.] 

Art.  8.  —  [Idendique  a  l'article  5  du  cahier  de  la  Made- 
leine-Villefrouin  .  ] 

Art.  9.  —  Le  sel  est  un  aliment  nécessaire  à  la  popula- 
tion, que  beaucoup  de  pauvres,  surtout  à  la  campagne,  en 
sont  privés  (1>  rapport  au  prix  ;  il  serait  nécessaire  de  le 
rendre  à  un  prix  plus  moderne  W,  ce  qui  soulagerait  le 
pauvre. 

Art.  10.  —  [Identique  à  l'article  6  du  cahier  de  la  Made- 
leine-Villefrouin.] 

Art.  M .  —  On  demande  que  les  impositions  foncières 
telles  que  la  taille  soient  payées,  comme  il  est  dit  ci-dessus, 
dans  la  paroisse  où  les  biens  sont  situés. 


(*>  Sic.  Lire  :  dont  beaucoup  de  pauvres  surtout  &  la  campagne  sont  privés. 
<*>  Sic.  sans  doute  pour  :  modéré. 


112  BAILLIAGE    DE   BL01S 

Art.  12. —  1°  On  remarque  avec  peine  :  que  les  personnes 
riches  peuvent,  au  moyen  de  beaucoup  d'argent,  épouser 
leur  cousine  germaine  et  même  leur  nièce  ou  leur  belle-sœur, 
tandis  que  la  permission  en  est  refusée  au  pauvre  ;  2°  qu'il 
sort  du  royaume  des  sommes  immenses  qu'on  envoie  à  Rome 
pour  payer  les  dispenses  et  infinité  de  bulles.  On  fait  des 
vœux  [pour]  que  les  États  généraux  s'occupent  de  ces  objets. 

Art.  13,  —  H  est  bien  nécessaire  de  simplifier  les  procé- 
dures tenues  pour  la  vente  des  immeubles  des  mineurs,  dont 
le  prix  est  souvent  absorbé  par  les  frais  dont  résulte  leur 
ruine  et  celle  de  leurs  créanciers. 

Art.  14.  —  Comme  il  y  a  dans  la  campagne  des  bénéfices 
de  curé  qui  sont  très  médiocres,  on  pourrait  augmenter  leurs 
revenus  par  la  réunion  des  cures  voisines  au  curé  primitif 
jusqu'à  concurrence  de  1,200  livres  ;  ou  par  une  augmen- 
tation de  dot  des  patrons  laïcs  qui  ont  des  bénéfices  dans 
ces  paroisses  dont  ils  nomment  à  ces  mêmes  bénéfices  des 
prêtres  étrangers,  et  ce  qui  semblerait  mieux  convenir  au 
curé  de  la  paroisse  qui  desservirait  les  chapelles  auxquelles 
les  bénéfices  sont  attachés  ;  ou  encore  par  la  suppression  des 
maisons  et  monastères  dans  lesquels  il  n'y  a  pas  un  nombre 
suffisant  de  religieux  pour  faire  le  service  divin.  (les  moyens 
ne  seraient  point  à  charge  à  l'État. 

Art.  15.  —  Au  moyen  de  ladite  donation,  les  ministres 
de  l'Eglise  n'exigeront  pas  un  casuel  si  fort  qui  augmente 
tous  les  jours. 

Art.  16.  —  Le  cultivateur  des  terres  de  la  campagne, 
homme  très  précieux  qui  fait  naître  les  productions  néces- 
saires à  la  vie  et  à  nos  besoins,  il  est  nécessaire  de  diminuer 
les  impôts  de  ce  pauvre  mercenaire  qui  au  contraire  en  est 
accablé  de  toutes  parts.  Il  y  a  dans  les  campagnes  des  sei- 
gneurs qui  possèdent  des  manoirs  et  métairies  dont  ils  ont 
des  colombiers  qui  sont  remplis  de  pigeons,  qui  [détruisent 
les  récoltes^  au  temps  de  la  semence  et  au  premier  temps 
de  la  moisson,  comme  les  orges  mondés  et  seigles  et  autres 


CAHIER    DE   SÉBIS  113 

menus  grains  ;  ot  à  ces  sortes  de  volailles  on  n'ose  pas  rien 
dire  ;  ii  est  donc  nécessaire  de  permettre  de  chasser  au  temps 
de  la  semence  et  moisson  ces  sortes  de  volailles. 

Art.  17.  —  Ce  qui  absorbe  encore  les  habitants  et  culti- 
vateurs de  la  campagne,  c'est  que  depuis  environ  trente  ans 
les  seigneurs  se  sont  appropriés  et  veulent  s'approprier  toutes 
les  forêts  dans  la  paroisse,  le  droit  de  boucherie  et  charcu- 
terie qu'ils  afferment  à  des  personnes  qui  vendent  la  viande 
un  prix  exorbitant:  il  serait  nécessaire  que  la  Nation  assem- 
blée s'occupe  à  réformer  de  semblables  droits  pour  le  bien 
de  tout  le  menu  peuple. 

Art.  18.  —  En  conséquence  des  articles  14  et  15  ci-dessus, 
il  serait  très  nécessaire  que  les  Etats  assemblés  s'occupent  à 
régler  les  bénéfices  de  curé  jusqu'à  concurrence  d'une 
somme  fixe  et  qu'en  conséquence  il  ne  pourrait  demander  ni 
exiger  aucun  casuel. 

Art.  19.  —  Cette  paroisse  étant  située  dans  un  terrain 
médiocre  dont  il  n'y  en  a  qu'une  partie  propre  à  froment  et 
rapportant  par  arpent  <*)  sept  mines  l2),  et  ils  sont  affermés  la 
moitié  de  leur  produit,  et  sur  l'autre  moitié  il  en  faut  tirer 
la  semence  à  deux  mines  par  arpent,  c'est  donc  encore  une 
mine  et  demi  qui  reste  pour  payer  les  impôts  et  pour  vivre. 
Le  cultivateur,  jugez  dans  quelle  misère  il  doit  être.  L'autre 
partie  de  ladite  paroisse  qui  consiste  en  un  tiers  de  la  paroisse, 
n'est  propre  qu'à  faire  des  menus  grains  comme  bêcher  (3> 
et  aveunes<4);  il  est  donc  nécessaire  que  les  États  généraux 
pensent  à  diminuer  les  impôts  sur  ces  sortes  de  terrains. 

(Suivent  17  signatures,  celles  de  :  Rocher,  député  ;  Fauchel, 
député;  Gentils,  notaire,  etc.) 


(*)  L'arpent  en  usage  à  Séris  valait  51  ares  07. 

(2)  La  mine  de  Mer  en  usage  à  S«'?ris  valait  50  litres  85. 

(3)  Sic.  Bêché,  adj.  m.,  ne  se  dit  que  dans  orge  bêché,  escourgeon.  (Thibault. 
Glossaire  du  pays  blaisois,  p.  42.) 

(*)  Avoines. 


114  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Outre  les  articles  7,  8  et  10  déjà  signalés  comme  textuellement  iden- 
tiques aux  articles  4,  5  et  6  du  cahier  de  la  Madeleine-Villefrouin,  les 
articles  5  et  6  diffèrent  peu  des  articles  i  et  3  de  ce  môme  cahier  ;  de 
plus,  les  articles  4,  2,  4,  5,  6,  7,  8,  40,  44,  42  et  43  sont  identiques 
ou  à  peu  près  aux  articles  4,  2,  8,  9,  40,  44,  42,  43,  44,  47  et  3  du 
cahier  de  Lestiou  w. 


LUSSAY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Mer.  —  Comm.  : 
Séris. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Orléans. 

Haute  justice  ressortissant  à  Beaugency  (-h 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  d'Avaray. 

Seigneur  en  1789  :  Claude  Antoine  de  Beziade,  marquis  d'Avaray, 
seigneur  d'Avaray,  le  Tertre,  Lestiou,  Lussay. 

Population  en  1790  :  342  habitants. 

Taille  :  867  1.  (principal  :  400  1.  ;  accessoires  :  244  1.  ;  capita- 
tion  :  253 1.) 

Vingtièmes:   4.4461.4s.    (pour  les  deux  paroisses   de  Séris  et 

Lussay). 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4ermars  4789. 

Président  :  François  Gentils,  notaire  royal  au  comté  et  bailliage  de 
Blois,  résidant  au  bourg  et  paroisse  de  Séris.  Même  président  qu'à 
Séris. 

Population  :  65  feux. 

(*)  Cf.  p.  108. 

<2)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  Cependant  Lussay  fut  convoqué  à  Blois  et 
non  à  Beaugency. 


CAHIER   DE    LEST10U  115 

Comparants  :  André  Châron,  syndic;  Robert  Dugué,  Clément 
Gentils,  Vincent  Gentils,  membres  de  l'assemblée  municipale  ;  Pierre 
Sauvé,  Louis  Thauvin,  adjoints  ;  Julien  Peschard  ;  Pierre  Sauvé  ; 
Simon  Rônay  ;  Laurent  Simon  ;  Simon  Peschard  ;  Jacques  Simon  ; 
Pierre  Peschard  ;  Sylvain  Malingre  ;  Pierre  Rônay  ;  François  Simon  ; 
Etienne  Bury  ;  Etienne  Conret;  Jacques  et  Jean  Hilaire;  André  Cor- 
nichon ;  Clément  Hilaire  ;  François  Peschard  ;  François  Boureau  ; 
Jean  Fuzelier  ;  Liphard  Bury  ;  Jacques  Peschard  ;  Etienne  Quentin  ; 
François  Peschard  l'aîné  ;  autre  François  Peschard  ;  François  Pes- 
chard fils  ;  Denis  Cornichon  ;  Jacques  Tournois  ;  François  Masson  ; 
Thomas  Daviot;  Etienne  Malingre;  François  Daviot ;  François  Sauvé 
le  jeune  ;  André  Lecomte  ;  Noël  Voisin  ;  Pierre  Sauvé  ;  Thomas  Lor- 
geou  ;  Jean  Peschard. 

Députés  :  André  Châron,  syndic,  et  Robert  Dugué,  membre  de  la 
municipalité,  laboureurs. 

Suivent  16  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LESTIOU 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Mer. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Orléans. 

Moyenne  justice  ressortissante  Blois. 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Assemblée  :  le  dimanche  de  l'octave  de  la  Fête-Dieu. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  d'Avaray. 

Seigneur  en  1789  :  Claude-Antoine  de  Beziade,  marquis  d'Avaray, 
seigneur  d'Avaray,  le  Tertre,  Lestiou,  Lussay. 


1 


116  BAILLIAtiE   DE    BL01S 

Population  en  1190  :  254  habitants. 

Taille  :  4.344 1.  (principal  :  620  1.  ;  accessoires  :  334  1.;  capitation  : 
393  1.) 

Vingtièmes  :  583  1.  44  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  4789. 

Président  :  Etienne  Brtront,  notaire  royal  au  bailliage  de  Blois. 

Population  :  56  feux. 

Comparants  :  Jean  Cartier,  syndic  ;  Pierre-François  Tournois  et 
Jean  Guilbert,  membres  de  la  municipalité;  Jean  Gentils,  Denis  Bigot 
et  Louis  Rouballay,  adjoints  relativement  îi  la  taille;  Gentien  Cartier; 
Mathieu  Gentils;  Michel  Thauvin;  Sylvain-Josias  Ronay;  Jean  Tour- 
nois; Clément  Lorgeon  ;  Toussaint  Hilaire  ;  Sylvain  Breton;  Vincent 
Sarradin;  Julien  Courret;  Jean  Marquenet;  François  Pasquier;  Jean 
Peschard;  Jacques  Bouché;  Jacques  Girault;  Jacques Hugé. 

Députés  :  Jean  Cartier,  syndic,  et  Pierre-François  Tournois, 
membre  de  la  municipalité. 

Suivent  42  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes  et  doléances  de  la  paroisse  de  Lesliou. 

Art.  4er.  —  [Identique  à  l'article  Ier  du  cahier  de  Séris. 

Art.  2.  —  Les  procès  ont  souvent  pour  objet,  surtout  dans 
les  campagnes,  une  somme  modique  que  les  frais  excèdent 
toujours.  Le  payement  de  ces  frais  a  souvent  plus  de  part 
aux  appels  des  sentences  que  l'objet  principal  ;  il  en 
résulte  des  haines  invétérées  et  la  ruine  de  plusieurs  familles. 
Il  serait  donc  très  avantageux  de  donner  aux  juges  des 
seigneurs  et  aux  bailliages  royaux  le  pouvoir  de  juger 
en  dernier  ressort  jusqu'à  concurrence  dune  somme  déter- 
minée. 

Art.  3.  —  11  est  bien  intéressant  de  simplifier  les  procé- 


CAHIER    DE    LESTIOU  117 

dures  tenues  pour  la  vente  des  biens  des  mineurs  dont  le 
prix  est  souvent  absorbé  par  les  trais,  d'où  résultent  souvent 
leur  ruine  et  celle  de  leurs  créanciers. 

Art.  4.  —  Le  défaut  de  publicité  relativement  aux  lettres 
de  ratification  sur  la  vente  des  immeubles,  joint  au  court 
délai  dans  lequel  on  les  fait  sceller,  favorisent  extrêmement 
la  mauvaise  foi  des  débiteurs,  occasionnent  à  leurs  créan- 
ciers la  perle  de  ce  qui  leur  est  dû  et  nuisent  au  commerce 
en  arrêtant  la  circulation  de  l'argent  qu'on  n'ose  plus  prêter. 
Pour  remédier  à  ces  inconvénients,  il  serait  nécessaire  de 
faire  publier  plusieurs  fois  les  ventes  dans  les  paroisses  où 
les  biens  sont  situés,  avant  l'obtention  des  lettres  de  ratifi- 
cation, qui  ne  pourraient  d'ailleurs  être  scellées  qu'au  bout 
de  quatre  ou  môme  six  mois. 

Art.  5.  —  Il  arrive  souvent  qu'un  créancier  qui  a  formé 
opposition  à  ces  lettres,  n'ayant  aucune  espérance  d'être 
payé  sur  le  prix  de  la  vente,  en  fait  faire  la  distribution  en 
justice,  ce  qui  consomme  tout  en  frais.  Un  règlement 
pour  empêcher  de  pareilles  injustices  est  donc  bien  néces- 
saire. 

Art.  6.  —  La  paroisse  de  Lestiou  étant  régie  par  la  cou- 
tume de  Blois,  ses  habitants  remarquent  avec  peine  dans 
cette  coutume  une  disposition  bien  dure  et  même  injuste,  sui- 
vant laquelle  les  neveux  et  nièces  ne  peuvent  pas  hériter 
avec  leurs  oncles  et  tantes  (*). 

Art.  7.  —  On  remarque  que  la  stipulation  des  intérêts 
pour  prêts  d'argent  est  très  licite  dans. une  partie  du 
royaume  régie  par  le  droit  écrit,  et  qu'elle  est  regardée 
comme  usuraire  dans  les  autres  provinces.  On  demande  une 
loi  uniforme. 

Art.  8.  —  Pour  le  maintien  du  bon  ordre  dans  les 
paroisses  où  il  ne  réside  aucun  officier  de  justice,  le  syndic 

(0  Cf.  ci-dessus,  p.  49,  note  1. 


118  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

de  l'assemblée  municipale,  et  à  son  défaut  un  autre  député, 
devrait  être  chargé  de  veiller  sur  la  police,  avec  pouvoir  de 
faire  arrêter  les  mendiants  non  domiciliés  en  la  paroisse,  et 
les  faire  conduire  dans  la  prison  du  lieu  ou  dans  les  prisons 
royales  par  les  premiers  habitants  requis  ou  parles  cavaliers 
de  maréchaussée,  aux  frais  du  gouvernement. 

Art.  9.  —  L'on  demande  que  tous  les  impôts  soient  per- 
çus par  les  assemblées  municipales  qui  en  verseraient  le  pro- 
duit dans  la  caisse  de  rassemblée  provinciale  pour  le  faire 
parvenir  directement  au  trésor  royal.  Il  serait  nécessaire  de 
supprimer  ceux  desdits  impôts  qui  ne  seraient  pas  suscep- 
tibles d'une  pareille  administration,  et  notamment  la  gabelle, 
et  de  les  convertir  en  d'autres  que  les  assemblées  municipales 
puissent  facilement  recevoir. 

Art.  10.  —  Il  résultera  de  ce  dernier  article  la  suppres- 
sion d'une  infinité  d'offices,  charges  et  emplois  créés  pour 
cette  perception  et  infiniment  onéreux  aux  peuples. 

Art.  11.  —  [Identique  à  l'article  4  du  cahier  de  la  Madc- 
leine-Villefrouin  et  à  l'article  7  du  cahier  de  Séris]. 

Art.  12.  —  [Identique  à  l'article  5  du  cahier  de  la  Made- 
teine-Villefrouin  et  à  l'article  8  du  cahier  de  Séris]. 

Art.  13.  —  [Identique  à  l'article  6  du  cahier  de  la  Made- 
leine-Villefrouin  et  à  l'article  10  du  cahier  de  Séris]. 

Art.  14.  —  On  demande  que  les  impositions  foncières, 
telles  que  la  taille,  etc.,  soient  payées  dans  les  paroisses  où 
les  biens  sont  situés. 

Art.    15.    —    On    demande   qu'il   ne   soit    établi    aucun 
nouvel   impôt  sans   le   consentement  des  Etats   généraux, 
dont  le  retour  périodique  sera  fixé  avant  la  dissolution  des. 
États. 

Art.  16.  —  On  demande  qu'il  soit  arrêté  que  les  parle- 
ments ne  pourront  enregistrer  aucun  impôt,  ni  emprunt, 
ni  création  d'offices  auxquels  on  attacherait  des  émolu- 
ments, tant  que  les  États  généraux  ne  seront  pas  convoqués. 


CAHIER    DE    LEST10U  119 

Art.   17.  —  [Identique  à  l'article  12  du  cahier  de  Séris]. 

Art.  18.  —  Rivière  du  Lien.  —  Les  habitants  de  Les- 
tiou  finissent  par  l'objet  le  plus  intéressant  pour  eux.  Une 
maladie  endémique  a  dévasté  leur  paroisse.  Il  est  de  noto- 
riété publique  que  les  causes  de  cette  maladie  existent  dans 
la  petite  rivière  du  Lien  qui  baigne  le  coteau  du  village  de 
Lestiou.  Des  vapeurs  méphitiques,  qui  s'élèvent  continuelle- 
ment et  surtout  en  été  du  fond  de  l'eau  stagnante  et  maréca- 
geuse de  cette  rivière,  empoisonnent  l'eau  des  environs,  et 
font  de  ce  village  m\  séjour  très  dangereux.  La  Société  royale 
de  Médecine,  ayant  été  consultée,  a  répondu,  d'après  le  rap- 
port de  ses  commissaires,  qu'il  était  de  la  sagesse  et  môme 
du  devoir  de  l'administration  d'y  remédier  et  de  détruire 
ces  foyers  de  mort  encore  très  nombreux  dans  le  royaume. 

L'embouchure  de  cette  rivière  dans  la  Loire  était  dans  le 
dernier  siècle  à  l'orient  de  Lestiou.  Alors,  ce  bourg,  dont  le 
coteau  était  baigné  par  la  Loire,  jouissait  d'un  air  pur,  était 
très  florissant  et  peuplé,  le  commerce  y  était  en  recomman- 
dation, la  somme  des  impôts  de  cette  paroisse  égalait  celle 
des  impôts  levés  à  Beaugency  :  des  ruines,  des  débris  annon- 
cent que  son  étendue  était  très  considérable. 

Mais  malheureusement  la  Loire,  par  ses  fréquents  déborde- 
ments, ayant  accru  l'île  de  TaversW,  il  en  est  résulté  l'allonge- 
ment de  la  rivière  du  Lien,  dont  l'embouchure  est  actuellement 
au  couchant  de  Lestiou.  L'eau  de  cette  petite  rivière,  retardée 
au  milieu  de  son  cours  par  divers  obstacles,  circule  lentement 
dans  ses  sinuosités  et  acquiert  enfin  une  funeste  stagnation 
en  tombant  dans  un  bassin  d'une  grandeur  démesurée. 

Voilà  les  causes  de  cette  décadence  subite  et  étonnante  ; 
maintenant  on  compte  à  peine  à  Lestiou  cinquante-six  feux  ; 
en  sorte  que,  par  la  comparaison  du  passé  au  présent,  on 
trouve  que  la  population  y  a  diminué  de  onze  douzièmes. 

Le  moyen  de  remédier  au  mal  est  de  faire  passer  un  bras 
de  la  Loire  dans  la  rivière  du  Lien,  ce  qui  peut  se  faire  pres- 
te Àuj.  dép.  Loiret,  arr.  Orléans,  cant.  Beaugency. 


120  BAILLIAGE    DE    RLOIS 

que  sans  frais  ;  il  en  résulterait,  outre  le  retour  inestimable 
de  la  santé,  une  infinité  d'avantages  pour  tous  les  habitants 
de  la  contrée.  Entre  autres,  ce  bras  de  rivière  servirait  de 
gare  pour  les  bateaux  et  faciliterait  l'exportation  et  l'impor- 
tation de  toutes  sortes  de  marchandises  et  denrées,  avantage 
qui  serait  commun  aux  habitants  de  Guignes  et  de  Tavers 
comme  à  ceux  de  Lestiou  M. 

Fait  et  arrêté  en  rassemblée  générale  de  Lestiou,  ce  3  mars 
1789. 

(Suivent  13  signatures,  celles  de  :  Cartier;  Pierre  Tour- 
nois ;  Bréronl;  etc.) 

Outre  les  articles  déjà  signalés  comme  textuellement  identiques  aux 
articles  indiqués  des  cahiers  de  La  Madeleine-Villefrouin  et  de  Séris, 
les  articles  2,  3,  8,  9,  10  et  44  diffèrent  peu  des  articles  2,  43,  4,  5,  6 
et  11  du  cahier  de  Séris  et  les  articles  6,  9  et  10,  des  articles  2,  i  et  3 
du  cahier  de  La  Madeleine-Villefrouin.  Le  dernier  article  spécial  à  la 
paroisse  de  Lestiou  est  d'une  écriture  différente  du  reste  du  cahier;  il 
a  sans  doute  été  ajouté  après  coup  aux  autres  articles  copiés  sur 
le  modèle  commun  au  cahier  de  cette  paroisse  et  à  ceux  de  Séris  et  de 
La  Madeleine-Villefrouin  <2>. 

<*>  Tout  un  dossier  des  archives  de  Loir-et-Cher  {L  347  provisoire)  est  consacré  à 
l'épidémie  de  Lestiou.  Pellieux,  médecin  de  Beaugency,  rédigea  plusieurs  rapports 
sur  cette  question.  «  Les  habitants  de  Lestiou,  dit-il,  sont  attaqués  d'une  maladie 
endémique  qui  règne  particulièrement  sur  les  femmes  et  sur  les  enfants  et  dont 
les  symptômes  sont,  comme  dans  toutes  les  maladies  chroniques,  un  accable- 
ment général,  suivi  d'un  gonflement  extraordinaire  du  ventre,  de  la  couleur 
jaune  ou  livide  du  teint,  de  l'enflure  des  jambes  et  d'une  fièvre  lente,  accidents 
qui  ont  pour  cause  l'obstruction  de  tous  les  viscères  du  bas-ventre.  »  Le  marquis 
d'Avaray  soumit  la  question  à  la  Société  royale  de  Médecine  à  qui  un  rapport  fut 
présenté  sur  ce  sujet  par  Caille,  l'abbé  TVssier  et  Vicq  d'Azyr.  L'Assemblée  de 
département  d'Orléans  et  Beaugency  et  l'Assemblée  provinciale  de  l'Orléanais  s'en 
occupèrent;  le  duc  de  Luxembourg  chargea  Lavoisier  d'étudier  la  question  et 
Tévéque  de  Chartres  présenta  un  rapport  à  ce  sujet  au  bureau  des  ponts  et 
chaussées  de  l'Assemblée  provinciale.  Une  somme  de  1.200  livres  fut  accordée  sur 
les  fonds  de  charité  pour  les  travaux  nécessaires  à  l'écoulement  des  eaux  du  Lien, 
qui  furent  entrepris  sous  la  direction  de  Simon,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées 
à  Blois  ;  mais  la  propriétaire  du  terrain,  Mmcde  Lenfernat,  dame  de  Tavers,  s'étant 
opposée  à  leur  continuation,  ils  furent  suspendus.  La  question  fut  reprise  à  la 
suite  de  nouveaux  mémoires  adressés  en  1790  au  département  de  Loir-et-Cher  et 
à,  l'A'sseinblée  nationale. 

(2)  Cf.  p.  108. 


CAHIER    DE    NOU AN-SUR- LOIRE  121 


NOUAN-SUR-LOIRE 


Dép.  :  Loir-et  Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Bracieux. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Orléans. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Assemblées  :  le  dimanche  avant  la  Saint-Jean  et  le  47  novembre. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768:  le  Roi. 

Population  en  1790  :  519  habitants. 

Taille  :  2.362  1.  (principal  :  1.090  1.  ;  accessoires  :  582  1.  ;  capita- 
tion  :  690  1.) 

Vingtièmes  :  1.152 1. 16  s. 


PROCÈS  VERBAL 

Date:  8  mars  1789. 

Président  :  Pierre  Massonneau,  notaire  royal  au  comté  et  bailliage 
de  Blois,  &  la  résidence  de  Nouan. 

Population  :  130  feux. 

Comparants  :  Louis  Goureau  ;  Ithier  Assier  ;  Gentien  Foisneau 
Barthélémy  Bimbenet  ;  Louis  Larue ;  Florent  Hutin  ;  Pierre  Dhuime 
François  Leblanc  ;  Jacques  Genty  ;  Claude  Bordier  ;  Sylvain  Guillou 
Louis  Goureau  ;  Sylvain  Renard  ;  Jacques  Lemaire  ;  François  Duhanot 
Pierre  Vigreux ,  François  Vigreux  ;  Noël  Assier  ;  François  Rabier 
Simon  Recoquilles  ;  Jean  Péan  ;  François  Péan  ;  Pierre  Péan  ;  Marcou 
Mérillon  ;  François  Chapeau  ;  Sylvain  Gibert  ;  Léonard  Rabier;  Pierre 
Petit  l'aîné  ;  Pierre  Petit  le  jeune  ;  Claude  Pottin  ;  Jacques  Charon  ; 
André  Moulin  ;  Jean  Foucault  ;  André  Crété  ;  Mathurin  Bordier;  Pierre 
Foisneau  ;  Pierre  Généras  ;  Pierre  Houry  ;  François  Gougier  ;  François 
Guy;  Sylvain  Marié  ;  Louis  Habert  ;  Etienne  Bezy;  Gentien  Rabier; 
Jacques  Bigot  ;  Vincent  Pader  ;  Vincent  Ricault  ;  René  Dubois  ;  Mathu- 
rin Guérin  ;  Jean  Dreux  ;  Joseph  Jacques  ;  Jacques  Chesneau  ;  Mathu- 


122  BAILLIAGE   DR    BLOIS 

rin  Fournier;  Jacques  Cerveau;  Charles  Menaogeon  ;  Octave  Gri- 
mault  ;  Sylvain  Raison  ;  François  Evras  ;  Louis  Raison  ;  André  Gou- 
reau,  Sylvain  Hamelin  ;  Claude  Goureau  ;  Jacques  Gillet  ;  Jean  Pane  ; 
Sylvain  Grimault  ;  Jean  Guérin  ;  Claude  Marié  ;  François  Raison  ;  Jean 
Assier. 

Députés  :  Noël  Assier  et  Gentien  Foisncau. 

Suivent  44  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  représentations  de  la 

paroisse  de  Nouan-sur- Loire. 

Sire, 

La  misère  des  campagnes  est  parvenue  au  comble  tant  par 
l'intempérie  des  saisons  que  par  les  impositions  de  toutes 
espèces  dont  elles  se  trouvent  surchargées,  et  c'est  en  parti- 
culier la  triste  situation  de  cette  paroisse. 

La  stérilité  du  sol,  la  disette  des  grains,  les  malheurs  du 
temps,  la  cherté  du  pain,  l'augmentation  des  gages  des 
domestiques  ont  réduit  les  habitants  de  cette  paroisse  à 
une  telle  misère  qu'ils  peuvent  à  peine  se  procurer  le  néces- 
saire, et  cependant  ils  n'en  supportent  pas  moins  les  mêmes 
taux  de  taille  et  d'impositions.  Ces  différentes  impositions, 
qui  se  trouvent  monter  à  la  somme  île  2.391  I.  4  s.  6  d.  au 
lieu  qu'ils  ne  payaient  autrefois  que  la  somme  de  1 .200  l.  au 
plus,  sont  au  dessus  de  leurs  forces,  vu  la  diminution  du 
revenu  de  leurs  terres. 

À  tous  ces  malheurs  il  faut  ajouter  les  maux  qu'à  produits 
la  grêle  cette  année,  qui  a  ravagé  une  partie  des  blés  et  des 
vignes  ;  d'un  autre  coté,  la  récolte  des  blés  a  produit  à 
peine  lasemence,  par  rapport  aux  pluies  continuelles  du  prin- 
temps de  Tannée  1788  qui  n'ont  pas  permis  l'ensemence- 
ment des  terres. 

C'est  dans  cette  triste  situation  qu'ils  adressent  à  Votre 
Majesté  leurs  motifs  de  plainte. 


CAHIER    DE    NOt AN-SUR-LOIRE  123 

Ils  demandent  que  l'impôt  territorial  soit  établi  dans. une 
juste  proportion,  que  personne  n'en  soit  exempt,  que  le  haut 
comme  le  bas  Clergé  ainsi  que  la  Noblesse  y  soient  assujettis. 

La  déclaration  solennellement  faite  par  les  membres  du 
Clergé  et  de  la  Noblesse  que  leur  intention  est  de  contribuer 
à  toutes  les  charges  de  l'État  ainsi  que  tous  ceux  qui  com- 
posent le  Tiers  état,  leur  donne  tout  lieu  d'espérer  qu'il  en 
résultera  au  profit  de  Sa  Majesté  une  augmentation  de  revenu 
considérable  ;  mais  si,  malgré  cette  ressource,  il  est  encore 
nécessaire  d'établir  quelque  nouvel  impôt,  ils  supplient  Sa 
Majesté  de  le  faire  de  concert  avec  les  députés  de  sa  Nation, 
par  supplément  de  capitation,  dont  la  durée  sera  limitée  à 
la  tenue  des  prochains  États  généraux  qui  aura  lieu  tout  les 
cinq  ans. 

Us  demandent  la  suppression  des  droits  d'aides  qui  gênent 
les  cultivateurs,  les  habitants,  les  commerçants  et  générale- 
ment tous  vos  sujets,  en  vous  observant  que  plus  de  la  moi- 
tié de  ces  droits  passe  en  pure  perte  pour  l'État  au  profit 
des  fermiers  généraux  et  des  employés  qui  s'enrichissent  aux 
dépens  des  pauvres  gens  de  la  campagne. 

Ils  vous  demandent  la  suppression  des  tailles  et  des  cor- 
vées. Le  bienfait  que  Votre  Majesté  a  cru  accorder  aux 
habitants  de  la  campagne  en  substituant  à  la  corvée  en 
nature  une  prestation  annuelle  en  "argent  qui  excède  le 
quart  de  la  taille  de  chaque  contribuable,  est  une  nouvelle 
charge  d'autant  plus  pesante  pour  eux  qu'ils  sont  encore 
obligés  de  la  tirer  de  leurs  poches,  au  lieu  que  les  journées 
qu'ils  étaient  obligés  de  faire  pour  la  corvée  n'occasionnaient 
que  la  perte  d'une  partie  de  leur  temps,  qu'ils  pouvaient 
remplacer  d'une  autre  manière  moins  onéreuse  pour  eux  ;  et 
votre  sensibilité  paternelle  sera  certainement  émue,  lorsque 
vous  apprendrez  que  la  corvée  en  nature  coûte  à  la  généra- 
lité de  votre  ville  d'Orléans  près  de  600,000  1.  <*> 

<*)  Le  montant  de  la  prestation  représentative  de  la  corvée  pour  la  généralité 


124  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

La  suppression  des  gabelles  est  la  chose  la  plus  intéres- 
sante pour  les  gens  de  campagne  ;  le  sel  est  la  consommation 
la  plus  nécessaire  et  la  plus  urgente  pour  eux,  et  il  arrive 
souvent  que,  dans  la  classe  la  plus  pauvre  des  gens  de  cam- 
pagne, ceux-ci  sont  obligés  de  s'en  passer  à  cause  de  sa  cherté, 
[de]puis  que  la  livre  de  sel  vaut  14  s.  3  d.  ;  mais  s'il  n'est 
pas  posiible  dans  ces  moments-ci  de  rendre  libre  la  vente  du 
sel  et  de  supprimer  le  droit  d'entrée  sur  les  vins,  il  est  au 
moins  bien  intéressant  pour  les  gens  de  campagne  qu'ils 
soient  réduits  et  modérés. 

Ils  désirent  bien  sincèrement  que  Votre  Majesté  veuille 
accorder  à  toutes  les  villes  et  pays  de  votre  obéissance  une 
administration  provinciale  qui  serait  chargée  de  répartir  les 
impositions  dans  une  juste  proportion  eu  égard  au  plus  ou 
moins  de  fertilité  de  chaque  terrain,  et  qu'elle  les  fit  parve- 
nir directement  au  trésor  royal,  moyen  le  plus  simple,  comme 
le  plus  vrai,  de  diminuer  les  frais  de  perception  et  de  mettre 
Sa  Majesté  à  portée  de  suivre  les  mouvements  de  son  bon 
cœur  et  de  son  amour  pour  ses  peuples  et  en  particulier  pour 
les  pauvres  gens  de  la  campagne. 

Les  habitants  de  cette  paroisse  vous  supplient.  Sire,  de  ne 
permettre  qu'on  n'opine  aux  États  généraux  que  par  tête, 
seule  manière  de  tenir  une  juste  balance  pour  l'intérêt  de  vos 
peuples.  • 

Fait  au  banc  de  l'œuvre  de  la  paroisse  de  Nouan-sur-Loire, 
le  8  mars  1789. 

.  (Suivent  1 1  signatures,  celles  de  :  Assier  ;  Foisneau  ;  Mas- 
sonneau,  etc.) 


d'Orléans  était  exactement  de  586.385  1.  H  s.  (Procès-verbal  des  séances  de  l'As- 
semblée provinciale  de  l'Orléanais,  Orléans,  Couret  de  Villeneuve,  1787,  in4*, 
p.  108). 


CAHIER    DR    MASLIVES  125 


NASLIVES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Bracieux. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Saint-Dié. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  marquis  de  Saumery. 

Seigneur  en  1789  :  Jacques-Marie-Cécile  Guyon,  chevalier,  sei- 
gneur de  Montlivault,  Saint-Dyé,  Maslives  et  autres  lieux. 

Population  en  1790  :  396  habitants. 

Taille  :  1.306  1.  (principal  :  600  I.  ;  accessoires  :  326  I.  ;  capita- 
tion:3801.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  614  I.  1  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Barthélémy  Chapeau,  procureur  h  la  prévôté,  haute, 
moyenne  et  basse  justice  de  Saint-Dyé,  en  l'absence  du  prévôt.  Même 
président  qu'à  Toury- en -Sologne  (bailliage  d'Orléans).  Barthélémy 
Chapeau,  présida  l'assemblée  de  cette  dernière  paroisse,  le  A  mars, 
comme  procureur  à  la  prévôté  de  Toury  0). 

Population  :  102  feux. 

Comparants  :  Pierre  Bardon,  vigneron  et  syndic  de  l'assemblée  mu- 
nicipale ;  Hilaire  Quinet,  marchand,  Jacques  Billon,vigneron,  et  Jacques 
Pareau  père,  membres  de  ladite  assemblée  ;  Jacques  Porcher,  vigne- 
ron ;  André  Mary,,  vigneron  ;  François-Pascal  Sinet,  vigneron  ;  Sébas- 
tien Mariette,  vigneron;  Pierre  Leroux,vigneron  ;  Etienne  Miot,  vigne- 
ron; Louis Leguay .vigneron  ;  Claude  Miot, vigneron;  MathurinDerouet 

(M  Voir  Camille  Bloch,  Cahier  de  doléances  du  bailliage  d'Orléans,  1. 1,  p.  474. 


126  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

père,  vigneron;  François  Roze, vigneron  ;  Sébastien Leguay, vigneron; 
Jean-Denis  Gendrier,  vigneron  ;  Martin  Roze,  vigneron  ;  Jean  Givais, 
vigneron;  Henri  Ruelle,vigneron  ;  Etienne  Mariette, vigneron  ;  Jacques 
Morin, vigneron  ;  Biaise  Miot, vigneron  ;  Jean  Pareau, vigneron;  Pierre 
Rouleau, vigneron  ;  Louis  Poirriers,vigneron  ;  Pierre Titeux l'aîné, vigne- 
ron; René  Laurent,vigneron;  Pierre  Titeux  le  jeune, vigneron;  Jean  BU- 
Ion,  vigeron  ;  Jacques  Pareau  fils,  laboureur  ;  Jean  Leguay,  vigneron; 
Aignan  Papineau,  vigneron  ;  Jacques  Mariette  l'aîné,  vigneron  ;  André 
Mariette  l'aîné  vigneron  ;  Michel  Leroux  ;  Guillaume  Mariette,  vigne- 
ron ;  Gilles  Bardon,  vigneron  ;  Louis  Villiers,  vigneron  ;  Jacques  Bi- 
dault, vigneron  ;  François  Ferrent,  batelier  ;  Etienne  Sinet,  vigne- 
ron ;  André  Mariette  jeune  ;  François  Roze  dit  Martin,  vigneron  ; 
François  Bordier,  journalier;  Charles  Sommereau,  tourneur;  Jean 
Moreau,  vigneron  ;  Jacques  Chaillant  fils,  vigneron  ;  Jacques  Gouard, 
vigneron  ;  Pierre  Titeux  fils  ;  Mathurin  Derouet  fils  ;  Jean  Mariette, 
vigneron  ;  Jean  Rouleau,  vigneron  ;  François  Derouet  fils. 

Députés  :  Pierre  Bardon,  vigneron  et  syndic,  et  Etienne  Sinet,  vigne- 
ron, propriétaire. 

Suivent  11  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  de  la  paroisse  de  Afaslives,  bailliage  de  Mois, 
pour  être  présentées  le  9  mars  1789,  à  rassemblée  du 
Tiers  étal  dudit  bailliage  (f). 

Les  orphelins  et  les  pauvres  vieillards  et  infirmes  des 
campagnes  du  Blésois  sont  sans  ressources]. 

Les  maladies  dépeuplent  ces  lieux  privés  des  [soins]  de  la 
médecine. 

La  milice  les  remplit  d'affliction,  double,  malgré  les  lois, 
et  triple  même  la  taille  pour  bien  des  fa[milles]  à  l'avantage 
d'un  seul. 

Les  banqueroutes  fréquentes,  les ruinent. 

<*>  Ce  cahier  esl  dans  un  très  mauvais  état  de  conservation.  C'est  sous  les  plus 
grandes  réserves  que  nous  restituons  les  passages  qui  ont  complètement  disparu. 


CAHIER    DE    MASLIVES  127 

La  gelée  qui  n'y  a  pas  épargné  le  tronc  [môme  des]  vignes 
va  faire  sentir  plus  que  jamais  au[x  paysans]  le  malheur  de 
leur  état,  le  besoin  d'encou[ragements]  et  la  nécessité  de 
faire  exécuter  les  lois  [qui  défendent]  de  mettre  en  vignes  les 
terres  propres  au  fr [ornent]. 

Ne  serait-il  donc  pas  possible  d'ôter  pour  [toujours]  aux 
malheureux  la  crainte  d'acheter,  comme  aujourd'hui],  le 
blé  une  fois  autant  qu'à  l'ordinaire? 

A  Maslives  en  particulier  : 

La  trop  grande  sécheresse  et  les  saisons  bien  hu[mides] 
nuisent  considérablement  à  la  récolte. 

Dans  les  inondations,  la  moitié  de  la  paroisse  se  [trouve] 
sous  l'eau. 

Le  local  étant  ainsi  enfoncé,  la  moindre  gelée  [survenant 
au]  printemps  fait  disparaître  les  raisins. 

Tous  les  dix  à  douze  ans,  on  voit  paraître  des  v[ers]  et  des 
ulbecs  W  qui  rongent,  durant  trois  et  quatre  ans.  presque 
toute  l'espérance  des  vignes. 

Les  chemins  sont,  pour  ainsi  dire,  impraticables. 

Les  habitants  chargés  de  la  portion  congrue  de  leur  curé 
payent  néanmoins  la  dime  au  curé  de  Suint-Dyé. 

La  paroisse  de  Maslives  ne  se  permettra  pas  d'autres 
réflexions.  Elle  n'ignore  pas  que  ce  n'est  point  à  elle  de 
vouloir  raisonner  sur  bien  des  objets,  tels  que  la  convenance 
qu'il  y  aurait  peut-être  de  voir  payer  les  impôts  également 
par  les  trois  ordres  de  l'État. 

(Suivent  11  signatures,  celles  de  :  Chapeau,  procureur; 
Bardon,  syndic;  Etienne  Sinet,  etc.) 


(*)  Ulbec  ou  urbec  :  Rhynchite,  rynchites  bacchus,  insecte  dont  la  larve  vit  dans 
les  feuilles  roulées  de  la  vigne,  et  finit  quelquefois  par  l'en  dépouiller  entièrement 
(Thibault,  Glossaire  du  pays  blaisois,  p.  335). 


128  BAILLIAGE    DE    BLOIS 


MUIDES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Bracieux. 

Généralité:  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Mer.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  de  Clermont. 

Seigneur  en  1789  :  marquis  de  C  1er  mont-Tonnerre,  seigneur  de 
Toury  et  Muides. 

Population  en  1790  :  440  habitants. 

Taille  :  3.157  1.  (principal  :  1 .450  1.  :  accessoires  :  789 1.  ;  capitation  : 
918  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  200  1. 
Vingtièmes:  1.201  1.  4  s. 

•  * 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1 789. 

Président:  Louis-Charles  Thibault,  prévôt,  juge  civil,  criminel  et 
de  police  de  la  prévôté,  haute,  moyenne  et  basse  justice  de  Muides. 
Même  président  qu'à  Saint-Dyé. 

Population  :  122  feux. 

Comparants  :  Biaise  Chavigny  ;  Claude  Petit  ;  François  Clément  ; 
Gentien  Gandon  ;  Louis  Chéron  ;  Sylvain  Charon  ;  Sébastien  Chavigny 
l'atné  ;  René  Petit  ;  Jean  Boucher  ;  René  Charon  ;  Pierre  Champenois  ; 
Louis  Champenois;  André  Bourillon  ;  Charles  Chaillant  ;  Louis  Amiot 
l'atné  ;  Louis  Amiot  le  jeune  ;  Denis  Durand  ;  Jacques  Duneau  l'atné  ; 
Jacques  Chaillant  ;  Dominique  Loreau  ;  Sylvain  Brion  ;  François  Qui- 
net  ;  Lubin  Trotereau  ;  François  Pareau-Sinet  ;  François  Dubreuil  ; 
François  Petit  ;  Jacques  Cerdion  ;  Mathurin  Charon  ;  Lubin  Pader  ; 
Etienne-René  Pareau  ;  Jean  Bureau  ;  Jacques  Richard  ;  Sylvain  Cail- 
lard  ;  André  Pareau  ;  Joseph  Clément  ;  Claude  Duvau  ;  Claude  Petit  dit 


CAHIER    DR    SÀINT-DYÉ  129 

Claudebert;  Lubin  Clément;  sieur  Charles  Ilanapier;  Jean-Simon  Cha- 
ron;  Pierre  Bruneau  ;  Sébastien  Chavigny  fils  ;  Claude  Reuillon  ;  René 
Poirier:  Marcou  Hulot  ;  Jacques  Charon  ;  Nicolas  Foubert  ;  Pierre 
Archambault  ;  Biaise  Pareau  ;  Charles  Pareau  ;  François  Charon  ;  Fran- 
çois Bureau  ;  Claude  Pareau-Palette  ;  Louis  Amiot  le  jeune;  Jacques 
Pareau;  Lubin  Petit  ;  Louis  Loreau  ;  Louis  Trotereau  ;  Jacques  Trote- 
reau  ;  André  Clément;  Claude  Clément;  Etienne  Gaillard  ;  Jacques 
Blondeau  ;  Etienne  Odinet  ;  Nicolas  Lesieux  ;  Louis  Dionnet;  François 
Pareau-Laurenl;  Sylvain  Gallet  le  jeune;  Louis  Lebouc,  et  autres  en 
grand  nombre. 

Députés  :  Jacques  Trotereau,  vigneron,  propriétaire,  et  Etienne  Odi- 
net, boulanger,  propriétaire. 

Suivent  20  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


VILLE  DE  SAINT-DYÉ 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Bracieux. 
Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Mer.  -- 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  <!)  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Foire  :  le  30  novembre. 

Commerce  et  industrie  :  importante  manufacture  de  couvertures  et 
autres  étoffes  de  coton.  Commerce  de  vins  et  eaux-de-vie. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Lemaire. 

» 

0)  Le  manuscrit  de  Jousse  dit  «  moyenne  justice  »,  mais  le  texte  même  du 
procès-verbal  indique  qu'en  1789  le  prévôt  de  Saint-Dyé  avait  droit  de  haute, 
moyenne  et  basse  justice. 


130  BAILLIAGK    DE    RLOIS 

Seigneur  en  1789  :  Jacques-Marie-Cécile  Guyoo,  seigneur  de  Mont- 
livault,  Saint-Dyé,  Maslives  et  autres  lieux. 

Population  en  1790  :  1.284  habitants. 

Taille  :  5.009  I.  (principal  :  2.300  I.  ;  accessoires  :  4.252  1.  ;  capita- 
tion  :  4.457  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes:  2.4631.  44  s.  (vingtièmes  des  biens  fonds  :  4.9851.  40  s.; 
vingtièmes  d'industrie  :  478  1.  4  s.). 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  4789. 

Président  :  Louis-Charles  Thibault,  procureur  fiscal  de  la  prévôté, 
haute,  moyenne  et  basse  justice  de  Saint-Dyé,  en  l'absence  du  prévôt. 
Même  président  qu'à  Muides. 

Population  :  270  feux. 

Comparants  :  André  Husseau  ;  Jean-Baptiste-Armand  Porcher  ;  Jean 
Broudespère;  Antoine  Hugues  père;  René  Guérin  ;  Pierre  Boutau, 
Philibert  Gervais  père,  dit  Bizieux  ;  Louis-Michel  Roger  ;  Barthélémy 
Jargonnet  ;  Jean  Arrault  père  ;  Jean  Pujol  ;  Simon  Richard  ;  Jean  Bre- 
ton ;  Joseph  Fanjou  ;  Pierre  Thibault  l'aîné  ;  Henri  Cadiou;  Louis 
Beaujonan  ;  Michel  Bidault;  André  Berlot  ;  André  Lemoine;  Claude 
Broc  ;  Jacques-Laurent  Rotté  ;  Laurent-François  Groux  ;  Michel  Moreau; 
Jean  Guérinet  ;  Mathurin  Passavant  ;  Jean  Hurtault  ;  Jacques  Hurtault; 
Jean  Clément  ;  Jacques  lluguet  l'aîné  ;  René-Charles  Yvon  ;  Henri 
Beulay  ;  Guillaume  Thibault  ;  Etienne  Lemeignan  ;  Jean  Vallée  ;  Alexis 
Vernouillet  ;  Thomas  Diot  ;  Pierre  Braton  ;  Michel  Charnier  ;  Claude 
Tournois  ;  Barthélémy  Chapeau  ;  Jacques  Masson  ;  François  Groux  ; 
Barthélémy  Chavigny  ;  Jean-Jacques  Breton  ;  Jacques  Passavant  ; 
Alexis  Lefert;  Mathurin  Leguay  ;  Simon  Moreau  ;  François  Pillet;  Jac- 
ques Brisset  ;  Jean  Lebeau  ;  François  Beauchet;  Michel  Groux;  Jacques 
Hurtault  ;  Sébastien  Rotté  ;  André  Leroy  père  ;  Pierre  Trotereau  ;  Guil- 
laume Passavant  ;  André  Thibault  ;  Jacques  Garnier  ;  Etienne  Chavi- 
gny ;  Charles  Guérinet  père  ;  André  Leroy  ;  Pierre  Pareau  ;  Toussaint 
Breton  ;  Antoine  Beaudry  ;  Ange  Gardien  ;  Thomas  Chastelein  ;  An- 
toine-Jacques Richard  ;  François  Boucher;  Antoine  Charnier;  Hilaire 
Charnier;  Jacques  Gillet;  François  Leroy;  Louis  Thibault;  Jean-Bap- 
tiste  Chartant  ;    François  Pacteau  ;  André  Leroy-Richard  ;  Antoine 


CAHIER    DR   SAINT-DYÉ  131 

Guérinet  ;  Barthélémy  Thibault  ;  Jean  Richard  ;  Sylvain  Billault  ;  Jean 
Doublé  ;  Jacques  Richard  ;  Remy  Sebille  ;  Simon  Lelong  ;  Dié  Vallet  ; 
Pierre  Benoist  ;  Barthélémy  Bourdonneau  ;  Antoine  Gadiou  ;  Barthélémy 
Chavigny  ;  Etienne  Robert  ;  François  Fortin  ;  Jean  Cadiou  ;  Nicolas 
Fesneau;  Charles  Papineau  ;  Jacques  Defins  ;  Louis  Guiard  ;  Claude 
Besnard  ;  de  Saint  Brouin  ;  Charles  Lucas  ;  Jacques  Age  ;  François  Pas- 
savant ;  André  Chavigny  ;  Alexis  Leroy  ;  Jean  Grillet  ;  Pierre  Rouanet  ; 
Charles  Guéri net-Augeard  ;  Mathurin  Richard  ;  Charles  Guérinet  fils, 
et  autres  en  grand  nombre. 

Députés  :  Jean-Baptiste-Armand  Porcher,  syndic  de  la  municipalité 
et  membre  de  l'assemblée  de  département  de  Blois  et  Romorantin  ; 
Michel  Roger,  négociant,  propriétaire  et  membre  de  l'assemblée  muni- 
cipale; Alexis  Vernouillet,  marchand,  propriétaire,  et  FAienne  Chavi- 
gny, vigneron,  tourneur  et  propriétaire. 

Suivent  55  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Copie  du  mandat  spécial  et  du  cahier  des  abus  à  ré  for- 
mer  et  des  doléances,  arrêté  en  rassemblée  générale  de 
la  ville  et  paroisse  de  Saint- Dyé -sur- Loire,  le  jeudi 
5  mai%s  1789. 

L'assemblée  générale  de  la  ville  et  paroisse  de  Sainl-Dyé- 
sur-Loire  donne  mandai  spécial  à  M.  Jean-Baptiste-Àrmand 
Porcher,  négociant  et  propriétaire,  syndic  de  l'assemblée 
municipale  de  ladite  ville  et  membre  de  rassemblée  do 
département  de  Blois  et  Romorantin,  et  Michel  Rocher i1), 
négociant,  propriétaire,  Alexis  Vernouillet,  marchand,  Etienne 
Chavigny,  vigneron  et  tourneur,  tous  habitants  de  cette 
paroisse,  de  représenter  leur  ville  et  le  bailliage  de  Blois, 
tant  audit  bailliage  qu'aux  États  généraux  du  royaume,  leur 
donne  mandat  spécial  de  ne  prendre  séance  aux  États  géné- 
raux du  royaume  qu'autant  que  tous  les  députés  en  auront 
été  librement  élus,  que  le  Tiers  y  sera  en  nombre  égal  aux 

(*)  Sic.  Lire  :  Roger. 


132  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

deux  premiers  Ordres  réunis.  Elle  leur  donne  mandat  spécial, 
quand  l'assemblée  des  lUats  généraux  sera  ainsi  formée,  de 
concourir  de  tous  les  efforts  de  leur  zèle  à  procurer  à  la 
France  une  heureuse  constitution,  qui  assure  d'une  manière 
inviolable  et  sacrée  les  droits  du  prince  et  des  sujets,  à  tous 
les  citoyens  la  liberté  et  la  sûreté  individuelle  ;  qu'ils  ne  per- 
mettent pas  que  la  loi  soit  portée  sans  l'autorité  du  prince  et 
consentement  du  peuple  réunis  dans  des  assemblées  natio- 
nales et  périodiques  ;  que  les  ministres,  les  tribunaux,  ni 
aucun  sujet  du  Roi  ne  puissent  violer  les  lois  impunément; 
qu'aucun  impôt  ne  puisse  être  perçu  sans  l'octroi  de  la  Nation 
dans  les  États  généraux,  en  préférant  les  genres  d'impôts  les 
moins  onéreux  à  la  liberté  individuelle  et  les  plus  facilement 
susceptibles  d'être  proportionnellement  répartis  sur  tous  les 
ordres  et  sur  toutes  les  personnes  ;  de  procurer  la  réforme 
des  abus  relatifs  aux  tribunaux  et  à  l'administration  de  la 
justice;  leur  défend  expressément  de  s'occuper  des  subsides 
avant  d'avoir  assuré  la  constitution,  à  moins  que  les  circons- 
tances pressantes  n'exigeassent  impérieusement  un  secours 
extraordinaire  et  momentané  ;  leur  enjoint  de  prendre  une 
connaissance  exacte  de  la  dette  publique,  de  la  dépense  et 
de  la  recette,  comme  aussi  de  fixer  et  arrêter  la  dépense  de 
tous  les  départements  ;  leur  défend  d'octroyer  l'impôt  à 
temps  illicite  et  autrement  que  pour  l'intervalle  d'une  assem- 
blée d'États  généraux  à  la  suivante  ;  leur  laisse  la  liberté  de 
suivre  les  mouvements  de  leur  honneur  et  conscience  dans 
tout  ce  qui  ne  sera  pas  contraire  au  mandat  ci-dessus,  en 
consultant  essentiellement  dans  toutes  leurs  démarches  ce 
que  la  justice,  l'esprit  de  modération,  l'amour  et  le  res- 
pect pour  la  personne  sacrée  du  Roi,  la  conservation  des 
propriétés,  la  liberté  et  l'honneur  du  peuple  français  leur 
inspireront,  et,  comme  rien  de  ce  qui  peut  intéresser  la 
dignité  de  l'homme  ne  peut  être  étranger  à  l'assemblée, 
en  respectant  les  justes  prérogatives  de  la  préséance  dues 
aux  deux  premiers  Ordres,  elle  défend  expressément  à  ses 
députés  de  consentir  à  aucune  des  distinctions  humiliantes 


CAHIER    DE    SÀ1NT-DYÉ  133 

qui  avilirent  les  communes  dans  les  précédents  Etats  géné- 
raux. 

Taille,  etc.  De  demander  la  suppression  de  la  taille, 
des  impositions,  accessoires  et  capitation,  ainsi  que  de  la 
contribution  représentative  de  la  corvée  et  du  vingtième  de 
l'industrie,  comme  ne  portant  que  sur  le  Tiers  état  non  privi- 
légié, et  que  la  taille  soit  remplacée  par  une  imposition  qui 
porte  également  suivant  les  propriétés  et  les  facultés  de  tons 
et  un  chacun,  sans  exception  de  l'Ordre  du  Clergé,  de  la 
Noblesse  et  du  Tiers  état.  Qu'en  conséquence  tous  les  privi- 
lèges d'ordres,  de  villes,  de  corps  et  de  communautés  soient 
entièrement  supprimés. 

Gabelle.  —  L'anéantissement  entier  de  la  gabelle,  jugée  à 
l'assemblée  des  notables  de  1787  par  les  princes  frères  du 
Roi,  qui  se  sont  ainsi  exprimés  sur  ce  sujet,  régime  essentiel- 
lement de  séduction  et  de  sévérité  tout  ensemble,  qui,  par 
l'énormité  du  prix  mis  au  sel,  ne  cesse  de  présenter  aux  mal- 
heureux l'appât  perfide  du  gain  illicite  du  faux  saunage,  et 
l'attend  en  quelque  sorte  au  piège,  pour  le  précipiter  ainsi 
dans  les  cachots,  et  de  là  dans  les  rigueurs  de  la  mendicité  ou 
dans  celles  des  peines  afflictives  attachées  par  la  loi  fiscale  à 
l'impossibilité  de  payer  une  amende  énorme  ;  régime  qui, 
par  nécessité  de  sa  constitution,  arme  au  milieu  de  la  paix  et 
dans  l'intérieur  du  royaume  un  nombre  immense  de  préposés 
contre  les  citoyens  intimidés  et  inquiets,  met  la  sûreté  des 
citoyens  et  leur  tranquillité,  jusque  dans  l'asile  de  leurs 
maisons,  à  la  merci  de  la  foi  et  de  la  probité  de  ses  pré- 
posés trop  souvent  suspects  et  d'ailleurs  intéressés  à  sup- 
poser des  fraudes  ;  régime  qui  occasionne  trop  fréquem- 
ment des  combats  entre  les  préposés  et  le  malheureux 
citoyen,  où,  alternativement  vainqueurs  et  vaincus,  tous 
répandent  le  sang  qui  n'est  dû  qu'à  la  patrie,  sur  l'affli- 
geante conquête  de  quelques  livres  de  sel  ;  régime  enfin 
destructeur  de  ses  propres  produits  par  l'énormité  inévi- 
table des  frais,  destructeur  même  des  sources  de  l'impôt 


134  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

par  le  tort  immense  qu'il  fait  à  l'agriculture  et  aux  principes 
productifs. 

Remplacement  de  la  gabelle.  —  Pour  remplir  le  vide  de 
58.600.000  livres  que  cet  impôt  produit  au  trésor  royal,  Ton 
pourrait  établir  un  impôt  en  argent  et  le  répartir  sur  chaque 
habitant  à  raison  de  sa  consommation  fixée  [au]  ci-devant 
devoir,  qui  produisit  la  môme  somme,  ou  bien  1  on  perce- 
vrait sur  les  marais  salants  un  droit  par  chaque  pied  cube 
de  sel,  qui  donnerait  le  même  produit.  Ce  dernier  moyen 
aurait  l'avantage  de  ne  point  gêner  le  pauvre  pour  le  paye- 
ment d'une  contribution,  le  commerce  en  faisant  l'avance  ; 
Ton  pourrait  avoir  par  cette  suppression  le  sel  à  trois  sols  la 
livre  dans  cette  province. 

Aides.  —  La  suppression  entière  des  droits  d'aides  qui 
forment  un  chaos  de  plus  de  cinquante  droits  différents,  dis- 
parates, locaux  et  qui  demandent  une  étude  de  la  moitié  de 
la  vie  d'un  homme  pour  en  acquérir  la  funeste  science,  ce 
qui  contribue  à  mettre  très  souvent  les  personnes  de  la  meil- 
leure joi  en  contravention  et  les  exposent  à  de  fortes  amendes. 

Remplacement.  —  L'on  pourrait  remplacer  les  droits,  qui 
dans  le  bail  de  51  millions  peuvent  entrer  pour  40,  par  un 
impôt  sur  chaque  arpent  de  vigne,  ou  sur  chaque  pièce  de 
vin,  ou  enfin  laisser  le  choix  des  moyens  de  remplacement  à 
la  sagesse  des  États  généraux.  Par  cette  suppression  Ton 
serait  toujours  délivré  des  frais  de  perception  que  Ion  estime 
à  seize  pour  cent,  et  de  la  gêne  et  de  Timportunité  des  visi- 
tes des  employés,  ainsi  que  des  bénéfices  considérables  des 
régisseurs  généraux. 

Si  les  besoins  de  l'État  ne  permettent  pas  la  suppression 
entière  des  droits  d'aides,  demander  que  notre  ville  soit 
déchargée  des  droits  d'entrée  des  vins:  premièrement,  parce 
que,  n'étant  composée  que  de  270  feux,  elle  ne  jouit  d'aucun 
privilège  accordé  aux  villes  franches,  et  supporte  toutes  les 
charges  des  habitants  de  la  campagne  ; 

Octrois. —  Deuxièmement,  parce  qu'au  regard  des  octrois 


CAHIER    DE    SAIXT-DYÉ  135 

municipaux  représentatifs  d'une  somme  demandée  pour  avoir 
un  corps  municipal,  impôt  qui  ne  devait  subsister  que  jus- 
qu'au remboursement  do  cette  somme,  notre  ville  a  payé 
quatre  fois  au  delà  [de  la]  somme  demandée.  Ce  droit  d'octroi 
qui  se  perçoit  depuis  plus  de  quarante  ans  était  dans  l'origine 
de  treize  sols  quatre  deniers  par  pièce  et  se  paye  maintenant 
sur  le  pied  de  vingt  sols,  à  cause  des  sols  pour  livre. 

Don  gratuit.  —  Demander  la  suppression  du  don  gra- 
tuit appelé  droits  réservés,  et  de  tous  les  droits  d'cnlrée  sur 
les  viandes  pour  les  mômes  molifs  allégués  ci-dessus. 

Certificat  de  décharge  des  eaux-de- vie.  —  En  attendant 
l'époque  tant  désirée  de  la  suppression  des  aides,  les  repré- 
sentants au  bailliage  et  aux  États  généraux  s'occuperont  du 
redressement  des  griefs  actuels  concernant  les  certificats  de 
décharge  des  eaux-de-vie  ;  les  régisseurs  généraux,  faisant 
de  leur  seule  volonté  une  loi  qui  n'a  jamais  été  consentie  par 
la  Nation,  s'opposent  à  la  délivrance  de  nombre  de  certificats 
de  décharge  dont  les  eaux-de-vie  sont  arrivées  à  leur  desti- 
nation et  ont  acquitté  les  droits,  suivant  les  acquits  qu'ils  ont 
en  leurs  mains  mêmes,  et,  par  une  injustice  digne  de  ce  régi- 
me, poursuivent  les  commerçants  par  voie  de  contrainte  et 
de  saisie  pour  le  paiement  d'une  amende  qu'ils  sont  certains 
qu'il  ne  leur  est  pas  dû. 

Tabac.  —  Si  ce  n'était  la  difficulté  de  remplacer  27  mil- 
lions que  la  ferme  du  tabac  donne  au  trésor  royal,  l'on  devrait 
demander  la  suppression  de  ce  droit  qui  comporte  de  graves 
inconvénients,  mais  nous  croyons  devoir  renvoyer  à  des  temps 
plus  heureux  cetle  utile  réforme. 

Droit  de  contrôle.  —  Il  n'en  est  pas  de  même  des  droits 
sur  les  actes,  les  conventions,  les  successions,  tels  que  le 
contrôle  des  actes  des  notaires,  des  actes  sous  signature 
privée  ;  la  législation  de  cette  partie  a  besoin  d'être  refondue 
et  que  Ton  substitue  au  code  actuel  du  contrôle  tellement 
acéré  et  multiplié  que  les  contribuables  ne  peuvent  le  plus 
souvent  juger  avec  connaissance  de  ce  qu'ils  doivent  payer, 


136  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

et  les  employés  des  domaines  ne  le  savent  eux-mêmes 
qu'après  de  longues  éludes,  il  faut,  disons-nous,  y  substituer 
un  nouveau  tarif  qui  no  respire  point  un  esprit  fiscal,  et  qui, 
en  conservant  à  peu  près  le  même  revenu,  prévienne  les  dif- 
ficultés et  établisse  une  perception  plus  douce  et  plus  équi- 
table. H  faudrait  aussi  attribuer  la  connaissance  du  conten- 
tieux aux  juges  des  bailliages  et  présidiaux. 

Francs-fiefs.  —  Demander  en  conséquence  la  suppression 
des  droits  des  francs-fiefs,  dont  l'impôt  presse  énormément 
sur  la  Nation,  n'a  jamais  été  sanctionné  par  elle  et  ne  pro- 
cède uniquement  que  d'une  loi  bursale. 

La  perception  s'en  fait  de  la  manière  la  plus  injuste.  Ce 
droit  consiste  à  payer  une  année  de  revenu  pour  vingt  années 
que  perçoit  le  fermier  ou  régisseur,  forme  une  année  et 
demie  à  cause  des  dix  sols  pour  livre  qu'on  y  a  joints,  et  ne 

porte  aucune  diminution  pour  raison  des  accidents  ou W 

qui,  pendant  le  cours  de  vingt  années,  peuvent  diminuer  les 
produits  des  fonds;  il  arrive  d'ailleurs  très  fréquemment  que 
ce  fermier  ou  régisseur  perçoit  quatre  années  de  revenus 
pendant  un  seul  cours  de  vingt  années,  à  cause  des  décès 
successifs  des  différents  propriétaires. 

Centième  denier.  —  Demander  la  suppression  du  droit 
de  centième  denier  établi  pour  raison  des  successions  colla- 
térales, droit  le  plus  injuste  et  le  plus  odieux  que  la  fiscalité 
ait  jamais  pu  inventer,  impôt  qui  n'a  jamais  été  sanctionné 
par  la  Nation  et  qui  pèse  énormément  sur  le  peuple. 

Demander  que,  pour  le  soulagement  des  vassaux  et  censi- 
taires et  pour  le  bien  et  avantage  dos  soigneurs  eux-mêmes, 
il  ne  soit  plus  donné  d'aveux  et  dénombrements,  ni  déclara- 
tions consuelles,  à  cause  des  frais  immenses  que  coûtent  ces 
actes,  frais  on  pure  perte  qui  pressent  également  sur  le  sei- 
gneur comme  sur  le  sujet. 

Vente  libre  du  pain  au  marché.  —  Que,  pour  l'approvi- 

«»  Un  mot  Illisible. 


CAHIER    DE    SÀINT-DYÉ  137 

sionnement  et  les  besoins  du  peuple,  il  soit  permis  à  tous 
boulangers  et  marchands  d'exposer  et  vendre  librement 
aux  jours  de  marché  des  pains  de  toutes  espèces  sans  payer 
aucun  droit. 

Meuniers.  —  Que  les  meuniers  des  paroisses  de  Suèvres, 
Mer  et  environs  soient  admis  à  quêter  [le]  blé  dans  toutes  les 
,paroisses  de  leur  voisinage  concurremment  avec  les  fermiers 
généraux  des  droits  de  chasse  de  moulin,  en  payant  leur 
cote-part  de  la  ferme  en  proportion  du  nombre  des  concur- 
rents. 

Fuies  et  Colombiers.  —  Qu'il  soit  enjoint  à  tous  seigneurs 
et  autres  ayant  droits  de  fuies  et  colombiers  de  tenir  leurs 
pigeons  renfermés  pendant  tout  le  temps  des  semences  tant 
des  gros  que  menus  grains. 

Municipalité.  —  Que  chaque  municipalité,  dont  l'établis- 
sement sera  sanctionné  par  la  Nation,  soit  seule  chargée  de 
faire  l'adjudication  des  travaux  et  matériaux  nécessaires  pour 
l'entretien,  le  rétablissement  des  chemins  dans  toute  l'éten- 
due de  la  paroisse,  sous  la  surveillance  seulement  d'un  pré- 
posé qui  sera  nommé  pour  en  faire  la  visite,  mais  qui  cepen- 
dant n'aura  aucune  influence  sur  les  adjudications. 

Que  chaque  corps  municipal  soit  autorisé  à  donner  tout 
alignement  convenable  pour  nouvelles  constructions  de  bâti- 
ments et  toute  permission  d'ouverture  de  croisées,  portes  et 
de  réparations  de  bâtiments  adjacents  aux  routes  et  autres 
chemins  publics,  et  qu'à  cet  égard  toutes  les  paroisses  soient 
libres  des  entraves  du  joug  impérieux  et  formalités  dispen- 
dieuses qu'apportent  à  ces  opérations  messieurs  les  tréso- 
riers du  bureau  des  finances. 

Traites  et  péages.  —  Suppression  des  droits  intérieurs  de 
traites  et  péages,  et  porter  tous  les  bureaux  des  visites  des 
douanes  aux  frontières. 

Suppression  de  charges.  —  Suppression  de  toutes  les 
charges  inutiles,  également  onéreuses  au  peuple   par   les 

5. 


138  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

exemptions  dont  les  titulaires  ont  droit  de  jouir  et  au  Roi 
lui-môme  par  la  dépense  annuelle  qu'ils  imposent  au  domaine 
de  Sa  Majesté. 

Réforme  de  la  justice.  —  Que  tous  abus  concernant  l'admi- 
nistration de  la  justice  soient  réformés  ;  qu'à  cet  effet  il  soit 
fait  un  nouveau  code  qui  simplifie  l'instruction  des  procès, 
en  fixe  la  durée  et  les  frais  suivant  leur  nature  ;  que  les 
peuples  n'aient  que  deux  degrés  de  juridictions  à  parcourir; 
que  le  nombre  trop  grand  des  procureurs  et  huissiers  soit 
réduit. 

Que  l'arrêt  qui  attribue  aux  bailliages  présidiaux  la  con- 
naissance des  matières  consulaires  soit  supprimé,  comme 
portant  un  préjudice  énorme  au  commerce  et  aux  commer- 
çants ;  en  effet,  on  obtient  une  sentence  aux  juridictions  con- 
sulaires pour  30  sols,  4  et  5  livres  au  plus,  qui  coûte  ordi- 
nairement 30  livres  et  plus  aux  bailliages  présidiaux. 

Qu'un  môme  officier  ne  puisse  dans  le  môme  siège  réunir 
deux  charges  ou  commissions,  à  cause  des  abus  qui  peuvent 
en  résulter. 

Que  les  charges  des  receveurs  des  consignations  et  des 
commissaires  aux  saisies  réelles,  ainsi  que  celles  des  huissiers 
priseurs  vendeurs  de  meubles  et  adjudicataires  des  quatre 
deniers  pour  livre  soient  supprimées,  comme  charges  qui 
comportent  des  abus  énormes  et  droits  les  plus  préjudiciables 
à  la  fortune  et  à  la  sûreté  des  sujets  du  Roi. 

Justice  criminelle.  —  Que  le  code  criminel  soit  réformé  ; 
que  l'interrogatoire  sur  la  sellette  et  la  question  soient  suppri- 
més :  qu'aucun  jugement  portant  peine  de  mort  naturelle 
ne  puisse  être  exécuté  qu'après  un  mois  qu'il  aura  été  pro- 
noncé au  condamné  ;  qu'il  soit  ordonné  aux  procureurs  géné- 
raux et  à  leurs  substituts  d'instruire  M.  le  chancelier  ou 
garde  des  sceaux,  par  le  premier  courrier  qui  suivra  la  date 
desdits   jugements,  de  la  nature  desdits  (*)  sur  lesquels  ils 

(*)  Sic.  Il  faut  sans  doute  lire  :  dos  délits. 


CAHIER    DE   SA1NT-DYÉ  139 

seront  intervenus,  de  la  date  et  jour  où  ils  auront  été  rendus 
et  de  celle  du  procès-verbal  de  leur  prononciation  au  con 
damné  ;  qu'il  soit  défendu  de  faire  en  aucun  cas  procéder  à 
l'exécution  à  (*)  l'expiration  dudit  délai  qui  donne  le  temps  de 
recourir  à  la  clémence  du  Roi  ou  d'éclairer  sa  justice. 

Juges  de  paix.  —  Que,  pour  éviter  la  multiplicité  des 
procès  et  les  frais  énormes  qui  les  occasionnent,  il  soit 
établi  dans  chaque  municipalité  des  juges  de  paix  composés 
d'un  certain  nombre  d'habitants  des  plus  intègres  et  des  plus 
éclairés,  auxquels  les  parties  litigeanles  soumettent  leurs 
contestations  pour  être  entendues  et  réglées,  et  que  celle  des 
parties  qui  n'aura  pas  voulu  se  soumettre  à  leur  décision  et 
au  contraire  plaider  en  justice  réglée  soit  tenue  de  consigner 
une  certaine  amende  qui,  en  cas  de  perte  de  son  procès,  soit 
adjugée  à  la  partie  adverse. 

Bureau  de  charité.  —  Que  chaque  paroisse  soit  chargée* 
de  la  nourriture  de  ses  pauvres  ;  que  pour  cet  effet,  il  soit 
établi  un  bureau  de  charité  présidé  par  le  pasteur.  Cet 
établissement  interdira  le  concours  des  pauvres  d'une 
paroisse  sur  l'autre. 

Dîmes.  —  Demander  la  suppression  de  toutes  les  dîmes 
ecclésiastiques,  qui  forment  un  fardeau  sur  le  peuple  et, 
dans  la  vérité,  une  double  rétribution  de  sa  part,  et  un  rem- 
placement au  regard  des  pasteurs  en  une  dotation  con- 
venable sur  les  biens  ecclésiastiques. 

Clos,  et  arrêté  en  l'assemblée  générale  des  habitants  de  la 
ville  de  Saint-Dyé  tenue  au  banc  de  l'œuvre  et  fabrique  de 
Saint-Dyé  le  5  mars  1789  et  ont  signé  (suivent  51  noms  ceux 
de  :  Porcher,  syndic  ;  M.  Roger  ;  Vernouillet  ;  Chavigny  ; 
Thibault  etc.). 

Nous  publions  ce  cahier  d'après  la  copie  qui  se  trouve  aux  pages  21 
et  25  du  registre  de  délibérations  de  la  municipalité  de  Saint-Dyé 

<*>  Sic.  Il  faut  sans  doute  lire  :  avant. 


140  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

(1788-an  II)  conservé  aux  archives  départementales  de  Loir-et-Cher, 
L.  2.209  M.  Cette  copie  ne  porte  aucune  signature. 

Le  cahier  présente  de  nombreuses  analogies  avec  celui  de  Montli- 
vault  rédigé  la  veille,  mais  il  est  beaucoup  plus  étendu.  Les  quatre 
premiers  articles  correspondent  aux  quatre  premiers  articles  du 
cahier  de  Montlivault,  l'article  6  aux  articles  5,  6,  7  et  9  de  Montli- 
vault, l'article  9  h  l'article  8  et  le  dernier  article  (dîmes)  à  l'article  10. 


MONTLIVAULT 


Dép,  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-Est. 

Généralité:  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

•    Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768:  Lëmaire. 

Seigneur  en  1789  :  Jacques-Marie  Cécile  Guyon,  chevalier,  seigneur 
de  Montlivault,  Saint-Dyé,  Maslives  et  autres  lieux. 

Population  en  1790  :  553  habitants. 

Taille  :  4.138  1.  (principal  :  1.900  1.  ;  accessoires  :  1.034  1.  ;  capita- 
tion:  1.204  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  60  1. 

Vingtièmes  :  1.195  1.  3  s. 

PROCÈSVERBAL 

Date:  4  mars  1789. 

Président  :  Etienne  Lemeignan,  procureur  postulant  de  la  prévôté, 
haute,  moyenne  et  basse  justice  de  Montlivault,  en  l'absence  du  prévôt. 

Population  :  140  feux. 

O)  Le  classement  de  la  série  L  des  archives  de  Loir-et-Cher  n'étant  peut-être 
pas  définitif,  cette  cote  ne  serait  que  provisoire. 


CAHIER    DE    MONTLIVAULT  141 

Comparants  :  Antoine  Maulny  ;  Pierre  Maulny  ;  Math u ri n  Chabault; 
Pierre  Passavant  fils  ;  Jean-Pierre  Fouquet  ;  Charles-Maixent  Desan- 
glois;  Jean  Voirin(?);  Pierre Moreau ;  Pierre Guilbert  l'aîné;  Guillaume 
Moreau  ;  François  Carré  ;  André  Ferrasson  fils  ;  Jean  Maulny-Amant  ; 
Florimond  Charon;  Jacques  Audebert  ;  Pierre  Carré  ;  Jean-Pierre  Cha- 
bault; Pierre  Racault;  Etienne  Massion  ;  Pierre-Nicolas  Racault;  Jean 
Drouet  ;  Michel  Lambert  ;  Clément  Guilbert  ;  Jean  Meunier  ;  Guillaume 
Fromet;  Pierre  Chabault  ;  Louis-Pierre  Chabault  ;  Mathurin  Fromet 
Guillaume  Passavant  fils;  Jean  Daubigny-Minette ;  Biaise  Drouet 
Pierre  Guibert-Desfray  ;  Pierre  Guibert-Charon  ;  Laurent  Trétare 
André  Guignard  ;  Jean  Petré  ;  Vincent  Barboteau  ;  Pierre-Mathieu 
Arault;  Biaise  Rôti  ;  Biaise  Habert;  François  Foucault  ;  Louis  Racault  ; 
Léonard  Drouet;  Claude  Mignot;  Honoré  Trétare  ;  Jean  Daubigny 
père  ;  Jean  Carré  père  ;  Dié  Blanche  ;  Guillaume  Passavant  père  ;  Pierre 
Guibert-Perroton  ;  Pierre  Foucault  ;  Biaise  Mignot  ;  Louis  Chabault  ; 
Solenne  Dupont  ;  Michel  Belin  ;  Jacques-Guillaume  Blanche  ;  Etienne 
Signeux. 

Députés  :  Charles-Maixent  Desanglois,  marchand,  et  Mathurin  Cha- 
bault, vigneron. 

Suivent  30  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  contenant  les  doléances,  remontrances  et  plaintes 
des  habitants  taillables  de  la  paroisse  de  Montlivault. 
arrêté  en  rassemblée  desdits  habitants ,  tenue  à  cet  effet 
cejourd  hui4  mars  1789.  neuf  heures  du  malin,  dans 
une  des  chambres  du  château  dudit  Montlivault.  lieu 
ordinaire  des  assemblées  de  ladite  paroisse,  savoir: 

Lesdits  habitants  demandent  : 

1°  La  suppression  de  la  taille,  capitation.  impositions 
accessoires  et  de  la  contribution  représentative  de  la  corvée, 
comme  ne  portant  que  sur  le  Tiers  état  non  privilégié,  et  que 
la  taille  et  autres  impositions  ci-dessus  soient  remplacées 
par  une  imposition  qui  porte  également  et  en  proportion  des 


142  BAILLIAGE    DE    BL01S 

tenues  et  possessions  et  sans  exception,  sur  l'Ordre  du  Clergé, 
la  Noblesse  et  le  Tiers  état. 

2°  Que  tous  les  privilèges  d'ordre,  de  ville,  de  corps  et 
communautés  soient  entièrement  supprimés. 

3°  La  suppression  entière  des  gabelles  jugées  à  l'assem- 
blée des  notables  de  1787  par  les  princes,  frères  du  Koi, 
qui  l'ont  condamnée  W  ;  en  conséquence,  que  la  vente  du 
sel  soit  libre  et  permise  à  tous  particuliers  et  que,  pour  rem- 
plir le  manquant  qui  proviendrait  de  cette  suppression,  fixa- 
tion soit  faite  du  sel  aux  salines  à  tant  le  boisseau  ou  le 
pied  cube  ;  par  ce  moyen,  on  parviendra  à  ne  payer  le  sel 
que  quatre  à  cinq  sols  la  livre. 

4°  La  suppression  entière  des  droits  d'aides,  qui  forment 
un  ensemble  monstrueux  de  plus  de  cinquante  droits  diffé- 
rents et  si  compliqués  qu'ils  mettent  en  défaut  et  en  contra- 
vention les  personnes  de  la  meilleure  foi. 

5°  Un  nouveau  tarif  des  droits  de  contrôle,  qui  ne  respire 
point  un  esprit  fiscal  et  qui,  en  conservant  à  peu  près  le 
même  revenu,  prévienne  les  difficultés  qui  se  rencontrent  à 
chaque  pas  et  donnent  lieu  à  une  foule  de  contestations  dis- 
pendieuses, et  qui  établisse  une  perception  plus  douce  et 
plus  équitable  ;  et  dans  le  cas  où,  d'après  la  réforme  qu'il 
plaira  aux  États  généraux  faire,  il  naîtrait  quelque  contesta- 
tion sur  la  perception  de  ces  droits,  en  attribuer  la  connais- 
sance aux  juges  des  bailliages  et  présidiaux  dans  le  ressort 
desquels  lesdites  contestations  auraient  lieu. 

6°  La  suppression  entière  du  centième  denier  qui  se  per- 
çoit sur  les  successions  collatérales. 

7°  La  suppression  des  droits  de  francs-fiefs,  amortissement, 
aveux  et  dénombrement. 

8°  La  suppression  entière  des  charges  et  offices  d'huis- 
siers priseurs  et  vendeurs  de  meubles,  comme  étant  des  plus 

H)  Sic.  Lire  :  qui  les  ont  condamnées. 


CAHIEII    DE    MONTLIVAULT  143 

à  charge  aux  mineurs,  puisqu'il  arrive  très  souvent  que  le 
produit  des  ventes  mobilières  est  absorbé  en  tout  ou  partie 
par  les  frais  considérables,  et  quelquefois  ne  peut  suffire  aux 
vacations  et  honoraires  de  l'huissier  priseur. 

9°  Que  les  propriétaires  des  fuies  et  colombiers  soient 
tenus  de  renfermer  leurs  pigeons  dans  lesdits  fuies  et  colom- 
biers pendant  le  temps  des  semailles  grosses  et  menues. 

10°  La  suppression  entière  de  la  dime  de  toutes  espèces 
qui  se  perçoit  annuellement  sur  les  vins,  grains,  agneaux  et 
autres  objets,  soit  par  le  Clergé,  la  Noblesse  ou  autres  qui 
en  ont  le  droit  ;  et,  pour  en  tenir  lieu,  qu'il  soit  établi  une 
imposition  sur  les  biens  de  chaque  particulier  des  trois 
Ordres. 

11°  Représentent  lesdits  habitants  que  le  sol  de  leur 
paroisse  est  des  plus  stériles,  un  tiers  endommagé  par  les 
débordements  des  eaux  de  la  rivière  de  Loire  qui  a  répandu 
dans  ce  tiers  une  si  grande  quantité  de  sable  et  geard  W 
qu'il  Ta  réduit  à  rien  et  le  rend  hors  d'état  de  produire 
aucun  grain  de  toutes  espèces  malgré  la  culture,  l'engrais 
et  les  précautions  dont  on  pourrait  user  à  cet  égard  ;  un 
autre  tiers  situé  dans  un  climat  appelé  la  plaine,  qui  ne  pro- 
duit que  des  genêts  et  de  la  fougère  et  dont  le  produit  ne 
peut  jamais  mettre  de  niveau  l'activité  et  les  impenses  (2)  du 
cultivateur  ;  que  le  surplus  est  possédé  en  partie  par  les 
habitants  dudit  Montlivault  et  en  partie  par  les  deux  pre- 
miers Ordres  composant  le  Clergé  et  la  Noblesse,  ensemble 
par  différents  particuliers  externes  et  demeurant  en  ville 
franche,  qui  les  uns  et  les  autres  jusqu'à  ce  moment  n'ont 
eu  aucune  part  aux  impositions  de  toutes  espèces  supportées 
par  les  habitants  dudit  Montlivault  ;  et  que  la  totalité  des 
héritages  et  dépendances  dudit  Montlivault  sont  dévastés  au 


(*>  Jard  :  gros  cailloux  qu'on  trouve  avec  le  sable  dans  le  lit  de  la  Loire  (Thi- 
bault, Glossaire  du  pays  blaisois,  p.  193). 
.<*>  Impense  :  dépense  faite  pour  entretenir,  améliorer  un  immeuble. 


144  BAILLIAGE   DE    BL01S 

regard  des  vignes  par  les  vers  et  urbecs  M,  qui  endommagent 
entièrement  la  récolte  pendant  l'espace  d'au  moins  sept  ans, 
et  que  ces  incestes  W  ne  laissent  au  plus  que  quatre  à  cinq 
ans  d'intervalle. 

Fait  et  arrêté  en  l'assemblée  susdite  par  nous (suivent 

48  noms),  tous  habitants  de  ladite  paroisse  en  partie  sous- 
signés, les  non-signants  ayant  déclaré  ne  savoir  signer,  de  ce 
enquis. 

(Suivent  32  signatures,  celles  de  :  M.  Chabault;  Ch.  De- 
sanglois  ;  Blanche,  syndic  ;  Lemasle,  greffier;  Lemeignan, 
etc..) 

Sur  les  analogies  de  ce  cahier  avec  celui  de  Saint-Dyé,  voir  ci-dessus, 
p.  140. 


CHAMBORD 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Bracieux. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  Prévôté  royale  ressortissant  à  Blois. 

Autres  juridictions  :  Maîtrise  particulière  des  eaux  et  forêts. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  jour  de  Saint-Louis. 

Seigneur  en  1789  :  Le  Roi. 

Population  en  1790  :  447  habitants. 

Impositions  :  Le  seul  impôt  payé  par  les  habitants  de  Chambord 
était  la  capitation,  qu'ils  payaient  par  abonnement  moyennant  une 
somme  de  240  livres  par  an. 


<*>  Cf.  p.  127,  note  1. 
<*)  Sic.  Lire  :  insectes. 


CAHIER   DE   CHAMBORD  145 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  1789. 

Président  :  Antoine  Gaultry,  ancien  procureur  en  la  prévôté  royale 
de  Chambord,  en  l'absence  du  prévôt. 

Population  :  80  feux. 

Comparants  :  Louis-Paul  Turmeau,  greffier  en  chef  des  juridictions 
royales  de  Chambord;  René-Honoré  Marie,  inspecteur  des  bâtiments 
du  Roi,  tous  deux  marguilliers  honoraires  et  perpétuels  de  Cham- 
bord ;  Joseph  Durand,  inspecteur  des  haras;  Jean-Baptiste  Boutet, 
inspecteur  des  chasses;  Didier-Nicolas  Gallot;  Joseph  Sattler,  ancien 
porte-enseigne  du  régiment  Royal  Piémont  cavalerie  ;  Firmin  Jeuffre- 
net;  Gentien  Boulais,  marchand;  François  Suet,  marchand;  Claude 
Lefaucheux,  boulanger  ;  Jean-Baptiste-AÏexis  Champion,  vitrier  ; 
François-Louis  Séguin,  serrurier  du  Roi;  François  Blanchet;  Denis 
Hubert;  Jacques  Fallot  ;  Etienne  Michou  père  et  fils;  Jacques  Michou- 
Charles  Naudin  ;  Claude-Bernard  Guibert;  Henri  Pavot;  Etienne  Lan; 
drouin;  Robert  Franchet  ;  Claude  Michel;  Charles  Boisquillon;  Louis- 
François  Chevalier  ;  Pierre-François  Adam  ;  Edme-André-Augustin 
Caron;  Louis  Peré;  MathurinPin;  Jacques  Reboulleau. 

Députés  :  Louis-Paul  Turmeau  et  Jacques  Bellenoue,  syndic. 

Suivent  27  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES. 

Cahier  de  remontrances  et  doléances  des  habitants  de  la 

paroisse  royale  de  Chambord. 

Aujourd'hui  mardi  troisième  jour  de  mars  1789,  neuf 
heures  du  matin,  au  palais  royal  de  Chambord. 

Nous  soussignés,  habitants  de  la  paroisse  royale  de  Cham- 
bord, en  exécution  de  la  lettre  de  Sa  Majesté  et  du  règlement 
étant  ensuite  concernant  la  convocation  des  États  généraux 
et  de  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général  du  bailliage 
présidial  de  Blois  du  12  février  dernier,  le  tout  à  nous  notifié 
avec  intimation  par  exploit  de    Lemaignen,    huissier,   du 


146  BAILLIAGE   DE   BL01S 

27  février  dernier,  nous  sommes  assemblés  suivant  la  convo- 
cation faite  au  prône  dimanche  dernier,  et  cejourd'hui,  au 
son  de  la  cloche  suivant  l'usage,  avons  de  voix  unanime 
rédigé  et  arrêté  les  articles  qui  suivent. 

1°  Que  Sa  Majesté  sera  très  humblement  suppliée  d'agréer 
nos  remerciements  de  ce  qu'elle  veut  bien  assembler  la 
Nation  pour  concerter  les  moyens  de  subvenir  aux  besoins 
pressants  de  l'État  et  parer  aux  inconvénients  qui,  depuis 
longtemps,  se  sont  glissés  dans  la  perception  des  impôts,  au 
détriment  du  prince  et  de  la  Nation. 

2°  Qu'il  plaise  au  Roi  de  supprimer  la  taille,  les  corvées, 
les  vingtièmes,  les  aides,  les  gabelles,  pour  substituer  en  leur 
place  un  impôt  également  réparti  sur  les  trois  états  du 
royaume  proportionnellement  aux  facultés  et  revenus  de 
chaque  individu  ;  que  les  sommes  qui  résulteront  de  cet 
impôt  simplifié  seront  portées  par  chaque  communauté 
d'habitants  par  quartier  aux  hôtels  de  ville  de  leur  départe- 
ment, que  les  officiers  municipaux  seront  tenus  de  verser 
directement  et  sans  frais  au  trésor  royal. 

3°  Que  Sg,  Majesté,  dont  les  vues  bienfaisantes  sont  con- 
nues de  tous  les  Français,  voudra  bien  mettre  en  considération 
les  pertes  incalculables  de  toutes  espèces  que  cette  province 
a  éprouvées  tant  par  les  gelées  qui  ont  ruiné  les  vignes  et  les 
plantations  que  par  le  débordement  énorme  de  la  Loire  qui 
a  détruit  le  reste  et  ensablé  des  terrains  immenses  et  fertiles 
et  causé  la  ruine  ou  un  dérangement  notable  dans  la  fortune 
et  les  propriétés  des  citoyens  qui  avoisinent  ce  fleuve. 

4°  Que  pour  encourager  l'agriculture,  le  plus  grand  nerf 
de  l'État,  Sa  Majesté  daignera  accorder  aux  personnes  qui 
s'adonnent  aux  défrichements  l'exemption  pendant  un  temps 
limité  de  l'impôt  qui  doit  avoir  lieu,  en  raison  desdits  défri- 
chements seulement. 

5°  Qu'il  sera  établi  des  Etats  provinciaux  dont  les  membres 
seront  élus  de  trois  en  trois  ans  par  les  peuples,  et  dans  les- 


CAHIER    DE   CHAMBORD  147 

quels  le  Tiers  état  sera  en  nombre  égal  à  celui  des  deux 
autres  Ordres. 

6°  Que  le  Roi  voudra  bien  avoir  la  bonté  d'assurer  d'une 
manière  stable  et  invariable  le  retour  périodique  des  Etats 
généraux,  seul  moyen  d'obvier  aux  abus  d'administration  ; 
que  les  suffrages  s'y  donneront  par  la  voix  du  scrutin,  par 
tète  et  non  par  Ordre. 

7°  Qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  ordonner  une  réforme  de  la 
justice  civile  et  criminelle  de  la  manière  la  plus  simple,  la 
moins  dispendieuse  et  la  plus  abrégée  pour  ouvrir  un  moyen 
efficace  à  ce  que  la  justice  soit  rendue  promptement  à  tous 
ses  sujets  sans  acception  de  personne  ni  de  rang. 

8°  Que  pour  le  bien  général  il  sera  établi  des  tribunaux 
souverains  dans  toutes  les  provinces  pour  procurer  à  tous 
les  sujets  du  Roi  une  justice  moins  dispendieuse  et  proscrire 
les  lenteurs  de  la  chicane  qui  causent  la  ruine  de  ceux  qui 
ont  le  malheur  de  plaider. 

9°  Qu'il  sera  ôté  aux  intendants  et  à  leurs  subdélégués  la 
répartition  de  tous  les  impôts;  qu'elle  sera  confiée  aux  États 
provinciaux,  dont  la  connaissance  locale  et  individuelle 
doit  opérer  plus  de  justesse  dans  la  répartition. 

10°  Qu'il  est  important  de  s'occuper  sérieusement  à  répri- 
mer les  abus  que  commettent  les  spéculateurs  sur  la  denrée 
de  première  nécessité,  parce  que,  malgré  la  sagesse  des  der- 
niers règlements  de  Sa  Majesté  sur  cet  objet,  ceux  qui  sont 
faits  par  état  pour  y  tenir  la  main  sont  souvent  les  premiers 
contrevenants,  de  sorte  que  les  malheureux,  même  en  travail- 
lant, ont  beaucoup  de  peine  à  vivre  et  à  soutenir  leur 
famille  ;  on  ne  peut  voir  sans  frémir  le  pain  à  plus  de  trois 
sous  la  livre,  surtout  à  la  suite  d'un  hiver  aussi  rigoureux  et 
le  plus  désastreux. 

11°  Que  Sa  Majesté  sera  très  humblement  suppliée  d'avoir 
pour  agréable  de  maintenir  cette  communauté  dans  l'exemp- 
tion personnelle  dont  elle  a  toujours  joui  en  vertu  des  lettres 


148  BAILLIAGE    DE   BL01S 

patentes  de  1666  registres  en  plusieurs  cours  et  juridictions 
et  nouvellement  confirmées  par  arrêt  de  son  Conseil  du  mois 
de  décembre  1785  qui  sortira  son  exécution,  le  Roi  étant  seul 
propriétaire  de  tout  ce  qui  est  enclavé  dans  le  parc  de  Cham- 
bord, en  observant  que  les  habitants  de  Chambord  n'ont 
même  jamais  payé  de  capitation  qu'à  l'époque  récente  de 
1785  qui  en  détermine  la  somme. 

Fait  et  arrêté  double  par  nous,  habitants  de  ladite  paroisse 
soussignés,  au  palais  royal  de  Chambord,  les  jour  et  an  sus- 
dits, et  ont  signé,  excepté  ceux  qui  ne  le  savent  pas. 

(Suivent  27  signatures,  celles  de  :  Bellenoue,  syndic  ;  Tur- 
meau;  Gaultry,  etc.) 


HUISSEAU-SUR-COSSON 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Bracieux. 

Généralité'.  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse:  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principales  cultures  :  blé,  vigne. 

Seigneur  en  1768:  marquis  de  Saumery. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Georges  de  Johanne  de  la  Carre,  marquis 
de  Saumery,  chevalier,  gouverneur  de  Chambord,  maréchal  es  camps 
et  armées  du  Roi,  seigneur  de  Saumery. 

Population  en  1790  :  1.127  habitants. 

Taille  :  9.365  1.  (principal  :  4.300  1.  ;  accessoires  :  2.341  1.  ;  capita- 
tion :  2.724  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (4  contribuables)  :  564  1. 

Vingtièmes  :  2.225  1.  17  s. 


cahier  d'huissbau-sur-cosson  149 

PROCÈS-VERBAL 

Date:  23  février  1789. 

Président  :  Barthélémy  Bellenoue-Vilhers,  avocat  en  parlement, 
bailli,  juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  etchâtcl- 
lenie  d'Huiss*au.  Même  président  qu'à  Saint-Honoré  de  Blois,  Saint- 
Sulpice,  Orchaise,  Françay,  Landes  et  Tour-en-Sologne. 

Population  :  309  feux  <*). 

Comparants  :  Joseph  Blanvillain,  syndic  de  la  paroisse  ;  Toussaint 
Coûtant,  Vincent  Mauguin  et  Pierre  Biémont,  marguilliers  ;  Fran- 
çois Beaujouan  et  Pierre  Guillon,  procureurs  de  la  Charité  ;  Fraa- 
çois  Deblois  et  François  Martin,  collecteurs  ;  Jean  Bry  ;  François 
Guibert  ;  François  Allée  ;  Jean  Amiot  ;  François  Roger;  Pierre  Drouet; 
Sylvain  Gitteau  ;  Louis  Ranjard  ;  Jean  Jumeau  ;  Mathurin  Pareau  ; 
Augustin  Debray  ;  Louis  Gluneau  ;  Thomas  Ribriou  père  et  fils  ;  Mathu- 
rin Hubert  ;  Pierre  Fromet  ;  Etienne  Chenu  ;  Gentien  Sébille;  François 
Moreau  ;  Jacques  Guillon  ;  Claude  Racault  ;  Louis  Amiot  ;  Jean  Ran- 
jard ;  Louis  Mercier  ;  Pierre  Cormier  ;  Pierre  et  Louis  Porcher  ;  Jean 
Amiot  fils  ;  Bernard  Guibert  ;  Louis  Amiot  ;  Claude  Guillon  père  et 
fils  ;  Jacques  Haslé  ;  Jacques  Légué  ;  François  Roland  ;  Claude  Clé- 
ment; Jean  Mouton  père  et  fils  ;  Nicolas  Rouillon  ;  Antoine  Oury  ;  Jean 
Guillon;  François  Chapeau  ;  Jean  Allier  père  et  fils  ;  Laurent  Del- 
vaque  ;  Sylvain  Gitteau  fils  ;  Sylvain  Dupuy  ;  Martin  Mésangeau  ;  Jean 
Terreau  ;  Nicolas  Bobin  ;  Gaspard  Fortin  ;  François  Ribriou  fils  ; 
Toussaint  Ribriou  ;  Jacques  Drouet  ;  Pierre  Moreau  ;  François  Petit  ; 
Claude  Paudorge  ;  René  Diard  ;  Jean  Gailliot  ;  Claude  Viau;  Etienne 
Petit  ;  Jacques  Guignard  ;  François  Carré  ;  Clément  Mariette  ;  Louis 
Menard  ;  Etienne  Lebœuf  ;  Pierre  Guénau  ;  Honoré  Porcher  ;  Paul  For- 
tin ;  Denis  Chéreau  ;  Vincent  Labbé  ;  Nicolas  Deniau  ;  Jacques  Deniau  ; 
André  Maulny  ;  Jean  Brothier  ;  Martin  Duru  ;  Pierre  Billault  ;  Pierre 
Lenée  ;  Louis  Lislot  ;  Pierre  Gallon  ;  Paul  Fassault  ;  Denis  Cormier  ; 
Louis  Lafond  ;  Gilles  Héreau  ;  Paul  Garneau  ;  Jacques  Rolland  ;  Louis 
Moreau  ;  Nicolas  Marion  ;  Pierre  Soupereau  ;  François  Hubert  ;  Fran- 
çois Terreau  ;  Jacques  Guillon  ;  François  Rouillon  ;  François  Allier  ; 
Claude  Ranjard  ;  Louis  Denis  ;  Louis  Delaborde  ;  Jean  Ribriou  ;  Fran- 
çois Denis  ;  Pierre  Michelin  ;  Claude  Michelin  ;  Joseph  Lennard. 

*>  Le  cahier  dit  :  310. 


150  BAILLIAGE    DE    BL01S 

Députés  :  Jean  Bry,  tonnelier  à  la  Chaussée-le-Comte,  de  cette  pa- 
roisse; Joseph  Blanvillain,  vigneron,  syndic  de  la  paroisse  ;  Fran- 
çois Moreau,  vigneron  au  Chiteau,  de  cette  paroisse,*  et  François 
Imbert,  vigneron,  demeurant  au  bourg. 

A  la  place  de  la  formule  habituelle  constatant  la  rédaction  du  cahier, 
le  procès-verbal  mentionne  le  fait  suivant  : 

«  [Les  comparants]  nous  ont  déclaré  qu'ils  ne  pouvaient  quant  à 
présent  s'occuper  de  la  rédaction  de  leur  cahier  de  doléances,  plaintes 
et  remontrances,  n'ayant  [pu]  depuis  hier  s'en  occuper,  pourquoi  ils 
ont  requis  de  leur  octroyer  quatre  jours  de  délai  à  l'effet  d'y  vaquer  et 
de  le  rédiger  ;  sur  quoi  nous  leur  avons  représenté  que  d'après  les 
ordres  de  Sa  Majesté,  ils  devaient  les  rédiger  à  l'instant;  que  cependant 
ne  pouvant  les  contraindre  à  le  faire,  nous  ne  pouvions  garantir  que 
leurs  dites  doléances  fussent  agréées  à  l'assemblée  générale  du  neuf 
mars  prochain;  que  cependant,  pour  montrer  h  la  paroisse  ledésirque 
nous  avions  de  lui  être  agréable,  nous  voulions  bien  signer,  coter  et 
parapher  lesdites  doléances  signées  du  plusgrand  nombre  de  la  paroisse, 
lorsqu'elles  nous  seraient  représentées  par  les  députés  qu'elle  va  élire, 
pour  servir  et  valoir  ce  que  de  raison.  » 

Suivent  51  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  et  pétitions  y  relatives  de  la  paroisse  (T Huis- 
seau,  diocèse  et  élection  de  Blois. 

La  paroisse,  composée  de  trois  cent  dix  feux,  s'étend  dans 
une  vaste  'étendue  de  terrain,  et  quoique  ses  habitants 
passent  pour  laborieux,  |ils]  languissent  dans  la  misère;  la 
raison  en  est  que  les  bois  du  Roi,  les  possessions  du  sei- 
gneur, celles  des  ecclésiastiques  et  gentilshommes  en  occu- 
pent à  peu  près  les  trois  quarts;  la  plus  forte  partie  du 
dernier  quart  est  possédée  encore  par  des  bourgeois,  mar- 
chands, huissiers,  habitants  de  Blois,  ou  par  des  privilégiés 
soi-disant  pourvus  de  places  de  pavillonniers  de  Chambord, 
gardes-varennes,  ou  enfin  par  des  gens  domiciliés  de  fait 
dans  des  paroisses  voisines,   où  ils   sont  soi-disant  cotisés 


CAHIER    d'hUISSEÀU-SUK-COSSON  151 

pour  ceux  mêmes  îles  biens  qu'ils  possèdent  dans  celle 
d'Huisseau  ;  il  ne  reste  aux  paysans  domiciliés  propriétaires 
que  372  arpents  M  de  vigne,  et  60  arpents  de  terre  W  ;  pourquoi 
ils  sont  imposés  conjointement  avec  les  fermiers  à 9.370  livres 
5  sols  7  deniers  de  taille  et  impositions  accessoires,  non 
compris  la  corvée  ni  dixième. 

Après  avoir  inutilement  sollicité  à  diverses  reprises  une 
modération,  ils  ont,  en  1786,  pris  le  parti  de  faire  somma- 
tions juridiques  à  un  commissaire  qu'avait  nommé  Mgr  l'in- 
tendant de  procéder  à  la  confection  du  rôle  de  la  paroisse 
selon  l'ordonnance,  et  sur  le  refus  du  commissaire  qui,  on 
ne  sait  pourquoi,  se  démit  à  l'instant  môme  de  sa  commission, 
les  habitants,  munis  cependant  d'un  ordre  du  subdélégué  de 
procéder  sans  délai  à  la  confection  de  leur  rôle  comme  ils  le 
jugeraient  à  propos,  firent  un  rôle,  où,  excepté  les  ecclésias- 
tiques et  gentilhommes  nobles,  est  compris  le  dénombrement 
des  possessions  de  tous  les  propriétaires  taillables  de  la 
paroisse  exploitant  leurs  propriétés.  De  ce  il  en  est  résulté 
deux  procès  :  l'un  contre  les  horsains  qui  vient  enfin  d'être 
terminé,  le  15  décembre  dernier,  à  l'avantage  des  habi- 
tants d'Huisseau  devant  nos  seigneurs  de  la  Cour  des  aides 
de  Paris  ;  l'autre  contre  les  bourgeois,  marchands  et  autres, 
qui  est  encore  en  instance  devant  nos  seigneurs  du  Conseil, 
et  que  l'état  actuel  des  choses  semble  avoir  préjugé  W. 

<•'  Environ  226  hectares  (l'arpent  de  Blois  valait  60  are9  78). 

<*)  Environ  36  hectares. 

(3>  Le  procès  intenté  aux  habitants  de  Blois,  propriétaires  de  vignes,  par  la 
paroisse  d'Huisseau,  a  laquelle  vinrent  plus  tard  se  joindre  d'autres  paroisses, 
était  en  effet  considérable.  Il  s'agissait  de  savoir  si  la  taille  d'exploitation  pour 
les  vignobles  appartenant  aux  habitants  de  Blois,  ville  franche  de  taille,  devait 
être  payée  par  les  propriétaires  ou  par  les  clos i ers  qui  cultivaient  ces  vignes. 
Suivant  que  l'on  assimilait  les  closiers  à  des  fermiers  ou  à  de  simples  domes- 
tiques, on  pouvait  donner  raison  aux  habitants  de  Blois  ou  à  ceux  de  la  cam- 
pagne. La  solution  de  cette  question  pouvait  d'ailleurs  modifier  d'une  façon  très 
importante  la  répartition  de  la  taille  dans  les  environs  de  Blois,  dont  une  grande 
partie  des  vignobles  appartenait  aux  habitants  de  cette  ville.  Aussi  de  volumi- 
neux mémoires,  dont  la  passion  n'est  pas  exclue,  furent  rédigés  sur  la  question 
(Arch.  Loir-et-Cher,  série  C,  liasses  non  inventoriées).  L'élection  se  prononça  en 
faveur  des  habitants  de  Blois  et  sa  sentence  fut  confirmée  par  la  Cour  des  aides 
(22  juin  1787).  Mais  l'affaire  vint  ensuite  devant  le  Conseil  du  Roi;  la  municipalité 
de  Blois,   la  Commission  intermédiaire   provinciale,  le  contrôleur  général  des 


152  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Supplie  le  général  des  habitants  de  la  paroisse  d'Huisseau 
qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  et  aux  États  généraux  assemblés 
prendre  en  considération  ses  doléances  : 

1°  Surcharges  d'impositions. 

2°  Déni  de  justice  ou  retardement  affecté  à  juger  leur 
procès,  qui  a  occasionné  à  diverses  reprises  treize  voyages  à 
Paris  de  deux  habitants,  d'où  s'en  est  suivi  beaucoup  de 
frais,  perte  de  temps,  culture  de  terre  négligée,  etc. 

3°  Dol  et  fraudes  exercés  contre  eux  après  leur  jugement 
à  l'élection  de  Blois  qui  ne  pouvait  leur  être  que  défavorable  ; 
pour  leur  fermer  la  voie  de  l'appel,  on  leur  a  demandé  au 
contrôle  de  Blois  1.800  et  tant  de  livres;  le  temps  pres- 
sait pour  relever  l'appel,  il  a  fallu  prendre  la  poste  pour 
aller  à  Orléans,  où  on  leur  a  demandé  20  livres  de  plus, 
et  même  fait  refus;  sur  la  menace  enfin  d'aller  porter 
plainte  à  Paris  directement,  on  a  été  à  leur  auberge  pour 
empêcher  le  départ,  et  l'acte  a  été  contrôlé  pour  14  livres 
8  sols  3  deniers  :  on  prétend  que  c'est  trop  encore. 

4°  Arbitraire  despotique  des  intendants  et  subdélégués 
nuisible  à  l'équité  de*s  répartitions  par  les  flatteries,  taxations 
d'office  et  répartition  des  gratifications  qu'il  plait  à  Sa  Majesté 
de  faire  en  faveur  des  pauvres  qui  n'[en]  ont  point  eu  depuis 
trois  ans  dans  la  susdite  paroisse. 

5°  Abus  et  négligences,  des  élections  dont  les  officiers,  ni 
par  chevauchées,  ni  autres  démarches  nécessaires,  ne  se  met- 
tent exactement  en  état  d'asseoir  les  impositions  et  connaître 
les  griefs. 

6°  Dureté  excessive  et  prévarications  des  receveurs  des 
tailles,  sergents,  recors,  garnisons,  qui  ont  fait  vendre  les 
propres  lits  des  collecteurs,  leurs  outils  d'agriculture  ou  de 
métier,  ont  fait  soustraction  de  procès-verbaux  de  vente 
d'effets,  en  1786,  ainsi  que  des  quittances  des  effets  vendus. 

finances  s'en  occupèrent,  et  elle  n'était  pas  encore  terminée  lorsque  l'abolition 
des  privilèges  vint  supprimer  les  motifs  du  débat  (Dr  Lesueur,  ouvr.  cit.). 


CAHIER    d'hîJISSEAU-SUR-COSSON  153 

7°  Cherté  excessive  du  sel  dont  la  diminution  parait  indis- 
pensable. 

8°  Inégalité  injuste  dans  les  impositions  et  charges  publi- 
ques, corvées  entre  les  trois  états  du  royaume  qui  doivent  les 
supporter  à  frais  communs. 

9°  Surabondance  de  gibier  à  Chambord  riverain  de  la 
paroisse,  qui  ruine  les  propriétaires  et  fermiers  ;  on  a 
apporté  de  loin  à  grands  frais,  dans  des  loges  de  bois  porta- 
tives, des  biches  dans  un  pays  où  il  y  en  a  déjà  trop. 

10°  Tyrannie  et  excès  des  gardes  du  susdit  lieu  ;  il 
y  a  eu  déjà  plusieurs  voies  de  fait  meurtrières  ;  notam- 
ment le  26  décembre  dernier,  le  nommé  Charles  Bry, 
garçon  majeur  natif  et  habitant  de  la  susdite  paroisse,  est 
disparu  tué  sous  les  plus  fortes  présomptions  par  quelque 
garde  ;  le  corps  a  été  soustrait  et  le  crime  est  resté  impuni. 

i  1°  Usurpations  faites  par  des  particuliers,  qui  ont  surpris 
le  gouvernement,  de  terres  vagues,  pàtis  et  pacages. 

12°  Diminution  sensible  de  population  dans  la  paroisse, 
occasionnée  par  l'indigence  des  individus  qui  craignent  de 
s'unir  par  le  lien  du  mariage  de  peur  de  l'augmenter  ;  on  ne 
saurait  croire  jusqu'où  va  le  nombre  des  majeurs  et  au  delà 
de  l'un  et  de  l'autre  sexe  qui  restent  célibataires  ;  en  1785,  il 
n'y  a  eu  que  cinq  mariages,  en  1786  neuf,  en  1787  douze, 
en  1788  dix,  et  en  1789  point  encore. 

13°  Inexécution  ou  ambiguïté  des  lois  et  ordonnances  aux- 
quelles ne  tardent  pas  d'être  subrogés  des  abus  notables  qui 
vont  toujours  en  augmentant  ;  on  y  remédierait  surtout  par 
une  adresse  circulaire  faite  tous  les  4  ou  5  ans  par  autorité 
du  gouvernement,  en  demande  des  doléances  et  pétitions  des 
communautés,  faites  avec  vérité  et  liberté,  auxquelles  on 
aurait  égard  publiquement  et  sur-le-champ,  lorsqu'elles 
seraient  fondées. 

14°  Déclarent  les  habitants  que,  s'il  leur  est  échappé  quel- 
que réflexion  utile,  doléance  et  pétition,  qu'ils  n'entendent 


154  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

s'opposer  aux  demandes  ultérieures  que  pourrait  faire  le 
Tiers  état  en  faveur  du  peuple,  auxquelles  ils  adhèrent  et 
donnent  leur  consentement. 

(Suivent  42  signatures,  celles  de  :  F.  Inibert,  député  ; 
Moreau,  député;  Blanvillain,  député,  syndic,  etc.), 

Le  28  février  1789  sont  comparus  devant  nous  Barthélémy 
Bellenoue-Villiers,  avocat  en  parlement,  bailli,  juge  ordinaire, 
civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  et  chatellenie  d'Huis- 
seau,  Joseph  Blanvillain,  Jean  Bry,  François  Imbertet  Fran- 
çois Moreau,  demeurant  paroisse  d'Huisseau,  et  députés  élus 
de  ladite  paroisse  suivant  notre  procés-verbal  du  23  de  ce 
mois,  lesquels  nous  ont  représenté  le  cahier  de  doléances 
ci-dessus  à  l'effet  de  le  coter,  parapher  et  signer,  ce  qui  a  été 
présentement  fait  par  nous,  pour  servir  et  valoir  ce  que  de 
raison,  ainsi  que  nous  l'avons  observé  à  tous  les  habitants 
par  notre  procès- verbal  susdaté  fait  lesdits  jour  et  an  par 
nous  bailli  juge  susdit. 

(Signé  :  Bellenoue-Villiers.) 


TOUR-EN-SOLOGNE 


De  p.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Bracieux. 

(Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier*  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Adinne. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste-Gilles-Charles-François,  marquis  de  la 
Fallu,  seigneur  de  Villesavin  <*). 

<l>  Storelli,  Les  Châteaux  du  Blaisois.  Paris,  L.  Baschet,  4883,  in -f»,  Château  de 
Villesavin,  p.  7. 


CAHIER    DK   TOUR-EN-SOLOGNE  155 

Population  en  1789  :  560  habitants. 

Taille  :  3.702  1.  (principal  :  i.700;  accessoires  :  925  I.;  capitation  : 
1.077  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.388  1.  4  s. 

PROCÈS  VERBAL 

Date  :  24  février  S  789. 

Président  :  Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  avocat  en  parlement, 
juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  bailliage  de  Tour  et 
Mont  en  Sologne.  Même  président  qu'à  Saint-Honoré  de  Blois,  Saint- 
Sulpice,  Orchaise,  Françay,  Landes  et  Huisscau-sur-Cosson. 

Population  :  iiO  feux. 

Comparants  :  Etienne  Tinchart,  syndic  :  François Sanson,  meunier; 
Pierre  Doiiéans,  laboureur  ;  Joseph  Courrault,  vigneron  ;  Jean  Hidouin, 
vigneron  ;  Claude  Dorléans,  vigneron  ;  Jacques  Rilly,  journalier  ; 
Sylvain  Prousteau,  vigneron  ;  Jean  Chaufour,  vigneron  ;  Pierre 
Rivière,  journalier  ;  Jean  Roucheron,  journalier  ;  Pierre  Troispoux, 
vigneron  ;  Jean  Daubry,  vigneron  ;  François  Branchu,  filtoupier  ; 
Thomas  Branchu,  filtoupier  ;  François  Rentien,  laboureur  ;  François 
Lecour,  journalier;  Julien  Joigne,  vigneron;  Pierre  Delhomme,  labou- 
reur ;  Thomas  Martineau,  vigneron  ;  Louis  Billault,  vigneron  ;  Pierre 
Prévôt,  marchand  de  bois  ;  Jean  Mercier,  vigneron  ;  Jacques  Lecour, 
vigneron  ;  Claude  Chesneau,  filtoupier  ;  Augustin  Courrault,  labou- 
reur; Etienne  Poischy,  vigneron;  Pierre  Renouard,  meunier  ;  François 
Gallou,  vigneron  ;  Claude  Rouillon,  laboureur  ;  François Coussé,  labou- 
reur ;  Antoine  Chevreau,  vigneron  ;  François  Lemoine,  vigneron  ;  Syl- 
vain Daridan,  filtoupier;  Denis  Pacton,  vigneron  ;  Etienne  Prousteau, 
laboureur  ;  Louis  Michou,  laboureur  ;  Jacques  Pasquier,  filtoupier  ; 
Sylvain  Descluis,  journalier  ;  Pierre  Petitpot,  vigneron  ;  Vincent  Thier- 
ry, vigneron  ;  François  Marinier,  journalier  ;  François  Bellier,  vigne- 
ron ;  Pierre  Brisseau,  vigneron  ;  Pierre  Bigot,  laboureur  ;  Sylvain 
Breton,  filtoupier;  Pierre  Rué,  vigneron  ;  Pierre  Thosié,  laboureur  ; 
Jacques  Fidé,  laboureur  ;  Sylvain  Rabotin,  vigneron;  François  Lau- 
rilloux,  laboureur  ;  Jacques  Troispoux,  vigneron  ;  Joseph  Lecour, 
vigneron  ;  Aignan  Verdier,  vigneron  ;  Guillaume  Grondeux,  labou- 


156  BAILLIAGE   DE    BL01S 

reur  ;  Louis  Harault,  vigneron  ;  Jacques  Chaufour,  vigneron  ;  Syl- 
vain Guénaut,  meunier;  Augustin Coupeau,  laboureur;  Jean  Dorléans, 
vigneron  ;  Simon  Rilly,  journalier;  Laurent  Béguet,  laboureur  ;  Louis 
Lelion,  locataire;  Simon  Landroin,  locataire;  Pierre  Gouet,  vigneron  ; 
Sylvain  Pacton,  vigneron  ;  François  Masson,  aubergiste  ;  François 
Larchet,  vigneron. 

Députés  :  Barthélémy  Bellenoue-Villiers,  bailli  de  Tour  et  Mont  en 
Sologne,  demeurant  à  Blois,  paroisse  de  Saint-Solenne,  et  Sylvain 
Guenault,  meunier,  demeurant  à  la  Follelière,  de  cette  paroisse. 

Suivent  17  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


MONT 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Bracieux. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Tour-en-Sologne  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Adinne. 

Seigneur  en  1789  :  Auguste-Gilles-Charles-François,  marquis  de 
la  Pallu,  seigneur  de  Villesavin. 

Population  en  1790  :  J.i52  habitants. 

Taille  :  7.839  1.  (principal  :  3.600  1.  ;  accessoires  :  i.959  1.  ;  capita- 
tion  :  2.280  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  2.097  1.3  s. 


CAHIER    DR   CELLETTES  157 

PROCÈS-VERBAL 

Nous  ne  possédons  pas  le  procès-verbal  de  cette  paroisse. 
Celui  de  rassemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois  nous  donne 
les  renseignements  suivants  : 

Population  :  270  feux. 

Députés  :  Claude  Marion  fils,  vigneron;  Didier  Grias,  fendeur,  et 
Etienne  Cou  tau,  vigneron. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


CELLETTES 

(Anciennement  Sellettes). 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-oucst. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois, 

Assemblée  :  le  10  mai. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1708  :  de  Gaucourt. 

Seigneur  e?i  1789  :  dame  Catherine-Henriette  de  Fieubet,  veuve  de 
Mathias-Raoul  de  Gaucourt,  maréchal  es  camps  et  armées  du  Roi,  dame 
de  Beauregard. 

Population  en  1790  :  935  habitants. 

Taille  :  5.009  1.  (principal  :  2.300  1.  ;  accessoires  :  i.252  1.  ;  capita- 
tion  :  1.457  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (2  contribuables)  :  74  1. 

Vingtièmes  :  2.509  1.  13  s. 


lî}8  BAIWJAGR    DE    BLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  2  mars  1789. 

Président  :  Jean-Michel  Huard,  avocat  en  parlement,  bailli  de  la 
haute  justice  de  Cellettes.  Même  président  qu'à  Vineuil. 

Population  :  179  feux. 

Comparants  :  Etienne  Quenioux,  marchand  meunier  ;  Sylvain  Lau- 
diné,  syndic;  Sylvain  Oudin,  marchand;  Jean  Paris;  Charles  Rous- 
seau :  François  Tartarin  ;  Antoine  Trétarre  ;  Jacques  Muridé  ;  Pierre 
Poirier;  Pierre  Brazeau;  Jacques  Léger  le  jeune;  Pierre  Bruchard 
père  ;  Antoine  Davau  ;  Joseph  Grippelon  ;  Etienne  Chauvin  ;  René 
Davau  ;  Laurent  Grillet  ;  Sylvain  Laurent  ;  Antoine  Bernard,  maître  en 
chirurgie;  Antoine  Aureau  ;  Etienne  Thévenon  ;  Mathurin  Bertiat; 
RenéLoyau;  Louis  Motet;  Marc  Gendrier;  Etienne  Chéry:  Etienne 
Lemaire;  Charles  Besnard  ;  Nicolas  Mulin  ;  Jacques  Rabotin  ;  Jacques 
Bailly  ;  Jacques  Pelletier  ;  Pierre  Bouchard  fils  ;  Etienne  Lanée;  Mon- 
dry  Fillion  ;  Antoine  Brémont  ;  Jean  Aureau  ;  Julien  Boureau  ;  Joseph 
Lauriet  ;  Denis  Boucher  ;  Etienne  Besnard  ;  François  Pezy  ;  Pierre 
Potet;  Laurent  Favereau  ;  Denis  Rué;  Pierre  Denis;  Jean  Pezy; 
Claude  Deronne;  Jean  Chéry;  Louis  Rossignol;  Pierre  Masaure  ; 
André  Bonze;  Charles  Bourgeon;  François  Auge;  Benoît  Lambert; 
Louis  Daridan  ;  Paul  Camus  ;  Pierre  Daridan  ;  René  Dauberon  ;  Jean 
Colin  ;  Pierre-Augustin  Barbier  ;  François  Belin  ;  François  Adoux  ; 
Laurent  Chabault  ;  Pierre  Gilles  :  Pierre  Besnard  l'aîné  ;  Jacques 
Moreau  ;  Pierre  Bigot;  Antoine  Ludercau  ;  Mondry  Toiteau  ;  Guillaume 
Millet;  Sébastien  Ferrand  ;  Pierre  Bourgeon;  Pierre  Moreau;  Jean 
Charbonnier;  Nicolas  Ferrand  ;  Jean  Angot;  Etienne  Ghoquet:  Jacques 
Catton  ;  Urbain  Muridé;  Jacques  Henrion  ;  Louis  Belot;  Marc  Hugné  ; 
Louis  Daridan  ;  Pierre  Levray  ;  Louis  Trétarre  ;  Sylvain  Lhomme  ; 
Sylvain  Bousine;  Louis  Deronne  ;  Jean  Allion;  Denis  Mare;  François 
Jumeleau  ;  Jean  Mare  ;  Jean  Laurenceau  ;  Louis  Dutertre  ;  Louis  Bau- 
doin ;  Claude  Dupré  ;  François  Barbion  ;  Noël  Bezaut  ;  Jacques  Mare  ; 
Mondry  Pineau  ;  Benjamin  Prévost  ;  Jacques  Boucher  ;  Jean  Besnard  ; 
Etienne  Dorléans  ;  Sylvain  Marteau  ;  Jacques  Ricois  ;  François  Doré  ; 
Etienne  Cellier;  Antoine  Deniau. 

Députés  :  Jean-Michel  Huard,  bailli  de  la  justice  de  Cellettes,  et 
Pierre  Potet,  menuisier. 

Suivent  19  signatures. 


»    ' 


"  CAHIER   DE   CELLETTES  159 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  remontrances  et  doléances  que  les 
habitants  de  la  paroisse  de  Cellelles,  bailliage  de  Blois, 
ont  r honneur  de  représenter  très  humblement  à  Sa 
Majesté. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Cellettes,  écrasés  d'impôts 
qu'il  ne  leur  est  plus  possible  de  supporter,  protestent  de 
leur  attachement  et  de  leur  fidélité  à  la  personne  sacrée  du 
digne  monarque  qui  les  gouverne  ;  ils  savent  que.  comme  ses 
sujets,  ils  doivent  contribuer  aux  charges  de  TEtat,  mais  ils 
espèrent  de  sa  bonté  qu'il  voudra  bien  ne  les  comprendre 
dans  leur  répartition  que  dans  une  juste  proportion  avec  les 
autres  sujets  de  l'État,  quels  qu'ils  soient.  En  conséquence,  ils 
osent  demander  : 

1°  La  suppression  des  francs-fiefs  comme  onéreux  aux 
roturiers  et  droits  qui  ne  sont  supportés  que  par  ceux  qui 
sont  le  moins  en  état  de  les  payer. 

2°  Une  parfaite  égalité  dans  les  droits  de  contrôle,  qui  ne 
peuvent  être  supprimés  par  ce  que  leur  utilité  primitive  est 
reconnue,  mais  qui  peuvent  être  restreints  et  fixés,  pour  que 
les  sujets  du  Roi  ne  soient  plus  exposés  à  la  perception  arbi- 
traire des  traitants  qui  tous  les  jours  leur  donnent  de  nou- 
velles extensions  et  empêchent  les  actes  devant  notaire,  si 
nécessaires  pour  la  sûreté  et  tranquillité  des  familles. 

3°  La  suppression  totale  de  la  gabelle,  impôt  qui  ruine  les 
peuples  tant  par  lui-même  que  parla  manière  dont  il  est  perçu, 
le  sel  étant  regardé  comme  une  denrée  de  première  nécessité; 
ils  se  sont  souvent  [vus]  forcés  par  la  ferme  d'en  acheter 
avec  le  peu  d'argent  qu'ils  avaient  [pour  se]  procurer  du  pain 
et  obligés  de  se  passer  de  cette  première  subsistance. 

4°  Ils  exposent  que  le  sol  de  leur  paroisse  n'est  en  partie 
propre  qu['à  la]  culture  de  la  vigne  ;  que  la  production  est 


160  BAILLIAGE    DE    BLOIS     ' 

• 

chargée  d'impôts  onéreux  qui  empochent  la  consommation  ; 
dans  les  années  abondantes  qu'ils  ne  peuvent  tirer  parti  de 
leurs  récoltes  qu'en  les  convertissant  en  eaux  [de  vie],  qu'alors 
cette  denrée  est  sujette  à  de  nouveaux  droits,  qu'ils  ne  peu- 
vent s'en  défaire  qu'a  très  bon  compte  et  ne  les  vendre  qu'aux 
négociants  du  pays,  étant  les  seuls  qui  puissent  y  répondre 
des  certificats  de  [décharge]  auxquels  celle  liqueur  est  assu- 
jettie, qu'un  négociant  étranger  ne  [peut  en]  acheter  même 
avec  l'argent  pour  la  payer,  parce  qu'il  n'a  personne  pour 
répondre  pour  lui  des  droits;  que  sans  cesse  ils  sont  exer- 
cés W  par  des  gens  qui  ne  cherchent  qu'à  les  trouver  en  fraude 
pour  leur  fa[ire]  éprouver  des  contestations,  que  ces  diffé- 
rentes gènes  anéantissent  entièrement  le  commerce  de  cette 
denrée  ;  en  conséquence,  ils  demandent  la  suppression  entière 
des  aides  avec  lesquelles  il  n'est  plus  possible  de  tirer  aucun 
parti  des  productions  de  la  vigne. 

Mais  ils  savent  que  la  suppression  des  aides  et  gabelles 
occasionnerait  une  grande  diminution  dans  les  revenus  de 
l'État;  aussi  se  soumettent-ils  d'avance  à  payer  leur  portion 
égale  de  l'imposition  qui  en  tiendrait  lieu,  s'en  rapportant  à 
la  bonté  de  Sa  Majesté  sur  l'établissement  de  l'impôt  qui  doit 
les  remplacer. 

5°  Ils  observent  qu'ils  sont  riverains  de  la  forêt  de  Russy, 
que  de  tous  temps  ils  ont  eu  des  droits  de  pacage  dans  cette 
forêt,  et  c'est  avec  la  plus  grande  douleur  qu'ils  ont  vu 
l'échange  des  meilleurs  fonds  et  des  plus  beaux  bois  de  celte 
forêt  avec  M.  le  comte  d'Espagnac,  échange  qui  les  prive 
d'une  grande  ressource,  qui  fait  un  tort  notable  au  pays  et 
qu'ils  supplient  humblement  Sa  Majesté  de  retirer  W. 


0)  Surveillés. 

(*)  Cf.  p.  14,  n.  \.  —  La  cession  d'une  partie  de  la  forêt  de  Russy  au  comte  d'Espa- 
gnac était  d'autant  plus  désapprouvée  par  les  habitants  de  Cellettes  qu'ils  avaient 
à  cette  époque  des  contestations  avec  le  nouveau  propriétaire  au  sujet  des  lapins 
et  des  sangliers  qui  s'étaient  beaucoup  multipliés  dans  la  forêt  et  qui  dévastaient 
les  champs  du  voisinage.  Il  s'en  suivit  une  polémique  qui  parait  avoir  été  asaez 
vive  et  dans  laquelle  la  commission  intermédiaire  de  l'Assemblée  provinciale  et 
le  bureau  intermédiaire  du  département  durent  intervenir  (Dr  Lesueur,  ouvr.  cit.). 


CAHIER    DE    CELI.BTTES  ICI 

6°  Ils  annoncent  qu'ils  payent  un  droit  de  grùage  W  de  six 
boisseaux  de  seigle  et  quatre  boisseaux  d'avoine  par  feux 
riverains,  et  ce  par  une  concession  à  eux  faite  en  1228  W  par 
Jeanne,  comtesse  de  Blois;  qu'ils  payent  annuellement  cette 
redevance  à  M.  le  marquis  de  Saumery,  aliénalaire  actuel, 
dans  lequel  acte  d'aliénation  est  relatée  la  concession 
de  1228  <3)  ;  ce  droit  de  pacage  est  presque  entièrement 
détruit  ;  ils  en  demandent  le  rétablissement  si  essentiel  à  leurs 
propriétés,  qui  se  trouveraient  anéanties  s'ils  n'y  étaient  con- 
servés et  maintenus,  ainsi  qu'ils  offrent  d'en  justifier  et  de  le 
prouver  ;  et  sous  prétexte  de  glandée  ils  sont  exclus  pendant 
quatre  mois  de  Tannée,  depuis  le  1er  octobre  jusqu'au  1er  fé- 
vrier, du  droit  d'envoyer  leurs  bestiaux,  quoiqu'ils  en  payent 
la  redevance;  ils  demandent  donc  la  suppression  de  cette 
exclusion  qui  leur  est  si  préjudiciable. 

7e  Leurs  moissons  se  trouvent  toujours  dévorées  avant 
leur  maturité  ;  ils  demandent  que  la  chasse  soit  indistincte- 
ment permise. 

8°  Les  pigeons,  en  abondance  dans  leur  paroisse,  dévastent 
également  leurs  productions  ;  ils  demandent  la  suppression 
des  fuies  et  colombiers. 

9°  Les  offices  de  jurés-priseurs,  par  les  droits  qu'ils  occa- 
sionnent, absorbent  presque  toujours  le  produit  des  ventes 
mobilières;  ils  en  demandent  la  suppression  et  le  rembour- 
sement aux  propriétaires. 

10°  L'objet  le  plus  intéressant  de  leurs  réclamations  est 


(i)  Gruage  :  droit  d'usage  forestier. 

(3  Lire  :  4288.  Cette  charte  par  laquelle  Jeanne  de  Chatillon  accordait  aux 
«  hommes  estagiers  environ  la  forest  de  Ruissi,  entre  les  deux  eves  de  Cousson 
et  de  Bevron...  usage  au  bois  mort  en  la  dite  Iorest  de  Ruissi  et  pas  tu  rage  a  leur 
bestes,  en  rendent  la  redevence  de  seigle  et  d'aveinne  que  les  diz  hommes  en  ont 
acoustumé  a  paier  »  a  été  publiée  par  MM.  Soyer  et  Trouillard  [Cartulaire  de  la 
ville  de  Blois,  chartes  27  et  28.  Mëm.  de  la  Société  des  sciences  et  lettres  de 
Loir-et-Cher,  1903,  t.  xvii,  p.  15).  Les  chartes  26,  SI,  54  et  vm  du  Cartulaire  de  Blois 
concernent  aussi  les  droits  de  pacage  dans  la  forêt  de  Russy  (Ibid.t  pp.  93,135, 
153  et  270). 

<3>  Lire  :  1288. 

6 


162  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

rimposilion  de  la  taille:  la  plus  grande  partie  des  fonds  et 
surtout  des  vignes  de  leur  paroisse  est  possédée  et  appartient 
à  des  gens  qui,  par  état,  par  rang,  par  condition,  par  privi- 
lèges de  toutes  espèces,  sont  exempts  de  la  taille,  même  en 
faisant  valoir  par  eux-mêmes  ;  ils  osent  donc  demander  de  la 
justice  bienfaisante  du  Roi  que  tous  ceux  qui  font  valoir  des 
terres  ou  des  vignes  par  eux-mêmes,  par  des  domestiques 
ou  par  des  closiers,  y  soient  également  imposés  dans  une 
juste  proportion,  de  quelque  rang,  qualité  ou  condition  qu'ils 
soient,  domiciliés  ou  non  dans  la  paroisse,  et  ce  à  raison  de 
l'exploitation  qu'ils  feront,  de  manière  que  la  taille  soit  réelle 
sur  les  fonds  qu'on  fera  valoir  et  que  le  simple  journalier 
ou  closier  ne  paye  qu'un  modique  taux  personnel  proportionné 
à  ses  facultés  M  ;  enfin  la  suppression  de  tous  les  privilèges 
quelconques  si  onéreux  aux  gens  de  campagne  qui  en  payent 
les  impôts  sans  en  avoir  le  produit  qui  tourne  toujours  au 
profit  de  ceux  qui  ne  payent  rien. 

11°  Us  prennent  encore  la  liberté  de  réclamer  contre  la 
corvée  ;  on  leur  fait  faire  ou  payer  les  chemins,  ils  n'en  pro- 
fitent pas,  ce  sont  les  riches  et  les  propriétaires  des  fonds  qui 
en  ont  tout  le  bénéfice;  ils  demandent  donc  qu'elle  soit  sup- 
portée par  tous  les  sujets  de  l'État,  sans  exemptions  d'aucune 
espèce. 

Voilà  leurs  espérances  et  leurs  vœux;  ils  remettent  leur 
sort  entre  les  mains  de  la  Nation,  de  leur  Roi,  du  sage  minis- 
tre qu'il  a  bien  voulu  rendre  aux  désirs  des  peuples;  ils  se 
flattent  de  ne  demander  rien  quede  jus[te]  ;  écrasés  d'impôts, 
ils  ont  été  soumis,  ils  ont  payé,  ils  ne  le  peuvent  plus,  leurs 
facultés  sont  absorbées,  à  peine  gagnent-ils  par  leurs  travaux 
le  pain  qui  leur  est  nécessaire  ;  leur  sort  va  changer,  d'avance 
ils  en  remercient  Dieu  et  bénissent  le  nom  de  leur  Roi. 

Fait  et  arrêté  au  banc  d'| œuvre],  l'assemblée  convoquée 


<*)  L'exemption  de  la  taille  d'exploitation  était  surtout  contestée    aux  proprié- 
taires habitants  de  Blois.  Cf.  p.  151,  note  3. 


CAHIER    DE    VINEUIL  163 

en  la  forme  ordinaire  le  2  mars  [1789].  Les  non  signants  ont 
déclaré  ne  savoir  signer. 

(Suivent  19  signatures,  celles  de  :  Potet,  Huard,  etc.) 

Les  articles,  1,  2,  3,  5,  6,  9.  10  et  11  sont  textuellement  identiques 
aux  articles  1 ,  2,  3,  5,  6,  7,  8  et  9  du  cahier  de  Vineuil,  et  l'article  4  en 
partie  identique  à  l'article  4  du  même  cahier. 


VINEUIL 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-est. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  grenier  à  sel,  diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  11 GH  :  de  Gaucourt. 

Seigneur  en  11 89  :  dame  Catherine  Henriette  de  Fieubet,  veuve  de 

Mathias-Raoul  de  Gaucourt,  maréchal  es  camps  et  armées  du  Roi,  dame 
de  Beau  regard. 

Population  en  1790  :  1.793  habitants. 

Taille:  10.803  1.  (principal:  5.000  1.  ;  accessoires:  2.736  1.  ;  capi- 
tation  :  3.167  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  4.496  1.  16  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  1789. 

Président:  [Jean-Michel]  <J)  Huard,  avocat  en  parlement,  bailli,  juge 

0)  Nous  restituons,  d'après  le  procès-verbal  de  Cellettes,  qui  a  le  môme  président, 
ces  prénoms  qui  manquent  sur  celui  de  Vineuil,  déchiré  à  cet  endroit. 


164  BAiixiAr.R  de  blois 

civil,  criminel  et  de  police  de  la  haute  justice,  terre  et  seigneurie  de 
Vineuil,  demeurant  à  Blois.  Même  président  qu'à  Cellettes. 

Population  :  450  feux. 

Comparants  :  Claude  Bélier,  syndic  de  la  paroisse  ;  Pierre  Lecour, 
René  Donnay,  Alexis  Boutault,  Pierre  Élie,  Pierre  Moreau,  Etienne 
Petiau,  Jean  Manguin,  Mathurin  Arnoton,  et  Louis  Belin,  officiers 
de  l'assemblée  municipale  et  de  la  paroisse  de  Vineuil; ...  <*)  Petit  ; 
Jacques  Mordelet  ;  Sylvain  Persillet  ;  Pierre  Fromet  bonhomme  ; 
Pierre  ...,  le  jeune  ;  Jacques  Blanvillain  ;  François  Guignebert  ;  Etienne 
Proust  ;  Jean  Lu...  ;  Denis  Belin  ;  Pierre  Lamarre  ;  Pierre  Desouches  ; 
Claude  Gaillot;  Michel  Blanvillain  ;  Etienne  Audebert  ;  Jean  Lambert  ; 
Jean  Billault;  Michel  Belin;  Jacques  Fleury;  ...  Boutault  ;  Alexis  Bou- 
tault ;  Pierre  Belin  ;  Mathurin  Pezay  ;  Jacques  Loquineau  le  jeune  ; 
Jean  (Jault  ;  Jean  Bcllier  ;  Pierre  Belouin  ;  Pierre  Fromet  ;  François  Fleury  ; 
Jacques  ...  ;  Sylvain  Gendrier  ;  Pierre  Manguin  ;  François  Gault  ;  Vin- 
cent Bordier;  Etienne  Fleury  ;  François  Puault  ;  Barthélémy  Billault  ; 
Denis  Morioux  ;  Jacques  Morioux;  Alexis  Grandineau  ;  Louis  Ledoux  ; 
Claude  Guignebert  ;  Louis  Lambert  ;  François  Guid...  ;  Nicolas  Sébille; 
Jean  Ribrioux;  Jean  Charon  ;  Jean  Chabot  ;  Jean  Lacaille  ;  Denis 
Jumeau  ;  ...  Porcher;  Pierre  Moreau;  Claude  Lamarre  ;  Louis  Veillon  ; 
François  Beloin  ;  Jean  Heillot;  Jacques  Dureuil  ;  Jean  Belin;  Louis 
Livée  ;  Michel  Desouches;  Denis  Sinet;  PaulCrou...  ;  Benoist  Billault  ; 
Michel  Belin  ;  Denis  Guignard  ;  Pierre  Heillot  ;  Claude  Guignebert  ; 
Ribrioux  père  ;  Claude  Ribrioux  fils  ;  Jean-Eloy  Billault  ;  Jacques  Bil- 
lault ;  Sylvain  Jourdane  ;  Pierre  Pezay;  Mathurin  Chotard  ;  Pierre 
Fleury  ;  Mathurin  Fleury  ;  Jean  Blanvillain  ;  Pierre  Rondin  ;  Jean 
Belin;  Pierre  Jameau  ;  Claude  Loquineau  ;  François  Ribrioux;  Jean 
Gendrier;  Mathurin  Liémard  ;  Jean  Fouilloux  ;  Alexis  Audebert  ;  Fran- 
çois Terreau;  G...  Boispiveau  ;  Jacques  Durand  l'aîné  ;  Etienne  Heil- 
lot; Louis  Belin  ;  Alexis  Gailliot  ;  Jean  ...  ;  Michel  Gault  l'aîné  ;  Fran- 
çois Morioux  ;  Pierre  Huet  ;  Jacques  Fromet  ;  Pierre  Fromet  ;  Pierre 
Gou...  ;  Jacques  Brochard  ;  Etienne  Brunet  ;  Claude  Guignebert  ;  Pierre 
Fleury  ;  Jean  Labbé  ;  Jean  Gendrier  ;  Pierre  Galloin  ;  Jacques  Lamarre  ; 
Jean  Belin  ;  Pierre  Adam  ;  André  Amiot  ;  Pierre  Fromet  ;  Jean  Elaine  ; 
Jacques-Sylvain  Durand  ;  Jacques-Sylvain  Moreau  ;  Jean  Lamarre  ; 
Louis  Bruslé  ;  Jean  ...  ;  Jacques  Gallois;  Claude  Mignot;  Nicolas  Blan- 
che ;  Alexis  Blanvillain  ;  Simon  Belin;  Jean  ...  ;  Jean  Desouches  ;  Vin- 

<l)  Le  procès-verbal  étant  lacéré,  manquent  les  noms  de  plusieurs  comparants. 


CAI11EU    DE    VINEUIL  165 

cent  Huet  ;  François  Foissy  ;  Jean  Belouin  ;  Jean  Jameau  ;  Etienne 
Rangeard  ;  Sylvain  Belin;  Jacques  Fontaine  ;  Pierre  Lambert;  Jacques 
Blanvillain;  Jean  Fromet  ;  Jean  B...  ;  Victor  Simon;  Pierre  Bamard  ; 
Pierre  Lamarre  ;  Pierre  Lambert  ;  Simon  Porcher  ;  JPierrc  La...  ;  Denis 
Belin;  Claude  Labbé  ;  Vincent  Dubois  ;  Denis  Belin-Dubois  ;  Sylvain 
Fromet;  Pierre  Ga...  ;  Pierre  Belin  ;  Jean  Bourassin  ;  Jean  Gounet  ; 
Pierre  Blanvillain  ;  Pierre  Fleury  ;  Pierre  Amiot  ;  François  Amiot  ; 
Vincent  Bordier  ;  Siméon  Cochereau,  notaire. 

Députés  :  Huard,  bailli  de  la  justice  de  Vineuil  ;  Jean  François 
RifTault,  procureur  fiscal  de  cette  justice  ;  Denis  Guignard,  Jacques 
Fleury  et  Louis  Belin. 

Suivent  5i  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  remontrances  et  doléances  que  les 
habitants  de  la  paroisse  de  Vineuil,  bailliage  de  Mois, 
ont  l'honneur  de  représenter  très  humblement  à  Sa 
Majesté. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Vineuil,  écrasés  d'impôts 
qu'il  ne  leur  est  plus  possible  de  supporter,  assurent  le  Roi 
de  leur  fidélité  et  soumission  ;  ils  savent  que,  comme  ses 
sujets,  ils  doivent  supporter  les  charges  de  TÉtat,  mais  ils 
espèrent  de  sa  bonté  qu'il  voudra  bien  ne  les  comprendre 
dans  leur  répartition  que  dans  une  juste  proportion.  En  con- 
séquence ils  osent  demander  : 

[Les  articles  \ ,  2  et  3  sont  identiques  aux  articles  4 ,  2  et  3  du  cahier 
de  Cellettes.] 

4°  Ils  exposent  que  le  sol  de  leur  paroisse  n'est  en  partie 
propre  qu'à  la  culture  de  la  vigne,  que  la  production  est  char- 
gée d'impôts  onéreux  qui  empêchent  la  consommation,  que 
périodiquement  tous  les  sept  ans  celte  espèce  de  culture  est 
entièrement  ravagée  et  détruite  par  des  vers  qui  enlèvent 
toute  espérance  de  récolte  pour  plusieurs  années  de  suite,  et 
que  par  la  situation  de  leurs  terrains  il  sont  souvent  exposés 


166  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

aux  inondations  de  la  Loire  qui,  en  les  ensablant,  anéantit 
leurs  propriétés;  que  sans  cesse  ils  sont  exercés  par  des 
gens  qui  ne  cherchent  qu'à  les  trouver  en  fraude  pour  leur 
faire  éprouver  des  contestations;  que  ces  différentes  gènes 
détruisent  entièrement  le  commerce  ;  ils  demandent  donc  la 
suppression  entière  dos  aides  avec  lesquelles  il  n'est  plus 
possible  de  tirer  aucun  parti  des  productions  de  la  vigne. 
Mais  ils  savent 

[La  fin  de  cet  article  est  identique  à  la  fin  de  l'article  4  du  cahier  de 
Cellettes.  Les  articles  5  et  6  sont  identiques  aux  articles  5  et  6  du 
cahier  de  Cellettes.  Les  articles  6,  8  et  9  et  le  dernier  paragraphe  sont 
identiques  aux  articles  9,  40  et  il  et  au  dernier  paragraphe  du  cahier 
de  Cellettes.] 

Fait  et  arrêté  au  banc  de  l'œuvre,  l'assemblée  convoquée 
en  la  forme  ordinaire,  le  3  mars  1789.  Les  non-signants  ont 
déclaré  no  savoir  signer. 

(Suivent  53  signatures,  celles  de  :  Bellier,  syndic;  Gui- 
gnard  :  Fleury;  Belin  ;  Riffault;  Huard,  etc.) 


SAINT- GER  VAIS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Blois-Ouest. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse,  Blois. 

Justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  lundi  de  Pâques. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  Roi. 

Population  en  1789  :  278  habitants. 

Taille  :  1.414  1.  (principal  :  650  1.  ;  accessoires  :  353  1.;  capitation: 
44i  1.) 


CAHIER    DE    SALNT-GKRVAIS  167 

Capital  ion  des  privilégiés  :  néant. 
Vingtièmes  :  501  1.  12  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Ce  procès-verbal  n'est  pas  rédigé  suivant  le  texte  de  la  formule  im- 
primée. 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Claude  Richard,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  n'est  pas  indiquée.  Le  procès-verbal  de  rassemblée 
préliminaire  du  bailliage  de  Blois  indique  76  feux. 

Comparants  :  Claude  Richard,  syndic  ;  Pierre  Hanot  ;  Pierre 
Guibert  ;  Jean  Nay  ;  François  Michelin  ;  Jacques  Nay  ;  François 
Chouard  ;  Jacques  Sabart  ;  François  Simon  ;  Jean  Grias  ;  Guil- 
laume, Pierre  et  Jean  Fouillou  ;  Guillaume  Bouquin  ;  Pierre  Hanot 
fils;  Pierre  Guillon  ;  Jacques  Hanot;  François  Nay;  Jacques  et  Jean 
Guertin  ;  Gervais,  François  et  Jacques  Michelet  ;  Pierre -André  Arnoult; 
Michel  Mauguin  ;  François  Dufoix  ;  Jean  Dessouches  ;  Augustin  et  Sé- 
bastien Cheroutte  ;  Jean-Baptiste  Guillon  :  Jacques  Ragault  ;  Michel  et 
Gervais  Blin  ;  Jacques  Breton  ;  Louis  Berton  père  et  fils  ;  Pierre  Bril- 
liaut;  Sylvain  Munier;  Louis  Lefein  ;  Jean  Nay  fils;  Louis  Mestivier 
père  et  fils  ;  Pierre  Chouard  ;  Jean  Duvau  ;  Nicolas  et  Gentien  Hanot  ; 
François  Vignaux  ;  Sylvain  Renoux  ;  Jacques  Foy  ;  Claude  Fouillou  ; 
.Pierre  Lambert;  Pierre-Gentien  Hanot. 

Députés  :  François  Cordelet  et  Pierre  Fouilliou. 

CAHIER  DE   DOLÉANCES 

Procès-verbal  des  doléances,  plaintes,  remontrances  et 
observations  des  habitants  de  la  paroisse  de  Saint- 
Gervais,  composée  de  76  feux. 

Lan  1789,  le  1er  jour  de  mars,  en  vertu  de  l'ordonnance 
de  M.  le  lieutenant  général  au  bailliage  et  présidial  de  Blois, 

Nous,  soussigné*  Claude  Richard,  syndic  de  lacommunaulé 
municipale  de  la  dite  paroisse,  avons  convoqué  au  son  de  la 


168  BAILMAGE    DR    BL01S 

cloche,  suivant  la  manière  accoutumée,  sous  la  galerie  de 
ladite  paroisse,  une  assemblée  générale  de  tous  les  habitants 
pour  déterminer  et  arrêter  les  vœux  et  les  plaintes  desdits 
habitants,  pour  ôtre  portés  par  devant  M.  le  lieutenant  gé- 
néral à  l'assemblée  qu'il  tiendra  au  palais  dudit  bailliage  et 
présidial  de  Blois. 

Après  avoir  conféré  tous  assemblés,  les  vœux  desdits 
habitants  se  réduisent  aux  articles  suivants. 

Art.  1er  —  Les  habitants  désirent  que  tous  les  biens-fonds 
sans  exception  soient  sujets  à  l'impôt  territorial,  qu'il  n'y  a 
pas  d'autre  moyen  pour  soulager  les  gens  de  la  campagne. 

Art.  2. —  Les  habitants  désirent  que  le  sel  soit  marchand, 
ou  qu'au  lieu  de  treize  sols  et  demi  qu'il  vaut  actuellement 
la  livre,  il  soit  réduit  à  moitié,  ce  qui  soulagerait  beaucoup 
les  campagnes  qui  ne  peuvent  se  dispenser  d'en  employer 
beaucoup  pour  les  salaisons. 

Art.  3. —  Les  habitants  désirent  que  les  receveurs  des  tailles 
soient  supprimés,  et  qu'il  est  (sic)  facile  et  beaucoup  moins 
dispendieux  de  les  remplacer  en  établissant  dans  toutes  les 
maisons  de  ville  un  receveur  qui  serait  chargé  de  percevoir 
les  deniers  royaux  de  toutes  campagnes,  lequel  receveur  les 
ferait  passer  directement  au  trésor  royal  ;  comme  aussi  de 
supprimer  huissiers  des  tailles  qu'on  pourrait  remplacer  en 
autorisant  les  collecteurs  à  saisir  par  eux-mêmes,  ce  qui  coû- 
terait beaucoup  moins  aux  gens  de  la  campagne. 

Art.  4.  —  Les  habitants  désirent  que  les  aides,  leurs  direc- 
teurs et  commis  soient  supprimés  ;  qu'il  serait  (sic)  beaucoup 
moins  dispendieux  de  lever  un  petit  impôt  sur  les  vins  et 
eaux-de-vie,  ce  qui  donnerait  beaucoup  plus  de  facilité  à  ce 
commerce. 

Observations.  —  Les  habitants  font  observer  que,  dans  le 
courant  de  janvier  dernier,  le  débordement  de  la  Loire  occa- 
sionné par  la  fonte  des  glaces  a  causé  des  ravages  considé- 
rables  dans  la  prairie  de  ladite  paroisse,   que  les  eaux  ont 


CAHIER    DE    SÀINT-GERVAIS  169 

emporté  les  glacis  du  petit  pont  de  Saint-Gervais  (*),  que  les 
eaux  ont  rompu  une  bonne  partie  du  pont  SainHVlichel  <2), 
ont  entraîné  les  pierres  dans  la  prairie  dont  la  plus  grande 
partie  est  sablée  <3),  qu'environ  dans  la  longueur  d'une 
demie-lieue,  le  lit  de  la  rivière  du  Cosson  qui  passe  dans  la- 
dite paroisse  est  entièrement  comblé,  ce  qui  oblige  les  eaux  de 
se  répandre  dans  tous  les  prés  de  la  partie  inférieure,  et  ce 
qui,  dans  la  partie  supérieure,  oblige  les  eaux  de  remonter  et 
par  conséquent  de  l'inonder,  ainsi  qu'un  petit  val  qui  restait 
aux  habitants  pour  dernière  ressource  pour  y  semer  des 
grains,  ce  qui  cause  aux  habitants  un  dommage  considérable 
et  leur  ôte  tous  les  moyens  de  pouvoir  subsister,  surtout  dans 
une  année  où  le  peu  de  vignes  qu'il  y  a  dans  la  paroisse  est 
entièrement  gelé  d'hiver,  sans  aucune  espérance  de  récolte, 
et  dans  une  année  où  le  pain  est  hors  de  prix,  ce  qui  mettra 
les  habitants  hors  d'état  de  payer  ni  les  impôts,  ni  les  fermes 
qui  font  leur  seule  subsistance  et  leur  seule  ressource, 
n'étant  point  tous  propriétaires  ni  de  la  prairie,  ni  des  terres, 
ni  des  vignes. 

Fait  et  arrêté  ledit  jour  et  an  ci-dessus  sous  la  galerie  de 
ladite  paroisse,  en  présence  de (Suivent  51  noms). 

A  Saint-Gervais,  ce  1er  mars  1789. 

(Suivent  19  signatures,  celles  de  :  François  Guignebert, 
syndic  de  la  paroisse  ;  Richard,  syndic  de  la  compagnie 
municipale  :  Pierre  Fouilliou,  député  ;  François  Cordelet, 
député,  etc.) 


<l>  Pont  sur  le  Cosson,  où  passent  les  routes  de  Blois  au  Blanc,  à  Château- 
roux  et  à  Romorantin. 

<*)  Autre  pont  sur  le  Cosson,  en  aval  du  précédent,  où  passait  autrefois  la  route 
de  Paris  à  Bordeaux  par  Blois,  Montrichard  et  Loches. 

W  Ensablée. 


6. 


170  BAILLIAGE    DE   BL01S 


CHAILLES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Blois-ouest. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  jour  de  Saint-Laurent. 

Principales  cultures  :  vigne,  prés. 

Seigneur  en  1768  :  Mme  Barrée. 

Seigneur  en  1789  :  Christophe-Marie,  comte  de  Beaumont,  capitaine 
au  régiment  Royal-Lorraine,  seigneur  de  Villouet  W. 

Population  en  1790  :  582  habitants. 

Taille  :  4.400  1.  (principal  :  2.020  1.  ;  accessoires  :  i.4001.  ;  capita- 
tion  :  1.2801.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.733  1.  12  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  5  mars  1789. 

Président  :  Henri  Argi  de  Chatillon,  procureur  fiscal  de  la  ch&tel- 
lenie  du  Plessis-Villelouet  et  Chailles,  expédiant  en  l'absence  et  indis- 
position du  bailli. 

Population  :  148  feux. 

Comparants  :  Michel  Chéreau  ;  Sébastien  Bordier  ;  René  Pinon  ; 
Jean  Voiron  ;  Jean  Richard  ;  Etienne  Chéreau;  Jean  Robert;  Adrien 
Clemenceau  ;  Pferre  Pasquier;  Henri  Chasteau;  Gabriel  Rousseau; 
Vincent  Beaussier;  Nicolas  Parent;  Louis  Henrion  ;  Louis  Chéreau; 
François  Barras  ;  Louis  Henrion  ;  Louis  Robert  ;  Georges  Courtault  ; 
Pierre  Briquet  ;  Jean  Laboureau  ;  Michel  Briquet  ;  Michel  Soupireau. 


(*)  Ce  titre  n'est  pas  indiqué  au  procès-verbal  de  la  noblesse.  Cf.  L.  A.  Bergevin. 
Histoire  manuscrite  de  l'arrondissement  de  Blois.  Bibl.  de  Blois.  Ms.  99,  p.  180. 


CAHIER   DE   SELIR  171 

Députés  :  Michel  Briquet,  marchand  et  laboureur,  et  Henri  Argi  de 
Chatillon,  procureur  fiscal. 

Suivent  7  signatures. 

Cette  nomination  ne  fut  sans  doute  pas  acceptée  sans  difficultés,  car 
à  l'appel  des  députés  de  cette  paroisse  à  l'assemblée  préliminaire 
du  bailliage  de  Blois,  le  lieutenant  général  rendit  l'ordonnance  sui- 
vante : 

«  En  cet  endroit,  vu  le  procès-verbal  du  5  de  ce  mois  de  l'expé- 
diant de  la  justice  de  Chailles,  ouï  sur  ce  le  procureur  du  Roi,  disons 
que  l'article  25  du  règlement  du  24  janvier  dernier  sera  exécuté  ;  en 
conséquence,  sans  nous  arrêter  à  toutes  autres  délibérations  faites  en 
ladite  paroisse,  ordonnons  que  ledit  procès-verbal  sera  exécuté  selon 
sa  forme  et  teneur.  »  (Arch.  nat.  BA  22,  plaquette  6). 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


SEUR 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Contres. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  non  exercée.  Justice  de  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne, 

Seigneur  en  1768  :  Me  Guéret. 

Seigneur  en  1789  :  Louis  Guéret,  écuyer,  seigneur  de  Seur,  con- 
seiller du  Roi,  lieutenant  particulier  au  bailliage  de  Blois. 

Population  en  1790  :  173  habitants. 

Taille  :  1.088  1.  (principal  :  500  1.  ;  accessoires  :  272  1.;  capitation  : 
316  I.) 


172  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 
Vingtièmes  :  475  1.  15  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Louis  Guéret,  écuyer,  seigneur  de  Seur,  conseiller  du 
Roi,  lieutenant  particulier  au  bailliage  et  siège  présidial  de  Blois. 

Population  :  44  feux. 

Comparants  :  Charles  Gerberon,  syndic;  Jean  Hadou,  ancien  syn- 
dic de  la  subdélégation  ;  Jean-François  Caron,  maître  en  chirurgie; 
Pierre  Rousseau,  tailleur  d'habits;  Louis  Hadou  fils;  Pierre  Delaunay, 
vigneron;  Mathurin  Rocheron,  laboureur;  Jacques  Mesneau  ;  Jacques 
Cholet  ;  François  Auger  ;  Jean  Laurent  ;  Michel  Richard. 

Députés  :  Louis  Guéret,  de  Seur,  lieutenant  particulier  au  bailliage 
de  Blois,  et  Jean-François  Caron,  maître  en  chirurgie. 

Suivent  7  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  de  la  paroisse  de  Seur-en-Sologne. 

Pour  se  conformer  aux  intentions  de  Sa  Majesté  et  à  la 
bonté  qu'elle  témoigne  à  ses  peuples,  suivant  ses  lettres 
données  à  Versailles  le  24  janvier  dernier,  et  conformément 
à  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général  en  date  du  12  fé- 
vrier dernier,  les  habitants  de  la  paroisse  de  Seur  disent 
pour  leurs  plaintes,  doléances  et  remontrances,  qu'il  est 
impossible  qu'ils  payent  le  capital  des  impôts  à  laquelle  (sic) 
cette  paroisse  est  fixée.  Elle  n'est  composée  que  de  44  feux, 
dont  il  y  en  a  que  8  qui  à  peine  peuvent  payer  chacun  vingt 
sols;  et  néanmoins  cette  paroisse  paye  la  somme  de  1.099 
livres  pour  le  capital  de  la  taille  avec  ses  accessoires.  Cette 
classe  d'habitants  ne  consiste  qu'en  de  malheureux  vigne- 
rons chargés  de  grosses  familles,  et  en  deux  laboureurs 
seulement. 


CAHIER   DE    SEUK  173 

Le  sol  du  pays  est  de  mauvaises  terres  à  seigle,  très  peu 
à  froment,  et  fort  ingrat,  qui  ne  produit  qu'avec  beaucoup 
de  fatigues  et  de  sueurs,  et  la  récolte  dernière  en  grains  a 
été  si  peu  de  chose  qu'ils  n'ont  pas  de  quoi  subsister,  et  les 
vignes  sont  gelées  de  manière  à  n'espérer  presque  pas  de 
récolte  d'ici  à  plusieurs  années,  joint  aux  pertes  considéra- 
bles qu'on  a  fait  cet  hiver  de  vin  dans  les  celliers. 

II  serait  bien  à  désirer  qu'à  l'assemblée  générale  des 
États,  on  pût  prendre  des  mesures  pour  les  délivrer  de  cet 
impôt  désastreux  sous  le  fardeau  duquel  ils  succombent 
depuis  plusieurs  années. 

Pour  y  remédier,  il  y  aurait  un  moyen,  celui  d'en  changer 
la  nature  et  d'en  simplifier  la  perception,  en  supprimant  les 
receveurs  généraux  des  finances  et  les  receveurs  particu- 
liers des  impôts;  charger  la  municipalité  de  chaque  paroisse 
d'en  faire  le  recouvrement,  le  porter  directement  et  sans 
frais  aux  officiers  municipaux  des  villes  qui  le  verseraient 
directement  et  aussi  sans  frais  au  trésor  royal. 

Il  serait  aussi  bien  essentiel  de  charger  toutes  les  proprié- 
tés territoriales  de  payer  l'impôt,  et  d'y  assujettir  indistinc- 
tement les  trois  Ordres,  le  Clergé,  la  Noblesse  et  le  Tiers 
état,  au  lieu  des  vingtièmes  et  tailles.  Ceci  allégerait  les 
habitants  des  campagnes  qui  n'ont  d'autres  ressources  que 
leurs  bras  et  leur  industrie,  et  imposer  cette  classe  d'agri- 
culteurs à  un  autre  impôt  léger  comme  capitation  indus- 
trielle. L'impôt  des  corvées  était  si  nuisible  aux  agriculteurs 
des  campagnes  qu'il  a  été  changé  en  une  somme  en  argent, 
somme  qui  semblerait  devoir  être  plutôt  répartie  sur  tous 
les  propriétaires  de  la  province  et  sur  ceux  qui  possèdent 
des  emplois  que  sur  les  malheureux  colons. 

Rien  n'est  aussi  plus  nécessaire  que  de  soulager  les  cam- 
pagnes, dont  l'industrie  de  ses  habitants  fait  subsister  les 
villes  en  partie,  et  môme  de  leur  donner  des  encourage- 
ments. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Seur  demandent  la  sup- 
pression des  fermes  des   aides  et  gabelles,  dont  les  frais 


174  BAILLIAGE    DE   BL01S 

de  perception  et  de  régie  sont  énormes  et  les  vexations 
inouïes  ; 

Que  l'on  supprime  les  offices  des  jurés-priseurs,  dont  les 
frais  et  les  formes  dévorent,  surtout  dans  les  campagnes,  les 
pauvres  petites  successions  mobilières; 

Que  l'on  diminue  l'extension  des  contrôles  sur  tous  les 
actes,  qui  gênent  et  vexent  tous  les  peuples,  notamment  les 
habitants  des  campagnes; 

Que  l'on  annule  l'échange  fait  entre  Sa  Majesté  et  M.  le 
comte  d'Espagnac  <*)  ;  tous  les  habitants  de  la  paroisse  de 
Seur,  tous  les  seigneurs,  tous  les  propriétaires  de  biens- 
fonds  qui  avoisinent  la  forêt  de  Russy,  demandent  avec  les 
plus  vives  instances  la  nullité  de  cet  échange.  La  moitié  et 
plus  de  cette  forêt  qui  a  été  donnée  à  ce  seigneur  est  un 
objet  qui  ne  devrait  rester  que  dans  une  main  puissante  telle 
que  Sa  Majesté,  qui  ne  fait  des  coupes  de  ces  bois  au  plus  tôt 
que  tous  les  cent  ans,  ce  qui  fournit  des  merrains,  des 
échalas  et  des  bois  de  rottées  (2),  tant  pour  enfûter  <3)  les 
vins  que  pour  les  réduire  en  eaux-de-vie,  dans  cette  paroisse 
qui  ne  consiste  qu'en  vignes.  Si  cet  échange  subsiste,  sous 
dix  ans  cette  forêt  sera  rasée  et  le  pays  sera  ruiné,  les  habi- 
tants seront  contraints  de  faire  des  émigrations,  et  les 
propriétaires  des  biens-fonds  seront  hors  d'état  de  payer 
l'impôt  et  abandonneront  leurs  propriétés. 

Ces  habitants  de  Seur  disent  qu'avant  l'échange  et  depuis 
des  siècles,  ils  jouissaient  du  droit  de  croc  et  mail  W  dans 
cette  forêt,  qu'ils  y  faisaient  pacager  leurs  vaches  et  autre 
bétail,  seule  ressource  du  pays  pour  avoir  des  engrais  pour 
fertiliser  leurs  champs,  qu'ils  payaient  annuellement  à  Mme  la 
marquise  de  Saumery,  par  chaque  feu,  un  droit  de  gruage 
qui  consiste  en  six  boisseaux  de  seigle   et  quatre  boisseaux 


<«>  Cf.  p.  14,  notei. 

<2>  Rottée  :  ancien  synonyme  de  bourrue,  fagot  lié  avec  une  rotte.  Ancienne 
mesure  de  bois  de  chauffage. 
<3)  Enfùter  :  mettre  en  fûts. 
\*)  Droit  d'usage  de  bois  mort. 


CAHIER   DE   CHITENAY  175 

d'avoine,  qu'ils  sont  depuis  cette  aliénation  privés  de  tous 
ces  droits,  et  qu'ils  n'en  paient  pas  moins  la  même  rede- 
vance annuelle,  ce  qui  devient  encore  une  surchage  pour 
eux  <*). 

Ils  disent  que  le  grand  chemin  de  la  Sologne  qui  passe  sur 
le  pont  de  Seur  et  conduit  à  Blois  est  impraticable,  surtout 
depuis  le  moulin  de  Huchepoche  W  jusqu'à  la  forêt  de 
Russy.  Ces  habitants  demandent  que  ce  chemin  soit  rétabli, 
et  qu'au  moyen  de  ce  que  les  ponts  appelés  Saint-Michel  <3) 
sont  rompus  depuis  la  dernière  crue,  et  qu'ils  sont  obligés 
de  faire  un  long  circuit  dans  la  forêt  pour  atteindre  le  pont 
neuf  W  et  la  levée  construits  au  milieu  de  la  prairie  de  Saint- 
Gervais,  ils  demandent  que  la  route  de  Seur  à  Blois,  percée 
dans  la  forêt  et  qui  conduit  à  ce  pont,  soit  nettoyée,  ferrée 
ou  bloquée  et  enfin  rendue  praticable  pour  lesdits  habitants 
et  pour  l'exportation  de  leurs  denrées  en  ville. 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  Gerberon,  syndic  ;  Caron; 
Guéret  de  Seur,  etc.) 


CHITENAY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  -.Contres.  —  Comm.  : 
forme  aujourd'hui  les  deux  communes  de  Chitenay  et  de  Corme- 
ray. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Cheverny,  ressortissant  à  Blois,  et  haute  justice  du  châ- 
teau de  Cormeray,  ressortissant  h  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

<*)  Cf.  p.  164,  article  6  du  cahier  de  Cellettes  et  note  2. 

W  Moulin  d'Usepoche  (carte  de  l'état- major),  sur  le  Beuvron  au  sud   du   bourg 
de  Seur. 
l3>  Cf.  p.  169,  note  2. 
(*>  Cf.  p.  169,  note  1. 


176  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Assemblée  :  la  fête  de  la  Vierge. 

Principale  cullure  :  deux  tiers  en  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  marquis  de  Souvré. 

Seigneur  en  1789  :  Jean-Frédéric-Guillaume  de  Sahuguetd'Amarzît, 
comte  d'Espagnac,  maître  de  camp  de  cavalerie,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  baron  de  Lussac,  Cormeray  et  autres  lieux. 

Populatioîi  en  1790  :  916  habitants. 

Taille  :  6.659  1.  (principal  :  3.058  1.  ;  accessoires  :  1.6641.  ;  capita- 
tion  :  1.937  1.;. 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  5.071  1. 11  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Antoine  Serreau,  bailli  de  la  baronnie  de  Cormeré-le- 
bourg  W.  Même  président  qu'à  Ouchamps. 

Population  :  206  feux. 

Comparants  :  Pierre  Gitton  ;  Philippe  Tournier  ;  Jeau  Bagnault  ; 
Charles  Guénault  ;  René  Guillemot  ;  Nicolas  Guignebcrt  ;  François 
Lamy  ;  René  Gauchet  ;  Pierre  Javelle  :  Henri  Jallon  ;  Claude  Gaillard  ; 
Pierre  Tireau  ;  Jacques  Brou  ;  Jean  Pouché  ;  François  Egrel  ;  Louis 
Jacquelin  ;  Jacques  Gaucher  ;  Louis  Bidou  ;  A! athias  Bauchard  ;  Jean 
Bouteloup  ;  Benoist  Dudoigt  ;  Etienne  Bouché  ;  Pierre  Marteau  ; 
Etienne  Habert  ;  Claude  Grillet  ;  Catien  Menant  ;  Louis  Hermeloup  ; 
Antoine  Guignebcrt  ;  Charles  Morcelet  ;  Simon  Bouché  ;  Jacques  Bou- 
ché; François  Pagot  ;  Jean  Melon  ;  Jean  Chrétien;  Jacques  Daridan  ; 
Sylvain  Grapillon  ;  François  Louet  ;  Alexis  Tourlet  ;  René  Sauvage  ; 
Jacques  Girollet  ;  Michel  Collaty  ;  Louis  Huguet  ;  Pierre  Mesnard;  Jean 
Gaultier  ;  Augustin  Bouteloup  ;  Jean  Harrault;  Clément  Couretin; 
Marcou  Groustau  ;  Christophe  Lefin  ;  Claude  Lemaître  ;  Denis  Four- 
nais  ;  François  Peguet. 

Deshayes,  curé,  n'est  pas  mentionné  dans  la  liste  des  comparants  ;  il 
a  cependant  signé  le  procès-verbal  et  le  cahier  de  doléances. 

0)  Alias  Ouchamps. 


CAHIER   DE   CHITENAY  177 

Députés  :  Antoine  Serreau,  bailli  du  bailliage  de  Cormeray,  et  Pierre 
Gitton,  boulanger. 

Suivent  49  signatures. 

Le  comte  d'Espagnac,  seigneur  de  Cormeray,  avait  aussi  été  nommé 
député,  mais  son  nom  est  rayé  sur  le  procès-verbal,  et  la  vérification 
du  secrétaire  du  lieutenant  général  est  ainsi  conçue  :  «  Vu  et  vérifié 
par  nous  secrétaire  de  monsieur  le  lieutenant  général,  défaut  du  sei- 
gneur baron  d'Espagnac,  et  au  moyen  de  ce  qu'il  n'a  pas  accepté  a  été 
dit  par  l'ordonnance  de  mondit  sieur  le  lieutenant  général  qu'il  serait 
rayé  du  nombre  des  députés.  A  Blois,  ce  9  mars  1789.  »  Signé  :  Fer- 
rand  fils. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  faites  par  la  paroisse  de  Chitenay,  élection  de 
Blois,  à  rassemblée  des  Étals  généraux. 

Art.  1er.  —  Il  a  été  depuis  peu  créé  dos  huissiers-priseurs 
par  chaque  arrondissement  des  bureaux  de  contrôle  des 
actes,  avec  des  attributions  qui  sont  si  considérables,  dans 
un  pays  aussi  pauvre  que  le  nôtre,  que  souvent  les  ventes 
des  meubles  sont  absorbées  par  leurs  transports  et  vaca- 
tions ;  ce  qui  se  ferait  pour  cinquante  sols  coûte  neuf  et  dix 
livres  ;  il  résulte  d'autres  inconvénients  de  ce  qu'un  seul 
homme  pour  un  aussi  grand  arrondissement  ne  peut  pas 
vaquer  à  tout  à  la  fois,  et  que  souvent  un  clerc  qui  n'a  au- 
cune expérience,  lorsqu'il  est  pourvu  et  qu'on  ne  peut  s'en 
passer  sans  craindre  d'être  poursuivi  de  lui,  par  sa  mauvaise 
prisée  fait  beaucoup  de  tort  aux  parties  dans  les  partages  et 
règlements;  en  demander  la  suppression. 

Art.  2.  —  Demander  que  les  francs-fiefs  soient  suppri- 
més, que  les  fiefs  tombés  en  roture  soient  partagés  par  égales 
portions  entre  les  héritiers,  tant  en  ligne  directe  que  collaté- 
rale, afin  de  mettre  de  l'égalité  dans  les  familles  qui  n'ont 
point  d'intérêt  à  des  droits  d'aînesse,  le  partage  des  terres 
devenant  d'ailleurs  d'un  produit  bien  plus  considérable  qu'en 
corps  de  terre. 


178  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Art.  3.  —  Les  droits  de  courtiers-jaugeurs  ayant  été  éta- 
blis pour  inspecter  la  qualité  et  la  continence  <!)  des  ton- 
neaux, demander  que  lorsqu'un  particulier  transportera  des 
vins  de  son  crû  d'une  maison  à  une  autre  pour  son  compte, 
il  ne  soit  dû  aucun  droit  et  que  les  congés  en  soient  délivrés 
gratis,  les  droits  n'étant  dus  et  ne  devant  être  payés  qu'à  la 
vente  (2>  ;  qu'il  en  soit  de  même  lorsqu'on  voudra  brûler  dans 
une  maison  des  environs,  faute  d'alambics.  Les  certificats  de 
décharge  d'eau-de-vie  font  une  grande  gène  au  commerce  ; 
apporter  un  adoucissement. 

Art.  4.  —  Observer,  dans  le  cas  où  on  laisserait  subsister 
une  portion  des  tailles  dans  les  campagnes,  que  la  généralité 
d'Orléans  a  été  considérablement  augmentée  depuis  trente 
ans  dans  différents  départements  (3)  ;  vérifier  les  registres  du 
Conseil  des  départements  et  comparer  ce  que  paye  de  plus 
la  généralité  d'Orléans  sur  cette  partie  d'impôts  d'avec  plu- 
sieurs généralités  qui  ont  augmenté  considérablement  en 
industrie  et  en  commerce,  qui  sont  très  ménagées. 

Art.  5.  —  Demander  qu'il  soit  permis  aux  main-mortes 
d'aliéner  plus  facilement  des  biens  qui  deviennent  intéres- 
sants par  la  proximité  à  certains  particuliers  et  qui  sont  de 
moindre  considération  pour  les  main-mortes,  avec  néan- 
moins des  formalités  telles  que  des  consentements  de  l'ordi- 
naire des  communautés,  chapitres,  assemblées  d'homologa- 
tion, seulement  devant  le  lieutenant  général,  sans  avoir 
recours  aux  Cours  souveraines  dont  les  dépenses  empêchent 
d'y  penser. 

Art.  6.  —  Demander  que  des  fonds  destinés  aux  corvées, 


(*>  Sic.  Lire  :  contenance. 

<*)  En  effet,  les  droits  de  courtiers-jaugeurs  étaient  dus  non  seulement  à  la 
vente,  mais  à  l'enlèvement  sur  les  boissons  enlevées  sans  mutation  de  propriété 
du  lieu  où  elles  avaient  été  façonnées  pour  être  transportées  dans  d'autres  lieux, 
même  dans  la  maison  d'habitation  des  propriétaires  et  pour  leur  provision 
(Moreau  de  Beau  mont,  Mémoire*  concernant  les  impositions  et  droits,  édit.  de 
1787,  2-  partie,  p.  278). 

(*)  Département  doit  s'entendre  ici  dans  le  sens  de  répartition. 


CAHIER   DE   GHlTEiNAY  179 

il  en  soit  employé  une  partie  à  faire  des  chemins  vicinaux 
qui,  dans  plus  de  moitié  de  l'année,  deviennent  imprati- 
cables et  ne  permettent  pas  de  pouvoir  enlever  les  denrées  ; 
que  si  les  Etats  prenaient  des  mesures  pour  éviter  les  abus 
des  ponts  et  chaussées  qui  ont  fait  valoir  à  un  prix  trop  con- 
sidérable les  petits  ponts  qui  sont  déjà  établis,  il  en  coû- 
terait peu  pour  les  entretenir,  et  il  serait  fâcheux  de  les 
abandonner,  vu  l'avantage  et  la  facilité  de  l'exportation  des 
denrées. 

Il  y  a  encore  un  grand  abus  pour  l'adjudication  des  cor- 
vées; ce  sont  ordinairement  les  gens  des  ponts  et  chaussées 
ou  qui  en  sont  sortis,  et  par  conséquent  protégés  par  leurs 
chefs,  qui  s'en  rendent  les  adjudicataires  et  écartent  tous  ceux 
qui  pourraient  le  faire  à  meilleur  marché  en  les  intimidant  ; 
ne  les  pas  souffrir  en  aucun  cas  s'en  rendre  adjudicataires 
et  paraître  aux  adjudications. 

Art.  7.  —  Demander  le  rétablissement  des  grands  bail- 
liages et  que  soit  fait  un  règlement  pour  diminuer  les  frais 
de  procédures  ;  fixer  les  huissiers  qui,  dans  des  pays  pren- 
nent trente  sols  par  lieue,  et  dans  d'autres  vingt  sols  : 
que  les  appels  d'une  justice  de  campagne  n'aillent  plus 
dans  une  autre  de  campagne  ;  que  les  justices  de  cam- 
pagne puissent  juger  jusqu'à  vingt-quatre  livres,  en  dernier 
ressort. 

Art.  8.  —  Le  délai  des  lettres  de  ratification  est  trop  court 
de  deux  mois  pour  purger  les  hypothèques,  par  rapport  à 
réloignement  ou  absence  des  créanciers  qui  ne  prévoient 
pas  que  leurs  débiteurs  vendent  leurs  biens. 

Art.  9.  —  Les  banalités  portent  un  grand  préjudice  ;  per- 
mettre la  liberté  aux  particuliers,  en  indemnisant  les  proprié- 
taires de  ces  droits  par  les  personnes  y  assujetties,  dans  le 
cas  où  il  serait  nécessaire. 

Art.  10.  —  Demander  la  suppression  des  différents  ordres 
religieux  inutiles  et  ne  travaillant  point  à  l'éducation  de  la 
jeunesse,  particulièrement  les  maisons  qui  sont  répandues 


180  BAILLIAGE   DE    BL01S 

dans  les  différentes  campagnes,  chapitres,  prieurés,  abbayes 
et  bénéfices  simples  des  provinces  ;  renvoyer  les  sujets  dans 
les  maisons  du  même  ordre,  dont  il  s'en  faut  plus  des  trois 
quarts  quelles  no  soient  complètes,  qui  seront  tenues  les 
nourrir  et  entretenir  sans  exiger  de  pension  des  maisons  sup- 
primées, dont  il  serait  intéressant  de  vendre  les  biens  pour 
acquitter  les  charges  du  gouvernement,  ensemble  la  sup- 
pression des  chapitres,  prieurés,  abbayes  et  bénéfices 
simples. 

Comme  aussi  demander  qu'il  sorte  des  mains  des  religieux 
et  religieuses  qui  seront  conservés  tous  droits  de  seigneu- 
rie, censive,  justices  et  féodalités  qui  seront  également 
aliénés  et  le  prix  employé  à  l'acquittement  des  dettes  du 
gouvernement. 

Et  pour  faciliter  les  acquisitions,  permettre  d'en  payer 
le  prix  en  contrats  sur  les  finances  du  Roi  et  en  tous  effets 
royaux. 

Art.  il.  —  Demander  la  suppression  des  gabelles  ;  que 
tous  les  sujets  du  royaume,  même  les  privilégiés,  payent 
également  un  impôt  par  tète,  proportionné  à  la  quantité  de 
sel  qu'ils  pourront  consommer  ;  la  suppression  des  frais  de 
régie  et  l'égalité  dans  tout  le  royaume  réduiraient  la  dépense 
peut-être  au  quart  d'impôt  et  donneraient  encore  un  béné- 
fice pour  le  gouvernement  ;  le  peuple,  dans  les  pays  de 
grandes  gabelles,  au  prix  excessif  où  il  est  porté,  est  privé 
d'en  user,  ce  qui  est  cependant  de  première  nécessité  ;  et  le 
reculement  des  barrières. 

Art.  12.  —  Demander,  au  cas  de  l'impôt  territorial,  qu'il 
soit  permis  de  retenir  sur  les  rentes  constituées  dans  la  pro- 
portion, comme  aussi  de  faire  supporter  aux  fermiers  une 
partie  dudit  impôt. 

Art.  13.  —  Si  les  contrôles  des  actes  subsistent,  faire  un 
tarif  clair  et  précis  qui  ne  gène  point  les  parties  pour  toutes 
les  conventions  licites  qu'elles  voudront  imposer  et  qui  sont 
souvent  de  la  dernière  conséquence,  sur  lesquelles  très  ordi- 


CAHIER    DE   CHITENAY  181 

nai rement  les  commis  perçoivent  des  droits  arbitraires  qui 
sont  excessifs  et  souvent  contre  l'esprit  et  l'intention  du  Con- 
seil, et  que  les  droits  soient  diminués;  il  est  cruel  que  les 
droits  de  contrôle  et  insinuations  en  différents  cas  soient 
payés  suivant  les  qualités  des  parties,  et  surtout  dans  les 
renonciations,  il  est  assez  fâcheux  d'être  obligé  de  renoncer 
à  une  succession  sans  être  tenu  à  des  droits  excessifs  W  qui 
gênent  les  intentions  et  qui  occasionnent  des  perceptions  qui 
sont  considérables  ;  que  la  ville  de  Paris  y  soit  également 
assujettie. 

Art.  14.  —  Demander  l'égalité  pécuniaire  dans  les  impôts 
entre  le  Clergé,  la  Noblesse  et  le  Tiers  état  et  dans  toutes  les 
provices  du  royaume  ; 

Qu'il  soit  établi  une  taxe  sur  tous  les  domestiques  de  livrée 
et  de  luxe  ; 

Que  les  célibataires  soient  taxés  plus  que  les  autres  et 
privés  de  toutes  places  ; 

Comme  aussi  favoriser  et  récompenser  les  père  et  mère 
qui  auront  8  enfants  et  au-dessus. 

Art.  t5.  —  Demander  qu'il  soit  permis  de  racheter  les 
dîmes,  terrages.  rentes  foncières  et  autres  droits  onéreux 
tant  appartenant  au  clergé  qu'aux  seigneurs. 

Art.  16.  —  Demander  de  l'économie  dans  le  recouvrement 
de  l'impôt  ;  que  l'on  renvoie  le  plus  possible  des  militaires 
dans  leurs  provinces,  soit  en  les  licenciant  ou  leur  donnant 
des  semesses  (2),  pour  diminuer  les  dépenses  qu'occasionnent 
les  troupes. 

Art.  17.  —  Demander  qu'on  réduise  les  commissaires  à 
terrier  qui  dévastent  les  pays  où  ils  sont  employés  (3). 


(*)  C'est  sans  doule  le  contraire  qu'on  a  voulu  dire  :  il  faudrait  lire  :  «  il  est 
assez  fâcheux  de  ne  pouvoir  renoncer  à  une  succession  sans  être  tenu  à  des 
droits  excessifs.  » 

(2>  Sir.  Probablement  des  permissions  (permissions  d'un  semestre). 

(3)  Un  grand  nombre  de  terriers  avaient  été  refaits  dans  la  région  pendant  les 
années  qui  précèdent  la  Révolution  (Arch.  dép.  de  Loir-et-Cher,  série  G  et  série  E 
supplément). 


182  BAILLIAGE    DR   BLOIS 

Art.  18.  —  Demander  que  ceux  qui  auront  droit  d'avoir 
des  pigeons  seront  tenus  de  les  retenir,  comme  aussi  ceux 
qui  auront  droit  d'avoir  des  lapins  de  les  faire  détruire  lors- 
qu'ils occasionneront  du  dommage  dans  les  campagnes  et 
qu'il  y  aura  des  plaintes  fondées. 

Art.  19.  —  Les  vignes  en  France  sont  trop  multipliées  et 
le  grand  malheur  est  qu'on  en  a  replanté  depuis  plus  de 
40  ans  très  considérablement  dans  les  terres  excédantes  à 
froment,  particulièrement  dans  les  environs  de  Paris,  ce  qui 
diminue  le  produit  des  grains,  des  fourrages,  etfait  augmen- 
ter le  prix  de  ces  productions,  du  lait,  beurre  et  du  bétail  de 
toutes  espèces,  ce  qui  préjudicie  encore  davantage  à  la  capi- 
tale ;  faire  revivre  les  anciens  règlements  à  ce  sujet. 

Art.  20.  —  Qu'il  soit  fait  dans  chaque  grosse  ville  des 
greniers  d'abondance,  soit  par  les  gouvernements,  les  hôtels 
de  ville  ou  des  compagnies  autorisées,  pour  emmagasiner 
des  blés  pour  subvenir  aux  besoins  dans  les  années  stériles, 
et  qu'il  en  soit  mis  à  suffire  pour  éviter  une  grosse  cherté  qui 
occasionne  des  famines. 

Lesdites  doléances  faites  et  arrêtées  en  présence  des 
dénommés  au  procès-verbal  de  nomination  des  députés  de 
ladite  paroisse,  ce  jourd'hui  1er  mars  1789,  et  ont  les  non- 
signants  déclaré  ne  savoir  signer  comme  audit  procès-verbal. 

(Suivent  20  signatures,  celles  de  :  Deshayes,  curé  ;  Gitton; 
Serreau,  etc.) 


OUCHAMPS 

(Anciennement  :  Cormeré-le-Bourg.) 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Contres. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 


CAHIER    D'OUCHAMPS  183 

•  Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Marché  :  le  mardi. 

Assemblée  :  le  jour  de  Saint-Pierre  et  Saint-Paul. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  176&:  le  marquis  de  Souvré. 

Seigneur  en  1789  :  Jean-Frédéric-Guillaume  deSahuguet  d'Amarzit, 
comte  d'Espagnac,  maître  de  camp  de  cavalerie,  chevalier  de  Saint 
Louis,  baron  de  Lussac,  Cormeray  et  autres  lieux. 

Population  en  1790  :  512  habitants. 

Taille  :  3.838  1.  (principal  :  1.800  1.  ;  accessoires  :  898  1.  ;  capita- 
tion  :  1.140  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant 

Vingtièmes  :  1.543  1.  6  s. 

PROCÈS-VERBAL 
Date  :  3  mars  1789. 

Président  :  Antoine  Serreau,  bailli,  juge  civil,  criminel  et  de  police 
de  la  baronnie  de  Gormeré-le-Bourg. 

Population  :  122  feux. 

Comparants  :  François  Saulnier  ;  André  Deronne  ;  Sylvain  Legrand  ; 
René  Jouannet;  Jean  Lhuillier;  Michel  Mardon  ;  Jacques  Leredde  ; 
Jean  Leroy  ;  Éloi  Bertin,  syndic  ;  Claude  Goubaut  ;  Henri  Jallet  ;  Fran- 
çois Gougneux  ;  Jacques  Gautier  ;  Marcou  Hervet  ;  Jean  Leddet  ;  Pierre 
Chalon  ;  Pierre  Barriau  ;  Mathurin  Gallou  ;  Louis  Tessier  ;  Etienne 
Huguet  ;  Pierre  Gautier  ;  Louis  Dupont  ;  Jacques  Jullien  ;  François 
Repincé  ;  Pierre  Bcrthelin  ;  Jacques  Boileau  ;  Jean  Besnard  ;  Gilles  Les- 
pagnol;  Christophe  Gautier  ;  Louis  Deronne;  Laurent  Grillet;  Jean 
Cornu  ;  Mahu  ;  François  Boyer  ;  René  Gay  ;  Jean  Boulay  ;  Louis  Hardy; 
François  Berthelin  ;  Jean  Jousselin  ;  Etienne  Allimeau  ;  François  Millet; 
Louis  Hardouin  ;  Louis  Riverain  ;  François  Jarry  ;  Simon  Besnard  ; 
Charles  Pinard;  Paul  Hervé  ;  Sylvain  Hervé  ;  Martin  Sorrel;  Antoine 
Boureau;  Louis  Rabotin;  Gilles  Crocheton;  Louis  Renier  ;  Jacques 
Noré  ;  Pierre  Destouches  ;  Etienne  Reverdy  ;  Jean  Couette  ;  François 
Buisson  ;  Pierre  Pépin  ;  Louis  Barbier  ;  Sylvain  Chaumet  ;  François 


184  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

Sainteau  ;  Barthélémy  Grossineau  ;  Jean  Dauberon  ;  François  Hervé. 
Députés  :  François  Saunier  et  André  Deronne. 
Suivent  40  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances,  plaintes  et  remontrances  que  font  très  res- 
pectueusement les  habitants  de  la  paroisse  de  Cor- 
meré-le-Bourg  dit  Ouchamps,  pour  obéir  aux  ordres 
de  Sa  Majesté  portés  par  ses  lettres  données  à  Versailles 
le  21  janvier  il 89. 

Art.  1er.  —  Depuis  longtemps  nous  gémissons  sous  le 
poids  accablant  des  impôts  ;  plusieurs  d'entre  nous  ont  vu 
vendre  leurs  meubles,  faute  de  pouvoir  les  payer;  une  partie 
du  produit  de  la  vente  des  meubles  a  servi  au  payement  des 
impôts,  et  l'autre  partie  a  été  dévorée  par  les  huissiers,  de 
manière  que  ceux  qui  ont  éprouvé  ces  peines  ne  font  plus 
que  de  malheureux  habitants  qui,  retirés  dans  des  chau- 
mières, y  souffrent  la  faim  et  le  froid  et  ne  peuvent  plus 
rien  payer,  ce  qui  surcharge  d'autant  ceux  qui  jusqu'à  ce 
moment  ont  pu  les  soutenir. 

Art.  2.  —  Il  est  donc  intéressant  pour  nous  que  la  taille 
soit  réelle  et  applicable  à  tous  les  propriétaires,  domiciliés 
ou  non,  et  sans  distinction  du  Clergé  ni  de  la  Noblesse, 
puisque  ces  deux  derniers  possèdent  plus  de  la  moitié  des 
biens,  sans  rien  payer,  et  si  une  répartition  juste  et  égale  se 
faisait,  le  Tiers  état  se  trouverait  soulagé  d'autant  et  à  même 
de  faire  face  tant  aux  impôts  qu'à  son  état. 

Art.  3.  —  Il  est  encore  intéressant  de  réformer  la  majeure 
partie  des  receveurs,  sous-receveurs,  contrôleurs  et  commis 
qui  sont  établis  dans  les  villes  pour  la  perception  des  impôts 
et  qui  coûtent  beaucoup  à  TEtat.  Il  suffirait  qu'un  seul  rece- 
veur fut  chargé  de  cet  emploi,  lequel  verserait  sa  caisse 
directement  au  trésor  royal. 


CAHIER    D'OUCHAMPS  185 

Art.  4. —  Il  est  encore  très  nécessaire  qu'il  îùt(sic)  accordé 
aux  collecteurs  des  paroisses  dix-huit  mois  pour  ramas- 
ser les  deniers  royaux,  et  qu'il  ne  soit,  plus  à  l'option 
des  receveurs  d'envoyer  des  garnisons  pour  contraindre 
le  payement,  mais  seulement  lorsque  les  collecteurs  les 
requièreront,  parce  que  ces  garnisons  écrasent  en  frais  les 
paroisses. 

Art.  5.  —  Qu'il  est  impossible  que  les  deux  collecteurs 
préposés  pour  le  recouvrement  des  tailles  soient  chargés  du 
recouvrement  du  vingtième,  et  que  ce  dernier  rôle  soit  remis 
à  un  autre  préposé. 

Art.  6.  —  Qu'il  serait  à  propos  de  supprimer  les  employés 
des  aides  et  d'établir  dans  toutes  les  paroisses  des  pays 
vignobles  un  préposé,  qui,  lors  de  la  récolte,  ferait  un  inven- 
taire général  chez  tous  les  particuliers  des  vins  qu'ils 
auraient  récoltés  et  leur  ferait  payer  un  droit  qui  serait 
arrêté  par  l'État,  et  que  ceux  qui  tiendraient  auberge  ou 
bouchons  payeraient  annuellement  es  mains  de  ce  même 
préposé  une  somme  de  ....,  lequel  verserait  ses  mains 
en  celles  d'un  receveur  qui  serait  établi  dans  les  principales 
villes  du  royaume  et  qui  verserait  directement  au  trésor 
royal. 

Art.  7.  —  Qu'il  serait  encore  de  la  dernière  nécessité  que 
le  sel  fut  marchand. 

Art.  8.  —  Que  l'argent  que  Ton  perçoit  annuellement  sur 
chaque  habitant  pour  la  corvée  soit  employé  à  la  perfection 
des  chemins  déjà  commences  qui  conduisent  des  Montils  à 
Contres  et  autres  endroits,  à  cause  des  marchés. 

Art.  9.  —  Que  pour  l'éducation  et  l'instruction  des  enfants 
de  la  paroisse,  il  faudrait  un  maître  d'école  à  qui  il  faudrait 
un  revenu  pour  vivre. 

Art.  10.  —  Que  pour  subvenir  au  besoin  momentané 
des  femmes  enceintes,  il  serait  nécessaire  qu'il  y  eût  une 
sage-femme  dans  chaque  paroisse  qui  eût  fait  son  cours. 


186  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Àivr.  II.  —  Que  les  banalités  et  banchées  (*)  soient 
supprimés,  ou,  pour  mieux  dire,  qu'ils  ne  gênent  en  rien  la 
liberté  publique. 

Akt.  12.  —  Que  pour  l'exécution  des  ordonnances  de 
police,  il  fût  nommé  dans  cette  paroisse  un  commissaire  de 
police  agréé  par  les  membres  de  la  municipalité,  ou  bien  que 
l'on  astreignit  le  procureur  fiscal  d'y  faire  sa  résidence 
comme  étant  le  chef-lieu  de  la  justice. 

Art.  13  —  Que  contre  le  vœu  unique  des  habitants  il  a 
plu  à  M.  le  procureur  fiscal  de  cette  baronnie  de  demander, 
tant  pour  sa  commodité  que  pour  celle  de  M.  le  bailli,  la 
translation  du  siège,  qui  do  tout  temps  a  tenu  à  Cormeré-le- 
Bourg,  à  Chitenay  où  môme  il  siège  actuellement  ;  qu'il  soit 
rétabli  audit  Cormeré-le-Bourg  comme  ci-devant  et  que  les 
prisons  y  soient  sûres. 

Art.  14.  —  Qu'il  serait  très  sage  que  l'Etat  voulût  bien, 
pour  prévenir  les  disettes,  s'occuper  d'avoir  des  greniers 
remplis  de  blé  pour  le  soulagement  des  malheureux. 

Art.  15.  —  Et  finalement  que  pour  le  bien  public  il  fût 
tous  les  ans  envoyé  des  commissaires  pour  constater  la 
récolte  des  grains  et  fixer  le  prix  du  pain. 

Fait  et  arrêté  aujourd'hui  3  mars  1789. 

(Suivent  10  signatures,  cellesde  :  Bertin, syndic  ;Deronne; 
Serreau,  etc.) 


CANDÉ 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Contres. 
Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois.     . 


(*>  Banché  ou  bauché  (?).  Nous   n'avons  pu   retrouver    la  signification  exacte 
de  ce  mot. 


CAHIKR    DE    CANOÉ  187 

Justice  de  Candé,  les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre,  ressortissant  à 
Blois  O. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  9  mai. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  de  Maussion. 

Seigneur  en  1789  :  dame  de  Maussion  de  Candé. 

Population  en  1790  :  470  habitants. 

Taille  :  3.049  1.  (principal  :  1.400  1.  ;  accessoires  :  762  1.  ;  capita- 
tion  :  887  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  6  1. 

Vingtièmes  :  1.886  1.  10  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jean-Thomas  Pardessus,  avocat  en  parlement,  bailli, 
juge  civil,  criminel  et  de  police  de  la  châtellenie  et  prévôté  de  Candé, 
les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre.  Même  président  qu'à  Saint-Denis- 
sur-Loire,  les  Montils  et  Chouzy. 

Population  :  110  feux. 

Comparants  :  Jacques  Jumeleau  ;  Michel  Gaucher  ;  François  Trois- 
poux; Jean  Saquin  ;  Louis  Troispoux  ;  Guy  Dabert;  Louis  Allain  ; 
Henri  Joran;  Pierre  Dabert;  Jean  Troispoux;  Pierre  Chéreau;  Firmin 
Lespagnol;  Jacques  Boisseau  ;  Pierre  Dabert  ;  Julien  Daridan  ;  Jacques 
Chollet  ;  François  Prévôt  ;  Nicolas  Prévôt  ;  Noël  Troispoux  ;  Jean 
Troispoux  ;  Antoine  Chéreau  ;  Louis  Deniau  ;  Guy  Chéreau  ;  Etienne 
Goujard  ;  Louis  Bareau  ;  Louis  Allain  père  ;  Florent  Rousseau  ;  Jac- 
ques Roleux  ;  François  Deligeon  ;  Jean  Laurant,  et  autres. 

Députés  :  Jean-Thomas  Pardessus,  bailli  de  la  châtellenie  et  prévôté 
de  Candé,  et  Jacques  Jumeleau,  syndic. 

Suivent  10  signatures. 

(')  Le  manuscrit  de  Joussc  dit  seulement  «  Justice  ressortissant  à  Blois  ». 


188  BAILLIAGE    DE    BLOIS 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Cahier  des  plaintes  et  doléances  de  la  paroisse  et  commu- 
nauté d'habitants  de  Candé,  rédigées  ce  jourd'hvi 
ier  mars  1789  ainsi  qu  il  suit. 

Art.  1er.  —  La  paroisse  est  très  chargée  de  taille  pour  le 
peu  de  possession  des  habitants  qui  n'ont  d'ailleurs  aucune 
branche  d'industrie  ou  de  commerce.  Ils  voient  avec  nou- 
velle douleur  chaque  année  s'augmenter  les  accessoires  de 
la  taille.  En  1787  et  1788,  ils  étaient  de  23  s.  pour  livre,  ils 
sont  cette  année  taxés  à  25  s.  •*>. 

Art.  2.  —  La  multiplicité  d'impôts  en  taille,  corvée  et 
vingtième  qui  ont  chacun  un  rôle  particulier  occupe  annuel- 
lement une  grande  partie  d'habitants  à  qui  les  receveurs  des 
particuliers  <2)  font  faire  des  voyages  souvent  sans  utilité, 
puisque  quelques  fois  ils  ne  veulent  point  recevoir  leurs 
deniers.  La  réunion  des  impôts  en  un  seul  rôle  soulagerait 
beaucoup. 

Art.  3.  —  L'impôt  de  la  corvée  semblerait  devoir  être  étran- 
ger à  cette  paroisse  qui  ne  profite  pas  des  grandes  routes  W. 

Art.  4.  —  Le  prix  du  sel  est  excessif.  S'il  était  fixé  à  un 
prix  modique,  il  servirait  à  nombre  de  remèdes  pour  les 
bestiaux  ;  les  salaisons  seraient  mieux  faites. 


i*J  En  effet,  bien  que  le  montant  des  accessoires  ne  fût  pas  augmenté  pour  l'en- 
semble de  l'élection,  la  répartition  par  paroisses  confiée  pour  l'année  1789  à 
l'assemblée  de  département  lut  un  peu  modifiée  :  certaines  paroisses,  dont  celle  de 
Candé,  virent  le  taux  de  cet  impôt  s'élever  un  peu,  tandis  qu'il  était  légèrement 
diminué  pour  d'autres.  Les  chiffres  donnés  ici  n'en  sont  pas  moins  quelque  peu 
exagérés  :  Candé  qui  payait  1.400  livres  de  principal  de  la  taille,  payait  pour  les 
accessoires  (accessoires  proprement  dits  et  capitation)  en  1788,  1.649  livres  et  en 
1789, 1.700  1.  13  s.  4  d.,  plus  4  deniers  pour  livre  pour  les  collecteurs  compris  dans 
le  rôle  de  1788  et  non  dans  celui  de  1789,  soit  une  différence  de  23  s.  6  d.  à  24  s. 
8  d.  pour  livre. 

(*)  Sic.  11  faut  sans  doute  lire  :  les  receveurs  particuliers  des  finances. 

<3)  Cependant,  depuis  la  chute  du  pont  de  Tours  emporté  par  la  crue  de  la  Loire 
de  janvier  1789,  on  s'occupait  activement  du  rétablir  la  route  de  la  rive  gauche 
qui  passait  par  les  Montils,  Candé  et  Ghaumont  (Cf.  Dr  Lesueur,  ouvr.  cit.). 


CAHIEIt    DES   M0NT1L8  189 

Art.  5.  -  Lé  droit  d'aide  tel  qu'il  est  perçu  est  encore 
plus  onéreux.  Un  particulier  n'a  pas  la  liberté  de  transporter 
son  vin  à  une  cave,  pour  éviter  qu'il  se  gâte  par  les  chaleurs, 
sans  payer  un  droit  do  remuage  de  20  s.  par  pièce.  Les 
droits  d'annuel  pour  brûler  le  vin  en  eau-de-vie  sont  multi- 
pliés à  l'infini.  L'obligation  de  rapporter  des  certificats  de 
décharge  lors  de  la  vente  dégénère  en  vexations. 

Art.  6.  —  fênfin  les  soussignés  adhèrent  à  toutes  plaintes 
et  remontrances  qui  seront  faites  par  les  députés  des  autres 
paroisses  et  notamment  par  ceux  de  la  ville  de  Blois,  singu- 
lièrement au  sujet  de  la  répartition  égale  des  impôts  sur  tous 
les  biens  nobles,  ecclésiastiques  et  roturiers. 

Fait  et  arrêté  lesdits  jour  et  an. 

(Suivent  13  signatures,  celles  de  :  Jumeleau,  syndic; 
ïroispoux  ;  Pardessus,  etc.) 


LES  MONTILS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Contres. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  de  Candé,  les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre,  ressor- 
tissant à  Blois  (!>. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  24  juin. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  marquis  de  Souvré. 

Seigneur  en  1789  :  Jean-Frédéric-Guillaume  de  Sahuguet  d'Amar- 
zit,  comte  d'Espagnac,  maître  de  camp  de  cavalerie,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  baron  de  Lussac,  Cormeray  et  autres  lieux. 

(*>  Le  manuscrit  de  Jbusse  dit  seulement  :  «  Haute  justice  ressortissant  à  Blois  ». 


190  BAILL1AGR    DE    HLOIS 

Population  en  1790  :  570  habitants. 

Taille:  3.702  1.  (principal  :  1.7001.  ;  accessoires  :  925  1.  ;  capi- 
tation  :  1.077  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  27  1.  :  noblesse  (1  contribuable)  :  18  1.  ; 
privilégiés  (1  contribuable)  :  9  1. 

Vingtièmes  :  819  1.  10  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jean-Thomas  Pardessus,  avocat  en  parlement,  bailli, 
juge  civil,  criminel  et  de  police  de  la  châtellenie  et  prévôté  de  Candé, 
les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre.  Même  président  qu'à  Saint-Denis- 
sur-Loire,  Candé  et  Chouzy. 

Population  :  149  feux. 

Comparants  :  André  Fallague  ;  Rémy  Allaml  ;  Jean-Baptiste  Gué- 
ritte  ;  René  Michau  ;  Gabriel  Dubois;  André  Dubois  ;  Jacques  Bordier; 
Pierre  Boutet  ;  François  Courtas  ;  Gilles  Benoist  ;  Pierre  Benoist  ; 
Claude  Lepage  ;  Louis  Bisson  ;  Louis  Michelet  ;  Jean  Michelet  ;  René 
Dubois  ;  Jean  Poidevin  ;  Jacques  Bidon  ;  Jean  Moreau  ;  François  Pitan- 
cier;  Louis  Ravet  ;  François  Auger  ;  Etienne  Trioreau  ;  Alexandre 
Plouard  ;  Jacques  Plouard  ;  François  Beaussier:  Jacques' Monprofit  ; 
Jacques  Potereau  ;  Henri  Métais  ;  André  Métais  ;  François  Trioreau  ; 
Martin  Danger;  André  Boucher  ;  Jacques  Normand  ;  Èloi  Monprofit  ; 
Jean-Baptiste  Perrin  ;  Sébastien  Boulay  ;  Élie  Chollet  :  Claude  Nivet  ; 
Pierre  Patureau  ;  Etienne  Patureau,  et  autres  «  formant  la  majeure  et 
plus  saine  partie  des  habitants  de  la  paroisse  des  Montils  ». 

Députés  :  Jean-Thomas  Pardessus,  bailli  de  la  châtellenie  et  prévôté 
de  Candé,  les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre,  et  Sébastien  Boulay, 
voiturier  par  terre. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la  pa- 
roisse et  communauté  d'habitants  de  la  paroisse  des 
Montils,  rédigé  ce  jourd'hui  1er  mars  1789. 

1°  La  paroisse  des  Montils  est  composée  de  149  feux  tail- 


CAHIER    DKS   MONT  ILS  191 

labiés  ;  elle  peut  contenir  environ  1.500  arpents  <*)  de  do- 
maines, desquels  il  n'en  est  possédé  par  lesdits  habitants 
qu'environ  300  arpents  <2>,  le  surplus  par  les  nobles,  ecclé- 
siastiques, habitants  do  villes  franches,  autres  paroisses  et 
autres,  et  que  pour  cette  propriété,  ils  sont  imposés,  tant  pour 
la  taille,  impositions  accessoires,  capitalion,  corvées  et  ving- 
tièmes, [à]  une  somme  de  plus  de  5.000  livres,  dont  à  peu  près 
300  livres  pour  le  vingtième  seulement  est  payée  par  quel- 
ques propriétaires  hors  de  ladite  paroisse.  Pourquoi  il  est 
clair  que  les  habitants  de  ladite  paroisse  sont  beaucoup 
surchargés  d'impôts  à  raison  du  peu  de  propriétés  qu'ils  y 
possèdent. 

2°  Au  moyen  de  ce  que  les  habitants  de  cette  paroisse  sont 
trop  surchargés,  qu'il  est  équitable  et  de  justice  que  tous  les 
propriétaires  des  biens  d'icelle,  soit  de  villes  franches,  autres 
paroisses,  nobles  ef  main-morte,  soient  compris  en  leur  rôle 
de  toutes  impositions,  à  raison  de  leurs  possessions,  et  que 
si  Sa  Majesté,  comme  il  y  a  tout  lieu  de  l'espérer,  ainsi  que 
lesdits  habitants  la  supplient  très  respectueusement  de  l'or- 
donner, l'ordonne,  ces  habitants  se  trouveront  soulagés  de 
au  moins'  des  deux  tiers  de  leurs  impositions  actuelles,  [ce 
qui]  les  rendra  plus  à  leur  aise,  et  n'auront  pas  le  chagrin 
de  voir  enlever  leurs  meubles  et  les  vendre,  faute  par  eux 
de  payer  les  impositions  à  quoi  ils  sont  aujourd'hui  assujettis. 

3°  Que  la  taille  et  généralement  toutes  les  autres  imposi- 
tions fussent  comprises  dans  une  seule  et  même  dénomina- 
tion, et  imposées,  comme  on  vient  de  le  dire,  généralement 
sur  tous  les  habitants  et  propriétaires  de  biens  de  chaque 
paroisse,  sans  exception  d'aucune  personne  ;  et  que  pour 
le  recouvrement  de  ces  impositions,  il  fût  nommé  annuelle- 
ment et  à  tour  de  rôle  deux  ou  trois  habitants  en  chaque 
paroisse  sous  la  dénomination  de  collecteurs,  dont  un  au 
moins  sache  écrire,  lesquels  tous  les  huit  jours  seraient  tenus 

<»>  912  hectares. 
<2)  182  hectares. 


192  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

de  verser  leur  recette  entre  les  mains  d'un  receveur  qu'il 
conviendrait  d'établir  dans  chaque  province,  lequel  les  rever- 
serait directement  au  trésor  royal  franc  de  port  ;  auxquels  il 
serait  remis  pour  leur  droit  de  recette,  savoir  :  aux  collec- 
teurs 6  deniers  pour  livre  du  montant  des  impositions 
de  la  paroisse,  et  exempts  de  toute  imposition  pen- 
dant l'année  de  leur  exercice,  et  au  sieur  receveur  général 
de  la  province  2  sols  pour  livre  pour  son  droit  de  recette  et 
dépense.  Si  cela  pouvait  avoir  lieu,  il  est  clair  que  des 
5.000  livres  dont  la  paroisse  est  chargée  de  payer  annuelle- 
ment, qu'il  en  serait  versé  chacun  an  dans  le  trésor  royal 
4.375  livres  net,  somme  beaucoup  au-dessus  de  celle  qui  s'y 
verse  actuellement  provenant  de  leur  paroisse. 

4°  Que  les  différents  droits  d'aides,  établis  sur  les  vins, 
liqueurs,  eaux-de-vie,  cidres  et  bières,  fussent  supprimés  en 
entier,  et  que,  pour  en  tenir  lieu,  il  fût  fixé  une  somme  mo- 
dique par  chaque  poinçon  (M  de  vin,  cidre  et  bière,  qui  se 
récolte  chaque  année,  une  fois  payée,  en  laissant  après  cela 
la  liberté  de  faire  de  ces  différents  objets  de  récolte  ce  que 
l'on  jugerait  convenable,  soit  de  les  transporter  en  ville,  les 
vendre  en  gros  ou  en  détail,  les  brûler  ou  autrement,  le  tout 
sans  autres  droits,  si  ce  n'est  pour  l'entrée  dans  la  capitale 
seulement,  et  sans  aucun  droit  do  sortie  pour  l'étranger  ; 
que,  pour  constater  la  quantité  de  vin  chaque  année,  il  serait 
établi  un  receveur  ou  buraliste  qui  serait  tenu  de  faire  inven- 
taire dans  les  celliers,  tel  que  cela  se  fait  dans  les  villes,  et 
que  ce  que  chaque  propriétaire  de  vin",  cidre  ou  bière,  se 
trouverait  débiteur  à  raison  de  chaque  poinçon,  il  fût  tenu 
de  le  payer  es  mains  de  ce  receveur  par  quartier,  rendu  en 
son  bureau,  à  la  remise  de  6  deniers  pour  livre  seulement. 
Si  cela  pouvait  avoir  lieu,  il  ne  serait  plus  nécessaire  qu'il  y 
eût  des  directeurs,  receveurs,  contrôleurs  ambulants,  ni 
commis,  etc.,  lesquels  par  leurs  appointements  consomment 
pour  le  moins  la  moitié  des  droits  qui  se  perçoivent  aujour- 

(■)  Fût  contenant  228  litres. 


CAHIER   DES   MONTILS  193 

d'hui,  et  que  la  moitié  restante  ne  monte  .sûrement  pas  aussi 
haut  que  le  droit  ci-dessus  demandé  pourrait  se  monter. 

5°  Qu'il  serait  à  souhaiter  que  le  sel  fût  au  compte  de  Sa 
Majesté,  et  par  conséquent  libre,  qu'il  fût  fixé  à  6  sols  la 
livre  ;  si  cet  objet  pouvait  avoir  lieu,  comme  il  y  a  lieu  de 
Fespérer,  la  consommation  en  serait  bien  plus  considérable, 
par  la  raison  que  chaque  particulier  salerait  annuellement 
au  moins  un  porc  ;  ce  qui  ferait  qu'il  serait  mieux  nourri, 
conséquemment  plus  fort  pour  le  travail,  les  enfants  se  por- 
teraient bien,  au  lieu  que  aujourd'hui  les  enfants  de  la  cam- 
pagne sont  la  plupart  tous  moribonds  et  qu'il  en  meurt  chaque 
année  au  moins  les  trois  quarts,  faute  d'une  bonne  et  saine 
nourriture  ;  l'on  en  ferait  manger  aux  bestiaux,  ce  qui  les 
rendrait  plus  sains,  leur  exciterait  l'appétit  et  ce  qui  les 
rendrait  plus  gras,  et  il  n'en  périrait  pas  la  centième  partie 
de  ce  qu'il  en  périt  annuellement  ;  la  viande  serait  bien  plus 
saine,  moins  chère,  les  terres  en  seraient  mieux  cultivées  ; 
le  suif,  qui  serait  plus  abondant,  rendrait  la  chandelle  et  le 
savon  au  moins  à  moitié  de  ce  qu'ils  se  vendent  aujourd'hui; 
par  conséquent,  il  ne  serait  plus  nécessaire  qu'il  y  eût  d'em- 
ployés aux  gabelles,  lesquels  par  leurs  appointements  con- 
somment au  moins  les  deux  tiers  du  prix  actuel  de  la  valeur 
du  sel. 

6°  Qu'il  serait  très  urgent  que  les  chemins  qui  communi- 
quent de  Blois  à  Montrichard,  de  cette  paroisse  à  Contres 
où  il  se  lient  un  fort  marché  tous  les  vendredis  et  quantités 
de  foires  chaque  année,  fussent  rendus  praticables  tant  pour 
la  sortie  des  différentes  denrées  qui  se  récoltent  de  la  Sologne 
et  pays  vignobles,  que  pour  faciliter  l'exportation  des  grains 
soit  au  marché  de  Contres,  soit  à  celui  de  Blois  ;  que  ce  n'est 
qu'en  recevant  cette  commodité  que  lesdits  habitants  pour- 
raient contribuer  aux  corvées,  lesquelles  jusqu'à  ce  moment 
ne  leur  profitent  en  rien  (*). 

(<)  Cf.  p.  188,  note  3. 


194  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

7°  Que  les  jurés  priseurs,  établis  notamment  depuis  environ 
six  ans,  fussent  supprimés,  puisqu'il  est  de  fait  qu'ils  con- 
somment une  partie  des  deniers  mobiliers  par  les  sommes 
qui  leur  sont  accordées  à  raison  de  30  sols  par  lieue  de  trans- 
port et  de  20  sols  par  heure  de  travail,  tandis  qu'avant  leur 
établissement  Ton  faisait  faire  une  vente  mobilière  pour 
3  livres  par  jour,  compris  le  transport,  et  au  plus  pour  4  livres 
10  sols,  compris  les  grosses  et  non  compris  les  déboursés. 

8°  Que  le  contrôle  des  actes  fût  diminué  et  qu'il  fût  fait 
un  tarif  pour  les  différents  droits  que  renferme  cette  partie, 
de  manière  que  chacun  pût  comprendre  et  savoir  en  con- 
tractant ce  qu'il  doit  de  droits. 

9°  Que  les  droits  attribués  aux  huissiers  fussent  réduits  à 
20  sols  par  lieue  de  transport,  non  compris  leurs  déboursés, 
que  leurs  droits  fussent  fixés  pour  les  exploits  qu'ils  font 
dans  leur  domicile  à  24  sols,  compris  le  contrôle  et  timbre, 
ce  qui  ferait  par  une  lieue  de  transport,  en  supposant  que 
les  droits  de  contrôle  et  de  timbre  fussent  les  mêmes  que 
ceux  actuels,  qu:un  exploit  ne  se  payerait  que  36  sols  ;  et  que 
les  seigneurs  des  justices  subalternes  fussent  tenus  d'avoir 
un  huissier  ou  sergent  dans  le  ressort  de  leur  justice,  qui  fût 
instruit,  et  que  lorsque  un  particulier  qui  en  ferait  assigner 
un  autre  <4)  par  un  autre  huissier  que  celui  du  domicile  de 
son  débiteur,  [il]  fût  tenu  de  l'excédent  des  frais  d'huissier 
en  sus  de  celui  du  domicile  de  son  débiteur,  à  moins  que  la 
somme  fût  au-dessus  de  100  livres. 

10°  Que  les  différents  poids  et  mesures  fussent  rendus  uni- 
formes au  moins  dans  chaque  province. 

11°  Que  toutes  les  différentes  banalités  qui  sont  dans  le 
royaume  fussent  supprimées. 

12°  Qu'il  fût  établi  dans  chaque  paroisse  une  sage-femme 
ou  matrone  aux  dépens  du  gouvernement. 

(*)  Lire  :  lorsqu'un  particulier  en  ferait  assigner  un  autre... 


CAHIER   DES   M0NT1LS  495 

* 

13°  Remontrent  lesdits  habitants  qu'une  partie  de  leur 
paroisse  étant  riveraine  de  la  forêt  de  Russy,  possédée 
aujourd'hui  par  M.  d'Espagnac,  dont  l'échange  est  prêt  à  se 
faire  avec  Sa  Majesté,  ils  sont,  depuis  que  M.  d'Espagnac 
est  mis  en  possession,  privés  d'y  envoyer  pacager  leurs 
bestiaux,  encore  bien  qu'ils  en  aient  le  droit  pour  lequel  ils 
paient  annuellement  six  boisseaux  seigle  et  quatre  boisseaux 
avoine,  et  que  s'il  leur  arrive  d'y  envoyer,  les  gardes  établis 
par  mondit  sieur  d'Espagnac  saisissent  leurs  bestiaux,  dres- 
sent des  procès-verbaux.,  de  manière  que  la  valeur  de  leurs 
bestiaux  se  trouve  consommée,  que  l'on  est  même  venu  jus- 
qu'à l'emprisonnement  de  quelques-uns  ;  pourquoi  ils  sup- 
plient Sa  Majesté  que  ledit  échange  n'ait  point  lieu  ;  que 
d'ailleurs  leurs  différentes  récoltes  de  leurs  propriétés  qui 
avoisinent  ladite  forêt  est  (sic)  presque  tous  les  ans  la  proie 
des  bêtes  sauvages,  désagrément  quïls  n'essuyaient  point 
avant  l'échange  projeté,  lequel,  s'il  a  lieu,  les  forcera  d'aban- 
donner leurs  propriétés  qui  sont  les  seuls  objets  qui  les  font 
vivre  <*). 

14°  Enfin  lesdits  habitants  adhèrent  à  toutes  plaintes  et 
remontrances  qui  seront  faites  par  les  députés  des  autres 
paroisses,  notamment  celles  au  sujet  de  la  répartition  égale 
des  impôts  sur  tous  les  biens  nobles  et  ecclésiastiques  et  ro- 
turiers. 

Arrêté  lesdits  jour  et  an  que  dessus. 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  Rémy  AU  and,  syndic  ; 
Dubois  ;  Pardessus,  etc.) 

Voir  les  similitudes  avec  le  cahier  ci  après  de  Monthou-sur-Bièvre. 

<*)  Cf.  p.  14,  note  1;   p.  160,  note  2,  et  p.  161  article  6  du  cahier  de  Gellettes  et 
note  2. 


196  BAILLIAGE   DR    BLOIS 


MONTHOU~SUR~BIÈVRE 

(Anciennement  :  Mouthou-sur-Bièvre). 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Contres. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Che- 
verny.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Candé,  Les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvre,  ressortissant 
à  Blois  <*>. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Maussion. 

Seigneur  en  1789  :  Dame  Maussion  de  Candé. 

Population  en  1790  :  344  habitants. 

Taille  :  4.970  1.  (principal  900  1.  ;  accessoires  :   490  1.  ;  capita- 
tion  :  570  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  530  1.  45  s. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  4  mars  4789. 

Président  :  Pierre-Michel  Bonnard,  procureur  fiscal  de  la  châtellenie 
et  prévôté  de  Candé,  Les  Montils  et  Monthou-sur-Bièvrc. 

Population  :  84  feux. 

Comparants  :  François  Tournier;  Jean  Deronne  ;  Jacques  Ménage  ; 
Sylvain  Leloup  ;  René  Jouanncau  ;  Pierre  Maslé  ;  Pierre  Savary  ï 
François  Bonnard  ;  Armand  Bareau  ;  Pierre  Rifault  ;  Nicolas  Marca- 
det  ;  Jean  Haneau  ;  Barnabe  Chicoyneau  ;  Pierre  Clemenceau  ;  Eloî 
Aufrère  ;  Sylvain  Allain  ;  Jean  Bruzin  ;  Louis  Poulin  ;  Louis  Moreau  ; 
Louis  Hurlet  ;  André  Ferrandou  ;  Pierre  Pichonneau  ;  Michel  Char- 
bonnier ;  Biaise  et  Sylvain  Pitancier  ;  Etienne  Huet;  Alexis  Troupeau; 
Joseph  Plouard  ;  Jacques  Simon  ;  Michel  Tournier,  et  autres. 

(f)  Le  manuscrit  de  Jousse  dit  seulement  :  «  Justice  ressortissant  à  Blois  ». 


CAHIER    DE    M0NTH0U-SUH-BIÈVRE  197 

■ 

Députés  :  François  Tournier,  marchand,  et  François  Bonnard,  ton- 
nelier. 

Suivent  8  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la 
paroisse  et  communauté  de  Mouthou,  habitants  de 
Mouthou,  rédigées  ce  jourd'hui  4  mars    1789. 

Ce  cahier  est,  sauf  quelques  légères  différences  de  rédaction,  iden- 
tique à  celui  des  Montils  qui  précède. 

Dans  l'article  4er,  remplacer  449  feux  par  84;  300  arpents  par  450  ; 
5.000  livres  par  2.700  ;  300  livres  par  200. 

Dans  l'article  3,  remplacer  5.000  livres  par  2.700  ;  mais  le  chiffre  de 
4.375  donné  par  le  cahier  des  Montils  a  été  conservé. 

Dans  l'article  7,  après  les  mots  heures  de  travail,  lire  :  «  pour 
raison  de  leur  assistance  aux  inventaires,  et  de  pareille  somme  non 
compris  les  grosses  des  ventes  de  meubles  qui  font  qu'ils  doublent 
quelquefois  plus  que  leurs  vacations  ;  qu'il  s'en  est  vu  dans  une 
vente  de  426  livres  que  le  priseur  en  avait  eu  pour  lui  45  livres, 
tandis  que...  » 

L'article  43  est  supprimé  ;  l'article  44  du  cahier  des  Montils  devient 
l'article  43  de  celui  de  Monthou. 

Sont  ajoutés  les  deux  articles  suivants  : 

14°  Que  le  blé  fût  fixé  à  30  sous  la  lite  <*)  le  boisseau  du 
poids  de  18  à  20  livres. 

15°  Observant  lesdits  habitants  que  les  terres  qui  sont  le 
seul  sujet  de  leurs  propriétés  sont  très  médiocres  et  ne  sont 
qu'à  seigle  et  méteil,  dont  la  moyenne  partie  reste  annuelle- 
ment en  friches  faute  de  faculté  pour  les  cultiver  et  nourri- 
ture des  bestiaux. 

Fait  et  arrêté  le  présent  cahier  en  présence  des  syndic  et 

'"  Lire  :  élite  {Thibault,  Glossaire  du  pays  blaisois,  p.   206).   S'emploie  surtout 
en  parlant  du  blé.  Bl«>  de  lite  :  blé  de  première  qualité. 


198  BAILLIAGE    DE    BLOfS 

habitants  de  la  paroisse  de  Mouthou  et  de  rassemblée  des 
députés,  de  tous  ceux  qui  ont  assisté  à  ladite  assemblée  qui 
ont  déclaré  ne  savoir  signer  et  de  ceux  qui  ont  signé  avec 
nous.  Fait  ce  dit  jour  4  mars  1789. 

(Suivent  5  signatures,  celles  de  :  Tournier  ;  R.  Jouan- 
neau,  greffier,  etc.)  W. 


CHOUZY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr-  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois,  et  basse  justice  du  prieuré  de 
Chouzy,  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois.  » 

Principale  culture  :  un  tiers  en  vignes. 

Abbaye  de  la  Guiche  (franciscaînes-clarisses). 

Seigneurs  en  1768  :  le  Roi,  le  prieur  du  lieu  et  M.  Mesnard. 

Seigneurs  en  1789  :  le  Roi,  le  prieur  du  lieu,  et  Didier-François- 
René  Mesnard,  chevalier,  comte  de  Chouzy,  conseiller  d'État,  ministre 
plénipotentiaire  du  Roi  près  le  cercle  de  Franconie,  commandeur  de  la 
première  classe  des  ordres  royaux  du  Mont-Carmel  et  de  Saint-Lazare, 
seigneur  de  Chouzy,  Pierrefitte  et  Ouzoûer. 

Population  en  1 790  :  891  habitants. 

Taille  :  5.445  1.  (principal  :  2.5001.,;  accessoires  1.361  1.  ;  capi- 
tation  :  1.5841.) 

Capitation  des  privilégiés  :  privilégiés  (1  contribuable)  :  60  1. 

Vingtièmes  :  2.078  1.  9  s. 


(>)  Bonnard,  le  président  de  l'assemblée,  qui  a  signé  le   procès-verbal,  n'a  pas 
signé  le  cahier  de  doléances. 


CAHIER   DE   CHOUZY  199 


PROCES-VERBAL 

Date  :  4  mars  4789. 

Président  :  Jean-Thomas  Pardessus,  bailli,  juge  ordinaire  du  comté 
de  Chouzy.  Même  président  qu'à  Saint-Denis-sur-Loire,  Candé  et  Les 
Montils. 

Population  :  229  feux. 

Comparants  :  Jean-Louis  David  ;  René-Guillaume  Mauboussin  ;  Jean 
Chabauit,  syndic  ;  Pierre  Boureau  ;  Marc  Gentils  ;  Jacques  Boutet  ; 
Pierre  Ragois ;  Julien  Pauchet  ;  Louis  Menant;  René  Chabauit  ;  Jean 
Bordier  ;  Pierre  Auger  ;  Isaac  Ragois  ;  Claude  Hanot  ;  François  Cheva- 
lier; Michel  Peltereau  ;  André  Loye;  Louis  Jahanault;  Jean  Catheli- 
neau  ;  André  Tournier  ;  Jean  Olivier  père  et  fils  ;  François  Debenne  ; 
Michel  Gentils  ;  Pierre-Louis  Renaudin  ;  Pierre  Foucault  ;  Jean  Lié- 
geois; Joseph  Pillerault;  Sylvain  Olivier;  François  Sabré;  Michel Du- 
bin  ;  Jean-Martin  Foucher  ;  Jacques  Boucher  ;  Jean  Gaullier  ;  Jacques 
Patureau  ;  Jacques  Ganne  ;  Jactfies  Tauvin  ;  Jean  Fas;  Denis  Jaha- 
nault ;  Louis  Hanot;  Claude  Roudin  ;  Pierre  Gasnier  ;  Jacques  Ragois; 
Pierre  Hannequin  ;  Antoine  Saint-Denis  ;  Michel  Bardet  ;  Hilaire  Jouan; 
Paul  Chassier  ;  Etienne  Charron  ;  Pierre  Rouballay  ;  Pierre  Maubois  ; 
Jacques  Guilloteau  ;  JeanVerdier;  Jean  Durand  père  et  fils;  Joseph 
Alléa  ;  Thomas  Bisseau  ;  Jean  Jousse  ;  Philippe  Cotereau  ;  André  Marié; 
Jean  Oudine  ;  Pierre  et  Jean  Martel  ;  Jean  Claveau  ;  Nicolas  Renier  ; 
Nicolas  Germain  ;  Antoine  Catheiineau  ;  Toussaint  Renier  ;  Jacques 
Clergeau  ;  Pierre  Defay  ;  Louis  Meignant  ;  Jean-François  Hannequin  ; 
Christophe  Fillion  ;  Pierre  Rousseau  ;  Joseph  Bourillon  ;  Philippe 
Deniau. 

Députés  :  Jean- Louis  David,  René-Guillaume  Mauboussin,  et  André 
Tournier. 

Suivent  49  signatures. 

Cette  nomination  ne  fut  sans  doute  pas  acceptée  sans  difficultés,  car 
à  Tappel  des  députés  de  cette  paroisse  à  l'assemblée  préliminaire 
du  bailliage  de  Blois,  le  lieutenant  général  rendit  l'ordonnance  sui- 
vante : 

«  En  cet  endroit,  vu  le  procès-verbal  du  4  de  ce  mois  du  bailli 
de  la  justice  de  Chouzy,  ouï  sur  ce  le  procureur  du  Roi,  disons 
que  l'article  25  du  règlement  du  24  janvier  dernier  sera  exécuté  ;  en 


200  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

conséquence,  sans  nous  arrêter  h  toutes  autres  délibérations  faites  en 
ladite  paroisse,  ordonnons  que  ledit  procès-verbal  sera  exécuté  selon 
sa  forme  et  teneur.  »  (Arch.  nat.,  BA  22  plaquette  6). 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse,  n'a  pu  être  retrouvé. 


SAINT-SECONDIN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Diocèse  :  Blois. 

Justice  d'Onzain.  » 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Péan. 

Seigneur  en  1789  :  dame  Angélique  Renaud  d'Avesnes  des  Meloises, 
veuve  de  Jean-Michel-Hugues  de  Péan,  dame  d'Onzain. 

Population  en  1790  :  509  habitants. 

Taille  :  2.678  1.    (principal  :  4.2301.  ;  accessoires  :  669  1.  ;  capita- 
tion  :  779  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (4  contribuable)  :  6  1. 

Vingtièmes  :  938  1.  6  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  4789. 

Président  :  Pascal  Bruneau,  syndic  de  la  municipalité.  A  la  formule 

habituelle  :  «  sont  comparus  par  devant  nous »  on  a  substitué 

celle-ci  :  «  sont  comparus  [devant]  nous  Pascal  Bruneau,  syndic  des 
assemblées  municipales  »,  suivie  immédiatement  du  nom  des  autres 
comparants. 


CAHIER   DR   SANTHENAY  201 

Population  :  442  feux. 

Comparants  :  Pascal  Bruneau,  syndic  de  rassemblée  municipale  ; 
Guillaume  Bordier,  syndic  de  la  paroisse  et  adjoint  ;  Pierre  Gonnet, 
greffier  de  rassemblée  municipale  ;  Jean  Cronié  l'aîné,  Etienne  Ménage, 
Gilles  Fouilloux,  Pierre  Alliot,  Nicolas  Pinaudier,  René  Dion  l'aîné, 
membres  de  rassemblée  municipale;  Louis  Alliot,  Julien  Hème,  Nicolas 
Benier,  adjoints  de  l'assemblée  municipale  ;  François  Lasnier  ;  Martin 
Lasnier  ;  Louis  Labbé  ;  Jacques  Collas  ;  François  Daliou  ;  Pierre  Rim- 
boux ;  Gilles  Dupuy  ;  Charles  Pointet  ;  Joseph  Savaron  ;  François  Thi- 
bierge  ;  Julien  Fouilloux  ;  Jean  Daridan  ;  Jean  Bertereau  ;  Second  in 
Moreau  ;  Julien  Rimboux  ;  Marin  Labbé  ;  Martin  Chevrier  ;  Charles 
Ménage;  François  Boureau  ;  Jacques  Moreau;  Michel  Alliot  ;  Julien 
Daliou  ;  Pierre  Renault  ;  Jean  Armand  ;  Nicolas  Rimboux  ;  Christophe 
Olivereau  ;  Louis  Chevrier  ;  Michel  Pointai  ;  Jean  Cronié  fils  ;  Jacques 
Digeon  ;  Charlemagne-François  Daliou  ;  François  Dolidon. 

Députés  :  Pajon  de  Chambeaudière,  procureur-syndic  du  départe- 
ment de  Blois,  et  Pascal  Bruneau,  syndic  de  la  municipalité. 

•Suivent  23  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


SANTHENAY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Hërbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Hër- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  d'Onzain. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  le  40  août. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  Péan. 

7. 


202  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Seigneur  en  1789  :  dame  Angélique  Renaud  d'Avesnes  de  Meloises, 
veuve  de  Jean-Michel-Hugues  de  Péan,  dame  d'Onzain. 

Population  en  1790  :  405  habitants. 

Taille  :  3.919  I.  (principal  :  1.800  1.  ;  accessoires  :  979  1.  ;  capita- 
tion  :  1.1401.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.1421.18s. 

PROCÈS-VERBAL 

Le  procès-verbal  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 

Celui  de  l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois  nous  donne 
les  renseignements  suivants  : 

Population  :  120  feux. 

Députés  :  Charles  Cottereau,  marchand,  et  Pierre  Florance,  mar- 
chand. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


CHAMBON 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  d'Onzain. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  10  août. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  prieur  du  lieu. 

Population  en  1790  :  477  habitants. 


CAHIER   DR   COULANGES  203 

Taille  :  2.831  I.  (principal  :  1.300  1.  ;  accessoires  :  707  1.  ;  capita- 
tion  :  824  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  privilégiés  (1  contribuable)  :  30  1. 

Vingtièmes  :  1.059  1.  17  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  François  Olivereau,  sergent  du  comté  de  Rostaing  d'On- 
zain,  «  demeurant  au  bourg  et  paroisse  de  Coulanges  et  de  présent  en 
cette  paroisse  de  Chambon  ». 

Population  :  n'est  pas  indiquée.  Le  procèsr verbal  de  l'assemblée  pré- 
liminaire du  bailliage  de  Blois  indique  103  feux. 

Comparants  :  Jean  Machefert  ;  Toussaint  Rozay  ;  Pierre  Dubin  ; 
Jacques-Joseph  Maunière  ;  Louis  Rétif  ;  Samuel  Gagneron  ;  Pierre 
Hannequin  ;  Julien  Gagneron  ;  Joseph  Arnault  ;  Jacques  Gouflault  ; 
Joseph  Rimboux  ;  Thomas  E...  ;  Sulpice  Genêt  ;  Jacques  Gombault  ; 
André  Boureau  ;  Etienne  de  l'Étang;  Louis  Bizion  ;  Claude  Guilloteau; 
Jacques  Chartier;  René  Bisson  ;  Jean  Bisson;  Michel  Lambert  ;  Jean 
de  l'Etang;  Pierre  Cormier;  Jacques-Louis  Poirier;  Pierre  Boureau  ; 
Pierre  Daridan  ;  Martin  et  Louis  Pauchet  ;  Jean  Pauchet. 

Députés  :  Jean  Denis,  notaire  royal  au  comté  et  bailliage  de  Blois,  à 
la  résidence  de  Chambon,  et  Jacques  Turpin,  laboureur. 

Suivent  8  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


COULANGES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 


204  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Justice  d'Onzain. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  les  fêtes  de  la  Pentecôte  et  le  jour  de  Sainte-Claire. 

Principale  culture  :  deux  tiers  en  vignes. 

Seigneur  en  1768  :  Péan. 

Seigneur  en  1789  :  dame  Angélique  Renaud  des  Meloises,  veuve 
de  Jean-Michel-Hugues  de  Péan,  dame  d'Onzain. 

Population  en  1790  :  274  habitants. 

Taille  :  4.525 1.  (principal  :  700  T.  ;  accessoires  :  384 i.  ;  capitation  : 
444  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (4  contribuable)  401. 

Vingtièmes  :  533  1.  40  s. 

PROCÈS-VERBAL 
Date:  8  mars  4789. 

Président  :  Jean  Denis,  notaire  royal  au  comté  et  bailliage  de  Blois, 
h  la  résidence  du  bourg  de  Chambon. 

Population  :  n'est  pas  indiquée.  Le  procès-verbal  de  l'assemblée 
préliminaire  du  bailliage  de  Blois  indique  75  feux. 

Comparants  :  Etienne  Leveux;  Charles Guilloteau;  Jacques Biliault; 
Louis  Alliot  ;  Denis  Ouzilleau  ;  Michel  Puzelat  ;  François  Glatigny  ; 
Louis  Chauvet;  Jean  Mangean  ;  Jacques  Puzelat;  Pierre  Faix;  Jean 
Auger;  Louis  Olivereau;  François  Gaulier;  Hyacinthe  Gaulier  ;  Etienne 
Augeard  ;  Pierre  Boilacre  ;  Thomas  Bottereau  ;  Denis  Mottet  ;  Jean 
Pioux;  Pierre  Lelu;  Pierre  Augu;  Michel  Guignard;  François  Leveux; 
Simon  Rilly  ;  Michel  Hutot;  Jean  Bruncau. 

Députés  :  Louis-François-Denis  Aurioust,  conseiller  du  Roi  en  l'élec- 
tion, et  Michel  Puzelat,  chaufournier. 

Suivent  9  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

L'an  4789,  ce  8  mars,  les  habitants  assemblés,  après  avoir 
délibéré  sur  le  choix  des  députés  qu'ils  sont  tenus  de  nom- 


CAHIER   DE   GOULÀNtiES  205 

mer  en  conformité  des  lettres  du  Roi,  règlement  y  annexé  en 
date  «lu  27  avril  dernier,  pour  répondre  aux  vues  bienfai- 
santes et  paternelles  de  Sa  Majesté,  nous  osons  mettre  à  ses 
pieds  nos  très  humbles  condoléances,  convaincus  que  sa 
volonté  n'est  autre  chose  que  le  bonheur  de  ses  peuples. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Goulanges  remontrent  que 
l'impôt  de  la  taille  est  on  ne  peut  pas  plus  à  charge  aux  mal- 
heureux qui  y  sont  imposés,  tant  par  l'impôt  en  lui-môme 
que  de  la  manière  dont  il  est  perçu  ; 

Que  la  corvée  est  une  autre  charge  qui  ne  porte  que  sur 
la  classe  la  plus  indigente,  dont  le  propriétaire  riche  jouit 
sans  y  contribuer  en  aucune  manière  ; 

Que  personne  ne  puisse  s'empêcher  de  payer  l'impôt 
comme  tous  les  autres,  quelque  crédit  qu'il  ait  ; 

Que  les  députés  aient  les  pouvoirs  les  plus  entiers  pour 
assurer  la  protection  du  haut  laboureur  et  gens  de  campagne  ; 

Que  les  aides  et  gabelles  surtout  soient  supprimées  et 
remplacées  par  un  impôt  qui  rende  plus  d'argent  au  Roi, 
moins  abusif  et  vexatoire  pour  les  peuples. 

Trouver  un  remède  à  ce  que  la  reconstruction  des  presby- 
tère n'entraine  plus  tant  de  dépenses  aux  paroissiens  ;  pro- 
poser d'en  faire  supporter  la  moitié  par  les  gros  décimateurs 
ou  les  gros  bénéficiers. 

Demander  la  suppression  des  jurés  priseurs  vendeurs  de 
meubles,  ruineux  pour  les  habitants  des  campagnes,  sans 
produit  ni  avantage  pour  le  Roi. 

Demander  la  suppression  des  intendants  et  subdélégués, 
comme  étant  à  charge  à  l'État  et  qui,  depuis  très  longtemps, 
se  sont  écartés  des  principes  pour  lesquels  ils  avaient  été 
créés. 

Qu'on  fournisse  toujours  des  secours  aux  pauvres  qui  ne 
peuvent  plus  travailler  et  du  travail  aux  autres,  surtout 
quant  il  n'y  en  a  point  ailleurs. 

Demander  l'établissement  d'États  provinciaux  dans  chaque 
généralité. 


206  BAILLIAGE    DE   BL01S 

Demander  la  permanence  de  la  maison  de  la  Guiche  W 
possédant  un  revenu  assez  considérable  et  en  usant  au  sou- 
lagement des  malheureux  à  trois  lieues  à  la  ronde. 

Observons  en  outre  que  les  différentes  paroisses  qui  Tavoi- 
sinent  ne  sont  point  [assez]  riches  pour  avoir  des  vicaires, 
que  le  service  divin  qui  s'y  fait  tous  les  jours  supplée  au 
manque  des  vicaires  desdites  paroisses. 

Demander  que  les  chemins  de  communication  tant  de  Blois 
quedeChouzy  soient  établis,  n'y  en  ayant  en  aucune  manière. 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  Louis  Olivereau  ;  Puze- 
lat,  etc.  W.) 


ONZAIN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblées:  le  vendredi  de  la  Passion  et  le  49  juin. 

Principales  cultures  :  vigne,  prés. 

Seigneur  en  1768  :  Péan. 

Seigneur  en  1789:  dame  Angélique  Renaud  d'Avesnes  des  Meloises, 
veuve  de  Jean-Michel  Hugues  de  Péan  <3). 

(H  Abbaye  de  clarisses  située  paroisse  de  Chouzy,  près  le  bourg  de  Goulanges, 
fondée  en  1272  par  Jean  Iar  de  Chàtillon  et  célèbre  comme  lieu  de  sépulture  des 
comtes  de  Blois  de  la  maison  de  Chàtillon.  Quelques  années  avant  la  Révolution, 
l'évèque  de  Blois,  M.  de  Thémines,  voulant  annexer  les  biens  de  la  Guiche  au 
séminaire,  avait  demandé  la  suppression  du  monastère  et  la  dispersion  des  reli- 
gieuses dans  les  couvents  de  Blois.  Cette  affaire  fut  portée  devant  les  tribunaux 
où  l'évèque  perdit  sa  cause  et  les  religieuses  rentrèrent  dans  leur  abbaye  (Cf. 
Laurand,  L'abbaye  de  la  Guiche.  Mém.  de  la  Soc.  arc  h.  de  l'Orléanais,  t.  iv,  p.  193). 

<J)  Jean  Denis,  président  de  l'assemblée,  a  signé  le  procès-verbal,  mais  non  le 
cahier  des  doléances. 

P>  Cf.  Dupré,  Le  château  et  les  seigneurs  dyOneaint  Bulletin  de  la  Soc.  des 
sciences  et  lettres  de  Loir-et-Cher,  de  juillet  1873  (t.  vin  des  Mémoires;,  pp.  17  à  20. 


CAHIKR    D  ONZAIN  207 

Population  en  1 790  :  4 .387  habitants. 

Taille  :  9.424  1.  (principal  :  4.323  i.  ;  accessoires  :  2.353 1.  ;  capita- 
tion  ;  2.748  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (i  contribuable)  :  420  1. 

Vingtièmes  :  3.820  1.  6  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  4  789. 

Président  :  Louis  Dupuy,  avocat  en  parlement,  lieutenant,  juge 
ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  du  comté  de  Rostaing  à  Onzain. 

Population  :  330  feux. 

Comparants  :  Jean  Tatin  ;  Jean  Fouchcr  ;  Louis  Guérin  ;  Louis 
Beau  nier  ;  Pierre  Bouquin  ;  Nicolas  Lhomme  ;  Pierre  Denis  ;  Nicolas 
et  Jean  Bonnet  ;  Nicolas  Chedé  ;  Nicolas  Asselin  ;  Pierre  Hureau  ; 
Alexandre,  Jacques  et  Maurice  Trinquart  ;  Alexandre  Desnos  père  ; 
Alexandre  Desnos  fils  ;  Aignan  Lasnier  père  ;  Joseph  Lasnier  fils  ; 
Louis  Glatigny  ;  François  Arnoult  ;  Pierre  Glatigny  ;  Jacques  Glati- 
gny  ;  Pierre  Mauclerc  ;  Ange  Fournereau  ;  Jean  Girault  ;  Pierre 
Granger  ;  Charles  Fournereau  ;  Pierre  Alleaume  ;  Joseph  Chemin  ; 
Alexandre  Jouannet  ;  Pierre  Chauvin  ;  Denis  Bruneau  ;  Pierre  Chau- 
morin  ;  Jean  Tisserat  ;  Jacques  Patoureau  père,  Toussaint  Patoureau; 
Pierre,  Jean  et  Georges  Bouge  ;  Louis  Beaunier  ;  Pierre  Donzillié  ; 
Pierre  Du  brocard  ;  Jacques-René  Balleux  ;  Jean  Guertin  ;  Louis  Che- 
vaucher; Juste  Dabert  ;  Charles  Trefou  ;  Jacques  Moreau  ;  Claude 
Jahanault  ;  Pierre  Jahanault. 

Députés  :  Joseph  Lasnier,  Alexandre  Desnos,  chirurgiens  ;  Nicolas 
Asselin-Boucher  et  Louis  Glatigny,  vigneron. 

Suivent  40  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  remontrances  et  suppliques  que  les 
habitants  de  la  paroisse  cT  Onzain ,  généralité  d'Orléans* 
élection  de  B/ois,  assemblés  en  conséquence  de  la  lettre 
du  Roi  du  20  janvier  dernier  et  de  l'ordonnance  de 


208  BAILLIAGE   DE    BLOtS 

Al.  lieutenant  général  du  bailliage  de  Mois  du  i2  février 
aussi  dernier,  mettent  aux  pieds  de  Sa  Majesté  par 
r organe  des  députés  de  la  province  aux  États  libres  et 
généraux  du  royaume,  convoqués  par  ses  ordres  portés 
en  sa  lettre  du  20  janvier  dernier  sus-mentionnée. 

Art.  ier.  —  Lesdits  habitants,  convaincus  des  efforts  et  des 
vœux  de  Sa  Majesté  pour  le  bonheur  de  ses  peuples,  dépo- 
sent avec  confiance  dans  son  sein  vraiment  paternel  que  le 
poids  des  impôts,  déjà  trop  pesant  pour  eux,  Test  devenu 
davantage  encore  par  les  intempéries  des  saisons  qui  depuis 
cinq  ans  n'ont  cessé  de  ravager  leurs  récoltes,  par  la  cherté 
des  grains  et  l'espèce  de  famine  qui  en  sont  le  résultat,  enfin 
par  la  rigueur  de  cet  hiver  qui  ne  les  a  pas  seulement,  pen- 
dant un  très  long  temps,  privés  de  la  ressource  du  travail, 
mais  qui,  en  gelant  leurs  vignes,  vient  de  mettre  le  comble  à 
leur  infortune. 

Art.  2.  —  Qu'ils  n'ignorent  pas  que  la  mesure  des  impôts, 
toule  excessive  qu'elle  soit  en  général  et  en  particulier  pour 
leur  paroisse,  est  encore  beaucoup  au-dessous  de  celle  ac- 
tuelle des  charges  de  -  l'Etat,  mais  que,  pour  rétablir  entre  elles 
l'équilibre,  sans  cependant  agrandir  la  première,  ils  en  con- 
çoivent deux  moyens,  la  réduction  des  unes  par  l'économie, 
et  un  plus  grand  produit  des  autres  par  un  meilleur  ordre,» 
tant  dans  leur  répartion  que  dans  leur  recouvrement. 

Au  premier  chef  (celui  de  l'économie),  qu'ils  estimeraient 
avantageux  d'aliéner  ou  de  démolir  un  grand  nombre  do 
maisons  royales  dont  l'existence  constitue  sans  la  moindre  uti- 
lité dans  (sic)  des  frais  considérables  d'entretien  et  de  surveil- 
lance ;  Sa  Majesté  a  bien  eu  à  ce  sujet  différentes  vues,  mais 
on  en  est  presque  toujours  demeuré  au  terme  du  simple 
projet  <*). 

(M  II  n'en  était  malheureusement  rien.  L'éditdu  10  février  1788  ordonnait  bien 
la  venté  ou  la  démolition  des  châteaux  de  la  Muette,  Madrid,  Vincennes  et  Blois. 
Celui  de  Blois,  en  particulier,  né  fut  sauvé  de  la  destruction  que  parce  qu'il  fut 
converti  en  caserne. 


CAHIER    d'oNZAIN  209 

Qu'un  examen  scrupuleux  des  motifs  de  la  concession  des 
pensions  ne  serait  pas  moins  nécessaire  ;  il  résulterait 
de  cette  analyse  un  retranchement  ou  tout  au  moins  une  dimi- 
nution conséquente  en  cette  partie.  On  se  bornera  sur  ce 
point  à  l'indication  de  ces  deux  exemples. 

Au  second  chef  (celui  de  rétablissement  d'un  meilleur 
ordre  dans  la  répartition  des  impôts),  qu'il  paraîtrait  imporr 
tant  et  nécessaire  de  les  réduire  à  deux  principaux. 

Le  premier  et  le  plus  considérable,  qui  serait  réel  et  fon- 
cier, se  répartirait  également  entre  tous  les  citoyens  sans 
aucune  exception  ni  privilège  ;  on  le  mesurerait  sur  le  besoin 
de  l'État,  et,  pour  le  répartir  avec  plus  d'égalité,  il  serait  fait 
un  cadastre  estimatif  des  biens  des  communautés. 

Le  second  serait  personnel,  et,  pour  l'affranchir  du  vice  de 
l'arbitraire,  il  pourrait  être  tarifé  sur  la  profession  de  cha- 
cun des  citoyens.  Ainsi,  par  exemple,  un  médecin  payerait 
tant,  un  avocat  tant,  etc.,  et  cette  taxe  varierait  suivant  l'im- 
portance du  lieu  de  leur  résidence  ;  c'est  ainsi  qu'à  Paris  elle 
serait  plus  forte  qu'à  Orléans,  à  Orléans  qu'à  Blois  et  à  Blois 
que  dans  les  campagnes. 

On  objectera  peut-être  les  différences  qui  se  trouvent  entre 
le  produit  de  la  môme  profession  par  rapport  à  chacun  de 
ceux  qui  l'exercent,  mais  dans  un  système  de  législation  il 
est  presqu'impossible  de  saisir  et  de  marquer  toutes  les 
nuances;  d'ailleurs  ce  serait  une  sorte  de  justice  que  celui 
qui,  par  son  travail  et  son  industrie,  serait  parvenu  à  amé- 
liorer sa  condition  ne  fût  pas  dans  le  cas  d'en  être  imposé 
davantage;  cette  première  récompense  deviendrait  pour  ceux 
qui  courraient  la  môme  carrière  un  aiguillon  beaucoup  plus 
puissant  qu'on  ne  pense. 

Art.  3.  —  Qu'on  pourrait  en  outre  conserver  quelques 
impositions  sur  la  consommation  des  objets  de  luxe  et  princi- 
palement, pour  assurer  la  préférence  à  nos  manufactures  et 
à  nos  productions,  sur  la  consommation  de  ceux  qui  vien- 
draient de  l'étranger  ;  qu'il  pourrait  en  être  de  même  du 


210  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

timbre  et  du  contrôle  dont  il  est  important  surtout  de  main- 
tenir la  formalité,  mais  en  réduisant  do  beaucoup  les  droits 
et  en  bannissant  Farbitraire,  en  conservant  des  droits  mo- 
dérés d'enregistrement  ,-  il  serait  entre  autres  de  la  plus 
grande  utilité  de  supprimer  totalement  celui  de  franc-fief, 
dont  les  motifs  ne  subsistent  plus  et  qui  rend  la  vente  des 
biens  nobles  aussi  difficile  que  défavorable. 

Toutes  les  autres  branches  telles  que  la  taille,  les  ving- 
tièmes, les  corvées  et  surtout  les. aides  et  gabelles,  si  oné- 
reuses et  si  préjudiciables  tant  au  commerce  qu'à  l'agricul- 
ture, demeureraient  à  ce  moyen  supprimées. 

En  ce  qui  touche  le  recouvrement,  que,  le  nombre  des 
impôts  ainsi  réduit,  ce  recouvrement  deviendrait  nécessaire- 
ment plus  facile  et  moins  dispendieux,  ce  qui  tournerait  à 
l'avantage  commun  et  du  gouvernement  et  du  peuple  ;  que 
pour  lui  donner  au  surplus  toute  la  simplicité  et  la  perfec- 
tion dont  il  est  susceptible,  il  semblerait  indispensable,  en 
adoptant  le  vœu  de  l'Orléanais,  de  solliciter  pour  la  province 
entière  des  États  dont  la  composition  fût  calquée  sur  ceux 
nouvellement  accordés  au  Dauphiné  ;  l'expérience  de  plu- 
sieurs siècles  a  démontré  assez  combien  ce  régime  était  salu- 
taire. 

Art.  4.  —  Supplient  lesdits  habitants  que  les  États  géné- 
raux soient  de  nouveau  convoqués  à  des  époques  fixes  dont 
ceux-ci  demeureront  d'accord,  et  que  dans  l'intervalle  ils 
soient  représentés  par  des  commissions  intermédiaires  com- 
posées de  membres  choisis  par  lesdits  États,  sans  le  gré  ou 
consentement  desquels  ou  desdites  commissions  il  ne  pût 
être  établi  de  nouvel  impôt. 

Art.  5.  —  Qu'il  serait  intéressant  pour  les  habitants  des 
campagnes  de  supprimer  les  justices  seigneuriales  et  d'en 
établir  de  royales  dans  les  gros  lieux  qui  comme  le  leur  se 
trouveraient  trop  éloignés  du  siège  de  celles  actuellement 
existantes  ;  que  Sa  Majesté  retirerait  de  la  vente  des  offices 
qui  composeraient  ces  nouvelles  juridictions  de  quoi  indem- 


CAHIER    d'oNZAIN  21  1 

niser  les  seigneurs,  ce  qui  concilierait  la  suppression  de  leur 
justice  avec  le  droit  de  propriété  auquel  il  ne  serait  point 
ainsi  porté  d'atteinte. 

Art.  6.  —  Observent  lesdits  habitants  que  la  science  du 
droit  est  celle  où  chaque  citoyen  doit  pouvoir  puiser  lui- 
même  les  règles  de  la  conduite  qu'il  doit  tenir  envers  ses 
concitoyens  dans  les  différents  rapports  qu'il  a  avec  eux,  et 
qu'elle  devrait  comme  telle  être  d'un  accès  facile  à  tous  ;  que 
cependant  notre  jurisprudence,  par  la  multiplicité  des  lois,  la 
diversité  et  l'obscurité  des  coutumes,  l'incertitude  et  la  con- 
trariété des  arrêts  qui  la  constituent,  est  devenue  un  dédale 
d'où  le  jurisconsulte  le  plus  consommé,  no  se  lire  souvent 
qu'avec  peine,  ce  qui  exigerait  une  refonte  générale  de  toutes, 
ces  lois  et  de  toutes  ces  coutumes  en  un  seul  Code  ;  ce  serait 
l'un  des  plus  grands  biens  dont  Sa  Majesté  pourrait  encore 
gratifier  son  peuple. 

Art.  7.  —  Qu'à  regard  de  notre  procédure  civile  et  crimi- 
nelle, Sa  Majesté  venant  d'établir  une  commission  à  l'effet 
de  la  réformer,  on  ne  peut  que  la  supplier  d'accélérer  la 
fin  d'un  travail  aussi  désiré  qu'il  est  d'ailleurs  précieux  et 
indispensable. 

Art.  8.  —  Que  la  suppression  des  jurés  priseurs,  dont 
les  droits  sont  si  onéreux  au  peuple,  ne  leur  est  pas  moins 
importante. 

Art.  9.  —  Que  la  liberté  est  le  bien  le  plus  précieux  que 
l'homme  ait  reçu  de  la  nature,  et  que  l'usage  des  lettres  de 
cachet,  qui  nous  en  prive  sans  aucune  forme  et  souvent  sans 
forfaiture,  est  une  violation  du  droit  de  cité,  au  moyen  de 
quoi  on  ne  peut  trop  réclamer  contre  leur  usage. 

Art.  10.  —  Que  les  banalités  de  fours,  moulins  et  pres- 
soirs, les  corvées  qui  remontent  à  ces  temps  d'anarchie  où  le 
gouvernement  féodal  appesantissait  sou  joug  sur  les  peuples, 
et  qui  comme  telles  sembleraient  avoir  l'usurpation  pour 
principe,  peuvent  encore  être  considérées  comme  une  atteinte 


212  BAILLIAGE   DE   BL01S 

à  cette  liberté  naturelle,  pourquoi  ils  en  demanderaient  la 
suppression. 

Aht.  il.  —  Qu'il  en  doit  être  de  même  des  autres  servi- 
tudes réelles,  telles  que  les  rentes  foncières,  cham parts  ou 
ferrages,  et  généralement  de  toutes  les  charges  foncières  sous 
quelque  dénomination  qu'elles  puissent  être,  à  l'exception 
des  cens  ou  autres  redevances  récognitives  de  seigneuries, 
si  ce  n'est  pourtant  qu'à  l'égard  de  ces  derniers  on  serait  tenu 
de  rembourser  les  seigneurs  ou  propriétaires  sur  le  pied  que 
Sa  Majesté  est  suppliée  de  déterminer. 

Aht.  12.  —  Que  Ton  peut  regarder  encore  comme  une  ser- 
vitude les  abus  que  les  seigneurs  peuvent  faire  du  droit  de 
chasse  et  de  colombier  en  laissant  multiplier  leur  gibier  et 
leurs  pigeons  au  préjudice  des  communautés,  et  qu'il  serait 
très  intéressant  pour  elles  d'aviser  au  moyen  de  les  répri- 
mer, et  particulièrement  pour  celte  paroisse  qui,  depuis  cinq 
années  ou  environ,  se  trouve  infestée  de  lapins,  lièvres  et 
pigeons,  de  manière  qu'une  très  grande  partie  des  terres  est 
demeurée  sans  culture,  ce  qui  les  prive  d'une  portion  de 
leur  revenu  et  devient  pour  eux  une  surcharge  qui  les  met- 
trait à  la  fin  dans  l'impuissance  de  payer  leurs  impôts  ;  qu'il 
serait  même  intéressant  d'ordonner  la  destruction  de  plu- 
sieurs colombiers  autres  que  ceux  des  seigneurs  qui  se  trou- 
vent dans  l'étendue  de  la  paroisse,  même  d'enjoindre  à  ces 
derniers  de  fermer  les  leurs  dans  le  temps  des  semences  et 
récoltes. 

Art.  13.  —  Que  par  le  dernier  curement  de  la  rivière  de 
Cisse.  fait  il  y  a  environ  quarante  ans  aux  dépens  des  habi- 
tants et  propriétaires,  le  seigneur  à  qui  appartient  le  droit 
de  pêche  dans  ladite  rivière  fut  assujetti  à  son  entretien  et 
curement  pour  l'avenir  ;  qu'elle  a  besoin  pour  le  moment 
d'être  curée  dans  quelques  parties,  pourquoi  ils  requièrent 
qu'il  en  soit  ainsi  ordonné,  à  peine  de  privation  de  son  droit 
de  pèche. 

Art.  14.  —  Que  la  suppression  des  ordres  religieux  autres 


CAHIER   D'ONZAIN  213 

que  ceux  dont  les  membres  méritent  de  la  patrie  en  se  livrant 
soit  à  l'éducation  de  la  jeunesse,  soit  au  soulagement  de 
l'humanité  souffrante,  semblerait  de  la  plus  grande  utilité, 
puisqu'il  est  vrai  que  l'épargne  la  plus  avantageuse  à  l'État, 
est  celle  qui  diminue  le  nombre  des  hommes  inutiles  entre- 
tenus aux  dépens  des  citoyens  productifs  et  industrieux,  et 
que  d'ailleurs  l'immensité  des  biens  employés  à  nourrir  leur 
oisiveté,  réunis  par  cette  suppression  à  une  caisse  qu'il  serait 
question  d'établir  sous  le  nom  de  Caisse  de  la  Nation,  servi- 
rait à  en  diminuer  la  dette. 

Que  la  propriété  des  biens  du  clergé  séculier  appartient 
encore  à  cette  Nation  qui  lui  en  abandonne  l'usufruit  par  re- 
présentation de  la  subsistance  qu'elle  doit  aux  ministres  de 
sa  religion  ;  qu'en  leur  donnant  d'ailleurs  cette  subsistance 
d'une  manière  honnête  et  proportionnée  à  la  dignité  de  leur 
état,  elle  pourrait,  sans  blesser  en  rien  les  règles  de  la  justice, 
en  user  à  l'égard  de  leurs  biens  comme  on  l'a  ci-devant 
indiqué  pour  ceux  des  ordres  religieux. 

En  autorisant  les  administrateurs  de  la  Caisse  à  les  aliéner 
au  profit  de  l'Etat,  on  opérerait  deux  grands  avantages,  celui 
de  remettre  ces  biens  dans  le  commerce,  et  celui  d'acquitter 
d'autant  du  prix  qu'on  en  retirerait  la  dette  publique. 

Art.  15.  —  Que  le  commerce  et  l'industrie  soient  essentiel- 
lement libres,  qu'il  importe  ainsi  de  le  (sic)  dégager  de  tous 
les  droits  de  minage  (*),  péage,  maîtrise  et  autres  qui  pour- 
raient tendre  à  les  gêner  et  les  réduire,  que  pour  le  faciliter 
il  serait  même  avantageux  d'établir  l'unité  de  poids,  de 
mesure  et  daunage. 

Qu'il  est  encore  important  pour  lui  de  multiplier  les  com- 
munications entre  les  villes  et  les  gros  bourgs  de  chaque 
paroisse,  et  particulièrement  de  rétablir  celle  d'entre  leur 
bourg  et  celui  d'Herbault  avec  lequel  ils  ont  les  relations  les 
plus  fréquentes. 

(M  Droit  de  mesurage  dû  pour  les  grains,  farines,  légumes  et   autres  marchan- 
dises qui  se  mesuraient  à  la  mine. 


214  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

Art.  16.  —  Que  leur  seigneur  avait  un  droit  de  marché 
et  de  quatre  foires  qu'il  a  laissé  tomber  en  désuétude,  mais 
dont  le  rétablissement  serait  pour  eux  et  pour  la  contrée  de 
la  plus  grande  importance. 

Art.  17.  —  Que  la  population  de  leur  paroisse  ne  laissant 
pas  d'être  considérable,  l'humanité  semblerait  devoir  solli- 
citer en  leur  faveur  l'établissement  d'une  caisse  et  d'une 
maison  de  charité  destinées  au  soulagement  de  leurs  pauvres 
et  dont  les  fonds  seraient  assignés  sur  le  produit  des  biens 
du  Clergé  réunis  à  la  Caisse  de  la  Nation. 

Art.  18.  —  Que  leur  communauté  depuis  le  15  de  mars 
jusqu'à  la  récolte  des  prés  se  trouve  absolument  dénuée  de 
pacages,  ce  qui  préjudicie  notablement  à  leur  agriculture  ; 
pourquoi  requerraient  qu'il  plût  à  Sa  Majesté  enjoindre  à  leur 
seigneur  de  leur  indiquer  différents  cantons  proportionnés  à 
la  quantité  de  leur  bétail,  et  singulièrement  une  partie  des 
bois  de  Vauliard  (■)  dont  il  s'est  emparé  sur  le  fondement 
qu'ils  n'étaient  réclamés  par  personne,  ainsi  que  ceux  des 
Brûlons,  de  Villiers  (2)  et  autres  dont  il  s'est  également  mis 
en  possession. 

Art.  19.  —  Que  l'ampliation  des  présidiaux  (3>  deviendrait 
encore  un  avantage  pour  la  province  dont  les  habitants 
seraient  ainsi  moins  souvent  constitués  dans  la  nécessité 
d'aller  chercher  loin  de  leur  famille  à  gros  frais  dans  la  capi- 
tale une  justice  lente  et  quelquefois  par  cela  même  rui- 
neuse pour  toutes  les  parties  ;  qu'il  serait  même  utile  d'au- 
toriser les  juridictions  seigneuriales  dont  les  juges  résident 
sur  les  lieux  et  qui  par  cette  considération  pourraient  être 
conservées,  à  prononcer  sans  appel  jusqu'à  concurrence  de 


1*)  Hameau  à  5  kilomètres  N.-O.  d'Onzain. 

M  Hameau  à  2  kilomètres  N.-O.  d'Onzain. 

(3)  Édit  portant  ampliation  du  pouvoir  des  présidiaux,  novembre  4774  (ïsam- 
b.ert,  t.  xxni,  p.  57)  et  l'ordonnance  du  8  mai  1788  sur  l'administration  de  la  justice 
(lbid.t  t.  xxviii,  p.  534). 


CAHIER    DE   CHAUMONT-SUR-LOIRE  215 

50  livres,  ce  qui  terminerait  plus  promptement  une  infinité  de 
procès. 

Art.  20  et  dernier.  —  Que  la  somme  de  leurs  impositions 
ayant  été  déterminée  par  la  considération  de  l'avantage  qu'ils 
avaient  d'être  voisins  d'une  grande  route,  il  serait  pour  eux 
du  plus  grand  préjudice  qu'on  établit,  ainsi  qu'on  se  l'est 
proposé,  sur  la  rive  opposée  de  la  Loire  une  nouvelle  route 
qui  coûterait  immensément  à  l'État  sans  être  d'aucune  utilité, 
puisqu'il  est  vrai  que  les  sommes  qu'il  serait  nécessaire  d'y 
employer  suffiraient  presque  pour  le  rétablissemeotdes  ponts 
de  Tours  et  d'Amboise  <*). 

Fait  et  arrêté  en  l'assemblée  desdits  habitants  tenue  au 
banc  de  l'œuvre  de  ladite  paroisse  cTOnzain,  le  6  mars  1789, 
et  ont  ceux  desdits  habitants  qui  n'ont  signé  déclaré  ne  le 
savoir,  de  ce  enquis  après  lecture. 

(Suivent  41  signatures,  celles  de  :  Lasnier  père  ;  Desnos 
père  ;  Louis  Glatigny  ;  Dupuy,  etc). 

Voir  les  ressemblances  du  cahier  ci-après  de  Chaumont  avec  celui 
d'Onzain. 


CHAUMONT-SUR-LOIRE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Montrichard. 
Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Am- 
boise.  —  Diocèse  :  Blois. 
Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 
Brigade  de  Blois. 


(*>  Ces  ponts  avaient  été  détruits  par  la  crue  de  la  Loire  de  janvier  1789.  La 
route  de  la  rive  gauche  était  déjà  en  grande  partie  construite;  il  ne  restait  plus 
alors  à  établir  que  la  partie  comprise  entre  les  Montils  et  Chaumont  (Cf. 
Dr  Lesueur,  ouvr.  cit.). 


216  BAILLIAGE   DR    BLOIS 

Principales  cultures  :  blé,  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Leray. 

Seigneur  en  1789  :  Leray. 

Population  en  1790  :  750  habitants. 

Taille  :  5.009  1.  (principal  :  2.300  1.  ;  accessoires  :  4.252  1.;  capita- 
tion  :  1.457  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  4.920  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4er  mars  1789. 

Président  :  Orien  Marais,  procureur  fiscal,  en  l'absence  des  bailli 
et  lieutenant  de  la  justice  du  comté  de  Chaumont.  Même  président 
qu'à  Rilly  et  Valaire. 

Population  :  180  feux. 

Comparants  :  Jean-Charles  Bardou  ;  Louis  Richard,  bourgeois  ; 
Jacques-Christophe  Delaleu,  laboureur,  syndic;  Michel  Denevers, 
marchand  de  bois  ;  Michel  Brizemur,  vigneron  ;  Louis-Cosme  Rabier, 
charpentier;  Toussaint  Buttet,  bourellier;  François  Angier,  labou- 
reur ;  Nicolas  Métais,  Etienne  Bienvenu,  Gabriel  Thibault  l'aîné, 
Thomas  Vernou,  vignerons  ;  François  Chottin,  cabaretier  ;  Pierre 
Lecoffre,  journalier  ;  Pierre  Bouillon  le  jeune,  fagotteur  ;  Martin 
Brizemur,  vigneron  ;  Jean  Berthelin,  laboureur  ;  François  Brizemur, 
Claude  Guilpin,  Jean  Thibault,  Marcou  Guéneau,  vignerons  ;  Pierre 
Joubert,  journalier  ;  Georges  Béanay,  François  Roze,  vignerons  ; 
François  Aignan,  chirurgien  ;  René  Froumy,  journalier  ;  Charles 
Blanchet,  fagotteur  ;  Louis  Lenoir,  Nicolas  Brault,  François  Daunay, 
vignerons;  François  Vernou,  tourneur;  François  Boissé,  vigneron; 
Mathurin  Maloiseau,  journalier;  Jean  Savoye,  vigneron;  Charles 
Bazin,  tisserand  ;  Claude  Rabier,  tailleur  ;  Pierre  Thibault,  vigne- 
ron ;  Jean  Roch,  journalier;  Jacques  Bisson,  charron  ;  Louis  Foucault, 
laboureur;  Gabriel  Thibault  le  jeune,  regrattier;  Jean  Lenoir,  labou- 
reur ;  Jacques  Briais,  couvreur;  Michel  Daunay,  laboureur  ;  Germain 
Fouilloux,  tonnelier;  Pierre  Rouillon  l'aîné,  fagotteur;  Michel 
Mercier,  laboureur. 


CAHIER    DE   CHÀUM0NT-SUR-L0IRE  217 

Députés  :  Augustin-Louis  Richard,  bourgeois,  et  Michel  Denevers, 
marchand  de  bois. 

Suivent  16  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  remontrances  et  suppliques  que  les 
habitants  de  la  paroisse  deChaumont,  généralité  d'Or- 
léans, élection  de  Blois;  assemblés  en  conséquence  de  la 
lettre  du  Roi  du  20  janvier  dernier  et  de  l'ordonnance 
de  M.  le  lieutenant  général  du  bailliage^  de  Blois 
du  12  février  aussi  dernier,  mettent  aux  pieds  de  Sa 
Majesté  par  l'organe  des  députés  de  la  province  aux 
États  libres  et  généraux  du  royaume,  convoqués  par 
les  ordres  portés  en  sa  lettre  du  20  janvier  dernier 
sus-mentionnée. 

[Les  articles  1  à  8  de  ce  cahier  sont  identiques  aux  articles  i9  2,3, 4, 
8,  9,  10  et  11  du  cahier  d'Onzain,  sauf  les  différences  suivantes  : 

A  l'article  1 ,  les  mots  :  «  depuis  cinq  ans  »  sont  remplacés  par  : 
«  depuis  six  ans  ou  environ  ». 

A  l'article  2,  les  mots  :  «  c'est  ainsi  qu'à  Paris...  dans  les  campa- 
gnes »  sont  supprimés. 

A  l'article  3,  les  mots  :  «  l'expérience  de  plusieurs  siècles...  était 
salutaire  »  sont  supprimés. 

A  l'article  7  (art.  10  d'Onzain)  les  mots  :  «  et  pressoirs  »  sont  sup- 
primés. 

De  plus,  les  articles  9  et  11  ci-après  sont  en  partie  identiques  à 
l'article  15  et  à  la  fin  de  l'article  19  d'Onzain], 

Art.  9.  —  Que  le  commerce  et  l'industrie  sont  essentiel- 
lement libres  ;  qu'il  importe  ainsi  de  les  dégager  de  tous  les 
droits  de  minage,  maîtrise,  péage,  qui  pourraient  tendre 
à  les  gêner  et  les  réduire  ;  que  pour  le  faciliter,  il  serait 
même  avantageux  d'établir  Funité  de  poids,  de  mesure  et 
d'aunage. 

Qu'il  est  encore  important  pour  lui  de  multiplier  les  corn- 


218  BAILLIAGE  DE   BLOIS 

munications  entre  les  paroisses  voisines,  et  notamment  para- 
chever la  roule  entre  Arnboise  et  Blois,  où  il  n'y  a  plus  qu'en- 
viron deux  lieues  pour  la  parachever  <!). 

Art.  10.  — Qu'il  existe  au  bord  de  la  Loire,  entre  icelle  et 
la  levée,  sur  la  paroisse  de  Chouzy,  une  plantation  de  peu- 
pliers et  osiers  qui  refluent  tellement  lés  eaux  de  la  Loire 
sur  les  prairie  et  varenne  de  leur  paroisse,  qu'elles  en  sont 
détruites  graduellement  ;  que  pour  obvier  à  cet  inconvénient, 
il  serait  nécessaire  de  pratiquer  dans  ladite  plantation  un 
large  fossé. 

Art.  il. : —  Qu'il  serait  utile  d'autoriser  les  juridictions 
seigneuriales  à  prononcer  sans  appel  jusqu'à  concurrence  de 
50  livres,  ce  qui  terminerait  plus  promptement  une  infinité 
de  procès. 

Fait  et  arrêté  en  l'assemblée  desdits  habitants,  le  1er  mars 
1789,  et  ont  ceux  desdits  habitants  qui  n'ont  signé  déclaré 
ne  le  savoir,  de  ce  enquis  après  lecture. 

(Suivent  18  signatures,  celles  de  :  Jacques-Christophe 
Delaleu,  syndic  ;  Denevers;  A.  Richard;  Ville  Savoie,  syn- 
dic, etc.) 


VALAIRE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Montrichard. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Montri- 
chard. —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Chaumont. 

Brigade  de  Blois. 

Principale  culture  :  seigle. 

Seigneur  en  1768  :  de  Maussion. 

W  Cf.  p.  188,  note  3  et  p.  219,  note  1. 


CAHIER   DE    VALAIfiE  219 

Seigneur  en  1789  :  dame  de  Maussion  de  Candé. 

Population  en  1790  :  14!  habitants.  • 

Taille  :  871  1.  (principal  :  400  1.  ;  accessoires  :  217  1.  ;  capitation  : 
254  I.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  498  1.  17  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  2  mars  1789. 

Président  :  Orien  Marais,  procureur  fiscal  du  comté  de  Chaumont- 
sur-Loire,  en  l'absence  des  bailli  et  lieutenant  général.  Même  prési- 
dent qu'à  Chaumont  et  à  Rilly. 

Population  :  33  feux. 

Comparants  :  François  Gogct,  fermier  général  de  la  terre  de  la 
Gendronnière  ;  Bernard  Riverain,  Pierre  Tatin,  laboureurs  ;  Pierre  De- 
ronne,  fagotteur  ;  Claude  Foucault,  laboureur  ;  Sylvain  Boucher,  fagot- 
teur  ;  Antoine  Roze,  Pierre  Verrier,  laboureurs  ;  Louis  Goujard,  Louis 
Marcadet,  Sylvain  Troispoux,  René  Tuilier,  fagotteurs  ;  Pierre  Auger, 
laboureur. 

Députés  :  François  Goget  et  Bernard  Riverain. 

Suivent  3  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  des  habitants  de.  la  paroisse  de  Valaire-en- 
Blésois,  pour  être  portées  aux  États  généraux. 

Lesdits  habitants  assemblés  sur  la  lettre  du  Roi,  en  date 
du  24  janvier  dernier,  et  [en  conséquence]  du  règlement  de 
Sa  Majesté  du  même  jour,  supplient  les  Etats  généraux  de 
mettre  aux  pieds  de  Sa  Majesté  leurs  principales  doléances, 
qui  consistent  dans  les  articles  suivants  : 

[1°]  Que  leur  paroisse  n'est  composée  que  de  33  feux,  ne 
contient  que   2  propriétaires,   que  le  surplus  ne  contient 


220  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

que  des  journaliers  et  quelques  laboureurs  dont  la  culture  ne 
s'étend,  à  l'exception  de  trois  qui  peuvent  exploiter  de  20  à 
30  arpents  (*),  que  de  5  à  6  arpents  <2>  ;  qu'ils  sont  cependant 
accablés  du  poids  des  impositions  et  singulièrement  de  celui 
de  la  taille,  qui  s'élève  à  près  de  900  livres. 

[2°]  Qu'ils  ont  été  depuis  quelques  années  affligés  du  fléau 
du  noiH3)  qui,  par  la  diminution  qu'il  leur  a  occasionnée  tant 
dans  la  quantité  que  dans  la  qualité  du  grain,  leur  a  fait 
préjudice  de  la  moitié  de  leur  récolte,  sans  compter  l'im- 
possibilité dans  laquelle  ils  se  sont  trouvés  de  semer 
l'année  dernière,  ce  qui  les  a  privés  de  la  récolte  entière. 

[3°]  Qu'ils  n'ignorent  pas  que  les  besoins  de  l'État  ne  leur 
permettent  guère  de  leur  accorder  une  diminution  dans  la 
taille,  mais  qu'ils  requerraient  cependant  un  soulagement  dans 
la  manière  de  la  répartir  avec  plus  d'égalité  dans  la  diminu- 
tion des  frais  de  recouvrement. 

[4°]  Que  la  cherté  du  sel  et  du  tabac  aggrave  encore  la 
gène  de  leur  situation,  pourquoi  ils  supplient  Sa  Majesté  de 
vouloir  bien  aviser  aux  moyens  de  modérer  ce  prix  ou  de 
rétablir  à  cet  égard  la  liberté  du  commerce. 

[5°]  Que  les  frais  d'instruction  des  procès  sont  encore 
pour  eux  un  nouveau  poids  dont  ils  désireraient  qu'on 
pût  alléger  pour  eux  le  fardeau,  abrégeant  d'ailleurs  au- 
tant que  faire  se  pourrait  les  longueurs  de  cette  instruction. 

[6°]  Que  les  différentes  banalités  sont  autant  d'entraves 
dont  il  serait  bien  utile  de  les  affranchir  ;  qu'il  ne  le  serait 
pas  moins  et  pour  eux  et  pour  l'agriculture  en  général  d'in- 
troduire en  leur  faveur  la  faculté  d'éteindre  par  le  rembour- 
sement les  différentes  redevances  foncières  telles  que  cham- 
parts  ou  terrages,  rentes  et  autres  droits,  à  l'exception  de 
ceux  récognitifs  de  seigneurie. 

(*)  12  à  18  hectares  environ. 

(*)  3  hectares  à  3  hectares  1/2  environ. 

<3)  Noir  des  céréales  :  maladie  des  céréales  produite  par  un  champignon. 


CAHIER   DE    RILLY  221 

[7°]  Que  leur  paroisse,  abondante  en  pacages,  et  comme 
telle  favorable  à  la  multiplication  du  bétail,  et  princi- 
palement des  chevaux,  exigerait  encore  rétablissement  d'un 
étalon . 

[8°]  Que  la  suppression  des  jurés  priseurs,  si  onéreux 
au  peuple,  serait  encore  pour  eux  de  la  plus  grande  impor- 
tance. 

• 

Fait  et  arrêté  en  l'assemblée  des  habitants  de  ladite  pa- 
roisse lesdits  jour  et  an  que  dessus,  et  ont  ceux  qui  n'ont 
signé  déclaré  ne  le  savoir,  de  ce  enquis  après  lecture 
faite. 

(Suivent  2  signatures,  celles  de:  Marais  et  Gogel.) 

Les  articles  3,  6  et  8  de  ce  cahier  sont  plus  ou  moins  directement  ins- 
pirés des  articles  2,  7,  8  et  5  du  cahier  de  Chaumont. 


RILLY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  -    Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Montrichard. 

Généralité  :  Tours.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Amboise.  —  Dio- 
cèse :  Blois. 

Seigneur  en  1789  :  Joseph  de  Regnard,  chevalier,  lieutenant- 
colonel  d'infanterie,  chevalier  de  Saint-Louis,  seigneur  de  Rilly,  le 
Plessis  et  la  Pagerie. 

Population  en  1790  :  333  habitants. 

Taille  :  4.958  1. 

Vingtièmes  :  1.052  1.  15  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  8  mars  1789. 

Président  :  Orien  Marais,  procureur  fiscal  de  la  justice  du  comté  de 


222  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Chau  mont-su  r-Loire>  en  l'absence  des  bailli  et  lieutenant.  Même  prési- 
dent qu'à  Chaumont  et  Valaire. 

Population  :  85  feux. 

Comparants  :  Jean  Fellion,  syndic,  vigneron  ;  Charles  Pasquier, 
vigneron,  Pierre  Brizemur,  tonnelier,  Pierre  Brisset,  laboureur, 
membres  de  l'assemblée  municipale  ;  Antoine  Vernon,  Bertrand 
.Méchot,  vignerons  ;  Charles  Gangneux,  maréchal  de  forge  ;  Etienne 
(hiilpin,  François  Lefay,  Gentien  Petitbon,  vignerons;  Gervais 
Moreau,  marchand  de  bois;  Jacques  Pitancier,  Julien  Gilbert,  Jérôme 
Janvier,  Jean  Foucault,  Antoine  Renard,  Jean  Lafay,  Etienne  Gallais, 
Georges  Bouillon,  Jacques  Bigot,  vignerons. 

Députés  :  Jacques  Cerizier  et  François  Guilpin,  vignerons. 

Suivent  9  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Les  habitants  du  bourg  et  paroisse  de  Rilly-sur-Loire,  péné- 
trés de  la  bonté  paternelle  du  Roi  qui,  par  gradations  succes- 
sives d'assemblées  de  paroisses,  de  bailliages  et  des  Etats  géné- 
raux, se  prépare  des  moyen*  de  connaître  avec  certitude  les 
plaintes  et  doléances  de  ses  peuples,  croient  devoir  repré- 
senter que,  quel  que  soit  le  genre  d'impositions  auquel  Sa 
Majesté,  secondée  des  États  généraux,  se  détermine  à  les 
assujettir,  il  ne  peut  être  que  très  désastreux  s'il  égale  celui 
qu'ils  payent  annuellement  sous  les  différentes  dénomina- 
tions de  vingtièmes,  tailles,  brevets,  capitation,  gabelles, 
droits  d'aides,  etc.,  etc. 

La  majeure  partie  des  fonds  de  la  paroisse,  est  en  vignes  ; 
on  sait  ce  qu'elles  ont  produit  depuis  nombre  d'années  ;  les 
nôtres  surtout  sont  d'un  faible  rapport  et  da  prix  le  plus 
modique  de  la  province  ;  pour  comble  de  malheur  elles  sont 
gelées  cette  année  de  manière  à  ne  recueillir  que  longtemps 
après  les  avoir  en  grande  partie  arrachées  et  replantées. 
Comment  le  propriétaire  et  le  vigneron  pourront-ils  fournir 
à  cette  dépense,  vivre  et  payer  des  impôts  ? 

Nous  laissons  cette  question  à  décider  aux   personnes 


CAHIER   DE    HILLY  223 

éclairées  entre  les  mains  de  qui  seront  déposés  les  intérêts 
du  bailliage  de  Blois. 

Nos  prés  sans  cesse  exposés  aux  inondations  diminuent 
d'année  en  année  en  étendue  et  en  valeur  par  les  sables  que 
la  Loire  y  charrie  ;  la  dernière  débâcle  et  crue  à  laquelle  la 
moitié  de  nos  maisons  vient  d'échapper,  mais  non  partie  de 
nos  bestiaux  et  de  nos  immeubles,  a  sablé  sans  réserve  et 
sans  ressource  un  grand  tiers  de  ce  qui  nous  restait;  les 
glaces  ont  détruit  et  emporté  peupliers,  mûriers,  saules  et 
tous  les  arbres  fruitiers  qui  les  bordent;  tous  nos  seigles 
qui  couvraient  la  varenne  ne  sont  plus  qu'une  grève  aride. 
Que  ne  devons-nous  pas  craindre  désormais  de  l'impétuosité 
de  ce  fleuve,  si  on  ne  réparé  la  brèche  de  plus  de  150  toises 
par  laquelle  il  s'est  introduit  et  a  dévasté  nos  meilleurs  biens. 
Comment  nourrir  nos  bestiaux?  Sans  eux,  comment  cultiver 
nos  terres  déjà  fort  sèches  et  ingrates  ?  De  quoi  vivrons- 
nous  ?  Et  sur  quoi  payerons-nous  nos  contributions  pour 
l'État  ? 

Les  terres  de  cette  paroisse  sont  en  pente  rapide,  traver- 
sées de  ravins  qui  entraînent,  malgré  nos  soins,  les  graines  de 
la  terre  ;  souvent  notre  labour,  souvent  partie  de  nos  récoltes 
sont  emportés  par  une  forte  pluie.  Nous  n'avons  pas  recueilli 
nos  semences  cette  année  ;  le  blé  est  à  un  prix  qui  excède  de 
plus  de  moitié  le  total  de  notre  travail.  Voilà  la  position  de 
tous  les  pères  de  famille. 

Nos  chemins  nouveaux  sont  impraticables  ;  cependant 
nous  payons  des  corvées  ;  il  n'y  a  pas  longtemps  qu'on  nous 
arrachait  à  nos  travaux  pour  nous  occuper  à  des  chemins 
éloignés  de  4  lieues  de  chez  nous,  et  les  nôtres  utiles  à  l'ex- 
ploitation restaient  sans  réparations.  Ne  serait-il  donc  pas 
possible  de  trouver  un  moyen  d'entretenir  les  chemins  sans 
que  le  malheureux  habitant  de  la  campagne,  toujours  ou 
presque  sans  propriété,  fût  obligé  d'y  sacrifier  son  corps  et 
son  argent? 

Un  pont  sur  le  ravin  qui  sépare  notre  bourg,  seule  com- 
munication avec  l'église,  vient  d'être  détruit  par  la  crue  ; 


224  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

nous  n'avons  pas  le  moyen  de  le  faire  rétablir,  cependant  il 
est  de  nécessité  absolue  ;  en  demandant  sa  reconstruction, 
c'est  ne  demander  qu'une  faible  portion  des  secours  que  nous 
avons  donné  à  d'autres. 

Tel  est  en  raccourci  le  tableau  des  plaintes  et  doléances 
que  les  habitants  de  Hilly  espèrent  que  les  États  généraux 
voudront  bien  mettre  sous  les  yeux  du  Roi.  C'est  donc  pour 
la  conservation  de  leur  faible  patrimoine,  du  fruit  de  leurs 
travaux  et  de  leur  subsistance  que  lesdits  habitants  font  les 
demandes  suivantes  : 

1°  Que,  quelle  que  soit  la  nature  de  l'impôt  auquel  ils  seront 
sujets,  il  soit  de  beaucoup  allégé  et  réparti  sur  tous  d'une 
manière  plus  juste,  plus  égale,  et  que  sa  perception  s'en 
fasse  d'une  manière  moins  dure  (à  la  dernière  crue  nous  sau- 
vions des  glaces  et  du  torrent  nos  femmes,  nos  enfants  et  nos 
pauvres  meubles  ;  les  huissiers  des  tailles  nous  menaçaient 
de  nous  enlever  les  derniers  ;  nous  ne  faisons  aucune  réflexion 
sur  le  fait). 

2°  La  suppression  des  corvées  et,  si  un  impôt  est  néces- 
saire pour  y  suppléer  pour  la  confection  des  chemins,  ponts 
et  chaussées,  turcies  et  levées,  qu'il  soit  supporté  comme 
tout  impôt  par  tous  les  Ordres  et  propriétaires  ;  peut-être  un 
péage  suffirait-il  à  tout,  surtout  s'il  n'y  avait  que  des  voyers 
et  entrepreneurs  gagés  pour  leurs  plan  et  conduites  d'ou- 
vrages, et  si  l'administration  provinciale  (*)  dont  les  officiers 
choisis  n'ambitionnaient  d'autre  récompense  que  le  bonheur 
honorable  d'être  utile  à  l'État  et  à  leurs  concitoyens,  en  fai- 
saient eux-mêmes  le  payement  et  la  réception  après  les  adju- 
dications publiques  et  au  rabais. 

3°  Que  les  députés  de  tous  les  Ordres  ne  négligent  rien  pour 
parvenir  à  la  suppression  des  gabelles,  impôt  jugé  et  reconnu 
généralement  désastreux  et  contraire  à  toute  espèce  de  fer- 
tilité et  population  en  tout  genre. 

(*)  L'assemblée  provinciale  qui,  depuis  1787,  était  chargée  de  la  direction  du  ser- 
vice des  ponts  et  chaussées. 


CAHIER    DE   RILLY  225 

4°  Que  nul  impôt,  nul  subside  ne  puisse  directement  ou 
indirectement  être  établi  ou  prorogé,  nul  emprunt  être  ouvert 
que  de  l'autorité  et  consentement  des  États  généraux,  et  que 
ce  soit  une  loi  de  l'btat. 

5°  Que  la  durée  de  tout  impôt  soit  fixée  à  l'intervalle  qui 
sera  décidé  devoir  avoir  lieu  dune  tenue  à  l'autre,  et  afin 
que  lesdits  États  eussent  une  connaissance  plus  parfaite  des 
besoins  de  l'État,  et  que  la  communication  du  Roi  avec  ses 
sujets  et  des  sujets  avec  leur  Roi  fût  plus  facile,  que  les 
États  soient  rassemblés  tous  les  trois  ans,  ou  au  plus  tard 
tous  les  cinq. 

6°  Qu'il  ne  soit  fait  aucune  loi  concernant  l'état  ou  la  for- 
tune des  citoyens  qu'elle  n'ait  été  proposée  ou  consentie  par 
les  États  généraux. 

7°  Que  dans  la  prochaine  tenue  la  dette  de  l'État  soit 
réglée  et  déterminée,  que  les  députés  aient  tous  pouvoirs 
pour  en  opérer  tous  les  retranchements  justes  dont  elle  peut 
être  susceptible. 

8°  Qu'on  cherche  dans  une  nouvelle  perception  toute 
l'économie  possible;  chaque  bailliage,  ou  chaque  État  de 
province,  pourrait  sans  grands  frais  percevoir  les  impôts  de 
son  arrondissement. 

9°  Que  la  procédure  soit  simplifiée,  les  frais  de  justice 
diminués,  la  procédure  criminelle  adoucie  ;  la  liberté  per- 
sonnelle, la  sûreté  des  propriétés  sont  le  fond  de  toute 
société;  c'est  la  dette  du  souverain  envers  son  peuple,  c'est 
l'hypothèque  le  plus  sûr  du  souverain  envers  ses  sujets  :  les 
moyens  de  les  recouvrer  doivent  donc  être  sûrs,  simples  et 
faciles  ;  les  deux  points  doivent  être  regardés  par  les  députés 
aux  États  comme  les  plus  importants  de  leur  mission. 

10°  Qu'on  cherche  les  moyens  d'encourager  l'agriculture; 
car,  sans  répéter  tout  ce  qui  a  été  écrit  sur  les  différents 
impôts,  il  est  incontestable  que  c'est  le  propriétaire  noble  ou 
roturier  qui  en  paye  la  majeure  partie. 

8 


226  BAILLIAGE   DE    BLOÎS 

1 1°  Que  nos  curés  trouvent  dans  leur  revenu  une  ressource 
toujours  ouverte  pour  le  nécessiteux,  l'infirme,  le  malade  de 
sa  paroisse,  pour  la  femme  en  couche  qui  souvent  est  sans 
pain,  sans  secours,  pour  la  femme  veuve  et  ses  enfants.  Per- 
sonne mieux  que  ces  messieurs  ne  connaît  nos  besoins,  et 
personne  mieux  que  nous  ne  sait  que  pour  la  plupart  la  por- 
tion qui  leur  est  assignée  est  insuffisante  pour  les  soulager. 

12°  Que  le  terrain  et  les  vignes  occupés  par  la  route  (*) 
soient  remboursés  à  chaque  propriétaire  suivant  sa  valeur  et 
contenance. 

13°  Que  les  pigeons  soient  renfermés  dans  le  temps  des 
semailles  et  à  la  maturité  des  grains. 

14°  Que  tous  les  privilégiés,  s'il  y  en  a  après  la  tenue  des 
États,  se  bornent  strictement  à  leurs  privilèges,  et  que  les 
paroisses  soient  déchargées  du  fonds  des  taux  que  payaient 
avant  eux  les  taillables  qui  faisaient  valoir  les  mêmes  fermes 
et  domaines  W. 

15°  Que  les  huissiers  prise urs  dont  les  frais  absorbent  la 
fortune  de  nos  mineurs  qui  n'ont  d'autre  fortune  que  Tes 
meubles  que  nous  pouvons  leur  laisser,  soient  supprimés. 

16°  Que  les  passages  des  rivières,  seigneuriaux  ou  non, 
soient  pour  le  bien  du  commerce  et  la  sûreté  des  citoyens, 
sûrs,  prompts  et  faciles,  et  que  la  grandeur  et  dimension  de 
leurs  bacs,  charrièros  <3)  ou  bateaux  soient  de  grandeur 
déterminée. 

Tels  sont  les  objets  que  les  habitants  du  bourg  et  paroisse 
de  Rilly  chargent  leurs  députés  de  présenter  au  bailliage  de 

<*)  Probablement  la  nouvelle  route  de  Blois  à  Tours  par  la  rive  gauche,  dont 
cette  partie  venait  d'être  construite. 

(2)  C'est-à-dire  que  le  taux  d'imposition  d'une  paroisse  soit  diminué  si  des 
fermes  et  domaines  exploités  auparavant  par  des  taillables  sont  acquis  par  des 
privilégiés  exempts  de  cet  impôt,  ce  qui  force  à  répartir  sur  les  autres  proprié- 
taires l'impôt  payé  antérieurement  pour  ces  terres. 

W  Charrière  :  bac  pour  passer  les  voitures  (Thibault,  Glossaire  du  pays  blai- 
*ois,  p.  84) . 


CAHIER    DE    VEUVES  227 

Blois  dans  leur  respectable  assemblée  du  9  mars;  ils  la 
supplient  de  les  examiner  et  de  les  discuter  et,  fci  elle  les 
trouve  dignes  d'être  présentés  au  États  généraux,  de  vouloir 
bien  les  adopter  dans  leurs  cahiers. 

Fait  et  arrêté  à  l'assemblée  municipale,  le W  1789  et 

signé  par  les  syndic,  membres  et  habitants  soussignés  et 
dénommés. 

(Suivent  8  signatures,  celles  de  :  Jacques  Pilliou  •  Felliôn, 
syndic,  etc.) 


VEUVES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Tours.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Amboise.  — : 
Diocèse  :  Blois. 

Population  en  1790  :  274  habitants. 

Taille  :  1.733  1.  6  s.  6  d. 

Vingtièmes  :  836  1.  18  s.  6  d. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  François-Bemabé  Lasnier,  notaire  royal  et  procureur  au 
comté  de  Chaumont,  demeurant  paroisse  de  Monteaux,  en  l'absence  du 
bailli.  Même  président  qu'à  Mesland. 

Population  :  66  feux. 

Comparants  :  Charles  et  Pierre  Donatien  Brizemur  père  et  fils  ;: 
Charles-François  Moreau  ;  François  Chaumet  ;  François  Brossard  ; 
François  Millet;  François  Goullet  ;  Gervais  Andry  ;  Gervais  Villet; 
Gervais  Bouchère  ;  Gervais  Renier;  Jacques  Massoteau  ;  Jean  Rossi- 
gnol ;  Jacques  Lefay  ;  Jean  Galichet;  Louis  Rousseau;  Louis  Allard  ; 

<*>  En  blanc. 


228  BAfLMAGK   DE    BLOTS 

Louis  Bomanville  ;  Louis  Bonnet  ;  Louis  Gilbert  père  ;  Michel  Blan- 
chet;  Pierre  Pardessus;  Pierre Gombault  père  ;  Michel Bordier  ;  Pierre 
Bonnet;  Pierre  Brossa rd,  vigneron;  Pierre Brossard, botteleur ;  Pierre 
Gombault  fils  ;  René  Silly  ;  René  Gilbert  ;  Sylvain  Lambert  ;  Jean  De- 
laine  ;  Sylvain  Arnoult  ;  Vincent  Manclair;  Pierre  Tatin;  Louis  Ver- 
non  ;  Jacques  Perrault  ;  Louis  Gilbert  fils  ;  Jean  Huguet  ;  Sylvain  Bo- 
din  ;  Jean  Gaudineau  ;  César  Lemoine  ;  Georges  Léger  ;  Sylvain  Boman- 
ville. 

Députés  :  Charles  Brizemur,  syndic,  et  Louis  Rousseau. 

Suivent  12  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  pour  la 
paroisse  de  Veuves  dépendant  du  bailliage  de  Blois. 

Les  habitants  de  ladite  paroisse  de  Veuves,  assemblés  en 
commun,  ont  l'honneur  de  représenter  à  Sa  Majesté  avec  le 
plus  profond  respect  et  toute  la  soumission  que  lui  doivent 
ses  plus  fidèles  sujets  : 

Art.  1er.  —  Que  leur  paroisse  est  composée  d'environ 
66  feux,  y  compris  plusieurs  femmes  veuves  qui  sont  aux 
charges  de  la  paroisse  ;  qu'il  n'y  a  que  six  fermes  dans  la 
paroisse  et  que  le  reste  des  paroissiens  ne  consiste  qu'en  des 
vignerons  et  journaliers  qui  n'ont  que  leurs  bras  pour  se 
nourrir  et  leur  famille  ;  que  l'étendue  de  la  paroisse  est  très 
bornée,  et  qu'elle  paye  de  taille,  capitation.  brevet  et  corvée 
la  somme  de  1.858  1.  10  s.  chaque  année. 

Aht.  2.  —  Que  tous  les  domaines  de  la  paroisse  appartien- 
nent presqu'aux  seigneurs  voisins  et  aux  ecclésiastiques,  ce 
qui  fait  que  les  paroissiens  se  trouvent  surchargés  d'imposi- 
tions. 

Art.  3.  —  Qu'ils  offrent  de  payer  les  impositions  royales 
qu'il  plaira  à  Sa  Majesté  d'ordonner  sous  telle  dénomination 
que  ce  soit. 


CAHIER   DE    VEUVES  229 

Aht.  4.  —  Que  tous  les  propriétaires,  de  quelque  qualité 
et  condition  qu'ils  soient,  privilégiés  ou  non  privilégiés, 
exempts  ou  non  exempts,  internes. ou  externes,  contribueront 
à  payer  lesdites  impositions,  eu  égard  à  la  quantité  et  qualité 
de  leurs  possessions. 

Art.  5.  —  Que  pour  parvenir  à  la  répartition  desdites 
impositions,  il  sera  dressé  un  cadastre  par  gens  à  ce  con- 
naisseurs amicalement  choisis,  sinon  nommés  d'offices. 

Art.  6.  —  Que  les  justices  seigneuriales  qui  ruinent  le 
peuple  soient  supprimées,  ou  que  du  moins  l'exécution  de 
Tédit  du  Roi  du  8  mai  1788,  et  notamment  l'article  18  du 
même  édit  qui  oblige  les  officiers  à  résidence  et  les  soumet  à 
l'examen,  soit  exécuté,  car  il  arrive  souvent  que  l'ignorance 
de  la  plupart  d'entre  eux  est  cause  que,  quelque  bonne  cause 
que  des  particuliers  aient  à  faire  plaider,  ils  sont  souvent 
condamnés,  surtout  lorsqu'ils  ont  des  droits  à  discuter  avec 
les  seigneurs. 

Art.  7.  —  Que  les  charges  de  notaires  subalternes  et  de 
procureurs  fiscaux  ne  soient  donnés  qu'à  des  gens  instruits, 
et  non  à  des  domestiques  ou  laquais  des  seigneurs  qui  en 
sont  pourvus  pour  récompense  de  services;  que  le  greffier 
soit  reconnu  capable  et  de  bonnes  mœurs,  et  non  pas  un 
prète-nom,  comme  il  arrive  dansbien  des  justices. 

Art.  8.  —  Que  les  minutes  du  greffe  et  des  notaires  ne 
soient  point  déposées  dans  les  chartriers  des  seigneurs,  comme 
étant  un  abus  qui  éprouve  tous  les  jours  des  inconvénients. 

Art.  9.  —  Que  l'édit  du  Roi  du  mois  de  mai  dernier  por- 
tant suppression  des  tribunaux  de  l'élection  ait  son  effet, 
procurant  peu  de  travail,  beaucoup  de  profits  aux  officiers 
et  une  charge  réelle  à  l'État. 

Art.  10.  —  Que  les  huissiers  priseurs  soient  supprimés 
comme  étant  la  ruine  de  tous  les  mineurs  qui  ont  le  malheur 
de  perdre  ceux  qui  leur  ont  donné  l'existence;  que  ceux-ci 
se  trouvent  souvent  privés  du  peu  de.  biens  qu'ils  pouvaient 


230  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

espérer  par  la  multiplicité  de  voyages  et  vacations  que  ces 
sortes  d'officiers  se  permettent  et  qui  retiennent  les  deniers 
en  mendiant  des  oppositions  qui  privent  souvent  les  créan- 
ciers de  leurs  créances. 

Aht.  11.  —  Que  le  Roi  fasse  percevoir  les  lods  et  ventes 
de  toutes  les  mutations  du  royaume  au  lieu  des  seigneurs,  et 
que  Sa  Majesté  daigne  les  diminuer  ou  réduire  pour  faciliter 
la  mouvance  des  biens. 

Art.  12.  —  Que  le  sel  soit  libre  et  vénal,  comme  étant 
une  charge  accablante  pour  de  malheureux  paysans  qui  sou- 
vent sont  obligés,  à  force  de  contraintes,  de  vendre  quelques 
mauvais  meubles  pour  en  porter  l'argent  au  grenier  de  leur 
arrondissement. 

Art.  13.  —  Que  les  péages  sur  les  rivières  et  sur  terre 
soient  supprimés,  par  la  raison  que  ce  droit  parait  inique  et 
occasionne  aux  voituriers  un  retard  considérable,  surtout  sur 
la  rivière  de  Loire,  parce  qu'il  arrive  souvent  que  le  vent 
change  pendant  les  visites  et  met  les  bateliers  dans  le  cas  de 
retarder  leur  route,  ce  qui  fait  un  grand  tort  au  commerce. 

Art.  14.  —  Qu'étant  question  de  faire  une  route  d'Amboise 
à  Blois  par  Chaumont,  les  suppliants  osent  représenter  à  Sa 
Majesté  que,  dans  ce  moment-ci  où  l'État  est  obéré,  il  serait 
à  propos  de  surseoir  cette  route  qui  coûterait  des  millions  et 
qu'ils  croient  qu'il  serait  plus  convenable  d'employer  les 
fonds  au  rétablissement  des  ponts  de  Tours  et  Amboise  qui 
est  indispensable,  d'autant  plus  qu'il  n'y  a  jamais  eu  de  route 
du  côté  de  Chaumont  et  que  celle  route  ne  serait  utile  qu'à 
deux  ou  trois  paroisses  W. 

Art.  15.  —  Qu'il  ne*2)  serait  à  propos  de  ne  poinl  faire  de 
route  dans  la  province  du  Berry  qui  est  au  milieu  de  la 
France  et  la  seule  dont  on  puisse  tirer  des  bois  de  marine, 
par  ce  que,  la  route  étant  faite,  elle  donnerait  un  débouché 

<»>  Cf.  p.  188,  note  3  et  p.  219,  note  1. 

W  Sic.  Le  sens  est  évidemment  :  «  Qu'il  serait  à  propos  de  ne  point  faire...  » 


CAHIER    DE    VKUVKS  231 

pour  l'enlèvement  des  bois,  et  par  ce  moyen  priverait  les 
forges  du  pays,  qui  sont  les  meilleures  de  la  France,  de  bois 
qui  leur  sont  absolument  nécessaires. 

Ajn.  16.  —  Que  les  ateliers  de  charité,  qui  ne  sont  obtenus 
que  par  les  seigneurs  O  qui  en  emploient  l'argent  à  faire  les 
chemins  d'agrément  pour  leurs  châteaux,  leur  soient  doré- 
navant refusés,  et  que  les  sommes  que  chaque  paroisse  paye 
pour  la  corvée  soient  employées  à  réparer  les  chemins  des 
paroisses  et  notamment  ceux  des  bourgs,  qui  ne  sont  pas 
praticables,  sont  nuisibles  à  la  santé  par  la  quantité  d'eaux 
qui  y  croupissent  pendant  l'hiver. 

Art.  17.  —  Que,  quoique  le  bureau  des  hypothèques  pa- 
raisse bien  établi,  il  en  arrive  souvent  des  inconvénients  par 
la  faute  des  personnes  qui  sont  chargées  de  cette  besogne  et 
qui  oublient  d'employer  sur  leur  état  la  note  des  contrats  qui 
leur  sont  déposés  ;  que  d'ailleurs  la  plus  grande  partie  des 
particuliers  ne  savent  pas  lire  ;  pourquoi  ils  supplient  très 
humblement  Sa  Majesté  d'ordonner  que  la  publication  de 
tous  les  contrats  de  ventes  seront  lus  et  publiés  à  son  de 
tambour  dans  tous  les  carrefours  et  marchés  des  villes  où  ces 
bureaux  sont  établis,  offrant  de  payer  une  légère  rétribution 
au  porteur  du  tambour. 

Art.  20  W.  —  Que  les  valets  de  chambre  et  autres  domes- 
tiques des  seigneurs,  de  quelque  qualité  et  condition  qu'ils 
soient,  seront  imposés  aux  rôles  des  impositions,  comme  de- 
vant participer  aux  charges  publiques. 

Fait  et  arrêté  à  l'assemblée  tenue  ce  jourd'hui  4  mars 
1789.  en  la  maison  du  sieur  Charles  Brizemur  soussigné. 

(Suivent  12  signatures,  celles  de:  Louis  Rousseau, C.  Bri- 

0)  On  avait  adopté  la  règle  (du  moins  dans  la  généralité  d'Orléans)  de  n'accor- 
der d'ateliers  de  charité  qu'aux  paroisses  qui  pourraient  fournir  en  contributions 
volontaires  la  moitié  de  la  dépense,  et  souvent  le  seigneur  seul  pouvait  se 
permettre  cette  générosité;  beaucoup  d'ailleurs  employèrent  ces  ateliers  de  la 
manière  la  plus  désintéressée  à  l'entretien  des  chemins  de  la  paroisse  (Cf.  Dr  Le- 
sueur,  ouvr.  cit.). 

t*>  Sic.  Il  n'y  a  pas  d'article  18  et  19. 


232  BAILLIAGE    DE    BLOJS 

zemur,  syndic  ;  Lasnier,  notaire  royal  et  procureur  postu- 
lant, etc.) 


MESLAND 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel:  Her- 
bault. —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  15  août. 

Principale  culture  :  méteil. 

Seigneur  en  1768  :  le  prieur  du  lieu. 

Population  en  1789  :  429  habitants. 

Taille  :  2.203  1.  (principal  :  1.030  1.  ;  accessoires  :  520  1.  ;  capita- 
tiôn  :  653  1.) 

Gapïtation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  864  1.  . 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  François-Bernabé  Lasnier,  notaire  royal  et  procureur 
postulant  en  la  justice  de  ce  ressort.  Même  président  qu'à  Veuves. 

Population  :  plus  de  100  feux. 

Comparants  :  Nicolas  Orceau,  laboureur;  Jean  Bruneau,  tonnelier; 
Denis  Chapu,  laboureur;  Pierre  Hardoin,  laboureur;  Martin  Soret, 
Joseph  (iuilbert,  vignerons  ;  Antoine  Lagé,  marchand  de  bois  ;  Jac- 
ques Anjorand,  laboureur;  Louis  Blondeau,  vigneron;  Jean  Joran, 
Jean  LecoîTre,  laboureurs  ;  Michel  Beaulard,  meunier  ;  Claude  Becca- 
vin  père  et  fils,  vignerons  ;  Louis  Thillier,  cordonnier  ;  Pierre  Plac- 
quin,  vigneron  ;  Denis  Faye,  marguillier  ;  Claude  Réjouit,  Claude  Gué- 
rin,  Augustin  Guilbert  père  et  fils,  vignerons  ;  Denis  Perissier,  horlo- 


CAHIER    DE   MESLAND  233 

ger  ;  Claude  Quonier,  Jean  Faucheux,  vignerons  ;  Jacques  Tu  au,  tail- 
leur d'babits  ;  Jacques  Perotin,  Pierre  Vernon,  laboureurs  ;  Jean-Guil- 
laume Léger,  maréchal  de  forge  ;  Joseph  Levage  ;  Jacques  Arnault 
Jean  Seglier  ;  Pierre  Guilbert  ;  François  Loiseau  ;  François  Rigoreau 
Jacques  Sabourin  ;  Sylvain  Janvier  ;  Jean  Touzard  ;  Michel  Goubard 
Pierrepont,  fermier  général  et  greffier  de  la  municipalité  ;  René  Latour 
François  Vau  ;  Louis  Pelmoinne  ;  Martin  Liguoreau  ;  Denis  Faye  fils 
Henri  Cocquery  ;  François  Rétif  ;  Jacques  Vau  ;  Louis  Far...  ;  Jean 
Marier  ;  Augustin  Soret  ;  François  Chandoiné  ;  Simon  Brocheriou  ; 
Denis  Réjouit  fils  ;  Florentin  Parent  ;  Charles  Quonier  ;  René  Chillon; 
Etienne  Rétif  ;  Charles  Martinet  ;  Pierre  Roullon  ;  Mathurin  Loyer  ; 
Gervais  Vau  ;  Claude  Guibert  ;  Gilles  Plocquin  ;  Denis  Bruneau. 

Députés  :  Pierre  Proust,  fermier  général  et  greffier  de  la  munici- 
palité, et  René  Latour,  laboureur. 

Suivent  12  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  des  habi- 
tants de  la  paroisse  de  Mesland,  diocèse  de  Mois, 
généralité  d'Orléans. 

Art.  1er.  —  Discours.  —  La  bonté  du  Roi  qui  se  mani- 
feste de  plus  en  plus  pour  le  soulagement  de  ses  sujets,  doit 
nous  encourager  tous  à  répondre  à  des  vues  et  une  démarche 
aussi  sage  que  prévoyante  ;  il  semble  oublier  toute  son  auto- 
rité royale  pour  nous  donner  plus  do  facilité  pour  lui  parler 
et  adresser  nos  plaintes  ;  ce  n'est  plus  ce  Roi  sévère,  il  nous 
parle  d'un  amour  de  père,  je  dirai  plus,  c'est  un  ami  qui 
en  assemble  d'autres  et  qui,  par  un  concours  de  personnes 
sages,  éclairées  et  prudentes,  veut  remédier  à  un  abus  géné- 
ral occasionné  en  toute  la  France  et  sur  toutes  les  adminis- 
trations quelconques  ;  nous  ne  pouvons  qu'admirer  la  con- 
duite de  ce  grand  monarque  pour  sa  prudence.  Aussi  aura- 
t-il  la  douce  et  unique  satisfaction  de  s'entendre  appeler 
tout  à  la  fois  roi  et  ami  de  son  peuple  ;  nous  ne  pouvons 
assez  lui  témoigner  la  reconnaissance  de  ses  bienfaits,  mais 

8. 


234  BAILLIAGE    DR    BLOTS 

nous  dirons  en  respectant  ses  illustres  ancêtres  qu'il  les  a 
surpassés  en  tout  et  que  le  nom  du  sublime  Louis  XVI  sera  à 
jamais  cher  à  la  France,  qu'il  élèvera  encore  cette  fameuse 
branche  des  Bourbons,  et  que,  la  divinité  écoutant  nos  vœux, 
son  règne  sera  stable  et  tranquille,  sa  race  éternelle  pour  le 
bonheur  de  toute  la  postérité. 

Abt.  2  —  La  suppression  des  recettes  générales,  aides  et 
gabelles  et  de  tous  autres  droits  onéreux  au  peuple. 

Abt.  3.  —  Qu'il  y  ait  une  seule  et  même  loi  commune  aux 
sujets  du  Roi,  une  seule  coutume,  une  même  mesure  et  des 
poids  uniformes,  ainsi  qu'une  manière  égale  de  rendre  la 
justice  au  nom  de  Sa  Majesté,  telle  qu'il  plaira  à  sa  sagesse 
de  le  prescrire. 

Abt.  4.  —  Lesdits  habitants  désireraient,  s'il  est  possible, 
que  Ton  attribuât  aux  officiers  de  la  municipalité  et  au  sieur 
curé  de  la  paroisse  de  juger  leurs  contestations  jusqu'à  dix 
livres  et  détruire  toutes  les  petites  justices  des  seigneurs  qui 
sont  très  nuisibles  au  peuple  et  qui  ne  servent  fort  souvent 
qu'à  le  ruiner  ;  alors  quand  les*  justices  ne  seront  pas  si  mul- 
tipliées, cela  retiendra  le  peuple  elle  fera  décider  à  s'arran- 
ger devant  ladite  municipalité,  sauf  l'appel  pour  plus  fortes 
sommes  devant  les  juges  royaux. 

Abt.  5.  —  Que  la  manière  de  procéder  soit  universelle  et 
générale  dans  tout  le  royaume  pour  être  moins  dispendieuse; 
que  même,  pour  l'intérêt  public,  au  lieu  de  faire  apposer  les 
scellés  par  les  juges,  il  y  fût  procédé  par  les  officiers  royaux 
résidant  sur  les  lieux. 

Abt.  6.  —  La  suppression  des  jurés  priseurs  qui  est  des 
plus  onéreuse  au  peuple  et  entraîne  des  frais  considérables. 

Abt.  7.  —  De  simplifier  et  diminuer  les  droits  du  contrôle 
qui  sont  devenus  arbitraires,  et,  si  on  laisse  subsister  ce 
droit,  d'établir  des  bureaux  à  portée  des  lieux  et  de  n'en  con- 
fier l'administration  qu'à  des  personnes  instruites  et  d'une 
probité  reconnue. 


CAHIER    DE   MESLAND  235 

Art.  8.  —  Que  Tordre  des  successions  soit  égal  entre 
tous  les  héritiers  ou  leurs  représentants. 

Art.  9.  —  Que  les  soldats  invalides  et  en  état  de  rendre 
service  fussent  répartis  dans  les  provinces  pour  veillera  la 
sûreté  publique  et  assister  les  collecteurs  dans  la  perception 
des  droits  royaux,  même  les  soldats  provinciaux  pendant  le 
temps  de  leur  service. 

Art.  10.  —  Qifil  soit  expressément  défendu  à  toutes  per- 
sonnes de  quelque  rang  et  qualité  que  ce  soit  d'avoir  aucuns 
animaux  nuisibles  soit  en  gibier,  pigeons  ou  autres,  de  les 
détruire. 

Art.  11.  -  Qu'il  soit  établi  dans  chacune  paroisse  un 
bureau  de  charité  pour  le  soulagement  des  pauvres,  ainsi 
qu'un  chirurgien  et  une  sage-femme  gagés  par  le  bureau  de 
charité,  à  moins  qu'il  ne  plaise  à  Sa  Majesté,  ce  dont  elle  est 
très  humblement  suppliée,  d'accorder  quelques  fonds  pour 
les  nécessités  qui  sont  très  urgentes  et  prélevés  sur  les 
revenus  des  bénéfices  adjacents  appartenant  aux  ordres  reli- 
gieux. 

Art.  12.  —  La  conservation  de  la  levée  qui  borde  la  Loire 
voisine  de  ladite  paroisse  et  son  entretien,  ainsi  que  des  che- 
mins adjacents  pour  l'exploitation  des  denrées  et  l'avantage 
des  habitants. 

Art.  13.  —  La  suppression  générale  de  toutes  les  commu- 
nautés régulières  et  des  chapitres  qui  possèdent  des  revenus 
immenses  et  dont  les  richesses  n'ont  point  de  circulation 
dajis  le  royaume. 

Art.  14.  —  Qu'il  fût  assigné  aux  curés  des  paroisses  de 
campagne  des  revenus  suffisants  pour  les  faire  vivre  honnê- 
tement, et  que  [par]  ce  moyen  leurs  droits  de  casuel  fussent 
entièrement  supprimés  ou  très  fort  diminués. 

Art.  15.  —  Il  existe  dans  notre  paroisse  un  droit  de  ter- 
rage  dont  l'origine  est  obscure  et  Fex tension  prouvée  ;  ce 
droit  onéreux,  qui  enlève  la  sixième  partie  des  productions 


236  BAILLIAGE   DE    BL01S 

d'une  superficie  de  près  de  4.000  arpents  <*>,  décourage  le 
cultivateur  de  même  que  le  propriétaire,  et  tient  l'agricul- 
ture dans  un  état  de  langueur  absolument  préjudiciable  au 
bien  des  particuliers,  et  par  une  suite  nécessaire,  à  celui  de 
l'État  ;  nous  demandons  que  ceux  qui  exercent  ce  droit  si  mal 
fondé  et  si  violemment  perçu  soient  tenus  de  produire  leur 
titre  primordial,  et  qu'il  soit  permis  à  la  paroisse  de  le  rem- 
bourser conformément  audit  titre. 

Art.  16.  —  Que  les  notaires  royaux  des  campagnes  auront 
une  collocation  au  moins  de  350  feux,  afin  d'éviter  qu  ils 
n'exercent  d'autres  états  qui  déshonorent  leur  titre,  les- 
quels prononceront  les  jugements  rendus  par  les  munici- 
palités. 

Art.  17.  —  Que  le  royaume  soit  gouverné  par  une  admi- 
nistration provinciale  ou  par  États,  ce  qui  serait  un  grand 
bien  pour  le  soulagement  des  sujets  de  Sa  Majesté. 

(Suivent  12  signatures,  celles  de  :  Proust:  La  tour;  Las- 
nier.  notaire  royal  et  procureur,  etc.) 


MONTEAUX 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Herbault. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  lier 
bault.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Blois. 

Assemblée  :  le  29  juin. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Guidy. 

O)  2.400  hectares  environ. 


CAHIER   DE   M0NTEAUX  237 

Seigneur  en  1789  :  Augustin-Pierre-Bemard  de  Montebise. 

Population  en  1790  :  513  habitants. 

Taille  :  2.243  1.  (principal  :  1.100  1.  ;  accessoires  :  446  1.  ;  capita- 
tion  :  697  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  120  1. 
Vingtièmes  :  1.783  1.  2  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  1789. 

Président  :  Etienne-Jean  Bourguineau,  avocat  en  parlement,  bailli, 
juge  ordinaire,  civil,  criminel  et  de  police  de  la  châtellenie  de  Mon- 
teaux  et  prévôté  de  Basse-Beauce. 

Population  :  plus  de  100  feux. 

Comparants  :  Charles- Roch-Marin  Desbrosses,  prêtre  de  l'Oratoire 
et  syndic  de  la  municipalité  ;  Henri  Barré,  notaire  et  procureur  fiscal  ; 
François-Barnabe  Lasnier,  notaire  royal;  Martin  Métivier,  syndic; 
François  Diot,  René  Bouchère,  laboureurs  ;  Louis  Bidault,  sergent  ; 
Pierre  Quillon,  Jacques  Yvonnet,  Martin  Gouttière,  procureurs  fabri- 
ciens;  Jean  Landais  et  Etienne  Peucher,  meuniers  ;  Charles  Dutertre 
et  Martin  Métivier,  tailleurs  d'habits  ;  Joseph  Marné  père  et  fils,  Fran- 
çois et  Jean  Marné,  charpentiers;  Jacques  Laroche,  maçon;  Louis 
Lemattre,  tonnelier;  Etienne  Gauthier,  cordonnier;  Pierre  Bouton, 
boucher  ;  Florentin  Cerizier  ;  Thomas  Bourillon  ;  Louis  Lelu;  François 
et  Pierre  Hatevilain;  Pierre  Beutard;  Jacques,  Pierre  et  Jean  Chaumet; 
Jean  Marié;  Gervais  et  Louis  Bodin;  Pierre  et  Jacques  Chevet;  Joseph 
Gillet  ;  Jean  Dutertre  ;  Pierre  Philippon  ;  Joseph  Michau  ;  Jacques-Paul 
Sijot  ;  Etienne  Gave  ;  Sylvain  Guérineau  ;  Adrien  Chahuneau;  Sylvain 
Rétif;  Noël  Gauthier;  Pierre  Poirier;  Jean  Guilbert;  Jacques  Racicot ; 
Sylvain  Mangeant;  Michel  et  François  Bigot;  Pierre  Lefay,  membre 
de  la  municipalité;  Toussaint  et  François  Biquet;  Mathurin  et  François 
Langlais;  Thomas  Barde;  Joseph  Bonnin;  Jean  Paillard  ;  Sylvain 
Renard;  Jean  Touchard;  Charles,  Etienne  et  Sylvain  Leblanc;  Félix 
et  Pierre  Faux. 

Députés  :  François  Marné,  charpentier,  et  François-Barnabe  Lasnier, 
notaire  royal  à  Monteaux. 

Suivent  19  signatures. 


238  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


CANGEY 


Dép.  :  Indre-et-Loire.  —  Arr.  :  Tours.  —  Gant,  :  Araboise. 

Généralité  :  Tours.   —  Élection,   Grenier  à  sel  :   Amboise.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Seigneur  en  11 89  :  Louis  Marie-Pridal  Trézim  de  Cangey. 

PROCÈS-VERBAL 

Date\  8  mars  1789. 

Président  :  René  Tourlet,  procureur  fiscal  de  la  châtellenie  de  Can- 
1  gey,  en  l'absence  du  bailli.  Même  président  qu'à  Fleuray. 

i  Population  :  120  feux. 

■ 

Comparants  :  Sylvain  Poupron,   maréchal  ;    François  Chauvin, 
[  boucher;  Louis  Martin,  Augustin  Martin,  Sylvain  Sejot,  Sylvain  Mo- 

rin,  Jacques  Gibert,  laboureurs;  Jean  Rigoreau,  Augustin  Ri goreau, 
Jean  Brault,  Etienne  Pinier,  Jacques  Foucher,  Sylvain  Dorléans,  Ni- 
colas Lehoux,  Charles  Puissant,  Jean  Coutoux,  Jean  Lehoux,  Sylvain 
Arnoult,  Pierre  Daburon,  François  Vassau,  Antoine  Enault,  Floren- 
tin Gilbert,  Louis  Coutière,  vignerons  ;  Pierre  Mangeant,  tonnelier  ; 
Gaston  Audebert,  jardinier  ;  Gervais  Brault,  Denis  Mareau,  vigne- 
rons. 

i 

Députés  :  Sylvain  Poupron  et  François  Chauvin,  boucher. 
[  Suivent  8  signatures. 


CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  plaintes,  doléances  et  remontrances  des  habi- 


CAHIER    DE    GÂNGEY  239 

tanls  de  la  paroisse  de  Cangey  pour  rassemblée  des 
trois  États  de  la  ville  de  Blois. 

• 

Art  1er.  —  Les  habitants  de  cette  paroisse  sont  bien  dans 
le  cas  de  se  plaindre  de  la  surcharge  des  impositions  p[ré]- 
s[entes  qu'ils]  M  supportent  et  sous  le  poids  desquelles  ils 
sont  accablés  depuis  longtemps;  ils  remontrent  quïl  est  bien 
à  dési[rer]  que  l'on  puisse  trouver  dans  la  sagesse  du  gou- 
vernement des  sac[rifices],  entre  autres  pour  la  classe  des 
nécessiteux,  et  ce  ne  peut  être  qu'on  établissant  une  imposi- 
tion sur  tous  les  biens-fonds  et  propriétés  de  tous  les  sujets 
du  royaume,  qui  serait  répartie  dans  chaque  paroisse  indis- 
tinctement sur  tous  les  biens-fonds  qui  la  composent. 

Art.  2.  —  Que  Ton  établisse  une  forme  moins  onéreuse  et 
dispendieuse  pour  le  recouvrement  des  taille,  capitation  et 
autres  accessoires,  en  leur  évitant  des  garnisons  qui  sont 
trop  à  charge  au  public. 

Art.  3.  —  Que  les  corvées  qui  ont  été  fixées  depuis  quel- 
ques années  à  peu  près  au  tiers  de  la  taille  soient  supprimées, 
et  que  les  fonds  qui  sont  destinés  soient  employés,  au  moins 
pour  une  partie,  au  rétablissement  des  chemins  de  commu- 
nication des  paroisses,  nécessaires  pour  le  transport  des 
denrées. 

Art.  4.  —  Une  réforme  et  une  diminution  dans  la  partie 
du  contrôle,  insinuation  et  autres  droits  de  celte  nature  qui 
sont  exorbitants  par  leur  multiplicité,  et  se  payent  plusieurs 
fois  sur  la  môme  somme,  étant  devenus  arbitraires. 

Art.  5.  —  Que  l'imposition  du  sel  est  une  des  plus  oné- 
reuses et  qui  parait  porter  le  plus  d'injustice  dans  sa  réparti- 
tion, surtout  pour  la  classe  des  indigents  ;  il  serait  à  désirer 
que  le  Roi  dans  sa  sagesse  y  substituât  un  autre  impôt  qui 
lui  produirait  le  même  équivalent,  sans  être  aussi  onéreux 
au  public. 

<*)  Le  cahier  est  déchiré  à  cet  endroit. 


I 


240  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Art.  6.  —  Les  habitants  des  campagnes  n'ont-ils  pas  le 
droit  de  demander  l'abolition  de  toutes  espèces  de  casuels, 
puisqu'ils  payent  les  dimes  pour  que  les  pasteurs  remplissent 
leurs  fonctions? 

Abt.  7.  —  Ils  remontrent  aussi  qu'il  serait  bien  intéressant 
de  leur  accorder  la  liberté  de  se  racheter  des  droits  de  ter- 
rages  et  champarls  qui  les  forcent  de  laisser  une  partie  des 
terrains  qui  y  sont  sujets  en  friches,  ce  qui  fait  un  tort  con- 
sidérable à  l'agriculture. 

Art.  8.  —  La  multiplicité  des  justices  dans  presque 
toutes  les  paroisses  de  campagne  est  très  préjudiciable  aux 
sujets  de  Sa  Majesté  ;  une  réformation  dans  l'administration 
leur  serait  bien  avantageuse  ;  il  serait  à  désirer  qu'il  n'y 
aurait  qu'un  seul  officier  public  qui  aurait  le  droit  d'apposi- 
tion de  scellés  dans  l'étendue  de  la  paroisse  où  il  est  demeu- 
rant, que  toutes  les  causes  au  dessous  de  quinze  livres 
seraient  jugées  pour  celles  personnelles  par  le  sieur  curé 
et  les  officiers  des  municipalités  définitivement  et  sans 
appel. 

Art.  9.  —  La  création  des  jurés  priseurs  est  devenue 
un  fléau  accablant  pour  toutes  les  provinces  :  l'on  ne  peut 
trop  supplier  humblement  Sa  Majesté  d'en  ordonner  la  sup- 
pression. 

Art.  10.  —  Il  serait  bien  utile  pour  fous  les  habitants  des 
campagnes  que  les  invalides  en  état  de  service  fussent 
placés  en  nombre  suffisant  dans  les  bourgs,  paroisses  et 
villages  des  campagnes  pour  la  sûreté  du  public  ;  ils  y 
feraient  les  fonctions  de  gardes  messiers  W,  veilleraient  à 
l'exercice  de  la  police,  à  exercer  les  miliciens  et  autres  ser- 
vices dont  ils  seraient  capables. 

Abt.  11.  —  H  y  a  une  trop  grande  quantité  d'animaux 
[dans  les]  campagnes,  qui  font  un  tort  considérable  et 
ravagent  les  récoltes,  particulière^  les  pigeons  qui  sont  en 

O  Gardes  champêtres  charges  de  la  surveillance  des  récoltes. 


CAHIER   DE   FLEURA  Y  241 

trop  grand  nombre,  les  lapins  et  autres  ;  il  serait  à  désirer 
qu'il  ne  fût  permis  qu'au  seigneur  haut  justicier  de  la 
paroisse  d'avoir  des  pigeons,  et  qu'il  fût  permis  de  détruire 
les  lapins  et  autres  animaux  nuisibles  aux  récolles. 

Art.  12.  —  Qu'il  est  bien  plus  nécessaire  de  conserver  et 
entretenir  la  levée  de  la  rivière  de  Loire  et  continuer  la 
route  qui  est  établie  que  de  la  changer,  parce  que,  si  cette 
levée  cessait  d'être  entretenue,  il  pourrait  s'en  suivre  la  perte 
d'un  nombre  considérable  de  terrains  précieux,  et  il  est  bien 
plus  intéressant  d'employer  les  fonds  que  coûteraient  la  cons- 
truction d'une  nouvelle  route  à  rétablir  et  reconstruire  les 
ponts  de  Tours  et  Amboise  <*). 

(Suivent  8  signatures,  celles  de  :  Chauvin  ;  Pouproux  ; 
Tourlet,  etc.) 


FLEURAY 


Dép.  :  Indre-et-Loire. —  Arr.  :  Tours. —  Cant.  :  Amboise. —  Com.  : 
Cangey. 

Généralité  :  Tours.  —  Élection  :  Amboise.  —  Grenier  à  sel  :  Her- 
bault.  —  Diocèse  :  Blois. 

Taille  :  991  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  7  mars  1789. 

Président  :  René  Tourlet,  notaire  royal  à  Cangey  et  procureur  fiscal 
de  la  châtellenie  de  Fleuray,  en  l'absence  du  bailli.  Même  président 
qu'à  Cangey. 

Population  :  32  feux. 

Comparants  :  Laurent  Corbin  ;  Pierre  Penilleau  ;  François  Mauris- 

<*)  Cf.  p.  188,  note  3  et  p.  219,  note  1. 


242  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

seau  ;  Gilles  Couty  ;  François  Bonin  '  Denis  Bonin  ;  Pierre  Rugadin  ; 
Jean  Fourier  ;  Barthélémy  Vincendeau  ;  Louis  Marchandeau  ;  Jean 
Fuyfin  ;  Jacques  Poirier  ;  Louis  Véron  ;  Pierre  Dabert  ;  Charles  Muret  ; 
Denis  Anjou ran  ;  Thomas  Blondeau  ;  Noël  Yvon  ;  Noël  Bruvault; 
Philippe  Fortuné;  Pierre  Rigoreau. 

Députés  \  Pierre  Penilleau  et  François  Maurisseau,  laboureurs. 

Suivent  5  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  plaintes,  doléances  et  remontrances  des  habi- 
tants de  la  paroisse  de  Fleuray  pour  l'assemblée  des 
trois  États  de  la  ville  de  Blois. 

Art.  1er.  —  La  manière  ridicule  de  lever  les  deniers  du 
Roi  sur  les  paroisses  coûte  considérablement  aux  collecteurs, 
tant  pour  l'huissier  de  contrainte  qui  leur  est  envoyé  par 
M.  le  receveur  des  tailles  que  pour  la  confection  du  rôle  et 
dépôt  de  l'argent  chez  le  receveur,  laquelle  somme  se  monte 
pour  chaque  collecteur  environ  à  40  francs  pour  amasser 
dans  leur  paroisse  la  somme  à  laquelle  elle  est  imposée  ; 
qu'il  serait  avantageux  qu'il  n'y  eût  qu'un  collecteur  pour 
recevoir  les  impositions  taillables,  qui  fût  nommé  par  la 
municipalité^  qui  elle-même  prendrait  compte  des  deniers 
de  son  collecteur  pour  les  verser  dans  la  caisse  du  receveur 
particulier  des  finances  de  chaque  élection  :  ce  collecteur, 
profilant  des  deniers  accordés  pour  les  frais  de  collecte, 
serait  par  cette  rétribution  encouragé  à  se  mieux  acquitter 
de  sa  fonction.  La  municipalité  prendrait  des  mesures  pour 
faire  payer  ceux  qui  seraient  en  retard,  et  les  frais  en  retom- 
beraient sur  eux,  ce  qui  diminuerait  à  tous  les  contribuables 
pour  frais  de  contrainte  et  garnison  plus  de  120.000  livres 
pour  la  généralité  de  ïouraine  ;  de  là  que  Ton  juge  pour  d'au- 
tres provinces  plus  considérables.  De  plus,  les  tailles  sont 
personnelles,  et  tel  qui  possède  un  certain  bien  en  deux  par- 
ties, qui  se  croit  trop  taxé  en  Tune  des  deux,  quitte  celle-ci 


CAHIER    DE    FLEURAY  243 

pour  se  faire  détailler  W  et  va  s'établir  dans  une  autre,  et  la 
somme  à  laquelle  il  est  imposé  est  rejetée  sur  les  habitants 
des  campagnes  qui  sont  la  victime  de  cette  imposition  *,  pour 
éviter  cet  inconvénient,  il  serait  à  souhaiter  qu'il  y  eût  une 
imposition  qui  porterait  sur  tous  les  biens-fonds  situés  en 
chaque  paroisse,  encore  qu'ils  appartiennent  à  des  bour- 
geois et  personnes  privilégiées  demeurant  dans  les  villes. 

Art.  2.  —  Que  le  sel,  qui  est  un  aliment  nécessaire,  est 
d'une  cherté  considérable  et  dune  mauvaise  qualité  dans  les 
regrats,  ce  qui  prive  les  habitants  d'en  faire  l'usage  qu'ils 
désireraient,  non  seulement  pour  leur  subsistance  et  nourri- 
ture qui  pour  l'ordinaire  est  bien  frugale,  n'ayant  pour  la 
plupart  que  du  pain  à  manger  [qui],  s'il  n'est  pas  un  peu 
aiguisé  par  le  sel,  est  bien  insipide,  et  par  la  grande  cherté 
ils  sont  obligés  de  s'en  passer  en  grande  partie,  mais  encore 
pour  bien  d'autres  usages. 

Art.  3.  —  Quïl  serait  à  propos  et  convenable  de  trouver 
quelques  moyens  pour  que  dans  les  justices  de  campagne  et 
autres,  tels  affaires  ou  procès  fussent  plus  promptement  ter- 
minés et  les  frais  moins  considérables,  comme  par  exemple 
lorsqu'il  s'agit  d'apposition  de  scellés.  Qu'il  reste  des  enfants 
en  minorité,  quels  frais  considérables  pour  en  faire  la  levée 
et  l'inventaire  des  effets  et  la  vente  ensuite!  L'on  tâche  tou- 
jours de  prolonger  le  nombre  des  séances  afin  que  ces  mes- 
sieurs, ainsi  que  le  juré  priseur,  sans  lequel  rien  ne  se  peut 
faire,  puissent  en  retirer  davantage,  et  à  la  fin  de  cela  les 
pauvres  enfants  en  sont  toujours  la  victime,  ils  voient  leur 
bien  consommé  par  la  justice  et  sont  réduits  comme  à  la 
mendicité.  Il  en  faut  de  môme  dire  pour  des  créanciers 
vis-à-vis  d'un  débiteur  qui  meurt  dans  un  état  au-dessous  de 
ses  affaires. 

Art.  4.  —  Qu'en  général  le  terrain  de  ladite  paroisse  de 
Fleuray  est  aux  deux  tiers  une  terre  rouge,  l'autre  tiers  un 

<*)  Rayer  du  rôle  des  tailles.* 


244  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

landas  U),  qu'en  conséquence  le  tout  fort  ingrat,  la  grande 
abondance  des  pluies  ainsi  que  la  grande  sécheresse  y  sont 
fort  préjudiciables,  notamment  ce  qui  vient  de  se  passer 
sous  les  yeux  par  les  pluies  abondantes  de  l'hiver  de  1787 
et  la  grande  sécheresse  de  Tannée  1788,  qui  a  privé  cette  pa- 
roisse de  récolte  en  ces  années,  et  ce  qui  arrive  générale- 
ment lorsque  les  deux  extrêmes  se  rencontrent,  ce  qui  est 
causé  par  la  mauvaise  qualité  du  terrain. 

Art.  5.  — Accorder  aux  habitants  de  campagne  et  à  tout 
propriétaire  d'héritage  la  liberté  de  se  racheter  du  droit  de 
ter  rage  qui  les  oblige  de  laisser  une  partie  de  leur  terrain 
en  friche,  ce  qui  fait  un  tort  considérable  à  l'agriculture. 

Art.  6.  —  La  création  des  offices  de  jurés  priseurs  est  de- 
venue un  fléau  pour  tout  le  peuple  ;  Ton  ne  peut  trop  sup- 
plier Sa  Majesté  d'en  ordonner  la  suppression. 

Art.  7.  —  Que  les  pigeons  font  un  tort  considérable  à 
l'emblavement  et  aux  récoltes  ;  qu'il  soit  permis  de  les 
détruire,  ainsi  que  tous  autres  animaux  nuisibles  à  l'agri- 
culture. 

Art.  8.  —  La  suppression  ou  la  prestation  en  argent  des 
corvées  pour  être  faites  en  atelier  de  charité  pour  l'entre- 
tien de  chemins  de  communication  d'une  paroisse  à  l'autre 
pour  l'exportation  des  denrées,  serait  par  le  général  dési- 
rée. 

(Suivent  5  signatures,  celles  de  :  Penilleau,  syndic  de  la 
municipalité  ;  Maurisseau  ;  Tourlet,  etc.) 

0)  Landas  :  Terre  forte  exempte   de  pierres,   de  cailloux,  humus   (Thibault, 
Glossaire  du  pays  Maisois,  p.  200). 


CAHIER    DE   CHATEAUDUN  245 


VILLE  DE   CHATEAUDUN  "> 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  et  cant.  :  Chef-lieu  de  l'arrondisse- 
ment et  du  canton  de  Châteaudun. 

Comté  et  bailliage  de  Dunois  :  Châteaudun  était  la  capitale  du 
comté  de  Dunois  dont  le  seigneur  était  :  Louis-Joseph-Charles-Amable 
d'Albert,  duc  de  Luynes  et  de  Chevreuse,  prince  de  Neufchâtel  et  de 
Valangin  en  Suisse,  et  d'Orange,  pair  de  France,  comte  de  Dunois, 
baron  de  Marchenoir  et  de  Fréteval. 

Le  bailliage  de  Dunois  était  la  plus  vaste  justice  seigneuriale  du  res- 
sort du  bailliage  royal  de  Blois.  Sa  juridiction  s'étendait  en  principe 
sur  tout  le  comté  ;  un  grand  nombre  de  paroisses  en  relevaient  en 
première  instance  et  la  plupart  des  autres  justices  du  comté  étaient 
de  son  ressort  ;  quelques-unes  cependant  en  avaient  été  distraites  en 
faveur  de  Blois,  de  Chartres  et  d'Orléans.  Le  bailli  général  de  Dunois 
avait  des  lieutenants  à  Châteaudun  (avec  le  titre  de  lieutenant  géné- 
ral), à  Marchenoir,  à  Fréteval  et  à  Morée.  Vingt  hautes  justices 
ressortissaient  par  appel  au  siège  de  Châtaudun  directement  et  plu- 
sieurs autres  indirectement  ;  les  plus  importantes  étaient  les  châtel- 
lenies  de  Montigny,  Courtalain,  Molitard,  le  Mée  et  Rabestan  (cette 
dernière  hors  des  limites  du  Dunois)  ;  treize  allaient  en  appel  à  Mar- 
chenoir et  sept  h  Fréteval. 

Bailli  général  :  Nicolas  Maury. 

Lieutenant  général  :  Michel  Loyré. 

Avocat  fiscal  :  Fédé. 

Procureur  fiscal  :  Loyré  fils. 

Les  justices  particulières  du  prieuré  du  Saint  Sépulcre  et  du  prieuré 
de  Saint -Martin  de  Chemars  s'exerçaient  dans  les  faubourgs  de  la  ville 
et  resssortissaient  du  bailli. 

Généralité.  —  Orléans. 

Subdélégation.  —  Châteaudun. 
Subdélégué  :  Rossard  de  Châtenay. 

Élection.  —  Châteaudun. 
Président  :  Bellier. 

(*)  Cf.  Abbé  Bordas,  Histoire  du  comté  de  Dunois,  Châteaudun,  Lecesne,  4850, 
in-8«  et  le  Calendrier  historique  de  l'Orléanais,  de  1788. 


246  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

Grenier  à  sel  :  Châteaudun. 
Président  :  Dubos. 

Département.  —  Depuis  1787,  les  élections  de  Châteaudun  et  de 
Vendôme  formaient  un  département  dont  l'assemblée  se  tenait  à 
Châteaudun. 

Président  de  l'assemblée  de  département  :  comte  de  Saint-Chamans. 

Diocèse.  —  Chartres. 

Paroisses  et  établissements  religieux.  —  Châteaudun  comprenait 
sept  paroisses  :  la  Madeleine,  Saint-Pierre,  Saint-Lubin,  Saint-Médard, 
Saint-Aignan,  Saint-Jean  de  la  Chaîne  et  Saint- Valérien. 

Châteaudun  avait  deux  chapitres  de  chanoines,  celui  de  Saint-André 
et  celui  de  la  Sainte-Chapelle  du  Château. 

La  principale  abbaye  était  celle  de  la  Madeleine  desservie  par  des 
chanoines  réguliers  de  Tordre  de  Saint-Augustin.  Les  autres  congré- 
gations étaient  les  Kécollets,  les  Frères  des  écoles  chrétiennes  et  les 
dames  de  la  Congrégation.  Il  y  avait  six  prieurés  :  Saint-Pierre, 
Saint-Lubin,  Saint-Sépulcre,  Saint- Valérien,  Saint-Martin  de  Chemars 
et  Saint-Gilles,  et  les  chapelles  de  Notre-Dame  de  la  Boissière,  com- 
manderie  de  Malte,  de  Saint-Roch  et  du  Champdé. 

Châteaudun  était  le  siège  d'une  officiai i té. 

Gouvernement  :  Lieutenant-général  pour  l'Orléanais,  Dunois  et 
Vendômois  :  le  chevalier  de  la  Lande. 

Autres  juridictions   :  Maîtrise  des  eaux  et  forêts. 

Administration  municipale  (*>  :  Les  officiers  municipaux  compre- 
naient un  maire,  quatre  échevins,  quatre  conseillers  et  un  procureur 
du  roi. 

Maire  :  Michel  Loyré,  seigneur  de  Saint-Jacques,  lieutenant  général 
du  bailliage. 

Échevins  :  Jean-François  Condamin  ;  Jacques-Nicolas- Joseph  Cellier 
de  Bou ville  ;  Noël-Étienne  Courgibet  ;  Jean  Gaslou,  marchand. 

Conseillers  :  Simon  Sevin,  chanoine  de  Saint  André  ;  Nicolas-Tho- 
mas Michau  de  la  Poterie  ;  Pierre  Lumière,  orfèvre  ;  Andrieu  Regnaut, 
marchand. 

Procureur  du  Roi  :  Bergeron,  avocat. 

Maréchaussée  :  Siège  d'une  brigade  de  maréchaussée. 

<f)  Le  procès-verbal  de  Ja  nomination  des  maire,  échevins  et  conseillers  est 
conservé  aux  archives  communales  de  Châteaudun,  BB  81. 


CAHIER    DE   CHATEAUDUN  247 

Collège  :  Château  du  n  avait  un  collège  composé  de  trois  régents  dont 
l'un  remplissait  les  fonctions  de  principal. 
Principal  :  Bûché  le  jeune. 

Hôtel-Dieu  :  Châteaudun  avait  un  Hôtel-Dieu  administré  par  un 
bureau  composé  d'administrateurs  de  droit  et  d'administrateurs 
électifs  et  desservi  par  sept  frères  et  un  novice. 

Foires  :  le  25  janvier,  à  la  mi-carême,  le  6  mai,  le  22  juillet,  le 
28  octobre  et  à  la  Saint-Léger. 

Marchés  :  les  mercredi,  jeudi  et  samedi. 

Agriculture  et  commerce  :  La  principale  culture  de  la  région 
était  celle  des  céréales  et  le  principal  commerce  de  la  ville  celui  des 
grains  et  des  bestiaux. 

Châteaudun  avait  une  manufacture  de  faïence  établie  sous  la  pro- 
tection du  duc  de  Chevreuse.  Les  autres  branches  de  l'industrie  étaient 
la  fabrication  de  couvertures  de  laine,  la  teinturerie,  la  tannerie  et 
mégisserie. 

Population  :  Environ  6.000  habitants. 

Taille:  26.188  1.  (principal  :  11.700  1.  ;  accessoires  :  7.074  1.  ; 
capitation  :  7.414  1.). 

Capitation  de  privilégiés  :  1.642  1.  18  s. 

Noblesse  (33  contribuables)  :  920  1.  10  s. 

Officiers  de  justice  (10  contribuables)  :  384  1. 

Privilégiés  (8  contribuables)  :  213  1.  12  s. 

Employés  des  fermes  et  régies  (10  contribuables)  :  124  1.  16  s. 

Procès-verbal 

Châteaudun  était  porté  sur  l'état  annexé  au  règlement  du  24  jan- 
vier des  villes  qui  devaient  nommer  plus  de  quatre  députés  et  où  la 
convocation  devait  être  faite  suivant  les  prescriptions  des  articles  26  à 
28  du  règlement.  Le  nombre  de  ses  députés  fixé  par  cet  état  était  de 
six. 

La  signification  des  lettres  et  règlements  du  24  janvier  et  de  l'or- 
donnance du  lieutenant  général  fut  faite  aux  maire  et  échevins  le 
27  février  <«>. 

<l>  Nous  donnons  ce  renseignement  qui  ne  figure  pas  au  procès- verbal  d'après 


248  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Les  corporations  désignées  ci-dessous  se  réunirent  séparément  pour 
nommer  les  députés  suivants  : 

Bailliage  :  Nicolas  Maury,  avocat  en  parlement,  bailli  général  du 
comté  de  Dunois  ;  Michel-Marie-François  Loyré,  avocat  en  parlement, 
procureur  fiscal. 

Élection  :  Germain-Louis-Gabriel  Rossard-Desnaudins,  élu  hono- 
raire ;  Joseph  Rougedemontant,  conseiller  du  Roi,  élu. 

Grenier  h  sel  :  Philippe  Lebrun,  avocat  en  parlement,  grainetier  au 
grenier  à^sel  ;  Louis  Bordas  de  Lautrinière,  conseiller  du  Roi,  contrô- 
leur au  grenier  à  sel. 

Avocats  :  Michel-Marguerite  Delaforge;  Louis-André  Bignon. 

Médecins  :  Nicolas  Bourgeois. 

Notaires  et  Procureurs  :  Christophe-René  Civert,  procureur. 

Chirurgiens  :  Michel-André  David,  lieutenant  du  premier  chirurgien 
du  Roi  ;  Louis-André  Gondouin,  maître  chirurgien. 

Marchands  drapiers  :  Marc  Louis-François  Rai mbert. 

Épiciers  :  Louis-François  Carougeau. 

Horlogers  :  Benoist  Dumoulin. 

Chapeliers  :  Denis  Loleau. 

Perruquiers  :  Jacques-Charles  Raimbault. 

Armuriers  :  Étien ne-Pierre  Lecomte. 

Tanneurs  :  Nicolas  Luché. 

Boulangers  :  Pierre-Michel  Antoine. 

Couverturiers  :  Pierre  Geray. 

Bouchers  :  Joseph  Guérineau. 

Traiteurs,  pâtissiers  :  Bon  Chrétien. 

Couvreurs,  plombiers  :  Jean-Baptiste  Marcault. 

Aubergistes  :  Nicolas  Bois. 

Charpentiers  :  Antoine  Roque. 

Poëliers  :  Jacques  Eschard. 

Tapissiers  :  Thomas-Germain  Hémery. 

Tourneurs  :  Charles  Allaire. 

Tailleurs  :  Jean-Gabriel  Gibault. 

Charrons  :  Jean  Vassort. 

Cordonniers  :  Jacques  Charrier. 


Ja  délibération  municipale  du  27  février  1789  (Reg.  de  délib.  mun.  de  Ghâteaudun. 
Arch.  comm.  Chàteaudun,  BB  12,  f°  20  r°  et  v°). 


CAHIER    DE   DOUY  249 

Il  ne  semble  pas  qu'aucune  de  ces  corporations  ait  rédigé  de  cahier 
de  doléances. 

L'assemblée  des  habitants  du  Tiers  état  n'appartenant  à  aucune 
corporation  se  réunit  le  2  mars  (*>  et  élut  comme  députés  : 

Noël-Jean-Jacques-Simon  Courgibet,  bourgeois. 
Louis  Frémont,  apothicaire. 

L'assemblée  générale  du  Tiers  état  de  la  ville  eut  lieu  le  4  mars  1789, 
sous  la  présidence  des  maire,  échevins  et  conseillers  de  la  ville,  en 
présence  du  procureur  du  Roi. 

Les  députés  élus  furent  : 

Jean-François  Gondamin,  premier  éche vin. 

Louis  Bordas  de  Lautrinière,  conseiller  du  Roi,  contrôleur  au  gre- 
nier à  sel. 
Louis  Frémont,  marchand  apothicaire. 
Nicolas  Bourgeois,  docteur  en  médecine. 
Jean-Michel-Marguerite  Delaforgc  <2),  avocat  en  parlement. 
Louis- André  Bignon,  avocat  en  parlement. 

Tous  les  membres  de  la  municipalité,  sauf  Sevin  et  Michau  de  la 
Poterie  et  tous  les  députés  ont  signé  le  procès- verbal  qui  porte  le  sceau 
de  l'hôtel  de  ville  de  Châteaudun. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Le  cahier  de  doléances  de  la  ville  de  Châteaudun  n'a  pu  être 
retrouvé. 


DOUY 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Cloyes. 
Généralité:  Orléans.  — Élection,  grenier  à  sel  :  Châteaudun, 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Châteaudun. 


Même  délibération.  Arch.  comra.  de  Châteaudun,  BB  12,  f°  21  r\ 
Delaforge  fut  un  des  quatre  députés  du  Tiers  aux  États  généraux. 


250  BAILLIAGE    DE   BL01S 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Assemblée  :  le  jour  de  la  Sainte-Trinité. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  les  bénédictins  d'Orléans. 

Taille  :  2.320  1.  (principal  :  1.120  1.  ;  accessoires  :  491  1.  ;  capita- 
tion  :  709  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  66  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Nicolas  Maury,  bailli  du  comté  de  Dunois.  Même  prési- 
dent qu'à  Donnemain-Saint-Mamès,  Ma r boue,  Saint-Lubin-d'Isigny, 
Saint-Denis-les-Ponts  et  La  Chapelle-du-Noyer. 

Population  :  75  feux. 

Comparants  :  Jean  Silly  ;  Jean  Gresteau  ;  Etienne  Vilette  ;  Jacques 
Touchard  ;  François  Touchard  ;  Denis  Vilette  ;  Gabriel  Communeau 
père  et  fils;  François  Alliot  ;  Toussaint  Alliot  ;.  Pierre  Parc;  Jean 
Parc  ;  Jean  Arnoult  ;  Jacques  Breton  ;  Jacques  Chavigny  ;  Toussaint 
Landry  ;  Michel  Journat  ;  Jacques  Gresteau  ;  François  Gresteau  ;  Mar- 
tin Deniau  ;  Jean-Pierre  Tourgeon  ;  André  Roux  ;  Mathias  Roux  ; 
Lubin  Durand  ;  Etienne  Brault  ;  Pierre  Brault  ;  Thomas  Bonin  ;  Pierre 
Gresteau  ;  Paul  Gresteau  ;  Léonard  Coursimault  ;  Math u ri n  Héry  ; 
François  Deniau. 

Députés  :  Jean  Silly,  syndic,  et  Etienne  Brault. 

Suivent  12  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse,  n'a  pu  être  retrouvé. 


CAHIER    DE    LA   CHAPELUMKJ-NOYER  251 


LA  CHAPELLE-DU -NOYER 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  — Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  — -  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  4.728 1.  (principal  :  2.390 1.  ;  accessoires  :  824 1.  ;  capitation  : 
1.5141.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant.    • 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois.  Même  président  qu'à 

« 

Domemain-Saint-Mamès,  Marboué,  Saint-Lubin-d'Isigny,  Saint-Denis- 
les-Ponts  et  Douy. 

Population  :  80  feux. 

Comparants  :  Charles  Ricois,  greffier  de  la  municipalité  ;  Louis 
Pomoiier,  Gabriel  Huet,  Jean  Touchard,  Marc  Élie,  Jean  Hénault, 
Louis  Péan,  François-Daniel  Cheneau,  Sébastien  Grégoire,  Charles- 
François  Juchet,  Joseph  Hénault,  laboureurs;  Claude  Bonamy, 
Georges  Cellier,  Jacques  Prudhomme,  Gilles  Cogniet,  Jean  Foisy, 
Jacques  Bouard,  Grégoire  Pâteau,  Pierre  Chevallier,  René  Cresso- 
neau,  Jacques  Augereau,  René  Hélé,  Jacques  Lecourt,  Alexandre 
Prudhomme,  François  Bouard,  François  Prudhomme,  Martin  Lami- 
rault,  Edme-François  Bouard,  vignerons;  Jean  Landereau,  Denis 
Séguin,  François  Brissard,  Louis  Chapon,  Pierre  Trochon,  François 
Hue  et  Jacques  Lee  1ère,  journaliers. 


252  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Députés  :  Gabriel  Huet  et  Charles-François  Juchet,  laboureurs. 
Suivent  18  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


DONNEMAIN-SAINT-MAMÈS 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille:  3.8941.  (principal  :  1.8201.  ;  accessoires:  921  1.  ;  capita- 
tion:  1.153  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  l6r  mars  1789. 

Président  :  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois.  Même  président  qu'à 
Marboué,  Saint-Lubin-d'Isigny,  Saint-Denis-les-Ponts,  Douy  et  la 
Chapelle-du-Noyer. 

Population  :  97  feux. 

Comparants  :  Jean-François  Pitou,  syndic;  Jacques  Joseph  ;  Jean-Jac- 
ques Gouin  ;  Jean  Franchet  ;  Louis  Thomas;  Charles  Godard  ;  François 


CAHIER    DE    D0NNEMAW-8AÏNT-MAMÈS  253 

Godard  ;  François  Cormier  ;  Antoine  Pasteau  ;  Pierre  Lange  ;  François 
Lecointre  ;  Jacques  Lecointre  ;  Louis  Fontaine  ;  Calixte  Guesnet  ; 
Jacques  Péan  ;  Michel  Beauventre  ;  Pierre  Al  lard  ;  Jean  Vidier  ;  Fran- 
çois Beaurepère  ;  Charles  Lahaye  ;  Mannoury  ;  Augustin  Juchet  ; 
Jacques  Neau;  Jean  Girard  ;  François  Marcault;  François  Brandelon; 
Jean  Michau  ;  François  Faucheux  ;  Louis\\lliot  ;  Lambert. 

Députés  :  Jean  Franchet  et  Louis  Thomas. 

Suivent  M  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes  et  doléances  de  la  communauté  de 
la  paroisse  de  Donnemain-Saint-Mamès ,  rédigé  dans 
rassemblée  des  habitants  tenue  selon  la  forme  ce 
ier  mars,  pour  être  porté  par  les  députés  au  bailliage 
de  Blois  dans  rassemblée  du  Tiers  état  qui  y  sera  tenue 
le  9  du  courant. 

Les  habitants  de  ladite  paroisse  : 

1°  Supplient  très  humblement  Sa  Majesté  d'accorder  aux 
habitants  des  campagnes  une  diminution  sur  les  impôts  dont 
ils  sont  surchargés. 

2°  D'abolir  tous  les  privilèges  pécuniaires  du  Clergé  et  de 
lp,  Noblesse. 

J  3°  D'abolir  les  dîmes  et  de  payer  les  curés  du  trésor 
public. 

4°  De  supprimer  les  champarts. 

5°  De  supprimer  les  petites  maisons  religieuses  où  il  n'y 
a  pas  suffisamment  de  sujets  pour  faire  l'office  avec  décence 
et  clôture  absolue. 

6°  D'adoucir  les  corvées. 

!   7°  De  diminuer  le  prix  du  sel. 

J  8°  De  supprimer  les  droits  d'aides  et  de  centième  denier 
et  les  francs-fiefs. 


254  BAILLIAGE    DE   BLOIS 


/ 


9°  De  supprimer  les  colombiers. 

10°  De  supprimer  le  droit  de  chasse. 

1 1°  De  supprimer  la  milice  annuelle. 

12°  De  la  suppression  des  petites  maisons  religieuses 
et  des  bénéfices  à  simple  tonsure,  doter  les  curés  à  portion 
congrue  suffisamment  et  de  fonder  des  maitres  d'écoles 
dans  toutes  les  paroisses  où  il  n'y  en  a  point  de  fondés, 

(Suivent  18  signatures,  celles  de  :  Louis  Thomas  ;  Jean 
Pitou,  syndic  ;  François  Brandelon,  greffier,  etc.) 

Le  présent  cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Saint- 
Marnés-  contenant  deux  pages  a  été  coté  par  première  et 
dernière  et  paraphé  ne  varietur  par  nous  bailli  général  du 
comté  et  bailliage  de  Dunois.  A  Châteaudun  ce  6  mars  1789. 

(Signé  :  Maury). 


MARBOUÉ 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Brou  (*). 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  à  la  Saint-Pierre. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval.  - 


(*)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  Brou  appartenait  au  bailliage  de  Jan ville: 
cependant  Marboué  comparut  à  Blois  et  le  président  de  cette  paroisse  fut  le  bailli 
de  Dunois. 


CAHIER   OE   M  A  R  BOUE  255 

Taille  :  7.012  1.  (principal  :  3.090  1.  ;  accessoires  :  1.965  1.  ;  capi- 
tation  :  1 .957  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  février  1789  (sic)  il  faut  sans  doute  lire  :  1er  mars  1789). 

Président  :  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois.  Même  président  qu'à 
Donnemain-Saint-Mamès,  Saint- Lubin-cTIsigny,  Saint- Denis-les-Ponts, 
Douy  et  La  Chapelle-du-Noyer. 

Population  :  200  feux. 

Comparants  :  ne  sont  pas  nommés. 

Députés  :  Jacques  Péan  et  Henri  Aubry, 

Suivent  15  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  plaintes  et  doléances  fait  par  le  général  des 
habitants  de  la  paroisse  de  Marboué. 

Art.  l?r.  —  Les  habitants  de  ladite  paroisse  se  réclament 
qu'il  leur  soit  fait  une  diminution  sur  tous  les  impôts,  dont 
ils  se  trouvent  trop  surchargés,  savoir  sur  le  principal  de  la 
taille  et  autres  impositions. 

Art.  2.  —  Pour  les  corvées  qui  sont  très  dispendieuses 
aux  laboureurs,  au  moyen  que.  lesdites  corvées  se  prélèvent 
sur  le  pied  de  la  taille  à  raison  de  cinq  sous  deux  deniers 
pour  livre,  ce  qui  fait  une  augmentation  de  plus  de  moitié 
que  les  laboureurs  sont  obligés  de  supporter,  au  lieu  que 
s'ils  la  faisaient  en  nature.  Un  laboureur  payant  400  1.  de 
principal  détaille,  il  faut  qu'il  débourse  annuellement  100  1. 
et  plus,  et  si  ce  laboureur,  ainsi  des  autres,  faisait  sa  cor- 
vée par  lui-même  avec  ses  chevaux  et  voitures  et  souvent 
même  hors  des  temps  de  labour,  cela  lui  deviendrait  plus 
de  moitié  moins  coûteux  et  l'entretien  des  routes  en  serait 


256  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

aussi  bien  suivi  comme  d'être  donné  par  adjudication  en 
argent. 

Am\  3.  —  470  setiers  <*>  de  terres  labourables  que  deux 
gentilshommes  font  valoir  par  eux-mêmes,  et  la  quantité  de 
600  arpents  <2>  de  bois  et  30  arpenls  <3>  de  prés,  le  tout  situé 
dans  notre  dite  paroisse,  dont  on  ne  peut  les  imposer  aux 
rôles  des  tailles  à  cause  de  leurs  privilèges,  ces  objets 
ensemble  forment  au  moins  la  huitième  portion  du  terrain 
de  ladite  paroisse  qui  paye  annuellement  pour  la  taille  seu- 
lement la  somme  de  7,000  livres. 

Art.  4.  —  Nous  nous  réclamons  aussi  que  le  droit  de 
chasse  fût  supprimé,  ou  du  moins  que  les  seigneurs  soient 
assujettis  à  payer  les  dommages  suivant  qu'ils  seront  estimés 
par  deux  experts  nommés  par  le  juge  sans  assignation  ni 
procès  :  nous  avons  dans  notre  paroisse  environ  16  muids  W 
de  terres  ensemencées  annuellement  tant  en  blé  qu'en  avoines 
dont  les  lapins,  lièvres,  etc.,  font  un  dommage  de  moitié  sur 
la  récole,  ce  qui  fait  un  tort  considérable  aux  laboureurs  qui 
en  jouissent  et  qui  les  rend  quelquefois  hors  d'état  de  payer 
leurs  fermages  et  la  taille,  elc. 

Art.  5.  —  Nous  nous  réclamons  aussi  sur  le  droit  des 
colombiers  et  volières  qui  sont  en  grand  nombre  dans  nos 
campagnes  et  qui  contiennent  une  légion  énorme  de  pigeons 
qui  ravagent  nos  récoltes  et  enlèvent  la  majeure  partie  de 
nos  semences,  dont  on  n"ose  pas  même  lâcher  un  coup  de 
fusil  sur  ces  destructeurs,  ce  qui  nous  fait  une  perte  très 
considérable,  ou  il  faudrait  du  moins  que  le  dommage  qu'ils 
causent  fût  payé  comme  il  est  expliqué  à  l'article  précé- 
dent. 

Art.  6.  —  Des  dîmes  et  champarts  que  nous  sommes  obli- 
gés de  payer,  ce  qui  fait  un  tort  considérable  à  l'agriculture 


H)  Environ  300  hectares. 
(*)  Environ  250  hectares. 
(3)  Environ  12  hectares. 
(*)  Environ  80  hectares. 


CAHIER    DE   MARBOUÉ  257 

à  cause  de  l'enlèvement  des  pailles,  ce  qui  servirait  à  l'en- 
grais pour  la  production  des  terres  ;  il  vaudrait  beaucoup 
mieux  payer  ces  droits  en  argent  ou  en  nature  de  grains  et 
laisser  les  pailles  aux  cultivateurs. 

Art.  7.  —  Nous  nous  réclamons  aussi  en  vertu  du  prix  du 
sel  qui  est  d'un  prix  exorbitant  et  qui  est  si  précieux  à  la 
vie,  dont  les  pauvres  artisans  n'en  peuvent  faire  usage  sur 
le  prix  où  il  est  porté  ;  beaucoup  de  pauvres  malheureux 
ayant  leurs  femmes  et  lejrs  enfants  ne  pouvant  gagner  tout 
au  plus  que  12  à  14  sous  par  jour,  comment  peuvent-ils 
faire  pour  payer  le  loyer  de  leurs  maisons,  payer  la  taille,  la 
corvée,  etc.,  et  faire  vivre  leur  famille  et  les  entretenir  de 
vêtements  ?  11  n'est  pas  possible  qu'ils  le  fassent  sans  aucun 
secours  et  [il  y  en  a]  une  partie  qui  périssent  de  besoins,  ce  qui 
épuise  encore  le  sort  des  laboureurs  qui  sont  obligés  en 
partie  de  leur  fournir  de  pain. 

Art.  8.  —  Depuis  cinq  à  six  ans  la  trop  grande  abondance 
d'eau  sur  le  débordement  de  notre  rivière  du  Loir  a  dégradé 
et  raviné  les  rues  de  notre  bourg,  [ce]  qui  les  rend  imprati- 
cables et  qui  perd  une  partie  des  jardins  et  terres  dans  le  « 
voisinage;  [nous  demandons]  ces  réparations  très  utiles  et 
indispensables  dont  les  laboureurs  et  locataires  s'obligeraient 
de  faire  sur  l'indemnité  des  corvées. 

Fait  et  arrêté  le  présent  cahier  en  présence  de  l'assem- 
blée générale  des  habitants  de  ladite  paroisse  et  des  deux 
députés  qui  ont  été  nommés  à  la  pluralité  des  voix;  le  tout 
suivant  les  ordonnances,  qui  sont  les  sieurs  Jacques  Péan  et 
Henri  Aubry,  tous  deux  laboureurs  et  meuniers  qui  ont 
accepté  leur  dite  nomination  et  ont  avec  nous  signé  [sauf] 
les  sieurs  F.  Haye,  F.  Brière,  E.  Vidi,  J.  Blot,  F.  Chavigny, 
et  Louis  Le  Malle  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir.  A  Marboué 
ce  4  mars  1789. 

(Suivent  21  signatures,  celles  de  :  H.  Aubry;  Péan  ; 
Maury,  etc.) 

9 


258  BAILLIAfiK    DE    Bl.OIS 


SAINT-LUBIN-D'ISIGNY  W 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 
—  Comm.  :  Marboué. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles  Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val. 

Taille  :  4.355  1.  (principal  :  1.9901.  ;  accessoires  :  1.105  I.  ;  capita- 
tion  :  4.2601.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date:  6  mars  1789. 

Président  :  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois.  Même  président  qu'à 
Donnemain-Saint-MarmNs,  Marboué,  Saint-Denis-Ies-Ponls,  Douy,  la 
Chapelle-du-Noyer. 

Population  :  environ  60  feux. 

Comparants  :  Pierre  Guillon,  syndic;  Augustin  Guérin,  greffier; 
Jacques  Plessis  et  Jacques  Foisy,  députés;  Léon  Filliette;  Pierre  Pies- 
sis  ;  Léon  Beaurepaire  ;  Joachim  Faucheux. 

Députés  :  Pierre  Guillon,  syndic,  et  Augustin  Guérin,  greffier. 

Suivent  8  signatures. 

(M  Ou  d'Issigny,  ou  do  Signy. 


CAHIER    DE    SA1NT-LUBIN    D'ISIGNY  259 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Nous  habitants  de  la  paroisse  de  Sainl-Lubin-d'Isigny, 
généralité  d'Orléans,  élection  de  Châteaudun,  diocèse  de 
Chartres,  autorisés  par  les  lettres  patentes  du  ttoi  en  date 
du  24  janvier  dernier,  et  par  l'ordonnance  de  M.  le  lieute- 
nant général  du  bailliage  de  Blois  en  date  du  12  février, 
à  nous  assembler  en  la  manière  acccoulumée  pour  rédiger 
nos  cahiers  de  doléances  et  remontrances,  pénétrés  de  res- 
pect pour  les  ordres  de  Sa  Majesté  et  de  reconnaissance 
pour  ses  attentions  bienfaisantes,  après  avoir  conféré  entre 
nous,  les  avons  rédigés  de  la  manière  suivante,  persuadés 
que  notre  franchise  respectueuse  ne  saurait  déplaire  à  un 
souverain,  qui,  depuis  qu'il  nous  gouverne,  ne  cesse  de 
nous  assurer  qu'il  n'a  d'autre  désir  que  le  bien  et  l'avantage 
de  ses  fidèles  sujets. 

Art.  1er.  —  Abolition  des  petites  justices.  —  Nous  pen- 
sons que  les  formalités  de  la  justice  civile  doivent  être  sim- 
plifiées et  tendre  moins  à  enrichir  les  procureurs,  les  avocats 
et  les  huissiers,  afin  de  régler  le  plus  promptement  possible 
les  intérêts  des  citoyens,  et  nous  estimons  et  croyons  qu'un 
des  meilleurs  moyens  ponr  y  parvenir,  est  d'abolir  entière- 
ment les  petites  justices  seigneuriales. 

Art.  2.  —  Répartition  égale  des  impôts.  —  Nous  nous 
plaignons  avec  raison  de  la  quantité  prodigieuse  et  excessive 
des  impôts  dont  nous  sommes  surchargés  depuis  longtemps 
et  qui  nous  réduisent  à  la  plus  grande  misère,  surtout 
depuis  la  dernière  année,  à  raison  de  la  grêle  du  13  juillet 
dernier,  qui  nous  a  ravi  la  plus  abondante  récolte  ;  en 
conséquence,  nous  réclamons  une  répartition  égale  d'impôts, 
salis  distinction  d'état,  de  personnes  et  de  conditions,  à  pro- 
portion des  revenus  plus  ou  moins  grands  de  chaque  citoyen 
français  du  royaume,  de  manière  qu'il  en  résulte  pour  nous 
un  soulagement  réel  qui  nous  mette  en  état,  par  nos  travaux. 


260  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

do  subsister  honnêtement  avec  notre    famille,  et  de  faire 
honneur  à  nos  affaires. 

Art.  3.  —  Liberté  de  la  chasse.  —  Nos  terres,  malgré  le 
soin  assidu  que  nous  prenons  de  les  bien  cultiver,  outre  les 
différents  fléaux  qui  peuvent  nous  subvenir  par  les  mauvais 
temps,  ne  produisent  que  très  peu  et  ne  nous  procurent 
depuis  longtemps  qu'une  modique  récolte,  à  raison  princi- 
palement des  dommages  excessifs  qu'y  produisent  tous  les 
ans  les  lièvres,  les  lapins  et  autres  animaux  et  oiseaux  qui  se 
retirent  dans  la  quantité  des  bois  et  remises  qui  nous  envi- 
ronnent et  que  nous  ne  pouvons  tuer,  à  cause  des  droits  de 
chasse  des  seigneurs  dont  nous  dépendons,  et  qui  sont  un 
reste  de  l'ancienne  servitude  et  barbarie  du  peuple  gaulois. 
Nous  ne  saurions  trop  dès  lors  en  demander  la  délivrance, 
et  pour  cet  effet  nous  réclamons  la  liberté  de  la  chasse 
en  cas  de  dommage,  indistinctement,  à  l'exception  des  droits 
de  chasse  royale. 

Art.  4.  —  Abolition  de  tous  les  colombiers.  —  Par  une 
suite  nécessaire  de  l'article  précédent,  nous  demandons 
Tentière  suppression  de  tous  les  colombiers  des  seigneurs 
qui  nous  avoisinent  qui  ont  droit  d'en  avoir,  vu  le  dommage 
excessif  que  cause  continuellement  à  nos  terres  ensemencées 
la  quantité  prodigieuse  des  pigeons  qui  mangent  et  enlèvent 
impunément  notre  blé,  en  ravageant  nos  fourrages.  Nous 
réclamons  la  permission  de  les  tuer,  supposé  qu'on  laisse 
subsister  les  colombiers. 

Art.  5.  —  Abolition  ou  diminution  des  droits  de  cham- 
parts.  —  Il  existe  parmi  nous  un  abus,  ou  plutôt  une  injus- 
tice révoltante  à  l'égard  de  nos  seigneurs  à  qui  nous  devons 
des  rentes  tous  les  ans,  par  rapport  surtout  aux  droits  de 
ch am parts  Quand  nous  ne  pouvons  les  payer,  on  nous 
laisse  accumuler  lesdites  rentes,  sans  les  exiger,  jusqu'à  ce 
que  les  renies  accumulées,  non  payées,  soient  tout  au  plus 
au  niveau  de  la  valeur  du  fond  chargé  desdites  rentes.  Que 
font,  en  pareil  cas,  les  régisseurs  adroits  et  avides  de  nos 


CAHIER    DE    SA1NT-LUBIN    D1S1GNY  261 

seigneurs  ?  Ils  s'emparent,  sans  aucune  pitié,  de  ce  fonds 
qui  faisait  notre  unique  ressource  pour  notre  subsistance  ! 
Pour  prévenir  un  si  grand  malheur  si  préjudiciable  pour 
nous  et  notre  famille,  nous  demandons  l'abolition  de  tous 
les  droits  injustes  de  nos  seigneurs,  et  surtout  de  ceux 
qu'on  appelle  champarts,  ou  du  moins  leur  considérable 
diminution. 

Art.  6.  —  Suppi^ession  de  la  gabelle,  de  ses  droits  et 
vexations.  —  Nous  demandons  la  suppression  totale  de  la 
gabelle.  Pour  cet  effet  notre  vœu  le  plus  ardent  est  pour  la 
vénalité  du  sel,  du  tabac,  avec  permission  générale  de 
vendre  et  débiter  indistinctement  le  vin,  cidre,  et  autres 
boissons. 

Art.  7.  —  Établissement  d'Un  bureau  pour  les  pauvres;  \/ 
—  Gomme  notre  fabrique  n'a  aucune  ressource,  ni  revenu 
suffisant  pour  le  soulagement  de  tous  les  pauvres  de  notre 
susdite  paroisse,  qui  se  multiplient  de  plus  en  plus  dans  les 
mauvaises  années  où  tout  est  au  poids  de  l'or  et  où  les 
pauvres  ne  trouvent  point  d'ouvrage,  semblables  à  la  der- 
nière que  nous  venons  de  finir,  ainsi  qu'à  la  présente  que 
nous  commençons  et  qui  s'annonce  sous  les  plus  sinistres 
présages,  nous  demandons  l'établissement  d'un  bureau  des 
pauvres  dans  notre  paroisse,  dont  le  sieur  curé  sera  le  chef, 
avec  le  seigneur  de  notre  susdite  paroisse,  et  le  syndic,  les 
marguilliers  en  charge,  le  greffier,  les  députés  et  adjoints 
de  nos  assemblées  seront  les  administrateurs  et  ne  feront 
rien  qu'avec  l'agrément  et  consentement  de  notre   pasteur. 

Pour  cet  effet,  il  est  nécessaire  de  trouver  un  fonds  suffi- 
sant à  cet  établissement  dans  la  charité  bienfaisante  des  gros 
propriétaires  de  notre  paroisse,  à  proportion  de  leurs  reve- 
nus. Notre  charitable  pasteur  demande  à  être  taxé  en 
conséquence,  à  proportion  du  lieu,  pour  la  consommation 
de  cette  bonne  œuvre  que  nous  avons  fort  à  cœur,  que  nous 
réclamons  instamment,  avec  suppression  universelle  de  la 
mendicité  dans  tous  les  états,  pays,  eteonditions  du  royaume, 


262  BAILLIAGE    DE    BL01S 

avec  défense  expresse,  sous  peine  de  punition  exemplaire, 
aux  autres  pauvres  étrangers  de  vaguer  et  errer  dans  notre 
paroisse,  au  péril  de  nos  vies  et  de  nos  propriétés  par  le 
feu  ou  autres  moyens  en  cas  de  refus  de  notre  part. 

A  ut.  8.  —  Punition  des  meneurs  de  moulons  qui 
causent  dommage.  —  Nous  ne  saurions  nous  plaindre  trop 
amèrement  des  ravages,  et  préjudices  considérables,  occa- 
sionnés sur  nos  terres  ensemencées,  par  les  meneurs  et  mar- 
chands de  moutons,  qui,  au  lieu  de  suivre  les  grands 
chemins,  prennent  des  chemins  de  traverse  et  y  laissent 
paître  leurs  moutons  sur  nos  blés.  Nous  demandons  en  con- 
séquence un  ordre»  formel  à  eux  intimé  de  conduire  leurs 
troupeaux  par  les  grands  chemins,  et  en  cas  d'infraction  ou 
de  contravention,  nous  souhaitons  qu'ils  soient  condamnés  à 
une  amende,  et  en  cas  de  dommage,  qu'ils  soient  obligés  à 
le  payer,  sur-le-champ,  en  total. 

Art.  9.  —  Exemptions  de  la  milice.  —  Nous  supplions 
Sa  Majesté  que  la  bienfaisance  caractérise  de  permettre  et 
ordonner  qu'un  homme  veuf,  sans  enfants,  chargé  de  payer 
à  proportion  de  ses  facultés  la  taille  et  autres  impositions,  ne 
soit  plus  sujet  au  sort  de  la  milice. 

Art.  10.  —  Sur  les  corvées.  —  Pour  ce  qui  concerne  la 
corvée,  nous  demandons  qu'elle  soit  réversible  sur  les  trois 
Ordres  de  l'État  conséquemment  aux  revenus  de  chaque  indi- 
vidu, ce  travail  regardant  le  bien  public  du  royaume,  et 
nous  réclamons  qu'au  lieu  de  donner  les  corvées  à  un  seul 
adjudicataire,  on  les  subdivise  en  partageant  les  tâches  par 
demi  et  quarts  de  lieues,  de  manière  qu'il  y  ait  un  plus  grand 
nombre  d'adjudicataires,  et  par  la  même  raison  plus  de 
pauvres  particuliers  qui,  dans  Fhivcr,  trouveront  de  l'ou- 
vrage pour  vivre  et  faire  subsister  leurs  femmes  et  leurs 
enfants. 

Art.  H.  —  Défense  de  louer  et  affermer  plusieurs  mé- 
tairies à  un  seul.   —  Nous  demandons   qu'il  ne  soit  plus 


CAHIER    DE    SAINT-r.UBlN    D'ISIGNY  263 

permis  à  l'avenir  aux  soigneurs  et  à  aucun  propriétaire, 
île  réunir  plusieurs  terres  ensemble  et  de  les  affermer  à  un 
seul  métayer,  comme  cela  n'arrive  que  trop  souvent,  attendu 
que  plus  un  objet  est  considérable,  moins  il  est  bien  cultivé. 
Eu  outre,  c'est  un  bon  habitant  de  moins  ;  ce  qui  cause  une 
perle  tant  pour  l'État  que  pour  la  paroisse. 

Art.  12.  —  Permission  pour  les  bestiaux.  —  Nous 
réclamons  pour  les  pauvres  qui  ont  des  bestiaux  sans  avoir 
où  les  mener  paitre,  permission  de  les  faire  paître  dans  les 
communes  ou  dans  les  bois  de  màin-morte,  avec  permission 
pour  les  pauvres  de  ramasser  de  la  bruyère  et  du  bois  sec, 
indistinctement  et  sans  exception. 

Art.  13.  —  Sur  les  requêtes  à  présenter.  —  Vu  les  pertes 
que  nous  éprouvons  si  fréquemment,  tant  sur  nos  récoltes 
que  sur  nos  bestiaux  ou  autres  objets  qui  nous  concernent, 
nous  sommes  forcés  alors  d'adresser  nos  plaintes  et  d'ana- 
lyser nos  dommages,  pour  en  obtenir  quelques  indemnités 
ou  gratifications,  et  nous  désirons  qu'on  enjoigne  à  l'avenir 
à  Messieurs  les  intendants  d'être  plus  exacts  à  entériner  et 
faire  droit  sur  les  requêtes  que  nous  leur  présenterons  dans 
nos  pressants  besoins. 

Telles  sont  nos  principales  plaintes,  demandes,  remon- 
trances et  doléances,  dans  la  triste  position  où  nous  sommes 
réduits,  dont  maîtres  Pierre  Guillon.  syndic,  et  Augustin 
Guérin,  greffier,  choisis  et  unanimement  élus  par  nous  pour 
nos  députés  munis  de  tous  nos  pouvoirs,  se  sont  chargés 
pour  les  remettre  de  notre  part,  avec  injonction  d'y  soutenir 
nos  droits  et  intérêts,  à  M.  le  lieutenant  général  du  bailliage 
de  Blois,  pour  notre  soulagement  particulier,  rétablissement 
d'un  ordre  fixe  et  durable  dans  toutes  les  parties  de  l'admi- 
nistration, la  prospérité  générale  du  royaume  et  le  bien  de 
tous  et  de  chacun  de  ses  individus.  Nous  prierons  l'Être 
suprême  pour  la  précieuse  conservation  de  notre  auguste 
monarque,  de  la  reine,  de  monseigneur  le  dauphin  et  de 
toute  la  famille  royale. 


264  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Fait  et  arrêté  en  rassemblée  convoquée  au  son  de  la 
cloche  en  la  manière  accoutumée  par  nous  soussignés,  prin- 
cipaux habitants  composant  la  majeure  et  plus  saine  partie 
de  notre  paroisse  susdite,  les  autres  ayant  déclaré  ne  savoir 
signer.  Le  6  mars  de  cette  présente  année  1789. 

(Suivent  8  signatures,  celles  de  :  Guillon,  syndic  ;  Augustin 
Guérin,  greffier,  etc.). 

Arrêté  et  vérifié  par  nous,  bailli  de  Dunois,  et  coté  et 
paraphé . 

(Signé  :    Maury.) 

Les  articles  1,  2,  3  et  4,  5,  6, .9,  40, 11,42,  43 de  ce  cahier  présentent 
de  grandes  analogies  avec  les  articles  1,  3,  5,  44,  8.  13,  6,  7,  9,  42  du 
cahier  de  Saint-Denis-les-Ponts.  On  retrouve  aussi  dans  les  articles  40 
et  44  du  cahier  du  Mée  les  mêmes  demandes  que  dans  les  articles  7  et 
44  de  ce  cahier. 


SAINT-DENIS-LES-PONTS 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Canl.  :  Château- 
dun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  lundi  de  Pâques. 

Abbaye  de  bénédictines  de  Saint-Avit. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 


CAHIER    DE    SAINT-DENIS-LE8-P0NTS  265 

Taille  :  4.153  1.  (principal  :  2.040  1.  ;  accessoires:  870 1.  ;  capitation  : 
i  .273  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  4789. 

Président  :  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois.  Même  président  qu'à 
Donnemain-Saint-Mamès,  Marboué,  Saint-Lubin-d'Isigny,  Douy  et  La 
Chapelle- du-Noyer. 

Population  :  453  feux. 

Comparants  :  Denis  Deniau,  syndic  de  la  municipalité  ;  Jean-Bap- 
tiste Beau  fou,  greffier;  Jacques  Anlhoine;  Louis  Galliot  ;  Jacques 
Trécul  ;  Charles  Pagis  ;  Denis  Pateau  ;  Noël  Touchard  ;  François 
Bresseau  ;  François  Hallier  ;  Jean  Bouard  ;  Denis  Linget  ;  François 
Chambrun  ;  Denis  Pasty  l'aîné  ;  Jacques  Bru  net  ;  Nicolas  Bergerot  ; 
Denis  Ragot  ;  Joseph  Mezelle  ;  André  Rougereau  ;  Pierre  Curé  ;  Louis 
Deuiau  ;  Alexis  Blatry  ;  René  Boutlevillain  ;  Pierre  Hémery  ;  Jean 
Bodin  ;  Denis  Sorent  ;  Jacques  Ragot  ;  Jacques  Gareau  ;  Denis  Pasty, 
tailleur. 

Députés  :  Louis  Galliot,  laboureur,  et  Denis  Deniau,  vigneron, 
syndic. 

Suivent  40  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Nous  habitants  de  la  paroisse  de  Saint-Denis-les-Ponts, 
généralité  d'Orléans,  élection  de  Châteaudun,  diocèse  de 
Chartres,  autorisés  par  les  lettres  patentes  du  Roi  en  date  du 
24  janvier  dernier  et  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant 
général  du  bailliage  de  Blois  en  date  du  42  février  à  nous 
assembler  pour  rédiger  nos  cahiers  de  doléances  et  remon- 
trances, pénétrés  de  respect  pour  les  ordres  de  Sa  Majesté  et 
de  reconnaissance  pour  ses  attentions  bienfaisantes,  après 
avoir  conféré  entre  nous,  les  avons  rédigés  comme  ce  qui  suit, 
persuadés  que  notre  franchise  respectueuse  ne  pourra  dé- 

9. 


266  HAlUJAdK    DE    BLOIS 

plaire  à  un  souverain  qui,  depuis  qu'il  nous  gouverne,  nous 
a  toujours  assuré  n'avoir  d'autre  envie  que  le  bien  et  l'avan- 
tage de  ses  fidèles  sujets. 

Art.  1er,  concernant  la  justice.  —  Nous  pensons  que  les 
formalités  de  la  justice  civile  doivent  être  simplifiées  et 
tendre  moins  à  enrichir  des  procureurs,  des  huissiers,  mais 
régler  le  plus  prompteinent  possible  les  intérêts  des  citoyens. 
Les  moyens  pour  y  parvenir,  c'est  de  casser  les  petites 
justices. 

Akt.  2,  concernant  la  justice.  —  Nous  pensons  que  pour 
entretenir  la  paix  dans  les  paroisses,  pour  obvier  aux  procès, 
qui  sont  plutôt  occasionnés  par  la  mauvaise  humeur  que  par 
un  vrai  intérêt,  il  serait  à  propos  d'autoriser  les  municipa- 
lités à  députer  tous  les  ans  trois  honnêtes  gens  pour  décider 
en  dernier  ressort  et  sans  appel  toutes  les  affaires  qui 
n'excéderont  pas  la  somme  de  6  livres. 

Akt.  3,  concernant  les  impôts.  —  Comme  on  ne  peut 
attribuer  la  misère  qui  désole  les  campagnes  qu'à  la  pro- 
gression successive  des  impôts  et  [àj  l'injustice  de  la  répar- 
tition, nous  supplions  le  Roi  et  les  États  généraux  de  cher- 
cher les  moyens  d'en  diminuer  la  charge  et  de  les  répartir 
d'une  manière  plus  équitable.  Nous  pensons  que  tous  les 
Ordres  de  l'État,  sans  distinctions  et  sans  exceptions  de  per- 
sonnes, doivent  contribuer  en  raison  de  leur  état  et  de  leur 
propriété  en  toute  nature  d'impositions  W  et  qu'il  doit  être 
établi  [le]  plus  tôt  que  faire  se  pourra  une  manière  uni- 
forme de  répartir  l'imposition.  Si  les  besoins  de  l'État 
exigent  de  nouveaux  sacrifices  de  la  part  des  citoyens,  nous 
prions  les  États  généraux  d'en  exempter  les  gens  de  cam- 
pagne et  en  considérant  que  les  charges  qu'ils  supportent 
déjà  avec  peine  et  sous  le  fardeau  desquelles  ils  succombent 
journellement,  que  la  cherté  des  denrées  les  ont  mis  hors 
d'état  d'en  supporter  de  nouvelles. 

l*ï  Sir.  Lire  :  «  aux  impositions  »,  ou  «  à  toute  nature  d'impositions  ». 


CAHIER    DE   SÀ1NT-DENIS-LES-V0NTS  267 

Art.  4,  concernant  les  privilégiés.  —  Nous  pensons  qu'en 
simplifiant  les  frais  de  perception,  en  ôtant  à  la  Noblesse,  au 
Clergé  et  aux  annoblis  les  privilèges  qu'ils  ont  usurpés  sur 
le  peuple,  ils  trouveront  assez  de  ressources  pour  combler 
le  déficit,  et  même  procurer  du  soulagement  au  cultivateur. 
Il  est  d'autant  plus  pressant  de  réformer  tous  les  abus  que  le 
découragement  est  dans  tous  les  cœurs  et  que  les  terres 
resteront  infailliblement  et  sous  peu  sans  culture.  Les  pri- 
vilèges concourent  en  effet  avec  Fénormité  des  impôts  à 
écraser  le  laboureur  ;  ceux  qui  en  jouissent,  pour  retirer 
plus  de  profils  de  leur  bien,  vous  les  font  valoir  par  eux- 
mêmes,  ou  les  afferment  sous  signature  privée  à  des  fer- 
miers généraux  qui  ne  rougissent  pas  les  faire  passer 
pour  leurs  domestiques  W.  ou  enfin  il  en  a  le  produit  tous 
les  ans  au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur  ;  dans  tous 
les  cas  on  évite  la  taille,  et  les  campagnes  se  trouvent  sur- 
chargées. 

Art.  5,  concernant  le  gibier  et  pigeons.  —  Les  cultiva- 
teurs ont  encore  à  se  plaindre  du  tort  que  causent  le  gibier 
et  les  pigeons  à  leurs  moissons,  dont  les  terres  sont  environ- 
nées de  toutes  parts  par  les  bois,  qui  font  un  tort  consi- 
dérable. Nous  votons  donc  pour  qu'il  soit  libre  à  tout 
particulier  de  tuer  les  lapins  et  pigeons  qu'il  trouvera  lui 
faisant  du  dommage  sur  son  terrain,  ou  qu'il  soit  fait  une 
loi  qui  très  expressément  enjoigne  aux  seigneurs  ayant  droit 
de  chasse  et  de  colombier  de  faire  détruire  le  gibier  nui- 
sible et  de  réduire  leurs  colombiers  à  un  si  petit  nombre  que 
nos  moissons  ne  puissent  plus  en  souffrir,  sous  peine  par 
ceux  qui  refuseraient  de  se  soumettre  à  une  loi  si  équitable 
de  dédommager  amplement  le  propriétaire  ou  le  fermier 
qui  auraient  à  gémir  d'une  oppression  si  criante,  les  lois  qui 
ont  été  faites  à  ce  sujet  étant  restées  sans  vigueur. 

Art.  6,  concernant  la  corvée.  —  Quant  à  la  corvée,  nous 

0)  Sic.  Lire  :  .«  qu'ils  ne   rougissent  pas  de   faire  passer  pour  leurs   domes- 
tiques ». 


268  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

demandons  qu'elle  soit  répartie  sur  les  trois  Ordres,  que  les 
routes  ne  soient  pas  données  en  trop  grande  quantité  à  la  fois  à 
un  seul  particulier,  attendu  que  ce  seul  particulier  profite  seul 
du  profit  qu'il  peut  y  faire  par  la  dureté  avec  laquelle  il  en 
agit  avec  de  pauvres  misérables  qui  en  hiver  n'ont  ni  pain  ni 
travail,  et  que  si  Ton  subdivisait  les  tâches  que  Ton  donne  à 
faire  par  demi  lieue  ou  quart  de  lieue,  il  se  trouverait  un 
plus  grand  nombre  d'adjudicataires  et,  par  la  môme  raison, 
plus  d'ouvriers  qui  profiteraient  de  leur  entreprise. 

Art.  7.  concernant  les  réunions  des  terres.  —  Le  peuple 
demande  qu'il  ne  soit  plus  permis  à  l'avenir  au  seigneur  et 
à  aucun  propriétaire  de  réunir  plusieurs  terres  ou  fermes  dans 
une  seule  étendue  :  premièrement  plus  un  objet  est  considé- 
rable moins  bien  il  est  cultivé  ;  deuxièmement  c'est  un  bon 
habitant  de  manque  pour  la  paroisse  et  qui  cause  une  perte 
tant  pour  l'Etal  que  pour  la  paroisse. 

Art.  8,  concernant  le  sel. —  On  nous  avait  fait  espérer  la 
diminution  du  sel,  qui  serait  d'une  très  grande  conséquence. 
Nos  espérances  ont  été  trompées  à  ce  sujet,  puisque  jusqu'à 
présent  il  n'y  a  aucune  diminution.  Nous  demandons  qu'il 
soit  vendu  à  prix  commun  ou  marchand  comme  le  blé. 

Art.  9,  concernant  les  pâturages. —  De  tout  temps  il  y  a 
eu  des  communes  dont  les  seigneurs,  depuis  quelques  années, 
se  sont  emparés,  qui  font  un  tort  considérable  au  menu 
peuple,  se  trouvant  dans  l'impossibilité  d'avoir  des  bestiaux, 
n'ayant  aucun  endroit  où  les  conduire  paître,  si  ce  n'est  [le] 
long  des  chemins  et  [le]  long  de«  blés  où  ils  sont  exposés  à 
faire  du  tort  au  cultivateur.  Donc  d'un  mal  il  en  résulte  un 
autre;  si,  au  contraire,  ces  lieux  qui  ci-devant  étaient  com- 
muns le  redevenaient,  tout  le  peuple  se  trouverait  soulagé 
par  les  denrées  qui  deviendraient  meilleur  marché. 

Outre  le  droit  de  pâturage,  ces  particuliers  qu'on  a  subti- 
lisés dans  ces  lieux  communs,  on  les  prive  encore  de  mener 
paître  les  vaches  dans  les  bois  de  main-morte,  encore  qu'il 


CAHIER    DE    SAINT-DENIS-LES-PONTS  269 

soit  permis  aux  pauvres  d'amasser  de  la  bruyère,  fougère, 
bois  sec,  sans  exception. 

Art.  11  W,  concernant  les  dunes  et  champarls.  —  Nous 
demandons  que  les  dîmes,  cham parts  soient  abolis,  et  que 
Ton  prenne  les  fonds  sur  les  biens  do  main-morte  qui  sont 
situés  dans  les  paroisses,  attendu  que  les  laboureurs  en  souf- 
frent beaucoup  et  qu'ils  leur  ôtent  la  faculté  de  fumer  leurs 
terres. 

Art.  12,  concernant  les  requêtes  à  Messieurs  les  inten- 
dants. -  —  Le  peuple  étant  autorisé  par  les  ordres  du  Uoi  à 
représenter  des  requêtes  concernant  les  perles  qu'il  éprouve, 
tant  sur  ses  récoltes  que  sur  ses  bestiaux,  ce  qui  s'est  fait 
jusqu'à  présent  de  la  part  du  peuple  dont  un  si  petit  nombre 
a  reçu  des  gratifications  que  nous  nous  trouvons  forcés 
d'adresser  nos  plaintes  à  ce  sujet,  et  qu'il  soit  enjoint  à 
l'avenir  à  Messieurs  les  intendants  d'ouvrir  les  yeux  plus 
qu'ils  n'ont  jamais  fait  sur  les  requêtes  qui  leur  sont  présen- 
tées par  le  peuple. 

Art.  13,  concernant  la  milice.  —  On  supplie  le  Roi  qu'un 
homme  restant  veuf  sans  enfants,  payant  taille,  ne  soit  plus 
assujetti  au  sort  de  la  milice. 

Telles  sont  les  demandes  et  remontrances  que  nous  sup- 
plions les  États  généraux  de  prendre  en  considération. 
Comme  nous  sommes  persuadés  que  tous  les  membres  qui 
les  composeront  seront  animés  du  bien  public,  nous  espérons 
qu'ils  se  feront  un  devoir  et  un  plaisir  d'appuyer  notre  cause 
et  d'être  nos  protecteurs  aux  pieds  du  trône  ;  notre  confiance 
en  la  justice  et  la  bonté  de  notre  auguste  souverain  étant 
sans  borne  comme  notre  dévouement  à  sa  personne  sacrée, 
nous  osons  nous  flatter  que  nos  malheurs  et  les  oppressions 
sous  lesquelles  nous  gémissons  depuis  longtemps  vont  enfin 
trouver  les  défenseurs;  mais  comme  il  pourrait  se  faire  que 

M)  Sir.  Il  n'y  a  pas  d'article  iO. 


270  BAILLIAGE    DE    BL01S 

l'intrigue  conserve  encore  quelque  autorité,  et  qu'il  est  de 
la  prudence  de  se  tenir  sur  ses  gardes,  nous  exigeons  que 
nos  représentants  aux  États  généraux  soient  pris  dans  notre 
Ordre  et  assujettis  aux  mêmes  impositions  que  nous,  protes- 
tant par  avance  contre  tout  ce  qui  pourrait  être  fait  auxdits 
États  de  contraire  à  nos  intérêts. 

Fait  et  arrêté  au  lieu  où  nous  avons  coutume  de  tenir  notre 
assemblée  et  en  présence  du  général  des  habitants  dont  une 
partie  ont  signé  les  présents  cahiers,  une  autre  partie  a  dé- 
claré ne  le  savoir. 

Fait  à  Saint-Denis-les-Ponts,  ce  4  mars  1789. 

(Suivent  12  signatures,  celles  de  :  Deniau,  syndic;  Gai- 
liot,  etc..) 

Le  présent  cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Saint- 
Denis-les-Ponts,  contenant  huit  pages,  a  été  coté  par  pre- 
mière et  dernière  page  et  paraphé  ne  varietur  par  nous, 
bailli  général  du  comté  et  bailliage  de  Dunois  soussigné.  À 
Châteaudun,  le  5  mars  1789. 

(Signé  :  Maury). 

Les  articles  4,  3,  5,  6,  7,  8,  9, 14,  42,  43  de  cahier  présentent  de 
grandes  analogies  avec  les  articles  4,  2,  3  et  4,  40,  44,  6,  42,  5,  43,  9 
du  cahier  de  Saint-Lubin-d'lsigny.  On  retrouve  aussi  dans  les  articles 
8  et  44  du  cahier  du  Mée  des  demandes  analogues  à  celles  des  articles 
2  et  7  de  ce  cahier. 

Sous  le  titre  de  «  Cahier  de  doléances  des  habitants  de  la  paroisse 
de  Saint-Denis-les-Ponts  »,  M.  Onésime  Legrand  a  publié  dans  les  Bul- 
letins de  la  Société  Dunoise,  t.  vi,  pp.  246  à  250,  un  cahier  qui,  sauf 
le  préambule  et  différents  passages  de  quelques  articles  (4,  3,  4),  ne 
présente  aucun  rapport  avec  le  cahier  de  cette  paroisse  ;  cette  publica- 
tion est  précédée  d'une  publication  correcte  du  cahier  de  Lanneray.  Les 
textes  publiés  par  M.  Legrand,  déposés  aux  archives  de  la  Société 
Dunoise  (B  435),  ne  portent  ni  signatures,  ni  aucun  signe  d'authenti- 
cité. Us  proviennent  des  papiers  de  Jean-Henri  Joliet  (4752-4838), 
chanoine  régulier  de  l'ordre  de  saint  Augustin,  ancien  prieur  de  Lan- 


CAHIER    DU    MÉE  271 

neray,  maire  de  cette  commune,  ami  de  Brissot.  «  Je  crois...,  dit 
M.  Legrand,  qu'il  n'y  aurait  pas  de  témérité  à  en  attribuer  la  rédac- 
tion à  l'abbé  Joliet  lui-même.  Ces  cahiers  sont  d'ailleurs  écrits  de  sa 
main.  »  (ouvr.cit.,  p.  240).  11  s'agit  probablement  de  projets  de  rédac- 
tion de  l'abbé  Joliet,  dont  l'un  aurait  été  adopté  sans  modification  par 
l'assemblée  de  Lanneray,  tandis  que  l'assemblée  de  Saint-Denis-les- 
Ponts  aurait  complètement  modifié  le  texte  proposé  par  labbé  Joliet. 


LE   MÉE 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  -   Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789:  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  corrite  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val. 

Taille  :  3.954  1.  (principal  :  1.800  1.;  accessoires  :  1.044  1.  ;  capita- 
tion  :  1.1401.) 

Gapitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  48  1. 

PROCÈS  VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Noël  Bourget,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  70  feux. 

Comparants  :  Laurent  Peigné,  Jacques  Luxereau,  Sébastien  Gouin, 
membres  de  la  municipalité  ;  Jacques  Martin,  François  Barrault, 
François  Gasnier,  adjoints  de  la  municipalité  ;  Jean  François  Mothu  ; 
Claude  Bourgoin  ;  François  Godier;  Louis  Troublard  ;  Jacques  Rogé  ; 


272  BAILLIAGE    DE    BL01S 

Martin  Jaulnet;  Jean-Pierre  Lemaître;  Jacques  Brissard  ;  Victor  Luxe- 
reau. 

Députés  :  Laurent  Peigné  et  Noël  Bourget. 

Suivent  14  signatures. 

Coté  et  paraphé  par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  de  la  paroisse  du  Mée  en  Beauce. 

Premièrement,  nous  exposons  que  notre  climat  est  situé 
sur  une  côte  qui  craint  extrêmement  les  grandes  sécheresses, 
ce  qui  arrive  très  souvent,  et  de  plus  nous  avons  essuyé  une 
grêle  en  1785  et  1787,  ce  qui  a  mis  la  plus  grande  partie  des 
cultivateurs  presque  hors  d'état  de  faire  valoir  et  de  payer 
les  impôts  dus  à  Sa  Majesté. 

Première  demande  —  Nous  demandons  que  les  tailles 
soient  réformées  et  que,  pour  aider  aux  besoins  de  l'Etat,  il 
ne  soit  mis  qu'un  seul  impôt,  lequel  impôt  fût  réparti  sur 
toute  ville,  bourg  et  village,  chacun  au  prorata  et  à  la  qualité 
des  biens  et  états  qu'ils  font  valoir. 

Seconde  demande.  —  Nous  demandons  l'abolition  de 
tous  les  privilèges,  c'est-à-dire  que  les  nobles  et  annoblis, 
les  religieux  et  religieuses,  qui  possèdent  les  plus  beaux  et 
meilleurs  biens,  soient  comme  nous  assujettis  à  supporter  les 
besoins  de  l'État. 

Troisième  demande.  —  Nous  demandons  qu'il  soit  fait 
une  réforme  générale  sur  les  champarts  et  sur  les  dîmes,  ce 
qui  fait  un  tort  considérable  à  l'agriculture,  parce  que  cela 
enlève  les  pailles  qui  dégraissent  les  terres. 

Quatrième  demande.  —  Nous  demandons,  pour  entre- 
tenir l'union  et  la  paix  entre  les  curés  et  les  paroissiens, 
de  supprimer  les  casuels,  les  menues  et  vertes  dîmes,  et 
en  place  leur  accorder  un  gros  qui  soit  suffisant  pour  leur 
subsistance. 


CAHIER    DU    MÉE  273 

Cinquième  demande.  —  Nous  représentons  qu'il  est  bien 
malheureux  pour  les  pauvres  cultivateurs  d'entretenir  les 
routes,  ce  qui  est  extrêmement  coûteux  à  eux  qui  ne  s'en 
servent  que  pour  mener  la  subsistance  et  l'approvisionnement 
des  villes,  qu'il  serait  bien  plus  à  propos  que  ce  fût  les  sei- 
gneurs et  les  bourgeois  des  villes. 

Sixième  demande.  —  Nous  demandons  que  les  députés 
des  campagnes  soient  en  plus  grand  nombre  aux  Etats  géné- 
raux que  ceux  du  Tiers  état  des  villes,  parce  que  le  Tiers 
état  des  campagnes  est  plus  nombreux,  et  la  liberté  du 
choix  d'élire  entre  nous  nos  députés  aux  États  généraux,  et 
la  liberté  de  délibérer  à  part  sans  être  mêlés  avec  le  Tiers 
état  des  villes. 

Septième  demandé.  —  Nous  démandons  l'abolition  des 
octrois  et  embellissements  des  villes  qui  tombent  à  la  charge 
des  campagnes,  et  la  réforme  entière  des  gabelles. 

Huitième  demande.  —  Nous  demandons  la  réforme  gé- 
nérale des  justices  subalternes,  et  qu'il  soit  permis  aux  offi- 
ciers municipaux  des  paroisses  de  juger  en  dernier  ressort 
et  sans  appel  les  causes  au-dessous  de  six  livres,  qui  sont 
souvent  occasionnées  plus  par  mauvaise  humeur  que  par 
raison. 

Neuvième  demande.  —  Nous  demandons  la  liberté  entière 
et  qu'il  ne  soit  emprisonné  personne  que  pour  crime  et  non 
pour  dettes. 

Dixième  demande.  —  Nous  demandons  qu'il  soit  établi 
un  bureau  dans  chaque  paroisse  pour  nourrir  les  pauvres,  et 
que  les  propriétaires  et  ceux  qui  possèdent  des  domaines 
dans  les  paroisses  aident  à  leur  subsistance  ;  que  ce  bureau 
soit  composé  du  curé  et  du  seigneur  de  la  paroisse  et 
officiers  de  la  municipalité  dudit  lieu,  et  qu'on  tienne  la 
main  à  l'ordonnance,  afin  qu'on  ne  voie  plus  de  mendiants. 

Onzième  demande.  —  Nous  demandons  qu'il  soit  fait  dé- 
fense à  tous  propriétaires  de  réunir  plusieurs  terres  en  une, 


274  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

ce  qui  fait  tort  à  l'agriculture  et  qui  ôte  la  facilité  à  plusieurs 
fermiers  de  s'établir. 

Et  nous  avons  d'une  voix  unanime  fait  les  vœux  les  plus 
sincères  pour  la  prospérité  et  la  conservation  de  notre  bon 
Roi,  qui  nous  permet  à  tous  de  porter  nos  plaintes  au  pied  de 
son  trône  pour  lui  demander  nos  besoins  ;  nous  ne  cesserons 
de  bénir  un  monarque  dont  la  bonté  va  jusqu'à  l'extrême, 
qui  franchit  le  grand  espace  de  lui  à  nous,  comme  le  père 
le  plus  tendre  pour  donner  la  subsistance  à  ses  enfants. 

(Suivent  14  signatures,  celles  de  :  Laurent  Peigné  ;  Noël 
Bourget,  syndic,  etc.) 

Le  présent  contenant  quatre  pages  a  été  coté  et  paraphé 
par  nous,  bailli  de  Dunoys. 

(Signé  :  Maury.) 

La  8e  demande  de  ce  cahier  est  analogue  h  celle  de  l'article  2  du 
cahier  de  Saint-Denis-les-Ponts,  la  10e  h  celle  de  l'article  7  du  cahier 
de  Saint-Lubin-d'Isigny,  la  11e  h  celle  de  l'article  7  du  cahier  de 
Saint-Denis-les-Ponts  et  de  l'article  11  du  cahier  de  Saint-Lubin- 
d'Isigny. 


ROMILLY-SUR-AIGRE 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaùdun.  —  Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaùdun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

/faute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Châteaùdun. 

Principales  cultures  :  blé,  bois. 

Seigneur  en  1768  :  de  Sourches. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-IIilaire  du  Bouchet,  chevalier,  comte  de 
Sourches,  chevalier  de  Saint-Louis. 


CAHIER    DE   ROMILLY-SUR- AIGRE  275 

Taille  :  4.012  l.  (principal  :  1.790 1.  ;  accessoires  :  1.088  1.  ;  capita- 
tion  :  1.134  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  18  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Pierre  Bigot,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  80  feux. 

Comparants  :  Etienne  Géré,  greffier;  Pierre  Mondamert  et  Jacques 
Leguay,  membres  de  la  municipalité  ;  Pierre  Mauger  et  Louis  Ricois, 
adjoints  ;  Jacques  Hateau  ;  Etienne  Triau  ;  Pierre  Bordier  ;  René  Hu- 
bert ;  Jacques  Rossignol  ;  François  Leroy  ;  Jacques  Triau  ;  Pierre  Ros- 
signol ;  Louis  Voyer. 

Députés  :  Pierre  Mauger,  laboureur,  et  Etienne  Triau,  meunier. 

Suivent  10  signatures. 

Vu  et  arrêté  par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances,  plaintes  et  remontrances  des  habitants  de  la 
paroisse  de  Romilly-sur- Aigre,  diocèse  de  Blois,  faites 
dans  rassemblée  de  ladite  paroisse,  ce  jourd'hui 
lBr  mars  1789. 

Il  serait  très  intéressant  qu'on  diminuât  le  prix  du  sel  qui, 
étant  très  cher,  prive  les  malheureux  d'une  nourriture  essen- 
tielle pour  les  soutenir  dans  leur  travaux  ;  d'ailleurs,  le  prix 
extrême  de  cet  aliment  occasionne  la  perte  de  beaucoup  de 
bestiaux  à  qui  il  est  nécessaire  dans  bien  des  remèdes. 

Les  contrôles  sont  très  onéreux  aux  laboureurs  pour  les 
baux  de  leurs  fermes,  comme  aussi  à  tous  ceux  qui  ont  besoin 
d'actes  notorizés  M.  Il  serait  très  intéressant  pour  le  public 
qu'ils  fussent  diminués. 

<*)  Sic.  Lire  :  «  notariés  ». 


276  BAILL1AGK    DR    Bl.OIS 

II  serait  à  désirer  que  les  impositions  et  accessoires  de  la 
taille  fussent  plus  analogues  à  la  nature  du  sol  de  chaque 
paroisse  et  à  l'aisance  des  habitants  qui  dans  cette  paroisse 
sont  fort  mal  ;  ayant  un  terrain  très  ingrat,  une  grande  partie 
inculte  et  en  marais,  et  beaucoup  de  pauvres  gens  qui  ont 
toute  peine  à  gagner  leur  vie,  ayant  de  nombreuses  familles 
et  les  vivres  étant  d'une  cherté  incomparable,  fait  qu'ils  ne 
peuvent  aider  que  très,  peu  les  laboureurs,  et  même  beaucoup 
qui  ne  peuvent  du  tout,  étant  à  la  merci  desdits  laboureurs; 
et  encore  les  paroisses  voisines  qui  les  surchargent,  cause 
qu'ils  sont  eux-mêmes  dans  l'indigence,  ayant  essuyé  le  ter- 
rible fléau  de  l'orage  du  13  juillet  dernier  dans  la  plus  saine 
partie  de  celte  paroisse,  cause  une  extrême  désolation  avec 
une  terrible  cherté  qui  fait  les  cris  de  tout  le  peuple  dont  une 
nombreuse  quantité  sont  sans  pain  et  sans  travail  pour  subs- 
tanler  leurs  familles  M. 

Il  serait  à  désirer  que  les  vingtièmes  fussent  diminués  pour 
beaucoup  de  menu  peuple  qui  n'ont  seulement  qu'un  logis 
pour  relirances  et  dont  la  vie  ne  dépend  que  de  leurs  travaux. 

Les  corvées  dans  l'état  actuel  sont  plus  onéreuses  que 
jamais  ;  elles  surchargent  d'impôts  les  laboureurs,  leur  fai- 
sant une  seconde  taille  ;  il  serait  à  souhaiter  qu'on  leur  don- 
nât leur  dernière  forme  et  qu'un  chacun  pût  faire  sa  corvée, 
les  paroisses  étant  cantonnées  comme  elles  étaient,  ayant 
égard  néanmoins  aux  malheureux  qui  se  trouvent  souvent 
sans  pain  et  avec  une  nombreuse  famille  dont  la  subsistance 
est  attachée  à  leurs  bras. 

Il  y  a  ici  des  chemins  de  traverse  qui  sont  très  mauvais  et 
dont  le  passage  des  voitures  de  blé,  vin  et  toutes  autres  mar- 
chandises est  fort  passager  à  cause  de  toutes  les  villes  des 
environs  ;  il  serait  à  souhaiter  que  cette  paroisse  et  ces 
paroisses  des  environs  fussent  cantonnées  pour  l'entretien  de 
ces  chemins  qui  sont  très  utiles  au  public. 


<l>  Suivant  notre  règle,  nous  reproduisons  textuellement  ce  paragraphe,  malgré 
les  nombreuses  incorrections  et  obscurités  qu'il  renferme. 


CAHIER    DAUTHEUIL  277 

Il  ne  serait  pas  indifférent  pour  le  bon  ordre  et  la  conser- 
vation des  sujets  de  l'État  de  faire  attention  que  dans  les 
campagnes  on  est  obligé  daller  chercher  une  première  messe 
à  une  lieue  et  demie  souvent  par  de  très  mauvais  chemins, 
cause  funeste  de  bien  des  maladies  ou  de  la  perte  de  beau- 
coup de  bestiaux,  si  on  ne  prend  cette  précaution  ;  il  serait 
donc  important  de  multiplier  les  premières  messes  en  donnant 
plus  de  vicaires. 

Celte  paroisse  est  asservie  d'une  manière  à  fixer  l'attention 
de  l'État,  tant  par  la  quantité  des  colombiers  qui  s'y  trouvent, 
en  ayant  trois  dans  cette  paroisse  et  plusieurs  autres  dans  le 
voisinage  qui  détruisent  une  grande  partie  des  semences, 
que  par  le  terrage  de  la  douzième  et  treizième  gerbe  dépen- 
dant d'un  prieuré  simple  de  cette  môme  paroisse. 

Telles  sont  les  doléances,  plaintes  et  remontrances  de 
ladite  paroisse  de  Komilly-sur-Aigre,  faites  par  les  habitants 
soussignés. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  El.  ïriau  ;  P.  Mauger; 
Pierre  Bigot,  syndic,  etc.). 

Arrêté  par  nous  bailli  de  Dunois. 
(Signé  :  iVlaury.) 


AUTHEUIL 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun 
—  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  le  duc  de  Chevreuse. 


278  BAILLIAGE    PK    RLOIS 

Seigneur  en  1789  :  Louis- Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  4.409  1.  (principal  :  4.900  1.  ;  accessoires  :  4.006  1.  ;  capita- 
tion  :  4.203  I.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  4789. 

Président  :  Jean-Baptiste  Durand,  syndic  municipal. 

Population  :  38  feux. 

Comparants  :  Etienne  Ferrand,  François  Godier,  Pierre  Ronnay, 
François  Communeau,  Louis  Lemasne  et  Jean  Pitou,  officiers, 
membres  et  adjoints  de  la  municipalité  ;  Denis  Hallier  ;  Vrain  Ron- 
nay ;  Pierre  Loileur  ;  Martin  Gorteau  ;  Pierre  Cormier  ;  Claude  Hé- 
nault  ;  Claude  Thierry  ;  Pierre  Lemasne. 

Députés  :  Jean-Baptiste  Durand,  syndic  et  Charles-François  Lepage, 
laboureur. 

Suivent  44  signatures. 

Cote  et  paraphé,  le  5  mars  4789,  par  Nicolas  Maury,  bailli  général 
du  comté  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


JALLANS 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun. —  Cant.  :  Châteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 


CAH1KR    DE    LUTZ-KN-DUiNOIS  279 

Haute  justice  ressortissant  à  Meslai-le-Vidame  (*). 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  l'abbesse  de  Saint-Avit. 

Taille  :  3.039  1.  (principal  :  1.400  1.;  accessoires  :  751 1.  ;  capitation  : 
8881.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  12  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Paul  Pétau,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  52  feux. 

Comparants  :  Etienne  Guiot,  marguillier;  Vincent  Lehoux  ;  Joseph 
Arnou  ;  Louis  Clément,  vigneron  ;  Etienne  Boutroux  ;  Louis-Vincent 
Neveu;  Jean-Toussaint  Robillard  ;  Pierre  Quinault;  Joseph-Auguste 
Bonamy,  charretier;  Claude  Coursimault,  vigneron. 

Députés  :  Antoine  Pétau  et  Alexandre  Viron,  laboureurs. 

Suivent  18  signatures. 

Coté  et  paraphé,  le  5  mars  1789,  par  Nicolas  Maury,  bailli  général 
du  comté  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LUTZ~EN~DUNOIS 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun —  Cant.  :  Châteaudun. 

O)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  Suivant  le  môme  auteur,  la  haute  justice 
de  Meslai-le-Vidame  ressortissait  en  la  chambre  êpiscopale  de  Chartres,  laquelle 
ressortissait  au  Parlement. 


280  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  C  hâte  au  du  n.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Chûleaudun. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789:  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  8.6901.    (principal  :  3.960  1.  ;  accessoires  :  2.222  1.  ;  capi- 

tation  :  2.5081.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Jean  Gouin,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  100  feux. 

Comparants  :  Louis  Venot  ;  Jean-Baptiste  Roger  ;  Jacques  Viron  ; 
Augustin  Cottin  ;  Louis  Venot  fils  ;  Jean  Laviral  ;  François  Viron  ; 
Jean  de  Broé  ;  Pierre  Dubois  ;  Jacques  Dunou  ;  Vincent  Quinault  ; 
Pierre  Carougeau  ;  Pierre  Ménage  ;  Urbain  Loyré  ;  etc.  (sic). 

Députés  :  Augustin  Cottin  et  Jacques  Viron. 

Suivent  15  signatures  vérifiées  et  certifiées  véritables,  le  6  mars  1789, 
par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes,  doléances  et  remontrances  de  la  paroisse  de  Lutz. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Lutz  représentent  très 
humblement  à  Sa  Majeslé  que,  quoi  qu'ils  ne  jouissent  que 
d'un  sol  très  médiocre  en  général  et  en  partie  en  friche,  ils 
sont  cependant  accablés  d'impôts  très  onéreux,  étant  obligés 
de  payer  chaque  année  à  TÉtat  9.845  livres  en  taille,  indus- 


CAHIER    DE    LUTZ-EN-DUNOIS  28  i 

trie  et  corvées,  sans  compter  les  vingtièmes  qui  vont  à  près 
du  double  ; 

Qu'à  la  suite  de  ces  impôts  il  en  venait  beaucoup  d'autres  : 

L'impôt  sur  le  sel,  le  plus  insupportable  de  tous,  parce 
qu'il  tombe  sur  une  denrée  dont  on  ne  peut  se  passer,  et 
dont  les  laboureurs  sont  obligés  de  faire  une  grande  consom- 
mation et  les  pauvres  de  se  priver  souvent  à  cause  de  sa 
cherté  ; 

L'impôt  sur  le  vin,  cette  liqueur  précieuse,  présent  de  la 
divinité,  et  si  nécessaire  aux  maladies  et  aux  gens  de  travail 
pour  réparer  leurs  forces  épuisées  ; 

L'impôt  sur  le  tabac  devenu  un  besoin,  et  un  besoin  réel, 
pour  la  plupart  des  ouvriers  et  des  artisans  ; 

Que  ces  impôts  multipliés  réduisaient  le  peuple  des  cam- 
pagnes à  la  plus  grande  misère  ; 

Qu'ils  enlevaient  aux  cultivateurs  tout  le  fruit  de  ses 
peines  et  de  ses  sueurs  ; 

Qu'ils  empêchaient  les  garçons  de  se  marier,  de  peur  de  se 
voir  assujettis  à  tant  de  vexations  ; 

Qu'ils  forçaient  de  pauvres  journaliers  de  donner  aux  col- 
lecteurs un  argent  amassé  avec  peine  et  nécessaire  au  soutien 
de  leur  ménage  ; 

Qu'ils  réduisaient  des  mères  de  familles  excédées  de 
travail  et  dénuées  d'une  nourriture  suffisante  à  ne  pouvoir 
offrir  à  leurs  nourrissons  qu'un  sein  flétri  et  desséché,  d'où 
ces  petits  malheureux  ne  pouvaient  tirer  que  très  peu  de 
substance  et  périssaient  de  langueur  et  de  faiblesse  ; 

Que  les  meilleurs  moyens  de  remédier  à  tant  de  maux 
seraient  : 

1°  De  supprimer  toutes  les  fermes  qui  exigent  des  régies 
onéreuses  à  l'État  et  qui  exposent  les  sujets  du  Roi  à  des 
vexations  tyranniques  de  la  part  des  fermiers  généraux  ; 
qu'on  ne  pouvait  penser  sans  indignation  que  ces  fermiers 
avaient  toujours  été  juge  et  partie  dans  leur  propre  cause, 
mais  qu'on  frémissait  d'horreur  et  de  colère  en  songeant  au 


282  BAILLIAGE   DE    BL01S 

nombre  infini  de  familles  qu'ils  avaient  sacrifiées  à  leurs 
intérêts  :  que  la  suppression  de  toutes  les  fermes  honorerait 
à  jamais  le  règne  de  Louis  XVI  et  lui  assurerait  dans  la 
postérité  le  titre  flatteur  de  Louis  le  Bienfaisant; 

2°  De  réduire  tous  les  impôts  à  un  seul  qui  serait  payé 
indistinctement  par  tous  les  sujets  du  royaume,  nobles, 
ecclésiastiques  et  loturiers.  et  imposé  sur  toutes  les  terres, 
vignes,  bois,  prés,  parcs,  garennes,  forêts,  rivières,  à  tant 
par  arpent,  à  raison  de  la  valeur  et  de  la  qualité  de  chacun 
d'ieeux,  en  sorte  que  celui  qui  aurait  un  mauvais  bien  ne 
fût  pas  imposé  aussi  haut  que  celui  qui  en  aurait  un  bon  ; 
abus  très  communs  dans  nos  campagnes,  et  qui  obligent 
quelques  particuliers  d'abandonner  leurs  méchantes  terres 
pour  ne  pas  payer  les  impôts  auxquels  ils  seraient  taxés  en 
les  gardant. 

3°  Que  les  commerçants  et  les  ouvriers  protégés  par  l'Etat 
lui  payeraient  par  reconnaissance  une  portion  des  fruits  de 
leur  travail  et  de  leur  industrie. 

4°  Que  les  domestiques  maies  et  femelles  qui  n'auraient 
point  de  terres  seraient  soumis  à  une  capitation  plus  ou 
moins  forte  selon  la  nature  de  leur  service. 

5°  Que  comme  les  grands  chemins  étaient  utiles  à  tous  les 
sujets  du  royaume,  leur  confection  et  leur  entretien  devaient 
être  payés  également  par  le  clergé,  la  noblesse  et  la  roture, 
et  qu'il  n'était  ni  juste,  ni  raisonnable,  que  la  partie  de  la 
Nation  la  plus  pauvre  et  la  plus  foulée  fut  seule  chargée  de 
ce  fardeau. 

6°  Qu'il  serait  fort  à  désirer  que  tous  les  avocats,  procu- 
reurs et  huissiers  fussent  supprimés  et  qu'on  plaçât  dans 
chaque  ville  des  hommes  justes  et  éclairés  qui  rendissent  la 
justice  à  la  manière  des  Turcs,  promptement,  sans  frais  et 
sans  appel. 

7°  Que,  si  la  misère  actuelle  continuait,  il  serait  absolu- 
ment nécessaire  d'établir  au  plus  tôt  dans  chaque  canton  des 


CAHIER    DE    VILLAMPUY  283 

ateliers  où  les  mendiants  pussent  subsister  en  travaillant  ; 
que  leur  nombre  croissait  tellement  de  jour  en  jour  qu'il 
n'était  plus  possible  d'y  suffire  ;  que  plusieurs  de  ces  malheu- 
reux, forcés  sans  doute  par  la  nécessité,  allaient,  de  neuf, 
par  troupes,  armés  el  déguisés,  extorquer  le  pain  des  labou- 
reurs; que  la  peine  de  galères  dont  ils  étaient  menacés  n'était 
pas  capable  de  les  intimider,  parce  que  celui  qui  meurt  de 
faim  ne  craint  rien,  et  que  le  moyen  le  plus  sûr  et  le  plus 
équitable  pour  arrêter  leurs  vexations  était  de  leur  procurer 
de  quoi  subsister. 

8°  Qu'il  serait  fort  à  propos  qu'on  réformât,  en  temps  de 
paix,  la  moitié  des  soldats,  comme  étant  autant  d'hommes  à 
charge  à  l'État,  inutiles  à  l'agriculture,  aux  arts  et  aux 
manufactures  et  n'étaient  propres  qu'à  étendre,  dans  les 
villes  où  ils  se  trouvaient,  le  libertinage  et  la  corruption. 

(Suivent  15  signatures,  celles  de  :  Jean  Gouin,  syndic  ; 
Jacques  Viron  ;  Augustin  Cottin,  etc.). 

Nous,  bailli  de  Dunois,  certifions  les  signatures  de  Jean 
Gouin,  syndic  ;  Louis  Venol,  greffier,  et  autres  habitants 
véritables.  A  Chàteaudun  le  6  mars  1789. 

(Signé  :  Maury.) 


VILLAMPUY 


Bép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Chàteaudun.  —  Gant.  :  Chàteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chàteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Chàteaudun. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Foire  :  le  15  août. 

Principale  culture  :  blé. 


284  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis^Joseph-Charles-Amablc  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  6.744 1.  (principal  :  3.0601.  ;  accessoires  :  1 .745 1.  ;  capitation  : 
4.9391.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  4er  mars  4789. 

Président  :  Marin  Gauchard,  syndic  de  l'assemblée  municipale. 

Population  :  84  feux. 

Comparants  :  François  Huet,  Vrain  Pilatte,  René  Laveine,  Jean 
Hénault,  Jacques  Lemaître,  laboureurs  ;  Jean  Perrière  ;  Louis  Béaur  ; 
François  Cheneau  ;  François  Lecomtc  ;  Louis  Perdreau  ;  François 
Vallée  ;  Pierre  Trochon. 

Députés  :  François  Huet  et  Vrain  Pilatte. 

Suivent  40  signatures. 

Coté  et  paraphé  par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Aujourd'hui,  1er  mars  4  789,  nous,  François  Huet,  Vrain- 
Pilatte,  Etienne  Cassegrain,  René  Laveine,  Jean  Hénault, 
Jacques  Lemaître,  Pierre  Trochon,  laboureurs;  Jean  Fer- 
rière,  Louis  Béaur,  François  Cheneau,  François  Lecomtc, 
Louis  Perdreau,  François  Vallée,  tous  habitants  de  la  paroisse 
de  Villampuy,  assemblés  au  lieu  ordinaire  de  ce  bourg,  en 
vertu  de  la  convocation  à  nous  faite  par  le  syndic  municipal, 
en  exécution  de  l'assignation  à  lui  donnée,  à  la  requête  de 
M.  le  procureur  du  Roi  du  bailliage  de  Blois,  le  26  février 
dernier,  à  l'effet  de  nommer  des  députés  pour  porter  nos 
doléances,  plaintes  et  remontrances,  que  nous  avons  rédi- 
gées ainsi  qu'il  suit. 


CAHIER    DE    VILLAMPUY  285 

1°  Nous  demandons  que  les  champarts  et  dîmes  soient  sup- 
primés en  nature  et  qu'ils  soient  payés  en  argent,  avec  per- 
mission de  rembourser  suivant  le  règlement  du  pays,  pour 
éviter  quantité  de  procès  qui  ruinent  le  peuple  et  ôtent  aux 
terres  les  engrais  qui  font  un  tort  considérable  à  Fagriculture. 

2°  Nous  demandons  que  beaucoup  de  receveurs  des  tailles 
inutiles  soient  supprimés,  suppliant  Sa  Majesté  d'indiquer 
un  endroit  pour  déposer  les  deniers  auxquels  nous  serons 
imposés. 

3°  Nous  demandons  la  suppression  de  tous  les  commis,  et 
qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  de  rendre  libre  le  sel,  tabac  et 
cuir,  ou  de  diminuer  de  beaucoup  les  droits. 

4°  Nous  demandons  que  tous  les  propriétaires  et  fermiers 
puissent  détruire  sur  les  terres  le  gibier  qui  endommage  leur 
récolte. 

5°  Nous  demandons  que  les  corvées  soient  remises  comme 
ci-devant,  à  moins  que  l'impôt  soit  bien  diminué,  car  on  en 
paye  quatre  fois  trop. 

6°  Nous  demandons  que  tous  les  baux  de  main-morte  aient 
lieu  jusqu'à  leur  expiration. 

7°  Nous  demandons  que  toutes  les  justices  subalternes 
soient  supprimées,  attendu  qu'elles  ne  font  que  multiplier 
les  frais  et  écraser  le  peuple  qui  languit  plusieurs  années 
sans  avoir  un  jugement  définitif. 

8°  Nous  demandons  que  toutes  les  mesures  du  royaume 
soient  égales,  pour  faciliter  le  commerce. 

9°  Nous  demandons  que  tous  les  seigneurs,  ecclésiastiques 
et  gentilshommes,  qui  font  valoir  plusieurs  terres,  soient  im- 
posés au  rôle  des  tailles  comme  le  Tiers  état,  ainsi  que  pour 
leurs  propriétés,  et  qu'il  n'y  ait  généralement  aucun  privi- 
lège. 

Nous  exigeons  que  nos  représentants  soient  pris  dans 
l'ordre  du  Tiers. 


28(5  RAILMAGR   DE   BL01S 

Fait  et  arrêté  à  Villampuy,  ledit  jour  1er  mars  1789. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  M.  Gauchard,  syndic  ; 
F.  Huet;  V.  Pilatte,  etc.) 

Le  présent  contenant  trois  pages  a  été  coté  et  paraphé  par 
nous,  bailli  de  Dunois. 

(Signé  :  Maury.) 


OZOIR~LE~BREUIL 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  il  juin. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis- Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
F  ré  te  val. 

Taille  :  6.670  1.  (principal  :  3.020  1.  ;  accessoires  :  1.737  1.  ;  capita- 
tion  :  1.9131.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Présidents  :  Jean  Robilliard  0),  syndic  de  la  municipalité,  et  les 
officiers  municipaux. 

Population  :  100  feux  environ. 

<*)  Le  procès-verbal  porte  seulement  :  «  syndic  et  officiers  municipaux  ».  Nous 
donnons  le  nom  du  syndic  d'après  sa  signature  au  cahier  de  doléances. 


cahier  d'ozoir-le-breuil  287 

Comparants  :  Jacques  Gouin  ;  Jean  Reneuve  ;  Jacques  Neveu  ; 
Pierre  Legrand  ;  Pierre  Pulvignon  ;  Jacques  Htfnault  ;  Jean  Ferrières  ; 
Claude  Piédallu  ;  Simon  Legrand  ;  Claude  Ronnay  ;  Pierre  Martin  ; 
Mathieu  Thibault;  Philbert  Godier  ;  Martin  Papion  ;  Louis  Doucet, 
marguillier  en  exercice  ;  Jean  Santerre,  marguillier  comptable,  et  autres. 

Députés  :  Jacques  Neveu  et  Pierre  Legrand. 

Suivent  47  signatures. 

Coté  et  paraphé,  le  6  mars  4789,  par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Du- 
nois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Vœu  de  doléances  du  Tiers  état  de  la  paroisse  d'Ozoir- 

le-Breuil. 

Suivant  l'ordonnance  de  M,  le  lieutenant  général  de  Blois 
en  date  du  12  février  dernier,  et  en  conséquence  du  règle- 
ment du  Roi  du  20  janvier  <!)  1789  pour  les  lettres  de  convo- 
cation aux  États  généraux,  fixés  par  Sa  Majesté  au  27  avril 
susdite  année. 

Sans  chercher  plus  d'éclaircissement,  nous  voyons  qu'il 
n'y  a  point  régné  de  rois  prédécesseurs  dans  les  nations 
comme  celui  que  nous  possédons  aujourd'hui,  à  qui  Dieu 
fait  entendre  sa  voix  par  les  bons  desseins  qui  se  déclarent 
dans  son  cœur  ;  il  est  touché  du  poids  de  notre  misère  ;  de  plus 
il  veut  se  soumettre  à  nous  demander  quels  seront  les  moyens 
pour  nous  secourir. 

Art.  1er.  —  Nous  désirons  avec  ardeur  que  les  impôts 
dont  nous  sommes  chargés  aujourd'hui  fussent  diminués, 
dont  nous  ne  pouvons  plus  supporter  le  poids  par  le  peu  de 
récoltes  que  nous  faisons  dans  nos  cantons,  et  par  l'occasion 
de  nos  pauvres  indigents  que  la  loi  nous  oblige  de  soulager, 
dont  le  nombre  en  est  très  grand. 

Art.  2.  —  Que  le  sel,  qui  est  une  des  premières  nourri- 

0)  Sic.  Lire  :  «  24  janvier  ». 


288  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

tures,  le  prix  fussent  diminués  (sic),  et  d'un  prix  égal  par 
toute  la  France,  ce  qui  soulagerait  beaucoup  le  menu  peuple 
qui  ne  peuvent  (sic)  en  avoir  au  prix  où  il  est  actuellement, 
ce  qui  oblige  beaucoup  de  familles  à  ne  pouvoir  résister  aux 
travaux  qui  sont  très  pénibles,  dont  le  fermier  a  beaucoup  de 
peine  à  se  faire  servir  pour  faire  sa  besogne  ;  que  les  em- 
ployés en  fussent  supprimés. 

Art.  3.  —  Que  Ton  ne  retint  personne  en  prison  que  pour 
crime  et  non  autrement. 

Aht.  4.  — Que  les  grands  bailliages  fussent  rétablis,  ce  qui 
cause  la  ruine  de  nombre  de  familles  n'ayant  pas  de  quoi 
avancer  contre  leur  adversaire  pour  aller  chercher  la  justice 
trop  loin. 

Art.  5.  -  Le  canton  que  nous  habitons  n'est  uniquement 
que  terres  labourables,  mais  très  légères. 

Aat.  6.  —  Qu'il  existe  des  messieurs  chirurgiens  de  cha- 
rité, aussi  des  sages-femmes,  de  distance  en  distance,  pour 
secourir  gratuitement  les  pauvres  malades  des  villes  et  sur- 
tout des  campagnes,  d'après  les  certificats  des  pasteurs  et 
des  municipalités. 

Art.  7.  —  Que  la  perte  du  dommage  causé  par  le  gibier 
fût  supportée  par  ceux  à  qui  appartient  le  gibier,  d'après 
visites  faites  par  experts  et  gens  assez  connaissants  à  cet 
effet. 

Art.  8.  —  Pour  parvenir  à  ces  moyens-là,  nous  désirons 
que  les  revenus  du  premier  Ordre,  qui  est  pour  ainsi  dire 
innombrable,  fussent  diminués,  savoir  :  les  archevêques, 
évoques,  principalement  les  communautés  qui  possèdent 
une  partie  des  revenus  du  royaume,  ou  du  moins  qu'ils 
fussent  assujettis  aux  impôts,  ce  qui  soulagerait  beaucoup  le 
peuple. 

Art.  9.  —  Que  Messieurs  les  pasteurs  eussent  une  pension 
assez  forte   pour  pouvoir  vivre   sans  aucun  casuel  ni   de 


cahier  d'ozoir-le-breuil  289 

manoir,  savoir  terre  labourable,  dîmes,  gros,  mariages, 
sépultures  et  autre  casuel,  ce  qui  est  une  semence  de  divi- 
sion, procès,  et  autres  inconvénients,  et  ce  qui  trouble  beau- 
coup leur  ministère. 

Art.  10.  —  Qu'il  fût  déposé  chaque  année  entre  les 
mains  des  municipalités  une  somme  assez  honnête  pour  le 
soulagement  et  instruction  des  pauvres  qui  ne  peuvent 
envoyer  leurs  enfants  aux  instructions  chrétiennes,  eux 
n'ayant  pas  de  quoi  avoir  du  sel. 

Art.  11 .  —  Que  les  impôts  sur  le  vin,  pour  les  diminuer, 
fussent  payés  par  les  premiers  vendeurs,  et  que  les  employés 
fussent  supprimés. 

Art.  12.  —  A  l'effet  des  grandes  routes,  qu'il  y  eût  des 
péages  de  dislance  en  distance  pour  recevoir  des  voituriers 
les  impôts  pour  les  réparations  desdites  routes. 

Art.  13.  —  Que  le  nombre  des  colombiers  et  voliers  fussent 
diminués  par  rapport  au  grand  dommage  que  les  pigeons 
causent  dans  nos  campagnes  quand  les  grains  sont  à  maturité. 

On  nous  dira  que  nous  ne  demandons  que  nos  avantages  ; 
non,  nous  savons  que  nous  ne  travaillons  que  pour  la 
gloire  de  notre  prince;  mais  nous  savons  aussi  qu'il  ne  veut 
pas  que  nous  soyons  surchargés  d'impôts,  le  tout  pour  la 
gloire  de  Dieu. 

Fait  et  arrêté  à  Ozoir-le-Breuil,  ce  1er  mars  audit  an,  au 
lieu  où-se  tiennent  les  séances  ordinaires,  par  nous  soussignés, 
ledit  jour  et  an  que  dessus. 

(Suivent  16  signatures,  celles  de  :  Jacques  Neveu  ;  P.  Le- 
graftd;  Jean  Robillard,  syndic  municipal,  etc.) 

Nous  bailli  de  Dunois,  certifions  que  les  signatures  des 
susnommés  sont  véritables  et  que  foi  doit  y  être  ajoutée. 
A  Châteaudun,  ce  6  mars  1789. 

(Signé  :  Maury.) 

10 


290  BAILLIAGE   DR    BLOIS 


TRIPLEVILLE 

(Anciennement  :  Trouble  ville). 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  478  habitants. 

Taille  :  2.434  1.  (principal  :  4.100  1.  ;  accessoires  :  634  1.  ;  capita- 
tion  :  697   1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS  -VERBAL 

Date  :  4  mars  4790. 

Président  :  François  Lucereau,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  4o  feux. 

Comparants  :  Charles  Perchet,  Aignan  Deniau,  membres  de  la  muni- 
cipalité ;  Noël  Barrault  ;  Jean  Coutenceau  ;  Simon  Collot  ;  Jean  Péan  ; 
Pierre-René  Froget  ;  Léonard  Bigot  ;  Jean  Legrand  ;  Jean  Moulin  ; 
Jacques  Venot  ;  Jacques  Chartier;  Jean-Jacques  Brullé;  François  Bois- 
neau  ;  Jean  Landiet  ;  Louis  Touche  ;  Jean  Pescheteau  ;  Jacques  Du- 
rand ;  François  Leroy  ;  Antoine  Gaudin  ;  Joseph  Leroy  ;  Louis  Rous- 
seau ;  Jean-André  Lucereau. 

Députés  :  François  Lucereau,  syndic,  et  Noël  Barrault. 

Suivent  40  signatures. 

Arrêté  par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois. 


CAHIER    DE   TBIPLEVILLE  291 


CAHIER  DE  DOLÉANCES 


Nous  habitants  de  la  paroisse  de  Troubleville,  pour  nous 
(sic)  répondre  aux  intentions  et  entrer  dans  les  vues  bienfai- 
santes de  Sa  Majesté,  et  nous  conformer  à  l'ordonnance  de 
M.  le  lieutenant  général  au  bailliage  présidial  de  Blois 
concernant  les  États  généraux  en  date  du  12  février,  avons 
fait  et  rédigé  le  cahier  de  nos  plaintes,  doléances  et  remon- 
trances, ainsi  qu'il  suit  : 

1°  L  établissement  des  Etats  généraux.  —  Nous  croyons 
qu'il  serait  avantageux  pour  la  province  de  solliciter  auprès 
de  Sa  Majesté  et  des  États  généraux  rétablissement  d'une 
assemblée  d'États  provinciaux  en  faveur  de  la  province 
d'Orléans,  à  l'instar  du  Dauphiné. 

2°  U  établissement  des  Etats  provinciaux. —  De  deman- 
der, dans  le  cas  où  Sa  Majesté  accorderait  des  tilats  provin- 
ciaux, que  les  représentants  y  soient  appelés  par  le  choix 
libre  des  différents  Ordres  et  le  Tiers  état  en  nombre  égal 
aux  deux  autres  Ordres  réunis. 

3°  Recouvrement  des  impositions.  —  Que  pour  simpli- 
fier les  frais  de  recouvrement  des  impositions  qui  en  absor- 
bent une  très  grande  partie,  elles  soient  versées  directement 
dans  le  trésor  royal. 

4°  Répartition  de  la  taille  et  de  la  corvée.  —  Que  la 
répartition  de  la  taille  et  de  la  corvée  et  autres  impositions 
soit  faite  dans  une  proportion  égale  entre  les  Ordres  de  la 
Noblesse,  du  Clergé  et  du  Tiers,  et  qu'à  cet  effet  il  [n']y  ait 
qu'un  seul  et  même  rôle, 

5°  Les  députés  du  Tiers  des  campagnes.  —  Que  les 
députés  du  Tiers  des  campagnes  soient  aux  Étals  généraux 
en  plus  grand  nombre  que  ceux  du  Tiers  des  villes,  leur 
nombre  étant  plus  considérable. 

6°  Le  Tiers  des  campagnes.  —  La  liberté  pour  le  Tiers 


292  BAILLIAGE   DK    BLOIS 

des  campagnes  de  choisir  entre  eux  et  séparément  de  celui 
des  villes  leurs  députés. 

7°  La  religion  des  ministres.  —  Que  les  ministres  qui 
auront  abusé  et  surpris  la  religion  du  Prince  et  trahi  les  inté- 
rêts de  la  Nation  soient  responsables  de  leur  gestion  et  qu'ils 
soient  jugés  par  les  tribunaux. 

8°  Maniement  des  deniers  publics.  —  Que  le  manie- 
ment des  deniers  publics  soit  assuré  de  manière  qu'aucune 
somme  ne  puisse  être  détournée  de  l'emploi  auquel  elle  aura 
été  assignée. 

9°  Suppression  des  greniers  à  sel.  —  La  suppression 
des  greniers  à  sel  et  le  commerce  libre  de  cette  denrée  de 
première  nécessité.  La  vente  que  le  Roi  en  fera  dans  ses 
salines  excédera  le  produit  qu'il  en  lire  aujourd'hui,  les 
frais  excessifs  d'administration  en  absorbant  la  majeure  par- 
tie, et  le  peuple  sera  soulagé. 

10°  Suppression  des  aides.  —  La  suppression  des  aides, 
impôts  très  onéreux  aux  peuples  et  auxquels  on  pourra  sup- 
pléer par  une  imposition  sur  les  biens  qui  produisent  les 
fruits  susceptibles  de  celte  imposition. 

11°  Suppression  des  fiefs.  —  Le  Tiers  état  attend  avec 
un  égal  empressement  de  la  bonté  du  Roi  la  suppression  des 
fiefs  que  les  nobles  ne  doivent  plus  posséder,  parce  que  les 
raisons  qui  ont  déterminé  le  Roi  à  les  en  gratifier  ne  sub- 
sistent plus,  et  que  les  propriétaires  dégrevés  de  ce  droit 
n'en  sont  que  les  fermiers  onéreux,  puisquen  peu  de  temps 
les  différentes  mutations  qui  produisent  le  droit  absorbent 
le  prix  du  fond. 

12°  Suppressio?i  des  petites  justices.  —  Il  n'est  rien  de 
plus  essentiel  et  de  plus  avantageux  pour  les  sujets  soumis 
à  ces  juridictions  que  la  suppression  des  petites  justices  et 
leur  réunion  au  chef-lieu. 

1 3°  De  supprimer  les  directeurs  des  Domaines.  —  Les 


CAHIER    DE    VILLÀMBLA1N  293 

contrôles  sont  nécessaires  pour  assurer  la  date  des  actes, 
mais  les  droits  en  sont  excessifs,  et  le  moyen  de  les  réduire 
sans  que  le  Roi  en  souffre  est  de  supprimer  les  directeurs 
des  domaines  et  les  ambulants,  et  de  ne  laisser  que  des 
vérificateurs  qui,  en  examinant  les  différents  bureaux  de  leur 
arrondissement,  recevront  les  deniers  des  bureaux  soumis  à 
leur  inspection  et  les  verseront  directement  dans  la  caisse 
établie  dans  le  chef-lieu  de  la  généralité  où  se  verseront 
tous  les  autres  impôts,  et  de  là  au  trésor  royal. 

A  Troubleville,  ledit  jour  et  an  ci-dessus,  et  ont  signé, 
outre  les  non  signants  qui  ont  dit  ne  le  savoir  faire,  de  ce 
enquis. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  Noël  Barraull;  Luce- 
reau,  syndic,  etc.) 

Arrêté  par  nous,  bailli  de  Dunois. 
(Signé  :  Maury.) 


VILLAMBLAIN 


Dép.  :  Loiret. —  Arr.  :  Orléans.  —  Cant.  :  Patay. 

Généralité,  Élection  :  Orléans.  —  Grenier  à  sel:  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  6  août. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  495  habitants. 


294  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Taille  :  4.830  I.  (principal  :  2.250  1.  ;  accessoires  :  1.155  1.  ;  capi- 
tation  :  1,425  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  4789. 

Président  :  Jacques-Julien  Anthoine,  notaire  du  comté  de  Dunois 
pour  les  paroisses  de  Villamblain,  Villampuy,  Givry,  Ozoir-le-Brêuil, 
Saint-Cloud  et  leurs  dépendances,  résidant  à  Saint-Cloud.  Même  prési- 
dent qu'à  Saint-Cloud  et  Civry. 

Population  :  440  feux. 

Comparants  :  Pierre  Lepage,  laboureur,  syndic  ;  Louis-François 
Gosme,  laboureur  ;  Joseph  Launay;  François  Servonin  ;  Pierre  Bou- 
cher ;  Louis  Cormier  ;  Sébastien  Lodier  ;  Pierre  Piédallu  ;  Etienne- 
David  Piédallu  ;  Jacques  Huet  ;  François  Desbrée  ;  Jacques  Perde reau  ; 
Jean  Soran  ;  Louis  Lepage  ;  Jacques  Dousset  le  jeune  ;  Philibert  Cor- 
neau  ;  François  Barbault  ;  Abraham  Marchand  ;  Etienne  et  François 
Daguet  ;  Jacques  Dousset  l'aîné  ;  Vrain  Painchau  ;  Jean  Clairet  ;  Ma- 
thias-Michel  Laisné  ;  Louis  Gaugnard  ;  Jean  Savinneau  ;  André  Huet; 
Claude  Cousin  ;  Julien  Desbrée  ;  Louis  Juchet  ;  Jean-Louis  Dreux  ; 
François  Pilate  ;  François  Faucheux  ;  Jean  Joseph  ;  Barthélémy  Cha- 
vigny  ;  Germain  Thibault  ;  François  Cottin  ;  Pierre  Pelletier  ;  Fran- 
çois Benoiston  ;  François  Bourgeon  ;  Louis  Huet  ;  Jacques  Brissard. 

Députés  :  Pierre  Boucher  et  Louis  Juchet,  laboureurs. 

Suivent  25  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES  <«> 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  faites  et 
dressées  par  nous  habitants  soussignés,  composant  la 
communauté  du  Tiers  état  de  la  paroisse  de  Villam- 
blain, 

Y  étant    ce  jourd'hui    5    mars   1789  assemblés,   convo- 

(')  Lu  titre  de  ce  cahier  est  confondu  avec  la  première  phrase. 


CAHIER    DE    V1LLAMBLAIN  295 

cations  préalablement  faites  en  la  forme  et  au  lieu  ordinaire, 
pour  être  présenté  par  nos  députés  à  l'assemblée  générale 
des  trois  Ordres,  qui  se  tiendra  le  16  mars  présent  mois,  et 
préalablement  à  l'assemblée  préliminaire  indiquée  pour  le  9 
aussi  présent  mois,  en  la  ville  de  Blois,  par  l'ordonnance  de 
M.  le  lieutenant  général  au  bailliage  de  Blois  concernant  les 
États  généraux,  en  date  du  9  février  dernier,  en  exécution 
de  la  lettre  du  Roi  donnée  à  Versailles  le  24  janvier  dernier 
et  conformément  à  l'article  33  du  règlement  fait  par  Sa  Ma- 
jesté, toutes  lesdites  lettres  du  Roi,  règlement  fait  par  Sa 
Majesté  et  ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général,  à  nous 
duement  signifiés  et  d'icclles  (sic)  laissé  copie,  le  26  février 
dernier,  par  Argy,  huissier  royal  au  bailliage  de  Blois. 

Puisque  Sa  Majesté,  dont  le  gouvernement  aussi  sage 
qu'éclairé  sait  que  la  vérité  ne  peut  sortir  que  de  la  réunion 
des  lumières  et  qu'elle  veut  bien  nous  permettre,  et  néan- 
moins nous  enjoindre  de  mêler  nos  faibles  réflexions  à  celles 
de  tant  de  gens  éclairés  qu'elle  appelle  auprès  d'elle,  pleins 
de  confiance  en  la  bonté  du  Roi,  nous  osons  faire  à  Sa  Ma- 
jesté nos  très  respectueuses  plaintes,  doléances  et  remon- 
trances, énoncées  au  présent  cahier  ainsi  qu'il  suit  : 

1°  Il  s'est  glissé  dans  toutes  les  parties  de  l'administration 
une  foule  d'abus  infiniment  graves,  parmi  lesquels  un  des 
principaux  est  cette  multitude  inconcevable  d'impôts  tant 
directs  qu'indirects  qui  pèsent  sur  nous,  qui  nous  accablent, 
et  qui  exigent  par  conséquent  la  réforme  la  plus  prompte  et 
la  plus  absolue. 

2°  Ces  impôts  ne  consistent  pas  seulement  dans  la  levée 
de  deniers  qui  se  fait  sur  nous,  soit  directement  par  les 
tailles,  vingtièmes,  capitation  et  corvées,  soit  indirectement 
par  les  aides,  gabelles,  et  généralement  par  toutes  les  ma- 
nœuvres sourdes  et  compliquées  de  ce  qu'on  appelle  les  fer- 
mes générales  ;  mais  ils  consistent  encore  dans  l'acquitte- 
ment des  dîmes,  dans  les  exactions  de  la  mendicité,  dans  les 
gènes  de  l'industrie,  dans  les  frais  de  justice  et  le  reste. 


296  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

De  toutes  ces  choses,  nous  osons  porter  au  pied  du  trône 
de  Sa  Majesté  nos  très  humbles  et  très  respectueuses  plaintes 
et  doléances  que  nous  appuierons  de  courtes  réflexions,  en 
jetant  un  coup  d'œil  rapide  sur  chacune  de  ces  charges. 

1°  La  la iile.  —  La  taille  est  évidemment  un  impôt  desti- 
tué de  toute  base,  et  mille  causes  ont  concouru  à  le  rendre 
l'impôt  le  plus  disproportionné.  Ici  elle  est  au  tiers  du  fer- 
mage, là  elle  est  à  la  moitié,  plus  loin  elle  est  au  quart. 
Pourquoi  ?  C'est  que  bien  des  paroisses  ont  trouvé  dans  leur 
crédit  le  moyen  de  s'en  faire  décharger.  C'est  que  dans 
beaucoup  d'autres,  ou  l'on  n'a  consulté  que  la  qualité,  ou 
Ton  n'a  eu  attention  qu'à  l'étendue  des  terres.  Outre  ces 
inconvénients,  la  taille  est  encore  un  impôt  désordonné,  puis- 
qu'elle est  perçue  sur  les  avances  de  la  culture,  c'est-à-dire 
sur  un  fonds  que  Tordre  physique  exige  qu'on  laisse  intact, 
par  la  raison  qu'il  est  la  source  de  la  fécondité  ;  puisqu'elle 
est  perçue  sur  ceux  qui  ne  devraient  payer  aucun  autre  tribut 
que  celui  de  leurs  sueurs  et  de  leurs  travaux,  étant  les  ins- 
truments de  la  fécondité. 

2°  Les  vingtièmes.  —  Si  les  vingtièmes  étaient  perçus 
avec  équité  et  sans  exemption,  ils  n'auraient  pas  sans  doute 
les  mêmes  inconvénients,  puisqu'ils  tombent  seulement  sur 
les  revenus  libres.  Mais,  quelle  réforme  n'y  a-t-il  pas  à  faire 
dans  cette  partie  !  et  combien  de  personnes  puissantes  ont 
eu  le  crédit,  jusqu'à  ce  jour,  d'en  affranchir  leurs  biens  ! 

3°  La  capilalion.  —  La  capilation  dans  les  campagnes, 
est  un  impôt  aussi  désordonné  et  aussi  disproportionné  que 
la  taille,  puisqu'elle  se  paye  au  sol  et  au  marc  la  livre  de  la 
taille,  et  qu'elle  est  évidemment  un  double  emploi,  sur  des 
individus  qui  acquittent  d'ailleurs  si  largement  par  leurs 
sueurs  ce  qu'ils  doivent  à  la  patrie. 

4°  La  corvée.  —  Sa  Majesté  a  déjà  jugé  la  corvée  un 
impôt  ruineux  pour  la  culture.  Le  déplacement  des  hommes 
et  des  chevaux  devait  en  effet  lui  nuir.e  bien  essentiellement, 


CAHIER    DE    VILLAMBLA1N  Î97 

et.  en  calculant  bien  celte  perte  de  temps,  on  trouverait  sans 
doute  que  par  cette  faute  la  Nation  payait  bien  au  double  et 
au  triple  les  dépenses  qu'on  croyait  lui  épargner  par  un  tra- 
vail forcé. 

L'imposition  représentative  de  la  corvée  ne  nuit  pas  moins 
au  germe  des  richesses,  puisque,  comme  la  taille  et  la  capi- 
tation,  elle  se  perçoit  sur  un  fonds  auquel  l'intérêt  le  plus 
sensible  ne  permet  pas  qu'on  touche  le  moins  du  monde, 
parce  qu'il  est  impossible  d'altérer  une  source  sans  faire 
tort  à  son  ruisseau. 

Les  impôts  directs  nous  sont  donc  infiniment  onéreux, 
mais  qu'ils  nous  semblent  légers  quand  nous  les  comparons 
aux  impôts  indirects  !  Car  que  ne  coûtent  pas  ceux-ci  à  la 
Nation  en  dépenses  effectives?  Que  ne  lui  coûtent-ils  pas  en 
anéantissement  de  richesses  ?  Un  savant  économiste,  qui 
nous  a  servi  de  guide  dans  la  rédaction  de  ce  cahier,  ce 
savant  économiste  prouve,  d'après  un  calcul  le  plus  modéré, 
que  la  gabelle,  seule,  coûte  en  dépenses  effectives  100  mil- 
lions pour  en  fournir  au  Roi  36  de  recette  effective.  C'est 
donc  pour  cet  objet  seulement,  dans  une  dépense  de 
100  millions,  une  surcharge  en  pure  perte  pour  la  Nation 
de  64  millions  ! 

Quelque  frappante  que  soit  cette  surcharge  de  64  millions, 
on  n'aurait  encore  qu'une  idée  bien  incomplète  de  ce  que  la 
gabelle  coûte  à  la  Nation,  si  on  n'examinait  aussi  ce  qu'elle 
lui  coûte  indirectement,  c'est-à-dire  en  anéantissement  de 
richesses  :  perte  sur  la  quantité  de  sel  que  produirait  la 
France  ;  perle  sur  la  pêche  et  les  salaisons  ;  perle  sur  les 
bestiaux  et  sur  la  culture.  Quel  calculateur  pourrait  établir 
justement  le  montant  de  ces  pertes?  Elles  sont  infinies. 

Les  aides  ne  sont  pas  moins  moins  funestes  à  la  Nation. 
En  effet,  quoique  les  boissons  soient  leur  principal  objet,  quel 
genre  de  denrée  nembrassent-elles  pas?  Elles  coûtent  donc 
comme  la  gabelle  directement  et  indirectement.  La  surcharge 
des  aides,  dit  l'auteur  que  nous  venons  de  citer,  coûte  direc- 

10. 


298  BA1MJAGE    DE    BLOIS 

tement  à  la  Nation  112  millions  ;  encore  déclare-t-il  qu'il 
ne  comprend  point  dans  son  calcul  le  droit  des  traites.  Et 
que  ne  coûtent-elles  pas  indirectement  et  en  anéantissement 
de  richesses,  puisque  la  culture  de  la  vigne  qu'elles  contra- 
rient, quelles  empêchent  de  s'étendre,  est  la  source  d'une 
des  plus  riches  productions  du  royaume! 

Le  détail  pourrait  en  paraître  long,  c'est  pourquoi  nous  le 
restreignons  à  cette  pensée  effrayante  :  le  Roi  reçoit  30  mil- 
lions par  an  par  un  impôt  qui  coûte  60  millions  de  dé- 
pense effective,  par  un  impôt  qui  préjudicie  de  80  mil- 
lions sur  la  valeur.  C'est  donc  dépenser  140  millions  pour  en 
avoir  30. 

L'usage  du  tabac  s'est  tellement  introduit  parmi  nous, 
qu'encore  bien  qu'il  ne  soit  pas  une  denrée  de  première  néces- 
sité, on  peut  cependant  le  placer  dans  cette  classe.  Or,  sous 
ce  point  de  vue,  que  ne  coûte-t-il  pas  à  la  Nation?  Il  lui  coûte 
exactement  tout,  de  la  perte  au  gain,  puisque  dans  la  récolte 
qu'elle  en  pourrait  faire  sur  son  territoire  qui  y  est  absolu- 
ment propre,  elle  serait  payée  par  la  terre  elle-même  des  dé- 
penses de  sa  culture. 

Toutes  charges  faites,  le  tabac  coûte  annuellement  72  mil- 
lions, desquels  il  convient  déduire  les  frais  de  fabrication 
qu'on  peut  évaluer  à  2  millions  ;  reste  donc  70  millions 
qu'il  coûte  en  dépense  effective  et  au  moins  18  millions 
en  anéantissement  de  richesse,  c'est-à-dire  que  le  tabac  coûte 
88  millions  pour  fournir  24  millions  au  Roi. 

La  ferme  des  domaines  qu'on  appelle  régaliens,  nous 
fournirait,  elle  seule,  si  nous  entrions  dans  le  détail,  plu- 
sieurs volumes  de  plaintes.  Il  suffit  de  dire  qu'elle  est 
contraire  à  la  propriété,  qu'elle  est  contraire  à  l'intérêt 
social. 

Combien  Tordre  de  l'Église  nest-il  pas  fondé  à  se  plaindre 
du  droit  d'amortissement  ! 

Combien  ne  sommes-nous  pas  fondés  nous-mêmes  à  nous 
plaindre  du  droit  de  franc-fief!  C'est  un  droit  contraire  à  la 
Noblesse   qui  ne  peut  aliéner  avantageusement,  contraire  à 


CAHIER    DE    VILLAMBLAIN  299 

l'intérêt  social  qui  veut  que  les  héritages  se  vendent  libre- 
ment, contraire  à  la  propriété  qu'il  dépouille  des  fruits  qu'elle 
a  droit  de  percevoir,  à  laquelle  il  ne  laisse  plus  que  les  char- 
ges, puisqu'il  lui  enlève  son  revenu  et  qu'il  lui  enlève,  non 
seulement  pour  un  an,  mais  pour  une  année  et  demie,  au 
moyen  des  sous  pour  livre  dont  l'impôt  est  accompagné. 
N'est-ce  pas  là  spolier  la  propriété  ? 

Les  impôts  sur  les  actes  ne  demandent  pas  moins  de  récla- 
mations de  nos  parts.  Que  le  prince,  en  effet,  donne  des  règles 
pour  assurer  l'authenticité  des  actes,  c'est  certainement  un 
des  plus  importants  services  qu'il  puisse  rendre  à  la  société; 
mais  n'est-il  pas  désolant  pour  elle  que  cette  sûreté  que  le 
prince  lui  doit  soit  devenue  la  source  féconde  de  mille  impôts 
arbitraires  et  ruineux,  et  contre  l'étendue  desquels  personne 
n'est  en  pouvoir  de  se  tenir  en  garde,  ni  de  réclamer,  soit 
parce  que  tout  le  monde  ignore  absolument  les  règles  sup- 
posées dans  la  perception  de  ces  droits,  soit  parce  qu'on  se 
défendrait  inutilement  devant  les  hommes  qui  sont  en  même 
temps  juges  et  parties. 

La  sûreté  qu'on  croit  encore  trouver  dans  le  contrôle  des 
actes  des  notaires  est  une  chimère  absolue,  et  il  est  inconce- 
vable qu'on  ait  jamais  pu  lui  supposer  le  moindre  degré  d'uti- 
lité publique.  Eh  quoi  !  la  signature  d'un  officier  public,  con- 
firmée encore  par  celle  de  deux  témoins,  ne  vaut-elle  pas 
bien  au  moins  celle  d'un  commis  ?  D'ailleurs,  si  la  signature 
d'un  contrôleur  est  si  nécessaire  pour  assurer  l'authenticité 
d'un  acte,  comment  peut-il  se  faire  qu'on  ait  éludé  la  loi  au 
point  de  confier  l'exercice  du  contrôle  à  plus  de  quatre  ou 
cinq  cents  notaires  de  campagne  ?  Auront-ils  donc,  ceux-ci, 
en  vertu  de  leur  commission,  le  singulier  privilège  de  certi- 
fier eux-mêmes  leur  propre  signature  ? 

Le  contrôle  des  actes  des  notaires  procure  encore  un  autre 
genre  de  malheur  pour  la  société,  c'est  que  beaucoup  de 
gens  aiment  mieux  renoncer  à  l'authenticité  réelle  d'un  acte 
passé  devant  notaire  que  de  s'exposer  à  l'acheter  à  un  si  haut 
prix.  De  là,  combien  d'actes  mal  dictés  entre  particuliers  ! 


300  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

Combien  même  d'actes  mal  rédigés  parles  notaires,  qui,  pour 
épargner  des  frais  aux  contractants,  n'osent  s'expliquer  suffi- 
samment !  Et  de  là  quelle  source  intarissable  de  procès,  et 
quelle  source  de  malheur  par  conséquent  pour  la  société  ! 

Mais  le  plus  grand  mal  de  tous  ceux  qui  dérivent  en  foule 
de  cet  impôt,  c'est  qu'il  viole  le  secret  des  conventions, 
secret  jugé  dans  tous  les  temps  si  essentiel  à  Tordre  public 
que  les  ordonnances  en  ont  fait  une  des  premières  obliga- 
tions des  notaires,  secret  en  effet  souvent  si  important  que 
de  lui  dépendent  quelquefois  la  fortune  ou  la  réputation  d'un 
citoyen. 

Tant  de  terribles  inconvénients  réunis  sur  un  même  chef 
réclament  donc  le  plus  prompt  anéantissement  de  cet  impôt 
et  de  l'acte  qui  l'occasionne. 

La  fabrique  des  cuirs,  cette  branche  du  commerce  natio- 
nal, si  florissante  en  1759,  époque  de  la  régie,  est  aujour- 
d'hui entièrement  ou  presqu'entièrement  détruite  par  la  force 
excessive  de  l'impôt  et  encore  plus  par  la  rigueur  extrême 
avec  laquelle  il  est  levé.  Le  plus  grand  nombre  des  fabri- 
cants, sages  sur  leurs  propres  intérêts,  se  voyant  continuel- 
lement harcelés  par  les  commis,  ont  mieux  aimé  quitter 
leur  état  que  d'exposer  leur  fortune.  De  là  la  décadence  des 
tanneries  dans  le  royaume,  décadence  dont  le  tableau  est 
effrayant.  En  1759,  on  comptait  dans  le  royaume  578  tan- 
neurs, et  en  1775,  on  n'en  comptait  déjà  plus  que  162  ;  et 
combien  ce  nombre  n'esl-il  pas  encore  diminué  depuis  cette 
époque  !  Combien  par  conséquent  cette  diminution  de  fa- 
briques, ne  doit-elle  pas  influer  sur  nous  par  l'augmentation 
des  cuirs  !  M. 

(*)  Tribert,  dans  son  Mémoire  sur  l'état  des  manufactures  de  la  généralité 
d'Orléans,  insiste  sur  le  lort  causé  aux  tanneries  par  le  droit  de  marque  sur  les 
cuirs;  cependant  ses  conclusions  au  sujet  du  nombre  des  tanneurs  dans  cette 
généralité  est  différente.  «  On  a  reconnu,  dit-il,  que  depuis  l'année  1759,  le 
nombre  des  tanneurs,  des  uiégissiers  et  de  leurs  ouvriers  n'a  pas  souffert  de 
diminution  dans  la  généralité.  Mais  il  n'en  est  pas  de  même  des  chamoiseurs ... 
La  cause  de  cette  diminution  provient  de  ce  que  les  consommateurs  ont  substitué 
pour  différents  usages  la  toile  et  la  futaine,  aux  peaux  de  moutons  passées  en 
huile.  » 


CAHIER    DE    V1LLAMBLAIN  301 

Au  surplus,  nous  ne  pouvons  mieux  pour  la  légitimité  de 
nos  plaintes,  qu'en  empruntant,  pour  terminer  cet  article, 
les  paroles  du  parlement  de  Grenoble,  qui,  en  1765  et  en 
1776,  suppliait  le  Roi  «  de  vouloir  bien  faire  cesser  un  impôt 
aussi  onéreux  à  ses  peuples,  dont  les  frais  de  régie  consom- 
ment près  des  deux  tiers  de  ce  qui  se  perçoit,  un  impôt  qui 
porte  le  plus  grand  préjudice  au  commerce  et  aux  fabriques, 
qui  oblige  les  ouvriers  à  s'émigrer,  qui  donne  un  si  grand 
avantage  à  l'étranger  qu'on  lui  porte  nos  matières  premières 
et  que  ses  manufactures  s'accroissent,  tandis  que  les  nôtres 
dépérissent  et  se  détruisent  ». 

Il  reste  une  infinité  d'autres  impôts,  sur  lesquels  nous  ne 
manquerions  pas  d'être  fondés  à  faire  nos  plaintes  et  doléances 
respectueuses,  si  nous  avions  le  temps  d'entrer  dans  le 
détail. 

De  tout  ce  que  nous  venons  de  dire  que  résulte-t-il,  sinon 
la  démonstration  la  plus  évidente  que  tous  les  impôts,  l'un 
dans  l'autre,  coûtent  le  double  pour  avoir  le  simple,  et  qu'ils 
sont  encore  bien  plus  onéreux  par  l'anéantissement  qu'ils 
opèrent  des  richesses  nationales  que  par  les  sommes  exorbi- 
tantes qu'ils  lèvent?  Pour  achever  la  preuve  de  conviction, 
nous  ajoutons  ici  le  résumé  du  calcul  qu'en  a  fait  l'écono- 
miste déjà  cité  d'après  lequel  nous  parlons. 

1°  La  dépense  effective  des  fermes,  dit- 
il,  coûte 371  millions. 

2°  La  perte  en  anéantissement  de  valeur 
et  de  production  occasionnée  par  les  fermes 
équivaut  à 500  millions. 

Total 871  millions. 

Sur  lesquels  le  Roi  perçoit  seulement.  184  millions. 

Reste  donc  qu'il  en  coûte  à  la  Nation, 
tant  en  dépenses  qu'en  pertes  résultantes 
des  fermes  générales 647  millions. 


302  BAILLI AG ti    DE    BL01S 

Tout  ce  récit  est  sans  doute  affligeant  ;  il  dévoile  sans 
contredit  la  plus  grande  partie  de  nos  maux  ;  mais  ils  ne 
finissent  pas  là. 

La  dime,  ce  prélèvement,  ce  partage  des  fruits  qui  se  fait 
sur  nous,  la  dime,  quoique  destinée  à  l'entretien  des  minis- 
tres des  autels,  est  un  impôt  sur  nous,  qui,  s'il  n'est  pas  aussi 
onéreux,  est  tout  aussi  vicieux  que  ceux  dont  nous  venons  de 
parler.  Pour  preuve,  c'est  qu'un  impôt  bien  ordonné  ne  doit 
tomber  que  sur  le  produit  net,  et  que  la  dime  porte  sur  le 
produit  total,  ce  qui  montre  déjà  qu'elle  attaque  l'agricul- 
ture. On  en  sera  encore  mieux  convaincu  si  on  fait  attention 
à  la  quantité  d'empaillements  que  la  dime  enlève,  car  point 
de  culture  sans  engrais  et  point  d'engrais  sans  empaillement. 
Les  inconvénients  sans  nombre  qui  résultent  d'ailleurs  de  la 
perception  des  dimes  en  nature,  tels  que  les  frais  énormes 
qu'elle  occasionne,  les  gens  qu'elle  occupe  pendant  le  temps 
le  plus  précieux,  encore  plus,  les  difficultés,  les  altercations, 
les  procès  qu'ont  si  fréquemment  à  essuyer  et  à  soutenir 
ceux  qui  par  état  sont  des  ministres  de  paix  et  qui  cepen- 
dant, par  obligation  de  conscience,  sont  obligés  de  défendre 
leurs  droits,  toutes  ces  raisons  nous  font  désirer  qu'on  en 
décharge  la  culture  et  qu'on  en  fasse  une  obligation  foncière, 
si  mieux  Ton  n'aime  pourvoir  différemment  à  l'entretien  des 
ministres. 

La  mendicité,  semblable  aune  lime  sourde,  nous  mine  peu 
à  peu  et  nous  détruit  enfin  totalement.  Nous  nous  aperce- 
vons sans  doute  que  les  lois  sages  qui  ont  été  rendues  contre 
le  vagabondage  nous  ont  mis  à  l'abri  des  incursions  de  ces 
troupes  de  brigands,  qui  venaient  hardiment  fondre  sur 
nous,  nous  mettre  à  contribution,  et  nous  menacer  jusque 
dans  nos  foyers  ;  mais  il  n'est  pas  nécessaire  que  le  mal  soit 
toujours  à  son  comble  pour  qu'il  soit  un  grand  mal.  Si  nous 
n'avons  plus  à  craindre  de  voir  incendier  nos  possessions, 
nous  ne  sommes  pas  moins  accablés  d'une  foule  de  gens, 
qui  viennent  par  les  motifs  les  plus  pressants  nous  deman- 
der des  secours,   que  nous   ne   voudrions  leur  refuser  que 


GAH1KK    DK    VILLAMBLAIN  303 

parce  que  trop  souvent  nous  sommes  réduits  à  la  triste  posi- 
tion de  faire  l'aumône  d'un  bien  qui  est  plus  à  nos  proprié- 
taires qu'à  nous-mêmes. 

La  milice  est  encore  pour  nous  un  fléau  redoutable,  parla 
contrainte  rigoureuse  qu'on  y  emploie,  par  l'argent  qu'elle 
nous  enlève.  Quel  spectacle  !  un  père  chargé  d'enfants  a  sué 
sang  et  eau  pour  élever  sa  famille  au  point  de  lui  être  utile  ; 
est-il  arrivé  à  ce  terme  heureux  de  ses  espérances,  la  milice 
est  publiée,  son  fils  tombe  au  sort,  et  ce  malheureux  père,  le 
désespoir  dans  le  cœur,  est  obligé  de  quitter  son  état,  parce 
qu'il  n'est  pas  dans  le  cas  de  se  procurer  à  prix  d'argent  des 
bras  pour  le  seconder. 

L'argent  que  la  milice  enlève,  soit  par  les  cotisations  quoi- 
que défendues,  soit  par  les  dépenses  d'auberges  nécessaires 
ou  superflues  occasionnées  par  le  déplacement  des  garçons, 
est  une  des  causes  du  dépouillement  et  de  la  pauvreté  de  nos 
campagnes. 

Une  troisième  considération  bien  plus  importante,  c'est  la 
perte  du  temps,  c'est  la  cessation  du  travail  qu'elle  occa- 
sionne. Qui  pourrait  apprécier  la  perte  qui  en  résulte  pour 
la  Nation  ?  Si  les  troupes  provinciales  sont  composées  de 
72,000  hommes  dont  la  levée  s'opère  en  6  ans,  c'est  à  rai- 
son de  12,000  hommes  par  an  ;  or,  chaque  soldat  étant  pris 
à  raison  d'un  sur  vingt,  c'est  précisément  240,000  journées 
employées  le  jour  du  tirage,  plus  240,000  journées  pour  se 
rendre  au  lieu  du  tirage  et  en  revenir,  ce  qui  fait  en  total 
480,000  journées,  qu'il  convient  réduire  aux  deux  tiers,  parce 
que  tous  ne  sont  pas  également  éloignés  ;  reste  donc 
320,000  journées  employées  par  chacun  an  à  la  levée  de 
12,000  hommes.  Quelte  perte  pour  la  culture  !  Quel  retard 
dans  l'ouvrage  !  Oui,  si  on  unissait  sous  un  même  calcul 
tous  les  frais  de  la  milice,  tant  en  dépense  effective  qu'en 
perte  de  temps  et  en  dépense  inutile  des  animaux  de  travail 
qui  pendant  ces  jours  sont  oisifs,  on  trouverait  que  chaque 
soldat  provincial  coûte  au  moins  550  francs.  Combien  n'au- 
rait-on pas  de  soldats  volontaires  pour  cette  somme  ! 


304  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Les  gênes  de  l'industrie  nationale  sont  sans  doute  encore 
un  sujet  de  plaintes  bien  fondées.  Si  les  lois  de  la  propriété 
permettent  à  chacun  d'user  de  son  bien  comme  il  l'entend, 
les  lois  de  la  liberté  personnelle  ne  laissent  pas  moins  à 
chacun  la  liberté  d'user  de  ses  talents.  L'intérêt  de  la  Nation 
l'exige,  parce  que  la  concurrence  d'ouvriers  rendra  le  travail 
plus  parfait  et  à  plus  bas  prix.  Aussi  les  États  généraux  de 
1614  demandèrent-ils  fortement  la  suppression  des  maîtrises 
et  jurandes,  et  les  États  de  1789  doivent  par  conséquent 
renouveler  la  môme  demande. 

Que  n'aurions  nous  pas  à  dire  sur  les  frais  de  justice, 
surtout  ceux  occasionnés  par  les  impôts  sans  nombre  que 
le  fisc  semble  avoir  pris  plaisir  à  y  établir  !  Que  n'aurions 
nous  pas  à  dire  sur  les  longueurs  interminables  des  procé- 
dures, qui  multiplient  ces  frais  presqu'à  l'infini  !  Ce  mal  est 
trop  sensible,  il  est  trop  généralement  connu  pour  qu'il  soit 
nécessaire  d'entrer  dans  aucun  détail.  Mais  aussi  il  est  trop 
grand  pour  qu'il  ne  soit  pas  un  objet  de  nos  plaintes.  Nous 
ne  pouvons  donc  nous  empocher  de  dire  que  tous  les  impôts 
qui  sont  perçus  sur  les  actes  de  justice,  que  tous  ces  détours 
par  lesquels  on  est  contraint  de  marcher  à  grands  frais  pour 
parvenir  au  jugement  dune  affaire,  sont  un  véritable  déni 
de  justice  contraire  à  l'obligation  du  souverain,  contraire  à 
l'intérêt  du  peuple,  qui  est  forcé,  faute  de  facultés  suf- 
fisantes pour  pouvoir  plaider,  de  renoncer  souvent  au  meil- 
leur droit. 

Nous  aurions  pu  faire  malheureusement  une  plus  longue 
énumération  de  nos  sujets  de  plaintes  et  de  doléances  ;  mais 
nous  avons  cru  devoir  nous  arrêter  aux  principaux,  qui  sont 
comme  la  racine  de  tous  les  autres.  Nous  confiant  intime- 
ment pour  un  redressement  général  sur  la  sagesse,  le  vœu 
et  les  lumières  des  États  généraux,  ainsi  que  sur  la  bonté 
paternelle  du  Roi. 

Nous  n'aurions  cependant  rempli  notre  lâche  qu'à  moitié, 
et  nous  ne  serions  entrés  qu'imparfaitement  dans  les  inten- 
tions bienfaisantes  de  Sa  Majesté,  si  nous  n'ajoutions  à  nos 


CAHIEH    DE    V1LLAMBLA1N  305 

plaintes  el  doléances  les  moyens  de  redressement  qui  suivent. 
Nous  nous  devons  d'ailleurs  à  nous-mêmes  la  consolation 
de  prouver  que,  si  notre  plaie  est  profonde,  elle  n'est  pas 
incurable,  et  pour  nous  convaincre  de  cette  vérité  conso- 
lante, il  suffit  de  calculer  quelle  somme  nous  avons  à  rem- 
placer pour  tenir  lieu  du  produit  des  fermes  générales,  quels 
règlements  il  convient  de  faire  pour  assurer  désormais  l'ordre 
dans  toutes  les  parties,  et  enfin  quels  moyens  il  convient  de 
prendre  pour  acquitter  les  dettes  de  TÉlat. 

Remplacement  des  fermes  générales.  —  En  1775.  assure- 
t-on,  le  Roi  jouissait  par  le  moyen  des  fermes  de  377  mil- 
lions de  revenus.  Si  celait  un  revenu  net  et  nécessaire,  sans 
doute  il  en  faudrait  compter  ici;  mais  heureusement  il  s'en 
faut  de  beaucoup  que  cette  somme  reste  nette  au  Roi, 
puisqu'en  effet,  déduction  faite  de  toutes  les  charges,  il  ne  lui 
reste  que  200  millions  de  disponibles,  et  encore  ces  200  mil- 
lions se  trouvent-ils  eux-mêmes  grevés  de  la  surcharge  des 
impôts  indirects,  comme  le  sont  les  dépenses  de  tous  les 
citoyens,  ce  qui  réduit  le  remplacement  à  faire  par  la  réforme 
de  184  millions  que  produisent  au  Roi  les  impôts  des  fermes 
à  supprimer,  et  ces  184  millions,  déchargés  des  impôts  indi- 
rects, rétabliront  évidemment  le  Roi  dans^son  état  actuel  de 
richesse,  puisqu'ils  lui  feront  comme  aujourd'hui  la  valeur 
de  200  millions  disponibles.  Quels  sont  donc  les  moyens  de 
parvenir  à  ce  remplacement.  M.  Le  Trosne  les  indique  dans 
son  excellent  ouvrage  des  administrations  provinciales  :  nous 
en  citerons  les  pages  pour  faciliter  les  recherches. 

1er  moyen  (p.  284).  —  Economie  dans  les  dépenses  de  la 
maison  du  Roi,  employée  pour 20.000.000 

2e  moyen  (p.  287).  —  La  réduction  des 
arrérages,  gages  et  pensions,  employée  pour.       33.000.000 

3e  moyen  (p.  291).  —  Un  troisième  ving- 
tième dégagé  absolument  de  toutes  les  impo- 
sitions, employé  pour 41.000.000 


306  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

4ê  moyen  (p.  293).  —  Un  impôt  sur  les 
marais  salants;  cet  impôt  à  raison  d'un  liard 
pour  livre  de  sel,  produira  par  la  suite  et 
prochainement 25.000.000 

5e  moyen  (pp.  296  et  300).  —  Un  impôt 
direct  mais  proportionnel  sur  la  vigne,  em- 
ployé pour 20.000.000 

6e  moyen  (p.  303).  —  Les  droits  de  traites 
et  domaines  d'occident,  employés  pour   .  9.000.000 

7e  moyen  (p.  305).  —  Doit  être  fourni  par 
les  pajs  d'État  et  employé  pour     ....       14.000.000 

8e  moyen  (p.  307).  —  La  capitation  du 
Clergé,  employée  pour 2.000.000 

9*  moyen  (p.  308).  —  Un  impôt  personnel 
de  supplément,  qui  ne  sera  point  applicable 
sur  les  cultivateurs,  poui» 30.000.000 

Total  du  montant  des  neuf  moyens 

de  remplacement 184.000.000 

Règlements  pour  assurer  l'ordre.  —  La  seconde  opéra- 
tion de  la  réforme  de  l'impôt,  c'est  de  rendre  la  taille  impôt 
réel  ;  pour  cela,  circonscrire  le  territoire  par  arrondisse- 
ments, évaluer  le  revenu,  établir  l'impôt  proportionnel  de 
toute  part,  prendre  les  moyens  de  le  tenir  toujours  dans  cette 
proportion  ;  ce  sera  véritablement  alors  que  l'impôt  sera 
régulier,  qu'il  ne  sera  plus  proportionnellement  payé  par 
personne,  mais  uniquement  par  la  terre. 

La  taille.  —  La  terre  étant  féconde  par  elle-même,  et 
d'autant  plus  féconde  qu'on  la  provoque  davantage,  le  travail 
de  la  culture  est  un  travail  productif;  il  est  même  le  seul 
productif,  et  par  conséquent  celui  seul  sur  qui  doit  tomber 
toute  la  charge  de  l'impôt.  En  effet,  la  culture  suffit  non 
seulement  à  sa  propre  dépense,  mais  elle  fournit  encore  un 


CAHIER   DE    YJLLAMBLAIN  307 

excédent  qui  varie  en  plus  ou  moins  ;  c'est  cet  excédent  qui, 
bien  partagé,  alimente  le  propriétaire  et  peut  fournir  à  toutes 
les  charges  publiques.  C'est  donc  à  cette  seule  source  qu'il 
faut  asseoir  l'impôt.  Dès  lors,  décharger  l'agriculteur  de  la 
taille  et  la  reporter  comme  charge  foncière  sur  le  proprié- 
taire. 

La  corvée,  —  L'imposition  représentative  de  la  corvée 
doit,  suivant  le  même  principe,  devenir  une  charge  fon- 
cière, être  imposée  par  un  sol  et  marc  la  livre  de  la  taille, 
sur  le  propriétaire,  el  plus  du  tout  à  l'avenir  sur  le  culti- 
vateur. 

La  dîme.  —  La  dime  payée  en  nature  étant,  comme  nous 
l'avons  dit,  un  impôt  destructeur  de  la  culture  et  qui  altère, 
par  l'enlèvement  des  pailles,  les  moyens  de  la  régénéres- 
cence  des  richesses  nationales,  rien  ne  doit  s'opposer  à  sa 
réforme,  aucun  usage  même  ne  doit  paraître  de  la  plus  lé- 
gère considération,  parce  qu'il  est  essentiel  d'abolir  promp- 
tement  tout  usage  abusif  ;  or,  puisqu'il  est  de  principe  avoué 
qu'il  n'y  a  pas  de  moyens  plus  sûrs  et  moins  dispendieux 
que  de  fournir  à  la  dépense  publique  par  un  impôt  direct  et 
proportionnel,  pourquoi  chercherait-on  un  autre  moyen  d'ac- 
quitter cette  dette  envers  les  ministres  des  autels? 

Pour  y  parvenir,  il  faudrait  régler  :  1°  que  toute  terre, 
sans  exception  ni  privilège,  serait  assujettie  au  droit  de  dime; 
2°  que  ce  droit  serait  universellement  le  même  par  chaque 
arpent  de  100  perches  de  20  pieds  de  Roi,  et  porté  partout 
à  la  même  évaluation,  en  sorte  qu'il  pût  fournir  1.400  livres 
à  toupies  curés,  sauf,  s'il  était  nécessaire,  à  faire  une  nouvelle 
division  de  paroisses,  ou,  ce  qui  serait  plus  simple,  sauf  à 
faire  un  reversement  de  l'excédent  du  produit  de  la  dime 
d'une  paroisse  dans  une  autre  jusqu'à  due  concurrence. 
Comme  il  résulterait  néanmoins  de  là  que  cette  somme  serait 
insuffisante  pour  la  dot  des  curés,  à  cause  des  charges  du 
ministère,  de  celles  d'une  maison  à  entretenir  et  de  la  di- 
gnité de  l'état,  il  serait  juste  qu'on  attribuât  à  chaque  curé 


308  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

2.000  livres  do  revenu,  impositions  déduites,  et,  pour  en  trou- 
ver les  moyens,  après  qu'on  aurait  évalué  le  revenu  net  des 
fonds  de  terre  ou  autres  que  chaque  curé  possède,  on  leur 
attribuerait  sur  les  communautés  religieuses  d'hommes  ou  de 
femmes,  selon  la  circonstance,  un  supplément  suffisant  pour 
parfaire  les  2.000  livres,  outre  l'imposition,  que  lesdites 
communautés  seraient  en  outre  tenues  de  payer  à  la  décharge 
des  curés  ;  et,  pour  mettre  celles-ci  en  état  de  satisfaire  à 
ces  charges  et  assurer  d'aulant  mieux  la  dot  des  curés,  il 
faudrait  les  replier  sur  elles-mêmes,  ainsi  que  leurs  biens  ; 
en  réunissant  au  moins  23  religieux  dans  chaque  maison, 
qu'on  doterait  chacun  de  1.000  francs  pour  les  hommes  et 
800  francs  pour  les  femmes,  ces  maisons  se  trouveraient 
suffisamment  riches,  la  vie  de  communauté  n'entraînant 
pas  tant  de  frais  que  celle  divisée  par  ménages  parti- 
culiers. 

A  ce  moyen,  les  curés  bien  payés  de  quartier  en  quartier 
et  toujours  d'avance,  tant  par  les  propriétaires  des  paroisses 
que  par  les  communautés,  seraient  dans  le  cas  de  soutenir 
la  dignité  de  leur  ministère,  de  mener  une  vie  plus  tranquille 
et  par  conséquent  plus  propre  à  l'étude  ;  et  comme  ils 
n'auraient  plus  d'intérêts  temporels  à  démêler  avec  leurs 
paroissiens,  toutes  occasions  de  discussion  seraient  éva- 
nouies. 

En  conséquence  de  cet  arrangement,  tout  casuel  forcé 
serait  aboli,  et  toutes  les  charges  pastorales  acquittées 
gratuitement,  selon  l'ancienne  discipline  de  l'Église.  D'un 
autre  côté,  les  curés  deviendraient  absolument  chargés  de 
toutes  les  réparations  quelconques  de  leurs  presbytères  et 
en  répondraient  à  leurs  successeurs;  les  paroisses,  par  la 
même  raison,  deviendraient  également  chargées  de  l'entre- 
tien absolu  de  toute  l'église,  ce  qui  deviendrait  une  charge 
foncière,  et  toutes  choses  seraient  prises,  tant  par  les  curés 
que  par  les  paroisses,  dans  l'état  où  elles  se  trouveraient, 
sans  secours  de  part  ni  d'autre. 

De  peur  que  de  l'un  ou  de  l'autre  côté  les  réparations  ne 


CAHIER    DE    VILLAMBLAIN  309 

fussent  négligées,  chaque  année  ou  au  plus  tard  tous  les 
deux  ans,  un  inspecteur  nommé  par  l'administration  provin- 
ciale visiterait  tous  ces  objets  dans  l'arrondissement  qui  lui 
serait  attribué  ;  il  dresserait  procès- verbal  des  réparations 
qui  seraient  à  faire,  lesquelles,  après  avoir  été  ordonnées 
par  l'administration  provinciale,  si  elles  n'étaient  faites  vo- 
lontairement dans  l'année,  seraient  pendant  l'hiver  suivant, 
à  lu  diligence  de  ladite  administration,  criées  au  rabais  et 
adjugées,  le  tout  à  la  charge  de  la  partie  obligée,  qui  serait 
contrainte,  savoir  le  curé  par  saisie  de  temporel  jusqu'à  due 
concurrence,  et  la  paroisse  par  toutes  voies  dues  et  raison- 
nables, et  en  cas  de  négligence  des  visites  ci-dessus,  les 
curés  et  les  propriétaires  paroissiens,  autorisés  à  se  dénon- 
cer mutuellement  à  l'administration  provinciale,  qui  sera 
tenue  d'envoyer  sans  retard  constater  l'état  desdites  répa- 
rations, dont  on  lui  aura  donné  avis. 

Dans  les  cures  des  villes,  n'y  ayant  point  de  dime  pour 
faire  le  fonds  des  1.400  livres  que  la  paroisse  devrait  payer 
au  curé,  il  faudra  nécessairement  l'appliquer  ainsi  que  la 
pension  des  vicaires,  à  raison  de  t. 000  livres  pour  chacun, 
sur  les  loyers  des  maisons,  par  une  contribution  proportion- 
nelle. Le  supplément  de  dot  sera  également  attribué  auxdits 
curés  sur  des  communautés  religieuses. 

A  l'égard  des  vicaires  dans  les  campagnes,  ils  resteront, 
comme  ceux  des  villes,  à  la  charge  desdites  paroisses  sur 
lesquelles  sera  prélevée  la  somme  attribuée  à  chaque 
vicaire  par  un  sol  et  marc  la  livre  sur  la  taille. 

Enfin,  pour  ce  qui  regarde  les  paroisses  où  la  dime  est 
entre  les  mains  des  laïcs,  les  États  généraux  devront  ou 
abolir  toute  inféodation  de  dime,  et  dans  ce  cas  la  paroisse 
rentrerait  dans  l'ordre  commun,  ou  régler  qu'après  la  por- 
tion congrue  recomptée,  il  sera  fait  un  rejet  de  supplément 
sur  la  paroisse  pour  parfaire  les  1.400  livres,  et  le  reste 
pour  supplément  des  2.000  livres  sur  les  communautés 
religieuses. 

On  conçoit  bien  que  les  cures  régulières  devront  naturel- 


310  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

lement  être  complotées  par  les  maisons  religieuses  dont 
elles  relèvent,  soit  qu'elles  soient  maintenant  occupées  par 
des  réguliers,  soit  qu'elles  le  soient  par  des  prêtres  sécu- 
liers; ce  sera  déjà  une  partie  de  la  besogne  toute  faite. 
L'administration  provinciale  sera  chargée  de  tout  le  détail 
de  cette  opération  ;  c'est  pourquoi  elle  se  fera  remettre 
l'état  du  revenu  en  biens  fonds  attaché  à  chaque  cure  ou 
vicariat,  autre  néanmoins  que  ceux  chargés  d'obit,  à  la  des- 
tination desquels  il  n'y  a  rien  à  changer,  leurs  charges 
devant  toujours  être  acquittées  selon  l'intention  des  testa- 
teurs ;  elle  fixera,  d'après  la  connaissance  qu'elle  aura 
acquise  du  revenu  domjinial  de  la  cure,  quelle  somme  il 
faudra  attribuer  à  tel  et  tel  curé,  et  indiquera  ce  supplé- 
ment toujours  sur  l'abbaye  ou  communauté  la  plus  pro- 
chaine, encore  bien  que  ce  supplément  doive  être  payé  chez 
le  curé  et  sans  déplacement  de  sa  part,  et,  ce  règlement  fait, 
chaque  curé  recevra  du  Roi  un  brevet  d'autorisation  pour 
telle  somme  sur  telle  abbaye,  payable  sans  aucune  retenue 
et  à  son  domicile  de  quartier  en  quartier  et  toujours 
d'avance.  Cette  attribution  sera  également  notifiée  de  la 
part  du  Roi  à  chaque  communauté,  pour  quelles  aient  à 
s'y  conformer. 

Pour  maintenir  toujours  cette  dotation  des  cures  au  prix 
courant  des  denrées,  il  sera  juste  de  déclarer  que  2,000  livres 
seront  aujourd'hui  représentatives  de  telle  quantité  de  blé 
froment  et  que,  tous  les  25  ans,  il  sera  fait  une  nouvelle 
appréciation  ou  l'ancienne  déclarée  valoir  encore  pour  25 
autres  années,  et  cela  par  une  déclaration  du  Roi,  dont  copie 
sera  envoyée  tant  aux  curés,  vicaires,  qu'aux  communautés. 

La  mendicité.  —  La  mendicité,  comme  nous  l'avons  dit, 
est  un  grand  mal,  qui,  si  on  le  considère  sous  le  respect  du 
vagabondage  proprement  dit,  est  en  partie  détruit,  mais  qui 
subsiste  encore  en  un  moindre  degré,  en  ce  que  les  pauvres 
s'écartent  trop  de  leurs  paroisses.  En  remédiant  à  la  mendi- 
cité locale,  on  aura  nécessairement  remédié  à  toute  espèce 


CAHIER    DR    VILLAMBLA1N  311 

de  vagabondage.  Pour  cela,  il  faut  parer  aux  deux  causes  de 
la  mendicité,  la  maladie  et  le  défaut  de  travail  ;  il  faut  donc 
établir  dans  toutes  les  paroisses,  et  proportionnellement  à 
leur  population,  un  fonds  de  charité  suffisant  pour  parer  à 
ce  double  inconvénient. 

Pour  parvenir  à  ce  point,  il  est  nécessaire  d'établir  par  le 
calcul  le  nombre  de  malades  possibles  dans  100  individus  par 
exemple,  combien  chaque  maladie  pourra  durer,  et  combien 
il  conviendra  attribuer  par  jour  à  chaque  malade.  Cette  opé- 
ration fera  connaître  la  somme  demandée  et  nécessaire,  non 
pour  donner  l'aisance,  mais  pour  donner  un  grand  soulage- 
ment. 

Soit  donc  100  individus  dans  lesquels  on  peut  compter 
ordinairement  3  malades  ;  que  ces  malades,  par  estimation 
commune,  le  soient  chacun  15  jours,  car  il  faut  compter 
jusqu'au  rétablissement  parfait,  ce  sera  45  jours  de  maladie 
qui  exigeront  des  secours.  Supposons  maintenant  que  dans 
ces  3  malades,  il  y  ait  1  chef  et  2  enfants  qui  le  soient  cha- 
cun 15  jours,  ce  sera  15  jours  pour  le  chef  et  30  jours  pour 
les  2  enfants.  Ceux-ci,  recevant  chacun  10  sols  par  jour,  coû- 
teront ensemble  15  livres,  et  le  chef,  recevant  20  sols,  coûtera 
également  15  livres,  ce  qui  fera  par  conséquent  30  livres  par 
100  individus.  Ainsi  une  paroisse  de  600  âmes  recevra 
180  livres  pour  les  cas  de  maladie, 

Quant  au  défaut  de  travail,  on  peut  supposer  que  le  tra- 
vail manque  partout  pendant  trois  mois.  Pour  compenser  ce 
temps  d'oisiveté,  il  devra  être  attribué  par  chaque  chef  de 
famille  près  de  l'indigence,  1  sol  par  jour  ou  18  livres  5  sols 
par  an  ;  on  se  restreindra  à  18  livres. 

Or,  dans  une  paroisse  de  600  âmes,  où  Ton  peut  compter 
100  chefs,  le  quart  étant  près  de  l'indigence,  on  aura  25  indi- 
vidus auxquels  il  faudra  pourvoir,  et  qui  auront  besoin,  par 
conséquent,  de  450  livres,  lesquelles  ajoutées  aux  180  livres 
ci-dessus  font  630  livres  qu'on  peut,  absolument  parlant, 
réduire  à  600  livres  pour  une  paroisse  de  600  âmes,  ou 
20  sols  par  tète.  Ce  sera  par  conséquent  pour  tout  le  royaume 


312  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

24  millions  de  livres,  si  on  compte  dans  le  royaume  24  mil- 
lions d'àmes. 

Pour  acquitter  celte  charge,  quelque  grande  qu'elle  soit, 
on  a  les  revenus  de  tous  les  hôpitaux  qu'il  suffira  de  réduire 
en  simples  hospices  pour  les  étrangers  ;  on  aura  les  revenus 
des  charités  fondées  dans  les  paroisses  ;  et  enfin  pourquoi 
n'appliquerait-on  pas  à  une  œuvre  si  chrétienne  les  revenus 
de  tous  les  prieurés  simples  ;  par  là  on  acquitterait  l'Église 
de  ses  charges  envers  les  pauvres. 

L'administration  provinciale  s'emparera  donc  de  la  régie 
de  tous  ces  biens,  en  réglera  la  distribution  d'après  les  connus 
qu'elle  aura  des  besoins  de  chaque  paroisse  ;  elle  y  prescrira 
l'emploi  des  deniers  attribués  aux  gens  désœuvrés  qu'on 
occupera  toujours  à  des  travaux  publics  et  utiles  à  la  paroisse. 
Ces  deniers  seront,  avec  ceux  attribués  pour  le  soulagement 
des  malades,  mis  entre  les  mains  de  la  municipalité  qui, 
conjointement  avec  le  curé  de  la  paroisse  qui  présidera  dans 
ce  cas  là,  formera  un  bureau  de  charité,  à  qui  peut-être  il 
appartiendrait  mieux  de  régler  le  genre  d'occupation  à  don- 
ner aux  gens  désœuvrés. 

Pour  lever  tous  les  scrupules  relativement  à  l'abolition 
des  prieurés,  fondés  sur  l'inquiétude  de  ce  que  deviendraient 
les  fondations,  on  en  ferait  un  relevé,  et,  par  l'autorité  légi- 
time, on  les  réduirait  en  messes  hautes  dont  on  chargerait 
chaque  paroisse  d'en  acquitter  une  ou  deux  au  plus  s'il  était 
nécessaire,  et  ces  grand'messes  devraient  s'acquitter  par- 
tout les  mêmes  jours,  tels,  par  exemple,  que  les  mercredis 
des  Qualre-Temps,  et  on  les  désignerait  sous  le  titre  de 
messes  de  la  charité.  Ce  serait  môme  l'occasion  de  recueillir 
les  aumônes  volontaires  des  personnes  charitables  et  qui 
augmenteraient  encore  les  fonds  du  bureau. 

Suppression  des  maîtrises,  —  La  suppression  des  maî- 
trises, étant  dictée  par  les  lois  immuables  de  la  liberté  person- 
nelle et  de  la  propriété,  doit  nécessairement  être  arrêtée  par 
les  Etats  généraux. 


CAHIER    DE    V1LLAMBLA1N  313 

La  milice.  —  La  contrainte  et  la  dépense  sont  les  deux 
causes  du  dégoût  des  gens  de  la  campagne  pour  la  milice. 
Cette  milice  étant  nécessaire  à  l'État,  il  ne  faudrait  pas 
l'abolir,  mais  l'établir  sur  un  pied  qui  puisse  en  naturaliser 
l'idée,  et  par  là  même  le  goût.  Pour  y  parvenir,  il  faudrait 
commencer  cette  éducation  dès  le  bas  âge  ;  c'est  pourquoi, 
aussitôt  qu'un  garçon  aurait  atteint  l'âge  de  15  ans,  qu'il 
fût  grand  ou  petit,  il  faudrait  l'enrégimenter  pour  jusqu'au 
temps  de  son  mariage.  Tous  les  mois,  un  jour  de  dimanche 
après  vêpres,  tous  les  garçons  de  chaque  paroisse  seraient 
obligés  de  s'assembler,  armés  de  fusils  postiches,  pour  faire 
une  heure  d'exercice  militaire,  qui  serait  commandé  soit  par  un 
ancien  milicien,  soit  par  un  invalide,  dont  il  ne  serait  pas 
hors  propos  de  placer  deux  dans  chaque  paroisse  pour  la 
sûreté  publique  ;  ce  pourrait  être  un  acheminement  à  la 
réforme  de  la  maréchaussée  qui  est  coûteuse. 

Un  drapeau,  un  tambour,  serait  pour  tous  ces  jeunes  gens 
un  appareil  flatteur,  qui  leur  inspirerait  du  courage  :  ainsi 
bercés  dans  cette  idée  guerrière,  ils  verraient  venir  sans 
effroi  le  jour  de  la  milice,  si  on  la  laissait  subsister.  Ou,  ce 
qui  serait  mieux,  l'administration  provinciale  serait  chargée 
de  former  son  régiment  par  des  enrôlements  libres,  qui  ne 
coûteraient  pas  le  quart  de  ce  que  coûte  à  la  Nation  la  levée 
des  régiments  provinciaux,  telle  quelle  s'opère  aujourd'hui. 
Elle  trouverait  facilement  à  recruter  parmi  des  gens  déjà 
familiarisés  au  maniement  des  armes. 

Justice.  —  Sa  Majesté  a  donné  ci-devant  des  lois  concer- 
nant les  tribunaux  qui  paraissaient  remplir  tous  les  vœux 
qu'on  pourrait  former  sur  cet  objet. 

Actes  de  justice.  — Les  fiefs,  dans  l'Ordre  de  la  Noblesse, 
sont  réservés  à  l'aîné  sans  doute  pour  soutenir  l'éclat  de  la 
famille,  mais  il  semble  qu'il  est  contre  la  justice  qu'il  en 
soit  usé  de  même  dans  l'Ordre  du  Tiers  état.  Il  serait  donc  à 
désirer  que  ces  fiefs  se  partageassent  également  entre  tous 
les  enfants,  ou,  s'il  y  avait  un  inconvénient  à  démembrer  le 


314  BAILLIAGE    DE    BL01S 

fief,  qu'à  la  bonheur  il  passât  à  l'aîné  qui  ferait  un  retour 
équivalent  à  la  portion  qui  compterait  M  à  ses  frères  et 
sœurs. 

Personne  n'étant  plus  intéressé  que  les  pères  et  mères  à 
confier  leurs  enfants  qu'ils  laissent  en  mourant  en  des  mains 
sûres,  il  serait  peut-être  à  souhaiter  que  Sa  Majesté  autorisât 
les  pères  et  mères  à  nommer  les  tuteurs  de  leurs  enfants,  et  la 
forme  usitée  aujourd'hui  n'aurait  lieu  que  dans  le  cas  où  les 
pères  ou  mères  n'y  auraient  pas  pourvu.  De  plus,  dans  l'un 
et  dans  l'autre  cas,  il  faudrait  que,  pour  la  sûreté  des  intérêts 
des  mineurs  et  pour  la  conservation  de  leurs  biens,  tout 
tuteur  eût  un  conseil  formé  de  quatre  parents  pris  du  côté 
d'où  viendraient  les  biens,  ou  au  moins  deux  paternels  et 
deux  maternels.  Ce  conseil  serait  chargé  de  veiller  sur 
l'administration  du  tuteur  et  sur  la  conservation  des  biens 
des  mineurs.  Le  tuteur  serait  par  conséquent  tenu  de  donner 
connaissance  de  la  manière  et  de  l'état  de  sa  régie,  et  les 
quatre  parents  de  leur  côté  pourraient  l'approuver  ou  la 
blâmer,  selon  le  cas.  et  ordonner  que  les  réparations 
seraient  faites  selon  le  besoin,  sauf,  le  cas  le  requérant,  d'in- 
terposer le  ministère  public.  Ils  auraient  même  pour  première 
obligation  de  veiller  à  ce  que  le  tuteur  envoie  exatement  ses 
pupilles  aux  instructions  et  aux  écoles  selon  leurs  facultés. 
Le  juge  recevrait  d'eux  le  serment  à  cet  effet. 

Liberté.  —  Il  serait  bien  à  désirer  sans  doute  qu'on  abolit 
en  France  ipso  facto  tout  ce  qui  ressent  encore  la  servitude. 
Mais  au  moins,  si  on  regarde  les  droits  seigneuriaux  comme 
une  propriété,  il  devrait  être  libre  à  tous  les  particuliers  dont 
les  héritages  en  sont  grevés  de  pouvoir  se  rédimer.  Au 
moyen  de  cette  loi  juste  et  équitable,  qui  ne  devrait  pas 
même  être  à  rendre  aujourd'hui,  on  verrait  disparaître 
champarts,  avenages,  rentes  foncières,  etc. 

États  généraux.  —  Les  États  généraux  ne  peuvent  sans 

<*)  Qui  appartiendrait. 


CAHIER    DR    VILLAMBLAIN  315 

doute  être  que  très  utiles  à  la  Nation  ;  c'est  pourquoi  il  serait 
à  souhaiter  d'en  voir  fixer  le  retour  périodiquement.  Mais, 
d'un  autre  côté,  leur  tenue  est  extrêmement  dispendieuse  ; 
c'est  pourquoi  il  faudrait  la  restreindre  à  certains  cas,  et  ces 
cas  ne  devraient  être,  ce  semble,  qu'au  changement  de 
règne.  Alors  seulement  ils  seraient  utiles  pour  remettre 
Tordre  dans  les  finances,  si  on  pouvait  présumer  qu'après 
les  règlements  sages  qui  vont  être  faits  le  désordre  pût 
jamais  s'y  introduire. 

Enregistrement.  —  Les  enregistrements  peuvent  être 
considérés  sous  deux  aspects,  ou  comme  vérification  des 
lois  de  police  et  de  jurisprudence,  ou  comme  vérification 
de  lois  bursales  ou  y  ayant  trait,  comme  emprunts,  création 
d'office  ayant  attribution  de  gages,  etc. 

Dans  le  premier  cas,  les  parlements  et  toutes  les  cours 
souveraines  qui  pourront  être  établies  doivent  être  mainte- 
nus ou  mis  dans  le  droit  d'enregistrement. 

Dans  le  second  cas,  n'y  ayant  que  les  États  généraux 
vraiment  compétents,  on  pourrait  former  une  commission 
intermédiaire,  non  pas  toujours  en  activité,  mais  qui 
serait  assemblée  par  le  Uoi,  lorsque  les  circonstances  l'exi- 
geraient. 

Cette  commission  intermédiaire  serait  formée  de  quatre 
membres  élus  dans  chaque  administration  provinciale  et  de 
pays  d'États,  savoir  :  un  de  l'Ordre  du  Clergé,  un  de  l'Ordre 
de  la  Noblesse  et  deux  du  Tiers. 

Tous  ces  membres  élus  au  scrutin  se  rendraient  aux 
ordres  du  Roi  à  jour  certain,  pour  arrêter  ce  que  de  justice 
sur  les  lois  proposées,  et  chaque  députation  marcherait  aux 
frais  de  sa  province. 

Pour  éviter  toutes  contestations  sur  la  présidence,  ainsi 
que  sur  la  préséance,  les  États  généraux  arrêteront  par  la 
voie  du  sort  l'ordre  dans  lequel  chaque  province  siégera,  et 
Ton  formera  un  tableau,  pour  que  la  présidence  et  la  pré- 
séance passent  successivement  de  l'une  à  l'autre.  Les  quatre 


316  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

députés  de  chaque  province,  étant  en  nom  collectif  ses  repré- 
sentants, ne  se  sépareront  point,  et  siégeront  l'un  près  de 
l'autre  dans  les  séances. 

Libération  des  dettes.  —  Nous  ne  croyons  pas,  sur  cette 
matière  importante,  pouvoir  donner  un  meilleur  avis  que 
de  suivre  exactement  tous  les  moyens  qu'en  donne  M.  Le 
Trosne,  dans  son  ouvrage  déjà  cité  des  administrations  pro- 
vinciales que  nous  adoptons. 

Nous  terminerons  ce  cahier  par  l'offre  que  nous  faisons 
de  reporter  des  l'instant,  s'il  est  nécessaire,  à  nos  proprié- 
taires respectifs  le  montant  de  ce  que  nous  payons  aujour- 
d'hui en  impositions  directes  et  indirectes,  et  de  tous  autres 
droits  qui  seraient  convertis  en  charges  foncières,  à  la  con- 
dition, néanmoins,  de  jouir  graduellement  de  la  partie  du 
bénéfice  en  diminution  qui  pourra  nous  compéter,  à  mesure 
que  celte  diminution  s'opérera  par  la  libération  des  dettes 
de  l'État. 

Le  présent  clos  et  arrêté  en  l'assemblée  tenue  en  notre 
présence,  cejourd'hui  5  mars  1789,  dans  le  lieu  où  se  tien- 
nent les  assemblées  de  ladite  paroisse,  où  se  sont  trouvés 
les  habitants  soussignés  et  dénommés  au  procès-verbal  ci- 
joint. 

Le  présent  cahier  contenant  22  pages  cotées  et  paraphées 
par  première  et  dernière  par  nous,  Jacques-Julien  Ànthoine, 
notaire  du  comté  de  Dunois  pour  les  paroisses  de  Villam- 
blain,  Villampuy,  Civry,  Ozoir-le-Breuil,  Saint-Cloud  et  leurs 
dépendances,  résidant  audit  Saint-Cloud  soussigné. 

(Suivent  25  signatures,  celles  de  :  G.  Boucher,  député; 
L.  Juchet,  député  ;  Anthoine  notaire,  etc.) 


CAHIfiH    DK    SAINT-CLODD  317 


SAINT-CLOUD 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun,  —  Cant.  :  Château- 
dun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Châteaudun  (*>. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Prunière. 

Taille  :  3.034  1.  (principal  :  1.420  1.  ;  accessoires  :  715  1.  ;  capita- 
tion  :  899  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jacques-Julien  Anthoine,  notaire  du  comté  de  Dunois, 
résidant  à  Saint-Cloud.  Même  président  qu'à  Civry  et  à  Villamblain. 

Population  :  40  feux. 

Comparants  :  Hector  Pitou,  syndic  de  la  municipalité  ;  Etienne 
Venot,  laboureur  ;  François  Brissard  ;  Joseph  Violette  ;  Louis  Gouin  ; 
Jean  Martin  :  Michel  Martin  ;  Gilles  Conin;  Pierre  Chevalier;  Pierre 
Dousset  ;  Jacques  Cochet  ;  Louis  Martin  ;  Michel  Martin  le  jeune  ;  Louis 
Maisons,  maréchal  de  forge. 

Députés  :  Etienne  Venot,  laboureur,  et  Jacques-Julien  Anthoine. 

Suivent  2  signatures. 

Arrêté  et  vérifié  par  Nicolas  Maury,  bailli  de  Dunois. 


(*)  D'après  l'abbé  Bordas  {Chorographie  du  Dunois,  p.  181).  Cotte  indication  est 
laissée  en  blanc  dans  le  manuscrit  de  Jousse. 


318  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la  paroisse  de 
Saint- Cloud- en -Beauce  composée  de  40  feux,  juri- 
diction de  Chàleaudun. 

Les  habitants  de  ladite  paroisse  étant  assemblés  ainsi 
qu'il  sera  ci-après  dit  par  le  procès-verbal  portant  nomina- 
tion des  députés: 

Art.  1er.  —  Le  vœu  de  la  paroisse  est  que  les  impôts 
soient  répartis  également,  sans  privilèges  ni  distinction  de 
rang,  entre  tous  les  sujets  du  Roi. 

Akt.  2.  —  Qu'il  n'y  ait  qu'un  seul  impôt  réparti  sur  la 
fortune  foncière  et  le  commerce. 

Art.  3.  —  Qu'il  soit  fait  un  nouveau  Code  civil  et  cri- 
minel. 

Art.  4.  —  Que  les  degrés  de  juridiction  soient  diminués 
et  qu'il  n'y  en  ait  que  deux  au  plus,  afin  que  les  procès  ne 
soient  pas  aussi  dispendieux  qu'ils  le  sont. 

Art.  5.  —  Qu'il  soit  formé  des  États  provinciaux  devant 
lesquels  seront  portées  les  plaintes  de  ce  qui  pourra  blesser 
les  intérêts  de  la  campagne. 

Art.  6.  —  Que  les  lois  sur  les  chasses  soient  sinon 
abolies,  au  moins  adoucies,  et  que  le  dégât  qui  sera  fait 
par  le  gibier  soit  payé  par  le  seigneur,  sur  l'estimation 
faite  sans  frais  par  deux  experts  que  nommeront  les  États 
provinciaux  ou  leurs  représentants,  n'étant  pas  juste  que 
les  moissons  soient  impunément  la  pâture  du  gibier  qui  ne 
sert  qu'à  la  volupté  des  seigneurs. 

Art.  7.  —  Que  le  prix  du  sel  soit  diminué,  attendu  que 
ce  n'est  que  par  un  abus  qu'il  est  porté  à  un  prix  aussi 
exorbitant  qu'il  est  aujourd'hui,  et  que  parce  que,  lors  des 
augmentations  de  cette  denrée,  on  a  ajouté  au  prix  principal 


CAHIER    DE    SAINT-CLOUD  319 

des  sois  pour  livre  additionnels,  ce  qui,  dans  les  pays  où  le 
sel  était  déjà  le  plus  cher,  en  a  augmenté  la  valeur  bien 
davantage  que  dans  les  pays  où  il  était  moins  cher;  qu'en 
diminuant  le  prix  de  celte  denrée,  il  s'en  débiterait  beau- 
coup davantage,  les  pauvres  gens  qui  en  sont  privés  se 
trouveraient  à  portée  d'en  consommer,  les  laboureurs 
en  pourraient  donner  à  leurs  bestiaux  qui  seraient  par 
là  préservés  de  beaucoup  de  maladies  et  formeraient  de 
bien  meilleurs  engrais  ;  qu'enfin  il  serait  à  désirer  qu'il  fut 
à  un  tel  prix  que  la  contrebande  tombât  par  le  défaut  d'in- 
térêt à  la  faire,  ce  qui  diminuerait  les  dépenses  qu'entraîne 
la  vente  de  cette  denrée. 

Art.  8.  —  Que  les  grandes  routes  soient  faites  aux  dépens 
de  ceux  qui  en  profitent,  et  que  les  fonds  nécessaires  soient 
pris  sur  les  impositions  foncières. 

Art.  9.  —  Que  tout  citoyen,  de  quelque  condition  qu'il 
soit,  ne  puisse  être  emprisonné  que  pour  crime. 

Art.  10.  —  Que  les  presbytères  soient  à  la  charge  du 
Clergé,  et  qu'il  soit  pourvu  au  moyen  de  faire  jouir  d'une 
honnête  aisance  les  curés,  de  manière  qu'ils  puissent  soula- 
ger les  pauvres  et  se  passer  du  casuel  relatif  aux  fonctions 
qu'ils  exercent. 

Art.  11. —  Que  les  cures  soient  toutes  à  la  nomination  des 
évoques,  afin  qu'on  ne  les  voie  plus  occupées  par  des  gens 
sans  mœurs,  sans  capacité,  qui  les  obtiennent  soit  par  rési- 
gnation, soit  par  dévolu,  soit  par  grades  ou  autrement,  sans 
l'aveu  des  supérieurs. 

Art.  12.  —  Que  la  juridiction  des  intendants,  devenue 
inutile  et  fort  abusive,  soit  supprimée,  dans  le  cas  où  on  ne 
les  supprimerait  par  eux-mêmes. 

Art.  13.  —  Le  bois  ici  est  d'une  rareté  étonnante  ;  plu- 
sieurs raisons  en  sont  cause:  la  première,  l'éloignement  de 
la  forêt  qui  est  à  cinq  grandes  lieues;  l'autre,  le  prix  énorme 


320  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

de  cette  denrée  pour  ainsi  dire  de  première  nécessité  qui  vaut 
aujourd'hui  6  sols  le  fagot  pris  sur  la  souche  et  autant  de 
voiture.  Ce  qui  contribue  à  le  rendre  cher,  c'est  l'établisse- 
ment des  forges  à  fer  de  Fréteval  <*);  si  elles  subsistent,  avant 
peu  il  sera  presqu'impossible  de  se  procurer  du  bois  pour 
aucun  prix.  Il  en  résulte  dès  à  présent  que  les  laboureurs  et 
particuliers  se  déterminent  à  brûler  leurs  pailles  et  autres 
engrais,  ce  qui  cause  un  préjudice  notable  à  l'agriculture 
dont  les  travaux  depuis  plusieurs  années  n'ont  pas  fruc- 
tifies. 

Art.  14  et  dernier.  —  Que  si  l'impôt  unique  n'avait  pas 
lieu,  il  serait  bien  à  désirer  qu?il  y  eût  une  loi  précise  sur  les 
droits  de  contrôle,  i  in  de  faire  cesser  l'arbitraire  et  les  vexa- 
tions inouïes  du  fermier,  comme  aussi  que  les  contestations 
qui  naissent  à  ce  sujet  soient  portées  devant  un  tribunal 
quelconque,  et  non  devant  MM.  les  intendants  qui  écoutent 
les  fermiers  seulement  :  personne  n'ignore  que  les  intendants 
ne  se  mêlent  des  jugements  en  cette  partie  que  pour  approu- 
ver les  prétentions  du  fermier. 

Arrêté  ce  jourd'hui  dimanche  1er  mars  1789,  après  midi, 
dans  le  lieu  où  se  tiennent  les  assemblées  de  la  municipalité 
de  ladite  paroisse,  et  avons  signé.  Ainsi  signé  sur  la  minute 
des  présentes  :  Hector  Pitou,  syndic;  Anthoine,  notaire; 
François  Brissard  ;  Louis  Gouin  ;  Jean  Martin  ;  Michel  Mar- 
tin ;  Gilles  Conin  ,  Pierre  Chevalier  :  Pierre  Dousset  ;  Jacques 
Cochet;  Louis  Martin:  Joseph  Violette;  Michel  Martin  le 
jeune  ;  Etienne  Venot  et  Louis  Maisons. 

(*)  Ces  forges,  en  effet,  ne  consommaient  exclusivement  que  du  charbon  de  bois, 
et  Tribert,  dans  son  Mémoire  sur  Vétat  des  manufactures  de  la  généralité  d'Or- 
léans, pp.  136  à  443  ,  insiste  sur  la  quantité  considérable  de  bois  employée  par 
cette  industrie;  il  évalue  au  produit  de  1.069  arpents  de  bois  de  taillis  la  quan- 
tité nécessaire  à  alimenter  annuellement  les  forges  de  la  généralité.  Dans  la 
région  de  Fréteval  le  bois  était  cependant  moins  cher,  à  cause  des  difficultés 
de  transport,  que  dans  d'autres  parties  de  la  généralité.  «  En  effet,  dit-il.  le  bois 
de  28  pouces  de  longueur,  que  dans  les  environs  de  Clamecy  on  paye  12  livres  la 
corde  de  4  pieds  sur  8,  n'est  vendu  dans  les  forêts  de  Fréteval  et  de  Mon  Uni  rail 
que  4  livres  la  corde  de  mêmes  proportions.  » 


CAHIER    DE    CIVRY  32 1 

(Suivent  2  signatures,  celles  de  :  Etienne  Venot,  député; 
Anthoine,  notaire  et  députée.) 

Arrêté  et  vérifié  par  nous,  bailli  de  Dunois. 
(Signé  :  Maury.) 

Voir  les  similitudes  avec  les  cahiers  ci-après  de  Civry  et  de  Bazo- 
ches-en-Dunoi8. 


CIVRY 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Château- 
dun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Thiville  (*>. 

Brigade  de  Chartres. 

Assemblée  le  24  juin. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et 
de  Fréteval  <3>. 

Taille  :  4.217  1.  (principal  :  1.9201.;  accessoires:  1.081  1.  ;  capi- 
tation  :  1.216  1.) 

Capitaiion  des  privilégiés  :  néant. 


-  H)  Le  cahier  de  doléances  est  immédiatement  suivi  sur  le  même  cahier  du 
procès- verbal,  et  les  signatures  se  trouvent  à  la  fin  du  procès- verbal. 

<*)  D'après  l'abbé  Bordas  (Chorographie  du  Dunois,  p.  GO).  —  Le  manuscrit  do 
Jousse  dit  seulement  pour  la  paroisse  de  Civry  :  «  Justice  :  néant  ». 

(3)  D'après  l'abbé  Bordas  [Ibid.)  c'est  le  chapitre  de  Chartres  (pii  aurait  été 
seigneur  de  Civry. 


11 


322  HAILLIAGK    DR    BLOIS 


PROCES-VERBAL 

Date  :  i«r  mars  1789. 

Président  :  Jacques  Julien  Anthoine,  notaire  du  comté  de  Dunois, 
résidant  h  Saint-Gloud.  Môme  président  qu'à  Saint-Cloud  et  Villam- 
blain. 

Population  :  104  feux. 

Comparants:  Augustin  Linget;  François  Villain  ;  Sébastien  Mar- 
chand ;  Toussaint  Juchet  ;  Pierre  Joseph  ;  Louis  Villain  ;  Pierre  Joseph; 
François  Lestrade  ;  Louis  Robillard  ;  Etienne  Faucheux  ;  Claude  Le- 
grand  ;  Pierre  Bellanger  ;  Jean  Tessier  ;  François  Robilliard  ;  François 
Sarradin  ;  Etienne  Hénault  ;  Claude  Pitou  ;  Jacques  Robilliard  ;  Jean 
Leroux;  Alexandre  Crépin  ;  Etienne  Robilliard;  Jacques  Verdry; 
François  Marchand  ;  Jean  Picheteau  ;  Jacques  Hénault  :  Claude  Bre- 
teau  ;  Jacques  Profil  ;  Augustin  Linget  ;  Jean  Bongrain. 

Députés  :  Etienne  Robilliard  et  Alexandre  Crépin. 

Suivent  22  signatures. 

Coté  et  paraphé,  le  5  mars  4789,  par  Nicolas  Maury,  bailli  géné- 
ral du  comté  de  Dunois. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la  paroisse  de 
Civry-en-Beauce \  juridiction  de  Ghàteaudun,  compo- 
sée de  100  feux. 

Les  habitants  de  ladite  paroisse  étant  assemblés,  ainsi 
qu'il  est  dit  au  procès-verbal  portant  nomination  des  députés 
et  ci-joint. 

1°  Les  habitants  de  cette  paroisse,  après  avoir  prié  pour  la 
conservation  des  jours  de  Sa  Majesté, 

2°  La  supplient  de  les  décharger  d'une  partie  des  tailles, 
corvées  et  tout  autre  impôt  sous  le  poids  desquels  ils  sont 
écrasés,  en  les  répartissant  sur  les  nobles  et  le  Clergé. 


CAHIER    DE   CIVRY  323 

3°  Ils  demandent  la  suppression  en  partie  de  celui  du  sel, 
étant  de  première  nécessité  ; 

4°  Du  droit  exclusif  de  la  chasse  accordé  à  la  Noblesse, 
parce  qu'il  enlève  au  cultivateur  une  partie  de  ses  espé- 
rances. 

£°  La  réforme  du  Code  criminel  ; 

6°  La  suppression  des  lettres  de  commillimus  qui  auto- 
rise les  injustices  du  puissant  contre  les  droits  justes  de  Fop- 
primé. 

7°  Ils  demandent  une  uniformité  dans  le  culte  de  la  reli- 
gion dans  tous  les  diocèses  de  la  France. 

8°  Abolition  de  la  milice. 

9°  Proscription  de  la  mendicité  par  des  établissements  de 
bureaux  et  d'ateliers  de  charité. 

Les  articles  10,  41,  llbis,  12,  13  et  14  sont  textuellement  identiques 
aux  articles  2,  4,  5,  6,  10  et  11  du  cahier  de  Saint  Cloud  et  aux  arti- 
cles 2,4,  5,  6,  11  et  12  du  cahier  de  Bazoches-en-Dunois,  et  l'article  15 
à  l'article  14  du  cahier  de  Saint-Cloud. 

Arrêté  ce  jourd'hui  dimanche  1er  mars  1789,  après  midi, 
dans  le  lieu  où  se  tiennent  les  assemblées  de  la  municipalité 
de  ladite  paroisse,  et  avons  tous  signé,  sauf  ceux  qui  ont  dé- 
claré ne  le  savoir. 

(Suivent  22  signatures,  celles  de:  Dubois,  syndic;  Etienne 
Robilliard,  A.  Crépin,  députés,  etc.)  M. 

Le  présent  cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Civry, 
contenant  trois  pages,  a  été  coté  par  première  et  dernière 
page  et  paraphé  ne  varielnr  par  nous,  bailli  général  du 
comté  et  bailliage  de  Dunois,  àChâteaudun,  ce  5  mars  1789. 

(Signé  :  Maury.) 

<f)  Anthoine,  président  de  l'assemblée,  a  signé  le   procès-verbal,   mais  non   le 
cahier  de  doléances. 


324  BAILMAGK    DE    BLOIS 


BAZOCHES~EN~DUNOIS 


Dép.  :  Eure-et  Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Orgères. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Molitard  (M. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  h  la  Saint-Martin  d'été. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  deMontmarcel. 

Taille  :  5.478  1.  (principal  :  2.490  ;  accessoires  :  4.411  1.  ;  capita- 
tion  :  1.577  1.) 

Capital  ion  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  18  1. 

PROCKS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Louis- André  Bignon,  avocat  en  parlement,  bailli  de  la 
haute  justice  et  seigneurie  de  Bazoches-en-Dunois. 

Population  :  86  feux. 

Comparants  :  Gourgon  Perdereau,  Louis  Joseph,  François  Richard, 
Pierre  (iassot,  Jacques  Brisson,  Jacques  Grillon,  Toussaint  Juchet, 
Cyprien  Richard,  Louis  llénault,  Denis  Moreau,  Pierre  Dreux,  labou- 
reurs ;  Fulgence  Colliot,  marchand  ;  Pierre  Guinard,  charpentier; 
Guillaume  Leboucq,  maçon  ;  Pierre  Bourgeon  ;  Barthélémy  Bataille  ; 
Jean  Houdehine,  maréchal  ;  Barnabe  Masson  ;  Marin  Chauvin  ;  Louis 
Grégoire  ;  Noël  Salle  ;  Biaise  Bellanger  ;  Alexandre  Bellanger  ;  Sébas- 
tien Fillon  ;  Louis  Garnier  Faîne  ;  Jacques  Guignoin  ;  Pierre  Ponsard  ; 
André  Marchais. 

Députés  :  François  Richard  et  Pierre  Gassot. 

Suit  1  signature. 

(*>  D'après  le  manuscrit  do  Jousso.  —  L'abbé  Bordas  [Chorographie  du  Dunois, 
p.  34)  dit  :  «  Depuis  que   le   marquis   de    Laubespinne   a  fait  l'acquisition  de 


CAHIER    DE    BAZOCHES-EN-DUNOIS  325 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes   et   remontrances   de  la 

paroisse  de  Bazoches-en-Dunois. 

Les  articles  1  à  9  sont  textuellement  identiques  aux  articles  cor- 
respondants du  cahier  de  Saint  Cloud,  et  les  articles  2,  4,  5  et  6  aux 
articles  40,  H,  41 bu  et  42  du  cahier  de  Civry. 

Art.  10.  —  Que  la  constitution  de  l'État  monarchique 
soit  constatée. 

Les  articles  4  4  à  43  sont  textuellement  identiques  aux  articles  40  à  4  2 
du  cahier  de  Saint-Cloud,  et  les  articles  44  et  42  aux  articles  43  et  44 
du  cahier  de  Civry. 

Arrêté  à  Bazoches  le  dimanche  1er  mars  1789. 

Ainsi  signé  en  l'original  des  présentes.  (Suivent  19  noms, 
ceux  de  :  Pierre  Gassot,  François  Richard,    Aubas,    etc.). 

Est  écrit  :  Vu  par  nous,  bailli  de  la  haute  justice  de  Ba- 
zoches-en-Dunois,  sur  quatre  pages  qui  ont  été  de  nous 
cotées  et  paraphées  à  Varise  le  2  mars  1789.  Signé  :  Bignon, 

Pour  copie  conforme  à  l'original. 
(Signé  :  B.  Bataille,  greffier.) 

Certifié  la  signature  de  Bataille,  greffier  de  la  munici- 
palité, par  nous,  bailli  de  Bazoches-en-Dunois,  qui  avons  coté 
et  paraphé  et  visé  la  minute  du  procès-verbal  de  doléances. 
Le  8  mars  1789. 

(Signé  :  Bignon.) 

Basoches   [vers  1680],  il  a  transporté  l'exercice    de   la   justice   à  l'auditoire   de 
Varize.  Elle  est  du  ressort  du  bailliage  de  Dunois  à  Chàteaudun.  » 


326  BAILLIAGE    DE    H  LOI  S 


THIVILLE 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  :  deux  hautes  justices  ressortissant  à  Châteaudun,  et  une 
châtellenie  ressortissant  à  Chartres. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  Chapitre  de  Chartres. 

Taille  :  6.749  1.  (principal  :  3.i80  1.  ;  accessoires  :  4.555  1.  ;  capi- 
tation  :  2.044  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  David  Sarradin,  laboureur,  membre  de  la  municipalité 
faisant  les  fonctions  de  syndic  en  l'absence  de  Messire  Goislard  de 
Moresville,  syndic. 

Population  :  107  feux. 

Comparants  :  Jean-Baptiste  Lemâne  ;  Pierre  Desbrée  ;  Marin  Nou- 
vellon,  Jean  Lestrade,  Jacques  Faucon  net,  membres  de  la  municipa- 
lité ;  Louis  Lecointre,  Jean  Chaussidier,  Marc  Vivier,  adjoints;  Guil- 
laume Goin;  Pierre  Lestrade;  Jean  Boissière;  Charles  Perrière;  Joseph 
Foulon;  Louis  Lestrade;  Etienne  Géré;  Louis  Ropton;  François  Roger; 
Henri  Blanchard  ;  Nicolas  Elie  et  plusieurs  autres  habitants.  Reg- 
nont,  curé,  n'est  pas  cité  parmi  les  comparants,  mais  a  signé  le  procès- 
verbal. 

Députés  :  Pierre  Desbrée  et  Marin  Nouvellon,  laboureurs. 

Suivent  21  signatures. 

Le  procès-verbal  a  été  visé  le  8  mars  par  Bignon,  bailli  de  la  châ- 
tellenie de  Thiville  «  qui  n'a  pu  présider  l'assemblée,  ayant  vaqué  le 
môme  jour  à  la  môme  opération  dans  une  autre  justice  ». 


CAHlKlt    DE    THIVJLLK  327 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

1°  Les  habitants  de  la  paroisse  de  Thiville  représentent 
que  leur  bourg  esl  une  grande  partie  de  Tannée  inondé,  ce 
qui  en  rend  l'habitation  malsaine  ;  ils  demandent  que  sur  les 
travaux  de  charité  il  en  fût  ordonné  une  somme  suffisante 
pour  réparer  les  rues  de  ce  bourg. 

2°  Que  les  impôts  fussent  payés  dans  toute  Té  tendue  du 
royaume  proportionnellement  aux  facultés  de  chaque  indi- 
vidu. 

3°  Que  tous  les  impôts,  tels  qu'ils  puissent  être,  demeurent 
supprimés  si  l'on  sépare  l'assemblée  des  Etats  généraux  sans 
faire  droit  aux  cahiers  présentés  à  Sa  Majesté  par  lesdits 
États  généraux. 

4°  La  suppression  des  maîtrises. 

5°  L'uniformité  des  mesures. 

6°  La  réforme  dans  la  justice,  les  frais  que  font  les  plai- 
deurs excédant  souvent  le  prix  de  la  chose  en  litige. 

7°  Que  le  droit  de  franc-fief  ne  fût  perçu  que  lorsque  le 
fief  serait  composé  au  moins  de  12  arpents  W. 

8°  La  suppression  des  aides  et  gabelles. 

9°  Que  les  gros  décimateurs  fussent  chargés  de  toutes 
espèces  de  réparations  aux  églises,  clochers,  presbytères, 
etc.,  ces  objets  étant  toujours  à  la  charge  des  propriétaires  et 
locataires. 

10°  Que  le  Clergé  et  main-mortes  fussent  autorisés  et 
même  obligés  de  recevoir  le  remboursement  de  tous  leurs 
droits  seigneuriaux,  sur  la  juste  appréciation  qui  en  sera  faite 
à  l'assemblée  générale  des  Etats  généraux,  suivant  la  valeur 
des  terres  de  chaque  canton  où  ils  perçoivent  leurs  droits. 

11°  Que  le  gouvernement  ne  pût  jamais,  sous  quelque 

0)  Environ  5  hectare*». 


328  BAILL1AGK    DE    BL01S 

prétexte  que  ce  fût,  ordonner  la  levée  d'un  nouvel  impôt 
qu'il  ne  fût  préalablement  consenti  par  la  Nation  assemblée. 

12°  Que  l'assemblée  des  Etals  généraux  eût  lieu  au  moins 
tous  les  cinq  ans  et  que  les  ministres  fussent  obligés  d'y  ren- 
dre compte  de  leur  gestion. 

13°  Qu'il  fût  établi  dans  chaque  paroisse  un  bureau  de 
charité  composé  du  seigneur  ou  *on  représentant,  du  curé  ou 
de  deux  notables  habitants,  où  tous  ceux  qui  jouissent  d'une 
certaine  aisance  verseront  leur  superflu,  afin  de  faire  subsis- 
ter les  familles  indigentes  de  leur  paroisse. 

14°  Que  les  seigneurs  de  fief  ne  puissent  faire  passer  aux 
propriétaires  qui  ont  des  terres  dans  leurs  seigneuries  plus 
d'une  reconnaissance  pour  tout  ce  qu'ils  possèdent,  quand 
même  ils  auraient  plusieurs  fiefs  réunis. 

15°  Qu'il  soit  établi  de  distance  on  distance  des  médecins, 
tant  pour  les  hommes  que  pour  les  animaux,  et  qui  seront 
obligés  de  faire  leurs  fonctions  gratis. 

16°  Qu'on  établisse  la  liberté  de  la  presse,  et  même  qu'il 
fût  établi  une  imprimerie  dans  toutes  les  villes  qui  ont 
4,000  àmcs. 

17°  Que  tout  citoyen  ne  puisse  être  privé  de  sa  liberté  que 
suivant  les  lois  du  royaume  ot  non  arbitrairement. 

18°  Qu'il  fut  établi  des  Etats  provinciaux  par  tout  le 
royaume. 

19°  La  suppression  des  justices  seigneuriales  qui  pourraient 
être  remplacées  par  un  tribunal  composé  du  seigneur  d'un 
fief  dans  la  paroisse,  du  curé  et  d'un  notable  habitant  de  la 
paroisse  ;  la  partie  condamnée  au  plus  prochain  juge  royal 
serait  punie  d'une  amende  envers  le  bureau  des  pauvres  de 
la  paroisse,  si  elle  succombait  dans  sa  cause. 

20°  11  se  trouve  une  ferme  dans  leur  paroisse  alternative, 
au  moyen  de  quoi  elle  paye  taille  une  année  dans  leur  paroisse 
et  l'autre  année  dans  la  paroisse  de  Charray,  ce  qui  fait  et 


CAHIER    DE   THIVUXE  329 

cause  toujours  du  dérangement  dans  la  répartition  du  rôle 
de  leur  taille  ;  en  conséquence  ils  demandent  que  cette  ferme 
soit  tout  à  fait  de  leur  paroisse  ou  tout  à  fait  de  celle  de 
Charray,  et  que  leur  paroisse  soit  déchargée  en  entier  de 
l'impôt  que  ladite  ferme  doit  supporter. 

21°  Les  fermiers  des  dîmes  usent  de  la  liberté  qu'on  leur 
laisse  de  se  faire  imposer  à  leurs  domiciles  qui  fréquemment 
se  trouvent  dans  les  villes  taillables,  ce  qui  fait  une  surcharge 
pour  la  paroisse  qui  paye  dlme  ;  que  tous  les  arrangements 
soient  prohibés,  ils  tendent  à  la  destruction  des  campagnes 
par  la  surcharge  qu'ils  occasionnent. 

22°  Que  les  paroisses  fussent  dans  le  cas  de  pouvoir  impo- 
ser toutes  les  terres  qui  sont  dans  le  cas  de  soutenir  la  cul- 
ture et  que  les  propriétaires  mettent  en  bois  et  agrément. 

23°  Que  les  propriétaires  ne  réunissent  point  deux  fermes 
en  une,  attendu  que  les  gros  emplois  sont  bien  moins  cultivés 
qu'un  médiocre,  et  par  là  les  mettent  dans  le  cas  d'un 
moindre  rapport;  d'ailleurs  cela  prive  l'établissement  de  bien 
des  jeunes  gens,  et  ce  qui  fait  aussi  qu'on  ne  peut  pas  faire 
tant  d'élèves  de  bestiaux  que  ci-devant  et  qui  occasionne  la 
cherté  et  rareté. 

24°  Que  les  colombiers  soient  supprimés,  vu  que  les 
pigeons  portent  un  grand  préjudice  au  public. 

25°  Qu'un  fermier  ait  droit  de  détruire  le  gibier  qui  ravage 
et  endommage  ses  grains. 

26°  Que  les  seigneurs  n'aient  pas  le  droit  de  faire  mettre 
des  billettes  W  au  cou  des  chiens  des  fermiers,  ce  qui  les 
met  hors  d'état  souvent  de  pouvoir  servir  à  garder  leurs 
troupeaux. 

27°  Que  les  garde-chasses  n'aient  pas  le  droit  de  faire  un 
procès  sans  témoin,  et  qu'ils  n'aient  pas  le  droit  de  tuer  les 
chiens  qui  s'écartent  quelquefois  du  berger. 

(*)  Billette  :  bâton,  morceau  de  bois. 

44. 


330  iiailmagk  dk  blois 

28°  Que  leur  paroisse  est  réduite  dans  une  triste  situation, 
attendu  une  grêle  considérable  qui  a  tombé  sur  leurs  récoltes 
en  1785  et  1787,  et  en  1788  ils  ont  manqué  de  mettre  partie 
de  leurs  terres  en  blé  par  les  pluies  qui  eu  ont  rendu  la 
culture  impossible,  et  que  leur  paroisse  est  très  chargée 
d'impôts. 

29°  Que  l'impôt  de  la  corvée  fût  supprimé. 

30°  Que  les  fermiers  des  biens  de  main-morte  aient  droit 
de  jouir  jusqu'à  la  fin  de  leurs  baux,  si  au  cas  il  arrivait 
interruption  pendant  le  cours  du  bail. 

31°  Que  les  ouvriers  des  quatre  corps  de  métiers,  comme 
maréchaux,  charrons,  bourreliers  et  cordiers,  comme  faisant 
partie  du  Tiers  étal,  aient  leurs  anciens  privilèges  qu'ils 
avaient  ci-devant  dans  le  royaume,  qui  était  de  16  mois  de 
privilèges  avant  le  maître  d'hôtel  des  fermiers  leurs  débi- 
teurs. 

Fait  et  arrêté  à  Thi ville,  ce  6  mars  1789. 

(Suivent  18  signatures,  celles  de  :  David  Sarradin  ;  Desbrée; 
Nouvellon,  etc.) 

Tels  sont  les  vœux  de  la  paroisse,  en  foi  de  quoi  j'ai  signé. 
(Signé  :  Chaussidier,  greffier.) 

Vu  par  nous,  bailli  de  la  chatellenie  de  Thiville,  le  8  mars 
1789. 

(Signé  :  Bignon.) 


CORMAINVILLE 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Ârr.  :  Châteaudun  —  Cant.  :  Orgères. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel 
Bonneval.  —  Diocèse  :  Chartres. 


CAHIER    DK    LA    VILLE   DE    PATAY  33  i 

Justice  de  Chàteaudun. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Assemblée  :  le  10  août. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  l'abbé  de  Bonneval. 

Taille  :  4.504  l.  (principal  :  2.050  l.  ;  accessoires  :  4.455  l.  ;  capita- 
tion  :  4.299  l.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS  VERBAL 

Date  :  6  mars  4789. 

Président  :  Jean  Isambert,  notaire  au  comté  de  Dunois,  résidant  à 
Cormainville.  Même  président  qu'à  Patay. 

Population  :  408  feux. 

Comparants  :  François  Cointepois,  syndic  ;  François  Deschamps  ; 
Nicolas  TafToreau  ;  Jeau  Chaufeton  ;  Jules-François  Boutet  ;  Antoine 
Gauchard  ;  Pierre  Richard  ;  Louis  Foucault  ;  Noël  Pescheteau  ;  Louis 
Garnier  ;  Mathieu  Gouaches  ;  Jean  Ajon  ;  Jean  Peigné  ;  Sébastien 
Doubleau  ;  Jacques  Templier  ;  Joseph  Marchais. 

Députés  :  Nicolas  TafToreau  et  François  Deschamps. 

Suivent  43  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  celte  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


VILLE  DE  PATAY 


Dép.  :  Loiret.  —  Arr.  :  Orléans.  —  Cant.  :  chef-lieu  du  canton  de 
Patay. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Chàteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Orléans.  —  Diocèse  :  Chartres. 


332  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Justice  :  prévôté  ressortissant  à  Châteaudun  <*). 

Brigade  de  Châteaudun. 

Marchés  :  Je  mardi  et  vendredi. 

Foires  :  le  25  juillet  et  le  30  novembre. 

Commerce  et  industrie  :  fabrique  de  couvertures  de  laine. 

Principale  culture  :  blé. 

Couvent  de  filles. 

Seigneur  en  1708  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles  Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  : 1.000  habitants. 

Taille  :  7.402  1.  (principal  :  3.250  1.  ;  accessoires  :  1.792  1.  ;  capita- 
tion  :  2.060  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  employés  des  fermes  et  régies  (3  con- 
tribuables) :  10  1.  4  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date:  6  mars  1789. 

Président  :  Jean  lsambert,  notaire  du  comté  de  Dunois,  résidant  à 
Cormainville.  Même  président  qu'à  Cormainville. 

Population  :  198  feux. 

Comparants  :  Michel  Serin,  aubergiste;  Louis  Dabout,  cordier; 
Me  Charles  Gajon,  notaire  ;  René  lsambert,  laboureur  ;  Jean  Bourgeois, 
mesureur;  René  Delahaye,  marchand  de  chevaux;  Benoît  Leroy, 
chirurgien;  Jacques  Gombault,  Etienne  Chaufty,  Jean-Baptiste  Légé, 
laboureurs  ;  Julien  Gaucheron,  marchand;  Jean-Claude  Pereau, labou- 
reur; Antonin  Monnier,  tonnelier;  Antonin  Rousseau,  maréchal; 
Louis  Lecomte,  Jean  Leroux,  Jean  Paviot,  couverturiers  ;  Liphard 
Rune,  marchand;  César  Durand,  Pierre  Gajon,  bourelliers;  Jean 
Martin,  cabaretier  ;  Dominique  Javion,  marchand  de  porcs;  Jean  Dor- 


0)  «  Patay...  est  en  première  instance  du  bailliage  de  Dunois  au  siège  de  Châ- 
teaudun... Patay  n'a,  comme  Cloyes,  qu'un  prévôt  de  police  sous  le  bailli  de 
Dunois.  »  (Abbé  Bordas,  Chorographie  du  Dunois,  pp.  168  et  169). 


CAHIER    DE    VILLENEUVE-SUR-CONIE  333 

delleau,  serrurier;  Maurice  Magnai,  maçon;  Pierre  Rousseau,  labou- 
reur, et  autres. 

Députés  :  Bien  qu'elle  eut  le  droit  comme  ville  d'élire  4  députés,  la 
ville  de  Patay  n'en  nomma  que  2  :  Michel  Serin,  aubergiste,  et  Charles 
Gajon,  notaire. 

Suit  4  signature  (pour  duplicata),  celle  de  Isambert. 

Le  secrétaire  du  lieutenant  général  du  bailliage  a  ajouté  à  la  fin  du 
procès- verbal  :  «  Défaut  de  deux.  —  Nota.  Patay  a  omis  d'élire  deux 
députés  comme  ville.  » 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  la  ville  de  Patay  n'a  pu  être  retrouvé. 


VILLENEUVE-SUR-CONIE 


Dép.  :  Loiret.  — Arr.  :  Orléans.  -  Cant.  :  Patay. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Orléans.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  à  la  Trinité. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val. 

Population  en  1790  :  172  habitants. 

Taille  :  3.202  1.  (principal  :  4.5001.  ;  accessoires  :  752  1.  ;  capita- 
tion  :  950  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 


334  BAILUACK    DR    BL01S 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :6  mars  1789. 

Président  :  Charles  Gajon,  notaire  royal  du  bailliage  de  Blois  et  ta- 
bellion du  comté  de  Dunois,  résidant  à  Patay.  Même  président  qu'à  La 
Chapclle-Ozerai  n . 

Population  :  46  feux. 

Comparants:  César-Marin  Gauchard.  Jean  Jamain, Léonard  Girault, 
Pierre  Joseph,  Jacques  Morize,  Pierre  Rivierre,  François  Richard,  Lau- 
rent Pavie,  laboureurs  ;  Jean  Bouchereau,  cabaretier  ;  Charles  Barthé- 
lémy, charron  ;  Louis  Pelle,  marchand  ;  Pierre  Dioret,  marchand  et 
cabaretier  ;  Paul  Barbier,  marchand  ;  François  Marchand,  journalier, 
et  autres. 

Députés  :  César-Marin  Gauchard  et  Léonard  Girault,  laboureurs. 

Suit  4  signature  (pour  duplicata),  celle  de  Gajon. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléance  des  habitants  de  Içt  paroisse  de 

Vitleneuve-sur-Conie. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Villeneuve-sur-Conie,  sui- 
vant le  mandement  de  notre  juste  et  bienfaisant  monarque, 
qui  promet  solennellement  à  son  peuple  de  s'en  rapporter  à 
lui-même  du  soin  de  son  bonheur,  qui  invite  tous  les  Ordres 
de  l'État  à  l'éclairer  sur  les  moyens  de  réformer  ou  de  perfec- 
tionner toutes  les  branches  de  l'administration,  qui  appelle 
pour  ainsi  dire  chacun  de  ses  sujets  à  participer  au  grand 
dessein  qu'il  a  conçu  de  rendre  à  la  patrie  son  éclat  et  sa 
splendeur,  votent  et  sollicitent  auprès  du  trône  que  : 

Art.  1er.  —  On  les  décharge  de  la  taille,  de  la  capitation, 
de  l'industrie,  de  l'évaluation  de  la  corvée  et  de  la  gabelle, 
qui  seront  convertis  en  impôt  territorial  payé  parles  proprié- 
taires, aux  offres  qu'ils  font  de  payer  auxdits  propriétaires 
le  montant  de  ce  qu'ils  payent  actuellement  pour  la  taille, 


CAHIER    DE    VILLENEUVE-SUR-C0N1E  335 

la  capitation,  l'industrie  et  gabelle  jusqu'à  la  fin  de  leurs 
baux. 

Art.  2.  —  Que  ledit  impôt  territorial  sera  également  et 
dans  la  même  forme  réparti  sur  tous  les  propriétaires,  sans 
distinction  de  classe  et  d'ordre. 

Art.  3.  —  Qu'il  ne  puisse  à  l'avenir  être  levé  aucun  impôt 
sur  les  fermes  à  raison  de  leur  exploitation,  ou  sous  prétexte 
de  réparation  de  la  nef  ou  autres  réparations  communes,  qui 
ne  pourront  par  la  suite  être  supportées  que  par  les  proprié- 
taires. 

Art.  4.  —  Que  les  réparations  des  presbytères  soient  à 
l'avenir  à  la  charge  de  leur  curé,  sauf  à  augmenter  le  revenu 
dudil  curé  qui  n'a  pour  vivre  que  la  seule  et  unique  portion 
congrue,  augmentation  d'autant  plus  facile  qu'il  y  a  dans  la 
paroisse  de  Villeneuve  près  de  4,000  livres  de  revenus  en 
biens-fonds  ecclésiastiques. 

Art.  5.  —  Que,  le  revenu  de  la  cure  étant  augmenté,  le 
curé  ne  pourra  recevoir  aucun  casuel  de  quelque  espèce  qu'il 
soit,  même  casuel  volontaire. 

Art.  6.  —  Que,  comme  l'agriculture  est  la  principale  et 
pour  ainsi  dire  la  seule  et  unique  ressource  des  habitants 
pour  vivre,  ils  ne  cesseront  de  solliciter  et  voter  que  le  droit 
do  dîme  soit  aboli  comme  contraire  et  funeste  aux  cultiva- 
teurs, qui  se  trouvent  par  la  dime  privés  d'une  partie  de 
leurs  pailles  et  hors  d'état  de  faire  leurs  engrais  et  de  nourrir 
leurs  bestiaux. 

Art.  7.  —  Que  les  droits  de  chasse  soient  anéantis,  comme 
fatals  à  l'agriculture  et  contraires  au  repos  et  au  bonheur 
des  cultivateurs.  Quoi  en  effet  de  plus  nuisible  à  l'agricul- 
ture que  les  dégâts  journellement  occasionnés  en  cette 
paroisse  par  le  gibier?  Les  chasses  sont  d'ailleurs  un  fléau 
pour  les  paroissiens  par  tous  les  procès  faux  et  injustes  qui 
leur  sont  suscités,  comme  l'éprouvent  malheureusement  plu- 
sieurs habitants  de  la  paroisse  de  la  part  des  propriétaires  de 


336  BAILLIAGE    DE    BL01S 

quelques  petits  fiefs,  entre  autres  de  la  part  du  seigneur  du 
petit  fief  de  la  Détourbe  W  qui  consiste  environ  en  260  ar- 
pents (*)  au  total,  lequel  fait  attaquer  tous  les  jours  par  des 
gardes,  gens  pour  la  plupart  sans  aveu  et  sans  religion  quel- 
conque, les  paroissiens,  afin  de  trouver  le  moyen  de  leur 
faire  des  procès  et  de  les  ruiner  en  les  traînant  de  tribunaux 
en  tribunaux.  Le  nommé  Laurent  Pavie,  propriétaire  et  cul- 
tivateur de  la  métairie  de  la  Maison  Uouge*3)  située  en  cette 
paroisse,  aussi  injustement  que  cruellement  poursuivi  par  ce 
propriétaire  seigneur  de  fief,  est  une  triste  leçon  qui  fait  voir 
combien  est  pernicieux  le  droit  exclusif  de  chasse  accordé  à 
ces  petits  seigneurs  de  fiefs,  par  l'abus  et  le  mauvais  usage 
qu'ils  en  font. 

Akt.  8.  — Qu'il  soit  défendu  à  l'avenirà  qui  que  ce  soit  de 
faire  aucune  levée  traversant  la  rivière  de  laConie,  qui  partage 
en  deux  la  paroisse  dans  sa  longueur;  qu'il  soit  ordonné  que 
les  trois  levées  ou  digues  qif a  fait  faire  à  différentes  dis- 
tances le  propriétaire  seigneur  du  fief  de  la  Détourbe  soient 
crevées  et  enlevées,  afin  que  les  eaux  aient  un  libre  cours, 
attendu  que  ces  levées  ou  digues  occasionnent  des  inonda- 
tions qui  causent  dans  les  terres  ensemencées  des  pertes 
énormes;  que  la  sentence  rendue  à  la  maîtrise  des  eaux  et 
forêts  de  Châteaudun  à  cet  effet  en  faveur  d'un  nommé 
Léonard  Girault,  contre  le  propriétaire  du  petit  fief  de  la 
Détourbe,  soit  confirmée. 

Ces  levées  d'ailleurs,  s'opposantau  cours  des  eaux,  causent 
la  ruine  de  la  chaussée  de  la  paroisse,  qui  est  actuellement 
impraticable,  de  façon  que  les  paroissiens  peuvent  à  peine 
venir  à  l'église  et  que  le  curé  ne  peut  porter  les  sacrements 
aux  malades  qif  au  péril  de  sa  vie.  Ces  dernières  demandes 
forment  le  vœu  le  plus  pressant  des  habitants. 

Abt.  9.  —  Que  la  destruction  des  colombiers  et  voliers 


l'I  A  i  kilomètre  à  Test  de  Villeneuve. 

(2>  Environ  110  hectares. 

(3)  A  3  kilomètres  du  nord-ouest  de  Villeneuve. 


CAHIER   DE    V1LLENEUVE-SUR-C0N1E  337 

soit  ordonnée,  attendu  qu'il  est  de  notoriété  publique  que  la 
quantité  prodigieuse  qu'entretiennent  les  propriétaires  sei- 
gneurs de  fief,  jointe  au  grand  nombre  de  gibier,  prive  d'un 
dixième  au  moins  de  son  revenu  territorial  la  paroisse  de 
Villeneuve.  Cela  n'est  pas  difficile  à  démontrer;  si  on  fait 
attention  que  le  propriétaire  seul  du  fief  de  la  Détourbe  a 
fait  construire  depuis  quelques  années  deux  colombiers  de 
plairi  pied  garnis  chacun  d'environ  1.200  boulins,  ce  qui  fait 
au  total  2.400  boulins  qu'occupent  2.000  pigeons  qui  se  mul- 
tiplient dans  les  temps,  que  la  paroisse  est  obligée  de 
nourrir. 

Quelle  charge  monstrueuse  pour  de  pauvres  cultivateurs, 
qui  n'ont  d'autre  ressource  pour  vivre  que  celle  que  leur 
fournit  (sic)  les  fruits  qu'ils  ont  droit  d'attendre  de  la  culture 
de  la  terre  qu'ils  ont  arrosée  de  leurs  sueurs. 

Art.  10.  —  Qu'il  soit  arrêté  que  les  parlements  ne  pour- 
ront enregistrer  aucun  impôt,  ni  emprunt,  ni  création  de 
nouveaux  offices  auxquels  on  attacherait  des  émoluments, 
tant  que  les  Étals  généraux  ne  seront  pas  convoqués. 

Art.  11.  —  Que  les  frais  de  justice  soient  diminués  et  les 
procédures  abrégées,  en  réunissant  par  appel  notre  paroisse 
au    bailliage   d'Orléans  dont  elle    n'est    éloignée     que    de 

5  lieues,  au  lieu  qu'elle  est  située  à  14  lieues  de  Blois. 

Ces  demandes  et  vœux  sont  faits  et  consentis  par  tous  les 
habitants  soussignés  aussi  bien  que  par  ceux  qui  n'ont  pu 
signer,  ne  sachant  ni  lire  ni  écrire. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  François  Richard,  syn- 
dic; Léonard  Girault,  membre;  Gauchard,  greffier,  etc.) 

Paraphé  ne  varietur  par  moi,  Charles  Gajon,  notaire  du 
bailliage  de  Blois  et  tabellion  du  comté  de  Dunois  à  la  rési- 
dence de  Patay,  au  désir  de  l'acte  d'assemblée  de  ce  jour 

6  mars  1789. 

(Signé  :  Gajon.) 


338  BAILLIAGE    DE    BLOIS 


LA  CHAPELLE-ONZERAIN 


Dé  p.  :  Loiret.  —  Arr.  :  Orléans.  —  Gant.  :  Patay. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Sainte-Marie. 

Seigneur  en  1789  :  Gabriel  Latné  de  Sainte-Marie,  écuyer,  seigneur 
de  Villevesque. 

Population  en  1790  :  225  habitants. 

Taille  :  4.098  1.  (principal  :  500  1.  ;  accessoires  :  284   1.;  capita- 
tion  :  347  1.). 

Gapitalion  des  privilégiés  :  néant. 


PROCES-VERBAL 


Date  :  6  mars  4789. 


Président  :  Charles  Gajon,  notaire  royal  du  bailliage  de  Blois  et 
tabellion  du  comte  de  Dunois,  résidant  à  Patay.  Mêmç  président  qu'à 
Villeneuve-sur-Conie. 

Population  :  50  feux. 

Gomparants  :  Jacques  Pilatte;  Jean-Jacques  Triau  ;  Laurent  Pavie; 
Jean  Chartier,  François  Ferrière,  Etienne  Morizc,  Jacques  Servoin, 
laboureurs;  Jacques  (iaucheron,  marchand;  Claude  Girault,  cabare- 
tier  ;  Jean  Saquet,  journalier;  Pierre  Roberdeau,  tonnelier;  Laurent 
Thorin,  maître  d'école  ;  Jacques  Oury  l'aîné,  journalier. 

Députés  :  Jean  Saquet  et  Jacques  Gaucheron. 

Suit  4  signature  (pour  duplicata) ,  celle  de  Gajon. 


CAHIER    DE    LA    C.HAPËLI,E-OiNZBRAlN  339 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Cahier  de  plaintes  et  doléances  des  habitants  de  la  paroisse 

de  La  Chapelle-Onzerain. 

Puisque  Sa  Majesté  veut  bien  nous  honorer  de  lui  présen- 
ter nos  faibles  lumières  pour  être  réunies  à  celles  de  tant 
de  gens  si  éclairés,  nous  allons,  pour  obéir  à  son  commande- 
ment, faire  et  dicter  nos  plaintes,  doléances  et  remontrances, 
ainsi  qu'il  suit. 

La  paroisse  de  La  Chapelle-Onzerain  sollicite  humblement, 
mais  avec  instances  : 

1°  D'être  réunie  au  bailliage  d'Orléans,  dont  elle  n'est 
éloignée  que  de  5  lieues,  tandis  qu'elle  est  à  12  de  Blois. 

2°  Qu'il  lui  soit  facultatif  de  se  rédimer  de  la  dime  ecclé- 
siastique, de  toutes  redevances  seigneuriales,  par  une 
somme  une  fois  payée,  qu'elle  lui  comptera  de  suite  ou  gra- 
duellement. 

3°  Que  les  aides  et  les  gabelles  soient  supprimées  ;  le  sel 
surtout  [devra|  fixer  particulièrement  son  attention,  puisque 
la  paroisse  est  située  dans  une  contrée  de  la  Beauce  dont 
toutes  les  ressources  sont  les  grains  et  le  bétail.  La  réduction 
du  prix  du  sel  au  quart  de  ce  qu'on  le  paye  rendrait  les  bêtes 
à  laine  et  à  cornes  une  source  intarissable  de  richesse  pour 
le  pays,  si  l'on  ne  le  payait  plus  que  sur  le  pied  de  4  à 
5  sols  la  livre. 

4°  L'abolition  des  pigeons  soient  supprimés  (sic),  à  cause 
qu'ils  causent  un  très  grand  dommage  au  public,  tant  aux 
semences  qu'aux  récoltes. 

5°  L'abolition  totale  des  lettres  de  cachet. 

6°  Que  les  impôts  soient  répartis  également  sans  privilèges 
ni  distinction  de  rang. 


340  BAILLIAGE    DU    BL01S 

7°  Qu'il  n'y  ait  qu'un  seul  impôt  réparti  sur  là  fortune 
foncière. 

8°  Que  les  degrés  de  juridiction  soient  diminués,  et  qu'il 
n'y  en  ait  que  deux  au  plus,  afin  que  les  procès  ne  soient  pas 
aussi  dispendieux  qu'ils  le  sont. 

9°  Qu'il  soit  fait  un  nouveau  Code  civil  et  criminel. 

0 

10°  Qu'il  soit  formé  des  Etats  provinciaux  devant  lesquels 
seront  portées  les  plaintes  de  ce  qui  pourra  blesser  les  inté- 
rêts de  la  campagne. 

11°  Que  les  lois  sur  la  chasse  soient  abolies,  attendu  que 
les  gibiers  fréquentent  dans  nos  campagnes,  nous  ravagent 
nos  grains  et  nous  font  un  tort  considérable,  et  que,  par  ce 
moyen,  nous  ayons  tous  les  droits  de  les  détruire  sans  crain- 
dre les  procès  des  seigneurs,  qui  n'auront  pas  plus  de  droit 
que  nous  de  chasser. 

12°  Que  les  corvées  soient  payées  par  les  propriétaires  el 
jointes  à  l'impôt  territorial. 

13°  Que  tous  citoyens,  de  quelque  condition  qu'ils  soient, 
ne  puissent  être  emprisonnés  que  par  les  lois  de  F  Etat/ 

14°  Que  les  presbytères  soient  à  la  charge  des  curés,  sauf  à 
doter  les  cures  qui  ne  le  sont  pas  suffisamment. 

15°  Toutes  les  cures  à  la  nomination  des  évèques  et  at- 
tendre les  résignations. 

16°  La  juridiction  et  les  intendants  (*>  supprimés. 

17°  La  suppression  des  champarts,  qui  est  un  impôt  des- 
tructueux  (sic)  au  cultivateur  et  fait  un  tort  considérable  à  la 
terre  en  ce  qu'il  la  prive  des  empaillemenls  qu'elle  produit 
elle-même,  et  par  conséquent  de  son  engrais. 

18°  Les  vingtièmes  sont  pour  nous  un  impôt  que  (sic; 
nous  désirons  bien  aussi  la  suppression. 

(*)  Il  faut  sans  doule  lire  :  «  Les  intendants  et  leur  juridiction.  » 


CAHIEII    DE    PÉRON  VILLE  341 

19°  Il  serait  à  propos  d'empêcher  la  mendicité  et  le  vaga- 
bondage qui  entretiennent  la  fainéantise,  la  mère  de  tous  les 
crimes,  qui  mettent  à  contribution  les  pauvres  cultivateurs 
qui,  par  crainte,  donnent  au-delà  de  leur  force  pour  éviter 
les  plus  grands  maux,  tels  que  le  feu  et  les  assassinats.  On 
pourrait  employer  ces  personnes  à  des  travaux  publics,  s'ils 
étaient  en  état  de  travailler;  sinon,  on  pourrait  pourvoira 
leur  subsistance  par  d'autres  moyens  convenables  qu'il  se- 
rait à  propos  d'établir. 

Telles  sont  nos  faibles  et  respectueuses  plaintes  et  do- 
léances, auxquelles  nous  osons  prier  Sa  Majesté  de  jeter  ses 
regards  et  de  nous  décharger  de  tous  les  maux  que  nous 
causent  tous  les  impôts  susdits  en  les  supprimant.  Nous  ne 
cesserons  d'adresser  nos  vœux  et  prières  au  ciel  pour  la 
conservation  de  sa  grandeur  et  la  prospérité  de  son 
royaume. 

(Suivent  11  signatures,  celles  de  :  Jacques  Gaucheron; 
Jean  Saquet,  etc.) 

Paraphé  ne  varietur  par  moi,  Charles  Gajon,  notaire  royal 
du  bailliage  de  Blois  et  tabellion  du  comté  de  Dunois,  rési- 
dant à  Patay/au  désir  de  ladite  assemblée  des  habitants  de 
La  Chapelle,  de  ce  jour  6  mars  1789. 

(Signé  :  Gajon.) 


PÉRONVILLE 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr,  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Orgères. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun. 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 


342  BAILLIAGE   DE    RLOIS 

Assemblée  :  le  3  septembre. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  i  708  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  6.495  1.  (principal  :  2.820  1.  ;  accessoires  :  4.588  1.  ;  capita- 
tion  :  4.787  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PHOCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  4789. 

Président  :  A  la  formule  habituelle  «  sont  comparus  par  devant 
nous...  »,  le  procès-verbal  de  cette  paroisse  substitue  celle-ci  :  «  nous, 
habitants  de  la  paroisse  de  Péronville...  »,  et  la  première  personne  est 
substituée  à  la  troisième  dans  le  reste  de  la  rédaction  du  procès-verbal 
qui  se  termine  ainsi  :  «  L'officier  de  justice  étant  trop  éloigné  pour  se 
trouver  lui-même  h  l'assemblée  avec  son  greffier,  nous  l'avons  tenue 
nous-mêmes,  comme  susdit  est.  » 

Population  :  96  feux. 

Comparants  :  Sébastien  Grégoire,  Denis-Honoré-Raphaël  Lînget, 
Jean  Ilallouin,  Marc-Antoine  Gauchard,  Louis  Gosme,  Jean  Sureau, 
Claude  Servoin,  Jacques  Masson,  J.  Lubin  Neveu,  Jacques  Depussay, 
François  Pelé,  Louis  Boissière,  laboureurs;  Louis  Richard;  Louis 
Vassord  ;  François  Pelé  père  et  fils  ;  Jacques  Ruche  ;  François  Tous- 
saint ;  Louis  Robillard  ;  Philippe  Lagedemont  ;  Charles  Carrougeau  ; 
Jean  Guillemot  ;  Louis  Fleuriau  ;  Pierre  Cointepas  ;  Pierre  Roger  ; 
Pierre  Bourgeois  ;  Jacques  Michaut  ;  Claude  Doucet. 

Députés  :  Jean  Hallouin  et  Claude  Servoin. 

11  n'y  a  pas  de  signatures  au  procès- verbal  ;  elles  se  trouvent  à  la  fin 
du  c&bier  de  doléances  dont  il  est  immédiatement  suivi. 


CAHIËii    DU    PÉRON VILLE  343 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Cahier  de  la  paroisse  de  Péronville,  signé  dans  l'assem- 
blée du  3  mars  1789,  remis  à  Jean  Hallouin  el  Claude 
Servoin,  nos  députés. 

La  paroisse  demande  : 

1°  Que  toutes  les  filières  par  lesquelles  la  mauvaise  cons- 
titution présente  fait  passer  l'impôt  national  soient  suppri- 
mées. 

Observation.  —  Elle  observe  qu'il  serait  bien  plus  avan- 
tageux à  Sa  Majesté  et  à  la  Nation  qu'elle  déposât  elle-même 
son  impôt  dans  la  capitale  de  sa  province,  pour  être  remis 
immédiatement  dans  son  trésor  royal. 

2°  Que  le  commerce  du  sel,  denrée  si  nécessaire  surtout 
aux  cultivateurs,  soit  libre,  ainsi  que  les  autres  objets  de 
ferme. 

Observation.  —  Ces  objets  exigent  l'emploi  d'un  nombre 
trop  considérable  d'hommes  inutiles,  qui  seraient  dès  lors 
rendus  aux  différents  états  de  la  société. 

De  plus,  toutes  les  espèces  d'employés  causent  la  sur- 
charge de  l'impôt  sans  la  moindre  utilité  pour  l'État,  au 
détriment  des  consommateurs,  puisque  le  peuple,  qui  les 
paye  et  les  nourrit  sans  nécessité,  en  est  souvent  vexé  très 
injustement. 

3°  Que  l'impôt  mis  sur  les  terres  d'une  paroisse  ne  le  soit 
pas  à  raison  de  leur  étendue,  mais  de  leur  qualité  reconnue 
et  vérifiée  par  des  commissaires  désintéressés. 

Observation.  —  Nous  observons  que  plus  du  quart  de 
nos  terres  est  si  aride  et  si  ingrat  que  son  produit  dédom- 
mage à  peine  des  frais  de  culture.  La  dure  nécessité  qui 
avait  déterminé  les  cultivateurs  à  l'exploiter  les  a  rendus 
plus  malheureux  encore,  puisque  plusieurs  s'y  sont  ruinés 


344  BAILLIAGR   DE   BI.OIS 

successivement  à  raison  de  l'impôt  qui  est  le  même  pour  elles 
que  pour  les  meilleures. 

Nous  ajoutons  avec  doléance  qu'un  membre  chargé  d'un 
mémoire  relatif  à  cet  objet  pour  le  présenter  à  l'assemblée 
intermédiaire  de  Chàteaudun  ne  nous  a  rapporté  aucune 
réponse  ;  Ton  n'a  pas  même  lu  le  mémoire.  La  même  injus- 
tice a  encore  lieu  cette  année. 

4°  Que,  donnant  annuellement  pour  sa  part  de  la  contri- 
bution aux  corvées  la  somme  de  734  livres,  elle  soit  em- 
ployée à  rétablir  le  pont  de  la  rivière  qui  passe  à  Péronville, 
lequel  est  écroulé,  el  à  réparer  la  chaussée  qui  y  aboutit, 
laquelle  est  entièrement  rompue. 

Observation.  —  Ce  passage  est  dangereux  surtout  la  nuit 
et  coupe  la  communication  avec  une  grande  partie  de  la 
paroisse. 

5°  Que  les  taxes  prétendues  d'office  n'aient  plus  lieu,  étant 
souvent  subreptices,  principalement  pour  nous. 

Observation.  —  Un  particulier,  le  seul  riche,  s'est  fait 
nommer  garde-étalon  et  nous  a  surchargés  d'une  forte  par- 
tie de  sa  taille;  cependant,  n'ayant  pas  une  seule  jument  à 
servir,  ni  dans  notre  pays,  ni  dans  notre  province,  et  le  Roi 
ayant  dit  dans  une  déclaration  que  chaque  province  devait 
acquitter  ses  charges,  le  surcroît  dont  il  nous  a  fait  taxer  est 
injuste  ;  une  petite  paroisse  et  aussi  pauvre  que  la  nôtre  ne 
doit  point  payer  le  prétendu  service  fait  par  un  étalon  dans 
plusieurs  paroisses  d'une  province  qui  nous  est  étrangère. 

6°  Que,  sur  le  bon  que  doit  produire  le  versement  direct 
de  son  impôt  dans  le  trésor  royal,  on  veuille  bien  lui  accorder 
pendant  quelques  années  une  certaine  somme  pour  la  recons- 
truction de  son  église  qui  tombe  de  vétusté  et  exige  conti- 
nuellement des  réparations  ruineuses  devenues  inutiles  par 
le  dépérissement  total. 

7°  Que,  la  majeure  partie  des  terres  de  la  paroisse  appar- 


CAHIER    DE    PRÉNOUVELLON  345 

tenant  aux  communautés  religieuses,  lesdites  terres  soient 
pour  elle  une  ressource,  en  appliquant  à  la  cure,  lors  des 
suppressions  ou  réunions,  l'équivalent  des  dîmes  que  nous 
payons  à  notre  pasteur,  ce  qui  lui  éviterait  le  chagrin  de 
nous  faire  demander  pour  sa  subsistance  le  fruit  de  nos  tra- 
vaux et  de  nos  sueurs. 

(Suivent  19  signatures,  celles  de  :  Jean  Hallouin;  Claude 
Servoin,  etc.) 


PRÉNOUVELLON 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Orléans.  —  Grenier  à  sel  :  Ghâ- 
teaudun.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  prévôté  ressortissant  à  Châteaudun  <*>. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  8  octobre. 

•  Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Chaiies-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  358  habitants. 

Taille  :  6.042  1.  (principal  :  2.800  1.  ;  accessoires  :  4.438  1.  ;  capita- 
tion:  4.774  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

W  D*aprèsle  manuscrit  de  Jousse.  —  L'abbé  Bordas  (Chorographie  du  Dunois, 
p.  173)  cite  Prénouvellon  comme  étant  du  bailliage  de  Dunois  en  première  ins- 
tance. Les  deux  juridictions,  celle  du  prévôt  et  celle  du  bailli  de  Dunois,  devaient 
coexister. 


346  RAILLlAf.E    DE    H  LOI  S 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  4789. 

Président  :  François  Jeuftïenet,  notaire  royal  aux  bailliage  et  comté 
de  Beaugency,  résidant  ù  Ouzouer-le-Marché. 

Population  :  90  feux. 

Comparants  :  Jacques  Ronnay  ;  François,  Jean  et  Jacques  Blon- 
deau  ;  Jacques  Venot  ;  Jean  Bourgoin  ;  Etienne  Reversé  ;  Antoine 
Triau  ;  Jean-Pierre  Ronnay;  Jean-Baptiste  Coutenceau  ;  JeanHurault; 
Simon  Lestrade  ;  Claude  Renard  ;  Jean  Hénault  ;  Jean  Lestrade  ;  Jean 
Camus  ;  Julien  Langet  ;  Jean-Jacques  Boucher  ;  Louis  Boucher  ; 
Pierre  Courtin  ;  Léonard  Cornuau  ;  Pierre  Manguin  ;  François  Les- 
trade ;  Pierre  Pioger  ;  Michel  Briare  ;  François  Lemaire  ;  Laurent  Cou- 
tenceau ;  Etienne  Seigneuré  ;  Jean  Derouin. 

Députés  :  François  Blondeau  et  Jean-Jacques  Ronnay,  laboureurs. 

Suivent  42  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  de   la 
paroisse  et  communauté  de  Prénouvel  Ion. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Prénouvellon  demandent  : 

1°  L'abolition  des  tailles  pour  deux  raisons  :  1°  parce 
qu'ailes  sont  contraires  à  l'agriculture  en  ce  que  tout  impôt 
doit  se  prendre  sur  le  produit  net  des  terres  et  que  les  tailles 
se  perçoivent  par  anticipation;  2°  parce  que  la  répartition 
ne  s'en  fait  jamais  suivant  la  justice,  en  ce  qu'on  a  plus 
d'égard  à  l'étendue  qu'à  la  qualité  des  terres,  ce  qui  nous 
écrase  ici. 

2°  La  corvée  ne  '  nous  est  pas  moins  à  charge  parce 
qu'outre  le  poids  direct,  nous  avons  encore  à  supporter 
celui  des  abus  sans  nombre  qui  s'y  glissent.  Le  moyen 
d'adoucir  le  mal  à  cet  égard,  s'il  n'est  pas  possible  de  l'ôter, 
serait  de  la  faire  supporter  par  tous  les  Ordres  indistincte- 


CAHIER    DE    PRÉNOUVELLON  347 

ment:   la  justice  serait  observée   et  ces  abus   pourraient 
disparaître  par  le  grand  nombre  des  surveillants. 

3°  Nous  avons  également  à  nous  plaindre  des  aides  et 
gabelles.  Qui  ignore  les  frais  immenses  que  ces  impôts 
désastreux  occasionnent  à  la  Nation  et  le  peu  de  revenu  qui 
en  revient  au  Roi  en  comparaison  de  ses  frais? 

4°  Quels  abus  n'occasionnent  pas  aussi  le  franc-fief  et  le 
contrôle,  frais  multipliés  par  les  commis  et  procès  infinis 
qui  résultent  des  tournures  qu'on  veut  souvent  donner  aux 
actes  pour  ne  pas  être  écrasé  par  les  droits  onéreux  et 
inégaux  ! 

5°  Si  nous  jetons  les  yeux  sur  la  manière  d'administrer  la 
justice,  c'est  alors  que  nous  nous  tournons  vers  la  bonté  du 
Roi  et  que  nous  soupirons  après  le  nouvel  ordre  que 
Sa  Majesté  y  avait  introduit,  et  que  de  malheureuses  cir- 
constances ont  empêché. 

6°  Nous  ne  passerons  pas  sous  silence  la  capitation  et  le 
vingtième,  dont  on  désire  généralement  la  suppression. 

7-°  Nous  finirons  nos  doléances  par  un  objet  qui,  sans 
nous  être  trop  à  charge,  occasionne  souvent  des  difficultés, 
c'est  les  dîmes,  source  de  divisions  entre  les  pasteurs  et 
ses  brebis,  et  il  est  à  souhaiter  que  les  curés  soient  honnê- 
tement dotés  en  biens-fonds  ecclésiastiques. 

8°  Et  enfin  lesdits  habitants  observent  que  la  dureté  des 
temps  maintient  un  nombre  considérable  de  mendiants, 
composés  de  vieillards,  infirmes  et  enfants,  qu'on  ne  voit 
qu'avec  deuil  forcés  dans  des  retraites  qu'on  considère 
plutôt  comme  une  punition  que  comme  un  remède,  et  à 
quoi  on  pourrait  remédier  en  instituant  de  distance  à  autre 
dans  les  campagnes  des  hôpitaux  élevés  et  soutenus  aux 
dépens  des  communautés  ecclésiastiques  ou  du  luxe  des 
villes. 

Pour  dédommager  Sa  Majesté  des  impôts  dont  on  désire 


348  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

la  suppression,  les  habitants  de  ladite  paroisse  offrent  de  se 
soumettre  à  un  impôt  général  sans  distinction  de  privilèges. 

Arrêté  par  nous,  François  Jeuffrenet,  notaire  royal  aux 
bailliage  et  comté  de  Beaugency,  résidant  à  Ouzouer-le- 
Marché,  paraphé  ne  varietur  et  coté  par  première  et 
dernière  Lpage]  ne  varielur. 

(Suivent  12  signatures,  celles  de  :  Ronnay,  syndic; 
François  Blondeau;  Jeuffrenet,  président,  etc.) 


VERDES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

/faute  justice  non  exercée  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Saint-Rémy. 

Seigneur  en  1789  :  dame  Marie-Anne  de  Faudoûas,  veuve  de  Jean- 
Louis,  marquis  de  Courtarvel,  marquis  de  Saint-Rémy,  dame  de 
Liervilie. 

Population  en  1 790  :  530  habitants. 

Taille  :  6.700  1.  (principal  :  3.050  1.  ;  accessoires  :  4.718  1.  ;  capi- 
tation  :  1.9321.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Jean-Baptiste-Pierre  Mercier,  notaire  du  comté  de  Duoois, 
résidant  à  Verdes.  Même  président  qu'à  Membrolles. 

Population  :  108  feux. 


CAH1KR    DR    VKRDRS  349 

Comparants  :  Sébastien  Lucereau,  laboureur  et  syndic;  Etienne 
Badaire,  Louis  Goutanceau,  Jean  Boutron,  Etienne  Buttois,  laboureurs; 
Toussaint- Jacques  Villette,  aubergiste  et  laboureur;  Gabriel  Chevallier, 
maître  chirurgien  ;  François  Thibault,  marchand  et  laboureur  ;  Fran- 
çois Herpin,  boulanger;  Guillaume  Laigret.  bourelier;  Sulpice  Mercier, 
aubergiste  ;  Jean-François  Mauger,  Jean-Pierre  Bruslé,  charrons;  Martin 
Bourdoiseau,  marchand  et  laboureur;  Alexandre  Bourdoiseau,  Jacques 
Batailler,  Marc  Hénault,  laboureurs  ;  Pierre  Lucereau,  journalier  ; 
Valérien  Fontaine,  Nicolas  Delahaye,  menuisiers  ;  Pierre-Vrain  Cham- 
penois, marchand  boucher;  Pierre  Cornueau,  journalier;  Jean-Thomas 
Piédallu,  Pierre  Doucet,  laboureurs. 

Députés  :   Sébastien  Lucereau  et  Toussaint-Jacques  Villette. 

Suivent  17  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  el  remontrances  de  la 
paroisse  de  Verdes  en  Beauce,  juridiction  de  Château- 
dun,  cette  paroisse  composée  de  108  feux. 

Les  habitants  de  cette  paroisse,  étant  assemblés  par  une 
convocation  faite  au  son  de  la  cloche  en  la  manière  accou- 
tumée, pour  obéir  aux  ordres  de  Sa  Majesté  portés  par 
ses  lettres  données  à  Versailles  le  14  O  janvier  1789  pour  la 
convocation  et  tenue  des  États  généraux  de  ce  royaume,  et 
satisfaire  aux  dispositions  du  règlement  y  annexé  ainsi  qu'à 
l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général  au  bailliage  de 
Blois,  dont  ils  ont  déclaré  avoir  une  parfaite  connaissance 
tant  par  la  lecture  qui  leur  en  a  été  faite  et  publication  ci- 
devant  faite  au  prône  de  la  messe  de  cette  paroisse  par  M.  le 
curé  le  1er du  présent  mois  de  mars,  et  par  la  lecture  et  publi- 
cation et  affiches  pareillement  faites  le  même  jour  à  l'issue  de 
la  messe  de  cette  paroisse  au  devant  de  la  porte  de  l'église, 

Ont   Fhonneur  de    représenter  à   Sa  Majesté    que   cette 

en  Sic.  Lire  :  24. 


350  BAILLIAGE    DK    BLOIS 

paroisse  sans  commerce  ni  industrie,  dont  les  trois  quarts 
au  moins  des  terres  labourables  sont  très  médiocres,  est 
surchargée  d'impôts  en  tous  genres  ;  en  conséquence,  ont 
l'honneur  de  remontrer  et  requérir  : 

Art.  1er.  —  Que  l'impôt  territorial  soit  établi  sur  tous 
les  biens-fonds  de  celte  paroisse,  de  quelque  nature  qu'ils 
soient,  soit  ecclésiastiques,  nobles  ou  roturiers,  pour 
tenir  lieu  de  tous  autres  impôts  dont  cette  paroisse  est 
surchargée,  non  comprises  toutes  autres  charges  extraordi- 
naires, telles  que  sont  les  dîmes  et  autres  de  celte  espèce 
dont  il  sera  ci-après  parlé. 

Art.  2.  —  Qu'en  conséquence  de  rétablissement  dtidit 
impôt  territorial,  celui  de  la  taille,  des  dixièmes  et  capitalion 
soient  supppimés  (sic). 

Art.  3.  —  Que  la  corvée  des  grands  chemins  soit  à  la 
charge  des  trois  Ordres  par  proportion  des  facultés  de  chacun. 

Art.  4.  —  Que  les  gabelles  tant  pour  le  sel  que  pour  le 
tabac  soient  supprimées,  le  sel  étant  une  des  denrées  des  plus 
précieuses  pour  la  subsistance  du  peuple. 

Art.  ;>.  —  Que  les  droits  de  francs-fiefs  et  contrôle  des 
actes  quelconques  soient  supprimés,  ces  droits  étant  un 
obstacle  non  seulement  pour  le  bien  de  l'agriculture,  mais 
encore  pour  la  conservation  des  droits  de  propriété  des 
citoyens,  dont  la  partie  de  la  dernière  classe,  souvent  dans 
l'impuissance  de  pouvoir  contribuer  aux  droits  du  contrôle 
qui  toujours  sont  exorbitants,  demeure  sans  mettre  ordre  à 
ses  affaires,  pour  mettre  ses  intérêts  à  l'abri  de  tous  procès 
qui  pour  l'ordinaire  s'élèvent  au  défaut  des  formalités. 

Art.  6.  —  Que  les  dîmes  ecclésiastiques  soient  abolies 
dont  la  majeure  partie  des  terres  est  grevée,  ces  sortes 
de  droits  quoique  légitimement  dus  entraînant  pour  l'ordi- 
naire de  grands  inconvénients  entre  les  décimateurs  et  les 
laboureurs,  surtout  avec  leur  pasteur,  auquel  il  serait  pour 
le  bon  ordre  plus  avantageux  d'assigner  à  chaque  pasteur 


CAHIER    Dti    VERDES  351 

une  somme  fixe  et  déterminée  en  raison  de  l'étendue  de  sa 
paroisse  et  des  charges  qui  en  sont  inséparables,  ce  qui 
pour  lors  mettrait  le  pasteur  dans  le  cas  de  pouvoir  remplir 
son  ministère  gratuitement,  sans  exiger  aucune  rétribution 
pour  les  messes,  prières,  naissances,  morts,  et  mariages. 

Art.  7.  —  Que  les  grands  bailliages  soient  établis  pour 
abréger  les  longueurs  des  procédures  et  des  grands  frais 
qu'elles  occasionnent  par  l'effet  des  appels  de  tribunaux  eu 
tribunaux,  que  la  majeure  partie  des  citoyens  du  troisième 
Ordre  est  souvent  hors  d'état  de  suivre  faute  de  moyens. 

àht.  8.  —  Que  les  droits  de  champarts  tant  ecclésiastiques 
que  laïques  soient  supprimés,  ensemble  les  rentes  foncières 
seigneuriales,  ou  au  moins  qu'ils  soient  remboursables,  et 
que  tous  les  biens  en  fief  soient  mis  en  roture. 

Art.  9.  —  Les  habitants  de  celte  paroisse  ont  encore 
l'honneur  de  représenter  que,  le  prix  des  baux  de  fermes 
faits  aux  laboureurs  étant  toujours  exorbitant  eu  égard  au 
mauvais  sol  général  dans  cette  paroisse,  la  majeure  partie 
des  labourenrs  se  trouvent  souvent  dans  l'impuissance 
non  seulement  de  payer  le  prix  de  leurs  fermes,  mais 
encore  de  pouvoir  se  procurer  tous  les  moyens  nécessaires  à 
l'effet  de  bien  cultiver  les  terres,  ce  qui  cause  un  préjudice 
notable  à  l'agriculture. 

Art.  10.  —  Les  habitants  ont  encore  l'honneur  de  repré- 
senter que  la  paroisse  étant  sans  secours  pour  le  soulage- 
ment.des  pauvres  qui  y  sont  en  grand  nombre,  ce  sont  les 
seuls  laboureurs  qui  font  les  aumônes  en  pain  pour  la  nour- 
riture des  malheureux  qui  n'ont  point  d'autres  ressources 
pour  leur  subsistance,  ce  qui  est  encore  une  espèce  d'impôt 
pour  le  laboureur. 

Fait  et  arrêté  en  la  chambre  de  l'assemblée,  le  quatrième 
jour  de  mars  1789. 

(Suivent  18  signatures,  celles  de  :  Lucereau,  syndic; 
Jacques  Villette  ;  Mercier,  etc.). 


352  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

11  y  a  entre  le  cahier  de  Verdes  et  celui  de  Membrolles  des  grandes 
ressemblances  qui  sont  indiquées  plus  loin,  p.  353. 


MEMBROLLES 


Dé]).  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzoucr-le-Marché. 

Généralité  .Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Bloh  » 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun  <4>. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  lundi  de  la  Pentecôte. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  dn 
Frète  val. 

Population  en  1790  :  500  habitants. 

Taille  :  4.971  1.  (principal  :  2.240  1.  ;  accessoires  :  4.312  1.  ;  capita- 
tation  :  1.419  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  24  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Jean-Baptiste-Pierre  Mercier,  notaire  du  comté  de  Du- 
nois, résidant  à  Verdes.  Même  président  qu'à  Verdes. 

Population  :  112  feux. 

Comparants  :  Etienne  Hébert  ;  Louis  Jaunet  ;  Lubin  Touche  ;  Pierre 


(*)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  Suivant  l'abbé  Bordas  {Chorographie  du 
Dunois,  p.  140),  Membrolles  était  du  bailliage  de  Dunois,  en  première  instance  à 
Châteaudun. 


CAHIER    DR   MEMBROLLES  353 

Gaullier;  François  Brissard  ;  Gabriel  Venot;  Jean-Louis  Eslie  ;  Jean 
Bardou  ;  Louis Masson;  Luhin  Villette;  Etienne  Gouin  ;  Charles  Gouin; 
Jean-Simon  Imbault  ;  Magloire  Beccasse  ;  Jacques  Raunay  ;  Victor 
Masson;  Jérôme  Vaunais  ;  Augustin  Chapuy ;  Louis  Bruslé;  Julien 
Letrout  ;  Charles  Biondeau  ;  Pierre  Chabannie  ;  François  Marceau  ; 
François  Cuillard  ;  François  Masson;  Louis  Proust;  Mathieu  Berne- 
ton  ;  Pierre  Bourdoiseau  ;  André  Bardeau  ;  Martin  Auge  ;  Pierre 
Lemaftre. 

Députés  :  Etienne  Hébert,  laboureur,  et  Jacques  Raunay. 

Suivent  24  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la 
paroisse  de  Membrolles-en-Beauce,  juridiction  de  Châ- 
teaudun. 

Le  préambule,  les  articles  4  à  4  et  6  à  12  du  cahier  de  Verdes  ont 
été  reproduits  avec  quelques  légères  différences  de  forme  dans  le 
cahier  de  Membrolles.  Les  numéros  des  articles  y  sont  toutefois  changés 
par  suite  de  l'introduction  d'un  : 

Art.  5.  —  Que  les  aides  soient  également  supprimées,  la 
plus  grande  partie  du  produit  qui  en  devrait  revenir  à 
Sa  Majesté  se  trouvant  consommée  par  la  quantité  innom- 
brable des  employés  établis  dans  toutes  les  villes  et  bourgs  du 
royaume  pour  percevoir  celte  espèce  d'impôt. 

A  l'article  6  de  Verdes,.  l'article  7  de  Membrolles  ajoute  les  lignes 
suivantes  :  «  D'ailleurs  ces  droits  de  dîme  étant  absolument  contraires 
au  bien  de  l'agriculture,  puisqu'indispensablement  ils  entraînent  un 
déficit  dans  les  empaillements  qui  produisaient  un  engrais  de  plus 
pour  chaque  pièce  de  terre  d'où  ils  doivent  sortir  ». 

A  l'article  7  de  Verdes,  le  cahier  de  Membrolles  (art.  8)  ajoute  : 
«  Abus  qui  trop  souvent  sert  et  procure  aux  plus  riches  les  moyens 
pour  envahir  le  peu  bien  des  malheureux  ». 

L'article  8  de  Verdes  est  scindé  en  deux  comme  suit  : 

12 


334  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

Art.  9.  —  Que  les  dîmes  et  champarts  laïques  soient  sup- 
primés et  abolis,  emportant  les  mêmes  inconvénients  que  les 
dîmes  et  champarts  ecclésiastiques,  ou  bien  que  ces  droits 
par  leur  abolissement  soient  remplacés,  pour  ne  point  toucher 
aux  intérêts  de  ceux  qui  en  sont  propriétaires,  par  autres 
redevances  en  nature  de  fruits  ou  en  argent  qui  seraient 
également  renies  seigneuriales,  pourvu  qu'elles  fussent  rem- 
boursables. 

Art.  10.  —  Que  tous  les  biens  en  fief  soient  mis  en  roture, 
ce  qui  abolirait  le  droit  de  franc-fief. 

L'article  9,  devenu  l'article  il,  est  ainsi  rédigé  : 

Art.  11.  —  Les  habitants  de  cette  paroisse  ont  encore 
l'honneur  de  représenter  que,  le  prix  des  baux  des  fermes 
faits  aux  laboureurs  étant  toujours  exorbitant,  eu  égard  au 
mauvais  sol  de  cette  paroisse  qui,  pour  ôtre  dédommagée  des 
mauvaises  récoltes  si  fréquentes  depuis  plusieurs  années,  est 
dépourvue  de  toute  autre  espèce  de  ressources,  les  cultiva- 
teurs, sur  qui  retombent  toutes  les  charges  des  impôts  de  la 
taille  et  des  corvées,  se  trouvent  continuellement  dans  l'im- 
puissance de  pouvoir  les  acquitter,  suite  indispensable  delà 
détérioration  des  terres  labourables  procurée  par  les  mau- 
vaises récoltes  depuis  plusieurs  années  dans  cette  partie  de 
la  Beauce  appelée  communément  la  Beauce  pouilleuse. 

L'article  10,  devenu  l'article  là,  se  termine  ainsi  :  «  Pour  l'abolir 
il  serait  donc  nécessaire  qu'il  y  fut  établi  un  bureau  de  charité  fondé 
tel  qu'il  plairait  à  Sa  Majesté  ». 

Viennent  ensuite  les  deux  articles  suivants  : 

Art.  13,  —  Que  tous  les  privilèges  pécuniaires  des  villes 
qui  tombent  à  la  charge  des  habitants  des  campagnes  soient 
supprimés,  ainsi  que  les  droits  d'octroi  dans  les  villes,  à  la 
décharge  desdits  habitants  de  campagne,  lesquels  ne  doivent 
et  n'ont  aucun  intérêt  de  contribuer  à  l'embellissement  des 
villes. 


CAHIER    DR    SÊWERVILLE  355 

À  ht.  14.  —  Enfin  dans  le  cas  où  il  plaise  à  Sa  Majesté 
d'établir  un  seul  et  unique  impôt  sur  les  propriétés  des  biens, 
ainsi  qu'il  est  demandé  en  l'article  1er  ci-dessus,  les  habitants 
de  cette  paroisse  ont  encore  l'honneur  de  remontrer  qu'ils 
désireraient  que  les  fermiers  fussent  compris  dans  les  rôles 
d'impositions  et  chargés  de  payer  pour  les  propriétaires  en 
raison  de  leur  exploitation. 

Fait  et  arrêté  en  la  chambre  de  l'assemblée  le  4  mars 
1789. 

(Suivent  24  signatures,  celles  de  :  Hébert  ;  Corneau,  syn- 
dic ;  J.  Raunay;  Mercier,  notaire,  etc.) 


SÉMERVILLE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Chartres  W. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  les  Bénédictins  de  Blois. 

Population  en  1790  :  161  habitants. 

Taille  :  2.354  1.  (principal  :  1.080  1.  ;  accessoires  :  590  1.  ;  capita- 
tion  :  684  1.) 

Capitation  :  684  1. 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 


<*)  Sic.  L'éloignement  de  Chartres  et  la  situation  de  la  paroisse  de  Sêmerville, 
entourée  de  paroisses  relevant  toutes  de  la  brigade  de  Châteaudun,  nous  fait 
penser  que  le  manuscrit  de  Jousse  est  sans  doute  inexact  sur  ce  point. 


356  BAILLIAGE    DE    BL01S 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jean-Jacques  Grugier,  syndic. 

Population  :  38  feux. 

Comparants  :  Noël  Bigot  ;  Lubin  Després  ;  François  Bigot;  Claude 
Iiuet  ;  François  Beaugendre  ;  André  Brûlé  ;  René  Mallet  ;  Nicolas  Henri; 
Jacques  Visage  ;  Laurent  Verdier  ;  Jacques  Lévrier  ;  Pierre  Badaire  ; 
Pierre  Henri  ;  Eustache  Pelle  ;  Jacques  Binet  ;  Jean  Rousseau  ;  Louis 
Picard  ;  François  Dubreuil. 

Députés  :  Jean-Jacques  Grugier  et  Noël  Bigot. 

Suivent  12  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Comme  il  parait,  Monsieur,  par  la  lettre  du  Roi  et  votre 
ordonnance  que  vous  nous  avez  fait  l'honneur  de  nous  en- 
voyer, que  l'intention  du  Roi  est  que  chaque  paroisse  donne 
son  avis  à  l'assemblée  que  vous  devez  tenir  le  9  du  présent 
mois  en  votre  bailliage  de  BIois,'ce  qui  nous  parait  inutile, 
sachant  bien  que  vous  ne  manquez  pas  de  lumière  et  que 
vous  êtes  beaucoup  mieux  dans  le  cas  de  savoir  ce  qui  con- 
vient dans  une  affaire  d'une  si  grande  importance  que  nous, 
néanmoins,  puisque  nous  en  sommes  requis,  nous  allons  vous 
mettre  devant  les  yeux  les  besoins  les  plus  pressants  du 
peuple. 

Nous  n'entendons  pas  parler  ici  de  la  misère  que  la 
cherté  cause,  elle  est  assez  connue  tant  à  la  ville  que  dans 
la  campagne  (que  si  néanmoins  on  pouvait  y  apporter 
quelque  remède,  cela  ferait  un  grand  bien)  ;  maifî  des  be- 
soins que  l'assemblée  peut  bien  représenter  aux  yeux  de 
notre  grand  monarque  et  que  ses  lois  peuvent  faire  cesser. 

1°  Représenter  que  le  prix  du  sel  est  une  grande  charge 
pour  le  pauvre  peuple,  qui  le  prive  du  nécessaire,  le  prive 
de  la  nourriture  et  de  la  force  de  leur  corps,  dont  ils  ont  si 


GAH1EB    DE   SÉMERVILLE  357 

grand  besoin.  On  n'est  pas  surpris  d'entendre  qu'un  pauvre 
artisan  soit  réduit  au  pain  et  à  l'eau  :  mais  s'il  avait  une 
bonne  soupe,  cela  lui  ferait  un  grand  bien  ;  mais  la  cherté 
du  sel  en  ôte  le  moyen.  Plusieurs  provinces  de  ce  royaume 
jouissent  de  ce  privilège  ;  mais  pour  nous,  [nous]  en  som/nes 
privés. 

Quelle  occasion  pour  éterniser  la  mémoire  d'un  Roi,  d'un 
premier  ministre,  enfin  de  toute  l'Assemblée  Nationale  ! 
Quelle  joie  inexprimable  dans  le  cœur  des  peuples  !  Quels 
vœux  ne  pousseraient-ils  pas  vers  le  ciel  pour  la  santé  et 
prospérité  d'un  si  grand  Roi,  sril  était  possible  d'y  apporter 
quelque  diminution  ! 

2°  De  demander  que  les  corvées  soient  remises  en  leur 
premier  état  ;  qu'il  est  beaucoup  plus  facile  à  un  laboureur, 
qui  a  toujours  ses  chevaux  et  ses  domestiques,  de  faire  sa 
corvée  lui-même  que  de  payer  des  50  ou  60  livres  ;  qu'il  se 
trouve  toujours  dans  le  cours  dune  année  des  temps  où  on 
ne  peut  travailler  à  la  terre,  qui  leur  donnent  le  moyen  de 
faire  leur  corvée. 

3°  De  représenter  que  dans  celte  province  il  y  a  beaucoup 
de  terres  sujettes  au  droit  de  terrage  à  la  douzième  ou  au- 
trement, ce  qui  dégrade  infiniment  les  terres,  ôte  le  moyen  au 
cultivateur  d'établir  son  troupeau  et  de  fumer  ses  terres. 
Comme  la  plupart  de  ces  terrages  appartiennent  au  clergé 
qui  ne  peut  faire  aucun  arrangement  avec  kles  propriétaires 
afin  que  ces  charges  se  payassent  (sic)  en  argent  ou  en  grains, 
s'il  était  autorisé  à  faire  des  arrangements  avec  les  proprié- 
taires, cela  ferait  un  grand  bien. 

4°  On  parle  de  réformer  les  abus.  On  ne  voit  rien  de  si 
clair  que  dans  le  clergé.  A  quoi  sert  une  infinité  de  prieurs 
qui  ont  5  à  6.000  livres  de  rentes?  On  répondra  que  ce 
n'est  pas  trop  pour  faire  vivre  un  ecclésiastique.  Mais  com- 
ment fera  donc  le  curé  qui  dessert  la  paroisse  qui  dépend  de 
leur  bénéfice,  à  qui  ils  ne  donnent  que  700  livres  ?  Pourquoi 
donc  un  curé  dans  une  paroisse  n'a  que  8  à  900  livres  et  que 


358  BAILLIAGE    DE    BL01S 

dans  une  autre  il  a  jusqu'à  3  à  4.000  livres,  et  qu'ils  font 
payer  leur  droit  autant  l'un  comme  l'autre  ?  L'abondance  ne 
sert  de  rien  ici.  S'il  arrive  qu'une  femme  perde  son  mari, 
reste  veuve  avec  trois  ou  quatre  enfants,  fort  souvent 
sans  bien  et  sans  pain,  ils  ne  laissent  pas  d'en  tirer 
6  ou  8  livres  s'ils  peuvent.  S'il  arrive  que  la  femme  meurt 
peu  de  temps  après,  on  fait  nommer  un  tuteur  qui  fait 
vendre  le  peu  qui  se  trouve  dans  la  maison  pour  payer 
les  enterrements,  le  droit  du  notaire  et  le  contrôle  ;  et  les 
enfants  restent  sur  le  pavé,  à  la  charge  du  tuteur  qui  a  déjà 
trop  de  sa  famille  à  nourrir.  Ces  enfants  sont  obligés  de 
mendier  leur  vie  :  il  arrive  de  là  fort  souvent  des  malfaiteurs. 
Ces  enfants  ainsi  abandonnés  manquent  de  correction  et  n'ont 
personne  pour  les  conduire  à  l'ouvrage  ;  si  les  parents  par- 
lent de  les  corriger,  ils  s'en  vont  dans  un  autre  pays  ;  la  force 
les  prend  ;  on  ne  veut  plus  les  souffrir  mendier  ;  ils  ne  savent 
rien  faire  ;  ils  s'abandonnent  avec  d'autres  qui  souvent  de- 
viennent voleurs.  Pour  remédier  à  ce  malheur,  si  on  pouvait 
faire  placer  ces  enfants  à  l'hôpital,  où  ils  seraient  instruits 
de  leur  devoir  et  à  travailler,  et  pourraient  faire  de  bons  ci- 
toyens. 

5°  Représenter  que  dans  une  paroisse  de  38  feux,  payer 
2.300  livres,  c'est  une  grande  charge  de  tailles  et  imposi- 
tions pour  un  terrain  très  mauvais  qui  produit  très  peu  de 
blé  et  encore  moins  d'avoine,  parce  que  ces  terres  se  trou- 
vent dégradées  à  cause  du  droit  de  champart  qui  en  emporte 
les  égratsd  depuis  si  longtemps.  La  plus  grande  partie  deces 
terres  ne  serait  bonne  qu'à  sainfoin  qui  ne  pourrait  servir 
qu'à  pâturer  les  bestiaux  ;  que,  à  cause  du  droit  de  terrage, 
on  est  obligé  de  la  faire  faucher  pour  payer  le  droit  en  na- 
ture ;  que  souvent  on  n'en  recueille  pas  pour  payer  le  fau- 
cheux (*).  S'ils  n'étaient  point  sujets  à  ce  droit,  celles  qui  sont 

(*)  Egrats  :  ce  qui  reste  des  céréales  quand  le  grain  est  enlevé  (Thibault,   Glos- 
saire du  pays  blaisois,  pp.  9  et  132). 
(*)  Faucheur. 


cahier  d'ouzocer-le-doyen  359 

ensemencées  en  sainfoin  serviraient  de  pâturage  et  après  rap- 
porteraient beaucoup  plus  de  grains. 

Fait  et  arrêté  en  l'assemblée  municipale  de  la  paroisse  de 
Semerville  en  présence  de  nous,  syndic,  membres,  députés 
et  autres  habitants  qui  ont  tous  signé,  sauf  ceux  qui  ont  dé- 
claré ne  le  savoir,  le  7  mars  1789. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  Grugier,  syndic  ;  F.  Bi- 
got, etc.) 


OUZOUER~LE~DOYEN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois. —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chftteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val. 

Population  en  1790  :  402  habitants. 

Taille  :  5.471  1.  ;  (principal  :  2.500  1.  ;  accessoires  :  1.387 1.  ;  capita- 
tion:  1.5841.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  24  1. 

PROCES-VERBAL 

Nous  ne  possédons  pas  le  procès-verbal  de  cette  paroisse. 

Le  procès-verbal  de  rassemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois 
nous  donne  les  renseignements  suivants  : 

Population  :  103  feux. 


360  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Députés  :  Guillaume  Coulmeau,  bourrelier,,  et  Augustin  Corniller, 
laboureur. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cabier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LA  FERTÉ-VILLENEUIL 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Cbâteaudun.  —  Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Foires  :  le  8  septembre,  le  9  octobre  et  le  H  novembre. 

Principale  culture  :  blé. 

Hôtel-Dieu  n'ayant  que  quatre  lits  W. 

Deux  paroisses  :  Saint-Pierre  et  Saint-Martin. 

Seigneur  en  1768  :  comte  de  Sourches. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Hilaire  du  Bouchet,  chevalier,  comte  de 
Sourches,  chevalier  de  Saint-Louis. 

Taille  :  2.202  1.  (principal  :  J.020  1.  ;  accessoires  :  536  1.  ;  capita- 
tion  :  646  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  4789. 

Président  :  Jean  Vivier,  syndic. 

Population  :  445  feux. 

Comparants  :  Louis  Turelier,  Charles  Rousseau,  Jacques  Perche- 

(*)  Abbé  Bordas,  Chrorographie  du  Dunois,  p.  106. 


CAHIRR    DE    LA    FERTÉ-VILLKNEUIL  361 

ron,  Denis  Aubry,  Mathurin  Carougeaux,  René  Cornet,  officiers  muni- 
cipaux ;  Jean  Pauver  ;  Jean  Leserre  ;  Pierre  Arnou,  laboureur  ;  Dona- 
tien Picot;  Louis  Bougouin  ;  Etienne  Rousseau  ;  Henri  Beulay  ;  Pierre 
Cornet  ;  Gilles  Sivierou  ;  Marin  Mondamer  ;  Pierre  Bourgeois  ;  Henri 
Géré  ;  Joseph  Lemaire  ;  Jacques  Leclair. 

Députés  :  Jean  Vivier  et  Pierre-Lubin  Guillon. 

Suivent  47  signatures  identiques  h  celles  du  cahier  et  40  autres. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  plaintes,  doléances  et  remontrances  des  deux 
paroisses  Saint-Pierre  et  Saint-Martin  de  la  Ferlé- 
Villeneuil,  que  les  habitants  font  à  Sa  Majesté  devant 
MM.  les  juges  présidiaux  du  bailliage  de  Blois. 

Messieurs, 

1°  Nous  nous  plaignons  que  tous  les  impôts  de  nos  parois- 
ses sont  trop  considérables  relativement  à  la  taille  et  des  (sic) 
autres  impositions,  par  rapport  à  nos  terres  qui  sont  1res 
mauvaises,  et  à  cause  du  grand  nombre  d'individus  qu'il  y  a 
dans  nos  paroisses,  formant  les  trois  quarts  de  nos  habitants, 
[qui]  sont  cause  que  le  surplus  sont  écrasés  (sic)  de  tailles  ; 
en  voici  la  raison  :  il  n'y  a  que  quatre  laboureurs,  deux 
meuniers  et  quelques  autres  artisans  ;  et  que  nous  sommes 
obligés  de  nourrir  ces  individus,  ce  qui  nous  forme  une 
double  taille. 

2°  Nous  représentons  que  nous  avons  dans  nos  paroisses 
un  Hôtel-Dieu  qui  jouit  de  plus  de  6.000  livres  de  rentes  (*), 
dont  l'administration  en  est  faite  par  gens  de  partialité  dépen- 
dant tous  du  seigneur  qui  en  est  le  fondateur  et  qui  le  régit 
à  son  gré  et  à  sa  volonté,  et  que  Ton  ne  sait  pas  ce  qu'en 


0)  «  Cet  H6tel-Dieu,  dit  l'abbé  Bordas,  n'a  que  seize  cents  livres  de  revenu  et 
bien  des  charges  »  [Chorographie  du  Dunois,  p.  108).  Cette  appréciation  plus 
vraisemblable  montre  combien  seraient  exagérées  certaines  des  critiques  qui 
suivent  sur  l'administration  et  l'emploi  des  biens  de  cet  établissement. 

42. 


362  BAILLIAGE    DK    BLOIS 

deviennent  les  revenus  depuis  qu'on  a  ôté  l'administration  aux 
notables  du  lieu  ;  que  cet  Hôtel-Dieu  n'ayant  que  deux  filles 
sœurs  et  une  domestique,  et  n'étant  garni  que  de  quatre  lits 
qui  les  trois  quarts  de  l'année  ne  sont  point  employés,  doit 
avoir  un  fonds  considérable  et  sur  lequel  on  aurait  dû  pour- 
voir aux  besoins  des  pauvres  des  deux  paroisses,  ce  qui  n'a 
pas  été  fait  moitié  de  ce  qu'on  aurait  dû  faire,  dans  un  temps 
aussi  critique  que  celui-ci  où  nous  sommes,  ce  qui  aurait 
soulagé  les  notables  de  ces  paroisses  qui  ont  été  obligés  de 
redoubler  leurs  aumônes  envers  ces  individus. 

Comme  l'on  voit,  cet  Hôtel-Dieu  est  gouverné  par  un  règle- 
ment particulier  qui  n'est  point  conforme  au  gouvernement 
général  par  les  différents  abus  qui  s'y  rencontrent,  comme  il 
suit. 

Cet  Hôtel-Dieu  est  fondé  de  deux  messes  par  semaine,  et 
il  y  a  plus  de  quatre  ans  qu'elles  rf  ont  été  dites  et  célébrées 
en  cette  maison. 

Qu'il  n'y  a  point  de  médecin,  ni  chirurgien,  qui  visite  et 
traite  les  malades,  quoi  qu'il  y  en  ait  un  de  dénommé  éloi- 
gné de  plus  de  deux  lieues  ;  mais  les  malades  n'en  sont  pas 
mieux  traités  à  tous  égards,  parce  qu'il  n'exerce  point  audit 
Hôtel-Dieu  ;  s'il  est  nommé  par  le  bureau,  ce  n'est  seulement 
que  pour  la  forme  ;  et  que  c'est  les  sœurs  qui  tiennent  lieu 
de  médecin  et  de  chirurgien,  depuis  leur  établissement. 
Encore  si  une  personne  a  1b  malheur  de  tomber  malade 
depuis  le  dimanche  jusqu'au  samedi  suivant,  il  (sic)  n'est  point 
admissible  audit  Hôtel-Dieu,  par  faute  de  provision  pour  le 
gouverner  ;  c'est  pourquoi  les  malades  ne  tentent  point  d'y 
aller  à  cause  du  défaut  de  traitement. 

Comme  cet  Hôtel-Dieu  a  un  gros  revenu,  Ton  pourrait 
l'augmenter  de  quatre  lits  pour  les  infirmes  et  gens  d'âge 
qui  ne  peuvent  gagner  leur  vie  et  ne  peuvent  aller  la  cher- 
cher. 

Comme  on  a  fondé  un  Hôtel-Dieu  à  Romilly  en  1693  W  et 

(l)  Cf.  Abbù  Bordas,  Chorogvaphic  du  Dunois,  pp.  10C  à  108.  L'Hôtel-Dieu  de  la 


CAHIER    DE    LA    FERTÊ-VILLENEUIL  363 

que  l'on  a  réuni  l'Hôtel-Dieu  de  La  Ferté  ensemble  la  mala- 
die rie  et  le  moulin  de  Saint-Laurent  W  et  celle  des  CloyesW, 
Ton  ne  voit  point  que  les  biens  de  l'Hôtel-Dieu  de  Romilly 
soient  affermés  conjointement  avec  ceux  des  autres  établisse- 
ments. 

Nous  demandons  la  suppression  ou  le  changement  de  la 
sœur  Adélaïde,  parce  qu'il  y  a  plus  de  20  ans  qu'elle  est 
audit  Hôtel-Dieu,  Tordre  étant  qu'elles  seront  renouvelées 
tous  les  3  ans,  et  que  c'est  par  elle  que  se  commettent]  plu- 
sieurs abus. 

3°  Nous  demandons  que  les  rivières  soient  curées  et 
débourbées  aux  dépens  des  seigneurs  de  qui  ils  (sic)  appar- 
tiennent, parce  que  ces  rivières  étant  trop  pleines  et  ces 
émondisses  <3)  font  que  les  eaux  s'évasent  et  se  répandent 
dans  les  prés  voisins  et  les  gâtent  totalement. 

4°  Nous  demandons  aussi  que  la  banalité  des  moulins  et 
fours  banaux  soit  supprimée,  attendu  que  cette  servitude  est 
tout  à  fait  suspecte  aux  vassaux  en  dépendant  par  la  mau- 
vaise cuisson  du  pain  et  par  l'incommodité  de  transporter 
les  pâtes  très  loin  auxdits  fours,  particulièrement  l'hiver  par 
des  temps  rudes  et  fâcheux  qui  refroidissent  les  pâtes,  et 
souvent  avec  de  bonne  pâte  on  ne  peut  faire  de  bon  pain,  et 
qu'il  y  a  encore  d'autres  inconvénients  dans  la  banalités  dont 
nous  ne  parlons  pas. 

5°  Nous  demandons  qu'il  ne  soit  point  fait  de  réunion  de 
paroisses  de  campagne  ;  nous  avons  deux  paroisses  et  nous 
n'avons  qu'un  curé,  quoique  la  cure  vacante  depuis  quatre 
ans  a  plus  de  revenus  que  l'autre,  quoiqu'elle  soit  plus 
petite  ;  ce  serait  un  grand  avantage  pour  les  paroisses  voi- 
sines que  nous  eussions  deux  curés,  parce  que  les  villages 


Ferté  avait  été  transféré  à  Romilly,  en  1693,  par  M.  de  Pleurs,   seigneur  de  la 
Ferté  et  de  Romilly,  et  fut  ensuite  rétabli  à  la  Ferté. 

(!)  Paroisse  de  Charray  (bailliage  de  Chartres). 

W  Maladrerie  de  Saint-Michel  de  Cloyes  entre  ce  bourg  et  le  hameau  d'Yron. 

(3>  Sic.  Lire  :  immondices. 


364  BAILLIAGE    DE    H  LOI  S 

voisins  on  seraient  soulagés,  vu  qu'ils  sont  obligés  d'aller 
fort  loin  chercher  des  messes  les  dimanches  et  fêtes,  ce  qui 
en  rend  une  partie  malades  dans  les  mauvais  temps,  ou  qui 
les  exclut  totalement  d'y  aller. 

6°  L'on  demande  aussi  la  suppression  des  prieurés  simples 
de  campagne,  dont  la  majeure  partie  est  possédée  par  des 
communautés  ou  clercs  tonsurés,  qui  ne  donnent  aucune  édi- 
fication dans  les  paroisses  où  sont  situés  ces  prieurés. 

7°  Nous  pensons  qu'à  l'égard  des  employés  tant  aux  aides 
qu'au  grenier  à  sel,  d  serait  nécessaire  qu'ils  fussent  entiè- 
rement supprimés,  aussi  bien  que  les  contrôleurs  ambulants 
exerçant  dans  ces  deux  classes,  aussi  bien  qu'une  partie  de 
tant  de  receveurs  multipliés,  tant  dans  les  aides  qu'au  gre- 
nier à  sel,  afin  que  les  droits  tant  sur  le  vin  que  sur  le  sel  et 
le  tabac  soient  beaucoup  modérés  ;  en  outre,  que  le  sel  et  le 
tabac  soient  marchands,  s'il  est  possible,  ou  qu'ils  soient 
réduits  au  prix  porté  par  le  mémoire  présenté  à  Sa  Majesté 
par  différents  ministres  et  particulièrement  par  M.  Necker  •*). 

8°  Nous  représentons  qu'à  l'égard  des  grandes  routes  nous 
payons  une  très  grosse  somme,  qui  nous  forme  une  seconde 
taille,  qui  nous  rend  malheureux,  parce  que  les  entrepreneurs 
profitent  de  ces  impositions  en  ne  faisant  pas  la  moitié  des 
ouvrages  qu'ils  sont  tenus  de  faire.  Il  serait  bien  plus  avan- 
tageux que  les  corvées  fussent  faites  par  un  chacun  comme 
elles  étaient  faites  ci-devant,  et  dirigées  par  un  notable,  et 
être  reçues  par  un  inspecteur  à  cet  effet. 

9°  Nous  demandons  aussi  que  les  jurés  priseurs  soient 
réformés,  attendu  que  ces  droits  ne  sont  d'aucune  utilité 
pour  la  forme  des  inventaires  et  ventes,  et  que  ces  frais  sont 
très  suspects  au  peuple. 

10°  Nous  remontrons  aussi  à  Sa  Majesté,  qu'étant  aussi 
malheureux  comme  nous  sommes,  soit  par  la  quantité  des 

<*)  Cf.  Neckor.  De  l'administration  des  finances,  t.  n,  ch.  1,  pp.  24,  et  suiv. 


CAHIER    DE    MO  LIT  A  RD  365 

impôts  que  nous  payons,  soit  par  le  défaut  des  récoltes  et 
des  autres  embarras  de  la  vie,  que  par  la  cherté  de  tout 
ce  qui  est  nécessaire  à  la  vie  humaine,  soit  par  les  charges 
do  différentes  natures  que  nous  sommes  obligés  de  sup- 
porter. 

Nous  implorons  et  supplions  très  humblement  Sa  Souve- 
raine Majesté  de  prendre  des  moyens  convenables  pour 
adoucir  nos  peines  et  calmer  nos  embarras. 

Pour  cet  effet,  nous  dressons  nos  vues  au  ciel,  pour  que 
Dieu  veuille  bien  nous  faire  la  grâce  de  conserver  notre  très 
cher  et  honorable  monarque  et  toute  la  famille  royale,  ainsi 
que  tous  les  ministres  et  officiers  de  Sa  Majesté. 

Fait  et  arrêté  en  présence  de  tous  les  habitants,  ce  jour- 
d'hui  5  mars  1789,  dont  les  uns  ont  signé  et  les  autres  ont 
déclaré  ne  le  savoir. 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  P.-L.  Guillon,  député; 
Vivier,  syndic,  député,  etc.) 


MOLITARD 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  — Arr.  :  Chàteaudun.  —  Cant.  :  Châteaudun. 
—  Comm.  :  Conie. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chàteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  1er  septembre. 

Principales  cultures  :  blé,  bois. 

Seigneur  en  1768  :  de  Prunelé. 

Seigneur  en  1789  :  Jules-Honoré,  marquis  de  Prunelé,  seigneur  de 
Mol i tard  et  de  Seillac. 


366  BAILL1ÀGK    DE    BLOIS 

Taille  :  1.137  1.  (principal  :  500  I.  ;  accessoires  :  320  1.  ;  capita- 
tion  :  317  I.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Louis-François  Gaultier,  avocat  en  parlement,  bailli 
de  la  justice  de  la  baronnie  et  châtellenie  de  Mol i tard.  Même  président 
qu'à  Moléans. 

Population  :  38  feux. 

Comparants  :  Michel  Gouin  ;  Jean-Jacques  Gommier  ;  Charles- 
Martin  Thurellier  ;  Michel-Vincent  Gaucheron  ;  René  Fugère  ;  Claude- 
Charles-Alexandre  Martineau  ;  Antoine  Pasty  ;  Claude  Contadeur  ; 
Benoît  Blin  ;  Jacques  Lenain  ;  Alexandre  Gadot  ;  Louis-Marin  Thu- 
rellier ;  Jean  Fouju  ;  Jean-Toussaint  Luffay. 

Députés  :  Jean  Gommier,  laboureur,  et  René  Fugère,  marchand, 
syndic. 

Suivent  13  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Molitard. 

11  est  sûrement  bien  des  moyens  de  pourvoir  et  de  sub- 
venir aux  besoins  de  l'État  ;  quelques-uns  tiennent  à  un  préa- 
lable indispensable  (l'examen  des  comptes  depuis  au  moins 
10  ans),  ceux-là  nous  les  abandonnons  à  la  prudence  des 
représentants  de  la  Nation  que  nous  chargeons  de  prendre 
tous  les  renseignements  possibles  à  cet  égard  ;  quelques 
autres  nous  sont  connus  et  vont  nous  occuper. 

Que  les  tailles  et  les  vingtièmes  subsistent;  nous  consentons 
ces  sortes  d'impôts,  mais  une  répartition  juste  et  égale  doit 
en  être  la  suite,  et  c'est  sur  quoi  nous  espérons  que  les  États 
voudront  bien  aviser.  Si  à  ce  système  d'égalité  on  joint  les 
moyens  de  diminuer  les  frais  de  perception  qui  sont  énormes, 


CAHIER   DE   MOUTARD  367 

la  somme  qui  parviendra  au  trésor  royal  augmentera  d'autant, 
sans  que  les  malheureuses  campagnes  en  souffrent.  Qu'avons- 
nous  besoin  de  donner  15  à  20.000  livres  à  un  receveur  par- 
ticulier? Qu'avons-nous  besoin  d'entretenir  son  luxe  et  celui 
de  sa  famille?  Ne  pouvons-nous  pas  verser  directement  dans 
le  trésor  royal  la  somme  imposée  et  répartie  entre  tous? 

Mais,  par  une  fatalité  qu'on  peut  à  peine  concevoir,  les 
malheureuses  campagnes  doivent  frayer  aux  dépenses  d'une 
foule  d'individus  qui  mettent  toute  leur  étude  à  les  écraser  ; 
les  receveurs  des  tailles  et  des  vingtièmes  ne  sont  pas  les 
seuls  dont  nous  ayons  droit  de  nous  plaindre  ;  les  commis 
aux  fermes,  les  receveurs  des  droits  de  francs-fiefs  et  de 
centième  denier  sont  autant  de  sangsues  qui  nous  épuisent. 
C'est  surtout  la  suppression  de  ces  droits  que  nous  deman- 
dons, ils  sont  insupportables  et  odieux  :  insupportables  parce 
que  je  ne  puis  payer  12  livres  lorsque  je  n'en  reçois  que  8  ; 
c'est  cependant  ce  qui  arrive  dans  la  perception  du  droit  de 
franc-fief  qui  se  trouve  augmenté  des  10  sols  pour  livre,  et 
c'est  ce  qui  met  la  plupart  de  nous  dans  l'impuissance  d'ac- 
quitter ces  droits  sans  vendre  le  fonds. 

11  y  a  plus,  c'est  qu'il  arrive  souvent  qu'il  y  a  ouverture 
au  droit  de  rachat  en  même  temps  qu'à  celui  de  franc-fief, 
de  manière  qu'avant  de  recevoir  aucun  bénéfice  de  nos  héri- 
tages nous  nous  trouvons  en  avoir  avancé  deux  ou  trois 
années  de  revenu. 

Enfin  nous  croyons"  le  droit  de  franc-fief  odieux.  On  ne 
peut  le  regarder  que  comme  une  des  dernières  ressources 
du  génie  fiscal.  Comment,  en  effet,  a-t-il  pu  venir  dans  la 
pensée  de  nous  faire  payer  le  fruit  des  travaux  de  nos  pères? 
Comment,  en  nous  assujettissant  à  une  imposition  annuelle 
qui  nous  enlève  la  majeure  partie  de  nos  revenus  fonciers, 
peut-on  exiger  en  outre  tous  les  dix  ans  au  moins  la  totalité 
de  ce  môme  revenu  ? 

Nous  avons  les  mêmes  observations  à  faire  sur  le  centième 
denier  ;  nous  pourrions  en  ajouter  quelques  autres  sur  la 
manière  dont  il  est  perçu  ;  mais  nous  croyons  ce  détail  inu- 


368  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

lile,  dans  la  confiance  où  nous  sommes  que  ces  droits  ne 
pourront  même  soutenir  l'examen  des  États. 

D'ailleurs,  les  sommes  qu'ils  donnent  au  trésor  royal  ne 
sont  point  conséquentes,  et  une  répartition  juste  de  l'impôt 
existant  ou  de  tout  autre  impôt  qui  grèverait  l'universalité 
dos  terres  du  royaume  en  dédommagerait  amplement. 

Si,  ce  que  nous  n'avons  pas  lieu  de  croire,  les  besoins  de 
l'État  exigeaient  une  masse  d'impôts  plus  considérable  que 
celle  qu'on  lève  actuellement  sur  les  peuples  du  royaume, 
ne  serait-il  pas  juste  que  les  négociants,  banquiers,  agents 
de  change,  etc.,  entrassent  pour  leur  portion  dans  la 
contribution  ?  Dans  tous  les  cas  même,  doivent-ils  être 
exempts  d'une  taxe  quelconque?  Ils  sont  sujets  du  Roi,  on 
veille  à  leur  sûreté  comme  à  la  nôtre,  ils  doivent  donc, 
comme  nous,  contribuer  aux  charges  de  l'htat. 

Nous  demandons  aussi  l'abolition  de  tous  les  privilèges  des 
villes,  parce  que  les  franchises  occasionnent  un  regorgement 
d'impôts  que  le  tiers  des  campagnes  ne  peut  plus  supporter; 

L'abolition  des  octrois  qui  ne  servent  qu'à  décorer  les 
villes  ;  si  les  habitants  de  nos  belles  cités  veulent  les  entre- 
tenir ou  en  augmenter  le  luxe,  qu'ils  s'imposent  eux-mêmes, 
mais  qu'ils  ne  nous  fassent  pas  payer  leurs  jouissances. 

L'entretien  des  routes  a  toujours  fixé  l'attention  d'un  gou- 
vernement policé,  mais  les  fonds  qu'on  lève  depuis  deux  ans 
pour  cet  objet  sont  exorbitants.  Nous  demandons  que  la 
corvée  se  fasse  en  nature  comme  autreïois  ou  qu'on  établisse 
un  péage. 

Nous  demandons  que,  dans  le  cas  où  le  déficit  serait  aussi 
énorme  qu'on  l'annonce,  on  lève  sur  les  «noblis,  les  abbés 
et  les  évoques  des  deniers  suffisants  pour  remplir  le  vide. 
Cette  demande  ne  peut  souffrir  de  difficulté.  Ce  n'est  pas  la 
première  fois  qu'on  a  levé  des  fonds  sur  les  anoblis  et  ils 
doivent  plus  que  jamais  s'y  soumettre,  les  besoins  paraissant 
extrêmes.  Les  gros  bénéficiers  sacrifieront  sûrement  sans 
peine  une  partie  de  leurs  revenus. 

Que  les  communautés  de  bénédictins  soient  réduites  à  un 


CAHIEH    DE   MOUTARD  369 

revenu  moins  fort  que  celui  actuel  ;  en  conséquence,  que 
quelques-unes  de  leurs  maisons  soient  détruites,  et  les  re- 
venus qui  en  dépendent  employés  à  quelques  établissements 
de  charité  dans  les  provinces. 

Que  les  pensions  excessives  soient  réduites  et  que  doré- 
navant on  ne  puisse  accorder  plus  de  10.000  livres  de  pen- 
sions viagères  ;  en  effet,  celui  qui  reçoit  une  pension  a  de 
la  naissance  ou  est  simple  particulier  :  le  premier  regarde 
non  la  valeur  du  bienfait  du  prince,  mais  seulement  l'hon- 
neur d'avoir  bien  mérité  de  ses  concitoyens,  d'avoir  été 
utile  à  TÉtat,  et  le  second  se  trouverait  sûrement  bien  payé 
d'une  pension  de  4  à  6.000  livres.  Les  prodigalités  n'ajou- 
tent rien  à  l'éclat  du  trône  et  ruinent  l'État. 

Que  tous  les  citoyens  soient  libres  ;  en  conséquence,  qu'on 
abolisse  l'usage  des  lettres  de  cachet.  Qu'il  ne  soit  plus  au 
pouvoir  des  ministres,  ni  de  qui  que  ce  soit,  de  priver  un 
citoyen  de  sa  liberté  sans  auparavant  avoir  rempli  les  for- 
malités qu'il  plaira  aux  États  arrêter  et  sans  être  assujetti  à 
des  lois  qu'il  est  de  l'honneur  de  la  Nation  d'établir. 

Qu'un  particulier  détenu  pour  délits  ou  crimes  soit  jugé 
sans  retard,  ou  plutôt  qu'on  fixe  le  terme  dans  lequel  il 
recevra  la  punition  ou  sa  liberté. 

Que  la  justice  soit  plus  prompte  et  moins  chère. 

Qu'on  abolisse  le  droit  de  champart  ;  ou,  si  ce  parti  parait 
trop  dur  et  n'a  pas  l'approbation  des  États,  qu'on  fixe  au 
moins  le  denier  auquel  il  sera  permis  de  le  rembourser.  Un 
pareil  droit  est  contraire  à  toutes  les  règles  d'une  sage  poli- 
tique :  il  tend  à  appauvrir  la  terre  et  à  décourager  l'agri- 
culture ;  qu'on  parcoure  nos  plaines  et  l'on  sera  convaincu 
de  cette  vérité.  On  y  verra  aussi  avec  indignation  les 
ravages  que  fait  le  gibier;  pendant  cinq  à  six  mois  nous 
avons  arrosé  nos  champs  de  nos  sueurs,  et  au  moment  où 
ils  semblent  nous  donner  les  plus  belles  espérances,  nos 
moissons  se  trouvent  détruites  sans  ressources. 

Nous  sommes  néanmoins  fort  éloignés  de  vouloir  enlever  à 
la  Noblesse  et  aux  gentilshommes  le  droit  de  chasse  qui  semble 


370  BAILLIAGE   DE   BL01S 

devoir  leur  appartenir  exclusivement  à  tous  autres,  mais 
qu'il  ne  se  trouve  plus  dans  ce  corps  des  âmes  assez  basses 
pour  se  faire  un  objet  de  gain  de  ce  qui  ne  devrait  être 
qu'honorifique  ;  quïls  aient  seuls  le  droit  de  chasser,  que 
ce  droit  soit  regardé  comme  leur  propriété,  mais  que  la 
cupidité  ne  les  porte  plus  jusqu'à  vouloir  vendre  pour  12  à 
1.500  livres  de  gibier.  Cette  spéculation  est  inique.  Nous 
demandons  qu'il  soit  fait  do  nouveaux  règlements  sur  les 
droits  de  chasse. 

Nous  demandons  le  retour  périodique  des  États,  et  que, 
dans  l'intervalle  de  chaque  tenue,  il  existe  une  commission 
intermédiaire  chargée  de  veiller  sur  les  administrateurs  des 
deniers  royaux. 

Qu'on  supprime  les  droits  d'aides  et  les  droits  sur  le  sel. 

Qu'on  laisse  la  liberté  sur  la  vente  du  tabac. 

Enfin,  qu'on  ne  puisse  établir  d'impôt  ni  faire  de  lois  sans 
le  consentement  de  la  Nation  assemblée  légalement,  et  que 
la  durée  de  l'impôt  qui  sera  établi  pour  subvenir  aux  besoins 
de  TEtat  ne  puisse  être  de  plus  de  cinq  ans. 

Fait,  arrêté  et  rédigé  par  nous  habitants,  et  signé  par  ceux 
qui  le  savent,  le  6  mars  1789. 

(Suivent  13  signatures,  celles  de  :  Jean  Gommier;  René 
Fugère,  syndic,  etc.) 

Paraphé  ne  varietur. 
(Signé  :  Gaultier.; 

Les  doléances  et  revendications  de  ce  cahier  sont  à  peu  près  les 
mêmes,  mais  beaucoup  plus  développées,  que  celles  des  articles  1,  3, 
6.  4,  5,  10,  2,  15,  7,  8,  13,  14,  i6,  i9  et  i8  du  cahier  ci-dessous  de 
Moléans. 


CAHIRft    DE    MOLE  ANS  371 


MOLEANS 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Chftteau- 
dun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principales  cultures  :  blé,  bois. 

Seigneur  en  1768  :  de  Prunelé. 

Seigneur  en  1789  :  Jules-Honoré,  marquis  de  Prunelé,  seigneur  de 
Molitard  et  de  Seillac. 

Taille  :  2.713  1.  (principal  :  1.2501.  ;  accessoires  :  671  1.  ;  capita- 
tion  :  792  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  1801. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Jacques-Louis-François  Gaultier,  avocat  en  parlement, 
bailli,  juge  civil,  criminel  et  de  police  de  la  haute  justice  et  sei- 
gneurie de  Moléans.  Même  président  qu'à  Molitard. 

Population  :  60  feux. 

Comparants  :  François  Viron  ;  Jacques  Roger  ;  Denis  Viron  ;  Jean 
Pattage  ;  Jean-Pierre  Lecœur  ;  Noël  Loualeux  ;  Jean  Tirlet  ;  Nicolas 
Gresteau  ;  Jean  Plé  ;  Jean-Pierre  Chenu  ;  Jeau  Fauset  ;  Joseph  Denis 
Louis  Clément  ;  Louis  Lépine  ;  Marin  Lévrier  ;  Jacques  Milsent 
Augustin  Lhomme  ;  Joseph  Brûlé  ;  François  Huron  ;  François  Ferré 
Laurent  Thibault,  greffier. 

Députés  :  François  Viron  et  Jacques  Roger,  laboureurs. 

Suivent  19  signatures. 


372  BAILLIAGE   DE    BL01S 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Moleans. 

On  demande  : 

1°  A  voir  les  comptes  depuis  au  moins  dix  ans,  pour  jus- 
tifier que  le  déficit  est  aussi  considérable  qu'on  l'annonce. 

2°  Que  les  anoblis,  les  moines,  les  abbés  et  les  évoques, 
dans  le  cas  où  le  déficit  existerait,  payent  une  somme  pour 
remplir  le  vide. 

3°  Qu'on  diminue  les  frais  de  perception  de  l'impôt  qui 
sera  accordé  pour  subvenir  aux  besoins  de  FÉtat. 

4°  Que  tous  les  sujets  du  Roi  indistinctement  contribuent 
à  l'impôt,  et  conséquemment  qu'on  abolisse  tous  les  privilèges 
pécuniaires  des  villes  et  des  gentilshommes. 

5°  Qu'on  abolisse  également  les  octrois  des  villes,  la  cam- 
pagne ne  devant  pas  contribuer  à  leur  embellissement. 

6°  Qu'on  supprime  tous  les  droits  de  francs-fiefs  et  de 
centième  denier  parce  qu'ils  sont  insupportables  et  odieux. 

7°  Qu'on  autorise  le  remboursement  des  droits  de  cham- 
part  à  un  denier  qui  sera  fixé  par  les  États. 

8°  Qu'on  fasse  de  nouveaux  règlements  sur  le  droit  de 
chasse,  de  manière  que  la  campagne  ne  soit  plus  dans  le  cas 
de  souffrir  de  la  trop  grande  quantité  de  gibier. 

9°  Qu'on  détruise  les  colombiers,  parce  que  les  pigeons 
causent  de  grands  ravages  dans  les  campagnes. 

10°  Qu'on  fasse  également  des  règlements  pour  l'entre- 
tien des  routes;  que  la  corvée  se  fasse  en  nature. 

1 1°  Que  le  Tiers  des  campagnes  ait  des  représentants  tirés 
de  sa  classe  dans  les  assemblées  provinciales. 

12°  Qu'il  entre  au  moins  pour  moitié  du  Tiers  dans  les 
assemblées  de  la  Nation. 


CAHIER    DK    FLACEV  373 

13°  Qu'on  établisse  une  commission  intermédiaire  des 
Elats  généraux  qui  aura  le  droit  de  les  convoquer. 

14°  Qu'on  lui  attribue  le  pouvoir  de  se  faire  rendre  compte 
tous  les  ans,  d'en  vérifier  les  pièces  justificatives,  et  de 
rejeter  celles  qui  ne  lui  paraîtraient  pas  bonnes. 

15°  Qu'on  fasse  des  règlements  sur  les  pensions  et  qu'on 
réduise  toute  celles  qui  excéderont  8.000  livres. 

16°  Que  la  tenue  des  États  généraux  soit  périodique. 

17°  Que  la  justice  se  rende  à  moins  de  frais  et  soit  plus 
prompte  ;  en  conséquence,  qu'on  diminue  les  degrés  de  juri- 
diction. 

18°  Qu'aucune  loi  ne  puisse  être  faite,  aucun  impôt  levé, 
aucun  emprunt  créé  sans  le  consentement  de  la  Nation. 

19°  Qu'on  modère  l'imposition  du  sel  et  du  tabac. 

Fait,  arrêté  et  rédigé  par  nous  habitants,  et  signé  par  ceux 
qui  le  savent. 

(Suivent  19  signatures,  celles  de  :  Jacques  Roger;  Fran- 
çois Viron,  etc.) 

Paraphé  ne  varietur. 
(Signé  :  Gaultier.) 

Les  articles  1  à  8,  10,  13  h  15,  18  et  19  de  ce  cahier  contiennent  à 
peu  près  les  mêmes  doléances  et  revendications,  mais  beaucoup  plus 
résumées,  que  le  cahier  de  Molitard. 


FLACEY 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Ghâteaudun.  —  Cant.  :  Bonneval. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Ghâteaudun.   —  Grenier  à  sel 
Bonneval.  —  Diocèse  :  Chartres. 


374  bailliage:  ne  m.ois 

Justice  de  Chftteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789:  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  3.447  1.  (principal  :  1.760  1.  ;  accessoires  :  242  1.  ;  capita- 
tion:  1.415  1.) 

Capitation  des  privilégiés  ;  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4er  mars  4789. 
Président  :  Chereau  <*),  syndic. 
Population  :  36  feux. 

Comparants  :  ne  sont  pas  nommés. 
Députés  :  Jean  Lange  et  Etienne  Venot. 
Suivent  44  signatures. 

CAHIER    DE    DOLÉANCES 

Cahier  contenant  plaintes ,  doléances,  remontrances  de  la 

paroisse  de  Flaceij. 

Ladite  paroisse  demande  : 

1°  L'abolition  de  tous  les  privilèges  pécuniaires  des  vilks 
qui  retombent  à  la  charge  du  peuple  des  campagnes. 

2°  L'abolition  des  octrois,  parce  que  nous  ne  devons  pas 
contribuer  à  l'embellissement  des  villes. 

3°  L'abolition  des  gabelles  ;  que  le  sel  soit  libre,  parce  que 


0)  Le  procès-verbal  porte  seulement  :  «  syndic  et  membre  de  la  municipalité 
de  Flacey.  »  Nous  restituons  son  nom  d'après  la  signature. 


CAHIER    DE    FLACEY  375 

c'est  une  des  plus  grandes  ressources  des  malheureux  qui 
sont  privés  d'en  prendre  leur  [part]  W,  à  cause  de  son  grand 
prix. 

4°  L'abolition  du  bureau  des  aides,  parce  que  le  petit 
peuple  qui  n'a  que  de  qu[oi]  avoir  une  bouteille  de  vin  pour 
sa  subtance  W,  est  obligé  de  la  payer  [le]  double. 

5°  L'abolition  des  tailles  ;  qu'il  n'y  ait  qu'un  seul  impôt 
sur  tous  les  biens  [du]  royaume,  afin  que  le  Clergé  et  la 
Noblesse  payent  comme  le  [Tiers],  parce  que  jouissant  de 
leurs  privilèges,  faisant  valoir  leurs  domaines  [et]  des  acces- 
soires considérables  qui  écrasent  le  Tiers  état,  les  évêques, 
[les]  abbés,  ainsi  que  les  puissants  seigneurs,  ne  se  trouvant 
pas  con[tenls  de]  jouir  de  leurs  privilèges,  donnent  leur 
abbaye  ou  domaine  à  un  fermier,  passent  bail  à  parie  <3)  et 
une  procuration  ;  ce  fermier  fait  valoir  la  majeure  partie  de 
ce  domaine  comme  chargé  de  procuration  et  non  comme 
fermier;  par  conséquent,  le  Tiers  état  paye  taille  au  Roi  et  à 
ceux  qui  jouissent  du  titre  de  noblesse,  parce  que  ce  domaine 
est  affermé  en  conséquence  et  puisqu'il  ne  paye  aucune 
taille. 

6°  L'abolition  des  travaux  des  routes  qui  se  prennent  sur 
le  trésor  public. 

7°  L'abolition  des  milices,  parce  qu'on  ne  manque  pointde 
jeunes  gens  de  bonne  volonté  qui  font  des  bons  soldats,  plu- 
tôt que  des  gens  qui  tombent  au  sort  et  qui  vont  de  mauvaise 
volonté  et  fort  souvent  font  un  grand  désastre  à  leurs  père 
et  mère  :  ce  sera  un  garçon  qui  conduira  la  maison  d'un  bon 
fermier  qui  sera  trop  âgé  ou  infirme  pour  vaquer  à  ses 
affaires,  d'autres  qui  n'auront  que  ce  garçon  pour  gagner 
leur  vie  ;  c'est  donc  un  grand  trouble  dans  le  Tiers  état. 

(*)  Ce  cahier  est  en  mauvais  état  de  conservation.  Plusieurs  mots  ont  complète- 
ment disparu. 

(*)  Sic.  Lire  :  «  subsistance  ». 

P)  Sic.  Cf.  Cahier  de  Lanneray,  art.  :  Régisseurs  à  gages,  fermiers  généraux: 
«  Ils  sont  encore  assez  injustes  pour  affermer  leurs  biens  à  des  fermiers  géné- 
raux sous  signature  privée  et  leur  donner  en  même  temps  une  procuration...  » 


376  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

8°  L'abolition  des  fiefs,  champarts  et  terrages,  parce  que 
ces  droits  nous  emportent  non  pas  seulement  les  grains,  mais 
encore  les  pailles  et  fourrages,  ce  qui  dégrade  nos  terres  et 
nous  met  hors  d'état  de  les  fumer  et  cultiver,  n'ayant  plus  de 
pailles  suffisantes  pour  nourrir  les  bestiaux,  pour  faire  la 
culture  de  ces  mêmes  terres,  ce  qui  fait  un  grand  désordre  à 
l'agriculture  ;  qu'il  soit  libre  d'en  faire  le  remboursement  à 
prix  modique  en  redevances  en  grains  ou  en  argent. 

[9°]  L'abolition  des  dimes  à  bénéfices  simples  qui  n'ont 
point  charge  d'âmes,  ainsi  que  ceux  des  curés  de  campagne  ; 
qu'ils  soient  tous  en  pension  (sic)  congrue,  et  que  cette  pension 
soit  prise  sur  le  trésor  public  parce  qu'il  serait  bien  à  souhai- 
ter qu'ils  n'eussent  aucun  démêlé  avec  leurs  paroissiens. 

[10°]  L'établissement  des  bureaux  de  charité  afin  d'extir- 
per entièrement  la  mendicité. 

11°  L'uniformité  des  poids  et  mesures. 

12°  Que  la  chasse  soit  libre,  ou  du  moins  que  les  cultiva- 
teurs aient  le  droit  de  faire  détruire  le  gibier  par  la  moindre 
plainte  qu'ils  rendront  contre  les  seigneurs,  parce  que  ce 
gibier,  mangeant  nos  blés  jusque  dans  la  racine,  cause  un 
grand  désordre  à  l'agriculture. 

13°  Que  les  seigneurs  n'aient  plus  le  droit  de  faire  mettre 
des  billettes  (*)  aux  chiens,  parce  que  ces  chiens  étant  gênés 
de  la  sorte  empêchent  la  garde  de  leurs  troupeaux  qui,  fort 
souvent,  versent  dans  les  grains,  malgré  le  berger. 

14°  Cette  paroisse  se  plaint  d'être  environnée  de  hauts 
colombiers  qui  mangent  leurs  grains  à  la  semence  et  lorsque 
les  grains  commencent  à  être  en  maturité. 

15°  Cette  paroisse  se  plaint  d'être  trop  chargée  de  taille  à 
cause  de  l'inégalité  du  terrain  de  la  paroisse  qui  est  traversé 
par  quatre  vallées  qui  ravinent  les  terres  qui  autrefois  étaient 
médiocres,  sont  devenues  mauvaises  par  ces  ravins. 

<*>  Billette  :  bâton,  morceau  de  bois  que  l'on  attachait  au  cou  des  chiens. 


CAHIER    DE   CHATILL0N-EN-DUN0I8  377 

16°  Que  les  seigneurs  ne  puissent  demander  qu'une  recon- 
naissance à  un  propriétaire]  quand  même  il  aurait  plusieurs 
pièces  de  terre  dans  différentes  seigneuries,  si  les  différentes 
seigneuries  sont  dans  les  mômes  mains. 

Ce  jourd'hui  dimanche  ier  mars  1789,  à  l'issue  de  la  messe 
paroissiale,  étant  assemblés  au  son  de  la  cloche  en  la  manière 
accoutumée]  afin  de  dresser  le  présent  cahier  de  plaintes, 
doléances  et  remontrances,  par  nous,  habitants,  dont  une 
partie  a  signé  et  les  autres  ont  déclaré  ne  savoir  signer. 

(Suivent  il  signatures,  celles  de  :  J.  Lange,  député  ; 
Etienne  Venot,  d[éputé]  ;  P.  Chereau,  syndic,  etc.). 


CHATILLON~EN~DUNOIS 


Dép.  :  Eure-et-Loir.   —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant,  :  Gloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châtcaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

* 

Justice  de  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse  <*). 

Seigneur  en  1789  :  de  Vassé. 

Taille  :  9.547  1.  (principal  :  4.360  1.  ;  accessoires  :  2.425  1.  ;  capi- 
tation  :  2.762  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 


(*)  Le  manuscrit  de  Jousse  (1736),  comme  le  procès-verbal  de  la  noblesse  en 
1789,  donne  de  Vassé  comme  seigneur  de  celle  paroisse.  Cf.  aussi,  Abbé  Bordas, 
Chorégraphie  du  Dunois,  p.  59. 


378  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Le  procès-verbal  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 

Le  procès-verbal  de  rassemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois 
nous  donne  les  renseignements  suivants  : 

Population  :  280  feux. 

Députés  :  François  Mercier,  bourgeois  ;  Claude  Melun  et  Jean  Gril- 
lon, laboureurs. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LANNERAY 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Chàteaudun.  —  Cant.  :  Chàteaudun. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chàteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Justice  de  Chàteaudun. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Taille  :  4.789  1.  (principal  :  2.200  1.  ;  accessoires  :  4.495  1.  ;  capita- 
tion  :  1.3941.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Pierre -Charles  Raimbault,  notaire  royal  au  bailliage  de 
Blois,  résidant  en  la  ville  de  Chàteaudun. 


CAHIER    DÇ    LANNËllAY  379 

Population  :  i30  feux. 

Comparants  :  Pierre  Noël,  Pierre  Hue  pt  François  Grégoire,  mar- 
guillers  en  charge  ;  Toussaint  Bordier,  syndic  ;  Louis  Guillon,  Pierre 
Brichon,  Louis  Robillard,  Jean  de  Chartres,  Jean  Franchet,  François 
Filoreau,  François  Brissard,  Grégoire  Girard,  Pierre  Pionnier,  Pierre 
Guignard,  Thomas  Fillon,  Joseph  Faucheux,  laboureurs  ;  Jean  Vin- 
cent, Jean  Dutartre,  Denis  Moussu,  François  Celier,  François  Daveine, 
Pierre  David,  René  Perche,  Jean  Hue,  Louis  Foisy,  Jean-Louis  Pru- 
dhomme,  Pierre  Gourdeau,  Pierre  Bonnome,  Louis  Clément,  Jean 
Leroy,  Simon  Import,  Jean-Louis  Bourquin,  journaliers. 

Députés  :  Jean  de  Chartres,  laboureur,  fermier  de  la  métairie  de  la 
Forest,  et  Louis  Robillard,  laboureur,  fermier  de  la  métairie  de 
Lecharbot. 

Arrêté  en  présence  de  Louis-Joseph  Goubieski,  huissier  au  comté  de 
Dunois,  et  Louis  Lejay,  maître  cordonnier,  demeurant  tous  deux  audit 
Châteaudun,  témoins. 

Suivent  19  signatures. 

Contrôlé  gratis  à  Châteaudun,  le  4  mars  1789,  par  Bricet. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Nous  soussignés,  syndic  et  habitants  de  la  paroisse  de 
Lanneray,  généralité  d'Orléans,  élection  de  Châteaudun,  dio- 
cèse de  Chartres,  assemblés  au  son  de  la  cloche  et  en  la  ma- 
nière accoutumée,  pour  obéir  aux  ordres  de  Sa  Majesté,  por- 
tés par  ses  lettres  patentes  données  à  Versailles  le  24  janvier 
dernier  pour  la  convocation  et  tenue  des  États  généraux  de 
ce  royaume,  et  satisfaire  aux  dispositions  du  règlement  y  an- 
nexé, ainsi  qu'à  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général  du 
bailliage  de  Blois,  pénétrés  de  la  plus  vive  reconnaissance 
des  vues  paternelles  et  bienfaisantes  de  notre  auguste  mo- 
narque, nous  nous  empressons  de  lui  donner  des  marques  de 
notre  respect  et  de  notre  zèle  en  concourant  autant  qu'il  dé- 
pend de  nous  à  l'accomplissement  de  ses  désirs  pour  la  res- 
tauration des  formes  constitutionnelles  de  l'administration, 
la   réforme    des    abus    qui    désolent  l'empire   français,    la 


380  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

prospérité  générale  et  le  bien  de  tous  et  chacun   de   ses 
sujets. 

Régénération  delà  constitution.  —  Comme  on  ne  peut 
attribuer  la  source  de  tous  les  malheurs  qui  nous  affligent 
qu'à  la  forme  du  gouvernement  actuel,  il  nous  parait  indis- 
pensable de  la  convertir  en  une  autre  plus  avantageuse. 
Celte  forme  doit  reposer  sur  des  bases  inébranlables  qui 
fournissent  à  la  Nation  les  moyens  d'empêcher  les  abus  de 
renaître  et  qui  soient  indépendantes  de  la  volonté  ou  des 
caprices  des  minisires.  Nous  votons  donc  expressément 
pour  que  ce  soit  le  premier  objet  de  délibération  aux  États 
généraux. 

Ré  formation  du  code  civil  et  criminel.  —  Nous  pensons 
que,  les  lois  civiles  et  criminelles  décidant  de  notre  fortune 
et  de  notre  existence,  leur  réformation  doit  être  le  second 
objet  qui  doit  fixer  l'attention  la  plus  sérieuse  desdits  Etats, 
et  il  nous  parait  important  de  les  rédiger  d'une  manière 
claire,  précise  et  à  la  portée  de  tout  le  monde.  Nous  croyons 
que  Ton  doit  prendre  des  mesures  pour  que  la  justice  s'expé- 
die plus  promptement.  que  l'énormité  des  frais  ne  puissent 
(sic)  en  aucun  cas  forcer  les  parties  à  abandonner  leurs  droits 
légitimes,  comme  cela  est  arrivé  dans  une  infinité  de  circons- 
tances, que  les  degrés  de  justice  soient  moins  multipliés 
qu'ils  le  sont,  et  que  les  justices  supérieures  soient  plus 
rapprochées  de  leurs  justiciables. 

Nous  pensons  aussi  que  le  Roi,  ne  pouvant  se  dissimuler 
combien  les  propriétés  sont  sacrées,  doit  envisager  du  même 
œil  la  liberté  individuelle  de  tous  ses  sujets,  cette  liberté 
étant  le  plus  précieux  de  leurs  avantages. 

Nous  votons  pour  que- les  lois,  une  fois  établies,  pèsent 
également  sur  tous  les  citoyens,  sans  que  la  crainte  de 
déshonorer  une  famille  puisse  arracher  un  criminel  au  sup- 
plice qu'il  a  mérité,  parce  qu'on  doit  punir  le  crime  et  non 
la  personne. 

Ènormité  des  impôts,  inégalité  de  leur  répartition.  — 


CAHIEH   DE    LANNERAY  381 

La  misère  affreuse  qui  règne  depuis  nombre  d'années  dans 
les  campagnes  étant  occasionnée  en  très  grande  partie  par 
l'énormité  la  multiplicité  des  impôts  et  l'inégalité  de  leur 
répartition,  les  États  généraux  ne  peuvent  se  dispenser  de 
s'occuper  de  leur  diminution  et  des  moyens  de  les  répartir 
justement  sur  les  individus,  relativement  et  proportionnelle- 
ment à  leur  état,  leurs  facultés  et  leurs  propriétés. 

Simplification  des  frais  de  perception.  —  Pour  parve- 
nir à  ces  deux  buts,  nous  pensons  qu'il  faut  d'abord  simpli- 
fier les  frais  de  perception;  il  parait  plus  économe  d'assu- 
jettir chaque  province  à  payer  les  charges  de  son  district  en 
diminution  de  ses  impôts,  et  de  reverser  le  surplus  directe- 
ment dans  le  trésor  de  l'État  par  le  moyen  des  voitures 
publiques  que  Ton  assujettirait  à  faire  ce  transport  gratis  et 
à  en  répondre. 

Suppression  des  privilèges.  —  Secondement  supprimer 
tous  les  privilèges  quelconques  sans  en  excepter  même  ceux  du 
clergé,  des  hôpitaux  et  des  chevaliers  des  ordres  hospitaliers 
et  royaux;  il  est  d'autant  plus  indispensable  de  faire  ces  sup- 
pressions que  plus  les  années  sont  malheureuses,  plus  les 
privilèges  odieux  par  eux-mêmes  écrasent  le  peuple.  En 
effet,  lorsqu'un  privilégié,  après  avoir  mis  ses  fermiers  dans 
l'impuissance  de  continuer  leur  exploitation,  trouve  son 
avantage  ou  se  fait  un  plaisir  de  faire  valoir  ses  possessions, 
on  est  obligé  de  répartir  sur  les  autres  paroisses  de  son  dis- 
trict l'impôt  que  ses  fermiers  auraient  payé,  parce  que  les 
anticipations  ne  permettent  pas  de  faire  remise  de  ces 
mêmes  impositions.  Notre  paroisse,  quoique  gémissante 
sous  le  poids  exorbitant  des  impôts,  en  a  depuis  deux  ans  la 
triste  expérience,  d'après  la  conduite  qu'ont  tenue  le  prieur 
de  Saint-Martin  de  Chémars  de  la  ville  de  Châteaudun  et 
autres  privilégiés  de  son  élection. 

Régisseurs  à  gages.  Fermiers  généraux.  —  Ces  privilé- 
giés ne  se  contentent  pas  de  réclamer  leurs  privilèges  dans 
toutes  les  circonstances,  ils  sont  encore  assez  injustes  pour 


382  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

affermer  leurs  biens  à  des  fermiers  généraux  sous  signature 
privée  et  leur  donner  en  même  temps  une  procuration 
revêtue  de  toutes  les  formes,  pour  annoncer  que  les  indivi- 
dus qui  sont  véritablement  des  fermiers  généraux  ne  sont 
que  des  régisseurs  à. gages,  et,  pour  donner  plus  de  poids  à 
ce  qu'ils  avancent,  ils  ont  la  plus  grande  attention  de  la  faire 
signifier  aux  paroisses  dans  lesquelles  leurs  biens  sont  situés, 
afin  qu'on  ne  les  impose  point  à  la  taille  ;  le  seigneur  y 
trouve  son  compte,  parce  qu'il  afferme  plus  cher,  et  le  mal- 
heureux taillable  est  toujours  la  victime. 

Villes  favorisées  au  détriment  des  campagnes.  —  Un 
des  grands  malheurs  encore  pour  les  campagnes,  c'est  que 
les  villes  ne  paient  qu'une  très  petite  partie  des  impôts, 
malgré  les  avantages  que  leurs  habitants  sont  assurés  de 
trouver,  soit  dans  leur  commerce,  soit  dans  leur  industrie. 

Les  campagnes  écrasées  par  la  progression  des  impôts. 
—  Les  impôts  se  sont  accrus  si  énormément  qu'il  est  facile 
de  prouver  qu'un  laboureur,  après  avoir  travaillé  pendant 
toute  une  année  comme  un  forçat,  sans  avoir  trouvé  dans  su 
récolte  de  quoi  fournir  à  sa  subsistance,  à  celle  de  sa  famille 
et  de  ses  domestiques,  est  obligé  de  vendre  ou  d'affecter  le 
peu  de  biens  qu'il  a  pour  payer  les  impositions  et  les  frais 
de  brigade  qui  quelquefois  montent  à  douze  et  quinze  livres 
et  souvent  davantage  par  les  saisies  qui  en  résultent,  et  enfin 
de  finir  par  être  obligé  de  quitter  son  exploitation  ;  ces  frais 
sont  d'autant  plus  odieux  qu'ils  ajoutent  encore  à  la  misère 
par  la  dureté  avec  laquelle  on  exige  le  payement.  Depuis 
sept  ou  huit  ans,  nos  campagnes  ont  été  ravagées  par 
nombre  de  fléaux,  tels  que  la  sécheresse,  la  grêle,  la 
rouille,  le  noir,  les  inondations  et  autres  événements 
malheureux.  Une  infinité  de  laboureurs  se  sont  adressés 
au  commissaire  départi  pour  avoir  des  secours  et  des  dimi- 
nutions. Qu'en  est-il  résulté?  Leurs  réclamations  ont  été  re- 
jelées  ;  il  semble  même  qu'on  se  soit  fait  un  plaisir  d'exiger 
leurs  contributions  avec  plus  de  rigueur. 


CAHIKH    DE    LANNKRAY  383 

[Elles]  n'ont  reçu  aucun  soulagement. —  Cette  année-ci, 
notre  canton  a  été  ravagé  par  la  grêle;  il  a  eu  part  aux 
50.000  livres  accordées  par  le  gouvernement,  mais  une 
si  petite  part  qu'il  n'en  a  pas  été  soulagé.  Ceux  qui  ont 
réparti  cette  somme,  uniquement  destinée  aux  malheureux 
grêlés,  ont  osé  prendre  sur  eux  d'en  changer  la  destination 
et  à  en  appliquer  une  portion  à  la  Sologne  et  autres  contrées 
qui  n'ont  pas  souffert  de  ce  fléau  (*);  ils  n'ont  même  pas  fait 
encore  aucun  droit  aux  différentes  requêtes  qui  leur  ont  été 
adressées  concernant  les  pertes  de  chevaux  qu'ont  suppor- 
tées plusieurs  d'entre  nous. 

Impositions  sur  les  biens  de  main-morte.  —  Il  résulte- 
rait des  moyens  indiqués  ci-dessus  le  plus  grand  soulage- 
ment pour  les  campagnes,  si  notre  vœu  était  exaucé.  Les 
terres  de  Lanneray  sont  possédées  au  tiers  ou  environ  par 
des  main-mortes.  Si  ces  terres  étaient  imposées  au  prorata 
des  autres,  cela  ferait  une  augmentation  d'au  moins  un 
quart,  qui  faciliterait  au  gouvernement  les  moyens  d'alléger 
la  taxe  des  laboureurs  et  d'affranchir  en  très  grande  partie 
les  journaliers  et  les  veuves  qui,  ne  possédant  rien  et  trou- 
vant à  peine  dans  leur  travail  de  quoi  subsister  eux  et  leur 
famille,  devraient  être  naturellement  exempts. 

La  corvée.  —  11  est  un  autre  impôt  très  ruineux  et  bien 
injuste  par  la  manière  dont  il  est  assis  :  c'est  la  corvée, 
d'abord  en  nature,  ensuite  convertie  en  argent  en  raison  du 
quart  du  premier  brevet  de  la  taille.  On  ne  peut  se  dissi- 
muler que  cet  impôt  écrase  le  taillable  en  procurant  l'avan- 


(*)  Cette  mesure,  d'ailleurs  fort  équitable  pour  cette  malheureuse  province,  avait 
été  prise  sur  l'initiative  de  la  commission  Intermédiaire  de  l'assemblée  provin- 
ciale de  l'Orléanais.  Les  procureurs  syndics  de  cette  assemblée  écrivaient  au 
bureau  intermédiaire  du  département  de  Blois  et  Romorantin  :  «  Comme  ce 
secours  est  particulièrement  destiné  au  soulagement  des  petits  cultivateurs  qui 
seraient  hors  [d'état]  d'ensemencer  leurs  terres,  la  commission  intermédiaire 
désire,  Messieurs,  que  la  faveur  en  soit  étendue  aux  parties  de  la  Sologne  qui  se 
trouvent  dans  votre  département,  quoique  les  cultivateurs  de  ce  canton  de  la 
généralité  n'aient  pas  tous  éprouvé  le  fléau.  »  (Arch.  dép.  de  Loir-et-Cher,  C  30). 
Cf.  D'  Lesueur,  ouvr.  cité. 


384  KAIILïAf.K   DE    BLOIS 

tage  des  privilégiés.  Il  est  sans  doute  absolument  nécessaire 
d'entretenir  et  de  réparer  les  chemins,  mais  n'est-il  pas 
juste  que  les  sommes  destinées  à  cette  opération  soient 
payées  par  ceux  qui  en  profitent  ?  Il  nous  semble  que 
l'exacte  équité  veut  que  Ton  établisse  des  péages  sur  les 
routes  et  que  chacun  y  soit  imposé  en  raison  du  tort  qu'il 
fait  aux  chemins.  Le  produit  de  ces  différents  péages  serait 
versé  dans  le  trésor  de  la  province,  sans  qu'il  pût  en  aucun 
temps  profiter  au  fisc.  L'exacte  équfté  veut  aussi  que,  dans 
le  cas  où  le  besoin  des  districts  exigerait  de  nouveaux 
chemins,  ils  soient  faits  aux  dépens  de  ceux  qui  en  retire- 
raient l'avantage;  et  dans  le  cas  où  on  laisserait  subsister 
la  contribution  en  argent,  nous  prions  les  Etats  généraux 
de  prendre  en  considération  que.  lorsque  notre  bon  Roi  a 
commué  la  corvée  en  nature  en  une  prestation  pécuniaire, 
il  a  annoncé  que  celte  prostation  pécuniaire  s'élèverait  à 
peine  à  la  moitié  de  la  valeur  de  la  corvée  en  nature,  tandis 
que,  sur  le  pied  où  elle  est  assise  aujourd'hui,  elle  double 
la  valeur  de  la  corvée  en  nature,  de  manière  qu'elle  est 
quatre  fois  plus  considérable  que  le  souverain  ne  Ta  annoncé. 
Les  pauvres  journaliers  et  les  veuves  qui  ne  devraient  rien 
payer  en  sont  un  peu  soulagés,  mais  le  laboureur  est  écrasé. 

Mendicité.  Bureau  de  charilé.  —  La  mendicité  méritant 
la  plus  grande  attention,  il  est  très  essentiel  do  s'occuper 
des  moyens  de  l'extirper.  Pour  y  parvenir,  le  moyen  le  plus 
sûr  est  de  mettre  les  pauvres  à  la  charge  des  paroisses,  qui 
seront  tenues  de  s'assembler  tous  les  ans  après  la  récolte 
pour  imposer  sur  chaque  membre  de  la  communauté,  en 
raison  de  ses  facultés,  ce  qui  sera  nécessaire  pour  la  subsis- 
tance des  habitants  vraiment  nécessiteux.  Le  produit  de 
cette  taxe  sera  déposé  entre  les  mains  de  quatre  notables 
choisis  par  la  communauté  et  révocables  à  sa  volonté,  ce 
qui  fera  un  comité  présidé  par  le  curé,  lesquels  curé  et 
membres  seront  tenus  tous  les  ans  de  rendre  compte  à 
ladite  communauté  de  l'emploi  des  sommes  qu'elle  leur  aura 


CAHIER    DE   LANNERAT  385 

confiées.  En  pourvoyant  ainsi  au  sort  des  malheureux  de 
chaque  paroisse,  le  bien  public  exige  que  Ton  fasse  travailler 
ceux  qui  seraient  dans  le  cas  de  le  faire  aux  réparations  des 
.chemins  vicinaux.  Le  gouvernement  même  pourrait  y  joindre 
une  portion  des  fonds  destinés  aux  ateliers  de  charité. 

Diminution  du  sel.  —  Le  sel,  cette  denrée  de  première 
nécessité,  doit  fixer  singulièrement  l'attention  des  Etats  gé- 
néraux. Le  prix  excessif  où  il  est  porté  prive  une  infinité 
d'individus  des  avantages  qu'ils  en  pourraient  retirer,  soit 
pour  eux,  soit  pour  leurs  bestiaux.  On  ne  peut  se  refuser  de 
convenir  qu'en  rendant  cette  denrée  à  un  prix  commun,  il 
n'en  résulte  un  avantage  considérable  pour  le  peuple.  Le 
prix  du  sel  réduit,  la  contrebande  n'aurait  plus  lieu,  les 
cultivateurs  en  feraient  une  plus  grande  consommation, 
l'Etat  même,  en  faisant  le  bien  du  peuple,  y  trouverait  aussi 
son  avantage. 

Telles  sont  nos  doléances  et  plaintes  ;  nous  supplions  les 
États  généraux  d'y  avoir  égard.  Elles  sont  l'expression  de 
la  franchise  de  nos  cœurs  et  le  faible  tableau  d'une  partie 
de  nos  souffrances  ;  nous  désirons  qu'elles  fassent  sur  nos 
concitoyens  l'impression  que  nous  avons  droit  d'en  attendre. 
Nous  n'ignorons  pas  que  nous  avons  à  craindre  les  récla- 
mations de  deux  Ordres  puissants;  mais  nous  sommes  assu- 
rés que  la  justice  de  notre  cause  prévaudra  auprès  du 
monarque  aussi  juste  que  bon  qui  nous  gouverne  et  du  sage 
ministre  honoré  de  sa  confiance.  Nous  nous  flattons  que 
l'exemple  des  ducs  et  pairs,  à  la  tète  desquels  se  trouve 
Monsieur  l'auguste  frère  de  notre  Roi,  sera  la  règle  impé- 
rieuse qui  déterminera  les  sacrifices  aussi  nobles  que  désin- 
téressés du  Clergé  et  de  la  Noblesse.  Mais,  comme  il  se 
trouve  dans  ces  deux  Ordres  respectables  des  êtres  qui  y 
sont  déplacés  par  la  bassesse  de  leurs  sentiments,  nous 
exigeons  que  les  représentants  chargés  de  défendre  nos 
intérêts  à  l'assemblée  des  États  généraux  soient  pris  dans 
notre  Ordre  et  non  ailleurs,  et  assujettis  aux  mêmes  charges 

13 


386  IU1LMAGR    DR    RL01S 

que  nous,  révoquant  toute  procuration  qui  pourrait  ôtre 
donnée  à  d'autres  en  notre  nom  et  protestant  par  avance 
contre  tout  ce  qu'ils  pourraient  faire. 

Fait  et  arrêté  à  Lanneray,  dans  le  lieu  ordinaire  de  nos 
assemblées,  le  dimanche  1er  mars  1789.  Ceux  de  nos  habi- 
tants qui  savent  écrire  ont  signé  tant  ces  présentes  qui  seront 
destinées  à  être  portées  à  l'assemblée  générale  de  Blois,  que 
le  double  fait  (Ficelles  destiné  pour  rester  au  greffe  de 
notre  municipalité. 

(Suivent  18  signatures,  celles  de  :  L.  Robillard  ;  Jean  de 
Chartres,  greffier  de  la  municipalité;  ttaimbault,  notaire,  etc.) 

Paraphé  et  signé  ne  varietur  au  désir  de  notre  procès- 
verbal  de  ce  jour  1er  mars  1789. 

(Signé  :  Raimbault,  notaire  royal.) 

Une  édition  correcte  de  ce  cahier  a  déjà  été  donnée  par  M.  Oné- 
sime  Legrand  dans  les  Bulletins  de  la  Société  Dunoise,  t.  vi, 
pp.  240  à  245.  Cette  publication  fut  établie  d'après  un  exemplaire 
conservé  dans  les  archives  de  la  Société  Dunoise  (B.  135).  Cet 
exemplaire  est  identique  au  cahier  authentique  que  nous  publions 
(sauf  la  suppression  des  titres  de  paragraphes  indiqués  en  marge  sur 
l'original),  mais  elle  ne  porte  ni  signatures,  ni  aucun  signe  d'authen- 
ticité. Il  provenait,  ainsi  qu'un  exemplaire  d'un  prétendu  cahier 
de  Saint-Denis-les-Ponts,  également  publié  par  M.  Legrand,  des  pa- 
piers de  Jean-Henri  Joliet  (1752-1838),  chanoine  régulier  de  l'ordre 
de  Saint-Augustin,  ancien  prieur  de  Lanneray,  maire  de  cette  com- 
mune, ami  de  Brissot. 

«  Je  crois...,  dit  M.  Legrand,  qu'il  n'y  aurait  point  de  témérité  à  en 
attribuer  la  rédaction  à  l'abbé  Joliet  lui-même.  Ces  cahiers  sont 
écrits  de  sa  main  »  (ouvr.  cit.,  p.  240).  Il  s'agit  probablement  d'un 
projet  de  rédaction  de  l'abbé  Joliet,  projet  qui,  pour  la  paroisse  de 
Lanneray,    aurait    été    adopté    sans   modification    par   rassemblée. 

Le  cahier  de  Lanneray  est  en  grande  partie  identique  à  celui  ci-après 
de  Courtalain. 


CAHIER   DE   COURTALAIN  387 


COURTALAIN 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  Gloyes. 

Généralité  :  Orléans.  — Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Marché  :  le  lundi. 

Assemblées  :  1er  mai,  30  août,  28  septembre  et  25  novembre. 

Principale  culture  :  fruits. 

Seigneur  en  1768  :  le  baron  de  Montmorency. 

Seigneur  en  1789  :  Anne-Léon,  duc  de  Montmorency,  premier 
baron  de  France,  premier  baron  chrétien,  chef  des  nom  et  armes  de 
sa  maison,  prince  d'Aigremont,  baron  libre  de  l'Empire,  duc  de  Mol- 
davie, comte  de  Gourn&y,  marquis  de  Seignelay,  connétable  hérédi- 
taire de  la  province  de  Normandie. 

Taille  :  2.951 1.  (principal  :  1.250  1.  ;  accessoires  :  910  1.  ;  capita- 
tion  :  791  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  31  1.  4  s.  :  noblesse  (2  contribuables)  : 
30  1.  ;  employés  des  fermes  et  régie  (1  contribuable)  :11.4s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Louis-Nicolas  Barbereau,  avocat,  procureur  fiscal  des 
châtellenies  de  Courtalain  et  du  Mée  et  des  seigneuries  du  Vernay,  les 
Mesnils,  le  Plessis  d'Arrou  et  Boisrufin,  réunis  quant  à  l'exercice  en 
ce  lieu  de  Courtalain,  en  l'absence  du  bailli.  Même  président  qu'à 
Boisgasson. 

Population  :  96  feux, 

Comparants  :  René  Brès,  marchand  et  syndic  de  la  municipalité  ; 
François  Roger,  membre;  Pierre-François  Cocquau,  greffier  de  la 
municipalité  ;  Mammès  Rabasse  et  Louis  Bergerot,  collecteurs;  Maître 


388  bailliage:  de  rlois 

Anthoine  Thenaisie,  notaire  et  greffier  desdites  châtellenies  et  seigneu- 
ries ;  Charles  André  ;  Jean-Baptiste  André  ;  Jacques  André  ;  Louis 
André;  Michel  Aubert  ;  Joseph  Aroud  ;  Charles  Bauhaire  ;  Jean-Bap- 
tiste Brault  ;  Jean  Borde;  Lubin  Bertin  ;  Éloi  Boisaubert;  François 
Charieux;  François  Communeau;  Joseph  Charieux;  Pierre-François 
Cocquau  le  jeune;  René  Cheminais;  Jean  David;  Adrien  Damalix  ; 
Louis  Derouin  ;  Léon  Delaunay  ;  Jacques  Duchesne  père  et  fils  ;  Pierre 
Debié  ;  François  Guyan  ;  Gilles  Gaultier;  Louis  Goudet;  Julien  Girard  ; 
Jean  Goisvier;  Louis  Bal thazar  Guenet  ;  Jean-Baptiste  Gresteau; 
Michel  Galpin  ;  Pierre  Galpin  ;  Guillaume  Uu  ;  René  Hameau  ;  René 
Hallier  ;  Charles  Hervet  ;  Julien  Laporte  ;  Michel  Lehoux  ;  Jean  Loyer; 
François  Maution;  Pierre  Marcault  ;  François  Pigeon;  Joseph  Proven- 
dier;  Louis  Plé  ;  Pajot;  Charles  Remondiére  ;  François  Roger  fils; 
Pierre  Ramage  ;  François  Savigny  ;  André  Thuilier  ;  Louis  Clarville, 
et  autres. 

Députés  :  Charles-René  Thenaisie,  avocat  en  parlement,  bailli,  et 
François  Souchay,  marchand,  tous  deux  membres  de  la  municipalité. 
François  Souchay  fit  défaut.  Le  secrétaire  du  lieutenant  général  du 
bailliage  a  ajouté  au  bas  du  procès-verbal  :  a  Défaut  de  François 
Souche,  absent  par  cause  de  maladie,  suivant  la  déclaration  du  sieur 
Thenaisie.  » 

Suivent  26  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Le  préambule  et  la  plupart  des  articles  de  ce  cahier  sont  identiques, 
sauf  quelques  légères  différences  de  forme,  à  ceux  du  cahier  de  Lan- 
neray. 

Les  titres  des  articles  sont  supprimés. 

L'article  intitulé  dans  le  cahier  de  Lanneray  Suppression  des  pri- 
vilèges commence  ainsi  : 

Secondement,  supprimer  tous  les  privilèges  et  exemptions 
quelconques  du  Clergé,  delà  Noblesse,  des  hôpitaux  et  ordres 
militaires  hospitaliers.  Plusieurs  membres  du  Clergé  et  de  la 
Noblesse  ont  déjà  donné  des  preuvres  éclatantes  de  leur 
patriotisme  en  déclarant  hautement  qu'ils  renoncent  à  leurs 
exemptions  el  privilèges  ;  puissent  les  autres  être  pénétrés 


CAHIER    DE   COURT  AL  A  IN  389 

de  sentiments   aussi  louables    et   faire    volontairement   un 
sacrifice  aussi  généreux!  Il  est  d'autant  plus  indispensable.... 

L'article  intitulé  dans  le  cahier  de  Lanneray  Villes  favorisées  au 
détriment  des  campagnes  est  suivi  de  ce  passage  : 

C'est  donc  toi  malheureux  habitant  de  la  campagne,  infor- 
tuné laboureur,  qui  détrempe  la  terre  de  les  sueurs  pour  la 
faire  produire  ce  grain  qui  nous  nourrit  tous,  c'est  toi  qui 
supporte  toute  la  charge  des  impôts. 

Nous  ne  pouvons  nous  dispenser,  quoique  nous  n'ayons 
point  de  laboureur  dans  noire  paroisse  (*),  de  réclamer  les 
droits  que  cette  portion  de  la  Nation  doit  avoir  à  notre  recon- 
naissance. Suivant  un  auteur,  l'emploi  de  laboureur  est,  aux 
yeux  de  la  raison,  le  premier  de  tous  ;  celui  qui  Fa  choisi  ne 
doit  son  existence  qu'à  lui-môme,  il  ne  vit  que  par  lui  et 
fait  encore  vivre  les  oisifs  qui  achètent  son  superflu.  Tous 
les  peuples  chez  lesquels  l'état  de  cultivateur  a  été  honoré 
ont  toujours  été  riches  et  puissants.  Mais  si,  comme  le  dit 
le  même  auteur,  le  mot  de  patrie  doit  être  inconnu  dans  un 
pays  où  il-n'y  a  pas  de  campagnes  fertiles,  on  ne  doit  pas 
non  plus  regarder  comme  patriotes  ceux  qui  n'ont  pas  pour 
ceux  qui  cultivent  les  campagnes  les  égards  qu'ils  méritent. 
Les  Etats  généraux  doivent  donc  s'occuper  de  cette  portion 
précieuse  de  la  Nation,  les  faire  soulager  des  impositions 
exorbitantes,  leur  faire  accorder  des  encouragements,  des 
privilèges,  des  distinctions  ;  car,  s'il  existe  des  privilèges, 
c'est  à  eux,  c'est  à  cette  portion  la  plus  utile  à  l'État  qu'ils 
doivent  être  accordés  ;  enfin  ce  sont  eux  qui  peuvent  rendre 
l'Etat  riche  et  puissant  ;  ils  méritent  donc  bien  toute  l'atten- 
tion, les  égards  et  les  préférences. 

Enfin,  comme  nous  l'avons  dit,  ce  n'est  point  notre  inté- 
rêt particulier  que  nous  défendons,  puisque  nous  n'avons 
point  de  laboureurs  dans  notre  paroisse,  mais  c'est  l'intérêt 


<!>  La  paroisse  de  Courtalain,  qui  faisait  à  l'origine   partie  de  celle  de  Saint 
Pellerin,  ne  comprenait  en  effet  que  le  bourg  et  le  château. 


390  BAILLIAGE    DE    BL01S 

général,  c'est  le  patriotisme  qui  nous  anime.  Si  le  laboureur, 
si  r habitant  de  la  campagne  est  écrasé  d'impositions,  nous 
pouvons  avec  justice  faire  les  mômes  plaintes. 

Le  bourg  de  Courtalain  n'est  qu'un  point  presque  imper- 
ceptible dans  le  royaume  ;  toute  sa  propriété  foncière  est 
circonscrite  dans  ce  bourg  et  ne  consiste  qu'en  maisons  et 
jardins  et  pas  un  pouce  de  terre  au-delà.  Il  contient  96  feux 
et  100  taillables. 

Le  principal  de  la  taille  est  de ...     .       1 .283*    58 

Les  accessoires  (*)  de 1.503 

Les  corvées  de 320   15 

Total    ....       3.1071 

Sur  les  100  taillables,  il  y  en  a  plus  de  50  au-dessous 
de  8  livres  du  principal  de  la  taille,  dont  plusieurs  à  20  sols 
et  40  sols  ;  les  50  autres  supportent  le  surplus  de  lïmposi- 
lion  qui  est  exorbitante.  11  est  constant  et  bien  facile  à 
justifier  qu'à  proportion  de  bien  des  paroisses  de  l'élection 
de  Chàteaudun,  la  paroisse  de  Courtalain  paye  au  moins 
moitié  plus  de  taille  qu'elle  en  devrait  supporter.  Elle  a 
souvent  fait  des  réclamations  à  cet  égard,  qui  n'ont  jamais 
été  écoutées  ;  mais  elle  met  toute  sa  confiance  dans  l'assem- 
blée de  la  Nation.  Tout  y  sera  pesé  au  poids  de  la  justice  et 
de  l'équité  ;  la  passion,  les  intérêts  particuliers  en  seront 
bannis,  dès  lors  elle  a  tout  à  espérer  pour  son  soulagement. 

Les  articles  intitulés  dans  le  cahier  de  Lanneray  Elles  n'ont  reçu 
aucun  soulagement  et  Impositions  sur  les  biens  de  main-morte  sont 
remplacés  par  celui-ci  : 

D'après  l'exposé  ci-dessus  que  faire  de  mieux  pour  le 
soulagement  des  campagnes  ?  C'est  de  demander  que  tous 
les  biens,  toutes  propriétés  des  sujets  du  Roi  soient  imposés 
également  sans  distinction  ;  on  pourrait  alors  soulager  le 
cultivateur,  alléger  son  sort,  en  lui  ôtant  une  partie  de  ses 

l!)  Compris  la  capitation. 


CAHIER    DE   COURT  ALAIN  391 

impositions  ;  on  pourrait  se  dispenser  d'imposer  les  pauvres 
qui  n'ont  que  leurs  bras  pour  se  nourrir  eux  et  leurs  familles, 
ce  sont  là  ceux  qui  seuls  devraient  naturellement  être 
exempts. 

Vient  ensuite  l'article  sur  la  diminution  du  sel  ainsi  rédigé  : 

Il  est  un  autre  impôt  sur  un  objet  de  première  nécessité 
qui  doit  fixer  singulièrement  l'attention  des  États  généraux, 
c'est  celui  sur  le  sel.  Le  prix  excessif  ou  il  est  porté  prive 
une  infinité  d'individus  des  avantages  qu'ils  en  pourraient 
retirer,  soit  pour  eux,  soit  pour  leurs  bestiaux.  On  ne  peut 
se  refuser  de  convenir  qu'en  rendant  cette  denrée  marchande 
ou  à  un  prix  modique,  il  en  résulterait  un  avantage  consi- 
dérable pour  le  peuple  ;  l'État  même  n'y  perdrait  rien, 
puisque  le  bénéfice  que  fait  la  ferme  entrerait  dans  les  coffres 
de   l'État  et  qu'il  y  aurait  le  double  de  consommation. 

Puis  un  article  sur  les  aides  qui  ne  figure  pas  dans  le  cahier  de 
Lanneray. 

Les  aides  sont  encore  un  de  ces  impôts  très  à  charge  et 
très  considérable,  mais  les  frais  de  régie  en  sont  immenses 
et  en  augmentent  considérablement  le  poids.  On  pourrait 
faire  des  abonnements  avec  les  négociants  en  vins,  eau-de-vie 
et  avec  les  aubergistes  et  cabaretiers,  lequel  abonnement  ils 
payeraient  par  quartiers  entre  les  mains  de  celui  qui  serait 
établi  pour  ramasser  les  impositions  de  la  paroisse. 

Cet  article  est  suivi  de  celui  sur  la  corvée  dont  la  fin,  à  partir  des 
mots  «  et  dans  le  cas  où  on  laisserait  subsister  la  contribution  en 
argent  »,  est  supprimée. 

Viennent  ensuite  les  articles  suivants  : 

Nous  demandons  que  les  administrations  provinciales 
soient  consolidées  et  perfectionnées  ;  qu'elles  soient  libres  et 
dégagées  d'entraves  ;  que  les  présidents  et  membres  des- 
dites assemblées  soient  choisis  et  nommés  par  la  province. 


392  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Nous  croyons  qu'elles  ne  peuvent  produire  une  grande  utilité 
que  de  cette  manière. 

Un  objet  bien  intéressant  pour  TÉtat  serait  que  lès  portions 
congrues  des  curés  et  vicaires  fussent  augmentées  de  façon 
qu'ils  puissent  vivre  convenablement  et  sans  qu'ils  puissent 
exiger  aucune  rétribution  pour  l'administration  des  sacre- 
ments. Il  serait  aussi  plus  convenable  que  les  évèques 
nommassent  à  toutes  les  cures  de  leurs  diocèses  parce 
qu'ils  sont  censés  connaître  le  mérite  des  sujets  pour  les 
employer  tant  dans  les  villes  que  dans  les  campagnes.  II 
serait  en  même  temps  très  nécessaire  de  supprimer  le  droit 
odieux  de  déport  pour  les  endroits  où  il  a  lieu,  qui  prive  les 
curés  de  la  première  année  du  revenu  et  qui  entraine  bien 
des  abus  et  occasionne  de  fréquentes  mutations  dans  les  cures. 

Puis  l'article  sur  la  mendicité  modifié  ainsi  : 

Nous  allons  finir  par  un  tableau  des  plus  désolants,  c'est 
la  mendicité.  Notre  province  est  remplie  de  pauvres.  La  seule 
paroisse  d'Arrou,  distante  d'une  demi-lieue  de  Courlalain,en 
renferme  au  inoins  800  ;  notre  petit  bourg  en  fournit  à  peu 
près  autant  à  proportion.  Il  faudrait  donc  s'occuper  des 
moyens  de  prévenir  la  mendicité  ;  un  des  moyens  serait  de 

mettre  les  pauvres  à  la  charge  de  leurs  paroisses l'emploi 

des  sommes  qui  leur  auraient  été  confiées.  Mais  en  pour- 
voyant ainsi  aux  besoins  de  ceux  qui  ne  peuvent  travailler, 
il  faudrait  procurer  de  l'ouvrage  au  malheureux  qui  a  des 
bras  et  qui  ne  trouve  point  d'ouvrage  dans  cette  province 
pour  les  employer,  parce  qu'il  n'y  a  aucune  manufacture 
et  que  les  propriétaires  ne  sont  pas  assez  aisés  pour  faire 
travailler. 

Dans  la  conclusion,  après  les  mots  «  nous  avons  à  craindre  les  récla- 
mations de  deux  Ordres  puissants  »,  lire  : 

Nous  les  supplions  de  prendre  des  sentiments  patriotiques 
à  l'exemple  d'une  partie  de  leurs  membres  et  de  ne  point 
faire  de  scission,  de  schismes,  dans  rassemblée  de  la  Nation, 


CAHIER   DE   B01SGASS0N  393 

mais  de  concourir  tous  au  même  but,  qui  est  le  bonheur 
de  la  patrie.  Mais  nous  aimons  à  nous  flatter  que  la  justice 
de  notre  cause  prévaudra  sous  un  monarque  aussi  juste  et 
aussi  bon  ;  digne  successeur  du  bon  Henri,  il  chérit  son 
peuple  et  désire  le  mettre  dans  le  cas  d'avoir  la  poule  au 
pot  ;  appuyé  d'un  ministre  qui  marche  si  bien  sur  les  traces 
du  grand  Sully,  nous  avons  tout  à  espérer  ;  nous  nous  flat- 
tons que  les  princes  et  les  ducs  et  pairs,  à  la  tête  desquels 
est  M.  l'auguste  frère  de  notre  monarque,  travailleront  au 
bien  général.  Ils  ont  déjà  donné  des  preuves  de  leurs  vues 
patriotiques,  leur  exemple  sera  la  règle  qui  déterminera  les 
sacrifices  aussi  nobles  que  désintéressés  du  Clergé  et  de  la 
Noblesse.  Mais  comme  il  peut  se  trouver  dans  ces  deux 
ordres  respectables... 

(Suivent  26  signatures  celles  de  :  Brès,  syndic  ;  Thenai- 
sie,  etc.) 

Paraphé  ne  varietur  par  nous,  juge  expédiant  en  consé- 
quence du  procès-verbal  de  ce  jourd'hui  1er  mars  1789. 

(Signé  :  Barbereau.) 


BOISGASSON 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  de  la  châtellenie  de  Villemesle  ressortissant  à  Châ- 
teaudun et  à  Montigny-le-Gannelon  (*). 

(*)  D'après  l'abbé  Bordas  (C horographie  du  Dunois,  p.  37).  «  Villemesle...,  dit 
cet  auteur,  a  été  érigé  en  châtellenie  dans  ce  siècle,  par  l'union  des  seigneuries 
de  Boisgasson,  Langey,  Bouffry  et  la  Ferté-de-Fer.  L'audience  de  cette  châtellenie 
est  dans  le  bourg  et  les  appels  en  sont  portés  partie  à  Châteaudun,  partie  a 
Montigny,  selon  les  ressorts  d'où  dépendaient  les  justices  avant  leur  union.  » 
L'exactitude  de  ces  renseignements  qui  concordent  avec  les  indications  fournies 

13. 


394  UAILLIAGE   DR    BLOIS 

Brigade  de  Chftteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Thiroux. 

Seigneur  en  1789  :  Thiroux  d'Ouarville,  seigneur  de  Montigny-Ie- 
Gannelon  et  Villemesle  (*). 

Taille  :  2.564  1.  (principal  :  4.150  1.  ;  accessoires  :  686  1.  ;  capita- 
tion  :  728  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  5  mars  i  789. 

Président  :  Louis-Nicolas  Barbereau,  avocat  et  procureur  fiscal  de 
Villemesle.  Même  président  qu'à  Gourtalain. 

Population  :  45  feux. 

Comparants  :  Jean-Baptiste  Villedieu,  laboureur,  syndic  de  l'as- 
semblée; Marin  Pionnier,  laboureur,  greffier;  André  Courtin,  Pierre 
Châtain  et  Marin  Juchet,  membres  ;  Marin  Huteau,  laboureur,  et  Pelle- 
rîn  Journet,  adjoints  ;  Jacques  Chavigny,  laboureur,  ancien  syndic  ; 
Jean  Laulard. 

Députés:  Marin  Juchet  et  Jean  Laulard. 

Suivent  9  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  faites  par  les  habitants  de  Boisgasson,  géné- 
ralité d'Orléans,  élection  de  Châteaudun,  évêché  de 
Chartres. 

Les  vues  bienfaisantes  du  Roi,  notre  auguste  monarque, 
nous  pénètrent  de  la  plus  vive  reconnaissance  ;  animés  du 

par  les  procès- ver  baux  de  Boisgasson,  Langey  et  Bouffry,  nous  parait  certaine 
pour  l'époque  qui  nous  occupe.  —  Le  manuscrit  de  Jousse  porte  :  «  Haute  justice 
ressortissant  à  l'Aunay-Pierre-Coupe.  »  Nous  n'avons  pu  identifier  ce  dernier  lieu. 
0)  Il  n'est  désigné  dans  le  procès-verbal  de  la  Noblesc  que  comme  seigneur  de 
Montigny  ;  mais  nous  savons  que  Pierre-Marie  Thiroux  d'Ouarville  avait  acheté 
la  seigneurie  de  Villemesle  (Cf.  Abbé  Bordas»  Chorographie  du  Dunois,  p.  37). 


CAHIER    DE   BOISGASSON  395 

zèle  le  plus  parfait  pour  toutes  ses  volontés,  nous  allons  pro- 
fiter avec  la  soumission  la  plus  respectueuse  de  la  liberté 
qu'il  veut  bien  nous  donner,  et  exprimer  avec  douleur  nos 
justes  doléances  aux  États  généraux,  afin  d'alléger  nos 
fardeaux  sous  lesquels  nous  gémissons  et  sous  lesquels  nous 
sommes  près  à  (sic)  succomber,  et  représenter  en  sujets  très 
soumis  le  plus  humblement  que  nous  le  pourrons  devant  les 
gens  de  Sa  Majesté  (puisqu'elle  veut  bien  jeter  sur  nous  un 
regard  paternel)  de  quelle  façon  nous  pouvons  être  soula- 
gés. 

1°  Il  n'y  a  que  le  Tiers  état  qui  paye  de  la  taille,  les 
impositions  accessoires  et  les  corvées.  Cependant  il  n'y  a 
que  environ  deux  muids  par  saison  W  dans  cette  paroisse 
dont  jouissent  par  eux-mêmes  quelques  habitants,  dont  une 
grande  partie  sont  à  terrage  et  les  autres  chargés  de  rentes  ; 
tout  le  reste  des  biens  de  cette  paroisse  appartient  en  plus 
grande  partie  au  seigneur  ;  l'autre  partie  appartient  à  diffé- 
rents propriétaires  hors  de  paroisse.  Le  seigneur  se  réserve 
pour  son  domaine  27  arpents  (2)  en  terre  labourable,  l'enclos 
de  son  parterre  contient  6  arpents  i3)  et  environ  60  arpents  W 
de  bois.  Le  sieur  curé,  auparavant  à  portion  congrue,  possède 
aujourd'hui  la  dlme  qui  lui  a  été  abandonnée  l'an  passé  par 
les  Messieurs  de  Bonne  Nouvelle  <5>  d'Orléans,  alors  gros 
décimateurs  de  cette  paroisse  ;  cette  dlme  n'étant  affermée 
que  600  livres,  les  Messieurs  de  Bonne  Nouvelle,  suivant 
redit  du  Roi,  ont  signifié  au  sieur  curé  l'abandon  de  leur  dime 
pour  lui  tenir  lieu  de  portion  congrue. 

Depuis  environ  6  ans,  la  paroisse  n'a  fait  que  de  très  petites 
récoltes,  et  l'an  passé  la  grêle  en  a  perdu  les  trois  quarts  ; 
d'où  il  est  aisé  de  conclure  qu'il  n'y  a  dans  cette  paroisse 
aucun  habitant  qui  soit  à  son  aise  ;   les  trois  quarts  ne  sub- 

(*)  Environ  10  hectares. 

(*)  Environ  11  hectares  4. 

W  Environ  2  hectares  5. 

W  Environ  25  hectares. 

<5)  Bénédictins  du  prieuré  de  Notre-Dame  de  Bonne-Nouvelle  à  Orléans. 


396  BAILLIAGE    DE    BLOI& 

sislent  qu'à  force  de  travail;  les  autres  sont  réduits  à  [la]  plus 
grande  misère. 

C'est  pourquoi  nous  estimons  que  toute  la  taille,  les  impo- 
sitions accessoires  et  les  corvées  doivent  être  réparties  entre 
les  trois  Ordres  à  raison  de  la  propriété  et  jouissance  d'un 
chacun  ;  nous  espérons  cette  justice  avec  d'autant  plus  de 
confiance  que  la  corvée  qui  se  monte  au  quart  du  principal 
de  la  taille  et  qui  se  paye  en  argent,  employée  tant  aux 
réparations  qu'aux  constructions  des  grandes  routes,  est 
beaucoup  plus  utile  aux  riches  qu'aux  pauvres.  La  totalité 
pour  toutes  espèces  d'impositions  se  monte  à  la  somme  de 
3.718  livres,  fardeau  bien  exorbitant  et  accablant  pour  une 
paroisse  qui  n'est  composée  que  de  45  feux.  Il  n'y  a  que 
neuf  laboureurs  pour  payer  toutes  les  impositions  de  cette 
paroisse  ;  les  autres  sont  tous  journaliers  et  pauvres  néces- 
siteux qui  n'en  payent  qu'une  très  petite  portion,  quelques- 
uns  point  du  tout. 

Les  laboureurs  sont  d'autant  plus  gênés  et  écrasés  que 
leurs  fermes  sont  portées  aujourd'hui  à  un  si  haut  prix  que 
non  seulement  ils  n'y  trouvent  pas  de  quoi  vivre,  eux  et  leurs 
familles,  [mais]  que  ceux  qui  n'ont  point  de  bien  à  eux  s'y 
ruinent,  et  ceux  qui  en  ont  y  mangent  l'héritage  de  leurs 
pères  en  servant  leur  maître. 

2°  Nous  pensons  [qu'il  faut]  que  toutes  les  impositions  des 
taillables  et  ainsi  que  les  vingtièmes  [soient  réduites]  en  un 
seul  impôt  et  se  paient  en  argent  et  non  en  nature,  parce  que 
autrement  ce  serait  ôter  aux  cultivateurs  une  grande  partie 
de  leur  émulation  à  fertiliser  leurs  terres,  par  le  chagrin 
qu'ils  auraient  de  se  voir  enlever  leurs  fourrages,  qui  sont 
inappréciables  aux  laboureurs  à  cause  de  la  fertilité  que  le 
fumier  seul  peut  produire,  surtout  en  ce  canton-ci  où  le  sol 
est  froid  et  pesant. 

3°  On  pourrait  même  verser  directement  dans  les  coffres 
du  Roi  le  montant  des  impositions  au  moyen  des  voitures 
publiques. 


CAHIER    DE   BOISGASSON  397 

4°  Il  n'y  a  plus  dans  nos.  campagnes  que  des  pauvres  et 
des  malheureux,  par  la  raison  que  dans  les  grandes  villes  Ton 
ne  paye  point  de  taille,  dans  celles  où  il  [y]  a  des  élections 
Ton  n'en  paye  presque  pas  ;  d'où  il  arrive  que  les  gens  de 
campagne  tant  soit  peu  aisés  vont  s'y  réfugier  pour  se  met- 
tre à  Fabri  des  subsides  ;  d'où  il  résulte  nécessairement  que 
nous  en  sommes  écrasés,  nous  autres  pauvres  cultivateurs. 
Arrive-t-il  quelque  fléau  tel  que  l'on  [en]  a  éprouvé  depuis 
quelques  années  où  le  grain  et  les  bestiaux  sont  très  chers, 
surtout  depuis  qu'on  a  réuni  plusieurs  fermes  pour  n'en  faire 
qu'une  et  qu'on  a  mis  les  pâtures  en  labour  et  en  bois,  le 
privilégié  à  qui  les  mêmes  terres  appartiennent  est  obligé  d'en 
faire  l'exploitation  par  l'abandon  que  son  fermier  est  contraint 
d'en  faire  ;  [d'où  il  résulte]  un  surcroît  d'impositions  pour  le 
reste  de  la  paroisse. 

5°  Le  sel  qui  est  de  la  première  nécessité  nous  coûte  14  sols 
la  livre,  ce  qui  prive  quantité  de  personnes,  en  campagne 
surtout  où  les  pauvres  sont  en  plus  grand  nombre,  de  s'en 
servir  à  cause  de  son  prix  excessif.  Si  le  sel  était  mar- 
chand, il  en  serait  fait  une  plus  grande  consommation,  et 
l'État  y  gagnerait  par  la  suppression  de  tant  d'employés  de 
toutes  espèces. 

6°  Les  personnes  aisées  ont  du  vin,  ce  que  les  pauvres  ïie 
peuvent  se  procurer  au  besoin.  Pour  remédier  à  ce  mal,  il 
s'agirait  de  faire  payer  l'impôt  seulement  à  ceux  qui  le 
récoltent,  et  cela  sans  le  secours  de  tant  d'employés  à  pied 
[et]  à  cheval. 

7°  Nous  avons  à  nous  plaindre  que  les  lapins,  les  pigeons 
et  gibiers  destructeurs  ravagent  une  partie  de  nos  campa- 
gnes. Il  faudrait  obliger  les  seigneurs  de  n'avoir  des  lapins 
que  dans  des  garennes  closes,  et  qu'on  autorise  les  gens  de 
campagne  à  détruire  ceux  qu'ils  ont  dans  les  autres  bois. 
Tous  les  propriétaires  et  fermiers  voisins  des  lieux  où  il  [y] 
a  de  ces  animaux  perdent  tous  les  ans  une  grande  partie  de 
leur  travail. 


398  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

8°  Tous  les  différents  tribunaux  de  justice  qu'on  est  obligé 
de  parcourir  avant  d'arriver  à  une  justice  royale  prolongent 
les  procès  et  ruinent  ceux  qui  sont  forcés  d'y  avoir  recours  ; 
les  gens  de  campagne,  pour  se  faire  rendre  la  justice  qui 
leur  appartient,  sont  obligés  de  payer  trop  cher  tous  ces  offi- 
ciers de  justice  et  s'en  plaignent  avec  fondement. 

9°  Nous  ne  voulons  avoir  pour  représentants  aux  Etats  gé- 
néraux que  des  élus  pris  dans  notre  Ordre,  faute  de  quoi  nous 
révoquons  tous  pouvoirs  et  procuration. 

Toutes  les  vérités  que  nous  avons  exposées  sont  trop 
frappantes  pour  qu'un  ministre  aussi  juste  que  nous  avons 
le  bonheur  d'en  avoir,  M.  Necker,  ne  les  mette  pas  sous  les 
yeux  de  Sa  Majesté  par  le  canal  des  États  généraux. 

Fait  à  Boisgasson  ce  jourd'hui  5  mars  1789. 

(Suivent  9  signatures,  celles  de  :  Jean-Baptiste  Villedieu, 
syndic  ;  Jean  Laulard  ;  Marin  Juchet,  etc.) 

Paraphé  ne  varielur  par  nous,  juge  expédiant  en  consé- 
quence du  procès-verbal  de  ce  jourd'hui  5  mars  1789. 

(Signé  :  Barbereau.) 


SAINT~PELLERIN 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Courtalain  (*). 

Brigade  d'Illiers. 

m  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  L'abbé  Bordas  {Chorographie  du  Dunois, 
p.  202)  indique  Saint-Pellerin  comme  étant  de  la  chàtellenie  de  Courtalain,  et  en 
1789  c'est  le  bailli  de  Courtalain  qui  préside  l'assemblée  de  cette  paroisse. 


CAHIER   DE   SÀINT-PELLER1N  399 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Montmorency. 

Seigneur  en  1789  :  Anne-Léon  duc  de  Montmorency,  seigneur  de 
Courtalain. 

Taille  :  3.596  1.  (principal  :  1.630  1.  ;  accessoires  :  934  1.  ;  capita- 
tion  :  1.032  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (4  contribuables)  :  55  1.  4  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  1789. 

Président  :  Charles-René  Thenaisie,  avocat  au  parlement  et  bailli 
des  châtellenies  de  Courtalain  et  du  Mée  et  autres  justices  réunies. 
Même  président  qu'à  Langey-en-Dunois  et  Bouffry. 

Population  :  83  feux. 

Comparants  :  René  Thenaisie  ;  Pierre  Charré  ;  Jacques  Galliot  ; 
Pierre  Gourdiot  ;  Etienne  Charré  ;  Pierre  Thenaisie  ;  Jacques  Libert  ; 
Pierre  Clousier  ;  Charles  Martin  ;  Louis-Etienne  Communeau,  syndic  ; 
Jacques  Pigalle  ;  Louis  Vallée  ;  François  Bertin  ;  Martin  Grandin  ; 
Pierre  Leroy;  Marin  Guinnebert;  Jacques  Meslai;  Louis  Martin; 
Jean  Chrétien  ;  Pierre  Pillay  ;  Pierre  Perche  ;  Pierre  Martin  ;  Tous- 
saint Bristeaux  ;  Charles  Poirier. 

Députés  :  René  Thenaisie-Marchand,  laboureur,  et  Marin  Guinne- 
bert, meunier. 

Suivent  10  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Saint-Pellerin, 
élection  de  Chàteaudun,  généralité  d'Orléans,  bailliage 
de  Blois. 

Nous,  habitants  de  la  paroisse  de  Saint-Pellerin  soussi- 
gnés, avons  arrêté  à  l'assemblée  qui  s'est  tenue  conformé- 
ment aux  ordres  du  Roi  le  mardi  3  du  présent  mois  ce  qui 
suit. 


400  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Nous  demandons  à  ne  plus  payer  ni  taille  ni  autres  acces- 
soires. Ces  impôts  sont  exorbitants  dans  notre  paroisse;  ils 
sont  la  ruine  des  malheureux  fermiers.  Nous  sommes  impo- 
sés à  des  taux  si  considérables  que  nous  ne  pouvons  pas 
payer,  et  alors  on  nous  écrase  de  frais  de  brigade.  La  taille 
enlève  aux  malheureux  fermiers  et  aux  pauvres  les  salaires 
de  leurs  peines.  Ne  pouvant  gagner  que  pour  satisfaire  aux 
impôts  dont  nous  sommes  écrasés,  nous  manquons  des 
choses  les  plus  nécessaires  à  la  vie,  tandis  que  nous  voyons 
ceux  qui  sont  dans  l'opulence  insulter  pour  ainsi  dire  à  nos 
misères  et  ne  payer  que  très  peu  d'impôts.  Ce  sont  les  mal- 
heureux qui  sont  opprimés  et  les  riches  soulagés. 

Nous  demandons  qu'au  lieu  de  la  taille  on  établisse  un  seul 
et  unique  impôt  dans  l'État,  auquel  soient  assujettis  les  ecclé- 
siastiques, les  nobles  et  tous  autres  privilégiés  quelconques, 
sans  distinction,  et  que  le  produit  en  soit  porlé  directement 
au  trésor. 

Que  l'on  convertisse  les  dîmes  et  champarts  en  une  rede- 
vance en  argent  ou  grains  que  chacun  serait  obligé  de  payer 
aux  seigneurs  en  raison  de  ce  qu'il  posséderait.  Car  ce  sont 
des  droits  onéreux  non  seulement  aux  fermiers,  mais  même 
aux  propriétaires  ;  ils  leur  enlèvent  la  meilleure  partie  de  leur 
récolte  et  les  engrais  de  sur  leurs  terres. 

Que  l'on  supprime  la  gabelle  et  que  le  sel  devienne  mar- 
chand. Il  est  à  un  prix  si  exorbitant  dans  nos  pays  que  les 
pauvres  sont  obligés  de  s'en  passer  et  que  les  laboureurs  se 
trouvent,  faute  d'argent,  dans  l'impossibilité  d'en  employer 
autant  qu'il  leur  en  faudrait.  Cet  impôt  nous  est  très  oné- 
reux et  très  préjudiciable  à  nos  bestiaux  ;  car,  s'il  n'était  pas 
si  cher,  nous  leur  en  donnerions  de  temps  en  temps  ;  ils 
seraient  en  meilleur  état  et  pas  si  souvent  malades. 

Que  l'on  réforme  les  aides;  cet  impôt  coûte  beaucoup  aux 
citoyens  et  ne  rapporte  presque  rien  à  l'État.  Il  faut  des 
sommes  immenses  pour  les  commis  ;  ils  sont  on  ne  peut 
plus  multipliés,  et  ce  pour  l'intérêt  des  fermiers  généraux 
seulement. 


CAHIER   DE    SAINT-PELLERIN  401 

Que  la  corvée  soit  faite  aux  frais  de  ceux  qui  en  profitent. 
N'est-il  pas  injuste  que  les  pauvres  fermiers,  déjà  chargés 
du  poids  énorme  de  tous  les  impôts,  payent  plus  que  les 
autres  pour  les  grands  chemins  ?  Nous  sont-ils  d'une  grande 
utilité  dans  nos  campagnes  ?  Ne  sont-ce  pas  les  grands  sei- 
gneurs et  les  habitants  des  villes  qui  en  profitent,  et  par 
conséquent  n'est-ce  pas  à  eux  à  y  contribuer  à  proportion  ? 

Que  les  revenus  des  curés  soient  augmentés  et  qu'on  ne 
les  paye  plus  ni  pour  administrer  les  sacrements,  ni  pour 
faire  aucun  acte  de  leur  ministère. 

Que  Ton  ne  permette  plus  aux  pauvres  [de  mendier]  hors 
de  leur  paroisse,  ni  même  dans  leur  paroisse  ;  qu'on  établisse 
dans  chacune  des  bureaux  de  charité  pour  le  soutien  des 
malheureux,  et  que  chacun,  soit  propriétaire,  soit  habitant, 
y  contribue  suivant  ses  facultés  et  en  raison  de  ce  qu'il  pos- 
sède dans  la  paroisse. 

Nous  demandons  enfin  que  les  assemblées  provinciales  et 
municipales  subsistent,  qu'elles  soient  perfectionnées,  que 
les  présidents  et  autres  membres  qui  les  composeront  soient 
choisis  dans  la  province  et  pris  dans  la  province. 

Nous  voulons  que  nos  députés  aux  Etats  généraux  soient 
pris  dans  le  Tiers  état,  que  ce  soit  quelqu'un  d'assujetti 
aux  impôts  comme  nous.  Nous  n'entendons  pas  qu'ils  soient 
choisis  dans  le  corps  ni  des  ecclésiastiques,  ni  des  nobles, 
ni  des  autres  privilégiés  quelconques,  et  protestons  dès  à 
présent  contre  tous  pouvoirs  qui  seraient  donnés  à  autres 
qu'à  des  citoyens  du  Tiers  état  chargés  des  mêmes  impôts 
que  nous. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  Communeau,  syndic  ; 
Guinnebert,  etc.). 

Paraphé  ne  varietur  par  nous,  bailli,  en  conséquence  de 
notre  procès-verbal  ce  jourd'hui  3  mars  1789, 

(Signé  :  Thenaisie). 

Ce  cahier  présente  de  grandes  analogies  avec  le  cahier  ci-après  de 


402  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Langey-en-Dunois  qui  contient  à  peu  près  les  mêmes  demandes  dans 
le  même  ordre,  mais  avec  une  rédaction  différente. 


LANGEY-EN-DUNOIS 


Dép,  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Chàteaudun.  —  Gant,  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chàteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Chàteaudun  W. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Thiroux. 

Seigneur  en  1789  :  Thiroux  d'Ouarville,  seigneur  de  Montigny-le- 
Gannelon  et  de  Villemesle. 

Taille  :  4.381  1.  (principal  :  2.100  1.  ;  accessoires  :  951  1.  ;  capita- 
tion  :  1.3301.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Charles-René  Thenaisie,  avocat  en  parlement  et  bailli 
des.  châtellenies  et  seigneuries  de  Villemesle  et  autres  lieux  réunis. 
Même  président  qu'à  Saint-Pellerin  et  Boufîry. 

Population  :  133  feux. 

Comparants  :  Louis  Piédallu  ;  Claude  Geray;  Jean  Geray;  Etienne 
Chavigny  ;  Jacques  Coutard  ;  Joseph  Deux  ;  Martin  Martin  ;  Léonard 
Coursimault  ;  Denis  Bois,  syndic  ;  Denis  Bois  ;  Louis  Robillard  ; 
Joseph  Girard  ;  Pierre  Cochereau  ;  Mathurin  Juché;  Antoine  Pionnier; 

<*)  «  Son  fief,  sa  basse  et  moyenne  justice  relèvent  de  Montigny,  la  haute  de  la 
tour  de  Chàteaudun.  Elles  sont  toutes  trois  réunies  à  lachâtellenie  de  Villemesle.  » 
(Abbé  Bordas,  Chorographie  du  Dunois,  p.  116)  Cf.  p.  393,  note  1. 


CAHIER   DE    LANGEY-EN-DUN01S  403 

Jacques  Bellier  ;   Jean-Joseph   Guillois  ;   Georges  Landereau  ;  René 
Renault;  Jean  Clergeau  ;  Charles-François  Goujon. 

Députés  :  Jacques  Coutard  et  Denis  Bois,  syndic,  laboureurs. 

Suivent  13  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  de  la  paroisse  de  Langey.  élection  de 
Châteaudtuiy  généralité  d'Orléans,  bailliage  de  B  loi  s. 

Nous  habitants  de  la  paroisse  de  Langey  soussignés,  nous 
étant  assemblés  en  vertu  des  ordres  du  Roi,  le  vendredi  6  du 
présent  mois  de  mars  1789,  avons  fait  l'arrêté  qui  suit  : 

Nons  demandons  que  tous  les  privilèges  soient  abolis. 
Nous  disons  que,  si  quelqu'un  mérite  avoir  des  privilèges  et 
jouir  d'exemptions,  ce  sont  sans  contredit  les  habitants  de  la 
campagne,  car  ce  sont  eux  qui  sont  les  plus  utiles  à  l'État,  et 
qui  par  leurs  travaux  le  font  vivre  ;  que  [ce]  sont  presque  eux 
seuls  qui  jusqu'à  présent  ont  payé  les  impôts  exorbitants 
dont  cette  province  est  chargée  ;  que  les  campagnes  sont 
ruinées,  et  les  cultivateurs  dans  l'impossibilité  de  pouvoir  se 
soutenir  et  élever  leur  famille  :  que  la  plus  grande  partie 
manque  de  pain,  vu  les  impôts  dont  ils  sont  surchargés  et 
les  pertes  qu'ils  éprouvent  chaque  année  soit  par  le  gibier 
et  autres  fléaux, 

Nous  demandons  aussi  que  les  tailles  dont  notre  paroisse 
est  accablée,  de  même  que  plusieurs  autres  de  l'élection  de 
Ghâteaudun  qui  est  une  des  plus  chargée,  soient  abolies  ;  que 
cet  impôt  qui  nous  opprime  et  qui  n'est  payé  que  par  les 
malheureux  soit  converti  en  un  seul  et  unique  impôt,  auquel 
soient  assujettis  tous  les  ecclésiastiques  et  les  nobles  sans  dis- 
tinction, et  que  le  produit  de  cet  impôt  soit  porté  directe- 
ment au  trésor. 

Nous  demandons  encore  qu'il  n'y  ait  plus  de  gabelle  et  que 
le  sel  devienne  marchand,  ce  qui  serait  un  grand  bien  pour 


404  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

tout  le  peuple,  et  surtout  pour  nous  habitants  de  la  campagne 
qui  payons  cette  denrée  fort  cher  et  qui  en  dépensons  le  plus  ; 
c'est  un  impôt  qui  nous  est  fort  onéreux  et  préjudiciable. 

Nous  demandons  de  même  que  l'on  supprime  les  aides, 
cet  impôt  des  plus  exorbitants,  le  moins  nécessaire  et  dont  le 
Roi  ne  profite  pas  ;  car  combien  cet  impôt  entraine-t-il  de 
frais  de  régie  par  le  grand  nombre  de  commis  qui  sont 
répandus  dans  différents  endroits,  qui  la  plupart  ne  cher- 
chent qu'à  ruiner  le  peuple  en  lui  suscitant  des  procès  injus- 
tes pour  frayer  à  leurs  dépenses  énormes  ! 

Nous  demandons  pareillement  que  la  corvée  soit  faite  aux 
frais  de  ceux  qui  en  profitent.  Les  grands  chemins  ne  sont 
utiles  qu'aux  grands  seigneurs  et  aux  habitants  des  villes, 
et  ce  sont  nous,  cultivateurs  opprimés,  qui  en  faisons  les 
frais,  nous  déjà  chargés  du  fardeau  de  tous  les  impôts. 

Nous  demandons  en  même  temps  que  les  curés  soient 
augmentés  et  qu'on  ne  leur  paye  plus  rien  pour  administrer 
les  sacrements  et  exercer  leur  ministère. 

Nous  demandons  encore  que  la  mendicité  soit  supprimée, 
que  chaque  pauvre  ne  sorte  plus  de  sa  paroisse,  et  qu'il  soit 
établi  dans  chacune  des  bureaux  de  charité,  et  qu'un  chacun, 
soit  propriétaire,  soit  habitant,  paye  une  somme  en  raison 
de  ses  possessions  ;  car  la  plus  grande  partie  de  ceux  qui 
tirent  le  revenu  de  la  paroisse  ne  donnent  rien  aux  pauvres, 
et  c'est  nous  qu'ils  accablent  et  nous  forcent  pour  ainsi  dire 
de  leur  faire  l'aumône. 

Comme  les  assemblées  provinciales  et  municipales  sont  de 
la  [plus]  grande  utilité  et  n'ont  pour  but  que  le  bien  public, 
nous  demandons  qu'elles  subsistent  et  soient  perfectionnées, 
que  les  président  et  membres  qui  les  composent  soient  choisis 
et  pris  dans  la  province. 

Nous  entendons  que  ceux  qui  seront  députés  pour  les 
États  généraux  soient  pris  dans  la  classe  du  Tiers  état  et  non 
dans  celles  du  Clergé,  de  la  Noblesse  et  autres  privilégiés 
quelconques,  et  ne  voulons  pour  nous  représenter  que  des 
personnes  assujetties  aux  mêmes  impositions  que  nous. 


CAHIER    DE   BOUFFRY  405 

Nous  révoquons  expressément  tous  pouvoirs  qui  seraient 
donnés  à  d'autres  qu'à  des  personnes  du  Tiers  état. 

(Suivent  12  signatures,  celles  de  :  Bois,  syndic;  Coutard, 
etc.) 

Paraphé  ne  varietur  par  nous  bailli  en  conséquence  de 
notre  procès-verbal  de  ce  jourd'hui  6  mars  1789. 

(Signé  :  Thenaisie.) 

Ce  cahier  présente  de  grandes  analogies  avec  le  cahier  de  Saint-Pel- 
lerin  qui  le  précède. 


BOUFFRY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Droué. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Droué  <*). 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  le  8  septembre. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  de  Thiroux. 

Seigneur  en  1789  :  Thiroux  d'Ouarville,  seigneur  de  Montigny-le- 
Gannelon  et  de  Villemesle. 

Population  en  1790  :  465  habitants. 

Taille  :  2.196  1.  (principal  :  4.000;  accessoires  :  563  1.;  capitation  : 
633  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

0)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  Cependant,  suivant  l'abbé  Bordas,  la  sei- 
gneurie de  Bouflfry  aurait  été  réunie  à  la  chutellenie  de  Villemesle,  et,  en  1789, 
c'est  le  bailli  de  Villemesle  qui  préside  l'assemblée  de  Bouflfry.  Cf.  p.  393,  note  1. 


406  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

PROCÈS -VERBAL 

Date:  1er  mars  1789. 

Président  :  Charles-René  Thenaisie,  avocat  en  parlement  et  bailli 
de  la  justice  de  Villemesle.  Même  président  qu'à  Saint-Pellerin  et  à 
Langey-en-Dunois. 

Population  :  90  feux. 

Comparants  :  Pierre  Goujon  ;  Pierre-François  Dorsemaine,  greffier; 
Pierre  Deslandes,  François  Trécul,  Claude  Halouin,  membres  de 
l'assemblée  municipale  ;  Charles  Loiseleur  ;  Charles  Rousseau  ;  Noël 
Roger  ;  Joseph  Coursimault  ;  Joseph  Berlin  ;  Léonard  Bois  ;  François 
Bois  ;  Jean  Balarger  ;  Jacques  Coursimault  :  Pierre  Lucas. 

Députes  :  Pierre  Goujon,  syndic,  et  Pierre  Deslandes,  membre  de  la 
municipalité. 

Suivent  6  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  contenant  les  plaintes  de  doléances  et  remon- 
trances de  la  paroisse  de  Bouffry. 

Fait  par  nous  syndic  et  habitants  de  ladite  paroisse,  pour 
remettre  à  Pierre  Goujon  et  Pierre  Deslandes,  tous  deux 
députés  et  nommés  par  lesdits  habitants,  et  lesdits  députés 
ont  promis  de  le  remettre  au  lieutenant  général  de  Blois 
audit  jour  9  du  présent  mois  et  de  leur  en  acquitter  fidèle- 
ment, ledit  cahier  contenant  quatre  feuillets  cotés  et  para- 
phés par  première  et  dernière  page,  le  1er  mars  1789. 

Art.  1er.  —  Nous  demandons  les  impôts  territoriales  (sic). 

Art.  2.  —  Nous  sommes  accablés  d'impôts  énormes  ; 
des  droits  odieux  nous  enlèvent  une  partie  de  nos  récoltes  ; 
les  animaux  de  toutes  espèces  ravagent  nos  moissons. 

Art.  3.  —  Nous  observons  que  notre  paroisse  est  de  peu  de 
culture  en  toutes  espèces  de  grains  et  de  foin.  La  cinquième 


CAHIER    DE   BOUFFRY  407 

partie  de  notre  paroisse  est  en  bois  et  bruyères,  dont  il  y  a 
bien  400  arpents  W  de  bois,  attendu  que  les  seigneurs  et 
bourgeois,  aussitôt  qu'ils  voient  que  les  terres  ne  veulent 
pas  rapporter,  ils  aiment  mieux  les  mettre  en  bois  que  de 
les  engraisser  par  la  marne  qui  est  un  aliment  propre  pour  la 
terre. 

Art.  4,  —  Nous  observons  que  le  seigneur  de  notre 
paroisse  a  affermé  il  y  a  28  ans  une  terre  en  fief  appartenant 
à  l'abbaye  de  Saint-Avit,  proche  Châteaudun,  pour  le  droit 
de  chasse  et  la  réunir  en  bois  ;  elle  était  composée  en  bâti- 
ments, 7  arpents  W  de  terre  labourable  par  saison  et  de 
19  arpents  <3)  de  bois  taillis,  et  30  arpents  l4)  de  terre  en 
bruyères  ;  ledit  seigneur  a  bien  su  détruire  les  bâtiments  et 
mettre  la  terre  qui  était  en  valeur  en  bois,  et  il  a  fait  défri- 
cher les  30  arpents  de  bruyères  depuis  10  ans,  qui  sont 
exempts  de  taille  suivant  les  arrêts,  et  son  dessein  est  de  les 
mettre  en  bois. 

Nous  déclarons  que  ledit  seigneur,  qui  depuis  25  à  40  ans 
a  détruit  une  terre  et  un  bordage  (3)  contenant  130  arpents  (6) 
de  terre,  il  les  a  réduits  en  bois,  d'où  nous  n'avons  eu 
aucune  diminution  sur  la  taille. 

Art.  5.  -  Nous  déclarons  aussi  que  notre  paroisse  est 
chargée  de  droits  seigneuriaux  envers  4  seigneurs  :  que  nous 
demandons  en  être  déchargés  et  de  payer  seulement  les 
droits  de  cens,  s'ils  sont  dûs. 

Art.  6.  —  Nous  demandons  à  être  exempts  du  champart, 
attendu  que  ça  nous  ôte  Tempaillement  de  nos  terres  et 
que  nous  n'osons  seulement  enlever  nos  grains  sans  avoir 
livré  ledit  champart  audit  seigneur. 


W  Environ  470  hectares. 

(*)  Environ  3  hectares. 

(3)  Environ  8  hectares. 

(*)  Environ  12  hectares  6. 

(•»>  Bordage  :  métairie,  closerie. 

W  Environ  55  hectares. 


408  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Art.  7.  —  Nous  observons  que  le  droit  de  chasse  soit  ôté 
aux  seigneurs,  attendu  qu'ils  sont  très  curieux  d'affier  (*)  des 
bètes  sauvages  et  du  gibier,  qui  ravagent  nos  grains  et  bes- 
tiaux sans  que  l'on  ose  s'en  défendre,  parce  qu'ils  sont  très 
curieux  de  faire  faire  des  procès  par  leurs  gardes  et  qu'ils 
nous  condamnent  en  amendes  par  leurs  juges,  et  en  outre 
que  lesdits  seigneurs  font  des  chasses  à  cheval  et  meute 
tout  au  travers  les  grains  pendant  des  journées  entières,  sans 
que  Ton  ose  rien  leur  dire  parce  qu'ils  croient  avoir  tous 
droits. 

Art.  8.  —  Nous  demandons  la  destruction  des  lapins  que 
les  gardes  sont  très  curieux  d'affier  et  qui  sont  un  empoi- 
sonnement pour  les  grains. 

Art.  9.  —  Nous  demandons  à  être  exempts  de  toute  bana- 
lité et  corvée  envers  les  seigneurs. 

Art.  10.  —  Nous  demandons  qu'aucun  seigneur  ne 
jouisse  d'aucun  étang  sur  le  bien  des  particuliers  qui  en 
payent  encore  les  droits. 

Art.  11.  —  Nous  observons  et  demandons  que  les  droits 
royaux  dont  nous  sommes  chargés  soient  réunis  en  un  seul, 
et  que  tous  soient  mis  aux  impôts,  tant  seigneurs  que  nobles, 
prêtres,  tant  séculiers  que  réguliers,  des  deux  sexes  [et]  ne 
jouissent  d'aucun  privilège. 

Art.  12.  —  Nous  demandons  que  les  corvées,  qui  sont 
payées  en  argent  par  nous,  soient  payées  par  les  seigneurs 
et  nobles  et  ecclésiastiques,  et  que  nous  payions  seulement 
un  petit  impôt  pour  travailler  aux  chemins  de  traverse  qui 
se  trouvent  dans  la  paroisse. 

Art.  13.  —  Nous  demandons  que  chaque  paroisse  soulage 
ses  pauvres,  et  qu'il  soit  fait  un  rôle  au  marc  la  livre  de  la 
taille  pour  leur  soulagement. 

(*)  Aflier  :  élever. 


CAHIER   DE    BOUFFRY  409 

Art.  14.  —  Nous  demandons  que  les  enterrements  et 
mariages  de  chaque  paroisse  soient  faits  par  les  curés 
gratis. 

Art.  15.  —  Nous  demandons  l'arrondissement  des  pa- 
roisses, parce  qu'il  s'en  trouve  qui  sont  très  mal  construites, 
et  que  l'on  ne  peut  pas  aller  à  la  messe  de  sa  paroisse  et  aux 
assemblées  qui  s'y  tiennent  à  cause  de  la  trop  grande  loin- 
gueté  <*). 

Art.  16.  —  Nous  demandons  la  destruction  des  gabelles, 
attendu  que  le  sel  est  très  cher  et  qu'il  y  a  une  partie  du 
peuple  qui  ne  peut  pas  en  avoir,  et  la  destruction  de  la 
compagnie  des  aides,  qui  est  très  coûteuse  à  cause  de  la 
grande  quantité  des  employés,  et  les  droits  d'entrée  sup- 
primés qui  sont  très  coûteux  aux  peuples. 

Fait  et  arrêté  par  nous  syndic  et  habitants,  qui  ont  déclaré 
savoir  signer,  sauf  ceux  qui  ont  déclaré  ne  savoir  signer. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Pierre  Deslandes  ;  Pierre 
Goujon,  syndic,  etc.) 

Paraphé  ne  varielur  au  désir  de  l'acte  d'assemblée  de 
ce  jourd'hui  1er  mars  1789  par  nous  bailli  soussigné. 

(Signé  :  Thenaisie). 

Les  articles  1,  2,  7  et  11  du  cahier  sont  textuellement  identiques 
aux  articles  1,  2,  6  et  16  du  cahier  ci-après  de  Ruan,  et  les  articles  5, 
6,  8,  9,  10,  12,  13,  15  et  16  présentent  de  grandes  analogies  avec  les 
articles  17,  5,  7,  9,  8,  13,  14,  15  et  11  du  même  cahier. 

0)  Sic.  Lire  :  «  Du  trop  grand  éloignement,  » 


410  BAILLIAGE   DE    BLOIS 


RUAN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Àrr.:  Vendôme.  —  Cant.  :  Droué. 

Généralité:  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel:  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Droué. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Seigneur  en  1768:  l'abbé  de  la  Madeleine  [de  Châteaudun]. 

Population  en  1790  :  260  habitants. 

Taille  :  2.108  1.  (principal  :  950  1.  ;  accessoires  :  555  1.  ;  capitation  : 
603  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date:  4  mars  1789. 

Président  :  Pierre-Noël  Breton,  procureur  fiscal  de  la  châtellenie  de 
Droué,  juge  expédiant  en  l'absence  du  bailli  de  ladite  châtellenie. 
Même  président  qu'à  Bourguérin-Boisseleau. 

Population  :  55  feux. 

Comparants  :  Jean  Fossé,  syndic  ;  René  Clouzier,  greffier;  Marin 
Cautcx,  Louis  Coulon,  Louis  Hateau,  membres  de  l'assemblée  munici- 
pale ;  Pierre  Javarry  ;  Jean  Journet  ;  Louis  David  ;  Joseph  Cirards  ; 
Jacques  Coursimault  ;  Marin  Girard  ;  Léonard  Bois. 

Députés  :  Jean  Fossé,  syndic,  et  Jacques  Coursimault. 

Suivent  6  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  contenant  les  plaintes  de  doléances  et  remon- 
trances de  la  paroisse  de  Rua?i. 

Fait  par  nous,  syndic  et  habitants  de  ladite  paroisse,  pour 
remettre  à  Jean  Fossé  et  Jacques  Coursimault,  tous  deux 


CAHIER   DE    RUÀN  411 

députés  et  nommés  par  lesdits  habitants,  et  lesdits  députés 
ont  promis  de  le  remettre  au  lieutenant  général  de  Blois 
audit  jour,  9  du  présent  mois,  et  de  leur  en  acquitter  fidèle- 
ment, ledit  cahier  contenant  quatre  feuillets  cotés  et  para- 
phés par  première  et  dernière  page. 

Art.  1er  et  2.  —  [Identiques  aux  articles  1er  et  2  du  cahier 
de  Bouffry]. 

Art.  3.  —  Observons  que  notre  paroisse  est  un  terrain  très 
rude  à  cultiver  dans  une  partie,  et  l'autre  en  très  mauvaise 
terre  et  qui  est  d'une  médiocre  culture,  et  môme  en  danger 
qu'il  y  en  reste  une  partie  en  auvale  W.  attendu  que  notre 
paroisse  est  très  mal  morigénée  par  le  seigneur  de  la  paroisse, 
qui  est  un  abbé  qui  en  est  le  seigneur,  qui  a  au  moins  la 
moitié  de  la  paroisse,  ce  qu'il  [a]  affermé  à  un  fermier  géné- 
ral ;  que  les  fermiers  n'ont  aucune  gratification,  et  [qu'il  est] 
même  très  rude  auxdits  fermiers  pour  les  faire  payer  sans 
ménagement  ;  soit  qu'ils  souffrent  grêle  ou  rouille,  ils  n'ont 
aucune  ressource  de  rien.  Ainsi  nous  demandons  que  tous 
abbés  qui  jouissent  de  biens  de  main-morte  en  jouissent  eux- 
mêmes  et  afferment  leurs  terres  eux-mêmes  et  qu'ils  ne  don- 
nent jamais  leur  bien  à  des  fermiers  général  (sic),  parce  que 
s'il  continue  seulement  encore  trois  ans,  il  restera  la  moitié 
de  notre  paroisse  en  auvale  <2).  Ainsi  il  est  très  fâcheux  pour 
des  fermiers  de  souffrir  des  pertes  et  de  n'avoir  aucun  soula- 
gement, et  encore  il  est  très  fâcheux  pour  notre  paroisse  de 
n'avoir  aucun  soulagement  sur  les  taille  et  autres  impo- 
sitions. 

Art.  4.  —  Nous  observons  que  notre  paroisse  est  ravagée 
par  les  bêtes  sauvages  qui  ravagent  nos  grains  et  nos  bes- 
tiaux, sans  que  l'on  puisse  les  détruire  sans  que  Ton  ne  fasse 
des  procès. 

Art.  5.  —  [Identique  à  l'art.  6  du  cahier  de  Bouffry]. 


0)  Sic.  Il  faut  sans  doute  lire  :  «  en  novale  ». 
(*)  Cf.  note  1. 


412  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Art.  6.  —  [Identique  à  Fart.  7  du  même  cahier]. 

Art.  7.  —  [Identique  à  l'art.  8  du  même  cahier]. 

Art.  8.  —  [Identique  à  l'art.  10,  moins  les  derniers  mots]. 

Art.  9.  —  [Identique  à  Fart.  9,  moins  les  derniers  mots]. 

Art.  10.  —  Nous  déclarons  qu'il  y  a  dans  notre  paroisse  la 
quantité  de  150  arpents  M  de  bois  taillis. 

Art.  H .  —  Nous  demandons  et  déclarons  qu'il  serait  utile 
que  les  gabelles  soient  détruites  et  supprimées,  attendu  que 
toutes  lesdiles  fermes  renferment  peut-être  100.000  hommes  : 
les  employés  deviendraient  utiles  dans  le  militaire  ;  et  que 
toutes  les  entrées  soient  franches  dans  les  villes. 

Art.  12.  —  Nous  demandons  que  le  rôle  d'impositions 
royales  soit  proportionné  aux  besoins  de  l'État  sur  les  pro- 
priétés et  l'industrie,  sans  exceptions  d'états  ou  de  personnes, 
et  qu'il  soit  versé  dans  le  coffre  du  Roi  par  le  receveur  parti- 
culier de  chaque  province,  et  que  les  deniers  en  soient  ver- 
sés sans  frais. 

Art.  13.  —  Que  les  corvées  payées  en  argent  soient  sup- 
portées [tant]  par  le  Clergé  et  la  Noblesse  que  par  le 
Tiers  état  ;  qu'une  partie  de  cette  imposition  reste  dans 
chaque  paroisse  pour  la  réparation  des  chemins  de  tra- 
verse . 

Art.  14.  —  Que  la  mendicité  soit  détruite  en  chargeant 
que  chaque  paroisse  soit  chargée  de  ses  pauvres  ;  que  pour 
cet  objet  il  soit  fait  dans  chaque  municipalité  un  rôle  au  marc 
la  livre  de  l'imposition  royale  ;  la  municipalité  veillerait  aux 
besoins  des  indigents,  et  si  la  somme  ne  suffisait  on  y  sup- 
pléerait. 

Art.  15.  —  Nous  demandons  que  les  paroisses  soient  ar- 
rondies, attendu  qu'il  y  en  a  de  très  mal  composées  et  qui  ont 
jusqu'à  deux  ou  trois  lieues  de  long  et  qu'une  demi-lieue  de 

(*)  Environ  63  hectares. 


CAHIER    DE    DROUÉ  413 

large,  et  qu'il  est  1res  difficile  pour  faire  des  assemblées  de 
paroisse. 

Art    16.  —  [Identique  à  l'art.  11  du  cahier  de  Bouffry]. 

Art.  17.  —  Nous  demandons  à  être  exempts  des  droits 
seigneuriaux;  qu'ils  soient  détruits  et  que  Ton  paye  seulement 
les  droits  de  cens,  s'ils  sont  dûs. 

Fait  et  arrêté  par  nous,  syndic  et  habitants  de  ladite  pa- 
roisse, lesdits  jour  et  an.  Ainsi  signé. 

(Suivent  f)  signatures,  celles  de  :  Fossé,  syndic  ;  Breton, 
procureur  fiscal  de  la  chàtellenie  de  Droué,  juge  expédiant 
pour  l'absence  de  M.  le  bailli,  etc.) 


DROUÉ 

(Ancienuemcnt  :  Bourguérin-Boisseleau). 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  chef-lieu  du  can- 
ton de  Droué. 

Généralité:  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  de  Droué  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigades  d'Illiers  et  de  Châteaudun  (*). 

Marché  :  le  mardi. 

Foires  :  h  la  Saint-Nicolas,  la  Saint-Claude,  la  Saint-Simon,  la  Saint- 
Mathias  et  la  Saint-Mathieu  (2). 

Commerce  et  industrie  :  fabrique  de  couvertures  de  laine  (couver- 
tures d'épaules). 

0)  Le  manuscrit  de  Jousse  consacre  un  article  à  «  Bouguérin  (sir)  -Boisseleau  » 
et  un  autre  à  Droué.  Le  premier  porte  :  brigade  de  Châteaudun,  et  le  second  : 
brigade  d'Illiers. 

(J)  D'après  l'abbé  Bordas,  C horographie  du  Dunois,  p.  77.  —  Le  manuscrit  de 
Jousse  dit  :  «  6  foires  »,  sans  donner  les  dates. 


414  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Brancas. 

Seigneur  en  1789  :  dame  veuve  Bellanger,  dame  de  Bourguérin  et 
Boisseleau. 

Population  en  1790  :  801  habitants. 

Taille  :  7.331  I.  (principal  :  3.360  1.  ;  accessoires  :  1,843  1.  ;  capita- 
tion  :  2,128  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  4  1.  16  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Pierre-Noël  Breton,  procureur  fiscal  de  la  châtellenie 
de  Droué,  faisant  fonction  de  juge  expédiant  en  l'absence  du  bailli 
de  cette  châtellenie.  Môme  président  qu'à  Ruan. 

Population  :  160  feux. 

Comparants  :  Jacques  Trecul,  César  Panais,  Louis  Roger.  François 
Renault,  François  Deniau,  René  Renault,  Charles  Chauvin,  Michel 
Hamelin,  François  Augeret,  Denis  Chavigny,  Jean  Chavigny,  Denis 
Harmand,  François  Roger,  Jean  Fisseau,  Jean  Boucher,  Jean-Denis 
Sevin,  Julien  Jorry,  Louis  Panais,  Pierre  Caillot,  Jacques  Mérillion, 
Charles  Lucas,  Joseph  Gnillevert,  Jean  Algrain,  Charles  Lucas,  Jacques 
Boisembert,  Jacques  Fosset,  Jacques  Baudoin,  Jean-Baptiste  Hamrao- 
nière,  laboureurs  et  marchands  ;  Michel  Bousserie,  Nicolas  Gouin, 
Jean  Landier,  journaliers. 

Députés  :  César  Panais,  laboureur,  et  Jean  Boucher,  marchand. 

Suivent  11  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes  et  demandes  de  la  part  des  habitants 
de  la  paroisse  de  Bourg uérin-Boisseleau-Droué,  du 
Tiers  état,  en  Dunois  confins  du  Perche,  que  messieurs 
les  députés  pour  représenter  le  Tiers  état  à  l'assemblée 
générale  de  Blois  sont  priés  d'insérer  dans  le  cahiw 


CAHIER    DE   DROUÉ  415 

général  dudit  bailliage  de  Blois,  outre  les  réclama- 
lions  des  droits  et  le  bien  général  de  la  Nation. 

Observations  particulières  desdits  habitants.  —  Le  ter- 
rain de  cette  paroisse  est  d'un  très  médiocre  rapport,  veineux, 
pierreux,  grisonneux,  W  glaireux  <2>,  froid,  et  la  plus  grande 
partie  exposé  à  être  couvert  d'eau  qui  y  séjourne  à  la 
moindre  pluie. 

11  faudrait  une  grande  quanti  té  d'engrais  pour  les  (sic)  échauf- 
fer, ce  que  Ton  ne  peut  se  procurer,  n'en  récoltant  pas  à 
suffire  seulement  pour  la  nourriture  des  bestiaux  indispen- 
sables pour  leurs  cultures,  et  les  dimes  en  diminuent  encore, 
de  manière  que  leur  produit  n'est  souvent  pas  suffisant  pour 
payer  les  impôts  excessifs  dont  sont  chargés  lesdits  habi- 
tants, joints  aux  charges  particulières  et  autres  inconvé- 
nients dont  ils  vont  se  plaindre  et  demander  la  réformation 
ou  suppression. 

Demandes  particulières.  —  Sans  préjudicier  à  celles 
générales  pour  le  bien  de  l'État. 

1°  Lesdits  habitants  demandent  la  diminution  des  impôts 
excessifs  dont  ils  sont  chargés  en  tous  genres. 

2°  Demandent  la  suppression  des  privilèges  pécuniaires  de 
la  Noblesse,  ecclésiastiques  et  des  pourvus  de  charges. 

3°  Demandent  la  suppression  de  toutes  banalités  et  corvées 
vers  les  seigneurs,  comme  très  onéreuses  au  public,  et  du 
droit  exclusif  de  la  vente  du  vin  au  détail. 

4°  Demandent  la  suppression  pécuniaire  des  privilèges  de 
la  Noblesse  sur  leurs  terres,  relativement  aux  impôts,  et  que 
la  corvée  soit  payée  indistinctement  par  tout  le  monde, 
ecclésiastiques  et  nobles. 

5°  Demandent  que  les  dîmes  soient  converties  en  rede- 


(*)  Contenant  du  grison,  sorte  de  grès. 
<2)  Sans  doute  pour  :  glaiseux,  argileux. 


416  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

vances  en  grains,  de  manière   que  les  pailles  restent  aux 
cultivateurs. 

6°  Demandent  la  réforme  des  privilèges  des  seigneurs  et 
nobles,  tant  à  l'exemption  des  impôts  sur  leurs  jouissances, 
que  du  droit  de  chasse  et  des  abus  qui  en  résultent  relative- 
ment à  la  gène  où  sont  les  cultivateurs  de  ne  pouvoir  repous- 
ser les  bêtes  féroces  qui  dévorent  leurs  bestiaux  et  dévastent 
leurs  terres,  et  leurs  chiens  exposés  à  être  tués  de  la  part 
des  privilégiés,  et  la  suppression  des  droits  de  colombiers 
en  ce  que  la  grande  quanlité  de  pigeons  dévastent  nos 
semences  et  récoltes. 

7°  Demandent  la  suppression  d'une  église  des  deux  qui  y 
existent  par  abus  dans  la  paroisse,  où  il  n'y  a  au  plus  que 
500  communiants,  ce  qui  est  une  surcharge  abusive;  deman- 
dent aussi  que  les  reconstructions  et  entretiens  d'une  église 
et  du  presbytère  soient  à  la  charge  du  Clergé  et  décimateurs, 
et  qu'en  supprimant  Tune  desdites  églises,  le  prix  des 
matériaux  en  résultant  tourne  au  profit  de  la  fabrique  qui 
est  très  pauvre  <*). 

Les  habitants  de  ladite  paroisse  assemblés  donnent  pou- 
voir à  leurs  députés  et  représentants  de  présenter  et  faire 
valoir  les  articles  particuliers  ci-dessus  de  leurs  justes 
demandes  et  autres,  qu'ils  jugeront  et  feront  juger  bon  être 
dans  rassemblée  générale  des  trois  États  à  Blois,  tendant  à 
réclamer  les  droits  de  la  Nation  et  le  bien  général  de  tous. 

Fait  et  arrêté  par  nous  habitants  assemblés,  dont  partie 
ont  signé,  les  autres  déclarent  ne  le  savoir.  A  Droué-Bour- 
guérin-Boisseleau,  ce  1er  mars  1789. 

(Suivent  H  signatures,  celles  de  :  Boucher;  César  Panais: 
Breton,  juge  expédiant,  etc.) 

O)  Droué,  quoique  ne  comprenant  qu'une  seule  paroisse,  avait  en  effet  deux 
églises,  Saint-Nicolas  de  Bourguérin,  au  nord  du  bourg,  qui  est  encore  l'église 
paroissiale,  et  Notre-Dame  de  Boisseleau,  à  800  mètres  au  sud  du  bourg  dont  elle 
est  séparée  par  le  château  de  Droué  et  où  se  trouvait  la  résidence  du  curé;  cette 


CAHIER    DU    WWSLAY  417 


LE  POISLAY 


Dép.  :  Lok-et-Cher.  —  Arr.\  Vendôme.  —  Cant.  :  Droué. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Courtalain  (*). 

Brigade  d'Illiers. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Montmorency. 

Seigneur  en  1789  :  Anne-Léon,  duc  de  Montmorency,  seigneur  de 
Courtalain. 

Population  en  1790  :  534  habitants. 

Taille:  4.964  1.  (principal:  2.220  1.  ;  accessoires  :  1.338  1.  ;   capita- 
tion:  1.4061.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Le  procès- verbal  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 
Le  procès-verbal  de  l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois 
nous  fournit  les  renseignements  suivants  : 

Population  :  120  feux. 

Députés  :  Jean  Hammonnière  et  Pierre  Deniau,  laboureurs. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


dernière,  suivant  le  désir  des  habitants,  fut  désaffectée,  mais  ne  fut  pas  détruite, 
et  par  conséquent  les  matériaux  ne  furent  pas  vendus. 

(!)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  Suivant  l'abbé  Bordas,  Chorographie  du 
Dunois,  p.  127,  les  habitants  du  Poislay  allaient  à  Courtalain  en, première  instance. 


14 


418  BAILLI  AGR   DR    BLOIS 


LA  FONTENELLE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr,  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Droué. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  Chateaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Mondoubleau.  —  Diocèse  :  Chartres. 

Haute  justice  ressortissant  à  Droué. 

Brigade  d'Illiers. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  17  OS  :  de  Brancas. 

Seigneur  en  1789  :  Michel-Paul-Augustin-Antoine  de  Belet,  cheva- 
lier. 

Population  en  1790  :  613  habitants. 

Taille  :  3.987  1.  {principal  :  2.070  I.  ;  accessoires  :  606  1.  ;  capita- 
tion:  4.311  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes:  1.239  1.  14  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  1 789. 

Président  :  François-Marie  Menard,  lieutenant,  juge  civil,  criminel 
et  de  police  de  la  haute  justice  et  seigneurie  de  La  Fontenelle. 

Population  :  140  feux. 

Comparants  :  Jacques  Gaultier,  syndic  de  la  communauté  ;  Henri 
Bois,  André  Trécul,  François  Milet,  Jacques  Hauville,  Pierre  Gaultier, 
membres;  Louis  Chevergne,  Gilles  Panais,  Simon  Jauneau,  adjoints; 
François  Trécul  ;  Louis  Toutain  ;  Pierre  Panais  ;  Julien  Desnues  ;  Jean 
Deschesne  ;  Sébastien  Deniau  ;  Jacques  Sainsot  ;  Nicolas  Fortin  ;  Etienne 
Vallon;  Pierre  Brault;  Denis  Gaultier;  François  Guillevert;  Jean 
Taranne  ;  Nicolas  Hue  ;  Nicolas  Despierres;  Marin  Aubert  ;  Jean  Mar- 
tin ;  Pierre  Chaillou  ;  François  Courcin  ;  Jean  Boulay  ;  Pierre  Toutain  ; 
Jacques  Barbereau  ;  Louis  Lanoire  ;  Julien  Cheddé  ;  François  Taranne  ; 
Charles  Chevallier  ;  Noël  Bricard  ;  Pierre  Riou  ;  Julien  Durand  ;  Jac- 


CAHIER    DR    LA    FONTENELLE  419 

ques  Leroy  ;  Jacques  Reuvoisé  ;  François  Coudroy  ;  Jean  Yvouin  ;  Jean 
Vanniot  ;  Dominique  Filoreau  ;  François  Savigny. 

Députés  :  François  Trécul,  laboureur  aux  Blastières,  et  Louis  Che- 
vergne,  marchand  au  bourg. 

Suivent  15  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes,  doléances  et  respectueuses  représentations  que 
font  les  habitants  et  propriétaires  de  la  paroisse  de  La 
Fonlenel le  pour  présenter  par  les  deux  députés  de  cette 
paroisse  à  i assemblée  particulière  et  préliminaire  qui 
se  tiendra  devant  M.  le  lieutenant  général  de  Mois, 
le  16  mars,  présent  mois. 

Représentent  lesdits  habitants  de  la  paroisse  de  La  Fonte- 
nulle  qu'ils  sont  accablés  d'impôts  par  des  droits  énormes 
qui  enlèvent  partie  de  leur  récolte,  d'autres  fléaux  à  quoi  ils 
sont  sujets  et  énoncés  ci-après  : 

1°  Que  la  paroisse  est  dans  un  fond,  ce  qui  fait  que  Ton 
ensemence  et  cultive  bien  difficilement  les  terres  tous  les  ans 
à  cause  des  eaux  qui  séjournent  ;  il  est  môme  des  années 
qu'on  ne  peut  ensemencer  que  les  deux  tiers  des  terres, 
d'autres  années  un  quart  de  moins. 

2°  Que  l'intempérie  du  temps  occasionne  qu'il  se  trouve  à 
toutes  les  récoltes  une  partie  de  blé  noir  et  de  l'ivraie,  et 
sujet  à  la  rouille. 

3°  Que  tout  le  terrain  de  la  paroisse  est  sur  le  grison  M,  ce 
qui  fait  quelle  n'a  point  de  fond  et  que,  par  de  petites  gelées 
ensuite  du  soleil,  les  terrains  des  sillons  coulent,  ce  qui  déra- 
cine les  blés  et  empêche  la  production. 

4°  Qu'il  est  très  coûteux   aux  propriétaires  de  bonifier 

0)  Grison  :  sorte  de  grès. 


420  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

leurs  terres  par  des  marnes,  attendu  qu'il  sont  éloignés  des 
endroits  où  elles  se  tirent  dune  lieue  et  demie,  que  cette 
espèce  de  terre  chaude  qui  bonifie  la  terre  froide  est  très 
pesante  à  voiturer,  qu'elle  est  cependant  bien  nécessaire  et 
d'un  très  grand  secours  pour  la  production;  il  faut  que  les 
propriétaires  se  censurent  pour  bien  cultiver  leurs  terres. 

5°  Qu'il  leur  est  enlevé  partie  de  leurs  récoltes  par  les 
droits  de  terrages  dus  au  seigneur  de  cette  paroisse,  sur  au 
moins  les  deux  tiers  des  terres,  à  raison  de  12  gerbes  Tune, 
tant  en  blé.  orge,  avoine  et  autres  espèces  de  grains,  même 
sur  la  vesce  qui  est  une  espèce  d'herbe  que  les  particuliers 
font  dans  un  coin  de  leur  jardin  pour  faire  manger  en  vert  à 
leurs  bestiaux  ;  lequel  terrage  Ton  est  obligé  de  le  rendre  bien 
régulièrement  dans  la  grange  terrageresse  ou  champ[arte]- 
resse  du  seigneur  avant  que  d'enlever  aucune  gerbe  de  leurs 
champs,  et  à  cet  effet  d'avertir  les  gens  du  seigneur  de  venir 
compter  lesdites  gerbes,  autrement  on  est  poursuivi  ;  de  ma- 
nière que  ce  droit  ôte  le  grain  aux  propriétaires,  mais  encore 
la  paille  et  l'engrais  de  leurs  terres  ;  et  s'il  survient  de  l'eau 
par  des  orages  ou  autrement,  ils  sont  exposés  à  perdre  leur 
grain  qu'ils  ne  peuvent  entrer  avant  d'être  compté  par  les 
gens  du  seigneur,  ni  avant  qu'ils  aient  rendu  le  terrage  ;  que 
cette  charge  dégoûte  beaucoup  les  cultivateurs. 

6°  Qu'outre  ce  droit  exorbitant  sur  les  terres  de  cette 
paroisse,  [il]  a  encore  le  droit  de  percevoir  sur  icelles  terres 
les  cens  et  rentes,  droits  et  devoirs  seigneuriaux  qui  font  un 
objet  de  plus  de  100  sepliers  (l)  d'avoine  à  mesure  de  cours 
et  plus  de  300  livres  en  argent. 

7°  Que  les  terres  de  cette  paroisse  sont  encore  chargées, 
envers  le  chapitre  de  Chartres,  décimateur,  à  raison  de  4  ger- 
bes de  blé  et  2  en  avoine  et  orge  par  chacun  arpent  de  terres 
ensemencées  qui  ne  sont  point  sujettes  au  terrage,  et  ils  per- 
çoivent la  vingt-quatrième  gerbe  sur  les  terres  qui  sont  sujettes 

0)  98  hectolitres  2  (mesure  de  Droué). 


CAHIER    DE    LA   FONTENELLLE  421 

au  droit  de  terrage,  de  manière  que  sur  les  terres  sujettes 
à  terrage  et  à  la  dime,  de  24  gerbes  il  n'en  reste  au  proprié- 
taire que  21  gerbes  ;  on  aperçoit  facilement  combien  ces 
deux  droits  diminuent  le  produit  des  récoltes,  tant  en  grain 
qu'en  paille,  ce  qui  est  bien  préjudiciable  pour  eux  et  pour 
l'engrais  de  leurs  terres  ;  aussi  demandent-ils  le  rembourse- 
ment de  ces  droits  destructeurs  de  l'agriculture. 

8°  Que  non  seulement  le  seigneur  a  droit  de  percevoir  ce 
droit  de  terrage  sur  les  terres  à  droit  de  terrage  qui  sont 
actuellement  de  nature  à  être  ensemencées,  mais  encore  c'est 
qu'il  force  les  propriétaires  de  défricher  dans  l'espace  de 
9  ans.  aux  termes  de  la  coutume  de  Blois  et  Dunois  (*),  où 
sont  situés  lesdits  biens,  toutes  les  terres  actuellement  en 
herbages  et  bruyères,  sinon  qu'il  pourra  s'en  rendre  proprié- 
taire. 

Il  y  a  beaucoup  de  ces  terres  qui  ne  sont  pas  susceptibles 
d'être  ensemencées,  étant  un  mauvais  terrain  à  ne  pouvoir 
labourer  à  cause  du  grison,  et  d'autres  trop  basses  et  en  eau, 
et  parce  qu'il  est  nécessaire  d'avoir  des  herbages  pour  la 
nourriture  des  bestiaux  des  pauvres  fermiers,  et  parce  qu'en- 
core il  y  a  des  personnes  hors  d'état  de  pouvoir  faire  les 
frais  d'un  défrichement  qui  leur  produirait  à  peine  la 
semence. 

9°  Que  les  récoltes  sont  encore  partie  enlevées  par  grande 
quantité  de  gibier  sur  cette  paroisse,  particulièrement  des 
lapins  qui  pâturent  le  blé  comme  des  bestiaux,  lesquels  on 
n'ose  tirer  sans  être  exposé  à  des  procès  de  la  part  du  sei- 
gneur qui  est  très  rigide  sur  le  droit  de  chasse,  en  sorte  que 
les  habitants  n'osent  même  pas  tirer  un  coup  de  fusil  dans 
leur  cour  ni  jardins  après  des  oiseaux  qui  sont  destructeurs 
des  grains  de  chènevières  qu'ils  font  dans  leurs  jardins,  on 
peut  même  dire  jusque  dans  les  greniers  et  granges  où  ces 


<*)  Article  134  de  la  coutume  de  Blois  :  «  Item,  et  si  le  détenteur  est  défaillant  de 
labourer  lesdites  terres  ainsi  tenues  à  terrage  par  neuf  années  entières,  le  sei- 
gneur les  peut  appliquer  à  lui,  sinon  qu'il  y  eut  convention  au  contraire.  » 


422  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

petits  oiseaux  trouvent  à  entrer  ;  ils  sont,  en  un  mot,  empê- 
chés par  cette  sévérité  de  sortir  avec  leur  fusil  pour  faire 
écarter  de  leurs  bestiaux  et  maisons  des  animaux  malfai- 
sants, tels  que  le  loup  et  autres  espèces;  et  qu'il  se  trouve 
des  vassaux  auxquels  il  a  été  fait  des  procès  qui  se  plaignent 
de  l'injustice  qui  leur  a  été  faite  par  les  gardes  qui  sont  ses 
domestiques. 

10°  Que  les  habitants  n'osent  pas  non  plus  envoyer  leur 
chien  après  la  garde  de  leurs  moutons  et  autres  bestiaux, 
attendu  que,  si  les  gardes  les  trouvent  un  peu  éloignés  ou 
que  les  chiens  courent  pour  aller  jouer  avec  les  leurs,  ils  les 
tuent  sous  prétexte  que  ces  chiens  sont  chasseurs  :  que  ce 
droit  et  privilège  est  donc  bien  préjudiciable  aux  habitants 
et  aux  agriculteurs  de  cette  paroisse;  aussi  demandent-ils 
l'abolition  de  ce  privilège. 

1 1°  Que  ce  qui  est  encore  bien  préjudiciable  aux  habitants 
de  cette  paroisse,  c'est  que  le  seigneur  jouit  et  fait  valoir 
pour  son  compte  deux  de  ses  terres  de  chacune  environ 
35  arpents  W  de  terres  labourables  par  saison,  non  compris 
les  herbages  et  prés  noues  (2),  qu'il  jouit  également  d'une 
prairie  de  plus  de  40  arpents  <3>  et  de  plus  de  120  arpents  W 
de  bois  taillis  et  qu'il  est  encore  sur  le  point  de  jouir  de  sa 
basse-cour  qui  est  un  objet  de  plus  de  40  arpents  (5>  de  terres 
labourables  par  saison,  non  compris  les  prés  noues  et  her- 
bages; toutes  ces  jouissances  sont  en  exemption  d'impôts 
de  taille,  de  corvée  et  chemins,  dont  il  prétend  être  exempt 
de  payer  en  vertu  de  ses  privilèges;  il  exempte,  outre  cela, 
de  la  milice  deux  à  trois  beaux  hommes  qui  sont  ses  domes- 
tiques aux  terres  qu'il  fait  valoir  ;  de  manière  que  par  cette 
jouissance  et  privilège  les  autres  habitants  se  trouvent  écrasés 
des  impôts  qu'ils  sont  forcés  de  payer  non  seulement  pour 

f*>  Environ  15  hectares. 

(2)  Prés  noues  :  prés  bas  et  humides. 

W  Environ  17  hectares. 

<*)  Environ  50  hectares. 

<r,ï  Environ  17  hectares. 


CAHIER   DE   LA    FONTENELLE  423 

leur  jouissance,  mais  pour  celle  du  seigneur  et  autres  ci- 
après  dénommés,  ce  qui  les  gène  beaucoup  dans  leur  agri- 
culture, lis  demandent  donc  une  modération  sur  les  impôts, 
qui  font  un  objet  de  près  de  6.000  livres  pour  la  taille, 
vingtièmes  et  corvée,  non  compris  le  vingtième  du  seigneur 
qu'il  paye  particulièrement  ;  sinon,  que  ces  privilèges  n'aient 
pas  lieu  ;  et  on  demande  qu'il  soit  accordé  un  tiers  de  l'im- 
position des  corvées  des  routes  pour  employer  à  accommoder 
les  mauvais  chemins  qui  vont  de  cette  paroisse  danvS  de 
petites  villes  et  bourgs  limitrophes. 

12°  Qu'il  se  trouve  également  que  les  dames  Ursulines  de 
Vendôme  jouissent  ou  font  jouir  leur  fermier  d'environ 
62  arpents  M  de  terre  sur  cette  paroisse  faisant  partie  de  leur 
terre  de  la  Tévrie  <2>  en  la  paroisse  d'Arville,  pour  raison  de 
quoi  elles  ne  sont  imposées,  ni  leur  fermier,  aux  impôts  de 
cette  paroisse. 

13°  Qu'il  en  est  de  même  des  sieurs  Bénédictins  de  Saint- 
Calais,  qui  ont  sur  cette  paroisse  la  quantité  d'environ 
6  arpents  de  terres  dépendant  de  leur  terre  située  sur  la 
paroisse  du  Poislay,  et  pour  raison  de  quoi  ils  ne  payent  au- 
cun impôt. 

14°  Qu'il  se  trouve  encore  beaucoup  de  propriétaires 
jouissant  en  cette  paroisse  de  plusieurs  terres,  quoique' 
demeurant  dans  d'autres  paroisses  limitrophes,  et  pour  rai- 
son de  quoi  ils  ne  payent  point  d'impôts  en  celle-ci,  au 
moyen  des  renvois  dans  leur  paroisse  qu'ils  ont  exercés  en 
conséquence  de  sentences  par  eux  obtenues  au  siège  de 
Châteaudun. 

15°  Qu'il  y  a  pareillement  plusieurs  habitants  en  celte 
paroisse  qui  ne  payent  point  d'impôts  pour  des  terres  qu'ils 
ont  défrichées,  en  conséquence  des  déclarations  qu'ils  en  ont 
faites  au  greffe  de  l'élection. 

<l)  Environ  26  hectares. 

<2>  La  Tesverie,  à  2  kilomètres  sud-sud-est  d'Arville  et  à  5  kilomètres  ouest-sud- 
ouest  de  la  Fontenelle. 


424  BAILLIAGE   DE   BL01S 

16°  Que  lesdits  habitants  sont  aussi  exposés  à  la  perte  de 
leurs  bestiaux,  particulièrement  des  brebis  et  moutons,  qui 
périssent  attendu  que  les  terres  sont  trop  en  eau,  ce  qui  est 
encore  un  objet  bien  préjudiciable  aux  agriculteurs,  attendu 
que  c'est  cette  sorte  de  bestiaux  qui  font  (sic)  le  meilleur 
engrais. 

17°  Qu'il  se  trouve  beaucoup  de  pauvres  dans  cette  pa- 
roisse, dont  on  est  chargé  et  forcé  de  faire  l'aumône. 

18°  Que  la  plus  grande  majeure  W  des  terres  de  cette 
paroisse  sont  encore  chargées  (sic)  de  rentes  foncières  envers 
la  fabrique  do  cette  paroisse  et  envers  d'autres  particuliers, 
ce  qui  est  encore  une  charge  sur  les  héritages  ;  pourquoi  ils 
demandent  être  autorisés  à  faire  le  remboursement. 

19°  Que  les  propriétaires  et  habitants  sont  encore  indis- 
pensablement  et  d'urgente  nécessité  chargés  de  faire  raccom- 
moder le  clocher  de  la  paroisse  qui  est  en  grande  vétusté, 
que  l'on  estime  comme  une  charge  de  3.000  livres  pour 
parvenir  à  le  faire  réparer,  attendu  qu'il  est  gros  et  beau- 
coup élevé. 

20°  Que  le  sieur  curé  de  cette  paroisse  tient  la  dlme  de 
Messieurs  du  chapitre  de  Chartres,  décimateurs,  moyennant 
1.000  livres  de  rente,  pour  raison  de  quoi  il  ne  paye  aucune 
imposition  de  taille,  prétendant  en  être  exempt  par  les  privi- 
lèges de  curé  de  paroisse. 

21°  Que  lesdits  habitants  sont  encore  chargés  de  payer 
5  sols  pour  livre  du  principal  de  la  taille  pour  la  corvée  de 
la  route  de  Chàteaudun  à  Courtalain  éloignée  du  travail 
actuel  de  plus  de  trois  lieues  de  cette  paroisse. 

22°  Que  par  la  cherté  du  sel  qui  vaut  14  sols  la  livre  il  y 
a  beaucoup  de  pauvres  journaliers  qui  ne  mangent  point  de 
soupe,  et  c'est  le  seul  aliment  qui  les  soutient  au  travail. 

M  Lire  :  «  La  plus  grande  partie.  » 


CAHIER    DE    LA    FONTENELLE  425 

23°  Que  les  justices  des  seigneurs  restent  comme  elles  sont, 
attendu  qu'en  allant  plaider  dans  un  siège  plus  éloigné  cela 
deviendrait  très  dispendieux  pour  les  particuliers  par  les  frais 
de  voyages  et  autres  W. 

De  manière  que  tous  les  privilèges  et  charges  font  tomber 
le  poids  des  impôts  dont  la  paroisse  est  chargée  sur  tous  les 
habitants  quoiqu'ils  ne  jouissent  que  partie  des  héritages  ; 
pourquoi  ils  chargent  les  députés  qui  seront  élus  par  l'assem- 
blée du  bailliage  de  Blois  de  faire  valoir  aux  États  généraux 
les  raisons  de  dessus,  de  demander  l'abolition  de  ces  privi- 
lèges, afin  de  ne  pas  supporter  seuls  les  impôts  de  la  paroisse, 
auquel  effet  que  tous  les  impôts  soient  répartis  entre  tous  les 
citoyens  sans  distinction  ni  privilège,  et  de  faire  valoir  les- 
dits  articles  et  autres  qu'ils  jugeront  bon  être  par  raison  et 
pour  l'avantage  desdits  habitants,  auquel  effet  le  général  des- 
dits habitants  leur  donne  pouvoir  de  faire  leurs  représenta- 
tions énoncées  au  présent  cahier  qui  a  été  dressé  par  lesdits 
habitants  de  cette  paroisse  de  La  Fonlenelle  représentés  es 
personnes  de.....  [suivent  46  noms]. 

Ce  jourd'hui  5  mars  1789,  et  ont  ceux  desdits  habitants  qui 
savent  signer  signé  ces  présentes. 

(Suivent  15  signatures,  celles  de  :  J.  Gaultier,  syndic  ; 
F.  Trécul  ;  Louis  Chevergne;  Ménard,  etc). 

Coté  et  paraphé  le  présent  cahier  par  nous  François  Ménard, 
lieutenant  juge  au  siège  de  la  juridiction  de  La  Fontenelle, 
ne  varietur,  ce  5  mars  1789. 

(Signé  :  Ménard  ;  Dour,  greffier.) 

(*)  Les  articles  21,  22  et  23  ont  été  ajoutés  en  marge  après  coup.  Le  procès- 
verbal  de  l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois,  à  l'appel  des  députés  de 
cette  paroisse,  mentionne  qu'  «  au  recto  du  dernier  feuillet,  après  deux  renvois, 
s'en  trouve  un  troisième  n°  23,  paraphé  du  juge,  du  procureur  fiscal  et  du  gref- 
fier de  la  justice  de  La  Fontenelle,  qui  a  été,  contre  leur  intention  [des  députés] 
et  celle  de  leurs  commettants,  inséré  audit  cahier  de  doléances;  pourquoi  ils  pro- 
testent contre  ce  que  contient  ledit  renvoi  et  déclarent  expressément  qu'ils  enten- 
dent qu'on  n'y  ait  aucun  égard  »  (Arch.  nat.  B*  22,  plaquette  6). 

14. 


426  BAILLIAGE   DR    RLOis 


BOURSAY 


Dé  p.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme  —  Cant.  :  Droué. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  partie  de  Châteaudun,  partie  de 
Vendôme.  —  Grenier  à  sel  :  Mondoubleau.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Châteaudun  <4>. 

Brigade  d'Uliers. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768:  de  Saint-Rémy. 

Seigneur  en  1789  :  dame  Marie-Anne  de  Faudoûas,  veuve  de  Jeao- 
Louis  de  Courtarvel,  marquis  de  Saint-Rémy,  dame  de  Lierville. 

Population  en  1790  :  800  habitants. 

Taille  :  6.732  1.  :  Élection  de  Châteaudun  :  4.889  1.  (princi- 
pal: 2.2001.  ;  accessoires  :  1.295  1.  ;  capitation  :  1.394  1.)  —  Élec- 
tion de  Vendôme  :  1.843  1.  (principal  :  8501.  :  accessoires  ;  453  1.  ; 
capitation  :  540  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.556  1. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jacques  Picard,  syndic  municipal. 

Population  :  105  feux. 

Comparants  :  André  Fouchard  père  ;  Louis-François  Céné  ; 
Charles-Pierre-Calais  Émonet  ;  Charles  Dumans  ;  François  Jovy  ; 
François  Toutin  ;  Jacques-Georges  Tourneux  ;  André  Fouchard  fils  ; 
Jacques  Butard  ;  Louis  Serveau  ;  Louis  Gaultier  ;  François-Casimir 
Godet  ;  Jean  Gaultier  ;  Pierre  Blot  ;  Pierre  Chemineau  ;  Jean  Grandin  ; 


M  D'après  l'abbé  Bordas  {C horographie  du  Dunois,  p.  54).  —  Le  manuscrit  de 
Jousse  porte  :  «  Prévôté  ressortissant  à  Châteaudun.  •  Mais  nous  pensons  que 
cette  prévôté  n'existait  plus  en  1789  ;  l'abbé  Bordas,  en  1769,  dit  en  effet  :  «  Il  y 
avait  ci-devant  un  prévôt  pour  la   police.  » 


CAHIER   DR    BOURSAY  427 

Lubin-Emmanuel-David  Bourgeois  ;   François  Deniau  ;  François  Du- 
mans. 

Députés  :  Jacques  Picard,  syndic  municipal,  et  Louis-François  Céné, 
adjoint  de  la  municipalité. 

Suivent  13  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes,  doléances  et  très  respectueuses  représentations 
du  Tiers  état  de  la  paroisse  de  Boursay,  pour  être  pré- 
sentées à  l'assemblée  de  Blois  qui  précède?^  celle  des 
Etats  généraux. 

1°  Répartition  de  l'impôt  sur  tous  les  sujets  du  Roi.  — 
Clergé.  —  Nous  demandons  aussi  humblement  qu  instam- 
ment que  le  Clergé,  déduction  faite  des  charges  qu'ont  pu 
imposer  les  fondateurs  aux  bénéficiers,  concoure  au  soula- 
gement des  maux  présents  de  l'État,  que  les  abbayes  en 
commande  et  autres  bénéfices  simples  qui  ne  sont  par  con- 
séquents, point  à  charge  d'àme,  soient  supprimés,  et  que  les 
dîmes  de  chaque  paroisse  retournent  à  leur  destination  pri- 
mitive,'qui  est  de  fournir  aux  besoins  des  curés  qui  presque 
seuls  sont  chargés  de  l'obligation  d'instruire  sur  ce  que  nous 
devons  à  Dieu,  au  Roi,  à  la  patrie,  de  consoler  ceux  qui  sont 
dans  l'affliction,  et  qui  sont  pour  ainsi  dire  l'unique  ressource 
des  malheureux  dans  nos  campagnes,  tandis  que  les  décima- 
teurs  étrangers  viennent  enlever  le  prix  de  notre  travail  et 
de  nos  sueurs  et  sont  de  la  plus  révoltante  insensibilité  à 
nos  misères. 

Nous  demandons  pareillement  que  lesdites  dîmes  servent 
à  nous  exempter  d'un  casuel  qui  ne  peut  provenir  que  de 
l'injustice  desdits  décimateurs  étrangers.  Si  nos  pasteurs  en 
jouissaient  seuls,  nous  ne  serions  pas  obligés  de  payer  leurs 
fonctions  en  argent  ;  en  un  mot,  les  dîmes  stipendieraient  suf- 
fisamment les  services  spirituels  que  les  pasteurs  nous  doi- 
vent (et  nous  savons  qu'ils  désirent  comme  nous  de  nous 


428  BAILLIAGE    DE    ftLOIS 

décharger  de  ce  fardeau)  et  aideraient  à  payer  nos  vicaires 
à  la  subsistance  desquels  on  nous  oblige  de  contribuer  par 
des  quôtes. 

Noblesse.  —  Nous  demandons  que  la  Noblesse,  à  qui  l'en- 
trée à  tant  d'honneurs  et  de  richesses  est  ouverte  quand  elle 
sait  bien  mériter  du  Roi  et  de  la  patrie,  se  contente  de  ses 
glorieuses  prérogatives  et  souffre  comme  le  peuple  et  le 
Clergé  que  ses  riches  possessions  concourent  également  à 
l'allégement  des  nécessités  actuelles. 

2°  Proportion  dans  l'assiette  des  tailles.  —  Nous  deman- 
dons que  la  répartition  des  impôts  soit  faite  suivant  la  valeur 
réelle  du  sol.  Les  innombrables  injustices  qui  se  sont  faites 
dans  l'imposition  par  les  collecteurs  qui  veulent  favoriser 
l'un  et  se  venger  de  l'autre  ont  porté  les  abus  de  ce  genre  à 
leur  comble.  L'établissement  des  municipalités  dans  l'Or- 
léanais y  a  déjà  un  peu  remédié. 

3°  Erection  des  Etats  provinciaux.  —  Nous  demandons 
que  chaque  province  ait  des  États  particuliers,  lesquels 
recouvreront  les  contributions  et  les  verseront  directement 
dans  le  trésor  royal,  à  l'instar  du  Clergé  dont  les  décimes 
arrivent,  dit-on,  audit  trésor  de  manière  que  le  Roi  de  20 
sols  sur  le  Clergé  en  perçoit  environ  18  sols,  tandis  que  de 
20  sols  sur  les  autres  sujets  à  peine  en  perçoit-il  5. 

[4°]  Finances  en  général.  —  Les  finances  ont  besoin  de 
la  plus  rigide  réforme,  il  n'y  a  qu'une  voix  pour  la  solliciter; 
l'État  soudoie,  par  exemple,  un  nombre  infini  de  gens  dans  les 
aides  et  autres  emplois  du  même  genre,  qui  non  seulement 
ne  payent  rien  au  Roi,  mais  encore  sont  les  oppresseurs  de 
ses  bons  sujets,  et,  le  disons-nous,  ne  sont  accueillis  de  leurs 
supérieurs  qu'autant  qu'ils  excellent  à  vexer  le  peuple  par 
toutes  sortes  de  fraudes,  d'injustices  et  de  procès  où  ces 
mêmes  supérieurs  sont  juge  et  partie. 

[5°]  Suppression  ou  amélioration  dans  les  gabelles.  — 
Nous  demandons  la  suppression  de  la  gabelle  qui  nourrit  des 


CAHIER    DE   BOURSAY  429 

milliers  de  fainéants  sur  plusieurs  villes  du  royaume,  qui 
pourraient  être  occupés  si  utilement  à  des  travaux  d'un  autre 
genre.  Le  sel  a  été  porté  à  un  si  haut  prix  que  plusieurs 
n'en  peuvent  acheter.  Ajoutons  que,  si  l'humanité  ne  retenait 
pas  quelques-uns  des  chefs  préposés  aux  greniers  à  sel,  ils 
auraient  l'affligeant  et  horrible  droit  d'en  faire  lever  à  des 
malheureux  qui  n'ont  seulement  même  pas  d'argent  pour 
acheter  du  pain. 

[6°]  Réforme  dans  la  perception  du  droit  de  contrôle. 

—  Nous  demandons  une  réforme  dans  la  perception  du  droit 
de  contrôle.  Quels  écarts  ne  se  permettent  ordinairement  pas 
ceux  qui  le  perçoivent?  Il  n'est  pas  de  subtilité  que  lïmpro- 
bité  de  plusieurs  n'imagine  pour  tirer  plusieurs. fois  le  même 
droit  d'un  même  objet.  Que  le  droit  de  franc-fief  soit  aboli. 
Les  préposés,  à  force  de  raffinement,  le  perçoivent  aussi  d'une 
manière  aussi  injuste  que  révoltante. 

[7°]  Reformation  dans  l'administration  de  la  justice. 

—  Nous  demandons  qu'il  soit  fait  une  réformation  dans  l'ad- 
ministration de  la  justice.  Est-il  possible  que  pour  juger  un 
coupable  on  ait  trouvé  des  moyens  prompts  de  découvrir  s'il 
doit  être  condamné  ou  absous,  et  que  pour  des  intérêts  bien 
moindres  on  soit  obligé  de  plaider  tant  d'années  et  que  le 
perdant  ou  le  gagnant  soit  presque  également  ruiné  ?  Ne 
dirait-on  pas  que  la  plupart  des  procureurs  ne  voudraient  faire 
terminer  les  différends  que  quand  les  plaideurs  sont  pour  ainsi 
dire  hors  d'état  de  rien  fournir  de  plus  à  leur  insatiable  ava- 
rie ?  Que  dirons-nous  de  la  manière  dont  ils  exécutent  le  règle- 
ment qui  les  oblige  à  mettre  au  moins  tel  nombre  de  syllabes 
dans  chaque  ligne  ? 

Nous  demandons  pareillement  qu'on  abolisse  les  charges 
de  jurés  priseurs  de  nouvelle  invention  et  qui  abusent  si 
souvent  de  leur  droit  exclusif  pour  dévorer  le  reste  de  l'hé- 
ritage de  l'orphelin.  Tout  le  royaume  a  crié  contre  cette 
nouvelle  espèce  de  charge.  Les  ventes  n'étaient-elles  pas 
ci-devant  aussi  bien  faites  par  des  notaires  et  des  huissiers  ? 


430  BAILLIAGE   DE   BL01S 

[8°]  Suppression  de  différentes  juridictions.  —  Nous 
demandons  que  Ton  supprime  les  juridictions  dont  le  travail 
pourrait  être  fait  par  les  bailliages  ordinaires  dont  nous  dési- 
rons même  que  le  pouvoir  soit  augmenté  pour  juger  en  der- 
nier ressort.  Que  les  tribunaux  d'exception  soient  abolis.  La 
suppression  de  ces  officiers  privilégiés  accroîtra  le  nombre 
des  contribuables. 

L9°j  Liberté  d'aliéner  les  domaines.  —  Nous  demandons 
que  les  domaines  puissent  être  aliénés.  Il  est  étonnant  que  des 
acquéreurs  de  bonne  foi  soient  troublés  après  des  siècles  de 
possession,  après  les  actes  les  plus  solennels  qui  devaient  les 
garantir. 

[10°]  Liberté  des  personnes.  —  Nous  demandons  l'usage 
moins  abusif  des  lettres  de  cachet  que  le  puissant  extorque 
si  facilement  et  si  injustement  contre  le  faible,  et  le  calom- 
niateur contre  l'innocent,  comme  on  en  a  vu  tant  d'exemples. 

[il0]  Corvées.  —  Nous  demandons  que  l'excessive  con- 
tribution pour  les  chemins  ne  soit  pas  toute  employée  aux 
grandes  routes.  Bien  économisée,  elle  suffirait  au  quadruple 
de  la  dépense.  Que  ce  qui  se  trouvera  donc  de  surrogation 
soit  réparti  dans  les  campagnes  en  proportion  de  ce  que 
chaque  paroisse  aura  contribué  pour  donner  du  travail  à 
nos  pauvres  qui  n'ont  aucune  ressource  pour  vivre  ;  par  là, 
les  chemins  du  Perche  connus  pour  être  la  plupart  imprati- 
cables, quoique  de  grande  importance  pour  la  correspon- 
dance avec  les  villes  où  il  y  a  marché,  seront  réparés. 

[12]°  Pensions  et  exemptions.  —  Nous  demandons  qu'il 
plaise  au  Roi  d'éteindre  tant  de  pensions  que  limportunité 
des  ambitieux,  qui  n'approchent  le  trône  que  par  amour  pour 
la  forlune,  lui  extorque;  que  les  exemptions  de  payer  la  taille 
deviennent  plus  rares.  Les  moindres  charges  en  cour  et  dans 
nos  provinces  exemptent  des  impôts  une  foule  d'êtres  inu- 
tiles, tandis  que  le  pauvre  peuple  en  est  écrasé. 

[13°]  Commerce.  —  Nous  demandons  que  les  sages  lois 


CAHIER    DE   M0NT1GNY-LE-GANNEL0N  431 

concernant  le  commerce  soient  renouvelées  et  mieux  obser- 
vées. Le  prix  dos  étoffes,  par  exemple,  s'est  considérablement 
accru,  et  la  fraude  est  au  point  qu'on  a  diminué  ces  mômes 
étoifes  peut-être  du  quart,  malgré  les  règlements  qui  le  dé- 
fendent, et  cela  par  la  négligence  ou  connivence  des  jurés 
chargés  d'y  veiller. 

Tels  sont  les  objets  sur  lesquels  nous  chargeons  nos  députés 
de  faire  nos  doléances  et  représentations,  leur  donnant  plein 
et  entier  pouvoir  de  faire  et  consentir  tout  ce  qu'ils  jugeront 
en  leur  honneur  et  conscience  être  utile  au  Roi  et  à  l'Etat. 
Leur  faisons  expresse  défense  de  se  prêter  en  quoi  que  ce 
soit  à  ce  qui  pourrait  troubler  la  paix  et  s'opposer  au  bon- 
heur que  nous  désirons  et  que  les  bonnes  intentions  du  sage 
monarque  qui  nous  gouverne  nous  donnent  droit  d'espérer. 

Fait  et  arrêté  en  notre  assemblée  générale,  à  Boursay,  le 
1er  mars  1789. 

(Suivent  13  signatures,  celles  de  :  Céné  ;  Jacques  Picard, 
syndic,  etc.). 


MONTIGNY~LE~GANNELON 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Cloyes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel,  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Châteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principales  cultures  :  blé,  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  Thiroux  d'Ouarville. 

Seigneur  en  1789  :  Thiroux  d'Ouarville. 

Taille  :  2.443  1.  (principal  :  1.110  1.  ;  accessoires  :  630  I.  ;  capita 
tion  :  703  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  48  1. 


432  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Jacques-Éloy  Tiercelin,  juge  civil,  criminel  et  de  police, 
bailli  de  la  chàtellenie  de  Montigny-le-Gannelon.  Même  président  qu'à 
Saint-Hilaire-sur-Yerres. 

Population  :  108  feux. 

Comparants  :  Jacques  Baugé,  laboureur,  syndic  de  la  municipalité  ; 
Joseph  Cornillié,  Sébastien  Loiseau,  laboureurs  ;  Louis  Cognet,  Jacques 
Hue,  Pierre  Gondoin,  vignerons  ;  Louis  Pinard,  René  Gondoin, 
laboureurs  ;  Jean  Raimond,  bordager  ;  Jacques  Doucin,  couvreur  ; 
Jacques  Teillas,  Jean  Cognet,  Pierre  Mestaye,  Jacques  Teillas  le  jeune, 
Pierre  Hue,  Pierre  Hue  le  jeune,  Pierre  Prévost,  vignerons  ;  Claude 
Dou,  bordager  ;  Pierre  Thuau,  marchand  ;  Joseph  Cornillié  fils  ; 
Etienne  Rebours,  Etienne  Renaud,  François  Huchet,  membres  de  la 
municipalité  ;  Pierre-René  Gendron,  adjoint  ;  Michel  Cornillié,  chau- 
fournier ;  Pierre  Rebours,  laboureur  ;  Jacques  Tiraille  l'ainé,  chau- 
fournier ;  Georges  Geneau,  journalier  ;  Charles  Sotno,  meunier  ; 
Louis  Villemont,  chaufournier  ;  Pierre  Cognet,  vigneron  ;  André 
Chatin,  voiturier  ;  Jacques  Roncin,  voiturier  ;  Louis  Rottier,  journa- 
lier ;  Pierre  Barillet,  vigneron  ;  François  Delaporte  ;  Marcou-Jacques 
Mestaye,  Jean  Mestaye,  Pierre  Sylvain,  vignerons  ;  René  Gondoin  ; 
Vignard  le  jeune  ;  François  Teraille,  voiturier  ;  Pierre  Doré,  vigneron 
et  bordager. 

Députés  :  Etienne  Rebours,  laboureur,  membre  de  la  municipalité, 
et  Jacques  Doucin. 

Suivent  21  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  des  habitants  de  la  paraisse  de 
Montigny-le-Gannelon,  élection  de  Chdteaudun,  géné- 
ralité d'Orléans,  pour  être  portées  aux  Étals  généraux 
convoqués  par  Sa  Majesté  le  16  d'avril  1789. 

En  conformité  à  la  lettre  du  Roi  du  24  janvier  pour  la  con- 
vocation des  États  généraux  et  du  règlement  y  annexé  et  de 


CAHIER    DE    MONTIGNY-LE-GANNELON  433 

l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général  au  bailliage  prési- 
dial  de  Blois  [du]  12  février  1789,  nous,  habitants  soussignés 
composant  la  plus  grande  saine  partie  de  la  paroisse,  prenons 
la  liberté  d'exposer  à  Sa  Majesté  avec  tout  le  respect  que 
nous  lui  devons  et  dans  toute  la  conscience  pour  le  bien  du 
royaume  et  Futilité  de  tous  les  sujets  qui  le  composent  et 
d'un  chacun  en  particulier,  ce  qui  suit. 

Art.  1er.  —  Des  grandes  routes.  —  Qu'est-ce  qui  dégrade 
les  grandes  routes?  C'est  sans  contreciit  les  grosses  voitures, 
les  voitures  des  seigneurs  et  les  postes.  Ce  ne  sont  point  sans 
doute  les  gens  de  campagnes  et  les  pauvres  [qui]  vont  à  pied. 
Ce  sont  cependant  eux  seuls  qui  fournissent  aux  frais  de  leur 
rétablissement.  Il  serait  aisé  de  leur  épargner  cette  imposi- 
tion en  mettant  d'endroit  à  autres  un  bureau  où  on  paierait 
un  péage. 

Art.  2.  —  Suppression  de  tous  impôts. —  Les  trois  états,  le 
Clergé,  la  Noblesse  et  la  Roture,  ne  doivent-t-ils  pas  tous  éga- 
lement contribuer  aux  charges  de  l'État?  Par  conséquent,  par 
un  seul  impôt  tous  sujets  seront  également  imposés  et  tous 
selon  leurs  possessions  et  jouissances.  Les  seuls  laboureurs, 
cultivateurs  et  pauvres  ne  seront  pas  surchargés  ainsi  qu'ils 
le  sont. 

Art.  3.  —  Le  sel.  —  Le  sel,  cette  denrée  absolument  né- 
cessaire à  la  vie  de  l'homme,  est  beaucoup  trop  cher.  Il  fau- 
drait que  son  prix  actuel  qui  fait  gémir  le  pauvre  fut  dimi- 
nué, ou  qu'il  devint  marchand  ainsi  que  le  tabac.  Alors  on 
éprouverait  bien  moins  de  fraudes,  soit  dans  la  qualité,  soit 
dans  les  mesures.  Dès  lors,  quels  avantages  pour  l'Etat  n'ayant 
plus  à  solder  quantité  de  personnes  employées  à  ces  denrées 
et  qui,  loin  de  rendre  service  à  l'État,  sont  souvent  nuisibles  à 
la  société  ! 

Art.  4.  —  Sur  les  dîmes  et  champarls.  —  Il  est  bien  mal- 
heureux pour  un  propriétaire  et  un  fermier  de  n'Mrepas  libre 
des  biens  que  leur  rapportent  leurs  terres  et  leurs  fonds,  qu'il 


434  BAILLIAGE    DE   BL01S 

faille  que  pour  serrer  leurs  fruits  il  faut  (sic)  qu'ils  attendent 
la  commodité  d'un  dîmeur,  qu'ils  fassent  paraître  à  découvert 
les  vins  qu'ils  ont  cueillis..  Il  faudrait  donc  que  les  dîmes  et 
champarts  fussent  supprimés,  et  plus  de  droits  à  payer  sur 
les  boissons.  Par  conséquent,  l'État  ne  sera  plus  chargé  de 
quantité  de  personnes,  occupées  seulement  à  percevoir  ces 
droits,  et  ces  personnes,  qui  aujourd'hui  vivent  dans  l'oisiveté, 
deviendront  à  la  suite  utiles  à  l'État. 

Art.  5.  —  Des  justices.  —  De  môme  que  nous  n'obéis- 
sons qu'à  un  seul  Roi,  nous  ne  devrions  être  gouvernés  que 
par  une  seule  loi.  Que  servent  donc  toutes  ces  différentes 
coutumes,  par  lesquelles  sont  régies  différentes  provinces  ? 
Elles  ne  servent  qu'à  fomenter  les  procès  et  à  ruiner  les  fa- 
milles. Il  en  est  de  même  de  toutes  ces  petites  justices  subal- 
ternes qui  ne  servent  qu'à  faire  languir  les  parties,  qu'à  les 
constituer  dans  des  frais  énormes.  Il  faudrait  qu'on  ne  fût 
obligé  de  ne  porter  ses  causes  que  devant  trois  tribunaux  au 
plus,  celui  du  chef-lieu  d'une  chàtellenie,  du  bailliage  royal 
et  du  parlement  ;  que  celui  du  chef-lieu  jugeât  en  dernier 
ressort  jusqu'à  la  concurrence  de  1.000  livres,  et  les  bail- 
liages jusqu'à  celle  de  3.000  livres.  Il  faudrait  que  dans  lu 
chef-lieu  de  ces  châtellenies  résidassent  les  juges  et  procu- 
reurs fiscaux  pour  le  maintien  du  bon  ordre.  Il  faudrait  que 
les  juges  fissent  un  peu  plus  d'attention  au  choix  de  leurs 
huissiers. 

Art.  6.  — Sur  les  mesures  en  général.  —  Comme  nous 
ne  désirerions  qu'une  seule  loi,  nous  [ne]  désirerions  pour  la 
liberté  et  la  franchise  du  commerce  qu'une  seule  mesure  pour 
les  grains,  les  vins,  et,  de  même,  qu'une  seule  aune  et  qu'une 
mesure  pour  l'arpentage. 

Art.  7.  —  Curés.  —  Il  est  bien  dur  pour  un  pasteur 
d'être  obligé,  pour  sa  subsistance,  d'exiger  d'une  veuve  éplo- 
rée  des  rétributions  pour  l'inhumation  d'un  mari  qui  faisait 
tout  le  soutien  de  sa  famille.  N'est-il  pas  bien  douloureux 
pour  cette  pauvre  veuve  d'être  obligée  de  donner  de  l'ar- 


CAHIER    DE   M0NT1GNY-LE-GÀNNEL0N  435 

gent  après  avoir  perdu  tout  dans  la  personne  de  son  mari?  Il 
faudrait  donc,  pour  obvier  à  ces  deux  cas,  ne  plus  payer  le 
casuel.  Il  faut  cependant  que  le  ministre  de  Tautel  vive,  et, 
pour  qu'il  vive  d'une  manière  décente  et  conforme  à  la  di- 
gnité de  son  état,  il  faudrait  lui  assigner  une  somme  au-delà 
de  700  livres. 

Akt.  8.  — Des  communautés  religieuses.  —  Il  est  scan- 
daleux de  voir  des  personnes  consacrées  à  Dieu  par  leurs 
trois  vœux,  et  surtout  celui  de  la  pauvreté,  mener  un  train 
de  seigneur,  avoir  des  tables  somptueuses,  des  chambres 
magnifiquement  meublées,  qui  par  là  sont  nuisibles  à  la  reli- 
gion et  par  eux-mêmes  inutiles  à  l'État.  Il  faudrait  les  sup- 
primer, surtout  ceux  qui  n'habitent  que  dans  les  campagnes 
et  les  bois,  et,  si  Sa  Majesté  jugeait  à  propos  de  conserver 
celles  des  villes,  il  faudrait  les  restreindre  aux  simples 
nécessités  d'un  religieux  en  les  obligeant  d'être  utiles  au 
public. 

Art.  9.  —  Des  presbytères  et  des  églises.  —  Les  forma- 
lités qu'il  faut  observer  pour  parvenir  aux  rétablissements  et 
reconstructions  sont  très  coûteuses  et  dune  très  longue  ha- 
leine. Il  faudrait  que  tous  les  habitants  fussent  déchargés  de 
cette  espèce  d'impôt  et  que  lesdits  rétablissements  et  recons- 
tructions fussent  à  la  charge  de  l'État. 

Art.  10.  —  Au  sujet  de  la  prieuré  (sic).  —  Que  le  sieur 
curé  qui  jouit  de  la  prieuré  ne  contribue  point  avec  nous, 
habitants,  au  paiement  de  la  taille,  ce  qui  nous  surcharge. 
Pourquoi  supplions  d'avoir  égard  tant  à  l'occasion  deladime 
qu'il  perçoit  en  grains  et  vin  (sic). 

Art.  ti.  —  Des  seigneurs.  —  Nos  biens  ne  doivent  des 
tributs  qu'au  Roi.  Ces  droits  de  lods  et  ventes  devraient  être 
supprimés,  ce  qui  serait  une  suite  de  liberté  dans  les  biens 
que  nous  demandons  (nous  [ne]  serions  point  exposés  à  la 
voracité  de  ces  gens  d'affaires  qui  exigent  le  plus  souvent 
au-delà  de  ce  qui  est  dû),  ou  ces  sortes  de  droits  [n'Jètre  re- 


436  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

portés  qu'à  Sa  Majesté.  Nous  la  prions  de  défendre  la  chasse 
avec  chevaux  et  meute  qui  font  un  tort  considérable  ;  ordon- 
ner de  détruire  le  gibier  et  de  retenir  les  pigeons  qui  enlè- 
vent les  semences. 

(Suivent  21  signatures,  colles  de  :  Baugé,  syndic,  etc.) 

Le  présent  cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances 
ci-dessus  et  des  autres  parts,  contenant  six  pages,  a  été 
coté  et  paraphé  ne  varietur  par  nous,  Jacques-ÉIoy 
Tiercelin,  bailli  de  la  châtellenie  de  Montigny-le-Gannelon. 

A  Montigny,  ce  4  mars  1789. 

(Signé:  Tiercelin.) 


SAINT~HILAIRE~SUR-YERRES 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Cant.  :  Gloyes. 

Généralité  :  Orléans. —  Élection,  Grenier  à  sel:  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Montigny. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  Thiroux  d'Ouarville. 

Seigneur  en  1789  :  Thiroux  d'Ouarville,  seigneur  de  Montigny. 

Taille  :  3.094  1.  (principal  :  i.450  1.  ;  accessoires  :  726  1.  ;  capita- 
tion  :  918  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  4  mars  i789. 

Président  :  Jacques-Éloi  Tiercelin,  bailli  de  la  châtellenie  de  Mon- 
tigny-le-Gannelon «  d'où  ressortit  en  première  instance  ladite  paroisse 
de  Saint-IIilaire  ».  Même  président  qu'à  Montigny-le-Gannelon. 


CAHIER   DR   SÀÏNT-HILAIRE-SUR-YERRES  437 

Population  :  99  feus. 

Comparants  :  Louis  Galliot  ;  Joseph  Coursimault,  marchand  ; 
Jacques  Rossignol  l'aîné  ;  Jacques  Gautier,  tisserand  ;  Claude  Doré  ; 
Alexis  Vincent,  maréchal  ;  Etienne  Bernard,  marchand  ;  Jean  Bonny, 
Jean  Villet,  Jean-Baptiste  Imbault,  Pierre  Hermelin,  Jean  Commu- 
neau,  Pierre  Loiseleur,  Jacques  Rossignol  le  jeune,  Gabriel  Gauron, 
laboureurs  ;  Pierre  Granger,  bordager  ;  Antoine  Molard,  pêcheur  ; 
Ambroise  Panay,  maréchal. 

Députés  :  Joseph  Coursimault,  et  Louis  Galliot,  syndic. 

Suivent  45  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes  et  remontrances  de  la  pa- 
roisse de  Saint-Hilaire-sur-Yerres,  bailliage  de  Blois. 

Ce  joimThui  mercredi  le  4  mars  1789,  nous,  syndic  et  habi- 
tants de  ladite  paroisse,  assemblés  à  la  manière  accoutumée 
au  lieu  ordinaire  des  assemblées,  en  exécution  des  lettres 
[de]  convocation  et  du  règlement  y  annexé  en  date  du 
24  janvier  dernier  et  de  l'ordonnance  de  M.  le  lieute- 
nant général  de  Blois  on  date  du  12  février  dernier,  avons 
procédé  à  la  rédaction  et  confection  du  cahier  des  plaintes, 
doléances  et  remontrances  de  cette  paroisse,  lequel  cahier 
sera  porté  par  les  députés  qui  seront  par  nous  nommés  aux 
assemblées  qui  se  tiendront  à  Blois  les  9  et  16  du  présent 
mois,  ainsi  qu'il  suit. 

Nous  remontrons  très  humblement  à  Sa  Majesté  que  cette 
paroisse  est  surchargée  par  les  impositions  de  toutes 
espèces,  encore  qu'elle  ait  éprouvé  plusieurs  années  de  sté- 
rilité et  que  nos  récoltes  aient  été  ravagées  par  la  grêle  du 
13  juillet  dernier,  fléaux  que  nous  avons  éprouvés  pendant 
plusieurs  années  de  suite.  Pourquoi  supplions  Sa  Majesté  de 
modérer  l'impôt,  la  supplions  de  même  d'ordonner  la  sup- 
pression des  privilèges  pécuniaires  et  légalité  de  la  réparti- 
tion de  l'impôt  entre  tous  les  Ordres. 


438  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Que  l'impôt  du  sel.  denrée  de  première  nécessité,  étant 
d'un  prix  excessif,  nous  réduit  [à]  la  dure  et  fâcheuse  néces- 
sité de  nous  en  priver  ainsi  que  nos  bestiaux  ;  que  d'ailleurs 
l'exaction  onéreuse  et  ruineuse  des  employés  de  la  gabelle, 
toujours  occupés  à  trouver  des  coupables,  gène  la  liberté 
des  citoyens.  Pourquoi  supplions  Sa  Majesté  de  supprimer 
la  gabelle. 

Observons  que  l'impôt  sur  les  boissons  est  celui  qui  met  le 
plus  d'entraves  tant  à  la  partie  du  commerce  des  vins  qu'à 
la  liberté  de  chacun  de  nous  de  pouvoir  en  disposer  à  son 
gré  sans  être  exposé  journellement  aux  perquisitions  des  em- 
ployés aux  aides.  Pourquoi  supplions  Sa  Majesté  d'ordonner 
la  suppression  des  aides. 

Supplions  de  même  Sa  Majesté  d'ordonner  la  suppression 
de  la  milice  et  que  les  communautés  seront  chargées  à  l'ave- 
nir de  fournir  des  soldats. 

Que  la  conversion  des  corvées  en  argent  écrase  les  habi- 
tants de  la  campagne.  Pourquoi  nous  supplions  Sa  Majesté 
d'en  ordonner  la  suppression  ou  sa  modération,  en  ordon- 
nant qu'elle  sera  répartie  avec  égalité  sur  tous  les  citoyens. 

Supplions  Sa  Majesté  de  conserver  les  justices  seigneu- 
riales et  maintenir  les  seigneurs  dans  l'exercice  d'une  jus- 
tice immédiate  et  locale. 

Supplions  Sa  Majesté  de  rendre  les  seigneurs  garants  du 
dommage  que  le  gibier  nous  cause  ainsi  que  les  pigeons,  et 
que  défense  leur  soit  faite  de  traverser,  soit  à  pied,  soit  à 
cheval,  les  terres  ensemencées. 

Nous  référant  au  surplus  à  tout  ce  qui  sera  dit,  proposé  et 
requis  par  tous  les  villes,  bourgs  et  paroisses  de  ce  royaume 
pour  le  bien  de  l'État  et  le  soulagement  des  peuples. 

Demandons  à  Sa  Majesté  la  suppression  des  dîmes  et 
champarts  et  aménages  (*)  tendant  à  défourrager  I2)  les  pa- 
roisses. 

0)  Sic,  Lire  :  avenages. 
W  Enlever  le  fourrage. 


ÔAHIKH    DR    VlLLEBOUT  439 

Fait  et  arrêté  par  nous  habitants  soussignés,  les  jour  et 
an  que  dessus. 

(Suivent  15  signatures,  celles  de  :  Coursimault;  Galliot, 
syndic,  etc.) 

Le  cahier  ci-dessus  et  des  autres  parts,  contenant  3  pages, 
a  été  coté  et  paraphé  ne  varietnr  par  nous,  Jacques-Éloi 
Tiercelin,  bailli  de  sa  chàtellenie  de  Montigny-le-Gannelon 
d'où  ressortit  en  première  instance  ladite  paroisse  de  Saint- 
Hilaire-sur-Yerres. 

Fait  ce  4  mars  1789. 

(Signé  :  Tiercelin.) 


VILLEBOUT 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Gant.  :  Droué. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  Haute  justice  de  Montigny-le-Gannelon  <*).  Moyenne  justice 
ressortissant  à  Fréteval  (*>. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  bois. 

Seigneur  en  1708  :  Thiroux  d'Ouarville. 

Seigneur  en  1789  :  Louis,  comte  de  Meaussé  de  la  Rainville,  che- 
valier, seigneur  de  Villebout,  lieutenant  des  maréchaux  de  France. 

Population  en  1790  :  202  habitants. 

Taille  :  873  1.   (principal  :   390  1.  ;  accessoires  :   236  1.  ;   capita- 
tion  :  247  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 


0)  D'après  le  procès-verbal  de  cette  paroisse. 

W  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  L'abbé  Bordas  {Chorographie  du  Dunois, 
p.  216)  ne  fait  pas  cette  distinction  ;  il  dit  seulement:  «Villeboust...  dans  la  chàtellenie 
de  Montigny-le-Gannelon,  où  les  habitants  portent  leurs  procès  en  première  instance.» 


440  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1789. 

Président  :  Michel  David,  syndic  de  la  municipalité,  en  l'absence 
et  sur  le  refus  des  bailli,  procureur  fiscal  et  notaire  delà  haute  justice 
de  Montigny-le-Gannelon  «  dont  nous  dépendons  ». 

Population  :  45  feux. 

Comparants  :  Jean  Gouin,  Charles  Trécul,  Jacques  Duclos,  Fran- 
çois Loiseleur,  Pierre  Madelain,  Nicolas  Haloin,  Louis  Rointru,  labou- 
reurs ;  Jean  Villain  ;  Louis  David  ;  René  Loiseleur;  François  Perche; 
Jean  Doré. 

Députés  :  Louis  David  et  Jean  Villain.  Le  premier  de  ces  députés  fit 
défaut. 

Une  seule  signature  :  Michel  David,  syndic. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  de  la 
paroisse  de  Villebout,  généralité  d'Orléans,  élection  de 
Chàteaudun,  sénéchaussée  de  Blois. 

Elle  est  donc  enfin  sortie  du  puits,  cette  vérité  que  la  cor- 
ruption des  hommes  avait  forcée  de  s'y  aller  cacher  ! 

La  justice  est  donc  redescendue  du  ciel  pour  habiter  sur 
la  terre  d'où  la  cupidité  des  hommes  l'avait  honteusement 
bannie  ! 

Celle-ci  a  marqué  sa  demeure  dans  l'àme  de  notre  bien- 
faisant monarque  ;  celle-là  sur  les  lèvres  de  son  sage  et  ver- 
tueux ministre. 

La  vérité  a  mis  sous  les  yeux  de  la  justice  le  tableau  de 
nos  malheurs  ;  la  justice  nous  permet  d'en  tracer  le  détail 
et  de  le  porter  au  pied  de  son  trône. 

O  Melibœe  !  deus  nobis  hœc  otia  fecil. 

Aht.  1er.  —  Des  impositions  foncières.  —  Les  injustices 
qui  se  sont  toujours  commises  dans  la  répartition  des  impo- 


CAHIER    DE    V1LLEB0UT  441 

sitions  foncières  nous  font  désirer  bien  ardemment  l'impôt 
territorial. 

Le  riche  a  cent  moyens  de  corrompre,  et  combien 
d'hommes  qui  ne  demandent  qu'à  trouver  des  corrupteurs  ! 

L'imposition  foncière  s'est  faite  jusqu'ici  de  manière  que 
le  contrôleur  des  dixièmes  en  est  resté  seul  l'arbitre.  Le 
chemin  de  la  fortune  était  trop  aisé  pour  n'y  pas  entrer. 
Aussi  voyons-nous  le  plus  riche  propriétaire  ne  rien  ou 
presque  rien  payer. 

Ce  ne  sont  pas  les  impôts  qui  excitent  nos  murmures, 
c'est  l'inégalité  de  leur  répartition.  Ce  n'est  point  au  Roi  à 
qui  nous  nous  en  prenons,  c'est  à  ceux  commis  par  lui  pour 
tenir  la  balance  égale  entre  tous  ses  sujets. 

Il  est  de  fait  que  cette  répartition,  faite  avec  l'égalité 
proportionnelle  qui  en  devrait  être  la  base,  aurait  donné 
à  l'Étal  trois  quarts  d'augmentation  de  produit,  et  beau- 
coup de  particuliers  auraient  été  moins  imposés  qu'ils  ne 
le  sont. 

La  totalité  de  la  taille  avec  ses  suites  ne  monte  pas  à  ces 
trois  quarts  d'augmentation  de  produit  :  nous  sommes  donc 
fondés  à  dire  que  l'imposition  foncière,  répartie  sur  tous  les 
objets  de  propriété  avec  une  égalité  proportionnelle,  aurait 
pu  seule  remplir  une  grande  partie  des  besoins  de  l'Etat 
et  n'aurait  plus  laissé  à  notre  bienfaisant  monarque  que 
l'embarras  du  choix  des  autres  impôts  à  éteindre  pour  tou- 
jours. 

L'établissement  de  l'impôt  territorial  auquel  seraient  sou- 
mis tous  les  biens  ecclésiastiques,  nobles  et  roturiers  sans 
aucune  exemption  ni  privilège,  réparti  avec  égalité  et  cette 
répartition  soumise  aux  municipalités,  serait  moins  exposé 
à  des  injustices  criantes  et  pourrait  remplir  seul  tous  les 
besoins  de  l'État. 

Art.  2.  —  De  la  taille.  —  Nous  ne  savons  pas  pourquoi, 
de  toutes  les  différentes  espèces  de  biens  de  la  campagne,  il 
n'y  a  que  celle  qui  coûte  le  plus  et  qui  produit  le  moins  qui 


442  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

soit  assujettie  à  cet  impôt.  Les  bois,  les  prés,  les  pâturages, 
qui  ne  coûtent  point  de  culture,  ne  paient  rien. 

Aussi  il  n'y  a  pas  aujourd'hui  un  tiers  des  terres  de  cette 
paroisse  en  labour.  Les  propriétaires  abandonnent  la  culture 
du  blé  pour  mettre  leur  terre  en  bois  qui  ne  paient  ni  dixième, 
ni  taille,  ni  dîme. 

De  cette  manière  les  terres  labourables  diminuant  toujours 
et  la  taille  allant  toujours  en  augmentant,  à  peine  le  reste 

suffit  pour  payer  la  dîme,  la  taille,  les  corvées. 

• 

Art.  3.  —  De  la  dime  el  des  droits  cariauœ.  —  La 
dime,  le  droit  le  plus  onéreux  qu'on  pouvait  imposer  sur 
nos  terres,  droit  qu'on  regarde  comme  odieux  et  qu'on  res- 
treint en  conséquence  ;  la  dime  qui  donne  si  souvent  matière 
à  des  procès  ruineux  entre  les  curés  et  leurs  paroissiens;  la 
dime  qui  nous  enlève  le  plus  clair  et  le  plus  net  de  nos  ré- 
coltes, nous  prive  des  pailles  et  fourrages  nécessaires  pour 
nourrir  nos  bestiaux,  former  des  engrais,  fertiliser  nos  terres; 
cette  pomme  de  discorde  jetée  entre  le  pasteur  et  ses  ouailles, 
qui  repousse  la  confiance  des  uns  et  altère  la  charité  des 
autres  ;  la  dime  enfin  ne  pourrait-elle  pas  être  convertie  en 
une  prestation  en  argent? 

H  est  naturel  que  nos  pasteurs  soient  traités  honorable- 
ment et  d'une  manière  convenable  à  leur  caractère. 

Nous  demandons  qu'on  leur  fixe  un  sort  indépendant  du 
caprice  el  de  la  mauvaise  volonté  des  hommes,  un  sort  qui, 
en  leur  assurant  toutes  les  choses  nécessaires  à  la  vie,  les 
débarrasse  de  cette  multitude  d'affaires  temporelles  aux- 
quelles ils  ne  peuvent  se  donner  sans  que  le  bien  spirituel 
de  leurs  ouailles  en  souffre. 

Nous  pensons,  nous  demandons  même  qu'il  soit  levé  une 
somme  annuelle  répartie  au  marc  la  livre  de  l'impôt  territo- 
rial ou  tout  autre  impôt  foncier,  perçue  par  les  collecteurs 
ordinaires  et  versée  par  eux  tous  les  trois  mois  et  d'avance 
entre  les  mains  des  curés. 

C4ct  objet  rempli  de  manière  à  mettre  dans  une  aisance 


CAHIER    DK    VILLEBOUT  443 

honnête  un  homme  sage  el  modéré  dans  ses  désirs,  on  dési- 
rerait qu'il  lui  fût  défendu  d'exiger,  demander,  ni  recevoir 
aucun  argent  pour  honoraires  de  mariages,  baptêmes,  sépul- 
tures, services,  et  généralement  tout  ce  qui  s'appelle  casuel. 

Que,  faits  pour  prier  pour  leur  troupeau  qui  les  nourrit,  il 
leur  soit  défendu  de  recevoir  aucune  rétribution  pour  les 
messes,  dont  il  s'en  trouve  plusieurs  qui  font  un  commerce 
bien  scandaleux. 

Celle  prestation  en  argent  tarirait  la  source  dune  multitude 
d'affaires  dont  on  n'entend  que  trop  retentir  nos  tribunaux. 
En  tirant  nos  curés  de  l'avilissement  où  la  pauvreté  de  la 
plupart  d'entre  eux  se  trouve  réduite,  [elle]  leur  rendrait  la 
considération  qui  est  due  à  leur  caractère  et  à  leur  étal. 

Abt.  4. —  Des  gros  décima  leurs. —  Depuis  la  déclaration 
du  Roi  du  2  septembre  1786,  notre  curé  a  fait  son  aban- 
don de  la  dîme  entre  les  mains  des  religieux  de  Thiron  <4), 
curés  primitifs  et  gros  décimateurs  de  cette  paroisse  el  qui, 
en  celte  qualité,  possèdent  encore  l'ancien  patrimoine  de  la 
cure  et  ne  possèdent  que  cela  dans  la  paroisse. 

Ils  sont  trop  riches  pour  que  notre  curé  puisse  les  forcer 
à  obéir  à  une  loi  aussi  sage.  Il  est  resté  dans  son  indigence, 
eux  dans  la  possession  de  son  bien,  malgré  son  droit  clair 
et  avoué  même  par  les  moines.  Chargés  de  faire  son  sort,  il 
est  juste  que  les  biens  de  la  cure  nous  soient  remis. 

Nous  demandons  donc  que  le  terrain  el  fief  de  Verrière 
affermé  par  les  religieux  de  Thiron  à  M.  Tourtier  de  Belle- 
lande  nous  soit  remis  libre  ;  que  les  moines  soient  obligés  de 
rembourser  le  curé  [des]  frais  justement  faits  par  lui  contre 
eux,  au  bailliage  de  Blois,  d'où  ils  l'ont  menacé  par  la  bou- 
che de  leur  agent  d'appeler  au  parlement. 

Art.  5.  —  Des  réparations  des  bénéfices.  —  Le  Roi,  par 
ses  déclarations  de  1770  et  1774  concernant  les  cotes  mortes, 


<*)  Abbaye    des   Bénédictins  de  Thiron.  aujourd'hui  dép.   d'Eure-et-Loir,  arr. 
de  Nogent-le-Rotrou. 


444  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

oblige  tous  les  réguliers  de  faire  les  réfections  et  réparations 
des  bénéfices  dont  leurs  sujets  respectifs  auront  été  titu- 
laires. 

Le  prédécesseur  de  notre  curé  actuel  était  chanoine  prémon- 
tré réformé.  Il  a  laissé  les  bâtiments  de  cette  cure  dans  le 
plus  mauvais  état  qu'on  puisse  imaginer.  Il  avait  vendu  de 
son  autorité  privée,  sans  aucune  nécessité,  formalité,  ni  con- 
sentement, tous  les  biens  de  la  fabrique  et  laissé  usurper 
une  partie  de  ceux  du  bénéfice. 

Depuis  8  ans  notre  curé  les  poursuit  pour  obtenir  le  redres- 
sement de  ces  torts. 

Mais  les  riches  savent  rendre  inutiles  toutes  les  lois.  Cet 
article,  comme  celui  des  gros  décimateurs,  restera  suspendu, 
si  la  justice  et  la  bonté  du  Roi  n'y  met  ordre. 

Nous  demandons  que  Tordre  de  Prémontré  soit  forcé  de  faire 
incessamment  les  réfections  et  réparations  de  tous  les  bâti- 
ments de  la  cure,  ceux  du  chœur  et  cancel,  suivant  le  devis 
qui  leur  en  sera  fourni  ;  qu'ils  remettent  la  cure  et  la  fabrique 
en  possession  de  tous  les  objets  de  propriétés  aliénés  et  per- 
dus par  le  sieur  Debrio,  dernier  curé  de  cette  paroisse  et 
religieux  de  cet  ordre  ;  qu'ils  remboursent  à  la  fabrique  et  à 
la  cure  tous  les  frais  qu'ils  ont  jusqu'ici  faits,  soit  contre 
eux  pour  les  réparations,  soit  contre  les  particuliers  pour 
la  rentrée  en  possession  des  biens  vendus  ou  usurpés  sous 
son  administration. 

Art.  6.  —  Du  sel.  —  Que  le  prix  du  sel,  si  utile  à  la  vie 
et  à  la  santé  des  hommes  et  des  animaux,  soit  considérable- 
ment diminué. 

Art.  7.  —  Des  pauvres.  —  Dans  les  villes,  les  pauvres 
trouvent  des  secours  abondants  ;  en  campagne,  ils  sont  sans 
ressources. 

Nous  demandons  que  les  municipalités  soient  autorisées  à 
lever,  au  marc  la  livre  de  l'impôt  territorial,  une  somme  des- 
tinée à  procurer  des  secours  aux  malades,  du  travail  aux 
gens  valides  qui  en  manqueraient. 


CAHIER    DE    V1LLEB0UT  445 

Art.  8.  —  Des  terres  en  friches.  —  Il  y  a  plus  d'un  tiers 
de  cette  paroisse  en  non- valeur  et  ces  non-valeurs  augmen- 
tent tous  les  jours.  Toutes  ces  terres  incultes  appartenaient  à 
des  familles  qui  n'existent  plus. 

Ces  terres  pourraient  produire  de  bon  grain  et  elles  sont 
mortes  pour  la  société.  Elles  pourraient  servir  à  augmenter 
la  population,  les  objets  soumis  aux  impôts  et  diminuer  la 
charge  des  autres. 

Nous  demandons  qu'il  soit  permis  aux  municipalités  d'en 
concéder  à  ceux  qui  se  présenteront  avec  promesse  d'y  bâtir 
et  défricher.  Les  prix  de  ces  concessions  serviraient  à  payer 
les  frais  des  municipalités,  à  réparer  les  chemins  de  commu- 
nication, faire  des  établissements  utiles  à  la  communauté, 
comme  percer  et  entretenir  une  marnière  publique,  si  néces- 
saire dans  cette  paroisse  et  si  peu  espérée. 

Art.  9.  —  De  la  justice.  —  Nous  nous  sommes  toujours 
fait  un  devoir  de  penser  que  le  souverain  est  le  seul  juge 
naturel  et  nécessaire  de  tous  ses  sujets. 

Récompenser  la  vertu,  punir  le  crime,  maintenir  chacun 
dans  sa  propriété  et  ses  droits,  sont  des  prérogatives  qui  ne 
sauraient  appartenir  qu'à  la  couronne.  Nous  voyons  cepen- 
dant partout,  au  préjudice  de  ses  droits  et  des  nôtres,  une 
multitude  infinie  d'auditoires  qui  appartiennent  à  des  parti- 
culiers de  tous  les  Ordres. 

Tous  les  jours  nous  entendons  dire  par  toutes  sortes  de 
personnes,  même  roturiers,  dire  (sic)  :  ma  justice,  mon  bailli, 
mon  procureur  fiscal,  mon  notaire,  mon  greffier,  mes  offi- 
ciers. Cela  fait  pitié. 

Cet  abus,  pour  être  ancien,  ne  cesse  pas  d'être  un  abus. 
Cette  prérogative  n'appartient  pas  plus  à  la  Noblesse  qu'aux 
autres  Ordres.  Elle  est  attachée  à  une  terre,  une  maison,  un 
champ  même  si  l'on  veut,  et  comme  ces  biens  sont  des  objets 
de  commerce,  nous  les  voyons  tous  les  jours  passer  en  toutes 
sortes  de  mains. 

La  plupart  de  ces  auditoires  sont  présidés  par  des  hommes 


446  BAILLIAGE    DE   BLOCS 

sans  religion,  sans  principes,  sans  éducation,  sans  mœurs, 
sans  probité,  sans  connaissance  des  lois. 

La  plupart  des  officiers  de  ces  justices  sont  des  hommes 
avec  lesquels  des  gens  honnêtes  ne  voudraient  pas  paraître 
en  public. 

Ce  sont  pour  la  plupart  des  temples  élevés  au  brigandage 
et  à  la  rapine,  par  lesquels  il  faut  passer  avant  d'arriver  au 
sanctuaire  de  la  justice. 

La  haute  justice  de  Montigny-le-Gannelon,  de  laquelle 
nous  dépendons,  est  présidée,  dans  l'absence  de  son  préteur, 
par  un  barbier  de  village,  doyen  des  procureurs  de  ce  siège. 

Voilà  nos  juges  et  nos  défenseurs. 

Nous  demandons  que  toutes  ces  justices  soient  suppri- 
mées, ou  du  moins  que  leurs  juges  soient  responsables  de 
leurs  sentences  ;  que  toutes  les  charges  de  judicature  ne 
soient  plus  vénales,  mais  données  au  mérite  et  à  la  vertu  ; 
que  la  durée  des  affaires  soit  limitée  ;  qu'il  ne  soit  plus  per- 
mis d'écraser  impunément  les  plaideurs  sous  le  poids  des 
écritures  ;  que  les  prix  soient  fixés  :  qu'il  n'y  ait  plus  qu'une 
loi,  une  coutume,  un  poids,  une  mesure. 

A  ht.  10.  —  De  l Église,  la  Noblesse,  les  privilégiés.  — 
Les  hommes  raisonnables  seront  toujours  révoltés  de  voir 
leurs  pasteurs  dans  l'indigence  et  la  misère,  et  des  armées 
entières  de  moines  de  toutes  couleurs,  des  légions  de  reli- 
gieuses, des  chanoines,  de  simples  bénéficiers  bien  rentes, 
vivre  dans  l'opulence,  le  luxe  et  les  plaisirs. 

Nous  laissons  à  la  sagesse  du  Roi  d'ordonner  ce  qu'il  vou- 
dra de  tous  ces  êtres  au  moins  inutiles. 

Nous  n'envions  point  à  la  vraie  Noblesse  tous  ces  privilèges 
honorables  que  lui  ont  accordé  nos  rois:  ils  sont  la  récom- 
pense de  la  vertu  et  du  mérite;  ils  apprennent  aux  enfants  de 
ceux  qui  les  ont  obtenus  à  suivre  leurs  traces  dans  le  chemin 
de  l'honneur. 

Mais  les  privilèges  utiles  ne  pouvaient  subsister  sans 
achever  la  ruine  de  l'État  et  du  peuple. 


CAHIKR    DR    VILLEBOUT  447 

Elle  a  senti  qu'une  récompense  pécuniaire  flétrissait  ses 
lauriers,  obscurcissait  sa  gloire  ;  elle  y  a  renoncé. 

Elle  s'est  acquis  des  droits  à  notre  reconnaissance  qui  ne 
s'éteindront  jamais. 

Elle  a  vu  de  simples  soldats  repousser  comme  une  injure 
l'argent  qu'on  leur  présentait  pour  prix  d'une  action  de  bra- 
voure ;  elle  n'a  pas  voulu  se  montrer  moins  généreuse  que 
des  hommes  qu'elle  regarde  souvent  avec  un  dédain  injuste. 

N'était-ce  pas  mettre  un  prix  au  bien  le  moins  appré- 
ciable ?  Le  sang,  la  vie  d'un  brave  homme  ne  saurait  être 
dignement  payé  que  par  les  regrets  et  les  larmes  de  la  Nation 
pour  le  bien  de  laquelle  il  a  été  répandu.  Une  couronne  de 
lauriers,  une  couronne  civique  présentée  au  nom  du  souve- 
rain, des  trophées,  des  statues  vous  représentant  au  moment 
de  votre  gloire,  notre  admiration,  notre  reconnaissance,  nos 
hommages,  nobles,  voilà  votre  récompense! 

Nous  demandons  qu'il  soit  défendu  à  tout  homme  qui  ne 
sera  pas  noble  de  sang  et  d'armes  de  prendre  aucun  titre  de 
chevalier,  écuyer,  marquis,  comte,  baron,  seigneur,  etc.  ;  de 
prétendre  à  aucun  des  droits  honorifiques  qui  ne  sont  dûs 
qu'à  la  vraie  noblesse  ;  qu'il  soit  ordonné  à  tous  ceux  qui  se 
prétendent  nobles,  autres  néanmoins  que  les  princes  et  les 
ducs  et  pairs,  de  faire  signifier  aux  municipalités  des  villes 
et  paroisses  où  ils  demeurent,  d'où  ils  sont,  où  [ils]  se  pré- 
tendent seigneurs,  leurs  titres  de  noblesse,  ceux  de  leurs  sei- 
gneuries, afin  que  tout  vassal  puisse  connaître  ses  obligations 
et  les  droits  de  son  seigneur. 

Art.  11.  —  De  la  chasse.  —  Après  les  orages  des  29  mai 
et  13  juillet  derniers,  qui  nous  ont  réduits  à  l'état  le  plus 
affligeant:  après  ralfreux  hiver  que  nous  venons  d'éprouver 
et  dont  l'extrême  rigueur  a  détruit  une  partie  de  notre  espé- 
rance pour  la  récolte  prochaine  ;  dans  un  temps  où  toutes 
les  choses  nécessaires  à  la  vie  sont  montées  et  montent  tous 
les  jours  à  un  prix  effrayant,  devrions-nous  encore  avoir  à 
craindre  de  nouveaux  malheurs? 


448  BAILLIAGE   DE   BL01S 

Sous  le  règne  du  plus  juste  et  du  plus  bienfaisant  des  rois, 
peut-il  être  des  hommes  assez  cruels  pour  se  faire  un  jeu, 
un  plaisir  de  la  destruction  et  des  ravages? 

M.  Thiroux  fils,  dit  le  comte  d'Ouarville,  propriétaire  de 
la  chàtellenie  de  Montigny-le-Gannelon  et,  comme  tel,  sei- 
gneur haut  justicier  d'une  partie  de  cette  paroisse,  de  la- 
quelle le  droit  de  chasse  ne  lui  appartient  pas,  qui  aurait  pu 
être  l'amour  et  les  délices  de  ses  vassaux,  a  préféré  en  être 
le  fléau. 

Deux  ou  trois  fois  par  semaine,  il  sort  à  cheval,  accompa- 
gné de  sept,  huit  et  quelquefois  neuf  autres  chevaux,  dont 
plusieurs  sont  montés  par  des  femmes.  Suivi  de  valets, 
de  chiens,  il  vient  courir  au  travers  de  nos  blés,  désoler 
nos  campagnes  et  achever  de  détruire  ce  que  l'hiver  a 
épargné. 

Si  nous  osons  lui  faire  des  représentations,  un  déluge  d'in- 
jures, des  menaces,  de  nouveaux  dommages  sont  toute  la 
justice  que  nous  en  obtenons. 

Quoi  !  Si  on  ruine  mon  peuple,  qui  me  nourrirait  ?  disait 
le  bon  roi  Henri.  Qui  soutiendra  les  charges  de  l'État  ? 
Vive  Dieu  !  s'en  prendre  à  mon  peuple,  c'est  s'en  prendre  à 
moi. 

Nous  n'envions  point  à  M.  d'Ouarville  le  droit  J  chas- 
ser; mais  nous  désirerions  bien  qu'il  ne  l'exerçât  pa.s  d'une 
manière  si  ruineuse  pour  nous,  et  qu'il  apprit  surtout  qu'un 
homme  qui  a  tout  perdu,  mais  à  qui  il  reste  encore  l'hon- 
neur, est  un  être  respectable  pour  lui  et  toute  sa  suite. 

Art.  12.  —  Du  lerrage  et  champart.  —  Le  terrage, 
champart  et  tous  autres  droits  qui  tendent  à  enlever  au  cul- 
tivateur ses  pailles  et  fourrages  sont  trop  nuisibles  à  la 
terre  pour  ne  pas  mériter  une  mention  particulière. 

Nous  demandons  que  les  propriétaires  de  ces  droits 
soient  obligés  de  faire  signifier  aux  municipalités  des  pa- 
roisses où  sont  situés  ces  droits,  les  titres  d'iceux,  et  non 
des  reconnaissances  ;    qu'il   soit   permis  aux  propriétaires 


CAHIER    DR    LA    VILLE    DE    (XOYES  449 

des  terres  sujettes  à  ces  droits  de  les  acquitter  en  argent, 
sur  l'estimation  qui  en  sera  faite  par  des  experts  convenus 
entre  les  parties  ou  nommés  d'office  ;  qu'il  soit  loisible  aux 
particuliers  d'en  faire  le  remboursement  sur  le  pied  du  denier 
20  de  ladite  estimation. 

(Suivent  5  signatures,  celles  de:  Michel  David,  syndic;  J. 
Villain;  Louis  David,  etc.) 


«: 
i 


VILLE  DE  CLOYES 


Dép.  :  Eure-et-Loir.  —  Arr.  :  Châteaudun.  —  Gant.  :  chef-lieu  du 
canton  de  Gloyes. 

Généralité:  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  Prévôté  ressortissant  à  Châteaudun  M. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Marché  :  le  samedi. 

Coîtimerce  et  industrie  :  tannerie  <2). 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et 
de  Fréteval. 

Taille  :  7.3791.  (principal  :  3.3101.;  accessoires:  1.9751.  ;  capita- 
tion  :  2.094  1..). 

Capitation  des  privilégiés  :  employés  des  fermes  et  régie  (2  con- 
tribuables) .71.4  s. 


(*)  «  Il  y  a  un  prévôt  de  police  sous  le  bailli  de  Dunois,  qui  ne  juge  que 
jusqu'à  60  sols  d'amende.  »  (Abbé  Bordas,  Chorographie  du  Dunois  p.  62)  Cf. 
aussi,  p.  332,  noie  4. 

(*)  «  Il  y  a  eu  de  tout  temps  une  bonne  tannerie  à  Cloyes.  »  (Abbé  Bordas, 
Chorographie  du  Dunois,  p.  61). 

15 


450  BAILLIAGE   DE   BL01S 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mare  4789. 

Président  :  Charles-François  Davezé,  juge  prévôt  de  la  ville  de 
Cloyes. 

Population  :  316  feux. 

Comparants  :  Jean-Jacques  Lenain,  syndic  de  la  municipalité  ; 
Cottin,  Lucas,  Guyot,  Roger,  marguilliers ;  Mancel  père;  Lefèvre; 
Gorteau  Faîne  ;  Pateau  ;  Cheret  ;  Drouin  ;  Hermelin  ;  Arnoult  ; 
Bompart  ;  Buflereau  ;  Compoint  ;  Guignard  ;  Navereau  ;  Lapierre  ; 
Perrault  ;  Lange  ;  Mancel  fils  ;  Gorteau  le  jeune  ;  Lauverné  ;  Lhéry  ; 
Bodineau  ;  Mérillon  ;  Lucas  le  jeune  ;  Froissard  ;  Lucas  l'aîné  ;  Carou- 
jault  ;  Blet  ;  Louarleux  ;  Guilpin  ;  Biard  ;  Fournier  ;  Janvier  l'aîné  ; 
Duclos  ;  Courtin  ;  Duclos  ;  Teraille  ;  Rucina  ;  Coudre  ;  Brée  ;  Gui- 
neau  ;  Froissard  père  ;  Lemaire  ;  Lestrade  :  Michel  Pelardy  ;  Tréhu  ; 
Piche  ;  Frain  ;  Rebrée  ;  Testeaud  ;  Herpin;  Bidat;  Bataille  ;  Piédallu; 
Louvencourt  ;  Barillet  ;  Luxereau  ;  Poivre  ;  Coursimault  ;  Lemoine  ; 
Deniau  ;  Ricois  ;  Courtin;  Rousseau;  Gerbault  ;  Drouin  fils  ;  Poulain; 
Lenain  fils  ;  Guyot,  huissier  royal. 

Députés  :  Claude  Guyot,  huissier  royal  ;  Michel  Guyot,  bourgeois  ; 
Louis-Noël  Gorteau  l'aîné,  marchand,  et  Jean-Jacques  Lenain  fils, 
marchand,  syndic  de  la  municipalité. 

Suivent  39  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  plaintes,  doléances  et  remontrances  des  habi- 
tants de  la  ville  de  Cloyes,  ressor lissante  du  bailliage  pré- 
sidial  de  Blois,  d?*essées  en  exécution  des  lettres  du  Roi 
et  règlement  rendu  sur  icelles,  le  24  janvier  1789, 
pour  la  tenue  des  Étals  généraux,  en  r assemblée  géné- 
rale des  habitants,  convoquée  et  tenue  en  la  manière 
prescrite,  le  mercredi  4  mars  1789,  ainsi  quil  suit. 

Comme  tous  sujets  du  même  prince,  requièrent  : 

Art.  1er.  —  Que  pour  éviter  la  multiplicité  des  contesta- 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE   CLOYES  451 

tions  et  de  gros  frais  de  règlements  de  famille,  occasionnés 
par  les  dispositions  de  différentes  coutumes  souvent  très  dif- 
ficiles à  interpréter,  qu'il  n'y  ait  qu'une  seule  loi.  un  seul 
poids  et  une  seule  mesure. 

Art.  2.  — Que  tous  les  impôts  qui  sont  multipliés  à  1  infini 
et  aussi  mal  répartis  que  multipliés,  dont  le  riche,  le  noble 
et  le  privilégié  a  (sic)  le  soin  de  faire  supporter  sa  portion 
aux  malheureux,  lesquels  mettent  en  outre  des  entraves 
considérables  au  commerce,  soient  supprimés,  à  l'excep- 
tion de  ceux  perçus  sur  les  objets  de  luxe,  tels  que  le  café, 
le  tabac,  cartes,  etc.,  ainsi  que  celui  du  contrôle  afin  de 
donner  aux  actes  des  dates  certaines  pour  prévenir  beaucoup 
d'inconvénients  qui  pourraient  en  résulter,  et  ce  sous  un 
modique  droit  qui  ne  puisse  être  sujet  à  aucune  interpré- 
tation. 

Et  créer  un  seul  et  unique  impôt  établi  sur  les  fonds  sans 
exception  ni  privilège,  lequel  serait  versé  à  moins  de  frais 
possible  dans  les  coffres  du  Roi. 

Art.  3.  —  La  suppression  de  tous  les  droits  féodaux  et 
ceux  des  péages. 

Art.  4.  —  La  suppression  de  toutes  exemptions  et  privi- 
lèges de  corvées,  logement  de  gens  de  guerre,  fournitures 
d'ustensiles  de  casernes  et  autres  de  cette  nature,  dont  le 
laboureur  et  le  malheureux  sont  seuls  chargés. 

Art.  5.  —  Que  les  corvées  des  grandes  routes,  qui  sont 
aujourd'hui  plus  mal  entretenues  qu'elles  ne  l'ont  jamais  été, 
et  dont  les  droits  énormes,  qu'on  prélève  pour  cet  entretien, 
oppriment  le  laboureur  et  le  malheureux  qui  seuls  en  sup- 
portent le  poids,  soient  rétablies  sur  l'ancien  pied,  à  l'excep- 
tion que  chaque  paroisse  aura  un  terrain  limité  à  entrete- 
nir, et  le  plus  à  sa  portée,  sous  l'inspection  des  municipa- 
lités. 

Art.  6.  —  Que,  pour  empêcher  une  partie  de  la  dévasta- 
tion des  récoltes  par  le  gibier  des  seigneurs,  qui  le  font  gar- 


452  BAILLIAGK    DK    BL01S 

der  d'une  manière  inquisitoire,  autoriser  tous  propriétaires 
ou  fermiers  de  le  tuer  sur  son  terrain  seulement  lui  faisant 
dommage,  sauf  sur  les  plaisirs  du  Roi. 

Art.  7.  —  De  rendre  navigables  toutes  les  rivières  qui  en 
sont  susceptibles. 

Art.  8.  —  Supprimer  toutes  les  justices  seigneuriales,  tant 
à  cause  de  leur  mélange  qui  entraine  souvent  des  conflits 
désavantageux  aux  parties,  que  celui  de  leur  mauvaise  admi- 
nistration, occasionnée  quelquefois  par  l'ignorance  des  offi- 
ciers qui  les  exercent,  que  pour  éviter  les  différents  degrés 
de  juridictions  quelles  font  éprouver  aux  parties  avant  que 
d'avoir  obtenu  un  jugement  délinitif,  pendant  lequel  temps 
les  parties  deviennent  souvent  insolvables  ;  et  les  rendre 
toutes  royales,  en  formant  des  arrondissements  peu  éloignés 
les  uns  des  autres,  pour  éviter  de  gros  frafe  de  voyage  à 
ceux  qui  sont  obligés  d'y  procéder. 

Art.  9.  —  Que  pour  prévenir  une  multitude  de  procès, 
souvent  intentés  sur  un  conseil  donné  par  l'ignorance,  mal 
conduit  et  jugé  de  même,  que  les  charges  et  judicatures  ne 
soient  plus  vénales,  et  qu'à  l'avenir  elles  ne  soient  accordées 
qu'au  concours. 

Art.  10.  — De  former  un  nouveau  code  criminel,  afin  de 
faciliter  aux  accusés  le  moyen  de  justifier  leur  innocence,  et 
réformer  le  civil  dans  les  parties  qui  tiennent  les  procédures 
en  longueur  et  multiplient  les  frais. 

Art.  11.  —  Que  pour  éviter  les  douloureux  et  désagréables 
paiements  de  frais  funéraires  de  ses  parents,  il  serait 
bon  en  les  supprimant  de  supprimer  aussi  celui  des  diraes 
qui  sont  accordées  aux  curés  de  chaque  paroisse  pour  leur 
subsistance,  en  leur  assurant  une  somme  fixe,  qui  serait  pré- 
levée à  l'instar  de  l'impôt  unique  et  au  marc  la  livre  d'icelui, 
répartie  et  perçue  sur  le  même  rôle,  par  le  même  receveur 
qui  payerait  cette  somme  de  quartier  en  quartier  es  mains 
du  curé  et  sur  sa  quittance.  A  ce  moyen  le  laboureur  eonser- 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE   CLOYES  453 

verait  tous  ses  grains  et  pailles,  ce  qui  serait  un  encourage- 
ment pour  lui. 

Art.  12.  —  Pour  abolir  la  mendicité,  qui  ordinairement 
conduit  au  vol  et  du  vol  à  l'assassin  (sic),  il  serait  possible  de 
prélever  une  somme  sur  chaque  paroisse,  aussi  à  l'instar  du 
droit  unique  et  au  marc  la  livre  d'icelui,  laquelle  serait  répartie 
et  perçue  comme  dessus  et  remise  es  mains  de  chaque  muni- 
cipalité pour  la  distribuer  aux  pauvres  de  leur  paroisse,  à 
laquelle  elle  rendrait  compte  tous  les  ans  ;  comme  aussi 
d'établir,  d'endroits  en  endroits,  des  hôpitaux  pour  y  recevoir 
les  malades,  les  personnes  âgées  et  les  gens  infirmes  pauvres 
des  paroisses  voisines,  dont  le  produit  serait  composé  des 
domaines  des  cures  de  ces  mêmes  paroisses,  et,  en  cas  d'in- 
suffisance, y  joindre  celui  de  quelques  bénéfices  inutiles. 

Art.  13.  —  Il  n'arrive  que  trop  souvent  qu'il  nait  dans 
des  familles  des  personnes  avec  les  plus  mauvaises  inclina- 
tions possibles,  que  rien  ne  peut  réprimer:  il  serait  bon,  pour 
prévenir  les  excès  auxquels  elles  pourraient  se  porter,  que 
sur  la  plainte  de  la  famille,  et  vérifiée  par  les  municipalités, 
que  le  gouvernement  prit  des  mesures,  et  à  ses  frais,  surtout 
vis-à-vis  des  indigents,  pour  débarrasser  ces  familles  et  la 
société  de  ces  personnes  dangereuses. 

Art.  14.  —  Que  depuis  des  siècles,  il  existe  le  fléau  le 
plus  affligeant  pour  l'humanité  et  sur  lequel  on  ne  fait  pas 
la  moindre  attention.  C'est  une  multitude  considérable  de 
médecins  et  chirurgiens,  qui  habitent  les  villes  et  les  cam- 
pagnes, dont  l'impéritie  de  la  "majeure  partie  est  plus  des- 
tructive que  toute  l'artillerie  des  plus  nombreuses  armées, 
sans  études,  ayant  appris  pendant  quelques  mois  et  sans 
principes  araser,  soigner  et  composer  une  mauvaise  méde- 
cine qu'ils  administrent  pour  toutes  sortes  de  maladies  quel- 
conques ;  on  juge  bien  de  l'effet  que  cela  produit.  Il  serait 
donc  nécessaire,  pour  détruire  ce  fléau  autant  qu'il  est  pos- 
sible, qu'à  l'avenir  les  médecins  et  chirurgiens  ne  fussent 
reçus  que  sur  des  certificats  de  capacité  de  la  part  des  écoles 


54  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

et  académies  de  médecine  et  de  chirurgie,  et  que  ceux  qui 
existent  aujourd'hui  subissent  un  examen  public  devant 
ladite  communauté  à  qui  il  intéresse  d'être  sûre  de  leur  capa- 
cité et  bonnes  mœurs. 

Art.  15.  —  Que  le  gouvernement  fasse  une  défense  abso- 
lue et  générale  de  laisser  vaguer  dans  le  .royaume  tous  les 
empiriques,  qui,  sous  prétexte  de  vente  de  baume,  orviétan, 
emplâtres  et  autres  choses  de  cette  nature,  lèvent  des  contri- 
butions horribles  sur  le  peuple. 

Art.  16.  —  De  donner  aux  municipalités  toutes  adminis- 
trations et  police  de  son  (sic)  ressort. 

Art.  17.  —  Que  l'administration  provinciale  soit  tenue  de 
rendre  compte  à  sa  province  des  sommes  qu'elle  reçoit  et 
des  dépenses  qu'elle  a  faites. 

Art.  18.  —  Que,  pour  la  sûreté  publique  et  le  maintien  du 
bon  ordre,  qu'on  répartisse  d'endroits  en  endroits  des  soldats 
invalides,  à  qui  le  Roi  accorde  des  pensions  par  forme  de 
retraite,  lesquels  seraient  subordonnés  aux  municipalités  et 
inspectés  par  le  brigadier  de  la  maréchaussée  de  leur  arron- 
dissement, duquel  ils  porteraient  l'uniforme,  et  feraient  leur 
service  à  pied,  pour  éviter  les  frais. 

Art.  19.  —  La  liberté  de  la  presse. 

Art.  20.  —  Pour  parvenir  à  une  parfaite  administration  et 
à  l'entretien  d'icelle,  autoriser  chaque  province  à  tenir  ses 
Etats  généraux  tous  les  trois  ou  cinq  ans. 

Art.  21.  —  La  suppression  de  toutes  les  exemptions  et  privi- 
lèges tant  de  la  Noblesse  que  des  ecclésiastiques,  religieux  et 
religieuses  de  tous  les  ordres,  ainsi  que  des  privilégiés,  rela- 
tivement à  toutes  impositions  royales  quelconques. 

Fait  et  arrêté  en  ladite  assemblée  générale,  ce  jour,  mois 
et  an  susdits,  elontlesdits  habitants  signé. 

(Suivent  40  signatures,  celles  de  :  Guyot  ;  Guyot  ;  Gorteau 
Tainé  ;  Lenain,  syndic  municipal,  etc.) 


CAHIER    DE   SAINT-JEAN-FR01DMENTEL  455 

Le  double  du  présent  sera  déposé  au  greffe  du  bailliage 
de  Châteaudun. 

(Signé  :  Davezé.) 


SAINT~JEAN~FROIDMENTEL 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Gant.  :  Morée. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection^  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Fréteval  M. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  la  Chenaye. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Antoine  Desmée,  marquis  delà  Chenaye, 
grand-tranchant  et  porte-cornette-blanche  de  France,  chevalier  de 
Saint-Louis,  seigneur  de  Rougemont. 

Population  en  1790  :  550  habitants. 

Taille  :  2.695  1.  (principal  1.230  1.  ;  accessoires  :  686  1.  ;  capita- 
tion  :  779  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  pas  de  président.  Aux  mots  :  «  Sont  comparus  par 
devant  nous...  »  sont  substitués  ceux-ci  :  «  Nous...  »,  et  dans  la 


0)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  L'abbé  Bordas  (Chorographie  du  Dunois, 
p.  188)  dit  :  «  La  chatellenie  de  Fromenteau  [alias  Saint-Jean-Froidmcntel]  a  été 
détruite  par  la  cession  que  les  comtes  de  Dunois,  de  la  maison  d'Orléans,  ont 
faite  d'une  partie  de  sa  juridiction  et  de  son  territoire  aux  seigneurs  de  Rouge- 
mont ;  ce  qu'ils  en  ont  conservé  vient  en  première  instance  à  Châteaudun  depuis 
ce  temps...  Les  appels  de  la  haute  justice  [de  Rougemont]  sont  portés  à  Frette- 
val,  pour  ce  qui  regarde  son  ancien  domaine  ;  et  pour  ce  qui  concerne  ce  qui 
est  uni  de  Fromenteau,  les  appels  sont  portés  a  Châteaudun.  » 


456  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

suite  du  procès-verbal  la  première  personne  est  substituée  à  la  troi- 
sième. 

Population  :  124  feux. 

Comparants  :  Denis  Communeau,  syndic  de  la  municipalité  ;  Loup- 
François  Robillard,  Jean  Hermelin,  Jean  Gallier,  laboureur,  Pierre 
JufTrault,  vigneron,  Louis  Lécuyer  et  Valentin  Luxereau,  bord  âge  rs,  dé- 
putés de  la  municipalité  ;  Vincent  Du  gué,  laboureur  ;  Richard  Fleuriou, 
bordager,  Gilles  Augis,  journalier,  adjoints;  Nicolas  Fournier  ;  Pierre 
Lemoine;  Jean  Robert;  Pierre  Chavigny  ;  François  Chavigny  père  et 
fils;  François  Guret  fils;  Georges  Limoges;  Jacques,  René  et  Mathu- 
rin  Landais  ;  Louis  et  François  Pivin  frères;  Jean  Basset;  François 
Chrétien  ;  Pierre  JufTrault  fils  ;  Louis-Anne  Goudet  ;  Louis  Maumus- 
son;  Jacques  Lethau  ;  Etienne  Baugé;  François  Coutin;  Etienne 
Chevallier;  Jacques  Rossignol  ;  Marc  Galktt;  André  Roy;  Etienne 
Chopat. 

Députés  :  Denis  Communeau,  meunier,  syndic  de  la  municipalité  ; 
et  Loup-François  Robillard. 

Suivent  8  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  et  remontrances  des  habitants  de  la  paroisse 

de  Sainl-Jean-Froidmentel. 

Représentent  très  humblement  à  l'assemblée  générale  du 
bailliage  présidial  de  Blois  les  habitants  de  la  paroisse  de 
Saint-Jean-Froidmentel  que  le  corps  de  la  taille  imposée  sur 
ladite  paroisse  est  de  1.230  livres  et  que  les  accessoires  M 
sont  de  1.409  livres  16  sols  10  deniers  ;  que,  par  conséquent, 
les  accessoires  excèdent  le  principal  de  4  sols  par  livre  ;  que 
ces  impositions  leur  paraissent  être  au-dessus  de  leurs  forces, 
parce  qu'il  y  a  dans  ladite  paroisse  à  peu  près  un  tiers  des 
biens  tant  en  terre  labourable  qu'en  bois  et  prés  possédés 
par  des  étrangers  qui  ne  payent  rien  à  la  décharge  des  pa- 
roissiens ;  que  dans  ladite  paroisse  les  terres  sont  un   tiers 

(*>  Compris  lacapitation. 


CAHIER    DE    SALNT-CLAUDK-FROIDMENTEL  457 

passables,  un  tiers  très  médiocres,  et  l'autre  tiers  ne  vaut 
tout  au  plus  que  ses  façons  ;  que  de  tous  les  habitants  il  y  a 
un  quart  qui  mendie,  un  quart  qui  vit  bien  difficilement,  à 
force  de  travail,  l'autre  moitié  sans  être  aisée  en  fournit  à 
peine  six  ou  sept  qui  peuvent  donner  quelque  soulagement 
aux  plus  pauvres  ;  que  ladite  paroisse  se  trouvant  limitrophe 
du  Perche  est  inondée  d'une  infinité  de  pauvres  percherons  qui 
enlèvent  aux  nôtres  la  substance  (sic)  que  les  personnes  cha- 
ritables sont  en  quelque  sorte  forcées  de  donner  à  ces  men- 
diants étrangers  ;  qu'il  y  a  beaucoup  de  bois  dans  ladite  pa- 
roisse, lequel  bois  mange  le  suc  des  terres  et  est  le  récep- 
tacle du  gibier  qui  détruit;  que,  les  colombiers  étant  très 
nuisibles  aux  cultivateurs,  il  serait  à  désirer  qu'on  les  dé- 
truisît pour  conserver  les  semences  et  les  récoltes  ;  que,  le 
sel  étant  trop  cher  pour  des  malheureux  qui  le  plus  souvent 
n'ont  pas  de  pain,  il  serait  plus  profitable  pour  la  gabelle 
d'en  modérer  le  prix,  parce  qu'un  très  grand  nombre  de 
pauvres  qui  se  prive  de  soupe  achèterait  du  sel  pour  se  pro- 
curer ce  genre  nécessaire  de  nourriture  ;  enfin  que  lesdits 
habitants  supplient  très  humblement  Messieurs  les  président 
et  membres  de  la  susdite  assemblée  de  vouloir  bien  prendre 
en  considération  leurs  susdites  représentations, 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  Denis  Communeau,  syn- 
dic; L.  Robillard,  etc.) 

Ce  cahier  est  en  partie  identique  à  celui  de  Saint-Claude-Froid- 
mentel  qui  suit. 


SAINT-CLAUDE-FROIDMENTEL 


Dép.   :  Loir-et-Cher.  —  Ârr.  :  Vendôme.  —  Gant.    :   Morée. 
Comm.  :  Brévainville. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun. 
Diocèse  :  Blois. 

45. 


458  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Justice  de  Chftteaudun. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  bois. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val. 

Population  en  1790  :  180  habitants. 

Taille  :  1.204  1.  (principal  :  550  1.  ;  accessoires  :  306  1.  ;  capitation  : 
348  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  pas  de  président.  Aux  mots  :  «  Sont  comparus  par 

devant  nous »  sont  substitués  ceux-ci  :  «  Nous »,  et  dans  la 

suite  du  procès-verbal  la  première  personne  est  substituée  à  la  troi- 
sième. 

Population  :  28  feux. 

Comparants:  Claude  Triau,  syndic  de  la  municipalité;  Célestin 
Leroy,  Pierre  Ozilleau,  Jean  Boisganicr,  laboureurs  et  députés  de  la 
municipalité;  Pierre  Gasnier,  bordager  ;  Pierre  Moreau,  meunier, 
Jacques  Lecomte,  tisserand,  adjoints  ;  Félix  Ozilleau  ;  Pierre  Serreau  ; 
Louis  Loyseau  ;  Pierre  Verrier;  Pierre  Triau  ;  Louis  et  Paul  Renoncé  ; 
Charles-Martin  Lemasne. 

Députés  :  Pierre  Ozilleau  et  Jacques  Lecomte. 

Suivent  6  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  et  remontrances  des  habitants  de  la  paroisse 

de  Saint-Claude-Froidmenlel. 

Représentent  très  humblement  à  l'assemblée  générale  du 
bailliage  présidial  de  Blois  les  habitants  de  la  paroisse  de 


CAHIER    DE   SAINT-CLAUDE-FROIDMENTEL  459 

Saint-Claude-Froidmeritel  que  le  principal  de  la  taille  imposée 
sur  ladite  paroisse  est  de  550  livres  et  que  les  accessoires 
sont  de  676  livres  15  sols  y  compris  les  deniers  réversibles 
aux  collecteurs  ;  que  par  conséquent  les  accessoires  excèdent 
le  principal  à  raison  de  4  sols  pour  livre  ;  que  ces  impositions 
leurs  paraissent  trop  fortes,  parce  que  le  terrain  de  leur 
paroisse  situé  sur  la  côte  du  Loir  à  l'orient  est  aride  et  de 
petit  produit  ;  que  ledit  terrain  est  entouré  et  avoisiné  en  par- 
tie de  bois  qui  en  mangent  le  suc  et  occasionnent  du  gibier 
qui  détruit;  que  plus  delà  moitié  des  biens  de  ladite  paroisse, 
tant  en  bois  qu'en  terre  inculte,  est  possédée  par  des  étran- 
gers qui  ne  paient  rien  à  la  décharge  desdits  habitants  ;  qu'il 
s'est  formé  3  ravins  qui  dans  leurs  traversées  ruinent  au 
moins  18  arpents  M  de  terre  qu'il  faut  laisser  inculte  ; 
qu'ayant  trop  de  taille  à  payer,  lesdits  habitants  se  trouvent 
encore  surchargés  des  corvées  qu'ils  aimeraient  mieux  faire 
en  nature  que  de  payer  en  argent;  que  dans  ladite  paroisse 
il  y  a  un  quart  de  mendiants,  un  quart  qui  vit  à  peine  à 
force  de  travail,  et  l'autre  moitié  ne  fournit  pas  plus  de  3  ou 
4  qui  peuvent  un  peu  soulager  les  plus  indigents  ;  que  ladite 
paroisse  se  trouvant  à  l'embouchure  du  Perche,  voit  une 
infinité  de  mendiants  qui  enlèvent  à  ceux  du  pays  la  substance 
que  les  personnes  charitables  sont  en  quelque  sorte  forcées 
de  donner  à  ces  mendiants  étrangers  ;  que  le  sel  qui  est  une 
denrée  de  première  nécessité  est  trop  cher  pour  des  pauvres 
qui  manquent  du  nécessaire  et  qu'il  serait  à  désirer  qu'on 
pût  en  modérer  le  prix  ;  enfin  que  lesdits  habitants  supplient 
très  humblement  Messieurs  les  président  et  membres  de  la 
susdite  assemblée  de  vouloir  bien  prendre  en  considération 
leurs  susdites  représentations. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Pierre  Ozilleau  ;  Jacques 
Lecomte,  etc.) 

Ce  cahier  est  en  partie  identique  à  celui  de  Saint-Jean-Froidmentel. 
W  Environ  7  hectares  6. 


460  BAILLIAGE    DE    BLOIS 


FRÉTEVAL 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Morée. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois  O. 

Maîtrise  des  eaux  et  forêts  du  duc  de  Luynes. 

Brigade  de  Vendôme. 

Commerce  et  industrie  :  forge.de  fer  et  d'acier. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  381  habitants. 

Taille  :  4.599  1.  (principal  :  710  1.  ;  accessoires  439  1.  ;  capita- 
tion  :  450  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  1.167  1. 13  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Il  y  eut  dans  cette  paroisse  deux  assemblées  consécutives,  les 
députés  nommés  dans  la  première  ayant  été  «  attaqués  de  maladie 
qui  les  met  hors  d'état  d'aller  à  Blois  ». 

Date  :  5  et  8  mars  1789. 

Président  :  Jean-François-René  Godineau,  avocat  au  parlement  et 
au  bailliage  de  Fréteval,  expédiant  en  l'absence  des  officiers  du  siège. 
Même  président  qu'à  Saint-Lubin-des-Prés,  Saint-Hilaire-la-Gravelle 
et  Lignières. 

Population  :  88  feux. 

0)  Exercée  par  le  lieutenant  du  bailli  de  Dunois.  Cf.  p.  245. 


CAHIER    DE    SA1NT-LUBIN-DES-PRÉS  461 

Comparants  :  à  la  première  assemblée  :  Jean  Loiseau,  syndic  de  la 
municipalité  ;  Jacques  Roulleau,  syndic  de  la  paroisse  ;  Jean-Baptiste 
Begenne  ;  Simon-Pierre  Menon  ;  Simon  Fusellier  ;  François  Roulleau  ; 
François  Maudhuit  ;  François  Lebâtard  ;  Jacques  Touzay  ;  Gabriel- 
Clément  Lefaucheux  ;  Georges  Douchet  ;  Louis  Ombredâne  ;  Pierre 
Housset  ;  Simon  Galois  ;  Jean  Liau  ;  Charles  Touzay  ;  Louis  Roy. 

A  la  deuxième  assemblée  :  Les  mêmes,  plus  François  Bastard  ; 
Charles  Benasse  ;  Jean  Champion  ;  Thomas  Liau  ;  Louis  Brulloy  ; 
Jean-Baptiste  Pccquet  ;  et  moins  Simon  Fusellier  ;  François  Roulleau  ; 
François  Lebâtard  ;  Jacques  et  Charles  Touzay  ;  Louis  Ombredâne  ; 
Louis  Roy. 

Députés  :  La  première  assemblée  avait  nommé  :  Jean-François- 
René  Godineau  et  Simon  Fusellier.  La  deuxième  élut  à  leur  place  : 
Jacques  Roulleau  et  Simon-Pierre  Menon. 

Suivent  i4  signatures  à  la  première  assemblée  et  i5  à  la  seconde. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


SAINT~LUBIN~DES~PRÉS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Ârr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Morée.  —  Comm.  : 
Frète  val. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  — -  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Fréteval  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  vigne. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1 789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 


462  BAILLIAGE   DE    BL01S 

Population  en  1790  :  253  habitants. 

Taille  :  4.604  1.  (principal  :  750 1.  ;  accessoires  :  379  1.  ;  capitation  : 
475  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  892  l.  2  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  4  mars  1 789. 

Président  :  Jean-François-René  Godineau,  avocat  au  parlement  et 
au  bailliage  de  Frète  val,  expédiant  en  l'absence  des  officiers  du  siège. 
Même  président  qu'à  Fréteval,  Saint-Hilaire-la-Gravelle  et  Lignières. 

Population  :  66  feux. 

Comparants  :  Jacques-Simon  Daguet,  syndic  de  la  municipalité  et 
de  la  paroisse  ;  Mathieu  Morisset  ;  Jean  Renouard  ;  Louis  Gerré  ;  René 
Collas  ;  Jean  Prudhomme  ;  Jean  Gallois  ;  Jean  Couamet  ;  Jean  Cou- 
gnet  ;  Nicolas  et  François  Cougnet  ;  Etienne  Journet  ;  Nicolas  Cousin  ; 
François  Duffourd  ;  Antoine  Leclerc  ;  Urbain  Berthellot  ;  Jean  Petit  : 
Jean  Duguet  ;  Pierre  Deniau  ;  Louis  et  Jean  Morisset. 

Députés  :  Jacques-Simon  Daguet  et  Louis  Geray. 

Suivent  il  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes  et  doléances  de  la  paroisse  de  Sainl-Lubin-des- 

Prés. 

Nous,  habitants  de  la  paroisse  de  Saint-Lubin-des-Prés, 
assemblés  en  vertu  et  pour  obéir  aux  ordres  de  Sa  Majesté 
portés  par  ses  lettres,  données  à  Versailles  le  24  janvier  der- 
nier, pour  la  convocation  et  tenue  des  États  généraux  de  ce 
royaume,  et  satisfaire  au  règlement  y  annexé  ainsi  qu'à  l'or- 
donnance de  M.  le  lieutenant  général  du  bailliage  de  Blois, 
chargeons  nos  députés  qui  seront  élus  à  la  fin  de  la  présente 
assemblée  de  comparaître  à  celle  qui  se  tiendra  devant  M.  le 


CAHIER    DE   SA1NT-LUBIN-DES-PBÉS  463 

lieutenant  général  du  bailliage  présidial  de  Blois,  les  lundi 
9  et  16  de  ce  mois,  et  de  demander  : 

1°  Qu'aucun  impôt  ne  soit  à  l'avenir  mis  ou  prorogé  sans 
le  consentement  des  États  généraux  du  royaume  ;  en  consé- 
quence, que  toute  imposition  mise  ou  prorogée  par  le  Gou- 
vernement, sans  cette  condition,  soit  déclarée  nulle,  illégale, 
et  quïl  soit  défendu,  sous  peine  de  concussion,  de  la  répar- 
tir, asseoir  et  lever. 

2°  Que  les  États  statuent  qu'ils  s'assembleront  régulière- 
ment tous  les  trois  ans  dans  une  ville  de  leur  choix,  sans 
qu'il  soit  besoin  d'autre  convocation,  ni  sans  qu'il  puisse  y 
être  apporté  aucun  obstacle. 

3°  Que  les  ministres  soient  responsables  de  leur  gestion 
aux  Etats  généraux  qui  pourront  [les]  faire  juger  sur  le  fait 
de  l'exercice  de  leurs  fonctions  par  les  tribunaux  compé- 
tents. 

4°  Que  les  dépenses  de  chaque  département,  y  compris 
celles  de  la  maison  du  Roi,  soient  invariablement  fixées,  et 
que  les  ministres  de  chacun  d'eux  soient  responsables  à  la 
Na[tion]  assemblée  de  l'emploi. 

5°  Qu'il  soit  pris  les  moyens  les  plus  sûrs  pour  qu'en  aucun 
cas  aucun  citoyen  ne  puisse  être  détenu,  par  un  ordre  minis- 
tériel en  vertu  d'une  lettre  de  cachet,  au-delà  du  temps  indis- 
pensablement  nécessaire  pour  qu'il  soit  remis  dans  une 
prison  légale,  entre  les  mains  des  juges  que  lui  donne  la  loi. 

6°  Que  les  États  généraux  s'occupent  de  la  rédaction  d'une 
loi  qui  établisse  la  liberté  de  la  presse. 

7°  Qu'il  soit  statué  par  les  Etats  généraux  qu'aucun  acte 
public  ne  soit  réputé  loi.  s'il  n*a  été  consenti  ou  demandé 
par  eux  avant  d'être  revêtu  du  sceau  de  l'autorité  royale. 

8°  Ils  feront  statuer  que  la  répartition,  assiette  et  percep- 
tion des  impôts  se  feront  par  les  États  qui  seront  constitués 
dans  notre  province  par  les  États  généraux,  et  dans  les  autres 


464  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

provinces  par  les  Etats  généraux  qui  y  sont  actuellement 
établis. 

9°  Qu'aucun  citoyen  ne  pourra  être  enlevé  à  ses  juges 
naturels. 

10°  Que  les  parlements  et  autres  tribunaux  souverains, 
ainsi  que  les  juges  subordonnés  à  ces  cours,  continuent  à 
maintenir  le  bon  ordre  et  à  faire  exécuter  les  lois,  soit  en 
renouvelant  leurs  dispositions,  lorsque  les  circonstances 
l'exigent,  sans  qu'ils  puissent  toutefois  y  rien  retrancher, 
ajouter  ou  modifier,  soit  en  infligeant  les  punitions  qu'elles 
prononcent  contre  ceux  qui  les  transgressent. 

11°  Ils  demanderont  que  les  magistrats  ne  puissent  à 
l'avenir  être  troublés  dans  l'exercice  de  leurs  fonctions,  et 
qu'ils  soient  responsables  du  fait  de  leurs  charges  à  la  Nation 
assemblée. 

Et  comme  toutes  ces  demandes  sont  fondées  sur  le  résultat 
du  Conseil  du  Roi  du  27  décembre  1788,  avoué  par  les 
ministres  de  Sa  Majesté,  nous  espérons  qu'il  y  sera  fait  droit. 

Après  cette  proclamation  solennelle  des  droits  de  la  Nation 
et  non  autrement,  nos  députés  autoriseront  ceux  du  bailliage 
de  Blois  à  consentir  aux  subsides  qu'ils  jugeront  à  propos 
et  nécessaires,  d'après  la  connaissance  détaillée  qu'ils  pren- 
dront de  l'état  des  finances  et  des  besoins  de  l'Etat  rigou- 
reusement démontrés,  et  après  avoir  opéré  les  réductions 
dont  la  dépense  sera  susceptible. 

Ils  leur  donneront  pareillement  pouvoir,  et  les  chargeront 
spécialement  de  substituer  aux  impôts  qui  distinguent  les 
Ordres  et  tendent  à  les  séparer,  des  subsides  qui  soient  éga- 
lement répartis  entre  les  citoyens  de  tous  les  Ordres,  sans 
distinction  ni  privilège,  en  raison  seulement  de  leurs  pro- 
priétés. 

Ne  pouront  cependant  lesdits  subsides  être  accordés  que 
jusqu'à  la  première  assemblée  des  Etats  généraux,  les  parle- 
ments, les  autres  cours  et  tous  autres  juges  demeurant 
chargés  de  poursuivre  et  punir  comme  concussionnaire  qui- 


CAHIER    DE    SÀINT-LUBIN-DES-PRÉS  465 

conque  aurait  la  témérité  d'asseoir,  répartir  ou  lever  aucun 
subside  non  accordé  par  les  États  généraux,  ou  au-delà  du 
terme  par  eux  fixé.  Nos  députés  donneront  aussi  pouvoir  à 
ceux  du  bailliage  de  Blois  de  demander  la  suppression  de 
tous  les  droits  établis  sur  le  sel,  le  vin  et  le  tabac  ; 

D'observer  que  les  milices  sont  ruineuses  pour  le  peuple, 
désastreuses  pour  la  culture  des  terres,  et  qu'il  est  néces- 
saire de  prendre  un  moyen  qui,  sans  diminuer  les  forces  mili- 
taires de  la  France,  soit  moins  ruineux  pour  les  cultivateurs; 

Que  le  droit  de  terrage  ou  champart,  qui,  dans  son  origine 
avait  une  sorte  de  justice,  est  devenu  par  la  suite  des  temps 
trop  onéreux  aux  cultivateurs,  les  seigneurs  étant  rem- 
boursés au-delà  du  prix  des  terres  par  eux  abandonnées  par 
la  perception  qu'ils  ont  faite  jusqu'à  présent. 

Ils  demanderont  encore  qu'au  lieu  de  faire  supporter  au 
Tiers  état  seul  les  frais  de  construction  et  entretien  des 
routes,  en  faisant  payer  aux  contribuables  de  la  taille  un 
quart  en  sus,  ces  frais  soient  supportés  par  les  propriétaires, 
en  faisant  payer  un  quart  en  sus  des  vingtièmes  ; 

Que  les  seigneurs  propriétaires  de  grandes  forêts  soient  tenus 
de  diminuer  le  nombre  des  bètes  fauves  et  puantes  qui  ravagent 
les  terrains  qui  les  avoisinent,  les  lapins  et  autre  gibier  qui 
nuisent  également  aux  grains,  et  que,  faute  par  eux  de  prendre 
les  mesures  convenables,  chaque  propriétaire  soit  autorisé  à 
garder  lui-même  ses  grains  et  à  les  défendre  de  l'incursion 
desdites  bêtes; 

Que  les  commissaires  départis  dans  les  provinces  ne 
puissent  plus  user  du  pouvoir  arbitraire  d'enlever  les  fusils 
des  laboureurs  et  fermiers,  qui  n'ont  que  cette  ressource 
pour  se  garantir  des  incursions  nocturnes  des  malfaiteurs. 

La  ressource  du  casuel  et  de  la  quête  étant  deux  moyens 
aussi  odieux  qu'illégaux  pour  partie  de  la  subsistance  des 
curés  et  vicaires,  pour  éviter  aux  premiers  le  cruel  expé- 
dient de  voir  une  famille  désolée  obligée  pour  ainsi  dire  de 
déposer  sur  le  sépulcre  d'un  père  le  reste  du  prix  de  ses 
sueurs,  dont  il  ne  tirait  qu'à  peine  une  amère  subsistance, 


466  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

échappé  aux  frais  d'une  dernière  maladie  souvent  ruineuse, 
et  au  second  l'opprobre  avilissant  de  tendre  honteusement  la 
main  pour  le  prix  des  fonctions  les  plus  augustes  et  les  plus 
relevées,  nos  députés  demanderont  que  les  portions  congrues 
des  curés  soient  augmentées  jusqu'à  la  somme  de  1.500 
livres  et  celles  des  vicaires  à  moitié. 

Nos  députés  demanderont  encore  que  la  dime  se  perçoive 
uniformément  dans  toute  notre  province  à  raison  de  3  gerbes 
de  gros  grains  par  arpent  <*'  et  de  moitié  pour  les  menus,  et 
d'une  seillée  W  de  raisin  non  pressuré  par  boisselée  <3)  de 
vigne,  la  perception  étant  trop  différente  dans  les  paroisses 
voisines  où  les  uns  payent  4  gerbes  par  arpent,  d'autres  3, 
d'autres  2  et  d'autres  enfin  paient  la  vingt-unième  gerbe  et  la 
vingt-unième  seillée  de  raisin. 

Après  s'être  occupés  du  bien  général,  nos  députés  expose- 
ront que,  propriétaires  avec  les  paroisses  de  Saint-Lubin-des- 
Prés  W  et  Saint-Hilaire-la-Gravelle  d'environ  200  arpents  (5> 
de  bois  de  haute  futaie,  qui  ont  été  vendus  en  vertu  d'un 
arrêt  du  Conseil,  aux  charges  que  sur  le  prix  principal  il 
serait  prélevé  les  sommes  nécessaires  pour  la  reconstruction 
du  pont  de  Fréteval  et  le  rétablissement  d'un  tertre  qui  est 
Tunique  chemin  pour  aller  à  Oucques,  Blois  et  les  environs 
et  pour  la  culture  des  terres  et  la  seule  communication  du 
Perche  avec  le  Blésois  (6),  ce  n'est  qu'avec  la  plus  grande 


0)  L'arpent  de  Fréteval  était  de  51  ares  07. 

(2)  Seillée  :  contenu  d'une  seille,  d'un  seau. 

(3)  La  boisselée  de  Fréteval  équivalait  à  5  ares  11. 

<*)  Sic.  Il  faudrait  lire  :  Fréteval.  Celte  erreur  montre  bien  que  ce  cahier  a 
été  copié  textuellement  sur  celui  de  Fréteval.  Le  cahier  de  Saint-Hilaire-la-Gra- 
velle  a  aussi  été  copié  sur  celui  de  Fréteval  ;  mais  le  copiste  plus  avisé  a  fait  la 
correction  et  a  mis  :  «  avec  les  paroisses  de  Fréteval  et  Saint-Lubin-des-Prés.  » 

(3)  Environ  100  hectares. 

(*)  L'assemblée  du  département  de  Blois  et  Romorantin  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher, 
C  4,  f.  41  v'j  et  celle  du  département  de  Chàteaudun  et  Vendôme  (Arch.  dép.  Eure- 
et-Loir,  C  4,  f.  16,  v°)  s'étaient  cependant  occupées  de  cette  grande  route  de  Blois 
à  Chàteaudun,  qui  devait  passer  par  Oucques  et  Fréteval.  «Son  cours,  disait  un 
député  de  cette  dernière  assemblée,  serait  d'environ  11.508  toises,  en  passant  par 
Fréteval  où  est  une  forge  considérable  et  une  fonderie,  dans  le  département,  et 
de  500  toises  hors  du  département,  pour  rejoindre  à  2  lieues  de  Blois  une  chaus- 
sée qui  y  mène  et  est  en  très  bon  état.  »   Mais  ces  assemblées   n'eurent  pas  le 


CAHIER    DE    SÀINT-HILAIRE-LÀ-GRÀVELLE  467 

peine  que  nous  pouvons  obtenir  la  délivrance  des  fonds  néces- 
saires, étant  obligés  d'obtenir  de  nouveaux  arrêts  du  Conseil; 
nous  demandons  que  les  États  généraux  nous  donnent  un 
moyen  facile  d'obtenir  les  sommes  nécessaires  pour  le  paie- 
ment desdites  charges,  et  que  ce  moyen  plus  facile  serait  de 
commettre  M.  le  lieutenant  particulier  de  la  maîtrise  de 
Blois,  qui,  vérification  faite  de  la  justice  de  nos  demandes, 
décernerait  un  exécutoire  des  sommes  nécessaires  sur  le  rece- 
veur des  domaines  dudit  comté. 

Les  présentes  instructions  et  pouvoirs  lus  et  approuvés 
dans  notre  assemblée  réunie  ce  jourd'hui  4  mars  1789, 
devant  M.  l'expédiant  du  bailliage  de  Fréteval;  et  avons 
signé. 

(Suivent  11  signatures,  celles  de  :  Daguet,  syndic;  Geray; 
Godineau,  etc.) 

Ce  cahier  est  textuellement  identique  à  celui  de  Lignières  et  h  celui 
de  Saint-Hilaire-la-Gravelle, sauf  addition  d'un  paragraphe  dans  ce  der- 
nier et  quelques  modifications  de  mots  insignifiantes,  signalées  p.  469 
et  p.  472.  Ces  trois  cahiers  sont  sans  doute  copiés  sur  celui  de  Fréte- 
val que  nous  n'avons  malheureusement  pu  retrouver  (Cf.  p.  466, 
note  4). 


SAINT-HILAIRE-LA-GRAVELLE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Moréé. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Chàteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Fréteval. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

temps  de  mettre  leur  projet  à  exécution.  Cf.  aussi  :  Mémoire  provisoire  sur  la 
nécessité  d'achever  le  chemin  de  communication  entre  la  ville  de  Blois  et  le  mar- 
ché d'Oucques  et  Mémoire  adressé  par  les  habitants  de  Mer  à  l'assemblée  provin- 
ciale, 24  octobre  1788  (Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  G  21),  et  Dr  Lesueur,  ouvr.  cité. 


468  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  530  habitants. 

Taille  :  1.418  1.  (principal  :  650  1.  ;  accessoires  :  356  1.  ;  capita- 
tion  :  412  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  777  1.  3  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  3  mars  1789. 

Président  :  Jean-François-René  Godineau,  avocat  au  parlement  et 
au  bailliage  de  Fréteval,  expédiant  en  l'absence  des  officiers  du  siège. 
Même  président  qu'à  Fréteval,  Saint-Lubin-des-Prés  et  Lignières. 

Population  :  86  feux. 

Comparants  :  André  Minier,  syndic  de  la  municipalité  et  de  la 
paroisse;  Pierre  Roger;  Pierre  Thibault;  François  Jahan  ;  Marin 
Blanchet  ;  René  Deniau  ;  Laurent  Dousset  ;  Denis  Cousin  ;  Pierre 
Regnault  ;  Joseph  Menil;  Guillaume  Ragot;  Antoine  Giboury;  Antoine 
Gouin  ;  Louis  Perrin  ;  Simon  Daguet  ;  Joseph  Fleury  ;  Louis  Jubault  ; 
Jacques  Lannay  ;  André  Lalliot  ;  Michel  Auriau  ;  François  Cousin  ; 
Jacques  Thibault  ;  Etienne  Lormeau  ;  Louis  et  René  Jahan  ;  Mathurin 
Ferré. 

Députés  :  Pierre  Roger  et  François  Jahan. 

Suivent  12  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes  et  doléances  de  la  paroisse  de  Saint-Hilaire- 

la-Gravelle. 

Cahier  textuellement  identique  à  celui  de  Saint-Lubin-des-Prés,  sauf 
les  modifications  suivantes  : 


CAHIER   DE   SAINT-HILA1RE-LA-GRAVELLE  469 

Intervertir  Tordre  des  paragraphes  3  et  4. 

P.  463,  ligne  27,  après  le  mot:  liberté,  ajouter  :  légitime. 

P.  464,  ligne  4,  supprimer  le  mot  :  actuellement. 

P.  464,  ligne  9,  supprimer  le  mot  :  toutefois. 

P.  464,  ligne  21 ,  supprimer  les  mots  :  à  propos  et. 

P.  464,  ligne  26,  à  la  place  du  mot  :  pareillement,  mettre  :  égale- 
ment. 

P.  465,  ligne  23,  à  la  place  du  mot  :  grains,  mettre  :  biens  de  la  terre. 

P.  465,  ligne  25,  à  la  place  des  mots  :  l'incursion  desdites  bêtes,  met- 
tre :  lesdites  bêtes. 

P.  465,  ligne  30,  à  la  place  du  mot  :  incursions,  mettre  :  invasions. 

P.  465,  après  la  ligne  30,  ajouter  le  paragraphe  suivant  : 

Nous  avons  à  nous  plaindre  en  particulier  de  la  tyrannie 
avec  laquelle  des  cavaliers  de  maréchaussée,  accompagnés  des 
gardes  de  M.  le  duc  de  Luynes.  ont  traité,  il  y  a  environ  sept 
ans,  les  femmes  mêmes  auxquelles  ils  serrent  les  pouces  entre 
deux  écrous  jusqu'à  leur  rompre  les  os  et  leur  faire  rendre 
une  quantité  prodigieuse  de  sang,  pour  les  forcer  à  décou- 
vrir un  fusil  qui  n'existait  point  et  dont  ils  prétendaient  que 
leurs  maris  se  servaient  pour  chasser  dans  la  forêt  de  Fréte- 
val  qui  nous  environne  ;  la  destruction  des  bètes  fauves  est 
d'autant  plus  essentielle  pour  nous  qu'elles  nous  privent 
chaque  année  d'un  quart  de  la  récolte. 

P.  465,  ligne  36,  à  la  place  des  mots  :  dont  il  ne  tirait  qu'à  peine 
une  amère  subsistance,  mettre  :  triste  reste. 

P.  466,  ligne  1,  supprimer  le  mot  :  dernière. 

P.  466,  ligne  9,  après  le  mot  :  menus,  ajouter  :  grains. 

P.  466,  ligne  12,  supprimer  le  mot  :  voisines. 

P.  466,  lignes  43  et  14,  à  la  place  du  mot  :  vingt-unième,  mettre  : 
vingtième. 

Nous  reproduisons  le  dernier  paragraphe  dont  la  rédaction  est  légè- 
rement différente  de  celle  du  cahier  de  Saint-Lubin-des-Prés  : 

Après  s'être  occupés  du  bien  général,  nos  députés  expo- 


470  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

seront  que,  propriétaires  avec  les  paroisses  de  Saint-Lubin- 
des-Prés  et  la  ville  de  Fréteval  d'environ  200  arpents  de  bois 
de  haute  futaie,  qui  ont  été  vendus  en  vertu  d'un  arrêt  du 
Conseil  aux  charges  que  sur  le  prix  principal  il  serait  pré- 
levé les  sommes  nécessaires  pour  la  reconstruction  du  clo- 
cher de  notre  paroisse  qui  menace  ruine,  augmentation  de 
l'église  trop  petite  pour  contenir  les  paroissiens,  rétablisse- 
ment du  tertre  qui  conduit  à  là  grande  route,  etc.  ;  ce  n'est 
qu'avec  la  plus  grande  peine  que  nous  pouvons  obtenir  la 
délivrance  des  fonds  nécessaires,  étant  obligés  d'obtenir  de 
nouveaux  arrêts  du  Conseil  :  nous  demandons  que  les  États 
nous  donnent  un  moyen  facile  d'obtenir  les  sommes  néces- 
saires pour  le  paiement  desdites  charges,  et  ce  moyen  plus 
facile  serait  de  commettre  M.  le  lieutenant  particulier  de  la 
maîtrise  des  eaux  et  forêts  du  comté  de  Blois  qui,  vérifica- 
tion faite  de  la  justice  de  nos  demandes,  décernerait  un  exé- 
cutoire des  sommes  nécessaires  sur  le  receveur  des  do- 
maines dudit  comté. 

Les  présentes  instructions  et  pouvoir  lus  et  approuvés 
dans  notre  assemblée  tenue  ce  jourdhui  3  mars  1789  devant 
M.  l'expédiant  du  bailliage  de  Fréteval;  et  avons  signé 

(Suivent  12  signatures,  celles  de  :  Pierre  Roger:  André 
Minier,  syndic  ;  Godineau,  etc.) 

Ce  cahier  est  aussi  identique  à  celui  de  Lignières. 


LIGNIÈRES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Morée. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Fréteval. 


CAHIER    DR    LIGNIÈIIES  471 

Brigade  de  Vendôme. 

Assemblée  :  le  10  août. 

Principale  cultwe  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  la  Porte. 

Seigneur  en  1789  :  de  la  Forte,  seigneur  d'un  fief  à  Meslay  (*>. 

Population  en  1790  :  395  habitants. 

Taille  :  4.177  1.  (principal  :  1.900  1.  ;  accessoires  :  1.074  1.  ;  capi- 
tation  :  1.203  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  714  1.  9  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  6  mars  1 789. 

Président  :  Jean-François-René  Godineau,  avocat  au  parlement  et 
au  bailliage  de  Fréteval,  expédiant  en  l'absence  des  officiers  du  siège. 
Même  président  qu'à  Fréteval,  Saint-Lubin-des-Prés  et  Saint-Hilaire- 
la-Gravelle. 

Population  :  85  feux. 

Comparants  :  Denis  Métivier  ;  Jacques  Prévost  ;  François  Coutan- 
ceau  ;  Jean  Coursimault  ;  Henri  Lidoreau  ;  Jean  Bouvet  ;  Simon  Minier; 
Jean  Minier  ;  Henri  Coutanceau  ;  Elysée  Morinet  ;  Nicolas  Ramaugé  ; 
Jean  Simonneau  ;  Pierre  Morais  ;  Louis  Gallier  ;  Jacques  Chevallier  ; 
Hilaire  Coutanceau. 

Députés  :  Jacques  Provost  et  Denis  Métivier. 

Suivent  12  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Plaintes  et  doléances  de  la  paroisse  de  Lignières. 

Cahier  textuellement  identique  à  celui  de  Saint-Lubin-des-Prés,  sauf 
les  modifications  suivantes  : 

P.  463,  ligne  27,  après  le  mot  :  liberté,  ajouter  :  légitime. 
(')  Ce  seigneur  comparut  seulement  au  bailliage  de  Vendôme. 


472  BAILLIAGE    DR    BL01S 

P.  463,  ligne  30,  à  la  place  des  mots  :  du  sceau  de  l'autorité  royale, 
mettre  :  de  l'autorité  du  sceau  royal. 

P.  464,  ligne  4,  supprimer  le  mot  :  généraux. 

P.  464,  ligne  24 ,  supprimer  les  mots  :  à  propos  et. 

P.  464,  ligne  26,  à  la  place  de  :  pareillement,  mettre  :  également. 

P.  465,  ligne  30,  à  la  place  de  :  incursions,  mettre  :  invasions. 

P.  466,  ligne  9,  après  le  mot  :  menus,  ajouter  :  grains. 

P.  466,  ligne  12,  supprimer  le  mot  :  voisines. 

P.  466,  lignes  45  et  suivantes,  remplacer  le  dernier  paragraphe  : 
a  Après  s'être  occupés »  par  celui-ci  : 

Enfin  nos  députés  demanderont  le  rétablissement  du  pont 
de  Fréteval  qui  fait  la  seule  communication  du  Blésois  avec 
le  Perche,  n'y  ayant  pas  d'autre  pont  sur  la  rivière  à  huit 
lieues  l'un  de  l'autre. 

Les  présentes  instructions  et  pouvoirs  lus  et  approuvés 
dans  notre  assemblée  tenue  ce  jourd'hui,  6  mars  4789,  devant 
M.  l'expédiant  du  bailliage  de  Fréteval,  et  avons  signé. 

(Suivent  42  signatures,  celles  de  :  Denis  Métivier  ;  J.  Pré- 
vost ;  Godineau,  etc.) 

Ce  cahier  est  aussi  identique  à  celui  de  Saint-Hilaire-la-Gravelle. 


GROS-CHÊNE 

(Hameau  de  la  paroisse  de  Busloup). 


Seul  cette  partie  de  la  paroisse  faisait  partie  du  bailliage  de  Blois. 
Le  bourg  de  Busloup  appartenait  au  bailliage  de  Chartres  et  à  l'élec- 
tion de  Vendôme. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Morée.  — 
Com.  :  Busloup. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 


CAHIER    DK   GROS-CHÉNE  473 

Justice  :  gruerie  de  Busloup-Gros-Chêne  W. 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  de  Paris. 

Taille  :  746  1.  (principal  :  340  1.  ;  accessoires  :  191  1.  ;  capita- 
tion:2J5  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :8  mars  1789. 

Président  :  Méreaux  des  Baucheries,  avocat  en  parlement,  bailli, 
juge  civil  et  criminel  de  la  gruerie  de  Busloup-Gros-Chêne. 

Population  :  79  feux. 

Comparants  :  Jacques  Norget,  syndic  de  la  municipalité  ;  André 
Croiseau  ;  Jacques  Raquier;  Jacques  Goudeau  ;  Charles  Dorré  ;  Jacques 
Piat;  Charles  Norré  ;  Nicolas  Delepine;  Laurent  Rivière;  Jean  Coua- 
mée  ;  Henri  Cousin  ;  René  Chotard  ;  François  Chaillou  ;  Louis  David; 
Jean  Raquier  ;  François  Couamée  ;  Pierre  Goudeau  ;  Jean-Baptiste 
Bezard;  Jacques  Rossignol;  Jacques  Mercier  ;  Louis  Dorré;  François 
Hubert  ;  Jacques  Terpereau  père  ;  Jean  Richard  ;  Pierre  Gault  ;  Pierre 
Radet  ;  François  Leclerc  ;  Etienne  Richard. 

Députés  :  André  Croiseau,  meunier,  et  Jacques  Raquier,  laboureur, 
«  habitants  audit  Chêne-Carré  »  (sic)  W. 

Suivent  6  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  des  habi- 
tants de  Busloup-Gros-Chêne,  fait  et  rédigé  en  rassem- 
blée générale  des  habitants  tenue  ce  jourcThui  dimanche 


(f)  D'après  le  procès-verbal  de  cette  paroisse.  —  Le  manuscrit  de  Jousse  porte 
à  l'article  Buslou  :  «  Haute  justice  ressortissant  à  la  chàtellenie  de  Lisle  »,  mais 
ne  donne  aucune  indication  concernant  la  justice  au  sujet  du  hameau  du  Gros- 
Chêne. 

<2>  Chéne-Carré  est  un  hameau  voisin  appartenant  à  la  paroisse  de  Pezou,  mais 
c'est  certainement  «  Gros-Chéne  »  qu'il  faut  lire  ici. 


474  BAILLIAGE    DE   BL01S 

8  mars  1789,  en  Tauditoire  de  la  gruerie  de  Gros- 
Chêne,  par  devant  nous,  Philippe- Auguste  Méreauœ 
des  Baucheries,  avocat  en  parlement,  bailli,  juge  civil 
et  criminel  de  ladite  gruerie. 

Art.  1er.  —  Les  sieurs  André  Croiseau  et  Jacques  Ra- 
quier,  députés  lors  de  l'assemblée  qui  se  tiendra  en  la  ville  de 
Blois  le  16  du  courant,  se  réuniront  aux  autres  députés  des 
villes,  bourgs  et  communautés  du  bailliage  de  Blois  pour 
proposer  tous  les  moyens  convenables  de  fixer  la  prospérité 
générale  du  royaume  et  le  bien  de  tous  et  chacun  des  sujets 
de  Sa  Majesté. 

Art.  2.  —  Lesdits  députés  de  Gros-Chêne  chargeront  les 
députés  qui  doivent  assister  aux  États  généraux  du  royaume 
de  demander  que  les  anciens  règlements  concernant  les 
chasses  soient  exécutés  suivant  leur  forme  et  teneur  ;  qu'en 
conséquence,  il  soil  permis  aux  habitants  des  campagnes  et 
surtout  à  ceux  de  Gros-Chène,*dont  les  propriétés  sont  con- 
tinuellement ravagées  par  les  botes  fauves  des  forêts  qui  les 
avoisinent,  de  se  défendre  tant  de  jour  que  de  nuit  avec  des 
armes  à  feu  des  incursions  de  ces  animaux  destructeurs  de 
leurs  récoltes. 

Art.  3.  —  Que  tous  les  impôts,  de  quelqu'espèce  qu'ils 
soient,  soient  abolis,  et  qu'il  soit  établi  un  nouveau  subside 
qui  soit  supporté  par  toutes  les  propriétés  indistinctement  ; 
comme  aussi  que  tous  les  privilèges  d'exploitation  et  autres 
pécuniaires  établis  en  faveur  des  ecclésiastiques  et  gentils- 
hommes soient  supprimés. 

Art.  4.  —  Que  les  entrepreneurs  de  forges  à  fer  W  ne 
soient  plus  autorisés  à  fouiller  les  champs,  jardins  et  autres 
propriétés  de  la  paroisse  de  Busloup,  lorsqu'ils  sont  ense- 
mencés. 

0)  Il  s'agit  sans  doute  des  forges  de  Fréteval. 


cahier  de  renay  475 

Art.  5.  —  Qu'il  soit  défendu  de  faire  le  lavage  des  mines 
dans  le  ruisseau  qui  arrose  la  paroisse  et  sert  à  abreuver  les 
bestiaux,  parce  que  le  dépôt  occasionné  par  le  lavage  de  la 
mine  de  fer  corrompt  l'eau  et  se  répand  dans  les  temps 
de  crues  sur  les  prés,  y  laisse  un  limon  qui  infecte  le  sol. 

Art.  6.  —  Que  les  mineurs  soient  tenus  de  combler  les 
trous  où  ils  ont  extrait  de  la  mine,  dès  l'instant  qu'ils  aban- 
donnent leur  fouille. 

Art.  7.  —  Que  le  chemin  qui  conduit  de  Busloup  à  Pezou 
soit  réparé  et  rendu  praticable  pour  les  voitures,  qui  ne  peu- 
vent y  passer  sans  un  danger  évident  surtout  dans  les  temps 
de  crues. 

Art.  8.  —  Que  la  misère  extrême  qui  accable  la  paroisse 
de  Busloup  soit  secourue  le  plus  promptement  possible  par 
des  secours  pécuniaires  et  surtout  par  la  remise  de  la  taille 
en  la  présente  année  en  faveur  de  ceux  des  pauvres  habi- 
tants qui  sont  dans  l'impuissance  de  la  payer. 

Fait  et  arrêté  les  jour  et  an  que  dessus. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Croiseau  ;  Raquier  ; 
Méreaux  des  Baucheries,  etc.) 


RENAY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Selommes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Ghâteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  au  bailliage  de  Vendôme  W. 

Principales  cultures  :  blé,  bois. 

0)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  Cependant,  en  1789,  Renay  fut  convoque  au 
bailliage  de  Blois  et  non  à  celui  de  Vendôme. 


476  BAILLIAGE   DE    BL01S 

Seigneur  en  1768  :  de  Rocharabeau. 

Seigneur  en  1789  :  Donatien-Marie -Joseph  de  Vimeur,  vicomte  de 
Rochambeau,  colonel  du  régiment  Royal-Auvergne. 

Population  en  1790  :  174  habitants. 

Taille:  4.324 '1.  (principal  :  6501.;  accessoires  :  2621.;  capita- 
tion  :  412  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  667  1.  44  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Le  procès-verbal  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 

Le  début  du  cahier  de  doléances  (*>  et  le  procès-verbal  de  l'assemblée 
préliminaire  du  bailliage  de  Blois  nous  donnent  les  renseignements 
suivants  : 

Date  :  i*T  mars  4789. 

Président  :  Claude  Chéroute,  notaire  de  ladite  paroisse  de  Renay. 
Même  président  qu'à  Fontaine-sous-Pezou  et  Chêne-Carré. 

Population  :  48  feux. 

Députés  :  Louis  Petit  et  Henri  Chaillou. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  et  représentations  des  habitants  de  la  paroisse 
de  Renay,  élection  de  Chàteaudun,  bailliage  de  Blois. 
à  Sa  Majesté  et  à  la  Nation  assemblée  en  corps  d'États 
généraux  par  les  ordres  du  Roi. 

L'an  1789,  le  1er  jour  de  mars,  par  devant  nous,  Claude 
Chéroute,  notaire  de  ladite  paroisse  de  Renay,  comparurent 


<*)  II  est  douteux  que  le  premier  paragraphe  du  cahier  de  doléances  ait  tenu 
lieu  de  procès-verbal  ;  s'il  en  était  ainsi,  ce  cahier  porterait  la  vérification  du 
secrétaire  du  lieutenant  général  du  bailliage,  comme  tous  les  procès- ver  baux 
conservés  aux  archives  de  Loir-et-Cher.  Il  est  plus  vraisemblable  que,  comme  à. 
Chéne-Carré  qui  avait  le  même  président  et  dont  le  cahier  de  doléances  est  iden- 
tique, il  y  avait  un  procès-verbal  séparé. 


CAHIER    DE    IlENAY  477 

en  leurs  personnes  les  habitants  de  ladite  paroisse  deRenay, 
lesquels,  suivant  le  mandement  à  eux  envoyé  par  le  Roi,  pu- 
blié au  prône  le  même  jour  que  dessus  en  l'église  dudit 
Renay,  suivant  la  commission  à  eux  adressée  par  M.  le  pro- 
cureur du  Roi  au  bailliage  de  Blois,  ont  élu  pour  y  satisfaire 
les  personnes  de  Louis  Petit  et  Henri  Chaillou,  auxquels  ils 
ont  donné  pouvoir  et  puissance  de  comparaître  en  rassem- 
blée qui  se  fera  au  bailliage  de  la  ville  de  Blois  le  9e  jour  du 
mois  de  mars,  et  d'y  déclarer,  conformément  aux  instructions 
et  pouvoir  ci-après  : 

Ecart  des  ministres.  —  Que  lesdits  habitants  ne  sont  ac- 
cablés d'impôts  que  parce  que  les  ministres  et  leurs  agents, 
tant  dans  l'administration  que  dans  la  finance,  sans  égard  aux 
lois  du  royaume  qui  veulent  que  les  Français  ne  puissent 
être  taxés  que  de  leur  consentement,  ont  insensiblement 
écarté  ou  renversé  tous  les  obstacles,  et  augmenté  jusqu'à 
l'excès,  par  l'effet  de  leur  seule  volonté,  la  charge  du  peuple 
dont  ils  ont  dissipé  le  produit. 

Que,  pour  s'assurer  à  l'avenir  la  jouissance  de  leurs  biens, 

ils  veulent  et  entendent: 

» 
1°  Consentement  requis  des  Etats  généraux.  —  Qu'au- 
cune partie  de  leurs  propriétés  ne  puisse  leur  être  enlevée 
par  des  impôts,  s'ils  n'ont  été  préalablement  consentis 
par  les  États  généraux  du  royaume,  composés,  ainsi  que  le 
veulent  la  raison  et  la  loi,  des  députés  librement  élus  par 
tous  les  cantons,  sans  aucune  exception,  et  chargés  de  lçurs 
pouvoirs. 

2°  Ministres  responsables.  —  Que,  suivant  les  inten- 
tions du  Roi,  manifestées  dans  le  résultat  de  son  Conseil 
du  27  décembre  1788,  les  ministres  soient  à  l'avenir  res- 
ponsables de  l'emploi  de  toutes  les  sommes  levées  sur  le 
peuple. 

3°  Emprisonnement.  —  Qu'attendu  que  les  impôts  non 
consentis  n'ont  été  payés  jusqu'ici  que  par  la  crainte  des 


478  BAILLIAGE    DE    H  LOIS 

emprisonnements  arbitraires  qui  ont  arrêté  toutes  les  récla- 
mations, lesdits  habitants  veulent  et  entendent  que  personne 
ne  puisse  être  emprisonné  et  détenu  pour  aucun  motif  qu'en 
vertu  des  lois  du  royaume. 

4°  Comte  de  Moreton.  —  Sa  Majesté  est  suppliée  d'accor- 
der un  tribunal  légal  pour  juger  M.  le  comte  de  Moreton  W, 
qui  lui  conserve  sa  place  avec  son  honneur,  ou  qui  lui  fasse 
perdre  en  môme  temps  et  l'honneur  et  la  vie. 

Pouvoir  d'élus  envoyés  aux  États  généraux.  —  Seront 
tenus  lesdits  députés  de  faire  insérer  ladite  déclaration  des 
volontés  desdits  habitants  dans  le  cahier  du  bailliage  de 
Blois,  et  chargent  spécialement  lesdits  habitants  ceux  qui 
seront  élus  par  l'assemblée  dudit  bailliage  de  Blois  de  la 
faire  valoir  aux  États  généraux  et  de  ne  consentir  à  la  levée 
ou  prorogation  d'aucun  subside  avant  que  ladite  déclaration 
ait  été  adoptée  par  eux  et  solennellement  proclamée. 

Suppression  des  dépenses  inutiles.  Suppression  de 
tous  privilèges.  —  Leur  donnent  néanmoins  pouvoir,  sous 
la  condition  ci-dessus,  et  non  autrement,  de  consentir  à 
l'établissement  ou  prorogation  des  subsides  que  les  États 
généraux  jugeront  indispensablement  nécessaires  aux  besoins 
de  l'fttat.  toutes  dépenses  inutiles  préalablement  retran- 
chées, pourvu  toutefois  que  les  impôts  qui  distinguent  les 
Ordres  soient  supprimés  et  remplacés  par  des  subsides  éga- 
lement répartis  entre  tous  les  citoyens,  sans  distinctions  ni 
privilèges,  à  raison  seulement  de  leurs  propriétés  ;  lesdits 
habitants  entendent  par  les  subsides  susdits  que  la  franchise 
de  toutes  les  villes,  maîtres  de  postes,  garde-étalons  et  autres 
privilégiés,  de  quelque  nature  qu'ils  soient,  soit  supprimée, 
et  qu'ils  soient  assujettis  à  payer  les  mêmes  impôts  que  le 
Tiers  étal,  en  y  comprenant  aussi  la  Noblesse,   le  Clergé, 


(')  Comte   de  Moreton-Chabrillant,  colonel  du  régiment  de  La  Fère,  destitué 
sans  jugement  par  lettre  ministérielle. 


CAHIER    DE    RENAY  479 

toutes  les  communautés  et  bénéfices,  môme  ceux  de  l'Ordre 
de  Malle. 

Chargent,  en  outre,  lesdits  habitants  lesdits  députés  de 
représenter  à  l'assemblée  du  bailliage  de  Blois  : 

t°  Feux  de  la  paroisse.  —  Que  leur  paroisse  n'est  compo- 
sée que  de  48  feux,  qu'il  y  en  a  le  tiers  occupé  par  des  veuves 
qui  sont  à  la  mendicité,  qu'un  autre  tiers  n'est  que  des  jour- 
naliers, et  le  surplus  que  des  soistonsO)  et  petits  laboureurs. 

2°  Nature  du  sol  de  la  paroisse.  Amortissement  des 
renies  seigneuriales.  —  Que  le  sol  de  ladite  paroisse  est 
très  maigre  et  très  ingrat  ;  que  leurs  terrains  ne  s'afferment 
pour  la  plus  grande  partie  qu'un  demi-boisseau  la  boisselée 
ou  6  boisseaux  l'arpent  de  12  boisseléesW,  ce  qu'ils  justi- 
fient par  les  baux  qui  ont  été  faits  et  qui  se  font  journelle- 
ment; qu'outre  l'ingratitude  du  terrain,  qu'il  est  grevé  de 
rentes  seigneuriales  en  blé  et  avoine,  que  Sa  Majesté  est  sup- 
pliée de  vouloir  bien  leur  permettre  de  rembourser  aux  sei- 
gneurs de  qui  ils  relèvent  sur  le  pied  que  Sa  Majesté  voudra 
bien  fixer,  pour  par  la  suite  en  pouvoir  faire  le  rembourse- 
ment par  partialité  <3)  à  fur  et  à  mesure  qu'ils  en  auront  la 
commodité. 

3°  Réunion  d'impôts.  —  Que  Sa  Majesté  est  suppliée  de 
vouloir  bien  réunir  tous  les  impôts  qui  se  payent  tant  pour 
la  culture  que  pour  les  vins,  sel,  entrées  et  autres,  à  un  seul 
et  même  impôt,  y  compris  les  vingtièmes;  et  que  chaque 
communauté  fasse  parvenir  directement  au  trésor  royal  le 
seul  impôt  que  Sa  Majesté  établirait  avec  la  modération  qu'ils 
espèrent  de  sa  bonté. 

(f)  Souaton  :  paysans  qui  se  prêtent  réciproquement  leur  cheval  pour  les  tra- 
vaux des  champs.  Cf.  Thibault,  Glossaire  du  pays  blaisois,  pp.  344-315,  aux  art.  : 
soudter  et  souàton 

P)  Primitivement  la  boisselée  était  retendue  de  terre  qu'on  pouvait  ensemencer 
avec  le  contenu  d'un  boisseau.  Le  boisseau  de  Vendôme  était  de  12  litres  3  et 
celui  d'Oucques  de  43  litres  8  ;  la  boisselée  de  Vendôme,  qui  était  employée  à 
Renay,  était  de  5  ares  17. 

(')  Partiellement,  par  parties. 


480  BAILLIAGK   DE   BLOIS 

4°  Relard  demandé  pour  les  impôts.  —  Que  les  impôts 
qu'ils  payent  actuellement  sont  si  considérables  qu'ils  ne 
peuvent  les  payer  ;  supplient  également  Sa  Majesté  d'en  sus- 
pendre le  payement  et  de  ne  l'exiger  que  le  plus  tard  pos- 
sible, ainsi  que  de  la  nouvelle  imposition  qu'il  lui  plaira  faire. 

5°  Corvées.  —  Que  dans  le  cas  où  Sa  Majesté  jugerait  à 
propos  de  modérer  les  impôts  et  de  n'en  pas  faire  la  réu- 
nion, qu'ils  demandent  que  la  corvée  en  nature  d'argent  soit 
réversible  au  pied  des  vingtièmes,  au  lieu  de  Têtre  au  pied 
de  la  taille. 

6°  Gabelles  et  finances.  -  Quïls  demandent  que  le  sel 
soit  marchand  et  le  vin  libre,  que  la  gabelle,  finances  et 
receveurs  des  tailles  fussent  supprimés. 

7°  Défrocs  W.  —  Qu'au  moyen  de  la  permission  accordée 
par  Sa  Majesté  pour  le  défrichement  des  terres  incultes, 
cela  fait  une  grande  augmentation  dans  la  culture,  ce  qui 
fait  que  l'on  manque  de  sujets  pour  affermer  les  biens;  qu'au 
moyen  de  la  suppression  des  gabelles  et  finances  cela  pro- 
curerait des  sujets. 

8°  Contrôle  des  actes.  —  Que  le  droit  de  contrôle  des 
actes  est  trop  considérable,  augmentant  continuellement  par 
de  simples  lettres  de  l'administration,  de  manière  que  tout 
le  peuple  ignore  actuellement  de  ce  droit  (sic)  qui  n'est  plus 
conforme  à  l'ancien  tarif  :  que  Sa  Majesté  est  suppliée  de  vou- 
loir bien  modérer  lesdits  droits,  ou,  pour  le  mieux,  les  anéan- 
tir pour  ainsi  dire  tout  entier. 

9°  Droits  de  sépultures  pour  les  sieurs  curés.  —  Qu'ils 
demandent  également  que  le  tarif  des  messieurs  curés,  au 
regard  des  sépultures  et  mariages,  soit  rendu  exécutoire;  les- 
dits sieurs  curés  ne  veulent  pas  s'y  rapporter,  parce  qu'il  n'a 
pas  été  homologué  en  parlement;  actuellement  ils  font  payer 
au  double  dudit  tarif. 

(*)  Défroc  :  terre  nouvellement   «  défroquetée  »,  ou  défrichée  (Thibault,    Glos- 
saire du  pays  blaisois,  p.  116). 


CAI1IEH    DE    RENAY  481 

10°  Portion  de  dîmes  supprimée .  —  Sa  Majesté  est  sup- 
pliée de  vouloir  bien  anéantir  les  dîmes  sur  les  avoines, 
orges,  pois,  vesces  et  autres  menus  grains,  qui  ne  sont 
semés  chacun  an  que  pour  la  nourriture  du  bétail  propre  à 
la  culture  de  la* terre,  et  pour  lui  donner  les  engrais,  et 
qu'il  ne  soit  à  l'avenir  perçu  ladime  que  sur  le  blé  seulement 
comme  étant  la  première  des  semences. 

11°  Dîmes.  —  Qu'ils  demandent  également  à  ne  payer  la 
dime  de  leurs  troupeaux  qif  une  seule  fois  l'année,  soit  en 
laine,  soit  en  agneaux. 

w 

12°  Election.  —  Qu'ils  demandent  à  être  conservés  dans 
l'élection  de  Chàleaudun  dont  ils  relèvent  actuellement. 

13°  Petites  justices.  —  Que  toutes  les  petites  justices 
subalternes  soient  supprimées  et  jointes  aux  villes  ou  bail- 
liages les  plus  proches,  et  qu'il  n'y  ait  plus  que  deux  juri- 
dictions. 

14°  Revenus  des  communautés.  —  Que  toutes  les  com- 
munautés, bénéficiers  et  le  Clergé  jouissent  actuellement  de 
trop  gros  revenus  ;  que  Sa  Majesté  est  suppliée  de  vou- 
loir bien  les  réduire  à  une  somme  convenable  pour  leur  sub- 
sistance. 

15°  Que  les  chemins  dudit  bourg  de  Renay  sont  imprati- 
cables, ainsi  qu'autres  parties  du  même  chemin  tendant  des 
paroisses  circonvoisines,  passant  dans  ledit  bourg,  au  marché 
d'Oucques  et  foires  circonvoisines,  est  impraticable  ;  que  Sa 
Majesté  est  suppliée  de  vouloir  bien  leur  accorder  que  les 
sommes  qu'ils  payent  pour  les  corvées  soient  employées  à 
l'entretien  du  chemin  ci-dessus,  ou  bien  en  travaux  de  charité. 

Auxquels  députés  lesdits  habitants  ont  donné  pouvoir  et 
puissance  de  présenter  et  faire  valoir  les  articles  ci- 
dessus  et  autres  qu'ils  jugeront  bon  être  par  raison,  et 
même  d'élire  telles  personnes  suffisantes  et  capables  avec 
les  autres  paroisses  et  juridictions  dépendantes  du  bail- 
liage de  Blois  et  autres,  pour  assister  aux  États  généraux 

40 


482  BAILUAC.E    DE    BLOIS 

du  royaume  de  France,  qui  se  tiendront  en  la  ville  de (1\ 

le <2>. 

Fait  sous  les  seings  de  nous,  notaire  et  greffier,  les  jour 
et  an  que  dessus,  lendits  habitants  ayant  déclaré  ne  savoir 
signer,  fors  les  soussignés. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Chaillou,  greffier  ;  L. 
Petit:  Chéroute,  etc.) 

La  première  partie  de  ce  cahier,  de  la  page  477,  ligne  il,  à  la  page 

478,  ligne  26  («  Que  lesdits  habitants  ne  sont  accablés à  raison  seu 

lement  de  leurs  propriétés  »),  est  reproduite  textuellement  dans  les 
cahiers  de  Fontaine-sous-Pezou  et  de  Chêne-Carré  et  Chicheray,  moins 
les  en-têtes  de  paragraphes  qui  ont  été  supprimés  dans  ces  deux  der- 
niers cahiers.  En  outre,  il  y  a  de  grandes  analogies  entre  la  fin  de  ce 
paragraphe  et  les  articles  5,  6  et  11  de  Fontaine-sous-Pezou  et  les  ar- 
ticles 4  et  5  de  Chêne-Carré,  et  dans  la  suite  entre  les  articles  1er  et  2 
(début)  et  l'article  1er  de  Fontaine  et  2  de  Chêne-Carré,  entre  l'article  2 
(fin)  et  l'article  4  (fin)  de  Fontaine  et  12  de  Chêne-Carré,  entre  l'ar- 
ticle 3  et  l'article  3  de  Fontaine  et  8  de  Chêne-Carré,  entre  l'article  4 
et  l'article  lerde  Chêne-Carré,  entre  l'article  5  et  l'article  2  de  Fontaine 
et  9  de  Chêne-Carré,  entre  l'article  6  et  l'article  7  de  Fontaine  et  6  de 
Chêne-Carré,  entre  l'article  8  et  l'article  12  de  Fontaine  et  14  de 
Chêne-carré,  entre  l'article  9  et  l'article  10  de  Fontaine  et  10  de  Chêne- 
Carré,  entre  les  articles  10  et  11  et  l'article  4  (début)  de  Fontaine  et  3 
de  Chêne-Carré,  entre  l'article  12  et  l'article  13  de  Fontaine  et  11 
de  Chêne-Carré,  entre  l'article  13  et  l'article  8  de  Fontaine  et  7  de 
Chêne-Carré. 


FONTAINE-SOUS-PEZOU 

(Hameau    de    la    paroisse    de    Pezou). 


Le  hameau  de  Fontaine-sous-Pezou  et  ceux  de  Chêne-Carré  et  Chi- 
cheray étaient  les  seules  parties  de  la  paroisse  de  Pezou  qui  appar- 

<»)  En  blanc. 
M  En  blanc. 


CAHIER    DR   F0NTÀ1NE-S0US-PEZ0U  483 

tinssent  au  bailliage  de  Blois.  Ils  formaient  deux  communautés  qui 
avaient  leurs  rôles  d'impositions  distincts  et  tinrent  chacune  une 
assemblée.  Le  bourg  de  Pezou  faisait  partie  du  bailliage  de  Chartres  et 
de  l'élection  de  Vendôme. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Morée.  — 
Comm.  :  Pezou. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  (?)  <«> 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  les  Bénédictins  de  Vendôme. 

Taille  :  325  1.  (principal  :  i50  1.  ;  accessoires  :  80  1.;  capitation: 
95  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Nous  ne  possédons  pas  de  procès- verbal  distinct  pour  cette 
paroisse  <2).  Le  début  du  cahier  de  doléances  et  le  procès-verbal  de 
l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois  nous  donnent  les  rensei- 
gnements suivants  : 

Date  :  4  mars  1789. 

Président  :  Claude  Chéroute,  notaire  îi  Renay.  Môme  président  qu'à 
Renay  et  Chêne-Carré. 

Population  :  22  feux. 

Députés  :  Jean-Michel  Deschamps,  et  Jean  Ouriau. 


0)  Le  manuscrit  de  Jousse  porte  à  l'article  Pezou  :  «  Haute  justice  resssortis- 
sant  à  Blois  »,  mais  ne  fait  aucune  mention  de  Fontaine-sous-Pezou. 

(*)  Ici  le  début  du  cahier  de  doléances  peut  avoir  tenu  lieu  de  procès-verbal  ; 
ce  cahier  porte  en  effet,  comme  les  autres  procès-verbaux,  la  vérification  du  secré- 
taire du  lieutenant  général  du  bailliage. 


484  BAILLIAGE    DR    BLOIS 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Doléances  et  très  humbles  représentations  des  habitants 
du  hameau  de  Fontaine,  élection  de  Chdteaudun,  bail- 
liage présidial  de  Mois,  en  la  paroisse  de  Pezou,  à  Sa 
Majesté  et  à  la  Nation  assemblée  en  corps  d'Étatsgéné- 
rauœ. 

L'an  1789  le  4e  jour  de  mars,  par  devant  nous  Claude  Ché- 
route,  notaire  à  Renay,  comparurent  en  leurs  personnes  les 
habitants  dudit  hameau  de  Fontaine,  lesquels,  suivant  le 
mandement  à  eux  envoyé  par  le  Roi,  publié  au  prône  de 
ladite  paroisse  de  Pezou,  le  1er  du  présent  mois,  en  l'église 
dudit  Pezou,  suivant  la  commission  à  eux  adressée  par 
M.  le  bailli  du  bailliage  présidial  de  Blois,  ont  élu  pour  y 
satisfaire  les  personnes  de  Jean-Michel  Deschamps  et  Jean 
Ouriau,  auxquels  ils  ont  donné  pouvoir  et  puissance  de 
comparaître  en  rassemblée  qui  se  fera  audit  bailliage  prési- 
dial de  la  ville  de  Blois  le  9  du  présent  mois  de  mars,  et 
d'y  déclarer,  conformément  aux  instructions  et  pouvoirs  ci- 
après  : 

La  suite  est  textuellement  identique,  moins  les  en-têtes  de  para- 
graphes qui  sont  supprimés,  au  passage  correspondant  du  cahier  de 
Renay  de  la  page  477,  ligne  11,  à  la  page  478,  ligne  26.  La  fin  de  ce 

passage  :  «  lesdits  hahitants  entendent Tordre  de  Malte  »  (p.  478, 

ligne  26,  à  p.  479,  ligne  2)  n'est  pas  reproduit. 

Chargent  en  outre  lesdits  habitants  lesdits  députés  de 
représenter  à  l'assemblée  du  bailliage  présidial  de  Blois  : 

1°  Qu'ils  occupent  un  sol  très  maigre  et  très  ingrat,  n'étant 
pour  la  plus  grande  partie  qu'en  coteaux  très  arides,  et  que 
la  majeure  partie  d'entre  eux  n'est  composée  que  de  jour- 
naliers. 

2°  Qu'ils  demandent  que  la  conversion  des  corvées  en 
nature  d'argent,  au  lieu  d'être  assise  au  pied  de  la  taille,  le 


CAHIER    DE    F0NTA1NK-S0US-PEZ0U  485 

soit  au  bas  des  vingtièmes  (*),  dans  le  cas  où  Sa  Majesté  vou- 
drait que  les  impôts  restent  divisés  tels  qu'ils  sont  actuelle- 
ment, et  qu'ils  espèrent  qu'ils  seront  réduits  par  la  suite. 

3°  Qu'ils  désireraient  qu'il  n'y  eût  à  l'avenir  qu'un  seul 
impôt  que  les  communautés  de  chaque  endroit  feraient  par- 
venir directement  au  trésor  royal,  et  représentent  que  les 
sommes  accordées  aux  receveurs  des  tailles  et  finances  sont 
trop  considérables. 

4°  Sa  Majesté  est  suppliée  de  vouloir  bien  supprimer  les 
dîmes  des  avoines,  orges,  poids,  vesces  et  autres  menus 
grains,  et  de  n'assujettir  leurs  domaines  qu'à  payer  la  dlme 
du  blé,  les  autres  menus  grains  n'étant  utiles  que  pour  la 
nourriture  des  animaux  propres  à  cultiver  la  terre  et  lui 
donner  les  engrais  ;  comme  aussi  de  n'être  perçue  à  l'avenir 
qu'une  seule  dîme  sur  leurs  troupeaux,  soit  en  laine,  soit  en 
agneaux;  et  remontrent  qu'une  dîme  qui  se  perçoit  deux  fois 
par  chacun  an  sur  leurs  terres  ou  sur  leurs  troupeaux  leur 
sont  (sic)  très  préjudiciables  ;  qu'ils  demandent  qu'il  leur  soit 
permis  de  rembourser  les  terrages  qui  se  lèvent  sur  leurs  ter- 
rains par  leurs  seigneurs  et  d'en  faire  le  remboursement  sur 
le  pied  que  Sa  Majesté  voudra  bien  fixer. 

5°  Que  la  franchise  des  villes  non  taillables  soit  supprimée 
comme  pesant  sur  ceux  sujets  aux  impôts. 

6°  Que  l'exemption  des  maîtres  de  postes,  soit  des  villes, 
soit  des  campagnes,  soit  absolument  supprimée. 

7°  Que  la  gabelle  soit  supprimée,  et  le  sel  marchand,  et  le 
vin  libre. 

8°  Que  les  justices  des  seigneurs  soient  supprimées  et  qu'il 
n'y  ait  plus  que  deux  degrés  de  juridiction,  les  bailliages  et 
les  parlements,  et  demandent  à  être  joints  aux  bailliages  ou 
villes  les  plus  proches. 

9°  Représentent  à  Sa  Majesté  que  leurs  biens  et  récoltes 

0)  Au  taux  des  vingtièmes,  proportionnellement  aux  vingtièmes. 


486  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

sont  annuellement  ravagés  par  les  bêtes  fauves  de  la  forêt  de 
Fréteval  appartenant  à  M*r  le  duc  de  Luynes. 

10°  Sa  Majesté  est  suppliée  de  rendre  exécutoire  le  tarif 
fait  pour  statuer  sur  les  droits  qui  appartiennent  au  Clergé 
pour  les  publications  de  bans,  mariages  et  sépultures,  auquel 
tarif  ledit  Clergé  n'a  pas  ajouté  foi  parce  qu'il  n'a  pas  été 
homologué  en  parlement,  et  les  sommes  qu'ils  font  payer 
excèdent  ledit  tarif  d'environ  moitié. 

11°  Qu'ils  demandent  que  la  Noblesse  et  le  Clergé  soient 
assujettis  aux  mêmes  impôts  que  le  Tiers  état. 

12°  Représentent  à  Sa  Majesté  que  le  contrôle  des  actes 
qui  en  sa  forme  a  été  bien  établi,  que  les  droits  en  sont  ac- 
tuellement exorbitants,  et  supplient  Sa  Majesté  de  vouloir 
bien  le  modérer,  et  qu'il  y  ait  un  tarif  clair  qui  fixe  [cet] 
impôt  afin  que  tout  le  peuple  puisse  statuer  sur  le  tarif  toutes 
fois  qu'il  lui  survient  un  acte  à  faire. 

13°  Que  leurs  assemblées  municipales  soient  conservées 
dans  l'élection  de  Chàteaudun,  dont  ils  relèvent  actuellement 
et  que  lesdites  assemblées  subsistent  à  l'avenir. 

Auxquels  Jean-Michel  Deschamps  et  Jean  Ouriau  lesdits 
habitants  ont  donné  pouvoir  et  puissance  de  présenter  et 
faire  valoir  les  articles  ci-dessus  et  autres  qu'ils  jugeront 
bon  être  par  raison,  et  même  délire  telles  personnes  suffi- 
santes et  capables  avec  les  autres  paroisses  et  juridictions 
dépendant  du  bailliage  de  Blois  et  autres,  pour  assister  aux- 
dits  États  généraux  du  royaume  de  France  qui  se  tiendront 
en  la  ville  de  W  le  ...  .  W. 

Fait  sous  les  seings  de  nous,  notaire  et  greffier,  les  jour  et 
an  que  dessus,  et  ont  lesdits  habitants  signé  sauf  ceux  qui 
ont  déclaré  ne  le  savoir. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Deschamps;  Chéroute; 

etc.) 

<*)  En  blanc. 
(*)  En  blanc. 


CAHIER    DE   CHÊNE-CARRÉ    ET    CH1CHERAY  487 

Vu  et  vérifié  par  nous  secrétaire  de  M.  le  lieutenant  géné- 
ral à  Blois  ce  9  mars  1789. 

(Signé  :  Ferrand  fils.) 

Outre  le  passage  signalé  ci-dessus  textuellement  identique  dans  les 
trois  cahiers  de  Renay,  Fontaine-sous-Pezou  et  Chêne-Carré,  les  autres 
articles  de  ce  cahier  présentent  encore  de  nombreuses  analogies  avec 
ceux  de  Renay  et  de  Chêne-Carré.  Cf.  p.  482. 


CHÊNE-CARRÉ   &   CHICHERAY 

(Hameaux  de  la  paroisse  de  Pezou  (,).) 


Dép.   :   Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.   —   Cant.  :  Morée.   — 
Comm.  ;  Pezou. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel: 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Vendôme  (*>. 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  Brunier. 

Seigneur  en  1789  :  Abel-Philippe  de  Brunier,  chevalier  de  Saint- 
Louis,  seigneur  de  Chicheray. 

Taille  :  440  1.  (principal  :  200  1.  ;  accessoires  :  1131.  ;  capitation  : 
127  1.)' 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  36  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  1789. 

Président  :  Claude  Chéroute,  notaire  de  Chêne-Carré,  Chicheray 

<*>  Cf.  p.  482. 

W  D'après  le  manuscrit  deJousse.  Cependant,  en  1789,  Chesne-Carré  fut  convo- 
qué à  Blois  et  non  à  Vendôme. 


488  BAILLIAGE    DE    BL01S 

et  klenay,  résidant  h  llenay.  Même  président  qu'à  Renay  et  Fontaine- 
sou  s-  Pezou. 

Population  :  32  feux. 

Comparants  :  François  Motte,  syndic  ;  Joseph  Fleuriau,  Nicolas  et 
Etienne  Motte,  membres  de  l'assemblée  municipale  ;  Nicolas  Dollard  ; 
Marin  Deniau  ;  Nicolas  Rougeau  ;  Michel  Haslé  ;  Pierre  Motte  ;  Charles 
Fournier  ;  Michel  Motteau  ;  Pierre  Rossignol  ;  Claude  et  Jean  Dollard  ; 
Derbiily  ;  Louis  Chauvin  ;  Jacques  Desneux  ;  François  Queriau  ;  Marin 
Rogué  ;  Jacques  Richaudeau  ;  la  veuve  Jacques  Rougeau  ;  la  veuve 
Resnard  ;  la  veuve  Gangnebien  ;  la  veuve  Nicolas  Minier  ;  la  veuve 
Delépine. 

Députés  :  Michel  Haslé  et  Noël  Gangnebien. 

Suivent  9  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Doléances  et  très  humbles  représentations  des  habitants  des 
hameaux  de  Chicheray  et  Chêne-Carré,  élection  de 
Chdleaudun,  bailliage  de  Blois,  en  la  paroisse  de 
Pezou,  à  Sa  Majesté  et  à  la  Nation  assemblée  en  corps 
d'Etals  généraux  par  l  ordre  du  Roi. 

Lan  1789,  le W  jour  du  mois  de  mars,  par  devant 

nous  Claude  Chéroute,  notaire,  résidant  en  la  paroisse  de 
Renay,  comparurent  en  leurs  personnes  les  habitants  desdits 
hameaux,  lesquels,  suivant  le  mandement  à  eux  envoyé  par 
le  Roi,  publié  en  l'auditoire  dudit  bailliage  de  Blois  comme 
aussi  au  prône  de  la  messe  de  ladite  paroisse  de  Pezou,  le 
1er  du  présent  mois  de  mars,  suivant  la  commission  à  eux 
adressée  par  M.  le  procureur  du  Roi  au  bailliage  de  Blois, 
ont  élu  pour  y  satisfaire  les  personnes  de  Michel  Haslé  et 
Noël  (îangnebien,  auxquels  ils  ont  donné  pouvoir  et  puis- 
sance de  comparaître  en  rassemblée  qui  se  fera  au  bail- 
liage de  la  ville  de  Blois  le  9e  jour  dudit  mois  de  mars,  et 

(*)  En  blanc. 


CAHIER    DE    CHÊNE-CARRÉ    ET   CH1CHERAY  489 

d'y  déclarer  conformément  aux  instructions  et  pouvoirs  ci- 
après. 

La  suite  est  textuellement  identique,  moins  les  en-têtes  des  para- 
graphes qui  sont  supprimés,  au  passage  correspondant  du  cahier  de 
Renay  de  la  page  477,  ligne  11,  à  la  page  478,  ligne  26.  La  fin  de  ce 

passage  :  «  lesdits  habitants  entendent Tordre  de  Malte  »  (p.  478, 

ligne  26  à  p.  479,  ligne  2)  n'est  pas  reproduit. 

Chargent  en  outre  lesdits  habitants  lesdits  députés  de 
représenter  à  l'assemblée  du  bailliage  de  Blois  : 

1°  Que  les  impôts  qu'ils  payent  actuellement  sont  trop 
considérables  et  les  a  atterrés  si  fortement  que  Sa  Majesté  est 
suppliée  d'en  suspendre  le  paiement  ;  et  que  les  impôts  qu'il 
lui  plaira  régler  par  la  suite  ne  soient  demandés  que  le  plus 
tard  possible,  vu  la  misère  où  ils  sont  actuellement  réduits. 

2°  Qu'ils  occupent  un  sol  très  maigre  et  très  ingrat  ;  que 
la  majeure  partie  d'entre  eux  ne  sont  que  des  journaliers. 

3°  Que  le  peu  d'agratsM  qui  leur  reste  d'après  (sic)  les  dîmes 
payées  ne  sont  pas  suffisants  pour  engraisser  leurs  terres  ; 
que,  pour  y  remédier,  Sa  Majesté  est  suppliée  de  vouloir  bien 
anéantir  les  dîmes  des  orges,  avoines,  pois,  vesces  et  autres 
dîmes  vertes,  et  qu'il  ne  soit  à  l'avenir  levé  la  dime  que  sur 
les  blés  seulement,  attendu  que  les  menus  grains  ne  servent 
qu'à  la  nourriture  des  animaux  propres  à  la  culture  de  la 
terre  et  à  l'engrais  du  bétail  ;  comme  aussi  représentent  qu'il 
ne  soit  à  l'avenir  perçu  qu'une  seule  dlmo  sur  leurs  trou- 
peaux, soit  en  laine,  soit  en  agneaux  ;  une  dîme  qui  se  per- 
çoit deux  fois  l'année  sur  une  brebis  ou  sur  une  terre  ne  fait 
qu'atterrer  tous  les  propriétaires  et  la  production  du  blé. 

4°  Que  toutes  les  villes  franches  soient  assujetties  à  payer 
les  impôts  comme  le  Tiers  état,  ainsi  que  la  Noblesse,  le 
Clergé  et  communautés. 


(*)  Agrats  :  ce  qui  reste  des  céréales  quand  le  grain  en  est  enlevé  (Thibault, 
Glossaire  du  pays  blaisois,  p.  9.) 

46. 


490  BAILLIAGE    DR    BLOI8 

5°  Que  l'exemption  des  maîtres  de  postes,  soit  des  villes, 
soit  de  campagne,  ainsi  que  les  gardes-étalons,  soient  sujets 
aux  mêmes  impositions  que  ledit  Tiers  état. 

6°  Que  la  gabelle  soit  entièrement  supprimée,  et  que  le  sel 
soit  marchand,  les  pauvres  souffrant  plus  que  les  riches  de 
la  cherté  où  est  parvenu  le  sel. 

7°  Que  les  petites  justices  des  seigneurs  soient  également 
supprimées  et  jointes  aux  villes  ou  bailliages  les  plus 
proches. 

8°  Que  leur  intention  serait  que  tous  les  impôts  qui  se 
payeront  à  l'avenir  soient  réduits  à  un  seul  et  même  impôt 
et  qu'il  parvienne  directement  au  trésor  royal,  observant  à 
Sa  Majesté  que  les  sommes  accordées  aux  receveurs  des 
tailles  et  autres  impositions,  ainsi  qu'aux  financiers,  sont  très 
considérables,  et  qu'il  en  coûterait  bien  moins  en  faisant 
parvenir  lesdites  sommes  directement  audit  trésor. 

9°  Que  dans  le  cas  où  Sa  Majesté  continuerait  lesdits 
impôts  par  partialité  M,  qu'ils  demandent  que  la  conversion 
de  la  corvée  en  nature  d'argent  soit  assise  au  pied  des  ving- 
tièmes, au  lieu  d'être  au  bas  de  la  taille  (2>. 

10°  Que  l'ancien  tarif  fait  pour  statuer  les  droits  des  sieurs 
curés  pour  la  publication  des  bans,  mariages,  sépultures  et 
certificats  qu'ils  délivrent,  soit  rendu  exécutoire,  et  qu'il  leur 
fût  fait  défense  de  percevoir  un  plus  fort  droit  que  celui 
porté  par  ledit  tarif. 

11°  Qu'ils  demandent  à  être  conservés  dans  l'élection  de 
Chàteaudun,  leur  étant  une  plus  grande  commodité,  et  que 
les  assemblées  municipales  et  celles  des  États  généraux 
soient  à  l'avenir  conservées  et  maintenues. 

12°  Qu'ils  demandent  qu'il  soit  permis  de  rembourser  aux 


(*)  Continuerait  lesdits  impôts  partiels,  continuerait  à  percevoir  plusieurs  sortes 
d'impôts  différents. 
W  Proportionnellement  à  la  taille. 


CAHIER    DE   CHÉNE-CÀRRÉ   ET   CHICHERAY  491 

seigneurs  et  aux  main-mortes  toutes  les  rentes  foncières  ou 
seigneuriales  tant  en  nature  d'argent  que  grains  et  terrages, 
sur  le  pied  que  Sa  Majesté  voudra  bien  régler. 

13°  Qu'ils  demandent  à  être  maintenus  à  faire  pacager 
leurs  bestiaux  dans  les  usages  ou  communes  qui  leur  appar- 
tiennent et  dont  leur  seigneur  s'est  emparé  et  a  fait  défri- 
cher, au  moyen  de  l'abandon  dune  partie  desdits  usages 
accordés  audit  seigneur  suivant  une  transaction  faite  entre 
ledit  seigneur  et  lesdits  habitants. 

[14°]  Plus  lesdits  députés  et  syndic  de  rassemblée  nous 
ont  déclaré  qu'ils  ont  omis  au  présent  cahier  que  Sa  Majesté 
est  suppliée  de  vouloir  bien  modérer  le  tarif  du  contrôle  des 
actes  qui  est  exorbitant,  et  même  qui  n'a  plus  de  rapport  en 
bien  des  circonstances  à  Fancien  tarif  qui  a  été  augmenté 
continuellement  par  de  nouvelles  lettres  de  l'administration, 
de  manière  que  personne  ne  peut  actuellement  se  statuer 
sur  ce  qu'il  doit  en  coûter  de  contrôle  sur  un  acte  [sans  quel 
préalablement  on  aille  le  demander  au  contrôleur!1). 

Auxquels  députés  lesdits  habitants  ont  donné  pouvoir  et 
puissance  de  présenter  et  faire  valoir  les  articles  ci-dessus  et 
autres  qu'ils  jugeront  bon  être  par  raison,  et  môme  d'élire 
telles  personnes  suffisantes  et  capables  avec  les  autres  pa- 
roisses et  juridictions  dépendantes  du  bailliage  de  Blois  et 
autres  pour  assister  auxdits  Etats  généraux  du  royaume  de 
France  qui  se  tiendront  en  la  ville  de W,  le <3). 

Fait  sous  les  seings  de  nous,  notaire  et  greffier,  lesdits  jour 
et  an'  que  dessus  ;  et  ont  lesdits  habitants  signé  sauf  ceux 
qui  ont  déclaré  ne  le  savoir. 

(Suivent  11  signatures,  celles  de  :  Gangnebien  ;  Haslé; 
Chéroute,  etc.) 


<*)  Ce  paragraphe  a  été  ajouté  après  coup  à  la  fin  du   cahier;  il  est  suivi  de 
signatures  identiques  à  celles  du  cahier. 
(*>  En  blanc. 
«  En  blanc. 


492  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Outre  le  passage  signalé  ci-dessus  textuellement  identique  dans  les 
trois  cahiers  de  Renay,  Fontaine  sous-Pezou  et  Chêne-Carré,  les  autres 
articles  de  ce  cahier  présentent  de  nombreuses  analogies  avec  ceux  de 
Renay  et  de  Fontaine-sous-Pezou.  Cf.  p.  482. 


MORÉE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  chef-lieu  du  canton 
de  Morée. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois  0)  et  moyenne  justice  du  prieur 
de  Morée  ressortissant  à  Frète  val. 

Brigade  de  Vendôme. 

Assemblées  :  le  15  août  et  le  8  septembre. 

Principales  cultures  :  blé,  foin. 

Hôpital. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val.  % 

Population  en  1790  :  1.040  habitants. 

Taille  :  5.437  1.  (principal  :  2.4801.  ;  accessoires  :  1.386  1.  ;  capita- 
tion:  1.571  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  privilégiés  (1  contribuable)  :  6  1. 

Vingtièmes  :  1.582  1.  7  s. 

(*)  Exercée  par  le  lieutenant  du  bailli  de  Dunois.  Ci.  p.  249. 


CAHIER   DE   M01SY  493 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  2  mars  1789. 

Président  :  Jean-Louis  Ghaillou,  notaire  à  Morée,  en  l'absence  des 
officiers  du  bailliage  de  Morée. 

Population  :  200  feux. 

Comparants  :  Laurent  Morais  ;  Jacques  Rougeou  ;  Jean  Duru  ;  Jean- 
Jacques  Breton  ;  Louis-Sylvain  Triau  ;  Jean  Guizon  ;  Pierre  Mauclair  ; 
Jean-Romain  Housset  ;  Pierre  Voyer  ;  Jacques  Cochereau  ;  Jean  Duru, 
laboureur;  Pierre  Hasteau  ;  Jean-Jacques  Bourdoiseau, maître-maçon; 
Pierre  Guillaume,  journalier  ;  François  Avrain,  vigneron  ;  Pierre  Neilz, 
laboureur;  François  Ficquet,  laboureur  ;  Urbain  Guenet,  journalier; 
Pierre  Marais,  journalier  ;  Jacques-Daniel  Hue,  pêcheur  ;  Simon  et 
Laurent  Guizon  ;  Barthélémy  Pillon  ;  Pierre  Avrain,  journalier  ;  Nico- 
las Hasteau,  laboureur;  Louis  Boisembert,  laboureur. 

Députés  :  Jean-Louis  Ghaillou  et  Pierre  Duru. 

Suivent  il  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


NOISY 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir,  et  haute  justice  ressortissant  à  Beaugency. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Chaiies-Aniable  d'Albert,  duc  de 


494  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  420  habitants. 

Taille  :  5.600  1.  (principal  :  2.540  1.  ;  accessoires  :  i.45i  1.  ;  capita- 
tation  :  i  .609  1.) 

Capitatioti  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  4789. 

Président  :  Jacques  Habert,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  i03  feux. 

Comparants  :  Charles  Champion,  notaire,  Pierre  Lory,  laboureur» 
François  Gaudoin,  laboureur,  membres  de  la  municipalité  ;  Nicolas 
Durand,  maçon,  Jean  Robillard,  journalier,  Alexandre  Filliau, 
journalier,  adjoints  ;  Nicolas  Dreux,  tailleur,  Gabriel  Lecour,  bou- 
langers, fabriciens  ;  Laurent  Bourguinon,  maréchal  de  forge  ;  Marcou 
Bourlier,  journalier  ;  Jean  Mauger,  cordonnier  ;  François  Lecomte, 
tisserand  et  collecteur  ;  Joseph  Rantien  et  Pierre  Dreux,  laboureurs  ; 
Henri  Rochin,  journalier  ;  Louis- Vincent  Brault,  charron  ;  Louis- 
Jacques  Villette,  bourrelier  ;  Jean  Durand,  maçon  ;  Nicolas  Jobard, 
cabaretier  ;  Pierre  Nouvellon,  laboureur  ;  Jean  Roger,  tailleur  ;  Louis 
Jobard,  Etienne  Goudeau,  journaliers  ;  Jacques  Vray  père  et  fils,  cor- 
donniers ;  Louis  Dubreuil,  François  Breton,  laboureurs  ;  Jean  et 
Jacques  Genty,  journaliers  ;  Nicolas  Garnier  père  et  fils,  journaliers, 
Nicolas  Belué,  Jacques  Guéri neau,  Jean  Maury  père  et  fils,  François 
Camu,  François  Filliau,  Jacques  Binet,  Loup  Avrain,  Louis  Barbier, 
journaliers  ;  Gilles  Groisy,  jardinier  ;  Pierre  Boissière,  boucher  ; 
Jacques  Audebert,  journalier  ;  Marin  Richard,  laboureur  ;  André 
Ribauld,  marchand  moutonnier  (sic)  ;  Jean  Pinard,  laboureur  ; 
Michel  Binet,  Jean  et  Jacques  Moisant,  Jean  Cornillier,  journaliers. 

Députés  :  Jacques  Habert  et  Charles  Champion. 

Suivent  22  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


CAHIER    D'ÉCOMAN  495 


ÉCONAN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzoucr-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Ghâteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  h  Marchenoir. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Laage. 

Population  en  1790  :  334  habitants. 

Taille  :  864  1.  (principal  :  450  1.  ;  accessoires  :  129  1.  ;  capitation  : 
285  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Sébastien  Brossier,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  75  feux. 

Comparants  :  Claude  Pirouelle,  régisseur  de  la  terre  d'Ecoman  ; 
François  Courcel,  laboureur;  Louis  Chaillou;  Jacques  Leroy;  Nicolas 
Gaultier;  Toussaint  Douaneau;  Jean  Boigneau  ;  Jean  Gaillard;  André 
Fréneau  ;  Louis  Moron. 

Députés  :  René  Robert,  laboureur,  et  Jean-Pierre  Laurenceau,  mar- 
chand. 

Suivent  5  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  doléances,  plaintes,  remontrances  de  la  mu- 
nicipalité de  la  paroisse  d'Écoman. 

Les  habitants  de  la  paroisse  (KÉcoman  assemblés  au  son 


496  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

de  la  cloche,  au  lieu  ordinaire  où  se  sont  trouvés  Sébastien 
Brossier.  syndic,  François  Courcel,  Louis  Chaillou,  Jacques 
Leroy,  iNicolas  Gaultier,  Toussaint  Douaneau,  Jean  Boigneau, 
Jean  Gaillard,  André  Fréneau,  Louis  Moron  et  autres  pour 
former  leur  cahier  de  doléances  à  rassemblée  du  Tiers  état 
qui  doit  se  tenir  à  Blois  le  9  mars  1789,  et  du  règlement  y 
annexé  W  ainsi  que  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  géné- 
ral au  bailliage  présidial  de  Blois,  après  avoir  mûrement  con- 
féré et  délibéré  ensemble,  ont  jugé  qu'il  paraissait  juste  de 
représenter  et  demander: 

1°  La  suppression  des  aides. 

2°  La  suppression  des  gabelles  ;  que  le  sel  soit  marchand 
comme  faisant  un  des  premiers  besoins  de  Fhomme. 

3°  Que  la  subvention  territoriale  ait  lieu,  et  ce  en  nature. 

4°  Que  le  Clergé  [et]  la  Noblesse  contribuent  unanimement 
avec  le  Tiers  état  aux  charges  du  royaume. 

5°  La  suppression  des  routes  qui  en  ne  servant  qu'aux 
grands  devient  (sic)  très  onéreux  pour  le  pauvre  cultivateur. 

6°  Que  l'ampliation  des  présidiaux  <2)  ait  lieu. 

7°  Que  les  jurés  priseurs  soient  supprimés  comme  étant 
ruineux  aux  pauvres  mineurs. 

Fait  et  arrêté  à  Ecoman  ce  1er  mars  1789. 
(Suit  une  seule  signature,  celle  de  :  R.  Robert.) 


(0  Sic.  Lire  :  «  en  vertu  des  lettres  du  Roi  du  24  janvier  1789  et  du  règlement  y 
annexé  ». 

<*)  Cf.  Édil  portant  ampliation  du  pouvoir  des  présidiaux,  novembre  4774 
(Isambort,  t.  23,  p.  57)  et  ordonnance  du  8  mai  1788  sur  l'administration  de  la 
justice  {/bid.,  t.  28,  p.  534). 


CAHIER   DE    BHÉVAINVILLE  497 


BRÉVAINVILLE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Morée. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chàteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Chàteaudun  M. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneurs  en  1768  :  de  Laage.      < 

Population  en  1790  :  170  habitants. 

Taille  :  2.595  1.  (principal  :  1.250  1.  ;  accessoires:  553  1.  ;  capita- 
tion  :  792  1.) 

Gapitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  5  mars  4789. 

Président:  Pierre  Sevestre,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  40  feux. 

Comparants  :  Alexis  Rigolet,  Jacques  Marceau,  Pierre  Philippe, 
membres  de  la  municipalité  ;  Jacques  Hénault  ;  Jean-Louis  Rigolet  ; 
Sébastien  Bigot  ;  Jacques  Bigot  ;  Pierre-Sébastien  Juchet  ;  Marin  Mau- 
ger  ;  Pierre  Sevestre  fils;  Pierre  Gauron  ;  Pierre  Binet  ;  Jean  Poussin  ; 
Liphard  Champenois  ;  Jacques  Gallier  ;  Jacques  Bouteaux. 

Députés  :  Alexis  Rigolet  et  Jacques  Bigot,  laboureurs. 

Suivent  10  signatures. 


<*)  «  Une  grande  partie  de  cette  paroisse  est  soumise  à  la  justice  du  châ- 
teau de  Thierville,  paroisse  de  Charray.  »  (Abbé  Bordas,  Chorographie  du 
Dunois,  p.  54) 


498  BAILLIAGE   DE   BLOIS 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Cahier  de  plaintes  et  doléances  de  la  paroisse 

de  Brévainville. 

Puisqu'aujourd'hui  notre  auguste  monarque  nous  permet 
de  lui  adresser  nos  plaintes  et  remontrances  touchant  les 
choses  dont  nous  sommes  à  portée  de  connaître  dans  nos 
campagnes,  suivant  notre  âme  et  conscience, 

Nous  avons,  après  avoir  mûrement  délibéré,  proposé, 
remontré  et  avisé  à  tout  ce  qui  peut  concerner  les  besoins 
de  TÉtat. 

1°  Pour  subvenir  aux  besoins  de  l'État  et  trouver  des 
moyens  à  multiplier  les  finances  de  Sa  Majesté,  nous 
croyons  qu'il  serait  très  expédient  de  faire  passer  au  trésor 
royal  les  deniers  des  provinces  plus  directement  qu'aujour- 
d'hui. 

2°  De  lever  les  impôts,  surtout  les  biens  de  main-morte, 
généralement  quelconques,  puisque  tous  ces  messieurs  pos- 
sèdent les  plus  beaux  biens  de  nos  provinces  ;  rien  de  plus 
efficace  que  ces  ressources  pour  contribuer  au  bien  de  TÉtat 
et  soulagement  des  pauvres  peuples  répandus  dans  les  cam- 
pagnes. 

3°  Que  tous  les  seigneurs,  gentilshommes  et  autres, 
ayant  des  privilèges  d'exemption,  et  qui  sou*  lesquels 
font  valoir  des  terres  en  grande  quantité  et  rassèrent  W  les 
dîmes  des  paroisses,  s'ils  sont  gros  décimateurs,  et  cela 
franc  et  quitte  suivant  leurs  privilèges,  et  qui  retournent  tous 
au  préjudice  des  habitants  des  paroisses  d'où  dépendent  les- 
dits  biens  et  dîmes  ;  par  conséquent,  il  serait  très  juste  de 
lever  des  impôts  sur  tous  les  faisant  valoir  sans  aucune  dis- 
tinction ni  privilège. 

Dans  des  temps  aussi  fâcheux  que  ceux  que  nous  éprou- 

J)  Sic.  Sans  doute  pour  «  ressèrent  »,  «  ramassent  ». 


CAHIER   DE    BRÉVA1NVILLE  499 

vons  depuis  plusieurs  années,  deux  ou  trois  récoltes  de  blés 
noirs  que  nous  avons  essuyées,  la  plupart  de  nos  terres 
point  ensemencées  en  87  par  l'occasion  des  pluies  conti- 
nuelles* et,  qui  pire  est,  bien  de  la  manque  dans  les  se- 
mences de  88  par  rapport  à  la  sécheresse  et  à  l'extrême 
rigueur  du  froid  excessif  que  nous  avons  éprouvé  durant 
l'hiver  dernier,  sont  bien  des  motifs  pour  engager  le  gouver- 
nement à  modérer  nos  misères  en  diminuant  les  impôts  dont 
nous  sommes  accablés. 

La  grêle,  la  rouille,  la  mortalité  des  bestiaux  et  autres 
fléaux  qu'il  plait  à  la  Providence  de  nous  envoyer  nous  met- 
tent dans  l'impossibilité  de  pourvoir  à  tous  les  impôts  dont 
nous  sommes  surchargés.  Le  grand  nombre  des  pauvres  que 
la  misère  et  cherté  des  grains  obligent  de  mendier  nous  as- 
siègent de  toutes  parts,  et  n'ont  d'autre  recours  que  chez 
les  laboureurs,  ce  qui  oblige  souvent  à  faire  par  crainte  ce 
que  Ton  devrait  faire  par  le  seul  principe  de  charité. 

Comme  les  impôts  que  Sa  Majesté  tire  sur  tous  les  vins  de 
son  royaume  sont  excessifs  et  ne  tombent  que  sur  les  mal- 
heureux pour  la  plupart  et  les  gens  qui  voyagent,  et  [qu'ils] 
sont  obligés  d'aller  à  tous  foires  et  marchés,  par  conséquent 
vivre  aux  auberges,  il  serait  à  souhaiter  que  l'on  impose  des 
impôts  sur  tous  les  tonneaux  de  vin  au  temps  de  la  récolte, 
et  que  les  deniers  qui  en  proviendraient  fussent  portés  au 
trésor  royal  par  les  mêmes  voies  des  autres  deniers  royaux, 
et  que,  par  conséquent,  cela  reverserait  une  somme  bien  plus 
considérable  dans  les  coffres  du  Roi. 

Les  travaux  des  routes  ayant  été  convertis  en  argent  depuis 
plusieurs  années,  montant  à  plus  de  5  sols  par  livre  du  prin- 
cipal de  la  taille,  nous  forment  à  nous,  pauvres  laboureurs, 
des  sommes  trop  considérables,  puisque  nous  seuls  pour  ainsi 
dire  payons  toutes  les  tailles,  et  que,  par  conséquent,  tout  le 
prix  desdites  corvées  tombe  directement  sur  nous,  ce  qui 
nous  est  plus  d'une  fois  plus  coûteux  que  du  temps  que  nous 
la  faisions  nous-mème  et  à  temps  perdu  sans  nous  en  aper- 
cevoir, pendant  qu'aujourd'hui  on  nous  fait  payer  très  stricte- 


500  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

ment  un  impôt  qui  ne  tourne  point  au  profit  de  notre  prince, 
et  très  peu  à  l'avancement  des  ouvrages  publics:  mais  si  on 
eût  toujours  suivi  ce  plan,  on  serait  à  peine  parvenu  à  l'achè- 
vement desdites  routes  :  ainsi  nous  souhaiterions,  si  cela 
était  l'intention  du  gouvernement,  de  remettre  les  choses  sur 
l'ancien  pied,  ou  de  diminuer  de  la  moitié  la  conversion  du 
prix  desdites  routes,  c'est-à-dire  réduire  les  5  sols  pour  livre 
à  2  sols  6  deniers  pour  livre  du  principal  de  la  taille,  et  de 
lever  des  impôts  sur  tous  les  bourgeois  des  villes  et  autres, 
ainsi  que  sur  le  Clergé,  généralement  sur  tous  ceux  à  qui  les 
routes  sont  d'une  indispensable  nécessité,  et  cesdits  impôts 
convertis  en  travaux  de  charité  pour  l'avancement  desdites 
routes. 

Nous  avons  aussi  à  nous  plaindre  de  l'extrême  cherté  du 
sel  dans  nos  provinces,  aliment  dont  le  plus  pauvre  ne  se 
peut  passer,  étant  la  seule  ressource  et  le  mets  le  plus  délicat 
qu'il  se  puisse  procurer,  et  encore  avec  peine,  puisque  les 
moyens  qui  sont  l'argent  très  souvent  lui  manquent,  pen- 
dant que  dans  quantité  de  provinces  il  est  à  un  prix  si  modi- 
que et  pour  ainsi  dire  pour  rien.  Sommes-nous  moins  qu'eux 
les  sujets  de  notre  auguste  monarque,  pour  nous  surcharger 
d'un  impôt,  qui  n'a  fait  qu'augmenter  depuis  plusieurs  années, 
sur  un  aliment  aussi  nécessaire  à  la  vie? 

Voilà  les  plaintes  que  nous  avons  à  faire  sur  ce  sujet,  toute- 
fois les  soumettant  entièrement  à  ceux  qui  ont  droit  de  nous, 
n'ayant  rien  de  plus  à  cœur  que  de  nous  soumettre  à  nos 
supérieurs  dans  tout  ce  qu'ils  nous  commandent. 

Quant  aux  moyens  qui  pourraient  adoucir  nos  peines  sur 
ces  représentations,  cela  passe  nos  connaissances,  et  nous 
laissons  à  ceux  infiniment  plus  éclairés  de  pourvoir  à  nos 
besoins  et  de  prendre  fait  et  cause  de  nos  misères. 

Nous  représentons  aussi  de  détruire  entièrement  tous  les 
gibiers  qui  causent  des  dommages  considérables  dans  les 
récoltes  de  toutes  espèces,  surtout  tels  que  le  sanglier,  le 
lièvre  et  le  lapin,  ainsi  que  les  pigeons  qui  sont  d'une  nui- 
sance extrême  à  tout  le  public  et  qui  y  causent  un  dommage 


CAHIER    DE    VIÉVY-LE-RAYÉ  501 

considérable,  surtout  au  commencement  de  la  récolte  et  dans 
les  semences,  ce  gibier-ci  ne  vivant  la  plus  grande  partie  du 
temps  que  sur  autrui.  Rien  de  plus  indigne  à  un  honnête 
homme  que  de  s'approprier  de  tels  voleurs,  et  que  par  con- 
séquent se  rendre  receleur,  c'est  participer  à  tous  les  dom- 
mages que  causent  ces  sortes  d'oiseaux. 

Fait  et  arrêté  cedit  cahier  des  plaintes  et  doléances  de  la 
paroisse  de  Brévainville,  ce  jourd'hui  5  du  présent  mois  de 
mars  1789,  en  présence  de  tous  les  principaux  habitants  qui 
ont  avec  nous  signé  ledit  cahier  et  procès-verbal  de  nomina- 
tion des  députés  et  dont  plusieurs  autres  ont  déclaré  ne  savoir 
signer. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  J.  Bigot;  Pierre  Seves- 
tre,  syndic  ;  Alexis  Rigolet.  etc.) 


VIÉVY-LE-RAYÉ 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Marchenoir. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Assemblée  :  à  la  Saint-Pierre  et  le  30  novembre. 

Principale  culture  :  bois. 

Seigneur  en  1768  :  Me  de  Basoucle  (*). 

Seigneur  en  1789  :  Jules-Eléonore,  marquis  de  Beauxoncles,  sei- 
gneur de  la  châtellenie  de  Viévy. 

Population  en  1790  :  298  habitants. 
(i>  Sic.  Lire  :  de  Beauxoncles. 


502  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Taille:  7341.  (principal  :  3301.  ;  accessoires:  195  1.  ;  capita- 
tion  :  209  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable):  42  1. 

Vingtièmes  :  707  1.  6  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Ce  procès-verbal  n'est  pas  rédigé  suivant  le  texte  de  la  formule 
imprimée. 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  pas  de  président  indiqué. 

Population  :  n'est  pas  indiquée  ;  d'après  le  procès-verbal  de 
l'assemblée  préliminaire  du  bailliage  de  Blois,  elle  était  de  87  feux. 

Comparants  :  Toussaint  Deniau,  syndic  de  la  municipalité  ;  Gilles 
Léguereau,  Paul  Aubry,  René  Housset,  adjoints  ;  Claude  Filliau  ; 
Nicolas  Beulé  ;  Jean  Cuvé  ;  Jean  Frileux  ;  Claude  Desprez  ;  Pierre 
Lbopiteau  ;  Jean  Bournigalle  ;  André  Brûlé  ;  Barthélémy  Huraut  ; 
Alexandre  Maugé  ;  Pierre  Meunier  ;  François  Trihorau  ;  Joseph  Kan- 
tien ;  Gabriel  Germon  ;  Jacques  et  Pierre  Pichafray. 

Députés  :  Louis-Gabriel  Hamelin  et  Jean  Leroux,  laboureurs. 

Suivent  7  signatures. 

9 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  plaintes  et  doléances  de  la  paroisse  de  Viévy 

composée  de  67  feux. 

1°  Nous  demandons  que  les  députés  du  Tiers  des  cam- 
pagnes soient  aux  États  généraux  en  plus  grand  nombre  que 
ceux  du  Tiers  des  villes,  parce  que  le  Tiers  des  campagnes 
est  plus  nombreux. 

2°  La  liberté  du  choix  et  d'élire  séparément  entre  nous 
nos  députés. 

3°  L'abolition  de  tous  les  privilèges  pécuniaires  des  villes 
qui  retombent  à  la  charge  du  peuple  des  campagnes. 


CAHIER    DE    VIÉVY-LE-HAYÉ  503 

4°  L'abolition  des  octrois,  parce  que  nous  ne  devons  pas 
contribuer  à  l'embellissement  des  villes. 

5°  De  'délibérer  à  part  sans  être  mêlé  avec  le  Tiers  des 
villes;  et  que  les  délibérations  se  fassent  toujours  par  Ordre, 
et  non  par  tète,  à  cause  de  l'influence  des  gros  propriétaires 

et  des  gens  de  villes. 

» 

6°  La  suppression  des  commis  et  aides,  et  que  la  justice 
soit  rendue  plus  promptement  et  avec  moins  de  frais. 

7°  Qu'un  collecteur  ait  droit  de  faire  des  commandements 
aux  taillables  lorsqu'ils  seront  en  retard. 

8°  Qu'on  accorde  moins  de  pensions  à  la  Cour. 

9°  Que  Ton  accorde  une  pension  à  un  maître  d'école  pour 
instruire  les  enfants  et  servir  l'église  dans  nos  campagnes, 
aux  dépens  des  riches  communautés  qui  ont  du  bien  dans  nos 
paroisses. 

10°  L'abolition  des  gabelles. 

H°  Que  ceux  qui  ont  des  greniers  de  blés  soient  obligés 
d'en  approvisionner  les  halles  et  marchés. 

12°  Que  toutes  nos  terres  ne  paient  ni  dime  ni  terrage,  ou 
que  lesdites  dîmes  et  terrages  soient  payés  par  argent  pour 
ne  point  dégraster  W  les  terres. 

13°  Qu'il  soit  permis  à  chaque  particulier  de  tuer  sur  leurs 
propriétés  les  mauvais  animaux  qui  endommagent  leurs 
grains. 

14°  La  suppression  des  servitudes  et  la  transposition  des 
corvées. 

15°  L'institution  d'un  bureau  et  atelier  de  charité. 

16°  L'établissement  d'une  police  et  d'un  juge  de  paix. 

17°  Donner  des  moyens  plus  courts  et  moins  dispendieux 

(M  Dégrater  les  terres  :  enlever   leurs  *  agrats  ».  —  Sur  le  sens  de  ce   mot, 
voir  la  note  de  la  page  489. 


504  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

pour  le  recouvrement  des  deniers  royaux  et  le  reversement 
dans  le  trésor  royal. 

18°  Extension  du  casuel  des  curés. 

19°  Liberté  du  commerce  intérieur,  entrée  et  sortie  libre 
des  foires  et  des  marchés. 

20°  Diminution  des  droits  des  contrôles. 

21°  Suppression  des  jurés  priseurs,  de  la  juridiction  de 
l'élection  et  des  eaux  et  forêts. 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  Deniau,  syndic;  Chavi- 
gny,  greffier,  etc.) 


SAINT-MANDÉ 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Àrr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 
—  Comm.  :  Viévy-le-Rayé. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Moyenne  justice  non  exercée  ressortissant  à  Marchenoir  (*). 

Brigade  de  Vendôme. 

Foires  :  le  premier  lundi  d'après  la  mi-carême. 

Principale  culture  :  bois. 

Seigneur  en  1768  :  les  Bénédictins  de  Blois. 

Population  en  1790  :  54  habitants. 

Taille:   4.6021.   (principal:   700  1.;    accessoires:   459  1.;    capi- 
tation  :  443 1.) 

Capital  ion  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  428  1.  9  s. 


H)  «  Une  partie  de  ses  habitants  sont  soumis  à  la  justice  de  Marchenoir,  l'autre, 
à  celle  de  Vieuvicq  [alias  Viévy].  »  {Àbbê  Bordas,  Chorographie  du  Dunois, 
p.  197.) 


CAHIER    DE    SAINT-MANDÉ  503 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Pierre  Thauvin,  syndic. 

Population  :  12  feux. 

Comparants  :   ne  sont  pas  nommés. 

Députés  :  Jean  Béquignon  et  Louis  Gaudier. 

Suivent  5  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Aujourd'hui  1er  mars  1789,  nous,  Pierre  Thauvin,  syndic 
de  municipalité  de  la  paroisse  de  Saint-Mandé,  sur  la  notifi- 
cation qui  lui  a  été  faite  par  Argy,  huissier,  le  22  février,  de 
la  lettre  du  Roi  donnée  à  Versailles  ce  24  janvier  précédent, 
du  règlement  du  môme  jour,  ainsi  que  l'ordre  de  M.  le  lieu- 
tenant du  bailliage  de  Blois  du  12  dudit  mois  de  février,  et 
attendu  qu'il  n'y  a  aucun  officier  public  résidant  sur  le  lieu, 
sont  comparus  devant  nous  susdit  [suivent  11  noms], 
tous  habitants  de  cette  paroisse,  compris  dans  le  rôle  des 
tailles  impositions  d'icelle  composée  de  12  feux,  auxquels 
avons  dit  qu'à  notre  réquisition  le  sieur  curé  de  cette  paroisse 
a  lu  au  prône  de  la  messe  les  lettre  et  règlement  de  l'ordre 
sus-datés  et  qu'il  les  a  lui-même  lus  à  l'issue  de  la  messe  et 
fait  afficher  aux  portes  principales  de  l'église  ;  et  pour  rem- 
plir les  dispositions  des  articles  24  et  25  dudit  règlement, 
nous  avons  avec  lesdils  habitants  dressé  nos  plaintes, 
doléances,  remontrances  et  suppliques  ainsi  qu'il  suit. 

1°  Suppression  de  l  impôt  territorial.  —  Que  le  Roi  est 
supplié  d'établir  l'impôt  territorial  sur  tous  les  biens  du 
royaume  ne  distinctement  (sic)  des  ecclésiastiques,  des  nobles, 
comme  des  roturiers. 

2°  Suppression  des  greniers  à  sel.  —  La  suppression  des 
greniers  à  sel  et  gabelles,  et  que  le  sel  soit  marchand  ;  c'est 


506  BAILLIAGE    OE    BLOIS 

indispensable  pour  le  soulagement  de  la  partie  du  peuple  la 
plus  indigente. 

3°  La  suppression  des  aides.  —  La  suppression  des  aides 
et  la  représentation  de  cet  impôt  imposé  sur  les  héritages 
produit  des  fruits  qui  sont  susceptibles  (*). 

4°  Suppression  des  administrateurs  généraux.  -  La 
suppression  des  administrateurs  généraux,  des  receveurs  des 
tailles,  des  directeurs,  receveurs  et  autres  employés  dans  les 
aides,  dont  l'anéantissement  opérera  un  soulagement  réel 
au  peuple. 

l'y0  Le  tabac  libre.  —  Le  tabac  libre,  et  ne  doit-on  laisser  à 
l'Assemblée  nationale  de  trouver  les  moyens  de  représenter 
ces  impôts  sous  une  autre  forme  sans  frais  d'administration. 

6°  Suppression  des  quatre  deniers  pour  livre.  —  Que  les 
quatre  deniers  pour  livre  établis  sur  les  ventes  mobilières 
soient  supprimés,  comme  formant  une  charge  absolument 
onéreuse  aux  classes  des  citoyens  qui  ont  le  plus  besoin  de 
soulagement. 

7°  De  prendre  considération  de  l'agriculture.  —  Que  le 
Roi  et  l'Assemblée  nationale  soient  suppliés  de  prendre  consi- 
dération à  l'agriculture,  branche  si  essentielle  à  l'Etat  et  si 
souffrante  faute  par(s/c)  le  prix  excessif  des  fermes  que  par  la 
multiplicité  des  impôts  dont  les  cultivateurs  sont  écrasés. 

8°  Suppression  des  droits  de  foires  et  francs-fiefs.  — 
Que  les  banalités,  les  péages,  le  droit  sur  les  foires  et  les  fiefs 
soient  supprimés. 

Fait  et  arrêté  par  nous,  habitants  et  syndic,  à  savoir,  et 
nous  avons  tous  signé,  sauf  ceux  qui  ont  déclaré  ne  savoir 
signer. 

(Suivent  5  signatures,  celles  de  :  Jean  Béquignon  ;  Louis 
Gaudier,  etc.) 

(<)  Sic.  Il  faut  lire  sans  doute  :  «  produisant  des  fruits  qui  sont  susceptibles 
[d'être  soumis  à  cet  impôt]  ». 


CAHIER   DE   LA   BOSSE  507 


LA  BOSSE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Fréteval  <*). 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  le  duc  de  Ghevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Michel-Louis,  comte  de  Bulioud,  seigneur  de 
la  Bosse  et  de  Théau. 

Population  en  1790  :  473  habitants. 

Taille  :  817  1.  (principal  :  450  1.  ;  accessoires  :  82  1.  ;  capitation  : 
285 1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  414  1.  13  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date:  1er  mars  1789. 

Président  :  Jean  Martin,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  42  feux. 

Comparants:  Jean  Martin,  syndic  de  la  municipalité;  Jean  Mon- 
damer  père,  syndic  de  la  paroisse  ;  Jacques  Lucas  ;  Jean  Breton  ;  Jean 
Clairet  ;  Jean- Jacques  Gregeon  ;  Charles  Dugué  ;  René  Brûlé  ;  Michel 
Poirier  ;  Jacques  Petit  ;  François  Malapré  père  et  fils;  Louis  Viron  ; 
François  Rancien;  Jacques  Bezard  ;  Jean  Mondamer  fils  ;  Raymond 
Pilatte;  François  Goudeau ,  et  plusieurs  autres. 

Députés  :  Jean  Mondamer  et  Biaise  Beaugendre. 

Suivent  2  signatures. 

(*)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  L'abbé  Bordas  {Chorographie  du  Dunois, 
p.  99)  indique  La  Bosse  comme  étant  «  du  bailliage  de  Dunois,  à  la  baronnic  de 
Marchenoir  en  première  instance.  » 


508  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LA  COLOMBE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Abbaye  cistercienne  de  l'Aumône  ou  du  Petit-Ci teaux. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  176S  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1189  :  Pierre-Alexandre  de  Chaumont,  chevalier, 
ancien  capitaine  au  régiment  d'Auvergne,  chevalier  de  Saint-Louis, 
seigneur  de  la  Colombe  et  de  la  Touche. 

Population  en  1790  :  206  habitants. 

Taille  :  1.501  1.  (principal  :  750  1.  ;  accessoires  :  335  1.  ;  capita- 
tion  :  476  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  6  1. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :   Jacques  Deniau,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  42  feux. 

Comparants  :  Pierre  Bigot  ;  Augustin  Bigotteau  ;  Toussaint  Juchet  ; 
Jacques  Thevot  ;  Jean  Blelu  ;  Jean  Ilallard  ;  Jacques  Prout  :  François 
Fontaine  ;  François  (îalleran  ;  Jacques  Martin  fils  ;  Jean  Vernois,  et 
«  le  restant  du  général  des  habitants  ». 


CAHIER    DE    LA    GAHANDIÈRE  509 

Députés  :  Pierre  Bigot  et  Toussaint  Juche  . 
Suivent  13  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


LA  GAHANDIÈRE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 
—  Comm.  :  La  Colombe. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir. 

Brigade  de  Châteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Frète  val. 

Population  en  1790  :  161  habitants. 

Taille  :  1.030  1.  (principal  :  500  1.  ;  accessoires  :  213  1.  ;  capitation  : 
317  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS -VERBAL 

Date:  1er  mars  1789. 

Président  :  Vincent  Caillard,  marchand,  syndic. 

Population  :  42  feux. 

Comparants  :  François  Leroy,  charpentier  ;  Laurent   Rohrain  ; 


510  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

François  Cheramy  ;  Jean  Gallier,  tisserand  ;  Jacques  Bigot,  laboureur, 
et  le  restant  du  général  des  habitants. 

Députés  :  Vincent  Caillard  et  François  Cheramy. 

Suivent  8  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


AUTAINVILLE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Chftteaudun.  — 
Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir. 

Brigade  de  Chàteaudun. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Papulation  en  1790  :  610  habitants. 

Taille  :  5.231  1.  (principal  :  2.430  1.  ;  accessoires  :  1.262  1.  ;  capita- 
tion  :  1.539  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  9  1.  12  s. 

PROCÈS  VERBAL 

Date  :  3  mars  1789. 

Président  :  Jacques  Malfray,  laboureur,  syndic  de  l'assemblée 
municipale. 


CAHIER    DE    BINAS  511 

Population  :  141  feux. 

Comparants  :  Pierre  Rougeoreille  ;  Gentiea  Billard  ;  Michel  Sei- 
gneuret  ;  Jacques  Main  l'aîné  ;  Louis  Blanchard  ;  Noël  Dutrai  ;  Pierre 
Leclerc  ;  Pierre  Platteau  ;  Pierre  Filliot  ;  Charles  Terrier  ;  Barthélémy 
Hénault  ;  Maurice  Maloizeau  ;  Jacques  Fricot;  Sylvain  Lalis  ;  François 
Chevallier;  Sébastien  Malfray  ;  Pierre  Fourmi;  Maurice  Gauchard; 
Sébastien  Coutanceau  ;  Noël  Rousseau  ;  Jacques  Duchou  ;  Jean  Fricot  ; 
Sylvain  Coutou  ;  Marin  Nouvellon;  Pierre  Breton;  Pierre  Couvret  ; 
François  Rousseau  ;  Marin  Cornuau. 

Députés  :  Jacques  Malfray,  laboureur,  et  Jacques  Main  le  jeune, 
marchand  de  bois. 

Suivent  24  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


BINAS 


Déj>.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois. —  Cant.  :  Ouzouer-le-Marché. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Grenier  à  sel  :  Châteaudun. 
—  Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  baronnie  ressortissant  à  Beaugency  <*). 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Assemblée  :  le  24  juin. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  de  Jaucourt. 

Seigneur  en  1789  :  dame  Thaïs-Simone-Pauline  de  la  Cour  de  Ba- 


(*)  Il  s'agit  sans  doute  de  la  seigneurie  de  Chantôme,  a  laquelle  la  justice  de 
Binas,  qui  appartenait  auparavant  au  bailliage  de  Châteaudun  à  son  siège  de 
Marchenoir,  fut  concédée  en  1694.  En  1789,  Binas  fut  convoqué  à  Blois  et  non  à 
Beaugency.  Cf.  Abbé  Bordas,  Chorographie  du  Dunois,  pp.  35  et  36. 


512  BAILLI  ACE    DR    BLOIS 

leroy,  veuve  d'Etienne,  vicomte  de  Jau court,  marquis  de  Chantôme, 
seigneur  de  Menainville,  ancien  colonel  du  régiment  de  la  marine, 
ladite  dame  ayant  la  garde  noble  de  sa  fille  mineure,  demoiselle  Anne- 
Antoinette-Éléonore  de  Jaucourt. 

Population  en  1790  :  900  habitants. 

Taille  :  9.039  1.  (principal  :  4.1501.  ;  accessoires  :  2.260  1.  ;  capita- 
tion  :  2.629  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jacques-Henri-François  Cadot,  avocat  en  parlement,  juge 
expédiant  en  la  vacance  de  l'office  de  bailli.  Même  président  qu'à 
Marchenoir. 

Population  :  200  feux. 

Comparants  :  Charles  Nouvellon,  greffier,  Louis  Angibault,  Sébas- 
tien Huet,  Noël  Papion,  Noël  (ialliot,  Dominique  Proust,  Jacques  Mar- 
guin,  Sébastien  Gauchard,  Louis-François  (îauchard,  Etienne  Papion, 
Pierre  Omerle,  Sylvain  Juibert,  Denis  Drouin,  Pierre  Proust,  Claude 
et  François  Dutrai,  Pierre  Omerle,  Gabriel  Habert,  Charles-François 
Picot,  Pierre  Picot,  Sébastien  Mauguin,  André  Fricot,  Jean  Daviau, 
Jean  Aubry,  demeurant  au  bourg  de  Binas  ;  André  Sicard,  veuve  Jac- 
ques Dutrai,  Louis  Cheramy,  Savoise,  François  Maloiseau,  François 
Pardessus,  Sébastien  Proust,  demeurant  à  la  Folletière,  paroisse  de 
Binas  ;  Marin  Rougeoreille,  Pierre  Coutanceau,  demeurant  aux  Ternes, 
paroisse  de  Binas  ;  Pierre  Froissart,  demeurant  à  Prieux  ;  veuve  Guil- 
laume Leserre,  François  Ribby,  Pierre  Malfray,  Nicolas  Fontaine,  Jac- 
ques Fleury,  demeurant  à  Menainville;  Jean  Mauguin,  François Suzet, 
Sébastien  Menon,  Calais  Caillard,  François  Boutron,  Maurice  Geray, 
Sébastien  Menon,  Jean  Fricot,  Jean  Bretheau,  Louis  Turlier,  Louis 
Menon,  Maurice  Malfray,  Toussaint  Champenois,  Louis  (iaudoin,  Jac- 
ques Delahaye,  Jacques  Proust,  Joseph  Pinson,  Poljcarpe  Ar- 
nou,  Guillaume  Proust,  Joachim  Terrier,  Jacques  Gatellier,  Jac- 
ques Fleury,  André  Fricot,  Joseph  Malfray,  François  Fauconnet, 
veuve  Pierre  Fauconnet,  Louis  et  François  Fourmi,  François  Dalès, 
François  Foureau,  Georges  Piédallu  père  et  fils,  François  et  Gentien 
Menon,  Sébastien  Vivet,  François  Divrai,  Guillaume  Bediou,  Laurent 


CAHIER   DE    LA    VILLE    DE   MARGHENOIR  513 

Charpi,  Jacques  Courtin,  Jean  Menon,  Noël  Beaugendre,  François  Mer- 
cier, Firmin  Bigotteau,  Pierre  Majolas,  Etienne  Terrier,  Augustin 
Gaillard,  Sébastien  Gaumont,  demeurant  à  Ablainville  ;  Louis  Huchet, 
François  Ribby,  le  fermier  de  la  Grange-Rouge,  François  Gaussant, 
Jean  Tusset,  Vincent  et  Gentien  Bou trou,  demeurant  h  Boussy  ;  Jacques 
Hezard,  Pierre  Gauchard,  Etienne  Terrier,  René  Boullard,  Marin  Bil- 
lard, Jean  Gauchard,  Gabriel  Mondamer,  'Pierre  et  François  Hezard, 
Sébastien  Masson,  Jean  Billard,  veuve  Billard,  Hubert  Péchard,  Fran- 
çois Billard,  Jacques  Pinsard,  André  Lorin,  Augustin  et  François  Bi- 
gotteau, Simon  Gasnier,  Françoise  Denis  veuve  Plateau,  Pierre  Pelé, 
demeurant  à  Chantôme  ;  Toussaint  Cornuau  fils,  Marin  Boucher,  Fran- 
çois Ribby,  Claude  Poullin,  Jacques  Gaussant,  Jacques-Thomas  Sain- 
son,  François  Hezard,  François  et  Louis  Guillebert,  Louis Savoise,  Jac- 
ques Branche,  veuve  François  Boucher,  demeurant  à  Vallières,  paroisse 
de  Binas  ;  Sébastien-Fabien  Goutanceau,  laboureur  à Marchégoin  ;  Jac- 
ques Bigotteau,  Léonard  Beaugendre,  Jacques  Fontaine,  demeurant  h 
Oiseau,  paroisse  de  Binas. 

Députés  :  Etienne  Terrier,  laboureur,  demeurant  à  Ablainville,  et 
Marin  Rougeoreille,  laboureur,  demeurant  aux  Ternes. 

Suivent  46  signatures  M. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 
Le  cahier  de  doléances  de  cette  paroisse  n'a  pu  être  retrouvé. 


VILLE  DE  MARGHENOIR 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Chef- lieu  du  canton 
de  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois  (2). 

0)  Cadot,  président  de  l'assemblée,  n'a  pas  signé  le  prorès-vcrbal. 
(2>  Exercée  par  le  lieutenant  du  bailli  de  Dunois.  Cf.  p.  249. 

17 


514  BAILLIAGE    DE    HLOIS 

Brigade  de  Vendôme. 

Foire  :  le  29  septembre. 

Assemblée  :  le  15  août. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789:  Louis-Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  baron  de  Marchenoir  et  de  Fréteval. 

Population  en  1790  :  484  habitants. 

Taille  :  1.901   1.  (principal  :  870  1.  ;  accessoires  :  479  1.  ;  capita- 
tion  :  552  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  706  1.  5  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jacques-Henri-François  Cadot,  avocat  en  parlement, 
lieutenant  de  la  ville  et  baronnie  de  Marchenoir.  Même  président  qu'à 
Binas. 

Population  :  98  feux. 

Comparants  :  Me  Aubin-Marin -Michel  Tupin,  conseiller  du  Roi, 
receveur  des  consignations  du  bailliage  et  siège  présidial  de  Blois, 
procureur  exerçant  au  siège  et  syndic  de  la  municipalité  et  paroisse 
de  la  ville  ;  Me  Pierre-Marie  Bûché,  avocat  au  parlement  et  procureur 
fiscal  ;  Me  François  Sarradin,  M8  Pierre-Jacques  Lemaiguen. 
Me  Claude  Boullais,  Me  Michel-Marin  Péan,  procureurs  exerçant 
au  siège  ;  Benoit-Louis-Jean  Minet,  huissier  royal  ;  Gentien  Champe- 
nois ;  François  Guérineau  ;  François  Filliâtre  ;  François  Rottier, 
huissier  ;  Me  Pierre-Paul  Basché,  notaire  et  contrôleur  des  actes  ; 
Michel  Guérin,  concierge  des  prisons  ;  Thomas  Ferrier,  marchand 
regrattier  et  tailleur  d'habits  ;  Gentien  Piednoir,  maréchal  de  forge  ; 
François  Cornet,  François  Péan,  Pierre  Lemftne,  Pierre  Blanchard, 
Paul  Blanchard,  Eustache  Bigot,  Léonard  Bourdin,  laboureurs  ;  Jéré- 
niie  Brûlé  l'aîné,  journalier  ;  Jacques  Brûlé,  tourneur  ;  Pierre  Brûlé, 
journalier  ;  Jacques  Hory,  facteur  garde-vente  de  bois  de  la  forêt  ; 
Gentien  Thauvin,  journalier  ;   Jean   Raimbault  et  Paul   Fougères, 


J 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE   MARCHENOIH  515 

aubergistes  ;  Gentien  Hamelin,  fendeur  en  merrains  ;  Jean  Ricordeau, 
Pierre  Forêts,  Gentien,  Louis  et  Alexis  Yvonneau,  Deniau,  fendeurs 
en  charniers  (*)  ;  Jérémie  Crequigne,  facteur  garde-vente  de  bois  de 
la  forêt  ;  Pierre  Crequigne,  Pierre  et  Jacques  Terrier,  André  Terrier 
père  et  fils,  François  Hablé,  bûcheurs  (sic)  ;  Jean  Gounet,  journalier  ; 
Gentien  Boutet  et  Jérôme  Gounet,  tuiliers  ;  Pierre  Lécuyer,  marchand 
de  bois  ;  Jacques  Blanchard,  cordonnier  ;  Toussaint  Briolet,  boulanger, 
Etienne  Gallier,  Roch  Cormier,  Pierre  Guillois,  François  Cosson,  Jean 
Brûlé,  Jean  Crequigne,  journaliers  ;  Pierre  Charpignon,  charpentier  ; 
Silvain  Mégret,  menuiser  ;  Alexandre  Gauchard,  maître  d'école  ;  Jean 
Maltet,  vigneron  ;  Paul  Blanchard  l'aîné,  ancien  laboureur  ;  Antoine 
Ilabert,  jardinier. 

Députés  :  Bien  que  Marchenoir  eût,  comme  ville,  le  droit  d'élire 
4  députés,  elle  n'en  nomma  que  2  :  Aubin-Marin-Michel  Tupin  et 
Pierre-Marie  Bûché.  Ce  dernier  fit  défaut  à  l'assemblée  préliminaire  du 
bailliage  de  Blois. 

La  vérification  du  secrétaire  du  lieutenant  général  porte  ces  mots  : 
«  Avons  donné  défaut  de  Me  Bûché,  l'un  des  députés  »  et  en  marge  : 
«  Nota.  Marchenoir  par  erreur  n'a  nommé  que  2  députés,  malgré  son 
privilège  d'en  élire  4.  » 

Suivent  32  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  des  habitants  de  la  ville  de 

Marchenoir. 

Aujourd'hui  Ier  mars  1789,  en  la  présence  et  devant  nous 
Jacques-Henri  François  Cadot,  avocat  en  parlement,  lieute- 
nant du  bailliage  de  la  ville  et  baronnie  de  Marchenoir,  est 
comparu  Me  Aubin-Marin-Michel  Tupin,  conseiller  du  Roi, 
receveur  général  des  consignations  du  présidial  de  Blois, 
habitant  de  cette  ville  et  syndic  de  cette  municipalité,  qui  a 
dit  que,  sur  la  notification  qui  lui  a  été  faite  par  Argy,  huissier, 
le  22  février  dernier,  de  la  lettre  du  Roi  donnée  à  Versailles  le 

<0  Échalas. 


516  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

24  janvier  précédent,  du  règlement  du  même  jour  y  joint, 
ainsi  que  de  l'ordonnance  de  M.  le  lieutenant  général  du 
bailliage  présidial  de  Blois  du  12  dudit  mois  de  février,  le 
sieur  prieur  curé  de  cette  ville,  a,  sur  son  réquisitoire,  fait  la 
la  lecture  du  tout,  ce  jourd'hui,  au  prône  de  la  messe  parois- 
siale de  cette  paroisse,  et  que  ledit  Me  Tupin  en  a  fait  autant 
à  l'issue  de  la  messe  devant  les  portes  principales  de  ladite 
église,  auxquelles  il  a  fait  afficher  lesdites  lettre,  règle- 
ment et  ordonnance,  et  de  suite  a  convoqué  les  habi- 
tants, en  exécution  des  articles  24  et  25  du  règlement  sus- 
daté,  de  s'assembler  en  la  chambre  du  palais  de  cette  ville, 
devant  nous,  pour  dresser  le  cahier  de  leurs  plaintes,  do- 
léances, remontrances  et  suppliques  qu'ils  doivent  adresser 
au  Roi  par  la  médiation  de  l'assemblée  des  Etats  généraux, 
à  laquelle  elle  parviendra  par  la  gradation  des  assemblées 
préliminaire  et  générale  des  Etats  du  bailliage  de  Blois, 
qui  s'y  tiendront  les  9  et  16  de  ce  mois;  et  de  fait  se  sont 
présentés  [suivent  60  noms],  tous  habitants  de  cette  ville, 
majeurs,  nés  français,  compris  aux  rôles  des  impositions 
dicelle  composée  de  98  feux,  auxquels  ledit  Me  Tupin  a 
relu  les  lettre,  règlement  et  ordonnance  sus-datés,  et  leur  a 
dit  que  leur  amour  pour  leur  souverain^  leur  attachement 
pour  l'Etat  devaient  seuls  fixer  leur  attention  à  ne  présenter 
leurs  réflexions  que  sous  le  caractère  de  la  vérité,  qui,  en 
démontrant  au  Roi  l'état  affligeant  de  ses  sujets,  ne  pourra 
que  pénétrer  son  amour  qui  fait  si  parfaitement  le  gage  le 
plus  précieux  de  leurs  espérances  ;  et  comme  le  Roi  les  grati- 
fie si  généreusement  du  titre  de  conseil  et  d'ami,  que  ne 
peuvent-ils  pas  se  permettre  de  lui  représenter,  pour  condes- 
cendre à  ses  vœux  paternels  ?  et  c'est  pour  y  rendre  le 
respectueux  hommage  qu'il  mérite  que  les  habitants  de 
cette  ville  supplient,  avec  le  respect  dû  à  Sa  Majesté,  que 
sa  bonté  prenne  en  considération  leurs  remontrances.  Us 
désireraient  qu'elles  fussent  réduites  à  un  seul  motif;  mais 
combien  leur  situation  et  leur  confiance  dans  la  justice  du 
souverain  ne  les  autorisent-elles  pas  à  s'étendre  sur  les  désor- 


CAHIER   DE   LA    VILLE   DE   MARCHENOIR  517 

dres  qui  écrasent  le  peuple  et  le  font  gémir  sous  le  poids 
accablant  des  impôts  excessifs  et  multipliés,  qui  ne  produi- 
sent pas  au  Roi  tout  l'avantage  qui  devrait  en  résulter  s'il 
n'y  avait  dans  l'administration  un  service  que  son  autorité 
peut  supprimer  pour  rendre  à  son  peuple  le  bonheur  qu'il 
doit  attendre  de  sa  bienfaisance.  C'est  sur  la  liberté  que  le 
Français  tient  de  son  monarque  que  les  habitants  de  cette 
ville  réclament  de  sa  justice  : 

1°  Impôt  territorial.  —  Que  l'impôt  territorial  soit  établi 
sur  tous  les  biens  du  royaume  indistinctement,  soit  des 
nobles,  des  ecclésiastiques,  comme  des  roturiers.  Il  est  in- 
juste que  les  plus  riches  soient  dispensés  de  contribuer  à 
l'impôt,  et  qu'il  soit  seul  supporté  par  le  Tiers  état.  La  jus- 
tice en  réclame  l'égalité,  et  il  est  invraisemblable  que  les 
nobles  et  les  ecclésiastiques  s'y  refusent. 

2°  Suppression  des  greniers  à  sel.  —  Que  les  greniers  à 
sel  soient  supprimés,  et  que  cette  denrée  de  première  néces- 
sité soit  libre  et  sans  impôt  ;  le  Roi  de  ses  salines  fera  vendre 
le  sel  à  tous  ceux  qui,  indistinctement,  s'y  présenteront  pour 
en  enlever  et  en  paieront  le  prix  comptant  ;  alors  le  Roi,  sans 
aucun  frais  d'administration,  se  fera  plus  rentrer  d'argent 
qu'il  n'en  reçoit,  et  la  partie  la  plus  indigente  du  peuple  sera 
au  moins  consolée  de  trouver  à  un  prix  médiocre,  en  compa- 
raison de  ce  qu'il  est,  une  denrée  sans  laquelle  elle  ne  pour- 
rait que  vivre  difficilement. 

3°  Suppression  des  aides.  —  La  suppression  des  aides  ne 
doit  [pas]  éprouver  de  difficulté  ;  le  produit  net  qui  en  résulte 
en  faveur  du  Roi  est  trop  peu  de  chose  en  comparaison  des 
frais  d'administration,  pour  qu'il  ne  soit  pas  facile  à  trouver 
un  moyen  qui,  en  représentant  cet  impôt,  produira  davantage 
et  donnera  au  commerce  une  liberté  qui  lui  est  due  ;  le 
moyen  de  remplacer  cet  impôt  est  de  faire  l'état  de  ce  qu'il 
produit  dans  l'état  actuel,  diminuer  les  frais  d'administration, 
et  le  restant  net  sera  le  capital  à  faire  supporter  aux  pro- 


518  BAILLIAGE   DE    BL01S 

priétaires  des  fonds  productifs  des   fruits  susceptibles  de 
l'imposition. 

4°  Etablissement  de  la  recette  des  impôts.  Suppression 
des  receveurs  des  tailles.  —  Que  la  répartition  comme  la 
recette  de  ces  deux  impôts  se  fassent  par  les  corps  munici- 
paux de  chaque  communauté,  qui  verseront  les  deniers  de 
leur  recelte  dans  une  caisse  générale  établie  dans  le  chef-lieu 
de  la  généralité,  qui  directement  en  fera  passer  les  fonds  au 
trésor  royal  ;  et  à  ce  moyen  plus  de  receveurs  des  tailles,  ni 
autres  receveurs  particuliers  ;  l'opulence  de  ces  membres  de 
l'administration  fait  le  fléau  du  peuple;  il  est  injuste  qu'il 
gémisse  sous  le  poids  des  impôts,  sans  qu'il  en  résulte  un 
soulagement  réel  à  l'État  et  au  Roi. 

5°  Suppression  des  employés  aux  aides  et  gabelles.  — 
Les  aides  et  gabelles  supprimées,  beaucoup  de  citoyens 
[seront]  sans  état;  mais  cette  raison,  en  comparaison  du  bien 
public,  ne  peut  arrêter  la  suppression  des  impôts  trop  oné- 
reux au  peuple  et  trop  nuisibles  à  la  liberté  du  commerce, 
sans  aucun  avantage  pour  le  Roi. 

6#  Suppression  des  entrepôts  de  tabac.  —  Le  tabac  doit 
être  également  libre  dans  le  commerce  et  sans  impôt  ;  il  est 
un  moyen  que  la  Nation  assemblée  trouvera  pour  dédom- 
mager le  Roi  de  cette  suppression  et  rendre  au  peuple  la 
liberté  que  la  nature  lui  donne  de  faire  dans  son  terrain  ce 
que  bon  lui  semble,  et  un  particulier  ne  doit  pas  être  privé 
de  cultiver  dans  son  héritage  une  plante  qui  lui  est  utile. 
D'ailleurs  combien  d'abus  dans  cette  branche  d'administra- 
tion! Les  tabacs  en  poudre  qu'on  donne  au  public  ne  valent 
rien,  et  le  prix  en  est  cependant  considérable,  et  toujours  les 
frais  d'administration  absorbent  trop  le  produit  pour  que  Ton 
ne  doive  pas  s'empresser  de  supprimer  cet  impôt. 

7°  Diminution  sur  les  impôts  des  cuirs. —  L'impôt  exor- 
bitant sur  les  cuirs  et  la  surveillance  des  commis  ont  ruiné 
cette  manufacture  si  essentielle  ;  les  tanneurs  sont  sans  cré- 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE    MARCHENOIR  519 

dit  et  sans  facultés.  On  doit  établir  une  diminution  et  faire 
en  sorte  que  les  droits  qui  seront  établis  soient  perçus  sans 
autant  de  frais  et  d'abus  qu'il  en  subsiste  ;  la  Nation  assem- 
blée trouvera  un  moyen  sage,  qui,  en  donnant  au  Roi  ce  qui 
pourra  lo  dédommager  de  cet  impôt,  procurera  la  liberté  au 
commerce  et  plus  de  modération  dans  le  prix  ;  rien  ne  pour- 
rait éteindre  cette  administration  sans  inconvénient  comme 
un  abonnement  avec  les  tanneurs. 

8°  Réduction  des  contrôles.  —  Les  contrôles  sont  à  un 
taux  qui  fait  craindre  aux  citoyens  de  consigner  leur,s  con- 
ventions dans  des  actes  authentiques  qui  doivent  passer  à 
l'épreuve  de  ce  droit  ;  leur  diminution  ne  doit  point  éprouver 
de  difficulté,  et  alors  il  devient  nécessaire  de  supprimer  les 
administrateurs  généraux,  les  directeurs  des  domaines,  les 
ambulants,  et  ne  laisser  que  des  vérificateurs  en  nombre  suf- 
fisant, qui,  en  vérifiant  les  bureaux  de  leur  arrondissement, 
en  arrêtent  les  recettes,  en  prennent  les  deniers  qui,  comme 
les  autres  impôts,  seront  directement  versés  dans  la  caisse  de 
la  généralité,  et  par  ce  moyen  les  frais  de  l'administration 
[seront]  réduits  ;  le  Roi  y  trouvera  d'autant  plus  de  produit 
que  la  modération  des  droits  n'effraiera  plus  les  citoyens 
qui,  au  lieu  de  rédiger  leurs  conventions  sous  leurs  seings, 
préféreront  de  les  établir  dans  un  acte  authentique. 

9°  Suppi*ession  des  administrateurs  généraux,  des 
directeurs  et  des  ambulants.  —  La  vérité  de  la  réclamation 
que  doit  faire  le  Tiers  état  de  supprimer  les  administrateurs 
généraux,  les  directeurs  des  domaines  et  les  ambulants  est 
démontrée  par  la  nécessité  de  la  surcharge,  qui  ne  vient  que 
par  la  multiplicité  de  ces  agents,  dont  l'opulence  est  insul- 
tante à  l'État  ;  et,  en  effet,  il  est  affligeant  de  voir  que  ces 
membres  soient  les  plus  riches  du  royaume,  lorsque  le  sou- 
verain a  le  droit  de  se  plaindre  de  sa  situation. 

10°  Suppression  des  quatre  deniers  pour  livre.  —  Les 
quatre  deniers  pour  livre  sont  encore  un  fléau  à  l'humanité  ; 
ils  ne  se  perçoivent  que  sur  les  mineurs  et  les  débiteurs 


520  BAILLIAGE   DE   BL01S 

poursuivis  par  leurs  créanciers,  qui  sont  dans  la  société  deux 
classes  de  citoyens  qui  ont  le  plus  grand  besoin  de  soulage- 
ment ;  et  souvent  il  arrive  que  les  capitaux  sont  réduits  à 
rien  tant  par  la  perception  de  ce  droit  que  par  les  autres 
frais  que  les  officiers  cumulent  avec  exagération. 

^  1°  Papier  timbré.  —  Les  droits  exorbitants  sur  le  papier 
et  parchemin  timbrés  sont  une  charge  au  peuple,  d'autant 
plus  désagréable  que  la  majeure  partie  du  temps  l'adminis- 
tration en  fait  passer  d'une  si  mauvaise  qualité  qu'il  est 
impossible  de  s'en  servir. 

12°  Emoluments  de  la  procédure.  —  L'administration  de 
la  justice  n'est  abusive  dans  la  perception  des  émoluments 
de  la  procédure  que  parce  que  les  tribunaux  n'ont  aucun 
règlement  pour  leur  perception  ;  il  serait  intéressant  qu'il  y 
en  eût  un  pour  le  ressort  de  chaque  parlement. 

13°  Suppressions  des  petites  justices.  —  Il  y  a  dans  les 
provinces  un  abus  dont  le  cri  public  sollicite  depuis  long- 
temps l'anéantissement,  celui  des  petites  justices  qui  ne  tien- 
nent leur  concession  que  des  seigneurs  qui  n'avaient  pas  le 
droit  de  démembrer  celles  que  leur  avait  concédées  le  Roi. 
Voici  l'inconvénient  qui  en  résulte  ;  l'exemple  que  nous  offre 
notre  local  nous  fournit  cette  vérité  :  Marchenoir  est  une 
baronnie  dont  la  justice  concédée  par  le  Roi  s'étend  sur 
plus  de  28  à  30  paroisses  en  première  instance  ;  elle  à  plu- 
sieurs de  ces  justices  qui  en  ont  été  démembrées,  qui  en  relè- 
vent par  appel,  et  qui  cependant  ne  sont  éloignées  que  de  deux 
lieues,  d'une  lieue  et  d'une  demie  lieue;  leurs  justiciables  ne 
seraient  pas  courvoyés  W  de  venir  en  première  instance  au 
chef-lieu,  et  ils  le  seraient  moins  qu'ils  le  sont  par  l'irrégularité 
de  l'exercice  de  ces  justices,  où  les  officiers  non  résidents  ne 
s'y  rendent  que  deux  à  trois  fois  l'année,  et  dans  quelques- 
unes  jamais  ;  ainsi  la  plus  légère  affaire  n'est  souvent  terminée 
qu'au  bout  de  deux  à  trois  années,  et  dans  le  chef-lieu  où  les  offi- 


<*)  Ne  seraient  pas  contraints  ;  n'auraient  pas  la  charge  de. 


CAHIER    DE    LA    VILLE   DE   MARCHENOIR  521 

ciers  résident,  où  l'audience  se  tient  régulièrement  chaque 
semaine,  les  justiciables  en  quinze  jours  voient  le  dénouement 
d'une  affaire,  qui  dans  ces  petites  justices  ne  peut  se  termi- 
ner. L'indécence  de  leur  administration  sollicite  aussi  leur 
suppression  et  réunion  au  chef-lieu  ;  point  de  chambre  d'au- 
ditoire, un  cabaret  ou  la  maison  d'un  particulier,  que  sont 
forcés  d'adopter  les  officiers  pour  le  sanctuaire  de  la  justice. 
La  multiplicité  des  degrés  de  juridiction  qu'éprouvent  les 
justiciables  pour  parvenir  au  tribunal  souverain  épuisent  (sic) 
leur  patience  et  leur  fortune  ;  il  y  a  même  à  3/4  de  lieue  de 
iMarchenoir,  une  justice  (Saint-Laurent-des-Bois)  concédée 
par  le  baron  de  Marchenoir  au  seigneur  de  Chantôme  et  qui 
cependant  relève  par  appel  d'une  autre  justice  seigneuriale 
(la  mairie  de  Loin-de-Chartres)  (*)  dont  elle  est  éloignée  de 
plus  de  16  lieues  ;  c'est  un  abus  qui  subsiste  dans  plus  d'une 
province,  et  qu'il  est  intéressant  de  supprimer  pour  le  bon- 
heur des  peuples. 

14°  Inamovibilité  des  officiers  seigneuriaux.  —  Il  sub- 
siste un  abus  dans  l'ordre  judiciaire  que  la  sagesse  doit  s'em- 
presser de  supprimer,  la  révocation  des  officiers  des  justices 
seigneuriales  à  la  volonté  des  seigneurs,  ce  qui  peut  mettre 
des  entraves  à  la  liberté  qu'exige  l'administration  de  la  jus- 
tice ;  et  les  officiers  devraient  au  contraire  être  inamovibles, 
leur  état  ne  devant  dépendre  que  de  l'inspection  des  supé- 
rieurs, chacun  dans  leur  classe,  et  qui,  connaissant  les  pré- 
varications, en  punissent  les  auteurs;  le  souverain,  en  don- 
nant cette  stabilité  aux  officiers  des  justices  seigneuriales  qui 
doivent  subsister,  donne  nécessairement  au  vassal  le  droit 
certain  de  trouver  une  parfaite  impartialité  dans  le  tribunal 
seigneurial,  même  en  plaidant  contre  son  seigneur. 

15°  Suppression  de  la  mendicité.  —  11  est  intéressant  de 

(*)  La  mairie  de  Loëns  était  la  principale  juridiction  du  chapitre  de  Chartres  ; 
elle  relevait  par  appel  nuement  au  parlement  de  Paris,  fors  les  cas  de  l'édit  des 
présidiaux,  dans  lesquels  les  appels  étaient  portés  au  présidial  de  Chartres. 
[Calendrier  historique  de  l'Orléanais,  1788). 

17. 


î)22  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

supprimer  la  mendicité  et  d'établir  un  bureau  dans  chaque 
paroisse.  Celle-ci  est  si  pauvre  qu'on  ne  peut  en  trouver  le 
moyen  ;  on  le  laisse  à  la  sage  prévoyance  de  la  Nation 
assemblée. 

16°  Agriculture.  —  L'agriculture,  branche  si  essentielle 
et  si  intéressante,  ne  fait  plus  que  gémir  sous  le  faix  qui 
l'accable  ;  les  fermes  sont  portées  par  les  propriétaires  à  un 
prix  si  excessif  que  le  cultivateur. souvent  ne  recueille  pas  de 
quoi  payer  le  prix  de  sa  ferme,  l'ensemencer  et  le  nourrir; 
souvent,  dans  cette  impuissance,  il  faut  encore  qu'il  paye  la 
taille,  fasse  les  corvées,  donne  l'aumône  à  une  infinité  de 
pauvres,  qui,  en  troupe  à  la  porte  de  son  domicile,  lui  font 
une  loi  de  donner  ce  qu'il  n'a  pas.  On  ne  peut  trop  s'occuper 
du  soulagement  de  cette  branche,  parce  que,  si  elle  n'est 
soutenue,  tout  le  surplus  de  l'État  en  soulfre  nécessaire- 
ment. 

17°  Routes  de  communication.  —  Les  routes  de  commu- 
nication sont  d'une  nécessité  aussi  pressante  qu'absolue;  les 
chemins  impraticables  qui  existent  dans  l'hiver  privent  le 
cultivateur  de  pouvoir  exporter  ses  denrées  aux  villes  dont  il 
est  le  moins  éloigné.  Huit  chevaux  ne  peuvent  exporter  ce 
ce  que  deux  font  aisément  sur  une  grande  route.  Cet  endroit 
est  éloigné  de  6  lieues  de  Blois,  6  de  Chàteaudun,  6  de  Ven- 
dôme, 5  de  Beaugency,  4  de  Mer,  6  de  Meung,  et  les  che- 
mins pour  y  parvenir  ne  sont  pas  praticables.  Il  faudrait 
donc  pour  éviter  la  multiplicité  des  travaux,  faire  une  route 
qui  de  Mer  irait  à  Fréterai  joindre  la  route  de  Vendôme  à 
Chàteaudun,  par  Marchenoir  et  Oucques  (*). 

18°  Entrelien  des  roules.  Suppression  des  ingénieurs  et 

(*)  La  création  d'une  grande  route  do  Blois  à  Chàteaudun  s'imposait:  mais  au 
chemin  direct  par  Oucques  qui  avait  été  adopté  par  les  assemblées  de  départe- 
ment de  Blois  et  Homorantin  et  de  Chàteaudun  et  Vendôme,  la  ville  de  Mer  vou- 
lait substituer  une  route  passant  par  Mer  et  Marchenoir  (Mémoire  adressé  par  les 
habitants  de  Mer  à  rassemblée  provinciale,  24  octobre  1788,  Arch.  dép.  Loir-et- 
Cher,  C  21).  Le  tracé  demandé  par  la  ville  de  Marchenoir  était,  on  le  voit,  plus 
indirect  encore,  puisqu'il  aurait  passé  par  Mer,  Marchenoir,  Oucques  et  Fréteval. 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE    MAHCHEN01R  523 

autres  employés.  —  Les  routes  sont  on  ne  peut  plus  mal 
entretenues,  et  les  dépenses  n'en  sont  pas  moins  excessives 
par  les  gages  attribués  aux  ingénieurs,  inspecteurs  et  autres 
qui  s'occupent  plus  de  leurs  intérêts  que  ceux  de  l'État;  et  il 
serait  plus  expédient  de  supprimer  ces  employés  et  d'en  lais- 
ser le  soin  aux  assemblées  provinciales,  et  que  chaque  com- 
munauté fût  libre  de  faire  faire  ce  qui  serait  à  sa  charge 
comme  elle  aviserait;  alors  plus  d'abus,  et  le  peuple  infini- 
ment moins  surchargé. 

19°  Pensions  militaires.  —  Les  pensions  militaires  sont 
distribuées  avec  trop  d'inégalité  ;  en  môme  temps  que  la 
récompense  ne  devrait  jamais  s'accorder  à  l'officier  qui  au- 
rait assez  de  fortune  pour  pouvoir  vivre  et  qui  serait  suffi- 
samment dédommagé  par  les  décorations  honorables  que  lui 
auraient  mérité  ses  services,  elle  ne  devrait  jamais  être  refu- 
sée à  celui  qui,  ayant  le  même  droit,  serait  dans  le  cas  indis- 
pensable du  besoin  ;  mais  alors,  que  ces  récompenses  ne  se 
prissent  que  sur  les  abbayes,  évèchés,  monastères,  prieurés 
et  autres  bénéfices  trop  rentes  pour  la  dépense  raisonnable 
des  titulaires  ;  par  ce  moyen,  les  défenseurs  de  la  patrie 
seraient  gratifiés,  sans  que  le  trésor  royal  en  fût  altéré,  et 
le  Roi,  jouissant  intégralement  de  son  revenu,  n'aurait  jamais 
besoin  de  recourir  à  de  nouveaux  impôts,  et  son  peuple  aisé 
n'aurait  qu'à  s'occuper  de  répondre  aux  vues  du  monarque  et 
à  contribuer  au  bonheur  de  l'État  ;  rien  n'est  plus  capable 
d'exciter  l'émulation  que  la  protection  du  souverain  et  l'ai- 
sance qu'il  procure  à  son  peuple. 

20°  Suppression  des  fiefs.  —  Rien  n'est  plus  onéreux 
que  les  francs-fiefs  qui  à  chaque  mutation  produisent  une 
année  de  revenu  au  Roi  et  au  seigneur,  et  en  peu  de  temps 
la  valeur  du  fief  est  absorbée  ;  les  nobles  surtout  n'ont  plus 
le  droit  de  se  les  conserver,  ils  n'en  ont  été  gratifiés  dans 
les  premiers  temps  de  la  monarchie  que  sous  la  condi- 
tion de  servir  dans  les  guerres  avec  leurs  vassaux  qu'ils 
soudoyaient,  et  à  présent  qu'ils  le  sont  eux-mêmes,  le  Tiers 


524  BAILLIAGE    DE    BLOIS 


état  doit  dans  ce  changement  y  trouver  son  affranchissement; 
c'est  une  servitude  dont  le  Français  doit  être  dégagé. 

21#  Les  négociants  doivent  contribuer  à  f  entretien  des 
rouies.  —  Les  routes  ne  sont  écrasées  que  par  la  surcharge 
des  objets  de  commerce,  et  cependant  le  négociant  n'y  con- 
tribue pour  rien  ;  le  cultivateur  et  les  particuliers  taillables 
en  font  les  plus  gros  frais  ;  il  est  naturel  et  juste  que  celui 
qui  usé  le  plus  la  chose  soit  le  plus  tenu  à  la  réparation; 
ainsi  les  négociants  devraient  y  contribuer  pour  la  majeure 
partie. 

22°  Affranchissement  des  droits  sur  la  viande.  —  On 
supplie  la  Nation  assemblée  de  requérir  la  suppression  ou 
au  moins  modération  sur  les  droits  exorbitants  imposés  sur 
la  viande  qui  se  débite  même  dans  les  villages. 

23°  Suppression  du  terrage.  —  Il  subsiste  presque  dans 
toutes  les  paroisses  des  droits  de  champart  qui  se  prélèvent 
les  uns  au  sixième,  au  septième  et  au  douzième  des  fruits, 
que  le  cultivateur  est  encore  obligé  de  rendre  dans  les  cé- 
nacles (*)  du  propriétaire  de  ce  droit.  Cette  charge  est  aussi 
exorbitante  que  nuisible  au  propriétaire  de  l'héritage.  On  en 
demande  la  suppression  ou  modération  en  changeant  cette 
rétribution  par  une  redevance,  en  argent.  H  est  beaucoup 
d'ecclésiastiques  qui  ne  possèdent  ce  droit  qu'à  la  charge 
d'une  desserte  et  des  petites  écoles,  et  aucun  ne  s'en  acquitte, 
et  les  particuliers  n'en  sont  pas  moins  forcés  de  le  leur 
payer  ;  c'est  envers  eux  surtout  que  la  suppression  ne  doit 
point  souffrir  de  difficulté. 

24°  Inhumation  et  mariage  gratis .  —  il  est  contre  la  dé- 
cence et  le  respect  dus  à  la  religion  d'ôtre  obligé  de  payer 
aux  curés  des  droits  pour  l'inhumation  et  le  mariage  ;  on  en 
demande  la  suppression. 

25°  Authenticité  des  lettres  de  ratification.  —  L'établis- 

<*)  Cénacles  :  dépendances  d'une  maison. 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE    MARCHEN01R  525 

sèment  du  bureau  du  conservateur  des  hypothèques  est  l'ef- 
fet de  la  sagesse  du  gouvernement,  mais  il  lui  manque  cette 
publicité  nécessaire  aux  droits  des  citoyens  ;  les  lettres  de 
ratification  ne  devraient  être  scellées  qu'après  quatre  mois 
à  compter  du  jour  du  dépôt  du  contrat,  qui  ne  pourrait  être 
déposé  qu'en  rapportant  des  certificats  de  publication  faite 
dans  la  paroisse  du  domicile  du  vendeur,  contenant  la  décla- 
ration que  l'acquéreur  va  se  pourvoir  au  bureau  des  hypo- 
thèques pour  y  obtenir  des  lettres  de  ratification  ;  alors 
plus  de  surprises  faites  aux  créanciers,  qui,  le  plus  ordinai- 
rement, demeurent  dans  le  même  endroit  du  domicile  du 
vendeur. 

26°  Modération  sur  les  pouvoirs  du  parlement  quant 
aux  enregistrements.  —  Il  serait  juste  que  la  Nation  as- 
semblée arrêtât  que  les  parlements  ne  pussent  enregistrer 
aucun  édit  tendant  à  une  nouvelle  imposition,  privilèges, 
•  charges,  qui  tendent  à  tirer  des  deniers  de  l'État  sans  le  vœu 
des  Etats  généraux. 

27°  Réformation  de  l  article  56  W  de  la  coutume  de 
Blois.  —  Notre  coutume  générale  de  Blois  aune  disposition 
d'exclusion  en  ligne  collatérale  qui  est  injuste  ;  elle  exclut  le 
neveu  de  la  succession  de  l'oncle,  quant  aux  meubles  et  ac- 
quêts, lorsqu'il  y  a  frères  ;  il  serait  plus  judicieux  que  le 
neveu  vint  par  représentation  succéder  avec  les  frères  et 
sœurs  du  défunt  <2). 

28°  Suppression  des  formalités  pour  la  vente  des  biens 
des  mineurs  et  des  débiteurs  saisis  réellement.  —  Lorsqu'il 
s'agit  de  vendre  les  biens  des  mineurs  ou  d'un  débiteur  saisi 
réellement,  les  frais  sont  considérables,  et  le  plus  souvent  le 
prix  de  la  chose  est  insuffisant  pour  solder  les  frais;  il  serait 


0)  Lire  :  156. 

W  L'article  156  de  la  coutume  de  Blois  est  ainsi  rédigé  :  «  Es  dite  s  successions 
collatérales,  le  plus  prochain  en  degré  du  défunt  prend  les  meubles  et  acquêts...  » 
Il  est  d'aillleurs  la  conséquence  de  l'article  139  d'après  lequel  la  représentation 
n'avait  pas  lieu  en  ligne  collatérale.  Cf.  p.  49,  note  1. 


526  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

juste  d'en  simplifier  le  plus  possible  la  procédure  ;  l'excès 
des  formalités  n'ajoute  en  rien  à  la  valeur  du  fonds,  elles  ne 
font  au  contraire  que  l'absorber. 

29°  Les  juges  seigneuriaux  connaîtront  en  dernier  i%es- 
sort  jusquà  une  certaine  somme,  —  Los  justiciables  des 
justices  seigneuriales  se  préjudicient  souvent  par  le  désir  de 
plaider,  qui  les  portent  à  interjeter  appel  des  sentences,  dont 
les  condamnations  sont  si  modiques  que  les  frais  qui  résul- 
tent sur  l'appel  excèdent  infiniment  le  principal,  et  le  moyen 
utile  au  peuple  d'arrêter  cet  abus  serait  d'accorder  aux  jus- 
tices seigneuriales  le  droit  de  juger  en  dernier  ressort  jus- 
qu'à une  somme  déterminée. 

30°  L'hôpital.  —  Il  existe  dans  cette  paroisse  une  ferme 
nommée  la  Maladrerie-Saint-Michel  W,  qui  autrefois  était  un 
hôpital  destiné  aux  pauvres  de  la  paroisse,  et  d'où  dépendait 
une  métairie  nommée  Pullau  <2),  une  autre  la  Maison- 
d'Ahaul  (3>,  et  l'autre  l'Orme-en-Froid  (*).  Ces  quatre  objets 
peuvent  valoir  2.000  livres  de  revenus  ;  on  ne  sait  par  quelle 
circonstance  la  paroisse  se  trouve  privée  de  ce  secours  et 
que  ces  biens  sont  actuellement  dans  les  mains  des  Chartreux 
d'Orléans  ^K puissamment  riches  ;  en  leur  enlevant  cette  très 
petite  partie  de  leur  fortune,  les  malheureux  de  la  paroisse 
y  trouveront  les  secours  qu'exigent  l'humanité  indigente,  et 
cela  peut  s'effectuer  sans  que  ces  religieux,  pénétrés  de 
l'amour  de  l'humanité,  puissent  se  plaindre  d'un  établisse- 
ment public  auquel  leur  piété  ne  pourra  qu'applaudir. 

31°  Portion  congrue  des  curés  à  1.200  livres.  —  Les 

0)  A  800  mitres  au  sud  de  Marçhenoir. 

(2>  Pulaut  (carte  de  l'état-major),  à  2  kilomètres  nord-est  de  Marche  noir. 

<3)  Maison  d'en  Haut  (rarte  de  l'état-major  et  carte  de  Cassini)  à  1.500  mètres 
nord-ouest  de  Saint-Léonard. 

<*)  Nous  n'avons  pu  identifier  ce  lieu.  Une  ferme  appelée  sur  la  carte  de  Cassini 
Orme  et  sur  celle  de  l'état-major  le  Grand-Orme  et  le  Petit-Orme  se  trouve  à 
4  kilomètres  ouest-nord-ouest  de  Marchenoir,  sur  la  commune  de  Sainl-Lêonard. 

<5)  «  Saint-Michel,  chapelle  qui  appartient  aujourd'hui  aux  Chartreux  d'Orléans 
était  une  maladrerie  à  laquelle  le  comte  Thibault  V  donna  un  pressoir  banal 
et  autres  droits  l'an  11U0.  »  (Abbé  Bordas,  C horographie  du  Dunois,  p.  135.) 


CAHIER    DE    LA    VILLE    DE    MARCHENOIR  527 

curés,  pasteurs  aussi  utiles  qu'indispensables  au  culte  de 
la  religion,  les  uns  ne  sont  pas  assez  dotés,  les  autres  le  sont 
trop  ;  il  conviendrait  que  les  cures  les  moins  considérables 
fussent  dotées  de  1.200  livres  et  les  autres  de  1.500  livres  lo- 
gés, sans  être  assujettis  à  aucun  impôt,  seulement  à  l'entretien 
de  leur  logement  ;  le  surplus  des  biens  qui  se  trouverait 
excéder  ce  revenu  appartiendrait  à  la  communauté,  qui, 
chargée  de  faire  ce  payement  à  son  curé,  en  emploierait  le 
reste  au  soulagement  des  pauvres  ou  autres  établissements 
publics. 

32°  Suppression  des  banalités  et  péages.  —  Les  bana- 
lités et  péages  doivent  être  supprimés  ;  c'est  encore  un  reste 
de  servitude  qui  fait  injure  à  la  Nation  Française,  dont  la 
liberté  doit  être  dégagée. 

33«*  Pâturage  des  riverains  daiis  les  forêts.  —  Le  libre 
exercice  du  pâturage  doit  être  accordé  aux  riverains  des 
forêts  pour  tous  leurs  bestiaux.  Ce  droit  no  serait  pour  eux 
que  la  juste  récompense  du  dommage  qu'ils  éprouvent  de  la 
forêt  ;  la  chaleur  et  la  fiente  des  bestiaux  ne  peut  d'ailleurs 
que  contribuer  à  la  progression  des  bois  W. 

34°  Destruction  des  bêtes  fauves.  —  Il  devrait  être  permis 
aux  riverains  (-)  de  tuer  les  bêtes  fauves  qu'ils  trouveraient 
sur  leur  héritage;  le  droit  naturel  le  réclame,  et  le  refuser, 
c'est  résister  au  droit  des  gens  ;  les  fruits  perdus  par  la  vora- 
cité de  ces  animaux  leur  font  un  dommage  dont  ils  ne  peu- 
*  vent  se  plaindre,  et  leur  interdire  leur  destruction,  c'est  le 
comble  de  l'injustice;  le  Roi  et  la  Nation  sont  suppliés  de 
prendre  ce  motif  en  considération. 

35°  Affranchissement  des  foires.  —  Les  foires  doivent 
être  affranchies  de  tous  droits  par  les  raisons  de  l'article  32. 


0>  Les  archives  communales  de  Marchenoir  possèdent  des  documents  assez 
nombreux  sur  les  droits  d'usage  dans  la  lorèt  de  Marchenoir  (Série  DD,  1  liasse- 
xvi«-xvih«  siècle). 

(*)  Riverains  de  la  i'orèt  de  Marchenoir. 


528  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

36°  Suppression  des  juridictions  extraordinaires.  — 
Toutes  les  juridictions  extraordinaires  devraient  être  suppri- 
mées et  réunies  aux  bailliages  dont  elles  faisaient  autrefois 
partie. 

37°  Point  de  prévention  ni  d'attribution  aux  juridic- 
tions royales  sur  les  justices  seigneuriales.  —  Les  juridic- 
tions royales  doivent  dans  tous  les  cas  être  privées  de  la 
prévention  et  attribution  en  matière  civile  sur  les  justices 
seigneuriales  ;  c'est  enlever  aux  justiciables  le  droit  qu'ils 
ont  de  se  faire  juger  par  leur  juge  naturel  et  sans  frais,  en 
comparaison  de  ceux  qui  résultent  nécessairement  des  juri- 
dictions royales. 

38°  Suppression  du  droit  de  sceL  —  Les  droits  qui  se 
paient  au  Roi  pour  le  scel  des  sentences  qui  se  rendent  dans 
les  justices  royales  sont  exorbitants,  et  c'est  faire  payer  trop 
cher  au  peuple  le  droit  qu'il  a  de  réclamer  la  justice  qui  lui 
est  due. 

39°  Etablissement  de  chirurgiens  dans  les  campagnes. — 
Uien  n'exige  plus  la  protection  du  souverain  et  de  la  Nation 
que  la  conservation  de  l'humanité,  et  c'est  en  fixant  les 
regards  qu'on  ne  pourra  se  dissimuler  que  la  majeure  par- 
tie des  habitants  des  campagnes  ne  périssent  par  les  mala- 
dies et  les  accidents,  que  parce  qu'ils  sont  privés  des  secours 
que  la  plus  grande  partie  des  chirurgiens  qui  y  sont  établis 
sont  hors  d'état  de  leur  administrer  par  l'ignorance  absolue 
de  leur  état.  Il  serait  donc  de  la  bienveillance  du  gouverne- 
ment de  venir  au  secours  de  la  partie  du  peuple  aussi  nom- 
breuse qu'elle  est  utile,  en  établissant  de  trois  lieues  en  trois 
lieues  des  chirurgiens,  parfaitement  éclairés,  auxquels  on 
ferait  un  traitement  capable  de  les  y  fixer,  en  leur  imposant 
l'obligation  de  traiter  et  médicamenter  gratuitement  les 
pauvres  de  leur  arrondissement,  dont  le  nombre  serait  dé- 
terminé par  les  officiers  municipaux  des  différentes  paroisses. 

Les  habitants  assemblés  ont  rédigé  le  présent  cahier  par 


cahier  du  plessis-l'échelles  529 

le  seul  zèle  que  leur  inspire  l'amour  de  leur  patrie,  et  sont 
sans  inquiétude  sur  le  bonheur  du  peuple,  se  reposant  avec 
la  plus  juste  confiance  dans  le  zèle  éclairé  qui  conduira  les 
notables  qui  composeront  l'Assemblée  nationale. 

Ainsi  fait  et  arrêté,  les  jour  et  an  que  dessus,  par  tous  les 
habitants  susnommés  qui  ont  signé,  sauf  ceux  qui  ont 
déclaré  ne  le  savoir,  et  ont  remis  le  présent  cahier  a  MM. Tu- 
pin  et  Bûché,  leurs  députés,  auxquels  ils  donnent  pouvoir 
de  le  présenter  à  l'assemblée  préliminaire,  d'en  soutenir  les 
articles,  même  d'y  ajouter,  diminuer  et  changer  ainsi  qu'ils 
le  jugeront  convenable  d'après  les  conférences  de  l'assem- 
blée préliminaire.  Le  sieur  Ferrière  requis  de  comparoir  à 
l'arrêté  du  présent  cahier  a  refusé  (f). 

(Suivent  31  signatures,  celles  de  :  Tupin;  Bûché;  Cadot, 
etc.) 

r 

Les  articles  1  et  2  et  le  début  de  l'article  3  sont  textuellement  iden- 
tiques aux  articles  1, 2  et  3  du  cahier  de  Plessis-d'Echelles,  qui  suit. 

Ce  cahier  est  publié  d'après  l'exemplaire  original  conservé  aux  ar- 
chives communales  de  Marchenoir. 


LE  PLESSIS  L'ÉCHELLES 

(Anciennement  le  Plessis-d'Échelles.) 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir  <2). 

Brigade  de  Vendôme. 

(•)  Cette  dernière  phrase  est  d'une  autre  main. 

(*)  D'après  l'abbé  Bordas  {Chorogvaphie  du  Dunois,  p.  125).  Le   manuscrit  de 
Jousse  porte  :  «  Justice  néant.  » 


530  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  la  Brosse  <*>. 

Seigneur  en  1789  :  Pierre-Charles  Parseval,  comte  de  Briou. 
chevalier. 

Population  en  1790  :  180  habitants. 

Taille  :  1.324  1.  (principal  :  620  1.  ;  accessoires  :  311 1.  ;  capitation  : 

393  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 
Vingtièmes  :  731  1.  10  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  François  Blanchard,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  37  feux. 

Comparants  :  Pascal  David;  Charles  Richard  ;  Biaise  Grossejambe  : 
Gatien-Jean  Mari  ;  Boni  face  Blanchard  ;  Simon  Quinsay  ;  Sylvain 
Percheron:  René  Richard  ;  Etienne  Lidou  ;  Jean  Lépicier  ;  Jean  Bour- 
goin  ;  Joseph  Pigé  ;  René  Chauvin;  Pierre  Mormiche;  Michel  Meunier; 
Denis  Leroux  ;  Louis  Postal  ;  Michel  Percheron. 

Députés  :  François  Blanchard  et  Pascal  David. 

Suivent  8  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Aujourd'hui  dimanche  1er  mars  1789,  en  présence  et 
devant  nous.  François  Blanchard,  syndic  de  la  municipalité 
de  la  paroisse  du  Plessis-d'Echellos,  attendu  qu'il  n'y  a  aucun 
officier  public  de  résidant  sur  le  lieu,  sont  comparus  [sui- 
vent 18  noms!,  tous  habitants  de  cette  paroisse,  majeurs,  nés 
Français,  compris  au  rôle  des  impositions  d'icelle  composée 
de  37  feux,  auxquels  nous  avons  dit  que  sur  la  notification 


0)  Parseval  de  la  Brosse.  Cf.  p.  .'i38,  note  2,  et  Abbé  Bordas,  Chorographie  du 
Dunêis,  p.   127. 


CAHIER    DU    PLESSIS-l/ ÉCHELLES  531 

qui  nous  a  été  faite  par  Argy,  huissier,  le  22  février  dernier, 
de  la  lettre  du  Roi  donnée  à  Versailles  le  24  janvier  précé- 
dent, du  règlement  du  môme  jour,  ainsi  que  de  l'ordonnance 
de  M.  le  lieutenant  du  bailliage  présidial  de  Blois  du  12  dudit 
mois  de  février,  le  sieur  curé  sur  son  réquisitoire  [a]  fait  la 
lecture  du  tout  ce  jourd'hui  au  prône  de  la  messe  parois- 
siale, et  que  nous  en  avons  également  fait  la  lecture  et  affiche 
à  Fissue  de  la  messe,  et  que  pour  l'exécution  des  articles  24 
et  25  du  règlement  susdalé,  nous  devions  conférer  avec  les- 
dits  habitants  pour  dresser  le  cahier  de  nos  plaintes,  do- 
léances, remontrances  et  suppliques  que  nous  devions  adres- 
ser au  Roi  et  à  la  Nation  par  la  gradation  des  assemblées 
préliminaire  et  générale  qui  se  tiendront  en  la  ville  de  Blois 
les  9  et  16  de  ce  mois  ;  pourquoi  nous  supplions  le  Roi  et 
la  Nation  de  prendre  en  considération  nos  réclamations  qui 
tendent  à  ce  que  : 

Les  articles  1  et  2  sont  identiques  aux  articles  1  et  2  du  cahier  de 
Marchenoir.  L'article  3  est  identique  au  début  de  l'article  3  du  même 
cahier  jusqu'aux  mots  :  a en  comparaison  des  frais  d'administra- 
tion »  inclusivement. 

4°  L'agricullure  est  la  branche  essentielle  et  elle  est  souf- 
frante par  l'accablement  des  impôts  ;  il  est  intéressant  de 
s'occuper  de  son  soulagement. 

5°  Les  routes  de  communication  sont  si  essentielles  pour 
l'exportation  des  grains  qu'il  suffit  d'en  retracer  l'idée  pour 
y  fixer  l'attention  du  souverain  bienfaisant. 

Fait  et  arrêté  par  les  habitants  de  cette  paroisse  ci-pré- 
sents, dont  les  uns  ont  signé  et  les  autres  ont  déclaré  ne  le 
savoir  faire,  de  ce  interpellés. 

(Suivent  7  signatures,  celles  de  :  Pascal  David  ;  Blanchard, 
syndic,  etc.) 


532  BAILLIAGE    DE    BL01S 


SAINT-LÉONARD 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généraiité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir. 

Brigade  de  Vendôme. 

Foire  :  le  lendemain  du  quatrième  dimanche  après  Pâques  <*>. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse. 

Seigneur  en  1789  :  Louis- Joseph-Charles-Amable  d'Albert,  duc  de 
Luynes  et  de  Chevreuse,  comte  de  Dunois,  baron  de  Marchenoir  et  de 
Fréteval. 

Population  en  1790  :  i.084  habitants. 

Taille  :  9.839  1.  (principal  :  4.458  1.  ;  accessoires  :  2.557  1.  ;  capita- 
tion  :  2.824  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes:  2.3821.  1  s. 

PROCÈS  VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  François  Nouvellon,  membre  de  la  municipalité,  assigné 
par  huissier  royal  pour  présider  à  défaut  d'officier  public  et  en 
l'absence  du  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  223  feux. 

Comparants  :  Vincent  Chamot,  greffier  de  la  municipalité  ;  Pierre- 
Elie  Marteau  fils,  syndic;  Jean  Raimbault  et  Jean  Mulard,  marguil- 
liersen  charge  ;  Pierre  Marteau  père,  ancien  syndic  ;  Jean  Vrain  ; 
Benoit  Leroux  ;  Jean-Sylvain  Garet  ;  Pierre  Fauconnet  ;  Pierre  Sei- 


H)  D'après  l'abbé  Bordas  [Chorograpkie  du  Dunois.  p.   190).   Le   manuscrit  de 
Jousse  dit  seulement  :  «  Foire  et  assemblée  »,  sans  donner  de  date. 


CAHIER    DE    SAINT-LÉONARD  533 

gnier  ;  Jean-François  Garet  ;  Léonard  et  Christophe  Reveault  ;  Jean- 
Jacques  Fauconnet  ;  Louis  Brisset  ;  Jean  Thevôt  ;  Jean  Gourdin  ; 
Laurent  Hulaut  ;  François  Legret  ;  René  David  ;  Louis  Cochet  ;  Ger- 
main Dupré  ;  Vincent  Gabilleau  ;  Etienne  Chartier  ;  Pierre  Dolard  ; 
Philippe  Métais  ;  Pierre  Hatry  ;  Jean  Marteau  ;  Jean  Marcadé  ;  Louis 
Herbelin. 

Députés  :  Pierre-EIie  Marteau,  syndic  paroissial  W,  Pierre  Seignier 
et  Pierre  Fauconnet. 

Suivent  42  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Art.  1er.  —  Economie  d'administration.  —  De  supplier 
le  Roi  et  la  Nation  d'employer  des  moyens  moins  multipliés, 
plus  simples,  pour  le  recouvrement  des  impôts  et  leur  verse- 
ment au  trésor  royal. 

Art.  2.  —  Pensions.  —  Comme  cet  objet  est  un  des  plus 
intéressants,  le  Roi  et  la  Nation  sont  suppliés  de  le  prendre 
en  considération. 

Art.  3.  —  Annales  et  dispenses.  —  Abolition  des  annates 
et  dispenses  réservées  à  la  Cour  de  Rome,  tout  numéraire 
sortant  du  royaume  en  pure  perte  pour  l'État.  Le  premier  de 
ces  deux  objets  annonce  une  espèce  de  juridiction  étrangère, 
ce  qui  est  un  abus.  La  sagesse,  l'autorité  du  souverain  et  de 
la  Nation  peuvent  suppléerai!  secours  par  des  moyens  faciles, 
la  religion  respectée. 

Art.  4.  —  Résidence  \des]  archevêques  [et]  évêques.  — 
Nos  seigneurs  archevêques  et  évoques  sont  obligés  par  état 
à  résidence;  les  ordres  du  Roi  et  de  la  Nation  doivent  encore 
les  y  déterminer  ;  l'instruction  et  le  bon  exemple,  la  dépense 
de  leur  revenu  dans  le  diocèse  où  ils  le  perçoivent  sont  deux 


(*)  La  liste  des  comparants  porte  seulement  «  syndic  »,  mais  il  s'agit  certaine 
ment  du  syndic  paroissial,  le  syndic  municipal  étant  absent  aux   termes  mêmes 
du  procès-verbal. 


î>34  BAILLIAGE    DR    13L0IS 

avantages  tant  spirituels  que  temporels,  qui  retourneront  à 
l'avantage  de  leurs  diocésains. 

Art.  5.  —  Abbayes  en  commende  —  Que  les  abbayes 
en  commende  (pour  le  soulagement  du  trésor  royal)  soient 
chargées  de  faire  une  pension  quelconque,  à  raison  de  leur 
revenu,  aux  officiers  militaires  qui  auront  mérité  les  bien- 
faits de  Votre  Majesté. 

Art.  6.  —  Curés  des  villes  el  campagnes,  —  Que,  con- 
formément aux  intentions  du  clergé  dune  province  de  votre 
royaume,  il  plaise  à  Votre  Majesté  de  faire  un  sort  honnête 
aux  différents  curés  de  vos  États. 

Que  Votre  Majesté  autorise  les  officiers  municipaux  des 
villes  et  surtout  des  campagnes  à  percevoir  les  revenus  des- 
dits bénéfices,  qui  paieront  soit  par  quartier,  soit  par  demi- 
terme,  ce  qu'il  vous  aura  plu  assigner  à  chacun  d'eux  rela- 
tivement à  l'étendue  de  leur  paroisse  ;  que  le  surplus  servira 
aux  frais  de  récolte,  aux  réparations  des  bâtiments  desdites 
cures  et  au  soulagement  des  pauvres. 

Que  les  revenus  casuels  de  mariages  et  d'enterrements 
soient  supprimés. 

Que  les  vicaires  aient  également  un  sort  honnête,  mais  que 
les  quêtes  soient  supprimées.  Ces  démarches  sont  aussi 
contraires  à  la  dignité  du  sacerdoce  qu'à  charge  au  peuple. 

Art.  7.  —  Religieux  mendiants.  —  Que  les  ordres  men- 
diants soient  rentes,  et  ce  par  les  mêmes  raisons  que  les 
vicaires. 

Art.  8.  —  Pluralité  des  bénéfîeiers.  —  L'Église  défend 
la  pluralité  des  bénéficiers,  le  Roi  et  la  Nation  doivent  y  avoir 
égard,  faire  observer  ses  défenses  pour  l'intérêt  de  la  Nation 
en  général . 

Art.  9.  —  Seigneurs  non  en  charge.  —  Que  les  sei- 
gneurs non  attachés  à  la  cour  par  des  charges  résident  dans 
les  provinces  où  leurs  principales  terres  sont  situées  :  il  en 
résulte  deux  avantages:  le  premier  qu'ils  veilleront  de  plus 


CAHIER    DE    SAINT-LÉONARD  535 

près  à  l'amélioration  de  leurs  terres,  le  second  par  différents 
travaux  d'agrément  ils  soulageront  leurs  vassaux  indigents. 

Art.  10.  —  Francs-fiefs  et  banalités.  —  L'abolition  des 
francs-fiefs  et  de  toutes  espèces  de  servitudes,  reste  du  sys- 
tème féodal. 

Art.  1 1  —  Pâturages  et  destruction  de  bêles  fauves 
et  autres.  —  Que  les  paroisses  riveraines  des  bois  et  forets 
y  aient  droit  de  pâturage. 

Qu'il  soit  permis  de  détruire  toutes  les  botes  fauves, 
lapins  et  autres  qui  ravagent  les  récoltes  des  terres  voisines 
des  forêts,  bois  et  garennes. 

Art.  12.  —  Commerce.  —  Que  pour  la  facilité  du  com- 
merce, l'intérieur  du  royaume  soit  exempt  de  toutes  espèces 
de  droits  réservés  seulement  pour  les  frontières. 

Art.  13.  —  Ordres  religieux  rentiers.  —  Que  les  ordres 
religieux  rentiers,  surtout  ceux  dont  la  résidence  est  dans  les 
campagnes,  soient  conservés,  à  raison  des  charités  qu'ils 
répandent  dans  les  paroisses  qui  les  avoisinent. 

Art.  14.  —  Administration  provinciale.  —  Qu'il  plaise 
à  Sa  Majesté,  sur  les  remontrances  de  la  Nation,  d'établir 
une  administration  provinciale  dans  l'Orléanais  qui,  par  les 
différents  bureaux  et  ateliers  de  charité,  mettrait  les  paroisses 
dans  le  cas  de  soulager  les  malheureux. 

Art.  15.  —  Corvée.  —  Que  l'argent  prélevé  pour  les  éta- 
blissements des  nouvelles  routes,  entretiens  et  réparations 
des  anciennes,  ponts  et  chaussées,  soient  le  moins  onéreuses 
possibles  (sic)  aux  corvéables,  et  que  la  principale  partie  de 
cette  charge  soit  supportée  par  les  villes  commerçantes  du 
royaume. 

At.  16.  —  Impositions.  —  Que  le  Clergé  et  la  Noblesse 
soient  soumis  aux  impositions  pécuniaires  comme  le  Tiers 
état,  non  seulement  jusqu'à  la  parfaite  liquidation  du  défi- 
cit, mais  à  toujours,  parla  raison  conséquente  que,  ces  deux 


536  BAILLIAGE    DE   BL01S 

Ordres  supportant  cet  impôt,  le  Roi  pourra  soulager  par  la 
suite  la  classe  la  plus  nombreuse  de  ses  sujets  qui,  dans  tous 
les  temps,  en  a  seule  porté  le  fardeau. 

Art.  17.  —  Droit  d'aubaine.  —  Qu'il  plaise  au  Roi  de 
supprimer  le  droit  d'aubaine  qui  empêche  différents  étran- 
gers de  venir  dépenser  leur  revenu  en  France  (et  ce  à  son 
préjudice)  dans  la  crainte  de  perdre  leurs  meubles  et  im- 
meubles. 

Art.  18.  —  Gabelles,  aides,  eaux  et  forêts.  —  Que  les 
judicieuses  observations  relativement  aux  gabelles  soient 
exécutées. 

Que  les  droits  sur  les  aides  soient  moins  onéreux  et  perçus 
par  des  moyens  plus  simples. 

Que  les  justices  de  grenier  à  sel  et  toutes  charges  relatives 
aux  gabelles  soient  supprimées,  [ainsi  que  les]  élections  et 
eaux  et  forêts. 

Art.  19.  —  Contrôle.  —  Que  les  droits  de  contrôle  soient 
moins  coûteux  ;  qu'il  y  ait  dans  chaque  bureau  un  tableau 
tarifé  et  représentatif  des  droits  dûs  pour  chaque  acte  no- 
tarié. 

Art.  20.  —  Consignation.  —  Suppression  de  la  charge 
de  consignation. 

La  difficulté  de  faire  rendre  compte,  les  exemples  trop 
fréquents  de  l'insolvabilité  des  différents  officiers  sont  deux 
raisons  qui  décident  leur  suppression. 

Art.  21.  —  Code  civil  et  criminel.  —  Qu'il  plaise  au  Roi 
de  réformer  le  Code  civil,  de  détruire  toutes  les  entraves  de 
la  chicane,  de  fixer  les  droits  des  officiers  de  robe  courte, 
d'abréger  les  longues  formes  de  procédure  dont  les  frais  sou- 
vent surpassent  le  principal. 

Qu'en  punissant  le  coupable,  on  lui  épargne  les  longues  et 
tristes  horreurs  d'un  cachot. 

Art.  22.  — Justice.  —  Que  les  justices,  tant  royales  que 


CAHIER    DE   BEAUVILLIERS  537 

seigneuriales,  soient  rapprochées  le  plus  près  possible  des 
justiciables;  suppression  toutefois  des  petites  justices  en  pre- 
mière instance. 

Art.  23.  —  Guerre.  —  Qu'il  plaise  au  monarque  bien- 
faisant d'épargner  à  ses  peuples  les  tristes  effets  d'une  guerre 
toujours  destructive  et  dispendieuse,  qui  emporte  à  l'Etat 
un  nombre  infini  de  sujets  qui  sont  nécessaires  à  la  culture 
des  terres,  au  commerce  et  à  leur  famille,  remettant  cepen- 
dant à  la  sagesse  et  aux  lumières  de  Votre  Majesté,  que  les 
forces  du  royaume  tant  sur  mer  que  sur  terre  fassent  crain- 
dre et  respecter  de  ses  voisins  et  le  Roi  et  la  Nation. 

Art.  24.  —  Assemblée  nationale.  —  Sire,  vos  fidèles 
sujets,  pénétrés  des  bontés  de  Votre  Majesté,  osent  s'unir  à 
vos  intentions  bienfaisantes,  afin  qu'aucun  impôt  ne  soit  mis 
sur  vos  peuples  sans  le  consentement  de  la  Nation,  et  ce  par 
une  assemblée  générale  dont  il  plaira  à  Votre  Majesté  de 
rapprocher  les  époques. 

(Suivent  42  signatures,  celles  de  :  Fauconnet  :  P.  Marteau  ; 
Seignier;  Nouvellon,  etc.) 

Paraphé  par  nous,  François  Nouvellon,  Pierre  Fauconnet, 
Jean  Vrain,  Benoit  le  Roux,  Jean-Sylvain  Garet,  tous  mem- 
bres; Jean  Thévot,  Louis  Brisset  et  Jean  Gourdin,  tous  trois 
adjoints  ;  ainsi  que  par  nous,  Pierre  Seignier  et  Pierre-Élie 
Marteau,  députés,  et  par  nous,  greffier  soussigné. 

(Paraphe  du  greffier.) 


BEAUVILLIERS 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  — Art.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 


538  BAILLIAGE   DE   BLOIS 

Haute  justice  ressortissant  à  Marchenoir  <*). 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  la  Brosse  <2>. 

Seigneur  en  1789  :  Pierre-Charles  Parseval,  comte  de  Briou, 
chevalier. 

Population  en  1790  :  80  habitants. 

Taille  :  652  1.  (principal  :  2701.  ;  accessoires  :  211  1.  ;  capitation  : 
171  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  251  1.  18  s. 

PROCÈS- VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789.  « 

Président  :  Pierre-Thomas  Rivière,  laboureur,  syndic  de  la  muni- 
cipalité. 

Population  :  14  feux. 

Comparants  :  Pierre  Avrain,  Marin  Nouvellon,  Jacques  Ferron, 
Mathurin  Charron,  laboureurs  ;  Jacques  Jamet  ;  Louis  Baugé  ;  Louis 
Boutet  ;  Georges  Saget. 

Députés  :  Pierre  Avrain  et  Charles  Savigny,.«  qui,  ajoute  le  pro- 
cès-verbal, n'excèdent  pas  le  nombre  prescrit  par  l'article  31  du  règle- 
ment »  <3). 

Suivent  3  signatures,  «  Et  avons  déclaré  ne  savoir  signer  »,  dit  le 
président  de  l'assemblée  qui  en  effet  n'a  pas  signé  son  procès-verbal. 

(*)  D'après  le  manuscrit  de  Jousse.  —  D'après  l'abbé  Bordas  (Chorographie  du 
Dunois,  p.  34)  «  Beauvilliers...  dépend  en  première  instance  pour  la  justice  du 
bailliage  de  Dunois  au  siège  de  Marchenoir.  » 

(*)  Parseval  de  la  Brosse  (Manuscrit  de  Jousse).  Cf.  aussi,  Abbé  Bordas,  Choro- 
graphie du  Dunois,  p.  34. 

<*)  Les  huit  habitants  présents,  de  cette  paroisse  de  quatorze  feux,  étaient  sans 
doute  eux-môrnes  surpris  d'avoir  le  droit  d'élire  deux  députés,  et  tenaient  à 
affirmer  ce  droit,  de  crainte  qu'il  ne  leur  soit  contesté. 


CAHIER    DE    BEAUV1LLIERS  539 


CAHIER  DE  DOLEANCES 

Nous  ne  possédons  qu'un  fragment  du  cahier  de  doléances  de  cette 
paroisse  que  nous  publions  ci-dessous.  Quoique  la  fin  du  cahier  qui 
portait  les  signatures  ait  disparu,  la  comparaison  du  fragment  qui 
nous  reste  avec  le  procès-verbal  qui  lui  est  joint  et  qui  est  écrit  de  la 
même  main  sur  un  papier  identique  ne  laisse  aucun  doute  sur  son 
authenticité. 

Cahier  de  doléances  et  remontrances  de  la  paroisse  de 
Beauvilliers,  département  de  Chdteaudun,  ressort  du 
bailliage  présidial  de  Blois . 

Art.  1er.  —  Les  habitants  de  cette  paroisse  ont  grand 
intérêt  de  réclamer  contre  la  trop  forte  imposition  des  tailles. 
La  portion  contributive  qu'ils  en  payent  est  beaucoup  trop 
onéreuse  en  raison  du  mauvais  sol  de  leur  paroisse  qui  ne 
produit  que  très  peu  de  grains  de  toutes  espèces  et  ne  leur 
présente  aucune  autre  ressource.  Ils  ont  lieu  d'espérer  que 
le  gouvernement  aura  égard  à  leur  réclamation. 

Art.  2.  —  Les  corvées  étaient  autrefois  acquittées  par  le 
travail  que  chaque  corvéable  faisait  lui-même  ou  faisait  faire 
à  prix  d'argent.  L'infidélité  des  gens  préposés  à  la  conduite 
de  ces  travaux  en  a  prolongé  la  durée  et  retardé  beaucoup  la 
perfection  des  grandes  routes  qui  ont  été  ordonnées.  Il  a  plu 
au  ministère  de  changer  l'acquittement  des  corvées  en  les 
convertissant  en  argent  et  les  fixant  au  quart  du  principal  de 
la  taille  :  cette  nouvelle  imposition  est  on  ne  peut  plus  oné- 
reuse pour  les  corvéables  et  particulièrement  pour  l'agricul- 
teur. Il  est  à  désirer  que  cette  imposition  soit  diminuée  de 
beaucoup,  et  malgré  cette  diminution  les  travaux  de  roules 
se  perfectionneraient  très  promptement,  par  la  raison  que, 
cette  partie  d'administration  étant  confiée  aux  soins  de 
MM.  les  députés  des  commissions  intermédiaires  de  départe- 
ment, les  fraudes  qui  se  commettaient  autrefois  n'ont  plus 


540  BAILLIAGE    DE   BL01S 

lieu,  et  que  les  sommes  destinées  à  ces  travaux  y  sont  fidè- 
lement employées. 

Abt.  3.  —  Depuis  longtemps  le  Tiers  état  gémit  sous  le 
poids  des  impôts,  tandis  que  les  nobles  et  le  Clergé,  les 
exempts  et  privilégiés,  en  ont  été  jusqu'à  présent  dispensés. 
Le  moment  est  enfin  arrivé  où  cette  faveur  va  cesser,  et  on 
aime  à  se  persuader  que  ces  deux  Ordres  ne  se  refuseront 
pas  à  supporter  les  charges  de  l'État  pour  soulager  d'autant 
le  Tiers  état.  N'est-il  pas  équitable  que  ces  [Ordres"  et  les 
exempts  et  privilégiés  qui  font  partie  du  Tiers  état  cessent  de 
jouir  de  l'exemption  de  la  taille,  lorsqu'ils  font  valoir  leurs 
domaines?  C'est  un  moyen  dont  ils  se  servent  souvent  pour 
augmenter  leurs  revenus,  et  il  en  résulte  une  surcharge  d'im- 
position pour  les  contribuables. 

Les  habitants  de  cette  paroisse  ne  s'étendront  point     .     . 


Il  y  a  de  grandes  analogies  de  rédaction  entre  les  articles  2  et  3  de 
ce  cahier  et  les  articles  3  et  7  du  cahier  d'Oucques  qui  suit. 


OUCQUES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Gant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection,  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  haute  justice  de  Marchenoir  <*>  ;  moyenne  justice  ressortis- 
sant à  Marchenoir. 

Brigade  de  Vendôme. 

Deux  paroisses  :  Saint-Jean  et  Saint-Séverin. 

Marchés  :  le  mercredi. 

<!)  D'après  l'abbé  Bordas  [Chorographie  du  Dunois,  p.  166). 


CAHIER    D'OUCQUES  541 

Assemblées  :  le  24  juin  et  le  24  août. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  la  Brosse. 

Seigneur  en  1789  :  Jacques-Louis-Guy  Le  Coigneux,  chevalier, 
marquis  de  Belâbre. 

Population  en  1790  :  1.150  habitants  (y  compris  Yillegomblain  et 
Frouville). 

Taille  :  11.545  1.  (principal  :  5.300  1.  ;  accessoires  :  2.888  1.  ;  capi- 
tation  :  3.357  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  2.569  1.  ls. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  François-Richard  Girault,  maître  en  chirurgie,  syndic 
de  la  municipalité. 

Population  :  230  feux. 

Comparants  :  François  Pourmarin  ;  Sébastien  Cochin  ;  Jacques 
Bergeron  ;  Louis  Duru  l'aîné  ;  François  Duru-Granger  ;  Toussaint 
Yvonneau  ;  Jean  Auchet  ;  Pierre  Hamard  ;  Pierre  Augu  ;  Avelinne 
fils  ;  René  Archevêque  ;  Vincent  Chamot  ;  Toudereau  ;  Denis  Coura- 
tier  ;  Jacques  Guérin  ;  Leroy  le  jeune  ;  Pierre  Aussel  :  Pierre-Paul 
Riflault  ;  Pierre  Guignard  ;  François  Couratier  ;  Jean  Breton  ;  Pierre- 
Jean  Brizon  ;  Lepage  ;  Purichard  ;  Sylvain  Héron  ;  Loui  Hardy  ;  Jean 
Hallard  ;  Brière  ;  Lefèvre  ;  Jean  Guibert  ;  Mestivier  ;  Jean  Caillard  ; 
Georges  Richard  ;  Chahuneau  ;  Philippe  Baston  ;  Sylvain  Lucas  ; 
Mathieu  Brossier  ;  Pilon  ;  Rochain  ;  Louis  Fuzellier  ;  Jacques  Brizon; 
Jacques  Hallard  ;  Lemonier  ;  Pierre  Bouvet  ;  Mottu  ;  Joseph-Etienne 
Lemonnier  ;  Jacques  Philippe  Leroy  ;  Georges  Richard  ;  Mauger- 
Desloges  ;  François  Bellanger  fils  ;  Dupré  Papiou  ;  Claude  Briolet  ; 
Pilot  ;  Pierre-Thomas  Vendel  ;  Claude  Couturier  ;  Léonard  Servant  ; 
Jean  Besnard  ;  Lonis  Gorteau  ;  François  Robillard. 

Députés  :  Louis  Duru  l'ainé,  Pierre-Thomas  Vendel,  marchands,  et 
Pierre  Aussel,  maître  menuisier. 

Suivent  26  signatures.  «  A  l'égard,  dit  le  procès-verbal,  des  sieurs 


542  BAILLIAGE    DR   BL01S 

Cochin,  Denis  Couratier,  Lucas,  Bouvet,  Guibert  et  François Couratier, 
laboureurs,  ils  ont  déclaré  ne  vouloir  signer,  de  ce  interpellé.  » 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahiers  de  doléances  et  représentations  des  habitants  des 
paroisses  d'Oucques,  département  de  Chdteaudan, 
ressort  du  bailliage  présidial  de  Blois. 

Art.  1er. —  Représentent  lesdits  habitants  que  depuis  long- 
temps ils  gémissent  sous  le  poids  des  impositions  de  la  taille 
et  de  ses  accessoires.  Leur  communauté  est  composée  de 
230  feux  au  plus  ;  le  principal  de  leur  taille  est  de  5.300  li- 
vres, et  en  y  ajoutant  les  accessoires  la  totalité  de  cette  por- 
tion d'impôts  s'élève  à  une  somme  de  11.719  livres.  Il  serait 
bien  équitable  que  les  ministres  chargés  de  cette  branche  de 
l'administration  pensassent  à  soulager  cette  communauté. 

Art.  2.  —  Jadis  les  deux  hameaux  de  Frouville  et  du 
Petit-Villegomblain,  situés  paroisse  de  Saint-Jean-d'Oucques, 
étaient  réunis  au  général  desdits  habitants  pour  le  payement 
de  la  taille  et  l'acquittement  des  autres  impôts  et  charges 
publiques  ;  mais  ils  en  ont  été  désunis  par  le  crédit  de  leurs 
seigneurs.  Il  est  résulté  de  cette  désunion  que  Ton  n?a  pas 
distrait  du  rôle  des  tailles  d'Oucques  la  portion  juste  et  con- 
tributive de  ces  deux  hameaux  et  qu'il  en  est  resté  une  sur- 
charge pour  le  rôle  des  habitants  d'Oucques  qui  n'a  fait  que 
s'accroître  d'année  en  année.  Par  cette  réunion  on  éviterait 
des  frais  de  courvoi  W  pour  verser  les  deniers  royaux  dans 
les  coffres  du  receveur  particulier  des  finances  à  Chàteaudun, 
chef  lieu  de  l'élection. 

Art.  3.  —  Autrefois,  les  corvées  se  payaient  par  le  travail 
que  chaque  individu  faisait,  on  faisait  faire  à  prix  d'argent 
dont  il  convenait  avec  le  journalier.  Depuis  plusieurs  années 

<*)  De  transport. 


cahier  d'oucques  543 

cette  partie  d'administration  a  changé,  et  aujourd'hui  les 
corvées  se  payent  par  chaque  taillable  au  quart  du  principal 
de  son  imposition  de  taille.  Cette  nouvelle  imposition  est 
d'autant  plus  onéreuse  que  le  payement  en  est  exigible  tout 
à  la  fois  ;  il  serait  de  la  plus  grande  équité  que  le  gouverne- 
ment vint  au  secours  des  agriculteurs  et  autres  habitants  de 
la  campagne  en  diminuant  de  beaucoup  cette  partie  d'impôt. 
Ne  serait-il  pas  également  équitable  que  les  villes  affranchies 
de  cette  charge  la  supportassent  à  l'avenir?  Ne  jouissent- 
elles  pas  plus  que  les  habitants  de  la  campagne  de  l'utilité 
et  de  l'agrément  des  grandes  routes. 

Art.  4.  —  Le  bourg  d'Oucques  est  un  lieu  où  depuis  des 
siècles  est  établi  un  marché  de  blé,  autres  grains  et  denrées. 
Cet  endroit,  situé  à  12  lieues  de  distance  d'Orléans,  6  de 
Beaugency,  6  de  Blois,  6  de  Chàteaudun  et  4  de  Vendôme, 
est  un  entrepôt  dont  la  communication  n'est  pas  assez  fré- 
quente avec  lesdites  villes.  Ce  qui  en  est  la  cause  c'est  la 
difficulté  des  chemins  impraticables  aux  voitures  pendant 
6  mois  de  Tannée.  De  là  résulte  une  grande  diminution  dans 
la  valeur  du  marché  actuel  W,  comparée  avec  celle  des  temps 
reculés,  perte  *  notable  pour  l'agriculture,  le  marchand  et 
l'artisan  :  pour  l'agriculture  en  ce  que  le  transport  de  ses 
denrées  en  ville  lui  est  très  dispendieux,  pour  le  marchand 
en  ce  que  le  débit  est  moins  considérable,  pour  l'artisan  en 
ce  que,. le  concours  des  étrangers  étant  moins  nombreux,  il 
éprouve  de  la  diminution  dans  son  état.  Il  serait  à  désirer 
que  le  gouvernement  ordonnât  une  grande  route  de  commu- 
nication de  Blois  à  Chàteaudun  passant  par  Oucques  (*>,  et 

(*>  «  Il  y  a  toujours  3  sois,  4  sols  et  juqu'a  4  sols  1/2  (suivant  les  temps  pluvieux 
ou  non)  de  différence  du  prix  du  boisseau  d'Oucques  avec  20  livres  de  blé  de 
pareille  nature  vendues  à  Blois  ou  à  Chàteaudun...  Le  bois  se  vend  10  francs  la 
corde  dans  nos  cantons,  et  36  livres  à  Blois  distant  de  6  lieues,  et  il  en  est  géné- 
ralement de  même  de  toutes  les  productions.  »  (Mémoire  présenté  à  l'assemblée 
de  département  de  Chàteaudun  et  Vendôme,  le  23  octobre  1789,  Arch.  dép.  Eure- 
et-Loir,  C  4,  f»  16  v'). 

(*)  Les  habitants  d'Oucques  avaient  adressé  à  l'assemblée  de  département  de 
Blois  et  Roraorantin  un  mémoire  très  circonstancié  sur  la  nécessité  de  cette,  route 
(Arch.  dép.  Loir-et-Cher,  G  21).  Cf.  p.  466,  note  6. 


544  BAILLIAGE   DE   BL01S 

une  autre  de  Vendôme  à  Beaugency  aussi  passant  par  Ouc- 
ques,  où  elle  ferait  embranchement  avec  la  route  d'Orléans. 
Mais,  nous  objeclera-t-on,  vous  demandez  la  diminution  des 
corvées  ;  vous  êtes  en  contradiction.  Il  est  facile  de  faire  sen- 
tir le  contraire  ;  si  les  grandes  routes  qui  jusqu'à  présent 
sont  exécutées  ont  éprouvé  tant  de  lenteur  dans  leur  perfec- 
tion, elle  ne  provenait  que  de  la  mauvaise  et  frauduleuse 
administration  dos  gens  préposés  à  la  conduite  de  ces  tra- 
vaux :  aujourd'hui  les  travaux  avancent  avec  plus  de  rapi- 
dité, parce  qu'ils  sont  confiés  aux  soins  et  à  la  vigilance  des 
députés  composant  les  commissions  intermédiaires  des  as- 
semblées provinciales,  et  leur  bonne  administration  dispen- 
serait d'une  si  forte  contribution. 

Art.  5.  —  Les  terres  de  ce  pays  sont  chargées  envers  les 
seigneurs  laïques  ou  ecclésiastiques  de  rentes  foncières  soli- 
daires comme  non  solidaires,  en  argent,  en  grains,  de  droits 
de  dîmes  et  champarls  au  fur  depuis  la  sixième  jusqu'à  la 
vingtième  partie,  qui  sont  payables  avant  que  le  cultivateur 
ait  enlevé  de  son  champ  le  surplus  de  son  grain.  Il  serait  à 
souhaiter  que  ces  droits  fussent  fixés  en  argent  et  que  le 
remboursement  en  fût  permis  ;  il  en  résulterait  un  grand 
avantage  pour  l'agriculteur  qui  ne  serait  pas  privé  d'une 
partie  de  ses  engrais,  [ce]  qui  l'empêche  d'améliorer  son  fond. 

Art.  6.  —  Depuis  l'établissement  de  la  monarchie  française 
le  Tiers  état  supporte  seul  la  charge  des  impôts,  quoiqu'il 
soit  le  moins  riche  en  fonds  ;  lui  seul  est  le  soutien  de  FEtat 
qu'il  vivifie  par  son  commerce  et  par  l'agriculture.  N'est-il 
pas  juste  que  la  Noblesse  et  le  Clergé  supportent  leurs  por- 
tions contributives  des  impôts  en  proportion  des  fonds  qu'ils 
possèdent  ?  N'est-il  pas  juste  qu'on  y  assujettisse  aussi  cette 
partie  du  Tiers  état  comprise  sous  la  dénomination  d'exempts 
et  privilégiés  ?  Àh  !  qu'il  en  résulterait  un  grand  soulagement 
pour  le  reste  du  Tiers  état  ! 

Art.  7  —  Les  nobles,  le  Clergé  et  les  exempts  et  privilé- 
giés du  Tiers  état  peuvent  faire  valoir  leurs  domaines  sans 


CAHIER   DE    VILLEGOMBLAIN  545 

payer  de  tailles  ;  on  observe  avec  raison  que  cette  exemption 
n'est  pas  équitable  ;  c'est  un  moyen  dont  ils  se  servent  pour 
augmenter  leurs  revenus,  et  le  taux  des  tailles  que  payaient 
leurs  fermiers  tombe  en  pure  perte  à  la  charge  des  contri- 
buables. Il  est  à  désirer  que  le  gouvernement  mette  fin  à 
cette  exemption,  pour  soulager  d'autant  la  classe  du  Tiers 
état  assujettie  au  payement  de  la  taille. 

(Suivent  28  signature,  celles  de:  Aussel  ;  Duru  l'ai  né  ; 
Vendel  :  Girault,  syndic,  etc.) 

Il  y  a  de  grandes  analogies  de  rédaction  entre  les  articles  3  et  7  de 
ce  cahier  et  les  articles  2  et  3  du  cahier  de  Beauvilliers. 


VILLEGOMBLAIN 

(Hameau  de  la  paroisse  Saint-Jean  d'Oucques). 

Les  hameaux  de  Villegomblain  et  de  Frouville  de  la  paroisse  Saint- 
Jean  d'Oucques  formaient  des  communautés  distinctes  qui  avaient  leur 
municipalité  et  leurs  rôles  d'impositions  séparés.  Ils  tinrent  chacun 
une  assemblée  pour  l'élection  des  députés  aux  Etats  généraux  <*). 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir.  — 
Comm.  :  Oucques. 

Généralité  :  Orléans.  —  Election  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  Fleuriau. 

Taille  :  2.306  1.  (principal  :  1.0501.;  accessoires  :  591  1.;  capita- 
tion  :  665  1.). 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 
(*)  Le  manuscrit  de  Jousse  ne  donne  aucune  indication  sur  ces  hameaux. 


48 


546  BAILLIAGE   DE    RLOIS 

PROCÈS-VERBAL 

Date:  8  mars  4789. 

Président  :  Louis  Halle,  syndic  de  la  municipalité. 

Population  :  48  feux. 

Comparants  :  Louis  Leroux  ;  Biaise  Tassin  ;  Jean  Rabier  ;  Jean 
Nouvellon  ;  Sylvain  Martin  ;  Jean  Hallard  ;  Louis  Gourdin  ;  Louis 
Halle  le  jeune  ;  Noël  Marinier  ;  Toussaint  et  Louis  Peschard  ;  Mathieu 
Halle  ;  Michel  Rivière  ;  Jacques  Peschard  ;  Louis  Doré  ;  Pierre  Colo- 
miers  ;  Jacques  Sansom  ;  Jean  Vurgère  ;  Pierre  Hutteau  ;  Louis 
Peschard  ;  Philippe  Percheron  ;  Jean  Peschard  ;  Jacques  Bru  ;  Joseph 
Hubert  ;  Charles  Fuchard  ;  Noël  Hallard  ;  Aignan  Dugué  ;  François 
Halle  ;  Louis  Redoin. 

Députés  :  Jacques  Gauchard  et  Pierre  Fournier. 

Suivent  6  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  des  habi- 
tants du  hameau  de  Villegomblain,  département  de 
Chdleau[dun)9  et  du  ressort  du  bailliage  royal  de  Blois, 
pour  être  présenté  par  leurs  députés  à  l'assemblée  des 
trois  Étals  dudit  bailliage,  qui  sera  tenue  audit  Blois 
le  9  présent  mois. 

Art.  1er.  —  Demandent  lesdits  habitants  soussignés,  que 
le  résultat  du  Conseil  du  Roi  du  27  décembre  dernier  soit 
exécuté  selon  sa  forme  et  teneur. 

Art.  2.  —  Une  diminution  dans  le  prix  du  sel  :  cette 
diminution  diminuera,  il  est  vrai,  le  revenu  du  Roi,  mais 
ce  déficit  se  trouvera  plus  que  compensé  si  Ton  assu- 
jettit à  la  gabelle  tous  les  privilégiés  qui  ont  leur  franc- 
salé. 

Art.  3.  —  Que  la  taille  et  toutes  espèces  d'impôts  soient 
payés  et  également  répartis  sur  tous  les  sujets  du  Roi,  sans 


CAHIER   DR    VILLEG0MBLA1N  547 

distinction  de  personne  ni  de  privilège,  en  raison  des  facul- 
tés et  propriétés  d'un  chacun. 

Art.  4.  —  Que  les  dîmes,  terrages  et  champarts  soient 
convertis  en  une  prestation  en  argent  pour  les  propriétaires 
et  usufruitiers  de  ces  droits,  en  les  fixant  à  un  prix  moyen. 
II  en  résulterait  pour  le  cultivateur  deux  grands  avantages  : 
1°  il  serait  dispensé  de  charroyer  premier  au  chef-lieu  de 
ces  dîmes  et  terrages  les  gerbes  que  les  décimateurs  et  ter- 
rageux  auraient  prélevées  dans  son  champ,  pour  laisser  les 
siennes  exposées,  soit  à  la  voracité  des  gens  de  mauvaise 
foi,  soit  qu'elles  soient  endommagées  par  les  bestiaux  d'au- 
trui,  ou  enfin  exposées  aux  orages  très  fréquents  dans  cette 
saison  ;  2°  et  il  ne  verrait  pas  avec  douleur  enlever  de  son 
champ  les  agrats  destinés  à  l'amélioration  de  ses  terres. 

Art.  5.  —  Que  la  corvée  en  nature  soit  rétablie  comme 
par  le  passé,  la  prestation  en  argent  étant  plus  onéreuse  à 
chaque  individu  par  la  lenteur  que  l'on  met  à  exécuter  ces 
travaux  publics,  qui  est  occasionnée  par  la  mauvaise  admi- 
nistration des  personnes  à  qui  ces  travaux  sont  confiés  ;  et 
cet  impôt  doit  être  pareillement  supporté  par  tous  les 
sujets  du  royaume,  sans  exemptions  de  personnes  ni  de  pri- 
vilèges. 

Art.  6.  —  Demandent  les  soussignés  la  suppression  de 
tous  les  bénéfices  simples,  ou  au  moins  que  l'on  prenne  sur 
ces  bénéfices  des  fonds  suffisants  pour  former  dans  chaque 
paroisse  des  établissements  de  charité,  qui  détruiront  ou  au 
moins  diminueront  la  mendicité  qui  grève  infiniment  le  cul- 
tivateur. 

Art.  7.  —  Demandent  lesdits  habitants  la  suppression 
des  receveurs  particuliers  établis  dans  chaque  élection  ;  les 
collecteurs  de  chaque  paroisse  seront  alors  tenus  de  verser 
les  deniers  de  leur  recette  entre  les  mains  de  leur  intendant 
départi  dans  chaque  généralité,  moyennant  une  modique 
rétribution  que  l'on  accordera  de  plus  aux  collecteurs  pour 
les  dédommager  de  leurs  frais  de  voyage. 


548  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

Art.  8.  —  Enfin  demandent  les  soussignés  qu'il  soit  créé 
et  établi  dans  chaque  province  des  Conseils  supérieurs 
pour  rendre  la  justice  en  dernier  jressort].  À  ce  moyen, 
Ton  abrégerait  la  longueur  des  procédures  à  la  capitale, 
qui  entraîne  le  plus  souvent  la  ruine  entière  des  familles. 

Art.  9.  —  Enfin  lesdits  habitant*  ont  donné  pouvoir  et 
puissance  à  leurs  députés  de  présenter  et  faire  valoir  les  ar- 
ticles ci-dessus  et  autres  qu'ils  jugeront  bon  être  par  raison, 
et  même  d'élire  telles  personnes  suffisantes  et  capables  avec 
les  autres  paroisses  el  juridictions  dépendantes  dudit  bail- 
liage de  Blois  el  autres  pour  assister  aux  Etats  généraux  du 
royaume 

Fait  et  arrêté  par  nous,  habitants  du  hameau  du  Pelit- 
Villegomblain,  ce  8  mars  1789,  el  avons  signé,  fors  lesnon- 
signants  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir,  de  ce  enquis  pour  satis- 
faire à  l'ordonnance. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Fournier  ;  Gauchard  ; 
Halle,  syndic,  etc.) 


FROUVILLE 

(Hameau  de  la  paroisse  Saint-Jean  d'Oucques  (l>) 


Dép.  :  Loir-et-Cher.   —  Arr.  :   Blois.  —  Cant.  :   Marchenoir.  — 
Comm.  :  Oucques. 

Généralité:  Orléans.  — élection  :  Ch&teaudun.  — Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Blois. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1708  :  marquis  de  Beauharnais. 

Seigneur  en  1789  :  Antoine-Marie-Hippolyte,  comte  de  Saint-Cha- 
mans,  lieutenant  général  des  armées  du  Roi,  gentilhomme  d'honneur 

0)  Cf.  p.  54o. 


CAHIER    DR    FR0UV1LLE  549 

de  M.  le  comte  d'Artois,  frère  du  Roi,  seigneur  de  Frouville  et  Ville- 
trun. 

Taille  :  536  1.  (principal  :  300 1.  :  accessoires  :  46  1.  ;  capita- 
tion  :  490  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  328  1.  48  s. 

PROCES-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Philippe  Auger,  syndic. 

Population  :  43  feux. 

Comparants  :  Michel  Boyer  ;  Antoine  Després  ;  Biaise  Després  ; 
Pierre  Bouvet  ;  Jacques  Lacroix  ;  Philippe  Chevereau  ;  Jacques 
Auger  ;  Jean  Maury. 

Députés  :  Antoine  Després  et  Pierre  Grain. 

Suivent  4  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  du  hameau 
[ou  village)  de  Frouville,  diocèse,  bailliage  présidial 
de  Mois,  pour  [f 'assemblée]  des  États  généraux. 

Le  cahier  de  Frouville  est  la  copie  textuelle  du  cahier  de  Villeneuve 
Frouville  qui  suit,  sauf  la  suppression  d'un  certain  nombre  de  phrases, 
notamment  du  passage  :   «  Plusieurs  d'entre  eux  ont  appris  à  penser 

autrement Ce  monstre  horrible  dévore  également  le  père  et  les 

enfants  »  (pp.  552  à  554),  et  du  passage  :  «  Les  privilèges,  les  exemp- 
tions de  rang les  frais,  les  peines  du  voyage,  le  droit  d'entrée, 

n'est  que  pour  eux  »  (pp.  555  à  556).  En  outre,  aux  9  articles  du  cahier 
de  Villeneuve-Frouville,  celui  de  Frouville  ajoute  le  suivant  : 

10°  Qu'on  laisse  toujours  notre  hameau  ou  village  pour 
payer  la  taille  comme  il  est  aujourd'hui,  quoiqu'étant  de 
même  élection  et  de  même  paroisse,  attendu  qu'il  n'y  a  ni 


550  BAILLIAGE   DE   BL01S 

commerce  ni  trafic  comme  dans  celle  d'Oucques  d'où  nous 
avons  été  tirés,  et  qu'en  conséquence  de  l'industrie  [et]  du 
commerce  nous  n'y  soyons  point  compris. 

Fait  et  arrêté  à  Frouville,  le  8  mars  1789,  par  nous,  syndic 
et  habitants  dudit  hameau  ou  village  soussignés,  fors  les  non- 
signants  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir,  de  ce  interpellés  suivant 
l'ordonnance. 

(Suivent  4  signatures,  celles  de  :  Biaise  Després  ;  Philippe 
Auger,  syndic,  etc.) 


VILLENEUVE-FROUVILLE 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Châteaudun.  —  Grenier  à  sel  : 
Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  de  Marchenoir  <J). 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Lelé. 

Population  en  1790  :  140  feux. 

Taille  :  1.410  1.  (principal  :  660  1.;  accessoires  :  331  1.  ;  capitation  : 
4191.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant.. 

Vingtièmes  :  701  1.  16  s. 

PROCÈS -VERBAL 

Date  :  lor  mars  1789. 
Président  :  Jean  George,  syndic. 

<<)  D'après  l'abbé  Bordas  {Chorographie  du  DunoU,  p.  218).   Le  manuscrit  de 
Jousse  porte  :  «  Justice  ressortissant  a...  [en  blanc]  ». 


CAHIER    DE    VI LLENEUVE-IROU VILLE  551 

Population  :  35  feux. 

Comparants  :  Antoine  Marchau,  René  Masson,  Pierre  Bouvet, 
Pierre  Biguier,  laboureurs  ;  Jacques  Gaulendeau,  Pierre  Chandon 
père  et  fils,  François  Leroux,  Pierre  Genty,  François  Boucher,  Jean 
Barault,  Pierre  Georges,  François  Lecompte,  Pierre  Breton,  René 
Gabillau,  Guillaume  Gendret,  Louis  Vervant,  journaliers. 

Députés  :  Antoine  Marchau  et  Louis  Vervant. 

Suivent  9  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  des  plaintes,  doléances  et  remontrances  de  la 
paroisse  de  Villeneuve-Frouville,  diocèse,  bailliage 
présidial  de  Mois,  pour  rassemblée  des  États  généraux. 

Nous,  syndic,  membres  de  la  municipalité,  syndic  de 
paroisse,  marguilliers,  fabriciens,  collecteurs  et  autres  habi- 
tants, tous  taillables,  âgés  de  25  ans  et  au-dessus,  en  charge 
ou  non  en  charge,  soussignés  ou  déclarant  ne  le  savoir,  de 
ce  interpellés,  de  la  paroisse  de  Villeneuve-Frouville  en 
Dunois  dépendante  par  appel  du  ressort  du  bailliage  prési- 
dial de  Blois,  en  vertu  de  la  lettre  du  Roi  et  du  règlement 
porté  à  la  suite  d'icelle  le  24  janvier,  et  de  l'ordonnance  de 
M.  le  lieutenant  général  du  bailliage  de  Blois  en  date  du  12 
du  mois  de  février  dernier,  rendue  sur  le  réquisitoire  du 
procureur  du  Roi  dudit  siège,  faisant  droit  à  ses  conclusions, 
convoqués  et  assemblés  de  la  manière  accoutumée  à  l'effet 
de  rédiger  les  cahiers  de  plaintes,  doléances  et  remontrances 
que  nous  entendons  faire  à  Sa  Majesté  à  l'assemblée  des 
Etats  généraux  qui  se  tiendra  à  Versailles  le  27  avril  pro- 
chain, selon  sa  demande  et  ses  désirs,  enhardis  par  cette 
marque  d'estime  et  de  tendresse  que  notre  auguste  souverain 
donne  à  ceux  de  ses  sujets  qu'on  regarde  injustement  comme 
les  derniers  de  son  royaume,  pour  répondre  à  ses  vues  bien- 
faisantes, seconder  ses  vœux,  entrer  dans  le  nouveau  plan  du 
bien  public,  contribuer  et  participer  en  notre  particulier  aux 


552  BAILLIAGE    DE   BLOIS 

avantages  de  la  sage  administration  qu'on  a  lieu  d'espérer 
de  la  tenue  des  Etats  généraux,  avons  usé  de  la  liberté  qu'on 
nous  accorde  de  joindre  nos  réflexions  simples  et  naïves 
avec  celles  des  plus  grands  génies  et  des  plus  fortes  têtes  de 
la  Nation.  L'ordre  du  Roi,  la  faiblesse  de  nos  lumières  nous 
excusent  d'avance  si  elles  ne  sont  pas  aussi  bien  présentées 
que  notre  intérêt  et  celui  des  autres  Ordres  paraissent  le 
demander;  c'est  la  connaissance  de  notre  situation  qui  doit 
nous  conduire  aux  plaintes  et  doléances  que  nous  voulons 
faire. 

Notre  paroisse,  les  voisines  et  généralement  toutes  les 
paroisses  de  campagne  ne  sont  habitées  que  par  deux  espèces 
d'hommes,  les  colons  et  les  journaliers  qui  les  aident  dans 
leurs  fonctions.  Laboureurs  ou  vignerons,  peu  importe,  par- 
tout ce  sont  de  malheureux  mercenaires,  qui  n'ont  pour 
subsister  de  ressources  que  dans  la  vigueur  de  leurs  bras, 
la  force  de  leur  constitution,  presque  semblables  aux  escla- 
ves. La  propriété  n'est  qu'un  nom  pour  eux  ;  pourraient-ils 
l'acquérir  par  la  modicité  du  gain  de  leurs  travaux,  souvent 
insuffisant  pour  les  nourrir  eux  et  leur  famille?  Les  proprié- 
taires des  terres  qu'ils  exploitent  sont  les  nobles,  le  haut 
Clergé,  les  communautés  séculières  et  régulières,  les  habi- 
tants des  villes  qu'ils  appellent  bourgeois.  Réduits  par  la 
misère  de  leur  condition  à  cultiver  le  champ  d'autrui,  ils 
savent  qu'on  les  regarde  comme  les  derniers  des  sujets. 
Plusieurs  d'entre  eux  ont  appris  à  penser  autrement.  Le 
premier  de  tous  les  arts,  la  plus  noble  de  toutes  les  profes- 
sions, est  sans  contredit  celle  qui  est  la  plus  nécessaire  aux 
hommes,  et  c'est  à  leur  avis  l'agriculture  ;  d'où  ils  concluent 
qu'elle  devrait  être  [la]  plus  honorée,  la  plus  protégée. 
L'agriculture  produit  les  hommes  par  les  fruits  de  la  terre, 
et  les  fruits  de  la  terre  par  les  hommes.  Les  productions  de 
la  terre  sont  la  matière  première,  le  fonds,  la  source  inépui- 
sable des  richesses  de  l'Etat.  Si  l'agriculture  est  le  principe 
de  la  population,  elle  l'est  aussi  du  commerce.  La  surabon- 
dance des  denrées  de  première  nécessité  dans  les  années 


CAHIER    DE    VILLENEUVE-FROUVILLE  553 

heureuses,  en  refluant  sur  l'étranger,  rapporte  à  la  patrie 
d'autres  denrées  moins  nécessaires,  qui  procurent  les  aisan- 
ces et  les  commodités  de  la  vie.  Ce  ne  sont  pas  les  cultiva- 
teurs qui  en  jouissent,  leurs  facultés  ne  le  permettent  pas  ; 
ils  ne  se  plaignent  pas  même  de  la  privation   des  aisances 
que  leur  travail  assure  aux  autres  citoyens.  Leurs  demandes 
se  bornent  et  se   réduisent  au  simple  nécessaire.  Telle  est 
donc  l'influence  de  l'agriculture  sur  le  commerce  ;  elle  lui 
donne  naissance,  elle  en  est  l'âme  et  le  soutien.  N'insistons 
pas  sur  une  vérité  si  inconnue  autrefois,  mais  si  claire,  si 
évidente  aujourd'hui  ;  dans  ce  siècle  éclairé,  les  bons  esprits 
sont  revenus  des  erreurs  et  des  préjugés  gothiques  de  leurs 
pères.  Des  éloges  donnés  à  propos,  des  récompenses  distri- 
buées en  certains  cantons  par  des  seigneurs  bienfaisants  et 
humains  aux  laboureurs  les  plus  experts,  les  plus  versés  dans 
leur  art,  ont  piqué  l'émulation,   encouragé  le  zèle  comme 
l'activité  des  colons,  réveillé  l'attention  du  public  sur  une 
profession  si  intéressante.  Il  faut  en  convenir,  l'agriculture 
n'est  pas  si  avilie,  si  méprisée  qu'autrefois;  on  la  regarde 
d'un  autre  œil  ;  on  commence  à  lui  donner  faveur  dans  l'opi- 
nion publique.  Quelle  contradiction  dans  les  mœurs  !  Ceux 
qui  exercent  cet   art   si  utile  n'ont  pourtant  point  encore 
acquis  que  dans  l'esprit  du  prince  le  degré  d'estime  et  d'in- 
térêt qu'ils  méritent.  On  a  détourné  les  yeux  de  dessus  eux, 
de   peur  d'apercevoir  leurs  misères  et  d'y  être  sensible  ; 
plusieurs  Ordres  dans  l'État  se  sont  ligués  contre  eux,  comme 
s'ils  avaient  juré  sur  leur  tête  l'extinction  et  la  ruine  de  la 
race  agricole.  Oui  ceux-mêmes  qui  attendent  tout  de  son 
secours  ont  été  ses  plus  grands  ennemis.   Les  uns  ont  sur- 
pris, trompé  la  religion,  la  justice  de  plusieurs  monarques, 
par  de  faux  mémoires,  des  exposés  trompeurs  qui  suppo- 
saient au  peuple  de  la  campagne  une  aisance  dont  il  était 
réellement  privé,  pendant  que  la  voix  de  leur  indigence,  le 
cri  de  leur  douleur,  ne  pouvait  parvenir,  percer  jusqu'au 
pied  du  trône.  Les  autres  ont  tendu  des  pièges  à  sa  simpli- 
cité, en  leur  proposant  des  marchés  ruineux  et  désespérants; 

18. 


554  BAILLIAGE   DR    H  LOI  S 

ils  leur  ont  offert  des  terres  arides  et  incultes  à  défricher, 
sur  lesquelles  ils  ont  assis  de  trop  fortes  redevances  ;  de  là 
les  droits  de  terrage  si  exorbitants  en  certaines  paroisses  où 
on  prélève  la  septième  partie  des  fruits  de  la  terre,  comme 
en  celle-ci.  Ces  conventions,  justes  en  elles-mêmes,  ont 
formé  des  droits  actuellement  injustes  envers  les  détenteurs, 
à  cause  de  la  lésion  causée  par  l'ingratitude,  la  stérilité  d'un 
sol  épuisé  qui  demanderait  trop  de  dépenses,  injustes  envers 
la  république,  par  le  découragement  que  donnent  aux  colons 
des  marchés  ruineux,  l'abandon  des  terres,  la  perte  des  fruits 
qu'on  y  récolterait. 

Ce  n'est  là  que  le  prélude  de  leurs  maux.  C'est  pour  eux 
que  l'hydre  de  la  finance,  si  fertile  en  expédients,  qui  se 
produit,  se  multiplie  sous  tant  de  formes,  a  des  entrailles  de 
fer.  Ce  monstre  horrible  dévore  également  le  père  et  les  en- 
fants. La  finance  est  un  gouffre  où  tout  entre,  et  dont  rien 
ne  sort,  où  s'engloutit  la  fortune  du  prince  et  de  ses  sujets. 
Les  fermiers  généraux,  les  intendants,  les  receveurs  des 
tailles  sont  presque  les  seuls  qui  s'engraissent  de  la  substance 
du  peuple.  Les  sommes  immenses,  produit  des  tailles  des 
paroisses,  passent  par  trop  de  mains  avides  et  tenaces  ;  elles 
s'arrêtent  en  passant  par  les  canaux  impurs  établis  pour  les 
voiturer  jusqu'au  trésor  royal  ;  ainsi  elles  épuisent  le  citoyen, 
sans  suffire  aux  charges  de  l'État. 

Les  ministres  infidèles  ne  sont  pas  punis;  ils  emportent, 
pour  récompense  d'avoir  ruiné  l'Etat,  d'énormes  pensions 
capables  de  le  ruiner  une  seconde  fois.  Leur  instabilité  causée 
aussi  quelquefois  par  les  brigues  de  la  cour,  est  également 
ruineuse,  soit  par  les  charges  ou  les  nouveautés  dans  Tadmi- 
nistration,  l'impunité  des  malversations,  les  invites  au  bri- 
gandage le  plus  affreux.  Il  est  triste,  il  est  humiliant  pour  la 
France,  de  ne  pas  trouver  chez  elle  un  Necker. 

Ce  n'est  pas  tout.  Les  contributions  pour  les  corvées,  ne 
sont  pas  toujours  employées  à  leur  destination  ;  les  mêmes 
ouvrages  sont  souvent  payés  deux  fois;  l'exécution  des 
entreprises    se    prolonge    trop    longtemps  ;    les    injustices 


CAHIER    DE    VILLENEUVE-FROUVILLE  555 

des  inspecteurs  et  autres  officiers  qui  président  aux  tra- 
vaux publics,  sont  si  multipliées,  si  criantes,  si  publiques, 
qu'elles  sont  aperçues  des  gens  les  plus  simples.  Des  ou- 
vriers de  province  se  chargeraient  des  mêmes  entreprises, 
les  exécuteraient  plus  promptement,  plus  fidèlement,  plus 
judicieusement;  la  dépense,  le  prix  seraient  moindres  des 
deux  tiers.  Les  règlements  nouveaux  n'y  font  rien  ;  c'est 
toujours  le  peuple  qui  perd  quand  le  souverain  est  trompé  : 
la  charge  de  celui  qui  paye  l'impôt  croit  toujours  en  propor- 
tion des  infidélités  de  ceux  qui  doivent  l'appliquer  à  son 
objet.  Tous  ces  abus  ont  rendu  les  corvées  royales  cent  fois 
plus  intolérables  que  les  féodales. 

La  ferme  des  gabelles  nourrit  et  soudoie  une  troupe  de 
bandits  qui  font  la  guerre  aux  sujets  du  prince;  ce  sont  des 
sangsues  véritables  qui  ne  laissent  pas  une  goutte  de  sang 
dans  les  veines,  une  vermine  qui  ronge  jusque  dans  la  moelle 
des  os  ;  de  vils  employés,  d'autres  qui  usurpent  quelquefois 
le  titre  menaçant  et  terrible,  viennent  extorquer  aux  gens 
timides  de  la  campagne  des  sommes  d'argent  pour  des  con- 
traventions supposées,  ou  forcer  pour  l'observance  de  la  loi 
fiscale  de  dépenser  avec  profusion  dans  les  ménages  un  sel 
que  la  nature  offre  et  qu'on  fait  acheter  si  cher. 

Les  privilèges,  les  exemptions  de  rang,  de  naissance,  d'of- 
fice sont  injustes  et  agravent  le  joug  du  fisc,  pour  le  bas 
peuple.  Toute  prééminence  qui  ne  tourne  pas  au  profit  géné- 
ral est  destructive  ;  c'est  une  bassesse  de  faire  valoir  les  dis- 
tinctions qu'on  a  reçues  de  ses  pères  pour  se  soustraire  aux 
charges  de  la  société  qui  doivent  être  communes. 

Les  droits  d'entrée  sur  les  comestibles  que  le  shabitants  de 
campagne  portent  aux  villes,  lesoctrois  établis  pour  leur  embel- 
lissement ne  devraient  être  supportés  que  par  ceux  qui  jouissent 
de  ces  agréments;  un  malheureux  paysan  baigné  de  sueurs, 
excédé,  épuisé  de  fatigue,  conduit  à  la  ville  de  quoi  nourrir 
ou  chauffer  les  habitants,  et  il  n'est  accueilli  que  par  un 
misérable  commis  de  porte,  qui  ne  le  laisse  passer  qu'après 
l'avoir  menacé  et  forcé  de  payer  son  passage,  celui  de  ses 


556  BAILLIAGE    DK    BL0I8 

chevaux  ou  de  ses  provisions.  Qu'on  ne  dise  pas  que  ceux 
des  villes  achetant  plus  cher,  supportent  ce  fardeau  ;  le  con- 
traire est  démontra  ;  il  arrive  souvent  que  les  habitants  de  la 
campagne  ont  refusé  chez  eux  le  prix  des  denrées  auquel  ils 
ont  été  forcés  de  les  vendre  à  la  ville  ;  les  frais,  les  peines  du 
voyage,  le  droit  d'entrée,  n'est  que  pour  eux. 

Abrégeons  ce  tableau  qui  fait  horreur  à  l'humanité  ;  les  per- 
sonnes plus  instruites  qui  prendraient  notre  cause  en  main,  pré- 
senteraient aux  États  généraux  ce  tableau  dune  manière  encore 
plus  touchante.  De  tout  ce  que  nous  avons  exposé  il  résulte  que 
les  habitants  de  la  campagne  sèment,  labourent,  moissonnent 
sans  recueillir  ;  que  les  travaux  de  la  terre  sont  leur  partage 
dans  l'état  actuel,  que  les  fruits  sont  pour  les  autres.  La 
terre  doit  nourrir  tous  les  hommes,  c'est  la  loi  de  la  nature. 
Ne  devrait-elle  pas  nourrir  de  préférence  ceux  qui  la  culti- 
vent pour  la  rendre  féconde  ?  Arrosée  de  leurs  sueurs,  elle 
devient  fertile  :  mais  pour  eux  elle  est  ingrate  et  stérile.  La 
malice,  l'iniquité  des  autres,  Ta  rendue  telle  pour  eux.  Ce 
précis  de  notre  triste  situation  nous  conduit  aux  plaintes  et 
doléances,  aux  très  humbles  remontrances  que  nous  désirons 
être  faites  à  Sa  Majesté,  lors  de  la  tenue  des  Etals  généraux. 

D'après  ces  principes,  persuadés  que  la  prospérité  du 
royaume,  le  bonheur  du  Koi,  celui  de  ses  sujets,  les  richesses, 
la  splendeur  de  la  Nation,  la  sûreté,  la  tranquillité  publique, 
dépendent  des  encouragements  qu'on  donnerait  à  l'agricul- 
ture, de  la  sage  et  juste  administration  des  finances,  de 
l'abréviation  de  la  voie  de  perception  dans  les  impôts,  de  la 
bonne  conduite  et  de  la  stabilité  des  ministres,  de  la  juste 
répartition  dans  les  tributs,  de  l'abolition  des  privilèges,  de 
la  suppression  des  employés  dans  les  gabelles,  de  la  sûreté 
et  l'activité  du  commerce,  nous  remontrons  et  demandons  : 

Art.  1er.  —  Qu'on  nous  permette  de  délibérer  à  part,  sans 
être  confondus  avec  les  habitants  des  villes  ;  que  les  délibé- 
rations se  fassent  par  Ordre  et  non  par  tète,  à  cause  de  1  in- 
fluence des  gros  propriétaires  qui  pourrait  nous  être  préju- 


CAHIER    DE    V1LLENEUVE-FR0UVILLE  557 

diciable  en  entraînant  les  suffrages  ;  que  le  nombre  des 
députés  des  campagnes  soit  proportionné  à  la  quantité  par 
laquelle  ils  excèdent  les  habitants  des  villes,  c'est-à-dire 
qu'étant  plus  nombreux  d'un  tiers,  ils  aient  aux  États  géné- 
raux un  tiers  de  députés  plus  qu'eux. 

Art.  2.  —  Qu'on  fasse  de  sages  établissements  pour 
honorer,  protéger,  animer  l'agriculture,  tels  qu'on  les  jugera 
convenables  ;  qu'on  modère  les  droits  trop  onéreux  de  ter- 
rage,  en  les  réduisant  selon  les  principes  du  droit  naturel  à 
la  juste  proportion  des  fruits  que  la  terre  peut  donner. 

Art.  3.  —  Qu'on  ne  parle  plus  de  capitation,  de  brevets 
accessoires  ;  que  ces  impositions  soient  rejetées  dans  l'impôt 
principal,  auquel  on  donnera  le  nom  qu'on  jugera  convenable, 
impôt  qui  soit  assis  sur  la  propriété  et  l'exploitation,  dont 
les  deux  tiers  à  la  charge  des  propriétaires,  et  l'autre  tiers  à 
la  charge  des  fermiers,  selon  la  nature  et  rétendue  de  leur 
exploitation  ;  que  cet  impôt  soit  modéré  et  ne  soit  pas  sus- 
ceptible dune  grande  augmentation,  parce  que  le  terme 
moyen  du  produit  des  terres  dans  les  bonnes  et  mauvaises 
années  ne  peut  augmenter;  que  dans  le  cas  d'insuffisance  de 
cet  impôt  pour  les  besoins  de  l'État,  on  ait  le  droit  d'en 
établir  un  autre  sur  toutes  les  marchandises  de  luxe,  qui 
serait  alors  payé  par  les  gens  riches  et  aisés. 

Art.]  4.  —  Qu'on  ne  donne  pas  de  si  fortes  pensions  aux 
ministres  ;  qu'on  accorde  celle  qui  serait  fixée  par  une  nou- 
velle loi  qu'à  ceux  qui  seraient  jugés  l'avoir  méritée  par  leurs 
bons  services  ;  que  les  ministres  prévaricateurs  soient  obli- 
gés de  rendre  compte  de  leur  conduite  ;  en  cas  de  malversa- 
tion, qu'on  les  punisse  réellement  ;  que  leurs  biens  soient 
confisqués  au  profit  de  l'État. 

[Art.]  5.-—  Qu'à  l'égard  des  impôts  il  n'y  ait  plus  de  distinc- 
tions, d'exemptions,  soit  de  rang,  soit  d'office,  tels  (sic)  qu'ils 
soient  ;  que  tous  se  fassent  un  égal  honneur  de  contribuer 
selon  leurs  facultés  aux  charges  publiques  et  au  soutien  de 


558  BAILLIAGE    DE    BL01S 

l'État  ;  en  un  mot  que  tous  les  citoyens  soient  égaux  sous  ce 
rapport. 

[Art.]  6.  —  Que  les  gabelles  soient  détruites,  les  employés 
renvoyés  chez  eux  ;  que  le  sel  soit  libre  et  vénal,  comme  dans 
le  Poitou,  le  Limousin  et  ailleurs  ;  qu'il  n'y  eût  point  de  bigar- 
rure sur  cet  article  dans  les  différentes  provinces  de  France. 

[Art.]  7.  —  Qu'on  supprime  les  intendants,  les  receveurs 
des  tailles  ;  que  le  produit  de  chaque  paroisse  soit  directe- 
ment porté  à  une  caisse  de  généralité  par  les  collecteurs 
ayant  plus  fort  droit  de  collecte,  pour  de  là  être  versé  dans 
les  coffres  du  Roi.  Cette  voie  moins  coûteuse  au  peuple  rap- 
portera plus  au  souverain.  A  moins  qu'on  n'aime  mieux  que 
chaque  province  soit  abonnée  pour  ses  impôts,  comme  la 
province  de  Normandie  Fa  autrefois  demandé.  Ainsi  qu'on 
brise  le  sceptre  de  fer  des  fermiers  généraux,  plus  riches  que 
leur  maître  par  la  dépouille  de  ses  enfants. 

[Art.]  8.  —  Que  les  corvées  soient  à  la  charge  de  chaque 
province  par  le  ministère  des  administrations  provinciales  ; 
qu'on  fasse  des  lois  sévères  pour  réprimer  les  abus,  les  infi- 
délités, et  qu'on  fasse  en  conséquence  droit  aux  contri- 
buables qui  pourraient  faire  le  rapport  des  fraudes  et  des 
injustices  qu'ils  auraient  aperçues  et  auxquelles  ils  ont  tant 
d'intérêt  de  s'opposer  ;  que  cette  contribution  sont  refon- 
due dans  l'impôt  unique,  dont  on  laisserait  une  partie  entre 
les  mains  des  administrateurs  provinciaux  pour  cet  objet. 

[Art.]  9.  —  Qu'on  abolisse  pour  les  habitants  des  cam- 
pagnes les  droits  d'entrée  et  d'octrois  des  villes,  et  qu'elles 
soient  entretenues  ou  embellies  aux  dépens  de  ceux  qui  les 
habitent. 

Fait  et  arrêté  à  Villeneuve-Frou ville,  le  1er  mars,  par 
nous,  syndic  et  habitants  de  ladite  paroisse  soussignés,  fors 
les  non-signants  qui  ont  déclaré  ne  le  savoir,  de  ce  interpel- 
lés suivant  l'ordonnance,  ce  dit  jour  1er  mars  1789. 

(Suivent  9  signatures,  celles  de  :  Jean  George,  syndic  de 


CAHIER    DE   CONAN  559 

de  la  municipalité  ;  Antoine  Marchau,  député  ;  Vervant,  gref- 
fier, député,  etc.). 

Ce  cahier  présente  de  nombreux  passages  textuellement  identiques 
au  cahier  du  hameau  de  Frouville,  qui  est  presque  entièrement  extrait 
de  celui-ci. 


CONAN 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Blois.  —  Grenier  à  sel  :  Ven- 
dôme. —  Diocèse  :  Blois. 

Haute  justice  ressortissant  à  Marchenoir. 

Brigade  de  Vendôme. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Beaulieu. 

Seigneur  en  1789  :  Jean-Baptiste  Chevalier,  écuyer,  maréchal  de 
camp,  ancien  gouverneur  de  Chandernagor. 

Population  en  1790  :  350  habitants. 

Taille  :  3.608  1.  (principal  :  1.700  1.;  accessoires  :  831  1.;  capitation. 
1.077  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  noblesse  (1  contribuable)  :  300  1. 

Vingtièmes  :  889  1.  7  s. 

PROCES-VERBAL 

Date  :  8  mars  1789. 

Président  :  Jean-Baptiste  Bonneau,  huissier  royal  en  la  baronnie 
de  Marchenoir,  demeurant  à  Oucques,  «  mandé  à  l'effet  de  présider 
l'assemblée  des  habitants  de  la  paroisse  de  Conan,  en  l'absence  de 
M.  le  lieutenant  de  ladite  baronnie  de  Marchenoir  et  des  autres  officiers 
qui  nous  précèdent  ». 

Population  :  54  feux. 


560  BAILLIAGE    DK    BL01S 

Comparants  :  Jacques  Lelong  ;  Nicolas  Mestivier  ;  Jean  Roger  ; 
Pierre  Piédallu  ;  André  Jolly  ;  François  Masson  ;  Pierre  Guillon  ; 
Claude  Rohillard  ;  André  Leroux  ;  Pierre  Lecomte  ;  Jean  Lecorate  ; 
Laurent  Salmon  ;  Jacques  Dallet  ;  Pierre  Petiau  ;  Félix  Rabier  ;  Jean 
(hiérin  ;  Jacques  Chesneau  ;  Thomas  Poitou  ;  Louis  Rivière. 

Députés  :  Jacques  Dallet  et  Laurent  Salmon. 

Suivent  10  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances  et  remontrances  des  habitants  de  la 
paroisse  de  Conan,  ressort  du  bailliage  de  Mois. 

Art.  1er.  —  Les  habitants  de  cette  paroisse  ont  de  justes 
représentations  à  faire  au  sujet  de  l'imposition  des  tailles. 
Depuis  longtemps  ils  se  trouvent  surchargés  en  proportion 
des  impositions  des  paroisses  voisines  qui  le  sont  beaucoup 
moins  qu'eux.  Le  sol  de  leur  paroisse  est  généralement  mau- 
vais. Ils  ont  tout  sujet  d'espérer  que  le  résultat  de  rassemblée 
des  États  généraux  leur  sera  favorable  et  qu'ils  seront  sou- 
lagés lors  de  la  répartition  prochaine  des  impositions. 

Aht.  2.  —  Le  bourg  de  Conan  est  éloigné  de  4  à  5  lieues 
de  Blois  ;  les  chemins  qui  communiquent  à  celte  ville  sont 
très  mauvais  jusqu'à  l'endroit  où  on  joint  la  route  commen- 
cée jusqu'à  2  lieues  de  Blois  pour  conduire  à  Chàteaudun. 
Los  habitants  demandent  que  ce  commencement  de  route  soit 
continue  et  qu'on  la  fasse  passer  par  Conan,  de  là  à  Oucques 
qui  est  un  marché  d'entrepôt,  pour  aller  ensuite  à  Chàteau- 
dun, en  suivant  les  directions  qui  seront  fixées  <!).  Ils  deman- 
dent encore  que  la  somme  qu'ils  payent  pour  les  corvées 
soit  employée  à  réparer  les  rues  de  leur  bourg,  qui  sont  si 
mauvaises  que  l'eau  y  séjourne  presque  toute  Tannée. 

Art.  3.  —  Les  habitants  de  cette  paroisse  sont  assujettis 

(»)  Cf.  p.  466,  note  6 


CAHIER    DE   CONAN  561 

d'aller  lever  leur  sel  au  grenier  de  Vendôme,  dont  ils  sont 
éloignés  également  que  de  Blois  ;  au  moyen  de  ce  qu'ils  n'ont 
aucune  relation  avec  ladite  ville  do  Vendôme,  qu'ils  vont 
habituellement  à  Blois  vendre  toutes  leurs  denrées,  ils 
demandent  qu'il  leur  soit  permis  de  lever  leur  sel  à  Blois, 
dans  le  cas  où  il  plaira  au  gouvernement  de  laisser  subsister 
les  gabelles. 

Le  prix  du  sel  est  exorbitant  et  fait  un  objet  de  dépense 
considérable,  principalement  pour  le  laboureur;  il  est  à  dési- 
rer que  cette  denrée  de  première  nécessité  soit  considérable- 
ment diminuée,  et  que  l'on  suive  ce  qu'a  proposé  le  ministre 
actuel  des  finances  dans  son  compte  présenté  lors  de  sa  pre- 
mière administration. 

Art.  4.  —  De  tous  temps,  les  nobles  et  le  Clergé  ont  été 
exempts  du  payement  des  impôts,  qui  sont  supportés  par  le 
Tiers  état  seul.  C'est  par  le  travail  et  l'industrie  de  cette  der- 
nière classe  des  sujets  de  Sa  Majesté  que  l'Etat  est  soutenu. 
II  est  de  la  plus  grande  équité  que  les  deux  premiers  Ordres 
soient  assujettis  au  payement  des  impôts  indistinctement 
comme  le  Tiers  état,  pour  soulager  d'autant  ce  dernier 
Ordre.  N'est-il  pas  également  juste  qu'ils  cessent  d'être 
affranchis  du  payement  de  la  taille  de  leurs  domaines  qu'ils 
font  valoir  pour  augmenter  le  plus  souvent  leurs  revenus  ? 
On  réclame  contre  cette  exemption  avec  d'autant  plus  d'inté- 
rêt que  les  taux  de  tailles  que  payent  leurs  fermiers  tombent 
en  pure  perte  pour  les  contribuables  et  sont  pour  eux  une 
surcharge. 

Art.  5.  —  Le  territoire  de  la  paroisse  de  Couan  est  chargé 
de  dîmes  et  cham parts  onéreux  au  cultivateur,  en  ce  qu'il 
est  privé  d'une  partie  des  engrais  qui  l'empêchent  d'amé- 
liorer le  fond  :  de  là  résulte  le  découragement  pour  l'agri- 
culture. Il  est  à  désirer  que  le  gouvernement  permette  au 
propriétaire  de  rembourser  en  argent  la  valeur  de  ces  droits. 

(Suivent  10  signatures,  celles  de  :  Dallet:  L.  Sahnon  ; 
Bonneau,  etc.) 


562  BAILLIAGE    DE   BL01S 


RHODON 


La  paroisse  de  Rhodon  comprenait  deux  communautés  distinctes 
ayant  leurs  rôles  d'impositions  séparés,  Tune  appartenant  au  bailliage 
de  Bloiset  à  l'élection  de  Châteaudun,  l'autre  au  bailliage  et  à  l'élection 
de  Vendôme.  C'est  la  première  seule  qui  comparut  à  Blois. 

Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Vendôme.  —  Cant.  :  Selommes. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  partie  de  Châteaudun,  partie 
de  Vendôme.  —  Grenier  à  sel  :  Vendôme.  —  Diocèse  :  Blois. 

Justice  :  des  justices  de  Blois  et  de  Vendôme. 

Brigade  de  Vendôme. 

Assemblée  :  le  7  septembre. 

Principales  cultures  :  blé,  bois. 

Seigneur  en  1768  :  le  prieur  de  Villeberfort  <*>. 

Taille  :  2.072  1.  :  Élection  de  Châteaudun  :  1.206  1.  (principal  : 
550  1.  ;  accessoires  :  308  1.  ;  capitation  :  348  1.)  —  Élection  de  Ven- 
dôme :  866  1.  (principal  :  4001.  ;  accessoires  :  213  1.  ;  capitation  : 
253  1.) 

Capitation  des  privilégiés  :  néant. 

Vingtièmes  :  160  1.  1  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  4789. 

Président  :  Pierre  Gautron,  syndic  municipal  et  laboureur. 

Population  :  37  feux. 

Comparants  :  Pierre  Régis,  François  Derouet,  laboureurs  ;  Michel 
Blanchet,  marchand  de  chevaux  ;  Jean  Pasquier,  Sébastien  Guillon, 
Louis  Brillaud,  laboureurs  ;  Jean  Rossignol,  François  Lesourd,  Michel 
Thiercelin,  journaliers  ;  Pierre  Gourdin,  sabotier  ;  Pierre  et  Jean 
Renard,  Mathurin  Cochet,  vignerons  ;  Julien  Letain,  Jacques  Vivier, 

(')  »S'i7\  Lire  :  Villoberfol. 


CAHIKB    DE    RHODON  563 

Claude    Thomas,    François    Bouttier,    Charles    Loiseau,    François 
Moquache,  journaliers  ;  Pierre  Bizieux,  laboureur. 

Députés  :  Etienne-Gabriel  Bourdon-Champigny,  greffier  en  chef  de 
l'élection  de  Blois,  y  demeurant  paroisse  Saint-Solenne,  et  Pierre 
Régis,  laboureur. 

Suivent  4  signatures.  Le  procès-verbal  est  suivi  de  l'acceptation  de 
Bourdon-Champigny  avec  sa  signature. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Remontrances  de  la  paroisse  de  Rhodon,  élection  de  Châ- 

teandun,  bailliage  de  Blois. 

Remontrent  les  habitants  de  ladite  paroisse  de  Rhodon  que 
leur  territoire  est  composé  d'environ  420  arpents  <l>  de  terre 
labourable  et  friches,  dont  360  arpents  (*)  sont  divisés  en 
3  métairies,  et  les  60  arpents  <3)  restant  exploités  et  subdi- 
visés entre  plusieurs  particuliers  ; 

Que  de  ces  3  métairies,  lune  appartient  à  FHôtel-Dieu  de 
la  ville  de  Blois,  l'autre  dépend  du  prieuré  de  Villeberfol 
dont  le  chef-lieu  est  situé  paroisse  de  Conan  W  et  la  troi- 
sième appartient  à  M.  Chevallier,  seigneur  de  Boisseleau  t5)  ; 

Que  cette  modique  exploitation  est  sujette  pour  un  tiers 
au  terrage  à  la  septième  gerbe;  que  ce  terrage  appartient  à 
MM.  les  Bénédictins  de  la  ville  de  Vendôme; 

Qne  les  deux  autres  tiers  sont  sujets  à  la  dlme  à  la  ving- 
tième gerbe  envers  le  sieur  curé  de  leur  paroisse,  lequel  jouit 
encore  de  menue  et  verte  dîme  ; 

Que  ces  prélèvements  faits  sur  leurs  récoltes,  outre  qu'ils 
les  réduisent  à  peu  de  chose,  privent  encore  les  cultivateurs 
d'année  en  année  de  l'espoir  d'une  bonne  récolte  par  la  rai- 

0)  Environ  350  hectares. 

(2)  Environ  300  hectares. 

(3)  Environ  50  hectares. 

<*>  Prieuré  dépendant  de  l'abbaye  de  Marmoutiers,  à  2  kilomètres  sud-est  de 
Conan. 
(•"»)  A  2.500  mètres  nord-est  de  Rhodon. 


564  BAILLIAGE    DE    BLOIS 

son  que  la  perception  de  ces  lerrages  et  dîmes  leur  enlève 
leur  paille  et  autres  agratsW,  objets  les  plus  nécessaires  à  la 
culture; 

Que  leur  paroisse  paye  en  outre  pour  celte  faible  exploita- 
tion 1.226  I.  15  s.  de  taille  et  autres  impositions; 

Que  depuis  2  ans  elle  est  assujettie  à  une  nouvelle  impo- 
sition de  142  l.  3  s.  pour  sa  portion  contributoire  (sic)  aux 
réparations,  confections  et  entretiens  des  grandes  routes; 

Que  leur  paroisse  située  au  milieu  de  la  Beauce,  éloignée 
des  villes,  est  journellement  exposée  à  des  charités  considé- 
rables et  souvent  forcées: 

Que  ladite  communauté  est  encore  sujette  à  l'impôt  du 
sel  et  droits  d'aides  sur  ses  boissons  ; 

Qu'il  résulte  de  toutes  ces  charges  que  ladite  communauté 
est  réduite  à  la  plus  grande  misère  ;  que  de  37  feux  qui  la 
composent  27  environ  sont  obligés  de  mendier  leur  subsis- 
tance et  sont  hors  d'état  d'élever  leurs  enfants,  ce  qui  fait 
un  surcroît  d'impôts  pour  les  10  autres  feux. 

Pourquoi  lesdits  habitants  supplient  les  députés  qui  seront 
nommés  pour  la  prochaine  tenue  des  Etats  généraux  de 
remontrer  très  humblement  à  Sa  Majesté  : 

1°  Qu'il  serait  très  avantageux  pour  le  bien  public  et  en 
particulier  pour  leur  communauté  d'en  supprimer  la  percep- 
tion des  dîmes  et  terrages  en  indemnisant  les  propriétaires 
par  les  moyens  que  lesdits  députés  croient  devoir   proposer. 

2°  Qu'il  serait  nécessaire  d'assujettir  tous  les  biens 
appartenant  aux  ecclésiastiques,  nobles  et  à  tous  les  privi- 
légiés à  une  imposition  représentative  de  la  taille,  laquelle 
imposition  serait  supportée  partie  parles  propriétaires,  partie 
par  les  cultivateurs,  en  raison  du  bénéfice  de  leur  exploita- 
tion et  de  leur  industrie. 

Qu'ils  croient  que  ce  partage  du  fardeau  de  l'impôt  ani- 
merait le  courage  presque  anéanti  des  habitants  de  la  cam- 

(•)  CL  p.  489,  note  1. 


CAII1RR    DE    IIHODOX  565 

pagne,  ce  qui  ne  peut  être  que  très  avantageux  au  bien  de 
l'État. 

3°  De  supplier  très  humblement  Sa  Majesté  qu'il  lui  plaise 
créer  des  tribunaux  supérieurs  auxquels  ils  puissent  facile- 
ment recourir  et  sans  frais;  que  les  procédures  soient  sim- 
plifiées. 

4°  Qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  réduire  l'impôt  du  sel  ;  que 
cet  impôt  aggrave  la  misère  et  prive  souvent  les  contribua- 
bles d'objets  plus  nécessaires  à  leur  existence. 

5°  Qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  de  supprimer  les  milices  qui 
sont  encore  pour  les  habitants  de  la  campagne  un  objet  de 
dépense  et  privent  souvent  les  chefs  de  famille  des  secours 
de  leurs  enfants. 

6°  Qu'il  plaise  à  Sa  Majesté  ordonner  que  portion  de  la 
contribution  de  chaque  communauté  pour  la  confection  et 
entrelien  des  grandes  routes  sera  employée  à  réparation  et 
entretien  des  chemins  de  communication  desdites  commu- 
nautés aux  grandes  routes,  pour  la  facilité  de  l'exportation 
de  leurs  grains  et  autres  denrées  et  l'avantage  en  général  du 
commerce  en  tout  genre. 

7°  De  remontrer  très  humblement  à  Sa  Majesté  que  n'ayant 
point  à  se  plaindre  du  régime  de  l'élection  de  Châteaudun 
qui  les  a  gouvernés  jusqu'à  ce  jour,  qu'avant  été  visités  par 
les  officiers  qui  la  composent,  dans  tous  les  temps  de 
vimaires  (!)  et  de  calamités,  qu'ayant  par  leur  zèle  et  leurs 
soins  profité  d'un  secours  que  Sa  Majesté  accorde  en  pareil 
cas,  ils  croient  devoir  la  supplier  de  maintenir  les  sièges 
d'élections  dans  le  département  des  impositions  et  le  juge- 
ment des  contestations  qui  peuvent  dériver  de  leur  réparti- 
tion partielle. 

Déclarent  au  surplus  lesdits  habitants  de  la  paroisse  de 
Rhodon  qu'ils  s'en  rapportent  à  la  sagesse  et  à  la  prudence 

(*)  Vimaire  :  orage  ou  autre  accident  qu'on  ne  peut  prévenir. 


566  BAILLIAGE    DR    BLOIS 

des  membres  qui  doivent  composer  l'assemblée  du  bailliage 
de  Blois  pour  suppléer  à  leurs  demandes  toutes  celles  qui 
peuvent  concerner  les  besoins  de  l'État,  tendre  à  la  réforme 
des  abus,  à  rétablissement  d'un  ordre  invariable  dans  toutes 
les  parties  de  l'administration,  à  la  prospérité  du  royaume  et 
au  bien  de  tous  les  sujets  de  Sa  Majesté. 

Fait  et  arrêté  en  rassemblée  des  habitants  de  ladite  pa- 
roisse de  Rhodon,  le  1er  mars  1789. 

(Suivent  4  signatures,  celles  de  :  Régis,  syndic,  etc.) 

Certifié  et  paraphé  ne  varielur  par  moi,  syndic  de  la  muni- 
cipalité de  la  paroisse  de  Rhodon,  soussigné. 

(Signé  :  Pierre  Gautron.) 


ROCHES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Orléans. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  le  duc  de  Chevreuse  C>. 

Seigneur  en  1789  :  Antoine-François  du  Juglart,  chevalier,  officier 
au  régiment  de  Vintimille,  seigneur  de  Roches,  le  Fresne  et  Savary. 

Population  en  1790  :  164  habitants. 

Taille  :  2.190  l.  (principal  :  1.010  1.  ;  accessoires  :  540  1.  ;  capita- 
tion  :  640  1.) 

Vingtièmes  :  257  1.  19  s. 
(*)  Le  manuscrit  de  Jousse  (en  1736)  donne  «  de  Burgeat  »  comme  seigneur. 


CAHIER    DK    ROCHES  567 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Présidents  :  les  officiers  municipaux. 

Population  :  27  feux. 

Comparants  :  ne  sont  pas  nommés. 

Députés  :  François  Cornuau  et  Martin  Boutet. 

Suivent  6  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  la  paroisse  de  Roches. 

Art.  1er.  —  La  communauté  représente  à  MM.  les  présidents 
(sic)  des  États  généraux  du  bailliage  de  Blois  qu'elle  souhaite- 
rait ardemment  que  le  sel  devint  une  denrée  commerçable(s/c), 
suivant  le  système  de  M.  Necker  dans  son  mémoire  présenté 
au  Roi  il  y  a  quelques  années,  denrée,  Messieurs,  si  néces- 
saire à  l'humanité  humaine  et  surtout  à  l'humanité  pauvre. 
Quoi,  Messieurs,  un  pauvre  mercenaire,  chargé  de  huit  à  dix 
enfants,  qui,  à  peine  à  la  fin  de  sa  semaine  de  travail,  il  ne 
lui  reste  pas  de  quoi  avoir  une  livre  de  sel  de  13  sols  9  de- 
niers pour  saler  son  pot!  Hélas  !  Messieurs,  il  mange  sa  soupe 
forcément  sans  viande,  sans  graisse  et  très  fréquemment  en- 
core sans  beurre  ;  mais  il  ne  la  peut  manger  sans  sel.  Voilà 
une  corde  qui,  étant  bien  touchée,  rendrait  un  son  bien 
agréable  en  faveur  du  pauvre. 

[A ht.]  2.  —  La  môme  communauté  désire  aussi  qu'on 
s'intéressât  dans  les  mêmes  États,  pour  indiquer  surtout  aux 
municipalités  de  la  campagne  un  dépôt  en  forme  de  poste 
afin  de  faire  parvenir  leurs  délibérations  aux  commissions 
intermédiaires  sans  frais,  et  cela  dans  la  ville  la  plus  proche 
de  chaque  municipalité,  puisque  tous  les  paquets  n'étant  pas 
des  lettres  ordinaires  coûtent  gros  à  la  communauté  par  la 
poste  ordinaire. 


568  BAILLIAGE    DE    BL01S 

[Art.]  3. —  La  communauté  représente  qu'ayant  donné  une 
déclaration  de  la  valeur  des  terres  de  la  paroisse  de  Roches 
à  la  Commission  intermédiaire  dans  l'arrondissement  de 
Meung  et  de  Beaugency,  [elle]  a  fait  une  omission  qui  est  de 
n'avoir  pas  fait  observer  que  les  terres  de  cette  paroisse  sont 
fort  dispendieuses  pour  le  labourage,  pour  les  socs  qu'elle 
mange,  les  charrues  quelle  brise  à  n'y  pouvoir  fournir,  étant 
des  terres  pierreuses.  Encore  deux  extrémités  que  les  labou- 
reuses  éprouvent  très  fréquemment,  qui  sont  le  trop  grand 
sec  ou  le  trop  d'humidité,  ce  qui  cause  qu'il  reste  une  partie 
des  terres  sans  être  ensemencées. 

[Aht.  !  4.  —  Le  désir  do  cette  communauté  serait  que  le 
produit  de  tous  les  impôts  dus  au  Roi  fût  versé  dans  ses  coffres 
sans  frais  de  recette  ; 

Qu'il  y  eût  un  édit  porté  par  le  monarque  contre  tout  dé- 
linquant quelconque  dans  le  détournement  des  deniers  de  la 
finance  : 

Que  le  même  édit  condamnât  tout  délinquant  à  une  prison 
perpétuelle,  faute  de  dégorgement  des  fruits  de  sa  cupidité, 
et,  s'il  venait  à  dégorger,  que  ce  môme  édit  eût  pour  modifi- 
cation son  élargissement  des  prisons; 

Que  le  môme  édit  fût  porté  aussi  contre  tout  banquerou- 
tier frauduleux,  et  cependant  avec  la  même  modification 
s'il  parvenait  à  faire  connaître  le  dépérissement  de  sa  for- 
tune. 

Sans  cela,  l'argent  disparaît  avec  le  coupable  avant  qu'on 
pense  à  faire  son  procès.  Or,  Messieurs,  ne  serait-ce  pas  là 
une  entrave  sûre  pour  qu'il  n'y  eût  aucun  détournement  dans 
la  perception  des  deniers  royaux,  ni  de  banqueroute  dans  le 
commerce,  qui  est  rame  d'un  Etat?  Oui,  par  la  mauvaise  foi 
d'un  négociant,  deux  cents  familles  sont  souvent  réduites  à  la 
mendicité!  (Le  Roi  trouverait  quantité  de  particuliers  riches 
qui  feraient  sa  recette  gratis  moyennant  qu'il  y  eût  des  privi- 
lèges accordés.) 

[Art.]  3.  —  Comme  la  paroisse  de  Roches  est  enclavée 


CAHIER    DE    ROCHES  569 

environ  sa  moitié  dans  la  forêt  de  Marchenoir  et  qu'elle  est 
sujette  à  être  dévastée  par  les  bêtes  fauves  et  surtout  du  lapin 
et  du  sanglier  qui  ravagent  la  plupart  des  moissons  bor- 
dant la  susdite  forêt,  on  demande  que  le  port  d'armes  soit 
permis  pour  repousser  et  intimider  ces  animaux  dévastants. 

Les  habitants  ne  prétendent  point  dans  cette  demande  se 
prévaloir  de  les  poursuivre  dans  la  forêt  en  qualité  de  bra- 
conniers. 

Qu'il  soit  aussi  permis,  comme  il  a  été  anciennement,  à 
tous  riverains  de  cette  même  forêt  qui  perdent  au  moins 
10  perches  (*)  de  terrain  dans  leur  labour  bordant  ladite  forêt, 
de  faire  une  coupe  en  bois  taillis  tous  les  8  ans  à  leur  profit 
de  la  largeur  de  6  toises  <2)  bordant  son  terrain. 

Qu'il  soit  aussi  permis  d'élaguer  tout  arbre  de  haute  futaie 
qui  porte  ses  branches  à  5  ou  6  perches  W  sur  le  terrain  du 
propriétaire  ou  fermier. 

La  même  communauté  demande  que  le  droit  de  pâturage 
dont  elle  jouissait  ci-devant,  en  est  privée  maintenant  (sic), 
et  elle  réclame  qu'elle  en  soit  remise  en  possession  W. 

[Art.]  6.  —  La  même  communauté  demande  que  le  vin 
soit  marchand.  La  maltôte  mange  le  peuple  encore  dans 
cette  partie.  Que  son  exploitation  soit  libre  d'un  lieu  à  l'autre. 

[Art.]  7.  —  La  communauté  demande  qu'il  y  eût  un  bu- 
reau de  charité  dans  chaque  paroisse  en  faveur  des  pauvres 
et  pour  le  soulagement  desquels  pauvres  seraient  tenus  tous 
propriétaires  possédant  des  biens  dans  ladite  paroisse. 

[Art.]  8.  —  Que  les  francs-fiefs  soient  totalement  abolis. 

[Art.]  9.  —  Que  les  honoraires  de  tout  avocat,  procu- 
reur et  autres  soient  réglés  et  déterminés,  et  ainsi  que  celui 
(sic)  des  notaires;  et  encore  qu'après  des  difficultés  survenues 


<■)  Environ  73  mètres. 
W  12  'mètres. 
<3)  37  à  47  mètres  environ. 
W  Cf.  p.  527,  note  1. 


570  BAILLIAGE    DE   BL01S 

dans  une  paroisse,  la  cause  soit  portée  en  première  instance 
devant  les  officiers  de  la  municipalité,  et,  en  cas  d'entêtement 
des  parties  litigieuses,  [qu'elles]  aient  recours  au  bailliage 
royal  en  premier  et  dernier  ressort  par  un  seul  jugement. 

[  Aivr.l  10.  —  Que  la  même  communauté  demande  que  le 
grand  nombre  de  colombiers  soit  diminué  ou  que  les  sei- 
gneurs n'aient  pas  plus  de  100  couples  de  pigeons  dans  leur 
colombier,  pour  suffire  à  leur  table  et  non  pour  en  faire  un 
commerce  dans  les  marchés  comme  ils  font.  Toutes  leurs 
terres  sont  affermées,  et  c'est  le  public  qui  les  nourrit.  Notre 
petite  paroisse  est  environnée  de  6  colombiers  contenant 
chacun  1.500  pigeons.  Deux  saisons  [sont]  fort  disgracieuses 
pour  le  laboureur,  qui  est  (sic)  celle  de  la  semence  et  de  la 
moisson;  le  pigeon  enlève  la  semence  aussitôt  qu'elle  est  sor- 
tie de  la  main  du  semeur,  et  au  temps  de  la  moisson  ils  abat- 
tent le  blé  et  le  mangent. 

Plaise  au  ciel,  Messieurs,  que  vos  lumières  éclairent  nos 
ténèbres  !  Nous  vous  exposons  une  partie  de  ce  qui  nous  est 
à  charge  ;  nous  espérons  que  votre  discernement,  autant 
juste  qu'il  est,  mettra  un  juste  équilibre  entre  les  intérêts 
du  Roi  et  celui  de  ses  sujets.  Quoi,  Messieurs,  ce  même 
monarque  qui  se  donne  à  ses  sujets  pour  conseil  et  pour  ami. 
que  ne  devons  nous  pas  espérer  de  pareilles  expressions  sor- 
ties de  sa  bouche! 

Art.]  11.  —  La  même  communauté  demande  que  les 
nobles  et  seigneurs  faisant  valoir  leurs  biens  soient  imposés 
suivant  leur  faisance  valoir  (sic), 

A  Roches,  ce  8  mars  1789. 

Le  présent  cahier  contient  7  pages  et  11  articles,  lequel 
est  signé  et  paraphé  par  les  officiers  de  la  municipalité  pour 
n'y  être  rien  ajouté  ni  diminué. 

(Suivent  6  signatures,  celles  de  :  Fleury,  syndic,  etc.) 


CAHIER   DE   LOBGES  571 


LORGES 


Dép.  :  Loir-et-Cher.  —  Arr.  :  Blois.  —  Cant.  :  Marchenoir. 

Généralité  :  Orléans.  —  Élection  :  Beaugency.  —  Grenier  à  sel  : 
Mer.  —  Diocèse  :  Orléans. 

Haute  justice  ressortissant  à  Blois. 

Brigade  de  Saint-Laurent-des-Eaux. 

Foires  :   quatre  foires  et  une  assemblée  (i>. 

Principale  culture  :  blé. 

Seigneur  en  1768  :  de  Beaucresson. 

Seigneur  en  1789  :  Gharles-François-Tassin  de  Charsonville,  écuyer, 
conseiller  du  Roi  en  tous  ses  conseils,  grand  maître  des  eaux  et  forêts 
d'Orléans. 

Population  en  1790  :  459  feux. 

Taille  :  3.295  1.  (principal  :  1.520  1.  ;  accessoires  :  8121.  ;  capita- 
tion  :  963  1.). 

Vingtièmes  :  1.817  1.  15  s. 

PROCÈS-VERBAL 

Date  :  1er  mars  1789. 

Président  :  Jean-Pierre  Duval,  avocat  en  parlement  au  bailliage  de 
Beaugency  et  en  ce  bailliage,  en  l'absence  du  bailli  de  la  justice  et 
seigneurie  de  Lorges. 

Population  :  108  feux. 

Comparants  :  François  Mallevau  ;  Jean  Para  ;  François  Mégret  ; 
Jacques  Gandon  ;  François  Heutteau  ;  J.  Médard  Dugué  ;  Nicolas  Silly; 
L.  Gandon  ;  P.  Siguret  ;  S.  Deschamps  ;  Pierre  Aubry  ;  Zenon  Martin; 
M.  Fortel  ;  Pierre  Chauvin  ;  Jacques  Camus  ;  A.  Deniau  ;  Pierre  Ro- 
bine  ;  Vincent  Gaulier  ;  Louis  Gon  ;  Jean  Adam  ;  Pierre  Trillet  ; 
Jacques  Fauconnet  ;  Pierre  Casson  ;  Pierre  Silly  ;  Pierre  Fristau  ; 
Etienne  Letrône  ;  Joseph  Gentil  ;   Toussaint  Maillard  ;  Etienne  Thau- 

<U  Cette  assemblée  se  tenait  le  lundi  de  la  Pentecôte  (Abbé  Bordas,  Chorogra- 
phie  du  Dunois,  p.  131). 


572  BAILLIAGE   DE    BLOIS 

vin  ;  Jacques  Rabier  ;  François  Mallevau  ;  Jean  Recoquille  ;  Jacques 
Perrault  ;  Jacques  Gentil  ;  Joseph  Lierau  ;  Toussaint  Naveu  ;  Jean 
Richard  ;  François  Langé  ;  Pierre  Croissandeau  ;  Mathurin  Laberthe; 
François  Roy  ;  François  Coutanceau  ;  Pierre  Marmasse. 

Députés  :  Jacques  Camus  et  Chauvin. 

Suivent  48  signatures. 

CAHIER  DE  DOLÉANCES 

Cahier  de  doléances,  plaintes  et  remontrances  des  habi- 
tants de  la  paroisse  de  Lorges  ressortissant  par  appel 
du  bailliage  de  B/ois. 

Les  habitants  de  la  paroisse  de  Lorges,  sans  dessein  de 
cesser  de  concourir  suivant  leurs  facultés  au  soulagement 
des  besoins  de  l'utat  en  contribuant  proportionnellement  aux 
impositions  qui  doivent  l'opérer,  désirent  et  demandent  qu'il 
soit  établi  un  seul  et  unique  impôt  qui  soit  sans  exception 
supporté  en  raison  des  fortunes  et  des  propriétés  de  chacun. 

Que  les  francs-fiefs  soient  supprimés  ;  ce  genre  d'imposi- 
tion est  d'autant  plus  onéreux  qu'ils  payent  à  chaque  mu- 
tation. Que  les  droits  de  contrôle  soient  modérés  ;  ils  sont 
souvent  arbitraires  et  différents  de  leur  véritable  nature, 
ceux  qui  les  perçoivent  la  variant  en  raison  de  leurs  propres 
intérêts. 

Que  les  frais  de  justice  soient  diminués  ;  ils  sont  ruineux. 

Que  les  saisies  réelles  n'aient  plus  lieu. 

Qu'il  soit  fait  un  tarif  pour  le  compte  des  actes  des  notaires. 

Que  les  droits  qui  se  perçoivent  sur  le  vin  soient  moindres 
et  différemment  fixés. 

Que  le  sel  soit  marchand. 

Que  les  plantations  de  tabac  soient  libres. 

Que  chaque  paroisse  nourisse  ses  pauvres  et  qu'il  y  ait 
dans  chacune  d'elles  des  dotations  qui  suffisent  à  leurs 
besoins  et  auxquelles  contribueront  en  général  les  ecclésias- 
tiques, bénéficiers  et  gens  de  main-morte. 


CAHIER    DE    LORGES  573 

Que  la  mendicité  soit  défendue  pour  faire  sentir  la  néces- 
sité du  travail. 

Que  dans  des  distances  calculées  il  soit  établi  des  maisons 
de  travaux  pour  y  occuper  les  gens  oisifs  au  soulagement 
des  contrées  qui  auraient  à  supporter  un  plus  grand  nombre 
de  pauvres. 

Que  les  banqueroutes  frauduleuses  soient  sévèrement  pu- 
nies. 

Que  les  marchands  soient  seuls  chargés  d'arranger  les 
affaires  de  ceux  qui  sont  en  faillite,  sans  frais  de  justice  ni 
direction,  pour  conserver  aux  créanciers  ce  que  la  procé- 
dure leur  ravit. 

Que  les  ordonnances  contre  les  officiers  rétentionnaires 
des  deniers  publics  soient  tellement  rigoureuses  qu'elles 
puissent  empêcher  toutes  espèces  de  prévarications. 

Qu'il  soit  établi  dans  chaque  endroit  séparé  des  juges  de 
paix  qui  seront  pris  ou  dans  les  membres  de  la  municipalité 
ou  dans  les  gens  les  plus  sages,  et  qu'on  ne  puisse  procéder 
en  justice  que  dans  le  cas  seulement  où  ces  juges  n'auront 
pas  réussi  à  concilier  les  parties  après  les  avoir  entendues. 

Que  les  justices  subalternes  soient  conservées  comme 
moins  dispendieuses,  au  lieu  de  les  réunir  aux  justices  royales 
dont  les  droits  sont  autrement  dispendieux. 

Que  les  sentences  des  justices  supérieures  et  inférieures 
soient  tarifées  suivant  les  cas  particuliers  qui  les  détermi- 
neront, en  diminuant  au  surplus  leur  coût  jusqu'ici  excessif. 

Que  les  curés  ne  puissent  prétendre  aucun  casuel,  en  les 
dédommageant  par  une  augmentation  de  leur  cure  qui  sera 
prise  sur  les  gros  bénéficiera  et  sur  les  communautés  des 
gens  de  main-morte. 

Enfin  que  les  réparations  de  la  nef  de  l'église  soient  sup- 
portées, comme  celles  du  chœur  et  cancel,  par  les  décima- 
teurs  en  général. 

(Suivent  16  signatures,  celle  de  :  Jacques  Camus  ;  Chau- 
vin ;    Duval,  etc.)